Allongée sur mon lit d'hôpital, je sanglotais. Cela faisait huit jours que j'avais perdu l'un des quadruplés et je ne m'en remettais pas. Je continuais de m'en vouloir, de souffrir et de me faire souffrir dès qu'un début de rictus prenait possession de mon visage. J'avais fait tout ce que le médecin m'avait dit. J'avais tout fait dans les mesures. Dès que j'allais faire les boutiques, je me reposais toutes les heures, buvant quelques choses de frais et soulevant légèrement mes jambes. Il y a trois jours, Phoenix était réapparu de nul part. Il n'était pas mort dans le crash de septembre. ''Seul'' Paris avait péri dans cet accident. J'avais mis du temps à comprendre à emmagasiner tout ce que cela voulait dire... Les médecins pensaient que ces retrouvailles avaient causé une grosse dose d'adrénaline dans mon petit corps et que c'était pour cela que, quelques jours plus tard alors que tout allait bien, mon corps avait faibli. Fichu corps. Je regardais mon ventre rond sous le drap blanc de l'hôpital et les larmes continuaient de couler le long de mes petites joues. J'étais mal. J'étais au fond du trou et je ne supportais plus les médecins et leurs pseudo-conseils. J'entendais encore l'obstétricien me demandant de me refaire un moral et plus vite que cela sinon les trois bébés encore présents risquaient de me lâcher, eux aussi. Cette pensée me détruisait encore un peu plus. J'avais promis à Joshua de ne pas faire d'effort, de mener tout le monde à terme et je n'y étais pas arrivée. Je n'avais pas réussi ma part du marché. Je n'étais pas capable de m'occuper d'eux alors qu'ils étaient en moi, qu'allais-je faire un fois qu'ils seraient dehors, à brailler et grandir ? Déglutinant difficilement, j'allumai la télévision et regarda l'heure. Dans une vingtaine de minutes, Joshua allait débarquer et j'allais pouvoir me laisser aller pour de bons. J'avais besoin de lui plus que jamais. London venait me voir dès qu'il pouvait mais il avait l'impression de voir Arizona lors de sa fausse couche. Pouvais-je lui en vouloir ? Je n'étais pas trois fois sûre... Tout cela était aussi très éprouvant pour Phoenix et Indiana qui vivaient avec Joshua pendant que j'étais coincée entre ces murs d'un blanc immaculé. Posant la télécommande sur mon ventre, je leva les yeux vers l'écran de télévision. La BBC proposait un film à l'eau de rose où tout le monde finit heureux et avec plein d'enfants à la fin. Moi qui était actrice, j'avais envie d'hurler dès que je voyais un film de ce style. Ce n'était pas la vérité. Tout cela n'était qu'un gros mensonge que la populace américaine avalait sans trop de problèmes. Nous étions trop naïfs, trop simplets. Je sentis comme un goût amer en bouche. Comment pouvais-je être aussi bête ? C'était trop difficile. La vie réelle était trop éprouvante pour une jeune femme comme moi. J'étais faible. Voyant une infirmière débarquer avec un café au lait et des tartines, je soufflais fortement. La perte d'un bébé m'avait affaibli et il fallait que je reprenne des forces, que je mange pour ne pas laisser tout le monde tomber. La gratifiant d'un sourire surfait, je la laissa poser le plateau devant moi. Je mangerai avec Joshua, peut être. Je n'avais plus vraiment longtemps à attendre. Une dizaine de minutes et l'africain allait être là pour moi. Il avait réussi à prendre quelques jours en début de semaines dernière mais, maintenant, son patron le voulait à la caserne à temps plein et au strip club trois à quatre fois par semaine. Il n'y avait rien à faire, ses abrutis de patron n'allaient pas le laisser s'occuper de moi. Il ne pouvait rien faire pour moi, du moins pour le moment. Soupirant, j'attrapai mon téléphone portable et commença à jouer au solitaire dessus. Au moins, pendant les quelques minutes de réflexion, j'oubliais tout ce qu'il y avait autour de moi. Entendant la porte s'ouvrir et Joshua apparaître, un large sourire se dessina sur mes lèvres. Je m'autorisais un sourire franc dans la journée et ce sourire était pour mon petit ami. « Hey... Ca a été ta journée ? » J'attrapai la télécommande du lit hospitalier pour me relever légèrement et pouvoir l'embrasser sans trop de problèmes. Posant mes lèvres sur les siennes, je resta ainsi quelques secondes. Me détachant, je fronçai les sourcils. Il se tourna et fit un signe à quelqu'un. La voyant entrer dans la chambre, mes yeux faillirent sortir de leurs orbites. « C'est une blague ? Tu veux que je perde les trois autres ? » lançais-je à Joshua, sans poser les yeux sur elle, Arizona, ma jumelle. Elle réapparaissait après plusieurs mois sans nouvelles, comme si de rien était. Awesome.

Frappant un punching-ball, Joshua n’arrêtait pas de réfléchir. Sa petite amie était hospitalisée parce qu’un bébé n’avait pas réussit à tenir le coup. Il savait dès le début qu’une grossesse comme celle d’Ella était dangereuse. Il le savait parfaitement et il avait accepté de la vivre avec elle. Elle lui avait dit que Phoenix était arrivé. Il n’avait pas encore eu l’occasion de parler avec le jeune homme. Pas une véritable discussion en tout cas. Il avait de toute façon l’impression que le jeune homme ne l’aimait pas beaucoup, mais il ne savait pas pourquoi. Seulement, il n’avait pas la force de l’affronter. Pas maintenant. Mais le pire fut le retour d’Arizona. Il n’avait pas imaginé un seul instant qu’elle aurait pû réapparaître. Alors, quand ça avait été le cas, il lui en avait voulu. Il avait été dur dans ses propos avec elle. Mais il voulait lui faire comprendre à quel point Ella avait été touché par la disparition de sa sœur. Il en voulait à Arizona, même s’il était content qu’elle soit là. Surtout qu’il savait qu’elle serait sans doute la seule à pouvoir réconforter Ella. Joshua lui ne savait pas comment s’y prendre. Il parlait avec Ella, il la consolait, mais il avait parfois l’impression de ne pas être à la hauteur. Il faisait bonne figure devant tout le monde. Devant Indiana, devant Phoenix, maintenant devant Arizona et surtout devant Ella. Mais il avait envie d’un moment seul. Pour pouvoir réfléchir. Seulement, il ne pouvait pas. Il devait s’occuper de tout le monde et c’est ce qu’il faisait jusqu’à présent. Entendant la sonnerie de la caserne, il soupira. Courant vers les camions, il mit ses chaussures et monta dans un des camions. Un incendie au centre de Manhattan. Une fois sur place, il entra dans le bâtiment, avec trois autres pompiers. Seulement, il n’était pas concentré et il fallait être percuté par une poutre du plafond. Heureusement son collègue l’avait poussé juste à temps. Se reprenant le plus vite possible, il se remit debout et alla aider les gens coincés dans la maison. Une fois à l’extérieur, il remercia son collègue, mais fut interpelé par son chef. Ce dernier lui passa un savon et il resta là, docile. De retour à la caserne, il alla sous la douche. Son service n’était pas encore terminé, il restait quelques minutes, mais il avait besoin d’aller sous l’eau. Se séchant, puis s’habillant, son service se termina tranquillement. En voiture, il fila jusqu’à chez lui. Indiana et Phoenix n’étaient pas là. C’était parfait, parce qu’il avait demandé à Arizona d’être là. Il voulait qu’elle vienne avec lui à l’hôpital. Entrant dans la maison, il alla déposer son sac dans la chambre. Puis, il alla dans la cuisine se servir un grand verre d’eau, avant de voir sa belle-sœur arriver.

Prête ?

Il n’était pas d’humeur à se prendre la tête avec elle. Du coup, il partit en voiture, avec la jeune femme à ses côtés. Une fois à l’hôpital, il savait que la réaction d’Ella ne serait pas des plus agréables. Du coup, il passa d’abord voir une infirmière pour savoir comment allait la jeune femme. En écoutant, il hocha la tête, lui disant qu’il essaierait de la faire manger. Inspirant et expirant, il jeta un œil à Arizona et il avança vers la chambre de sa petite amie. Seulement, il s’arrêta et regarda sa belle-sœur.

Attends ici, s’il te plaît.

Il savait que s’ils entraient tout les deux en même temps, ça n’irait pas du tout. Alors, il entra en premier, souriant. Même s’il était plutôt d’humeur triste. Mais, il se devait d’être fort pour deux.

Plutôt tranquille et toi ?

Pas besoin qu’elle sache ce qui se passait. Surtout depuis qu’il lui avait dit qu’il ne pouvait pas rester à son chevet et que ses deux employeurs le voulaient au travail. Allant embrasser la jeune femme, il lui sourit, avant de la voir froncer les sourcils. C’était maintenant ou jamais. Levant la tête, il regarda vers Arizona et lui fit signe d’entrer dans la chambre.

Non, calmes-toi Ella.

Fixant la jeune femme, il avait bien vu qu’elle ne regardait plus sa sœur.

Ecoute-moi.

Attrapant un fauteuil qui était derrière lui, il s’assit près du lit de la jeune femme.

J’ai été aussi surprit que toi quand elle est revenue.

Il savait que parler d’Arizona à la troisième personne alors qu’elle était à côté n’était pas très poli, mais il voulait que Ella reste calme.

Je lui en veux d’être partit. Pas autant que toi, je le sais, mais c’est ta sœur. Phoenix est vivant, Arizona est là, c’est une bonne chose. Ils sont ta famille, peu importe ce qui s’est passé, désormais ils sont là.

Jetant un œil à Arizona, il soupira doucement, avant de reposer son attention sur sa petite amie.

Ta sœur est là maintenant Ella. Tu auras besoin d’elle. Je ne suis pas là en journée et certains soirs. Tu as besoin de quelqu’un à tes côtés et Arizona pourra t’aider.

Il voulait dire parce qu’elles sont jumelles, mais aussi parce qu’elle était passé par le fait de perdre un enfant et elle savait ce que c’était.

Ecoute au moins ce qu’elle a à te dire, s’il te plaît.

Fixant sa petite amie, il espérait qu’elle laisserait une chance à sa jumelle de pouvoir s’exprimer. Du coup, il tourna la tête vers Arizona, espérant que cette dernière prendrait la parole avant que Ella ne puisse répondre.

Le jour qu'elle craignait le plus était arrivé bien trop vite pour qu'elle trouve ne serait-ce qu'une petite excuse pour tenter de l'esquiver. Elle n'avait jamais senti une telle angoisse l'envahir, pas même la veille d'un examen important alors qu'elle était encore résidente en pédiatrie. Ses pensées tournaient uniquement autour du même sujet et la jeune femme était incapable de fermer l'œil chaque nuit, comme si tout son corps vengeait les personnes qu'elle avait pu blesser ces derniers mois et plus précisément sa propre sœur, sa jumelle. Pourtant, l'Australienne avait su que tôt ou tard elle serait dans l'obligation de faire de nouveau face à sa famille, qu'elle devrait assumer les conséquences de ses actes face à sa jumelle qui devait sans doute être celle qui lui en voulait le plus - ce qu'elle comprenait parfaitement - mais elle ne pouvait pas être blâmée pour avoir espéré que cela se passerait dans longtemps. Seulement, le jour était venu et elle peinait encore à réaliser que la personne qui la forçait plus ou moins à rendre visite à sa jumelle était le petit ami de cette dernière, Joshua. Il ne lui avait pas caché sa colère, il n'avait pas tenté d'être agréable avec elle et au fond d'elle Arizona lui en était reconnaissante, comme si elle avait besoin de la colère des gens pour faire face à la stupidité qui l'avait gagné six mois plus tôt.

Et, même si faire face à sa sœur lui faisait extrêmement peur, elle avait été incapable de refuser quoi que ce soit à l'Africain, pas en ayant appris ce par quoi Ella passait, la perte de l'un des enfants qu'elle attendait, une douleur qu'elle était la plus à même de comprendre pour avoir perdu par deux fois le ou les enfants qu'elle était supposée mettre au monde. Ainsi, après avoir passé une grande partie de la matinée à tourner en rond dans son appartement en essayant de se changer les idées comme elle le pouvait, l'Australienne quitta son logement pour prendre la direction de celui où vivait sa sœur et son petit ami en espérant sincèrement ne pas avoir à tomber sur l'un des membres de sa famille, ce qui ne fut pas le cas à son plus grand soulagement. Elle ne se sentait pas encore capable d'affronter qui que ce soit, du moins pas totalement et encore moins s'il s'agissait d'Indiana, sa petite sœur qu'elle avait oublié suite à son coma et qu'elle avait par la suite abandonné comme tout le reste de la famille. Arrivée sur place, la jeune femme gara sa voiture en bas de l'immeuble où elle-même avait habité un moment et elle sentit un pincement au cœur tandis qu'elle fixait le bâtiment dans lequel elle entra comme elle l'avait fait à de multiples reprises par le passé, gagnant l'appartement d'Ella dans lequel elle entra - ayant obtenu le double des clés par Joshua - avant de rejoindre son beau-frère.

« Prête ? » Arizona le toisa du regard tâchant de s'assurer que sa question n'était pas sérieuse, mais visiblement elle l'était. Si elle était prête ? Absolument pas ! Elle repoussait ce jour depuis qu'elle avait remis les pieds à New York alors évidemment que non elle n'était pas prête mais l'Australienne garda cette réflexion pour elle et emboita le pas de Joshua jusqu'à sa voiture et ne prononça pas un mot durant le trajet qui les mena jusqu'à l'hôpital où se trouvait sa jumelle. Sur place et à quelques pas de la chambre dans laquelle se trouvait Ella, Joshua s'arrêta forçant Arizona à en faire de même tandis qu'elle l'interrogeait du regard. « Attends ici, s’il te plaît. » Oh ... évidemment, mieux valait éviter un choc trop brutal chez sa sœur. Opinant du chef, elle resta donc en retrait quand le jeune homme entra dans la pièce et écouta leur discussion d'une oreille distraite, tête baissée. Si l'idée de revoir sa sœur après tout ce temps l'angoissait, le fait de se trouver sur son ancien lieu de travail, à l'étage même où elle avait passé du temps ne l'aidait pas à se calmer, bien au contraire toutefois ce fut le moment que choisi Joshua pour lui faire signe d'entrer alors qu'elle venait tout juste de redresser sa tête. L'estomac noué, Arizona fit un pas en avant, puis un autre et ainsi de suite jusqu'à se retrouver complètement dans la chambre, son regard se posant immédiatement sur sa sœur comme s'il était aimanté à cette dernière.

« C'est une blague ? Tu veux que je perde les trois autres ? » Une moue mal à l'aise se dessina sur le visage de l'Australienne tandis qu'elle baissait la tête en tâchant de ravaler sa frustration. De toute manière que s'était-elle imaginée ? Qu'Ella allait l'accueillir les bras grand ouverts ? Elle pouvait toujours rêver, preuve en était sa réaction en la voyant. « Non, calmes-toi Ella. Ecoute-moi. J’ai été aussi surprit que toi quand elle est revenue. » La jeune femme observa la scène telle une étrangère, ce qu'elle était clairement devenue. Elle écouta les paroles prononcées par son beau-frère sans même se sentir vexée du fait qu'il parlait d'elle comme si elle n'était pas là, elle n'avait que ce qu'elle méritait après tout. « Je lui en veux d’être partie. Pas autant que toi, je le sais, mais c’est ta sœur. Phœnix est vivant, Arizona est là, c’est une bonne chose. Ils sont ta famille, peu importe ce qui s’est passé, désormais ils sont là. » Phœnix est vivant ... ce fut la seule information qui parvint jusqu'à son cerveau même si elle regarda elle aussi Joshua lorsqu'il tourna la tête vers elle. Elle avait encore du mal à réaliser que son petit frère était bel et bien en vie même si elle l'avait vu de ses propres yeux, ça lui paraissait tellement irréel. « Ta sœur est là maintenant Ella. Tu auras besoin d’elle. Je ne suis pas là en journée et certains soirs. Tu as besoin de quelqu’un à tes côtés et Arizona pourra t’aider. Ecoute au moins ce qu’elle a à te dire, s’il te plaît. »

Saisissant le fait qu'il était à présent temps pour elle de parler, Arizona échangea un regard avec l'Africain puis détourna les yeux vers sa sœur sans même essayer de s'approcher d'elle. Elle connaissait sa jumelle sur le bout des doigts, elle la connaissait en colère et elle tenait un minimum à sa vie. « Je … » Magnifique départ ! Se pinçant les lèvres, l'Australienne baissa la tête quelques secondes le temps de se reprendre et elle fit juste quelques pas pour arriver à la hauteur de Joshua, son regard ne déviant pas d'Ella même si cette dernière refusait de la regarder. « Je sais que tu m’en veux et tu as tout à fait le droit de me détester. Je ne te demanderais pas ton pardon Che’ parce que je ne le mérite pas, j’ai fait des choses dont je suis loin d’être fière, je regrette les trois quarts de mes actions ces dernières mois mais ça ne change rien à ce que je t’ai fait à toi … » Un soupire lui échappa. Elle l'avait abandonné, voilà ce qu'elle avait fait. Sa sœur l'avait toujours soutenu même lorsque sa carrière lui prenait énormément de temps alors qu'elle ... Elle avait pris la fuite et tourné le dos à tout le monde y compris à sa propre jumelle ce dont elle était incapable de se pardonner elle-même. « Mais … tu es ma sœur quoi qu’il puisse arriver et Joshua a raison ; je suis là maintenant et je ne compte pas partir. Laisse-moi au moins veiller sur toi même si c’est en silence. » Cheyenne allait refuser, la jeune femme le sentait venir, c'était gros comme une maison parce qu'elle était fière, tout autant qu'Arizona l'était, mais elle ne lâcherait pas l'affaire, elle ne commettrait pas deux fois la même erreur autant pour prouver à sa sœur qu'elle s'en voulait mais aussi pour que Joshua ait la preuve qu'il avait raison de croire en elle.

pardon pour le pavé

Voir Joshua me fit du bien, instantanément. Ses patrons l'avaient obligé à retourner au travail et je ne voulais pas qu'il reste toute la journée à mon chevet. Déprimée comme j'étais, il aurait fini par sombrer s'il restait trop longtemps avec moi. Du coup, je me contentais de nos quelques heures ensemble le soir, après le boulot. Il me racontait ses journées et moi les miennes. Bien entendu, entre un papier et une femme alitée, il n'avait pas besoin d'écouter le récit pour savoir qui avait passé du temps à sauver des gens et qui s'était fait mortellement chier. Je savais bien que d'être ici, cela revenait à sauver trois bébés mais ce n'était pas palpitant, pas comme le job de Joshua. « Plutôt tranquille et toi ? » J'haussai les épaules. « Je me suis mortellement fait chier mais bon... » C'était mon quotidien. Adieu les tournages, les soirées, les rires avec les copines et tout ce qui allait avec. Lorsque je me levais pour faire pipi ou faire quelques pas dans le couloir, c'était la délivrance. C'était ça, mes moments de folie de la journée et franchement, c'était tout sauf amusant et fou. J'étais prête à m'ennuyer encore longtemps mais c'était pour mon bien, je commençais à m'y faire, ou pas. Alors que j'arborais un léger sourire, je vis Joshua se tourner vers la porte et Arizona entrer dans la chambre. Mon sang ne fit qu'un tour. Ça, c'était la blague de l'année ! Elle était revenue, comme par magie, à croire qu'elle avait senti mon malaise, ma souffrance et tout ce qui allait avec. Seulement, il était trop tard pour que je l'accueille les bras ouverts. J'étais en colère et je ne mis pas longtemps avant de le faire savoir. « Non, calmes-toi Ella » Comment voulait-il que je me calme alors que j'étais dans un sale état et qu'il me ramenait la seule personne que je ne voulais pas voir sur terre. J'avais eu énormément de mal à supporter le départ d'Arizona. Elle m'avait laissé seule, dans la merde, avec Indiana. Je ne m'entendais absolument pas avec ma cadette à l'école mais aujourd'hui, cela avait changé. Je soupira. J'allais faire un effort pour lui, pas pour elle, ça c'était clair. J'écoutais Joshua parler. Ses paroles atteignaient mon cerveau mais ce dernier me disait de le secouer comme un pommier et de le congédier. Je n'aimais pas les surprises et, sans surprise, celle là était la pire de toute. J'avais vraiment l'impression d'être trahit. Je gardais mes yeux braqués sur l'africain. Il était hors de question que je lui porte le moindre intérêt. « Ecoute au moins ce qu’elle a à te dire, s’il te plaît » Qu'allait-elle me dire ? Qu'elle était désolée d'être partie, que je lui manquais ? C'était bien mais je ne pouvais pas lui pardonner, je ne voulais pas le faire. Elle avait mal tourner et je ne la voulais pas dans ma vie, pas immédiatement. J'avais une bonne relation avec Indiana, Phoenix habitait avec nous et c'est tout. Je n'avais plus de place pour elle, je ne voulais plus lui laisser de la place dans ma vie et pourtant... Elle était ma jumelle ! Lorsque j'entendis le son de sa voix, mon cœur se serra. Elle me manquait encore aujourd'hui mais je ne voulais pas lui donner la vie facile. Elle devait mériter un regard. J'étais coriace et ça, elle le savait. « Je sais que tu m’en veux et tu as tout à fait le droit de me détester. Je ne te demanderais pas ton pardon Che’ parce que je ne le mérite pas, j’ai fait des choses dont je suis loin d’être fière, je regrette les trois quarts de mes actions ces dernières mois mais ça ne change rien à ce que je t’ai fait à toi … » au moins, elle savait que me demander de la pardonner aussi rapidement relevait de l'impossible. Même un magicien n'arriverait pas à m'embrouiller le cerveau. J'étais rancunière et elle le savait mieux que n'importe qui. Je l'avais toujours soutenu et elle, au premier obstacle, elle avait pris la poudre d'escampette, vendant son âme au diable, à Elijah. Rien que de penser à ce côté de la famille me brisa le cœur en deux. Cousins de pacotille. Matthew aussi avait disparu. Du moins, il ne répondait plus à mes appels.  « Mais … tu es ma sœur quoi qu’il puisse arriver et Joshua a raison ; je suis là maintenant et je ne compte pas partir. Laisse-moi au moins veiller sur toi même si c’est en silence. » Un léger rire nerveux s'échappa de mes lèvres. Elle voulait veiller sur moi ? C'était trop tard. Elle n'avait pas été là pendant la semaine de coma de joshua, elle n'avait pas été là lorsque Théodora avait changé de nom de famille. C'était moi, avec mon ventre de trente six mètres qui avais du m'occuper de tout. Je n'étais pas la plus stable de la famille et pourtant, tout le monde s'était reposé sur moi. « Je t'en veux de l'avoir amené ici. La dernière fois qu'un membre de la famille a fait surface, j'ai perdu un enfant. Allez, ramène moi Charlotte et Sydney comme ça, plus de bébés » J'étais cynique, noire et il ne pouvait pas m'en vouloir. J'allais vraiment finir par perdre tous les bébés à cette allure. Tournant les yeux vers Arizona, ma gorge se serra. J'inspirai une grande bouffée d'oxygène et secoua légèrement la tête. « Il est hors de question que tu veilles sur moi. J'avais besoin de toi quand Joshua a failli mourir dans un incendie. J'avais besoin de toi pour aider Indiana avec ses études, elle avait besoin de toi. London a vécu une salle période quand tu es partie. Il avait l'impression que tout le monde le fuyait. Toscane restait à Seattle, les jumeaux étaient morts. Tu nous as tous lâché et c'est pas ça le pire. Le pire c'est que tu l'as fais sans explication » Ma voix trembla. Attrapant la main de Joshua – comme pour me donner du courage – je regarda ma jumelle et dis « J'aurai préféré que tu me dises que tu ne pouvais pas rester ici pour toi, pour nous tous mais non, rien. Tu te rends compte que même ce crétin de Slayers savait où tu étais et pas moi ?! Tu trouves ça normal ? » Mon ton était monté d'un cran en moins de temps qu'il en faut pour dire ouf. J'étais mal, je perdais mon calme et j'avais mal au ventre. Soufflant légèrement, je tendis le bras pour attraper un verre d'eau et me calmer. « Je ne te permettrais pas de me détruire une nouvelle fois. J'ai perdu un fils il y a quelques jours et je n'ai pas fait un pacte avec le diable pour autant. T'as été une putain d'égoïste et ça, tu peux pas le nier » Mon visage se déforma sous une méchante grimace. Joshua semblait inquiet mais j'étais énervée après lui. Pourquoi l'avait-il amené ici franchement ? Les regardant alternativement, je souffla « Si vous voulez être là pour moi, évitez de me mettre dans un tel état. J'en ai ras la cacahuète d'avoir mal au ventre dès que je m'énerve » Je glissa ma main sous la couverture et la posa sur mon ventre rebondit. Il fallait que je me calme et plus rapidement que cela.

La situation n’allait clairement pas être simple, Joshua le savait parfaitement. Ella n’allait pas apprécier le fait qu’il amène Arizona avec lui. Seulement, il se sentait impuissant avec la jeune femme. C’était elle et son corps qui subissaient tout les problèmes. Lui ne pouvait pas la soulager, alors, il s’était dit que Arizona pourrait faire quelque chose pour elle. Elle avait traversé cette épreuve et elle serait à même de pouvoir conseiller sa jumelle. L’africain savait parfaitement que les retrouvailles ne seraient pas une partie de plaisir. D’ailleurs, en arrivant à l’hôpital, il demanda à une infirmière comment allait sa petite amie. Il avait besoin de savoir que ça allait et que de voir sa jumelle arriver ne serait pas un nouveau choc. Apparemment ça allait. Du coup, il demanda à Arizona d’attendre à l’extérieur. Allant donc voir Ella, il la salua et lui expliqua que sa journée avait été banale. Pas besoin qu’elle se fasse de souci pour lui. Faisant finalement signe à l’autre jeune femme, il comprit bien vite qu’Ella n’allait pas être des plus tendres. Mais, il lui parla. Il voulait qu’elle laisse une chance à sa sœur de s’expliquer. De son côté, comme il l’avait dit, il n’avait pas été des plus heureux de la voir, mais il savait qu’elle était la seule à pouvoir aider l’actrice. Alors, il fit en sorte qu’Arizona puisse prendre la parole. Il vit qu’elle n’était pas du tout à l’aise. Surtout qu’Ella ne la regardait pas du tout. Joshua soupira doucement, mais ne dit rien, laissant Arizona parler. Quand elle eut terminée de parler, il regarda sa petite amie. Comment allait-elle réagir ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais quand il l’entendit rire, il soupira de plus belle. Ca n’allait vraiment pas être une partie de plaisir. Seulement, il fronça les sourcils à ses paroles. Il ne s’était pas attendu à un tel reproche. C’était comme si elle venait de le gifler violemment et il en resta vraiment bouché bée. Seulement, il se reprit, comme à chaque fois. Il écouta ce qu’elle disait à sa jumelle. Gardant les yeux baissés, il essayait de ne pas s’énerver. Seulement, quand elle expliqua qu’elle avait mal, il fronça les sourcils et la regarda. Non, pas la perte d’un deuxième enfant. Il ne pourrait pas le supporter. Quand elle prit sa main, il la serra, seulement plus le temps passait et plus il dû prendre sur lui-même. Quand elle finit par poser une main sur son ventre, essayant de se calmer, il se redressa et déposa un baiser sur le front de sa petite amie.

Je viens tout de suite. Ne lance pas tout ce que tu as à porté de main au visage de ta sœur s’il te plaît.

Il eut un léger sourire en coin et déposa un baiser sur ses lèvres avant de sortir de la chambre. Il avait faillir s’emporter contre la jeune femme. Il était énervé et il alla passer ses nerfs sur un distributeur de nourriture. Frappant la machine de ses poings, il voyait les gens le regardaient, mais il n’en avait rien à faire. Se retrouvant essoufflé, il essaya de calmer sa respiration et il partit voir une infirmière. Il lui expliqua la situation. Ella et sa jumelle n’étaient pas en bon terme et il voulait qu’elles s’entendent, seulement ça énervait Ella et elle avait mal. Il voulait donc savoir si quelque chose pourrait l’aider à ne pas avoir mal et à ne pas la faire faire une nouvelle fausse couche. Selon l’infirmière, il n’y avait rien qui pouvait vraiment l’aider. Soupirant, il prit quelques secondes et partit se prendre un soda et il prit une bouteille d’eau pour Arizona. Puis, revenant dans la chambre, il sentit tout de suite la tension entre les deux femmes. Il savait qu’en les laissant seules, des choses seraient dites qu’elles n’auraient pas forcément dit devant lui. Donnant la bouteille d’eau à sa belle-sœur, il alla à côté de sa petite amie et ouvrit son soda pour en boire une gorgée et il se racla la gorge pour prendre la parole.

Très bien, maintenant à moi de parler, pour vous deux.

Il regarda sa petite amie, puis sa belle-sœur. Avant de finalement reposer son attention sur Ella.

Je sais que tu n’es pas heureuse de la revoir et que je l’ai amené ici, mais tu vas devoir faire avec. Je ne te laisse pas le choix. Je sais que tu vas m’en vouloir encore plus et je suis prêt à prendre le risque, parce que j’ai besoin que quelqu’un veille sur toi. Je suis au travail toute la journée et quand je pense à toi, je suis déconcentré, parce que je m’en veux de ne pas pouvoir rester ici avec toi. Si je sais que quelqu’un est là pour veiller sur toi, je serai plus confiant et je m’en voudrais moins.

Il était autoritaire. Il ne l’avait sans doute jamais été avec elle, mais il préférait mettre les choses au clair.

On a perdu un bébé et on doit faire avec. Ca fait mal, mais on doit passer au-dessus de ça et faire en sorte que les trois qui restent soient en pleins formes et nous rendent heureux. Alors que tu le veuilles ou non, ta sœur jumelle reste avec toi en journée.

Il tourna la tête vers cette dernière, pour lui parler à elle désormais.

Tu sais déjà ce que je pense de ton départ précipité. Je t’ai dis tout ce que j’ai ressentit et ce que ça à fait à Ella. Alors désormais je veux pouvoir avoir une totale confiance en toi. Peu importe ses commentaires, tu devras l’aider.

Une nouvelle fois, il était catégorique.

Toutes les deux, vous allez devoir vous entendre.

Il les regarda toutes les deux.

Vous allez devoir oublier vos différents, parce que ça vous aidera à partir sur de nouvelles bases et je ne veux pas que mes enfants en pâtissent. Est-ce que c’est clair pour toutes les deux ?

Bon Dieu, pourquoi avait-elle accepté ? Mais pour quelles raisons avait-elle accepté ? Telle était la question qui ne cessait de trotter dans sa petite tête depuis qu’elle avait rejoint Joshua dans l’appartement dans lequel l’Africain vivait avec sa sœur, appartement qu’elle connaissait toujours aussi bien malgré les mois passés loin de New York. Son cœur n’avait pas cessé de manquer des battements durant tout le trajet qui les avait emmené en silence à l’hôpital où sa sœur se trouvait des suites de la perte de l’un des enfants qu’elle attendait, une douleur qu’elle connaissait que trop bien. Si la jeune femme avait eu peur de tomber sur des proches qui lui en voudraient pour son départ du jour en lendemain sans prévenir, les retrouvailles avec sa sœur étaient celles qu’elle craignait le plus tout simplement parce qu’elle n’avait jamais supporté les tensions entre elle et sa jumelle, tout comme elle ne supportait pas le fait de la décevoir ce que, clairement, Arizona avait largement fait. Elle avait donc accepté malgré ses craintes car une partie d’elle-même était attachée à la Arizona du passé, celle qui s’inquiétait sans cesse pour ses proches, la Arizona altruiste qu’elle était persuadée ne plus avoir en elle depuis ce qui s’était passé, depuis tout ce qu’elle avait pu faire ces derniers temps, des choses qui l’empêchaient parfois de dormir la nuit tant la culpabilité pouvait la ronger quand bien même était-elle devenue maîtresse dans l’art de refouler cette dernière.

Évidemment, pas un seul instant elle ne s’était attendue à être bien accueillie par sa jumelle. Arizona s’attendait à tout et n’importe quoi de la part de Cheyenne, une crise de nerfs, l’entendre hurler, l’insulter de tous les noms tout sauf le fait qu’elle s’efforce de l’ignorer royalement, geste qui eut le don de blesser l’Australienne, son ego en prenant un sacré coup bien qu’elle resta silencieuse le temps que Joshua s’entretienne avec son double. Elle n’aimait pas le fait d’avoir la sensation d’être une étrangère, mais la jeune femme ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Ce n’était pas sa soeur qui avait prit la poudre d’escampette du jour au lendemain sans prévenir quoi que ce soit – à part peut-être William qui, toutefois, avait dû se contenter d’une courte lettre. Elle était partie sans rien dire et la seule à blâmer c’était elle quand bien même était-il difficile pour elle d’encaisser la froideur de sa propre jumelle. Et pourtant, Arizona prit sur elle. Elle ravala sa frustration et son malaise pour se lancer dans son dialogue après que son beau-frère lui ait fait comprendre qu’il était désormais temps pour elle de s’exprimer, de dire ce qu’elle avait à dire tout en essayant de faire entendre raison à sa sœur même si l’Australienne savait que c’était chose impossible, surtout avec sa jumelle qui était de loin la plus têtue des Ioannis. La jeune femme fit donc de son mieux pour dire ce qu’elle pensait, pour tenter de lui faire comprendre que, cette fois, elle ne comptait pas partir comme une voleuse, pas une nouvelle fois et pas alors qu’elle comptait bien se rattraper par rapport à toutes les erreurs qu’elle avait pu accumuler ces derniers temps car, clairement, Arizona cherchait la rédemption.

Mais, bien sûr, Cheyenne ne l’entendait pas de cette manière et sa jumelle n’en fut pas surprise. Elle était sa sœur, son double, l’une et l’autre se complétaient depuis vingt-sept ans, elles se connaissaient par cœur si bien qu’elle ne s’était pas attendue à un miracle et les paroles qu’Ella eut pour Joshua ne firent que confirmer ce qu’elle savait déjà : qu’elle ne supportait pas le fait qu’Arizona soit là et que le jeune homme lui ait fait un tel coup. Les yeux à présent baissés en direction du sol, la jeune femme fixa ses pieds, tenant son bras droit à l’aide de sa main gauche ce qui lui donnait l’air d’être une petite fille qui se faisait disputer par l’un de ses parents après avoir été attrapée à faire une bêtise. Néanmoins, sentant enfin le regard de sa sœur se poser sur elle, l’Australienne redressa la tête pour la regarder à son tour et encaissa ses mots sans prononcer quoi que ce soit, se contentant simplement d’avaler sa salive avec difficulté tandis que, dans sa poitrine, son cœur ne cessait de s’emballer péniblement. Le regard douloureux posé sur sa jumelle, elle sentait la culpabilité grandir en elle et elle n’eut pas le courage de répondre quoi que ce soit aux accusations de sa sœur. De toute manière que pouvait-elle répondre ? Cheyenne avait parfaitement raison, elle avait été plus qu’égoïste et il n’avait rien à dire et ce fut le moment que choisi Joshua pour prendre la parole de sorte à pouvoir s’éclipser de la pièce après lui avoir demandé de ne rien lancer sur sa sœur.

Dans n’importe quelle autre situation ces paroles auraient pu la faire sourire, toutefois elle sentait mériter le fait que sa sœur lui balance quelque chose au visage, mais elle resta une fois de plus silencieuse, regardant son beau-frère quitter la pièce. Le silence reprit doucement place entre les deux jeunes femmes et, bien évidemment, ce fut Arizona qui décida de le briser. « Je ne nierais pas le fait que j’ai fais des erreurs, que je n’ai pensé qu’à moi, j’ai toujours accepté de reconnaître mes torts. » Commença-t-elle en s’efforçant de contrôler les tremblements de sa voix. Arizona garda une distance de sécurité entre elle et sa sœur, mais ses iris restèrent posés dans la direction de sa jumelle. « Je ne pourrais pas t’expliquer ce à quoi j’ai pu pensé à ce moment-là, je ne le sais pas moi-même. Tout ce que je peux te dire c’est qu’Elijah m’a offert le moyen de … » L’Australienne prit une courte pause pour trouver le mot correct, soupirant avant de reprendre. « Il m’a offert le moyen d’avoir l’impression de revivre après tout ce que j’ai dû encaisser. Je ne dis pas que c’était le choix à faire, ça ne l’était pas et lui-même me l’a répété, mais il a dû veiller sur moi pour ne pas que je finisse entre quatre planches et il en profiter pour m’ouvrir les yeux lorsqu’il a jugé que j’étais apte à encaisser la vérité. Je m’en veux de t’avoir abandonné Che’, toi et toute la famille mais je ne pourrais pas m’excuser d’avoir suivi notre cousin, pas alors qu’il était le seul à ce moment-là à pouvoir m’aider. » Elle se doutait que parler de la sorte de l’un des pires cousins qu’elles pouvaient avoir était surprenant, mais Arizona connaissait Elijah comme personne le connaissait – ou tout du moins c’était l’impression qu’elle avait.

La jeune femme avait appris à voir dessous la carapace que le Vryzakis s’était forgé avec les années, elle avait connu le jeune homme attentif – bien que toujours cynique – qu’il était réellement et aussi surprenant que cela puisse être, il avait réellement pris soin d’elle. Au moment où la jeune femme s’apprêtait à répliquer autre chose, Joshua refit son apparition dans la pièce en lui tendant une bouteille d’eau qu’elle prit, le remerciant d’un léger sourire alors que déjà il reprenait place auprès de Cheyenne avant de prendre à son tour la parole, bien décidé à faire entendre raison aux deux jeunes femmes et plus particulièrement à Ella. Son beau-frère ayant fini de dire ce qu’il avait à dire, elle attendit qu’il pose les yeux sur elle pour prendre la parole. « J’ai conscience que je dois prouver à tout le monde qu’on peut de nouveau avoir confiance en moi … je promets de tout faire pour récupérer cette confiance même si ça signifie supporter ta rancœur Che’. » Dit-elle tandis que son regard déviait en direction de sa jumelle. Que cette dernière soit d’accord ou non elle allait devoir supporter la présence d’Arizona qui ne comptait pas la lâcher d’une semelle, dans la mesure du possible.

she's so meaaaaaaaaan

« Je viens tout de suite. Ne lance pas tout ce que tu as à porté de main au visage de ta sœur s’il te plaît » Alors que je tentais de retrouver un rythme cardiaque normal, je regardai Joshua quitter la chambre et fermer la porte derrière lui. Je ne pouvais pas jeter le téléphone ni mon verre à la tête d'Arizona mais je pouvais toujours lui sauter à la gorge et l'étrangler de mes propres mains. Cette idée me trotta quelques secondes avant de me ressaisir. Toute cette rancœur, toute cette colère n'avait rien de positif pour moi ou les triplés qui étaient encore là. Ils avaient besoin de calme, de repos et au lieu de cela, je leur offrais la troisième guerre mondiale. Je devais prendre sur moi et pas qu'un peu. Seulement, c'était trop dur. C'était tout bonnement impossible que je retrouve un sourire en un claquement de doigts. Je n'en pouvais plus de cette situation et à chaque fois que j'entendais Arizona s'adresser à moi, une main invisible venait exercer une légère pression sur mon cœur. J'étais mal, elle me rendait mal, plus qu'elle ne pouvait se l'imaginer. Je ne la voulais pas là. Je préférais encore que Théo soit à mes côtés parce que, pour tout dire, Théodora était le seul membre de la famille – except Indiana – qui était là pour moi ces derniers mois. Tous les Ioannis avaient décidé de rebrousser chemin devant la difficulté, devant la peur de me perdre. Eh oui, il y avait une possibilité que je finisse entre quatre planche en mettant les triplés au monde, une possibilité que je finisse dans un fauteuil roulant tel un légume pour le reste de ma vie. Je m'exposais à des risques de fous mais ce n'était pas pour rien, pas comme Arizona. L'entendre dire qu'Elijah lui avait permis de se sentir vivante et qu'il avait veillé sur elle me retournait l'estomac. J'avais l'impression d'être dans un mauvais film, un mauvais polar des années cinquante où le salopard de base devenait le héros caché. J'étais dégoûtée par ses mots, j'étais blessée. Je ne pensais pas qu'elle pouvait me blesser encore plus que c'était déjà le cas, jamais je n'aurai pu croire cela possible. Elle n'avait plus le droit de me faire mal, de me faire me sentir mal. J'avais l'impression d'avoir échoué avec Arizona, d'avoir raté quelque chose et cela me paniquait encore plus dans mon rôle à venir. Heureusement qu'il y avait Indiana et Phoenix... Déglutissant, je la regarda alors que je serrais les poings sous la couverture. « Il n'aurait jamais du être le seul à pouvoir t'aider à te sentir vivante Arizona. Rentre toi ça dans le crâne. Je te rappelle qu'il protège son père. Tu sais, l'oncle qui a tué notre père, qui a fait couler le bateau dans lequel tu te trouvais y a douze ans. Si on a plus de famille, c'est à cause d'eux alors s'il te plait, ne viens pas me dire que tu te sens mieux grâce à lui. Parce que ça, c'est comme me dire que tu pisses sur la tombe de papa » Voilà que j'en étais vulgaire. Tout ce qu'elle venait de dire me donnait l'impression qu'elle me défiait encore plus alors que ce n'était sûrement pas le cas. À vrai dire, elle pouvait déballer des centaines d'arguments, je ne pourrais en accepter aucun, pas après ce qu'elle avait fait. J'étais rancunière et têtue. Autant dire qu'elle pouvait aller se frotter à un âne, c'était la même chose. Quand j'avais quelque chose en tête, je ne l'avais pas ailleurs et je n'hésiterais pas à la faire tourner en bourrique si Joshua comptait me l'imposer jusqu'à ce que j'aille mieux ce que, bien entendu, je soupçonnais. Jamais il n'oserait la ramener ici juste pour un petit 'coucou'. « Très bien, maintenant à moi de parler, pour vous deux » Le regardant, j'attrapai sa boisson et bus une gorgée. Instantanément, mon visage se déforma. Beurk. Dégueulasse. Je l'écouta parler et donner ses conditions qui ne me plaisaient pas. Des tas d'infirmières étaient là pour veiller sur moi, je n'avais pas besoin d'Arizona. Le regardant, j'ouvris la bouche et la ferma aussitôt pour le laisser continuer. Le couper en plein discours n'était sûrement pas la bonne chose. Seulement, je laissais glisser mes yeux de mon petit ami sur ma jumelle. J'avais l'impression qu'ils s'étaient mis d'accord sur tout cela, sur ce nouveau rôle de baby sitter pour ma moitié. « Toutes les deux, vous allez devoir vous entendre » Regardant Joshua, je leva les yeux au ciel et souffla. Hors-de-question. Il était hors de question que je m'entende avec elle, que je lui parle ou fasse la paix avec elle. Je ne le voulais pas. Peut être plus tard, quand les triplés seront là mais pour le moment, ce n'est même pas la peine d'y penser. « Vous allez devoir oublier vos différents, parce que ça vous aidera à partir sur de nouvelles bases et je ne veux pas que mes enfants en pâtissent. Est-ce que c’est clair pour toutes les deux ? » Croisant les bras au dessus de mon ventre bombé, je regarda Arizona. Elle aurait bien quelque chose à dire. « J’ai conscience que je dois prouver à tout le monde qu’on peut de nouveau avoir confiance en moi … je promets de tout faire pour récupérer cette confiance même si ça signifie supporter ta rancœur Che’. » Je pouffa légèrement. Elle allait devoir la supporter ma rancoeur et encore un bon petit moment. « Tu vas devoir la supporter oui parce que je ne compte pas me réveiller demain et tout oublier. Il faudra me frapper pour que j'arrive à oublier tout ce que tu m'as fais en l'espace de quelques mois » Tournant la tête vers Joshua, je dis « Je n'aime pas qu'on me force la main et tu le sais très bien Josh. Engage une baby sitter t'es sûre de pas retrouver une Ioannis à la morgue en venant me voir. Les triplés n'en pâtiront pas » Je regarde alternativement Joshua et Arizona. « On finira par se pardonner mais pas maintenant. Les triplés ne seront là que dans trois mois, j'ai donc trois mois pour lui pardonner. Ne vous attendez pas à un effort phénoménal de ma part avant que j'hurle la mort parce que j'ai trois crevettes qui veulent sortir » Aucun effort ne sera fait avant. Si elle arrive à regagner ma confiance avant, tant mieux pour elle, sinon elle attendra. L'idée de voir ma jumelle toute la journée ne me plait pas mais alors pas du tout. Les journées sont déjà longues mais alors là, c'est pire que tout. Je me vois déjà à supporter son regard de chien battu, sa posture de petite fille terrorisée. Déglutissant difficilement, je dis, d'un ton las et fatigué « Je vous le ferai payer jusqu'à la fin de ma vie. J'ai déjà du mal à accorder ma confiance une fois alors deux, ça va être dure. Peut être pas impossible mais vous allez passer des journées de merde, je vous préviens déjà. Et puis, tu es drôle Joshua mais elle a un boulot aussi. À moins qu'elle soit encore pourrie jusqu'à la moelle osseuse » Un sourire en coin apparut sur mon visage. C'était ma chance de coincer Arizona et de l'envoyer loin d'ici, loin de cette chambre d'hôpital. « Sachant que tout le monde me regarde avec un regard de chien battu dans le service, je suppose que tu n'as pas repris tes études. Alors Arizona, tu la gagnes comment ta croûte ? » Simple mais direct. Après, je m'intéresserais à Joshua et ses journées. Il semblait préoccuper et je savais très bien que je n'étais pas le seul sujet de ses tourments. Enfin, je l'espérais.

Il savait que laisser les jumelles entre elles n’étaient pas forcément une bonne idée. Seulement, il voulait qu’elles puissent parler plus librement. Alors, il sortit de la chambre, allant s’énerver contre un distributeur. Toute cette situation le mettait hors de lui. Il était à bout, mais il devait tenir bon. Il devait garder son sang froid, mais il sentait que ça allait sortir un jour ou l’autre. Il fit plusieurs choses, avant de finalement revenir dans la chambre d’Ella. Donnant une bouteille d’eau à Arizona, il reprit sa place sur le fauteuil près du lit de la jeune femme et décida de donner son avis. Il ne comptait pas à ce qu’elles reviennent sur le sujet, mais comme il s’y attendait, ce fut le cas. Arizona fit comprendre qu’elle ferait tout son possible pour prouver sa bonne foi. Il la connaissait, il savait que quand elle donnait sa parole, c’était réel et pas juste des paroles en l’air. Il hocha la tête à ses propos et tourna la tête vers Ella qui décida, elle, de ne pas laisser tomber. Il avait envie de soupirer, mais il ne dit rien, buvant de son eau. Les paroles de la jeune femme le crispèrent. Parler d’elle et de la mort n’était pas quelque chose qu’il aimait. Il avait déjà pensé perdre la jeune femme avec leurs bébés. Il n’accepterait pas de revivre ça à nouveau. La brunette fut alors plus conciliante, parlant des trois mois. C’était déjà un bon début. Ca mettait Joshua de meilleure humeur, même si c’était léger. Cette fois-ci, il ne pû retenir un soupir. Ella parlait de sa sœur, comme si c’était la criminelle la plus recherchée du pays. Il savait à quel point Ella avait eut mal au départ de sa jumelle, mais elle devait laisser passer. Oui, elle avait fait une erreur et de mauvais choix, mais elle s’était reprit et était là aujourd’hui, pour l’aider. En voyant le sourire sur le visage de sa petite amie, il fronça les sourcils. Ca n’amènerait rien de bon ce sourire. Il avait raison. Il ne dit rien, mais il sentait la colère monter. Elle cherchait la petite bête et il n’aimait pas ça. Même s’il avait pardonné à Arizona, il ne comprenait pas pourquoi Ella allait sur ce genre de terrain. Se levant du fauteuil, il alla vers la fenêtre, ayant besoin de souffler quelques secondes. Il écouta malgré tout la réponse d’Arizona. Il ne voulait pas de problème dans cette chambre ou au sein de l’hôpital. Buvant de son eau, il était attentif, avant de sentir son portable vibrer dans sa poche. Sortant son téléphone, il décrocha de la conversation des sœurs. Fronçant les sourcils, il vit un texto d’un de ses collègues pompier. Le chef voulait le voir dès la première seconde où il mettrait les pieds à la caserne le lendemain. Soupirant, il lui répondit qu’il irait voir le chef à son arrivée lors de sa prochaine garde. Son collègue lui demanda si tout allait bien et il répondit que ça pouvait aller. Il y avait des histoires de famille complexe et son collègue lui souhaita bonne chance. Il en avait bien besoin, il le savait parfaitement. Rangeant son portable dans sa poche, il but une gorgée d’eau et se retourna pour regarder les deux femmes. Soupirant doucement, il espérait que la situation allait pouvoir se débloquer un peu aujourd’hui.

Elle connaissait sa sœur par cœur, ce qui n’était pas bien étonnant puisqu’elles étaient jumelles. Malgré leurs différences – uniquement caractérielles – elles se connaissaient très bien et Cheyenne avait toujours eu l’art et la manière de faire culpabiliser sa cadette lorsqu’elle le souhaitait. Certes, ce fait n’était arrivé que très rarement au cours de toute leur vie ensemble, mais les quelques rares fois où l’Australienne y avait eu le droit étaient restées graver dans la mémoire de la jeune femme. Ce n’était donc plus une surprise pour elle lorsque sa sœur laissait sa rancœur parler. Elle savait qu’elle n’était pas prête de lui pardonner, qu’elle allait lui en faire baver le temps de se sentir soulager et c’était tout ce que l’Océanienne méritait. Elle n’était pas masochiste, mais tout simplement réaliste. Elle avait abandonné les siens du jour au lendemain sans prévenir, sans donner la moindre explication pour suivre le pire membre de leur famille, l’un de ceux qui méritait tout autant la haine des Ioannis que son père, ce que sa sœur souligna très bien par elle-même. Seulement, peu importait les paroles prononcées pour sa jumelle, même si Arizona s’en voulait monstrueusement d’avoir abandonné les siens, elle ne pouvait pas totalement regretter son choix tout comme elle serait désormais incapable de voir Elijah uniquement comme une personne pourrie jusqu’à la moelle.

Elle devait être l’une des rares personnes à connaître la personnalité cachée du Vryzakis, l’une des seules à savoir toute l’affection qu’il portait à Loan, cette jeune femme qu’Arizona avait rencontrée à des rares occasions et qui allaient mettre au monde les filles de leur cousin. Elle était l’une des rares personnes à savoir tout au fond d’elle que s’il n’avait pas eu la vie à laquelle son oncle l’avait destiné il aurait été un homme aussi bon que Matthew et un père exemplaire, mais tout comme un grand nombre des Ioannis, leur cousin n’avait pas eu d’autres choix que de supporter ce qui ressemblait à une malédiction. Quant aux reproches qu’Ella lui fit, la jeune femme préféra les encaisser en silence, serrant les dents lorsqu’elle ne put s’empêcher d’inclure la mémoire de leur père qu’elle souillait. Une fois de plus elle ne voyait pas les choses de la même manière. Elle se doutait que Zéphyr n’aurait pas été très heureux de voir quel chemin avait emprunté l’une de ses filles, néanmoins il ne lui en aurait jamais voulu d’avouer que son cousin l’avait aidé à s’en sortir car pendant longtemps lui-même avait cherché à prouver qu’il y avait toujours un espoir concernant son demi-frère – en vain. Fort heureusement, Joshua décida de revenir dans la chambre, permettant ainsi à Arizona de souffler un peu, d’avoir moins à supporter les piques de sa jumelle qui se révélaient bien plus douloureuses que ce qu’elle laissait voir. La jeune femme écouta les paroles de son beau-frère avec attention avant d’enchaîner à son tour sur quoi Ella ne tarda pas à renchérir tandis qu’elle s’efforçait de ne pas lever les yeux au ciel, un moyen qu’elle aurait eu d’exprimer son agacement, mais c’était loin d’être le bon moment pour ce genre de geste.

Quant à la nouvelle pique que Cheyenne lui lança concernant son travail, Arizona resta tout d’abord silencieuse, suivant Joshua du regard qui alla prendre place devant la fenêtre. Tout son langage corporel laissait deviner qu’il était à deux doigts d’exploser et la jeune femme en était bien désolée. Elle aurait préféré qu’il n’ait pas à subir tout ça, mais elle cessa de le fixer et reporta son attention sur sa sœur. « Si j’étais toujours aussi pourrie je ne serais pas là Cheyenne. » Commença-t-elle en usant d’un ton si calme malgré sa frustration qu’elle en fut elle-même surprise. « La CIA m’est tombée dessus et m’a offert une porte de sortie vers laquelle Elijah m’a poussé parce que, que tu le veuilles ou non, il n’est pas aussi mauvais que son père et ce n’est pas lui qui a orchestré la mort de papa. » Lâcha-t-elle sans quitter son double du regard avant de soupirer en humidifiant ses lèvres. « Je travaille comme agent du NCIS, me regarde pas comme ça, je suis très sérieuse. Et je comprends ta colère, tu pourras te défouler sur moi autant que tu le voudras, mais ne blâme pas Joshua, tout ce qu’il veut c’est s’assurer que tu ailles bien, il ne pensait pas à mal alors ne lui fait pas payer le fait de vouloir prendre soin de toi. » Son beau-frère l’avait défendu, c’était autour de l’Australienne d’en faire de même d’autant plus qu’elle pensait chacune de ses paroles. Qu’Ella lui en veuille pour tout ce qu’elle avait pu lui faire subir en quittant New York était acceptable, qu’elle en veuille à son petit ami pour tenter de faire les choses bien ça l’était déjà moins.

Je n'arrivais pas à avancer et c'était bien la première fois que quelque chose comme ça m'arrivait. À chaque fois qu'un mot sortait de ma bouche, il était loin d'être beau et doux. Je m'étais transformée en petit monstre sur pattes en un claquement de doigts. Moi qui avait toujours eu pour habitude de laisser parler les gens et de pardonner facilement, quand il s'agissait de ma famille, c'était tout autre chose. Il n'avait qu'à me connaître un minimum pour savoir qu'à mes yeux, la famille était la chose la plus importante qui puisse exister et que, même si j'acceptais les trahisons amicales, j'étais intransigeante avec ma famille. Il n'y avait voir le nombre d'années où j'en avais voulu à ma mère de nous avoir abandonné après son divorce. À vrai dire, je lui en voulais encore, intérieurement, et pourtant elle était morte depuis un petit bout de temps maintenant. Je n'arrivais pas à expliquer pourquoi, quand il s'agissait de famille, c'était dix fois pire. Arizona me connaissait assez pour savoir qu'elle allait se frotter à Satan pendant quelques jours encore. La colère finirait par retomber, je le savais bien, mais quand , c'était tout autre chose. La voir se tortiller telle une araignée soumise au sort 'endoloris' dans Harry Potter était l'un des plus beaux spectacles auquel j'assistais depuis bien longtemps. J'étais cruelle, sans cœur et sans pitié mais c'était plus fort que moi. J'avais été cette garce à mon arrivée sur le sol américain pour me protéger et il semblait que je souhaitais me protéger de ma sœur. C'était douloureux de m'en rendre compte et je décida donc de lui lancer un dernier pique, voyant Joshua se lever et se diriger vers la fenêtre. Je déglutis difficilement. Je venais d'y aller un petit peu trop loin et ce constat me brisait le cœur. J'avais plus mal pour le jeune africain que pour ma jumelle. Ils avaient échangé leur place ; j'avais plus que confiance en lui et je me méfiais d'elle. Parler d'Elijah n'était peut être pas la chose à faire mais cela avait été plus fort que moi. Avant son départ, elle avait été dévastée par la vérité : c'était le père Vryzakis qui avait fait du mal à notre père. Deux frères se détestant avaient fini par se tuer. Je ne voulais pas que cela finisse ainsi entre Arizona et moi, nous pouvions nous calmer, retrouver une certaine confiance. Nous le pouvions, il n'était pas trop tard. Il me faudrait juste du temps, beaucoup de temps pour accepter ses trahisons et ce qu'elle m'avait fait traverser, seule. « Si j’étais toujours aussi pourrie je ne serais pas là Cheyenne. » Je me retenais de lui répondre qu'on ne sait jamais, elle pouvait très bien revenir ici pour finir son petit travail idiot. Je ne savais pas ce qu'elle avait fait pendant ses semaines de 'cachette' mais une chose était claire ; elle avait trempée ses mains dans le sang et ça, c'était au dessus de mes forces. Je ne pouvais pas l'oublier, pas comme cela. Je pouvais tout lui pardonner mais ça, sûrement pas. « La CIA m’est tombée dessus et m’a offert une porte de sortie vers laquelle Elijah m’a poussé parce que, que tu le veuilles ou non, il n’est pas aussi mauvais que son père et ce n’est pas lui qui a orchestré la mort de papa. » Je la regarda légèrement avant de souffler. La CIA lui était tombée dessus. Un tel organisme qui engage une ancienne 'criminelle', j'aurai presque du mal à le croire mais pourquoi me mentirait-elle ? Cela ne lui servirait à rien, bien au contraire. Laissant mes bras se détendre, je lance un léger regard vers la fenêtre et donc, vers Joshua. Je le vois trifouiller son portable et me demande qui peut bien le contacter maintenant. Tout le monde autour de nous savait qu'après le boulot, il venait me voir à l'hôpital. Avait-il une maîtresse ? Vu son regard et l'absence de sourire, ce n'était pas ça, c'était autre chose. Le travail. Je déglutis avant de reporter mon attention sur ma jumelle. Son discours me surprend. Elle était sérieusement entrain de défendre Joshua ? Ils étaient donc deux contre moi. Non, à les entendre, ils étaient avec moi mais j'avais bien du mal à le voir, dommage pour moi. « Je n'aime juste pas qu'on me force la main et il le sait, c'est tout. Je passe mes journées à lire les revues qui sortent le matin même, je deviens presque aussi intelligente qu'une journaliste qui étudie le moindre article parut dans les journaux locaux. Ah et puis, je regarde tellement la télé que je peux te donner le programme de demain sur toutes les chaînes du câble. Je me fais chier ici donc veuillez m'excuser si cette discussion est ma seule distraction de la journée » En gros, j'aurai préféré qu'il vienne vêtu de son habit de pompier et le voir se changer devant moi ! Ça aurait été beaucoup plus agréable, autant le dire. Me tournant vers Joshua, je l'interpelle légèrement. « Chéri ? Tu es sur que ça va ? C'était qui ? » Le voyant se tourner, je lui fais un léger signe pour venir près de moi. Je les regarde tour à tour quelques secondes avant de souffler. « Je vous aime tous les deux mais je ne peux pas faire comme si de rien n'était. Je suis désolée, vraiment, mais c'est plus fort que moi... Je ne peux pas te prendre dans mes bras comme j'aimerais le faire si tu revenais d'un long voyage en Antarctique après avoir sauver les pingouins qui s'y trouvent, mais là, je peux pas... » C'était plus fort que moi. J'étais sûrement de mauvaise fois mais je fonctionnais ainsi. Soupirant, je regarde Joshua et dis « Promis, je ferais un effort... Je peux avoir une tablette de daim dans la machine à boisson ? Si tu veux, tu peux m'emmener dans ma super chaise roulante. La mienne n'est pas en or comme celle de Lady Gaga mais bon.. » Je laisse un léger rire m'échapper. Je tente de détendre l'atmosphère, oui je tente. Un regard vers Arizona. « Tu as visité pendant ton escapade criminelle ? » Je grimace légèrement. « Désolée, c'est plus fort que moi » J'hausse les épaules et tends la main à joshua pour qu'il m'aide à me glisser sur mes quatre roues en acier.

L’africain voyait bien que la tension entre les sœurs n’allait pas passer aussi vite. Il fut attentif, avant de sortir de la pièce pour tenter de se calmer. Seulement, de retour dans la pièce, la colère était de retour. Ella poussait beaucoup et il tentait de se calmer. Il ne voulait pas prendre partit. Il savait que s’il défendait Arizona, c’est sa jumelle qui allait lui en vouloir. Il ne voulait pas de ça, juste que les deux acceptent que l’autre soit là, auprès d’elle. Il se leva de son fauteuil et partit vers la fenêtre. Tout en écoutant ce qu’elles se disaient, il répondit à quelques texto, sachant que le lendemain, il allait se faire engueuler et pas qu’un peu. Se retournant, il regarda les deux jeunes femmes. Il n’aurait jamais pensé qu’Arizona aurait un tel emploi, mais ça semblait être stable et ça semblait également lui plaire, ce qui était sans aucun doute très important. Arizona faisait de son mieux pour expliquer à sa sœur qu’elle avait changé. Seulement Ella ne voulait pas le comprendre. Oui, pour l’africain, elle ne cherchait pas à apaiser la tension, elle ne faisait que l’attiser. Il n’en dit rien, préférant rester en dehors de leur conflit. Arizona prit sa défense, il en fut surprit, mais apprécia la chose. Seulement, il croisa les bras et fronça les sourcils, en écoutant toujours leur conversation, sans intervenir.

Ca va, c’est juste le boulot. Rien de bien intéressant.

Pas besoin qu’elle sache qu’il avait faillit être blessé à nouveau dans un incendie. Ecoutant ce que la jeune femme disait, il fut content qu’elle prenne conscience qu’ils n’étaient pas des ennemis. Ca le détendit tout de même un peu. Il fut même beaucoup plus détendu quand elle essaya de détendre les choses. Allant vers elle, il fronça les sourcils, d’un air sévère quand elle parla de l’escapade « criminelle » d’Arizona. Cependant, il n’en dit rien, l’aidant à venir se mettre dans le fauteuil roulant. Il fit attention à la façon dont elle se levait et il la laissa marcher jusqu’au fauteuil, près du lit. Se redressant, il se mit derrière le fauteuil et regarda sa belle-sœur, lui faisant un signe de tête pour lui dire que c’était un début. Il esquissa un léger sourire et enleva les freins du fauteuil. Laissant sa belle-sœur répondre à la question d’Ella, il poussa le fauteuil de la future maman, tout en écoutant sa jumelle parler. Sortant de la chambre, il prit la direction de la machine dont elle avait parlé. Après tout, autant y aller directement. Une fois là-bas, il laissa Ella dans le fauteuil, sortant sa monnaie, pour composer le code de ce qu’elle voulait, l’attrapant quand il fut tombé. Il le lui donna et regarda l’autre brunette.

Tu veux quelque chose ?

La tension était tombée et ça faisait beaucoup de bien. Soupirant doucement, il attendit la réponse de la jeune femme et il refit les mêmes mouvements pour finalement se prendre un paquet de chips. Ca n’était pas le truc à manger à cette heure-là, mais il s’en fichait bien. Prenant place dans un des fauteuils qui était là, il soupira doucement. Ca allait mieux, il n’était plus aussi énervé et il se mit même à sourire. Seulement ce dernier s’effaça, quand il entendit une voix qu’il connaissait bien.

Plus de peur que de mal, hein Josh !

Se redressant d’un seul coup dans son fauteuil, il bondit même sur ses pieds, attrapant ce type qui venait de parler. Ce dernier était dans son habit de pompier et c’était un collègue d’une autre caserne qui avait dû être courant de ce qui s’était passé. Il lui demanda de se taire tout de suite, lui expliquant que sa petite amie n’avait pas besoin de ça en ce moment. Puis, tapotant son épaule, il revint vers les deux femmes, essayant de sourire, reprenant son paquet de chips et préférant ne pas parler.

Plus elle fouillait dans sa mémoire et moins elle parvenait à trouver un moment où elle avait autant pu décevoir sa famille. Ça n'a jamais été le cas, tout simplement. Depuis son plus jeune âge, elle s'était efforcée de rester dans les rangs et était parfois invisible dans l'ombre de sa sœur, mais ça n'avait pas été un problème pour elle. Elle avait toujours aimé sa petite vie aussi mouvementée qu'elle avait pu être suite au décès de son père. Elle chérissait chacun des souvenirs qu'elle pouvait avoir de sa vie à Corinthe, une vie qui clairement lui manquait un peu plus chaque année. La simplicité était loin désormais et l'Australienne avait vécu tant d'épreuves qu'elle avait fini par se perdre en chemin pendant un long moment. Elle faisait probablement honte à sa famille, toutefois c'était le genre de chose qui pouvait arriver mais au fond la jeune femme restait la même, elle éprouvait juste quelques difficultés à trouver celle qu'elle avait pu être, mais elle y travaillait sérieusement. Arizona se rattrapait comme elle le pouvait. Elle faisait de son mieux pour profiter au maximum de ce nouveau départ qu'on lui avait offert même si, régulièrement, elle pensait à son cousin qui n'aurait jamais cette chance. Au fond, Elijah aussi avait changé ... elle avait pu le remarquer lorsqu'il avait appris - grâce à une gaffe de sa part - qu'il allait être père.

Elle n'avait jamais réellement saisi la relation qui pouvait exister entre lui et Loan, mais pour dire vrai elle n'avait pas vraiment cherché à comprendre, elle se contentait de voir ce qui était évident, qu'il l'aimait et que quelque part il aurait aimé être près d'elle pour leurs filles. Elle enviait la jeune femme ou tout du moins elle enviait cet amour que son cousin pouvait éprouver pour elle car elle savait, oui elle savait combien il l'avait protégé du père Vryzakis qu'Arizona continuait de haïr encore aujourd'hui. Alors oui, elle était chanceuse quelque part. Elle avait une chance qui n'était pas donnée à tout le monde et l'Australienne comptait bien mettre tout en œuvre pour se rattraper auprès des siens, pour que sa famille et le reste de ses proches lui pardonnent ses erreurs et tout cela commençait évidemment avec sa jumelle. Elle savait que ce ne serait pas simple, après tout elle connaissait Cheyenne mieux que personne, mais elle voulait y croire et ce malgré les tensions qui régnaient dans la petite chambre d'hôpital. L'entendre parler de ses journées dans l’établissement la fit grimacer. Elle connaissait ça, pas personnellement - quoi qu'au vu du nombre de fois où elle avait été dans un tel lit cela aurait pu être probable - mais parce qu'elle avait fait partie des employés de ce lieu et qu'elle avait vu un grand nombre d'enfants s'ennuyer aussi ferme que sa sœur, seulement être ici était pour son bien et pour celui des triplés. Son attention se porta ensuite vers Joshua, toujours près de la fenêtre. Son beau-frère semblait réellement être ailleurs même si elle n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait autant l'intéresser tout d'un coup, mais par instinct elle sentait qu'il s'agissait de quelque chose dont il n'avait pas spécialement envie de parler et la réponse qu'il donna à sa sœur la conforta dans cette idée.

Arizona resta silencieuse le temps que sa sœur rejoigne son fauteuil et elle emboita le pas du jeune couple dans le couloir avant de prendre la parole. « J'étais principalement en Grèce, mais j'ai fini par devoir aller en Chine où ils me sont tombés dessus. » Par ils, l'Australienne voulait bien sûr parler des agents de la CIA. Quant au reste, le fait qu'elle ait été sur le sol américain bien avant de revenir à New York, elle préféra le garder pour elle tandis que Joshua lui demandait si elle souhaitait quelque chose. Secouant la tête de droite à gauche en le remerciant d'un léger sourire, elle prit place sur l'un des fauteuils non loin de sa jumelle rapidement rejoint par son beau-frère. « Je me rattrape comme je peux, tu sais ... » Souffla-t-elle sans quitter sa sœur du regard en s'enfonçant contre le dossier du fauteuil. Arizona se rattrapait aux branches en quelque sorte et elle faisait de son mieux pour réparer les pots cassés. Détournant finalement le regard en direction des autres personnes présentes dans les parages, elle redressa vivement la tête en entendant un homme - qui lui était totalement inconnu - s'adresser à Joshua. Voyant ce dernier se lever d'un bond et rejoindre le pompier qui venait d'arriver, les sourcils de la jeune femme se froncèrent, signe qu'elle tentait de deviner par elle-même ce qui se passait sans pour autant y parvenir. « Tout va bien ? » Finit-elle par demander à la fois par curiosité mais aussi par inquiétude. Elle avait appris à lire facilement le langage corporel des gens pour des raisons auxquelles elle ne préférait pas penser et tout chez son beau-frère laissait supposer que quelque chose le tracassait sans qu'elle ne puisse deviner quoi exactement.

Me retrouver avec Joshua et Arizona dans la même pièce ne m'enchantait guère. Je voulais faire un effort pour l'Africain mais aussi pour ma sœur. Je devais le faire pour eux et pour les triplés. Il y avait tellement de personnes qui crevaient d'envies qu'Arizona et moi retrouvions notre entente mais c'était difficile. J'avais toujours été celle qu'on attendait au tournant, celle qui sortait jusque pas d'heure et rentrait complètement bourrée. J'avais toujours été l'irresponsable et jouer la responsable ne m'allait pas mais alors pas du tout. Je ne regrettais pas ma grossesse mais je devais bien admettre que ma vie passée me manquait, surtout dans des moments comme celui-ci. Il y a quelques mois, c'était ma jumelle qui était dans ce lit et j'avais fais mon maximum pour la soutenir à son réveil. Elle essayait de faire la même chose mais, de mon côté, j'avais plus envie qu'elle me laisse tranquille qu'autre chose. C'était ainsi, j'étais une vraie tête de mule mais je savais que toute cette colère allait finir par passer. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle étai ma jumelle, ma moitié et plus ou moins ma meilleure amie. Arizona avait été mon pilier pendant de nombreuses années et je n'allais pas pouvoir mener cette grossesse à bien dans cet état moral et psychologique. J'étais une vraie bombe, prête à exploser et je cherchais mes limites, comme une gosse. Du coin de l'oeil, je pouvais très bien voir que mon comportement agaçait mon petit ami mais tant pis pour lui ! Je devais la tester, la pousser à bout pour voir jusqu'où elle était capable d'aller. Je connaissais Arizona pour savoir qu'elle était assez forte dans le contrôle de soi mais je voulais voir ce qu'elle pouvait supporter. J'usais donc de mots douloureux et assassin, tout en tentant de dédramatiser mes paroles la seconde d'après. Chaud. Froid. Chaud. Froid. J'étais une vraie petite peste mais j'avais l'impression de retourner à nos quinze ans, juste avant la mort de notre père. Attrapant la main de Joshua pour me diriger jusqu'au fauteuil roulant, je le gratifia d'un sourire. J'appréciais la façon dont il gérait la situation. Je savais très bien qu'il avait envie de me dire mes quatre vérités mais il se retenait, par respect. Le jeune Walling était vraiment l'homme parfait et j'étais plus qu'heureuse d'être tombée sur lui il y a quelques années déjà. Il était la preuve vivante que, de l'amitié à l'amour, il n'y a qu'un pas. Attrapant ma barre de chocolat, j’enlevai rapidement le papier et mordis dedans. Instantanément, mon corps se détendit. Dieu que c'est bon ce petit truc hyper calorique ! En temps normal, j'aurai surement choisi autre chose mais, pour le coup, je n'étais plus à quelques grammes près. « J'étais principalement en Grèce, mais j'ai fini par devoir aller en Chine où ils me sont tombés dessus. » Tablette en bouche, je resta la bouche bée devant les confessions de ma jumelle. En Grèce ? Comment se fait-ce que je ne l'ai pas croisé, avec Joshua, pendant nos vacances là haut en été ? Elle n'avait pas pris possession de la maison familiale pendant son voyage puisque le peu de familles qui nous restait m'avait assuré que personne n'habitait là haut depuis notre départ une dizaine d'années plus tôt. Je ferma la bouche sur ma tablette et mangea un petit bout. « Je me rattrape comme je peux, tu sais ... » Je déglutis quelque peu et secoua légèrement la tête de haut en bas. Bien entendu que je le savais mais ce n'était pas pour autant que j'acceptais. J'avais l'impression que mon cerveau était en mode replay mais c'était plus fort que moi. Phoenix et Indiana allaient peut être l'accueillir les bras ouverts mais ce n'était pas mon cas. J'en avais assez des déceptions et celles qui concernaient ma famille étaient encore plus destructrices que les autres. « Je sais mais tu me connais Ari... Je peux pas tout oublier. Depuis le divorce de papa et maman tu sais combien je déteste qu'on me poignarde dans le dos, surtout quand il s'agit de la famille... On était en Grèce avec Joshua en décembre dernier. C'est là haut que j'ai appris que j'étais enceinte d'ailleurs... » Détail surement inutile mais j'avais envie de lui préciser. C'était ma façon de lui dire que la Grèce avait – une fois encore – été notre point de retrouvailles même si ni l'une ni l'autre n'avait été au courant de ce voyage... La conversation semblait tourner en rond puisque je n'y mettais pas franchement du mien. Je ne faisais pas exprès mais c'était plus fort que moi. Je n'arrivais pas à tout oublier bien que j'en rêvais. Je mourrais d'envie d'oublier ces mois douloureux, ces heures et semaines d'inquiétudes, ces crises de larmes après avoir croisé Théo et William m'indiquant qu'ils savaient où se trouvait Arizona mais ne voulaient rien dire. J'en avais vu des vertes et des pas mûres pendant de longues semaines... Sans compter que la disparition d'Arizona avait concordé avec l'accident de Joshua et son coma. Tout m'était tombé sur la tête à ce moment là et j'avais du laisser ma vie de fêtarde de côté pour me concentrer sur mon ex meilleur ami et Indiana qui ne demandait qu'une chose : retrouver une vie normale. « Plus de peur que de mal, hein Josh ! » Je glissa les yeux sur mon petit ami et fronça les sourcils lorsque je le vis bondir de son siège. Quelque chose de grave s'était passé au travail et je n'aimais pas qu'il soit silencieux à ce sujet. « Je te jure, c'est la journée catastrophe ! » lançais-je à l'intention de ma jumelle mais aussi à la mienne. Le voyant revenir stressé comme pas deux, je le regarda d'un regard sombre et laissa Arizona lui demandait si tout allait bien. Joshua tenta de s'enfermer dans son mutisme en s'enfonçant dans sa chaise. Le regardant, je laissa un léger grognement s'échapper de mes lèvres et dis « Alors G. I. Joe ; tu es jaloux de l'accueil que j'ai fais à Arizona alors tu veux le même ? Qu'est-ce qu'il s'est passé à la caserne aujourd'hui ? À moins que ce soit sur le terrain... » Je n'avais guère envie que l'un de ses collègues vienne m'annoncer qu'il avait – encore – été brûlé parce que trop distrait. « Je peux le supporter chéri. Je n'ai pas envie que tu me caches des choses de cette ampleur. Ne t'inquiète pas pour moi... S'il m'arrive quelque chose, on est dans un hôpital et Arizona s'y connaît en médecine. Je te rappelle que c'est une ancienne pédiatre » je tourna la tête vers ma sœur pour avoir son approbation. Peut être que de cette façon, il parlerait plus facilement...

Alors là c’était le meilleur ! Lui qui avait réussit à réunir les jumelles dans la même pièce, malgré les tensions et les paroles dures, il pensait pouvoir se détendre un peu. Malheureusement ça n’était pas le cas. Alors, qu’il avait prit un petit truc à grignoter, il avait entendu la voix d’un collègue et avait été directement vers lui. Si la chaise dans laquelle il avait été assit n’était pas plus lourde que lui, il était persuadé qu’elle serait tombée. Allant vers son collège, il alla lui expliquer qu’il n’avait pas à dire ça aussi fort et encore moins devant Ella. Le type sembla un peu surprit au vu du ton employé par Joshua, ton qu’il n’avait encore jamais employé. Mais il comprenait et il s’excusa, avant de filer. De son côté l’africain essaya de sourire, faisant comme si de rien n’était, seulement, le regard des jumelles étaient braqués sur lui. Il grogna à cela et quand Arizona lui posa une question, il resta muet. Pas besoin de mettre du stress sur les épaules d’Ella en plus. S’enfonçant dans sa chaise, il continua de manger, avant qu’Ella ne parle. Tournant la tête vers elle, il l’écouta. Puis, il regarda sa belle-sœur. Cette dernière semblait soutenir les propos de sa sœur et il soupira.

Premièrement interdiction de vous liguer de la sorte contre moi. Vous l’avez déjà fait par le passé et ça n’a jamais été à mon avantage.

Il parlait des fois où elles l’avaient embêté avant qu’il ne soit en couple avec Ella. Il n’était que son meilleur ami à l’époque. Mais il devait avouer que ça l’avait amusé, même si en cet instant, il jouait les grognons. Posant son regard sur sa petite amie, il essayait de gagner du temps avec son second argument et il savait qu’elle s’en douterait.

Deuxièmement, je sais que tu rêves de me voir torse nu en treillis militaire, mais je ne suis malheureusement pas G.I. Joe.

Il eut un léger sourire. Même s’il devait avoir ça dans ses vêtements. Idée à mettre de côté pour plus tard tient. Seulement, il savait qu’il devait dire la vérité sinon Ella allait le forcer à le faire, voire également Arizona.

C’était sur le terrain.

Fronçant les sourcils, il baissa les yeux, comme si le sol était devenu très intéressant d’un seul coup.

On était dans un bâtiment en feu et on est entré à trois dedans. Seulement, je n’étais pas concentré et j’ai faillis être écrasé par une poutre du plafond. Mon collègue l’avait vu et m’a poussé et protégé.

Soupirant doucement, cet aveu faisait mal, parce qu’il aurait à nouveau pû se retrouver dans le coma. Seulement, cette fois-ci, il aurait pû y rester, encore plus que la dernière fois. Si le feu était entré sous son uniforme, il aurait été gravement brûlé et pas sûr qu’il ait pû s’en sortir. Levant doucement la tête, il regarda Arizona, puis sa petite amie, attendant leur verdict, qui ne serait sans doute pas clément.

La situation lui semblait tellement étrange. Elle avait l’impression d’avoir échangé sa place avec sa jumelle ce qui, très sincèrement, n’aurait pas été une première. L’avantage de se ressembler comme deux gouttes d’eau était qu’elles avaient pu jouer ce jeu à de nombreuses reprises lorsqu’elles étaient plus jeunes, parfois pour tester une personne d’autres fois simplement pour s’amuser, mais ce jour-là ce n’était pas ça et c’était totalement involontaire. Elle avait toujours été la plus responsable des deux, elle avait toujours pris beaucoup sur ses épaules sans jamais se plaindre. Elle avait toujours aimé les responsabilités et la sensation d’avoir de l’intérêt pour quelqu’un, qu’on lui faisait confiance. Parfois Arizona avait même été plus responsable et mûre que ses aînés ce qui, concernant Georgia, n’avait rien d’étonnant à bien y réfléchir. A l’inverse, sa jumelle en avait fait voir des vertes et des pas mûres à leurs parents, d’autant plus après le divorce de ces derniers même si la plus à plaindre était sans nulle doute leur mère à qui Cheyenne en avait voulu pendant des années. Mais à présent elle était l’irresponsable et sa jumelle la personne la plus mûre ou tout du moins celle qui s’efforçait de l’être. Oui, comme lorsqu’elles étaient petites et qu’elles échangeaient leur identité, vraiment. Ce qu’elle aurait aimé que ça soit aussi simple, que ce ne soit qu’un amusant pour toutes les deux mais ce n’était pas le cas et il y avait bien trop de choses sérieuses dans leur vie désormais.

Elles n’étaient plus des enfants, elles avaient grandi et elles se devaient d’affronter tant de choses difficiles que l’Océanienne se demandait de quelle manière elles parvenaient toutes les deux à ne pas perdre pieds. Ça n’avait pourtant pas été simple et Arizona avait été la première à perdre la tête même si quelque part ses choix lui avaient fait du bien, comme s’il s’était agi d’un moyen assez violent pour se reprendre même si elle restait sur une pente glissante. Toutefois, elle comptait bien se rattraper … après tout c’était tout ce qui lui restait désormais. La société avait de nouveau confiance en elle, il n’y avait qu’à voir son métier actuel et les missions qu’on lui confiait depuis qu’elle travaillait pour le NCIS. Seulement sa famille et ses proches c’était une toute autre chose. Récupérer leur confiance allait demander du temps ainsi que de la patience et même si l’Australienne n’était plus la personne la plus patiente en ce monde elle était prête à tout pour parvenir à ses fins. C’est lorsqu’on perd quelque chose que l’on se rend compte combien cette chose était importante, dans le cas d’Arizona il s’agissait de sa famille, de sa jumelle. Toutes ces personnes lui manquaient atrocement toutefois elle avait fait des choix qui avaient brisé la confiance que ces gens avaient pu avoir en elle, à elle à présent de réparer les dégâts et elle se devait de commencer par la personne qui comptait le plus pour elle : sa jumelle, sa moitié. Alors Arizona ne cacha rien à sa sœur.

Elle lui avait posté une question et la jeune femme y avait répondu le plus sincèrement possible tout en faisant de son mieux pour éviter d’avoir à parler de ce qu’elle avait dû faire pour leur cousin. « Je sais mais tu me connais Ari... Je peux pas tout oublier. Depuis le divorce de papa et maman tu sais combien je déteste qu'on me poignarde dans le dos, surtout quand il s'agit de la famille... On était en Grèce avec Joshua en décembre dernier. C'est là-haut que j'ai appris que j'étais enceinte d'ailleurs... » L’Australienne opina du bonnet. Oui elle savait que Cheyenne ne pouvait pas tout oublier d’un simple claquement de doigts, ça aurait été trop simple et trop beau, mais ce qui l’interpella le plus fut d’apprendre qu’elles avaient été en Grèce en même temps. Ce pays avait une signification toute particulière pour elles. C’était là-bas qu’elles avaient grandi, là-bas qu’elles avaient connu les meilleures comme les pires moments de leur enfance et adolescence. C’était là-bas que leur père était décédé, là-bas que se trouvaient leurs racines et savoir qu’elles y avaient été toutes les deux en même temps sans le savoir réveilla quelque chose en l’Océanienne qui pourtant resta silencieuse, son attention se portant alors sur Joshua et plus précisément le collègue de ce dernier qui avait éveilla la curiosité des jumelles. « Je te jure, c'est la journée catastrophe ! » Là-dessus elle voulait bien la croire. Entre sa jumelle qui débarquait presque d’entre les morts – oui, Arizona le voyait comme ça – et l’insinuation que venait d’avoir le collègue de son beau-frère, il y avait de quoi considérer cette journée comme catastrophique et le silence dans lequel se mua Joshua ne fit que confirmer le fait que quelque chose clochait.

Sa sœur ne tarda pas à insister – contrairement à elle – et les iris d’Arizona restèrent posés sur l’Africain avant qu’elle n’opine du chef pour confirmer qu’en cas de besoin elle serait parfaitement capable de venir en aide à sa sœur, merci les années de pédiatrie ! « Premièrement interdiction de vous liguer de la sorte contre moi. Vous l’avez déjà fait par le passé et ça n’a jamais été à mon avantage. » Malgré elle, un petit sourire vint étirer ses lèvres pourtant elle n’osa pas regarder Cheyenne comme elle aurait pu fièrement le faire par le passé, elle se contenta d’attendre la suite des propres de son beau-frère en silence, penchée en avant sur sa chaise pour continuer de l’apercevoir correctement. « Deuxièmement, je sais que tu rêves de me voir torse nu en treillis militaire, mais je ne suis malheureusement pas G.I. Joe. C’était sur le terrain. On était dans un bâtiment en feu et on est entré à trois dedans. Seulement, je n’étais pas concentré et j’ai faillis être écrasé par une poutre du plafond. Mon collègue l’avait vu et m’a poussé et protégé. » Arizona baissa les yeux sans même tenter de dire quoi que ce soit. Premièrement elle n’avait pas son mot à dire et deuxièmement elle était mal placée pour le faire étant donné tous les risques qu’elle avait pu prendre ces derniers mois. Alors, en silence, l’Australienne s’enfonça contre le dossier de sa chaise se préparant à la tempête tout comme au fait de devoir intervenir si jamais sa sœur devenait folle.