« Sevde, j'y vais j'ai un rendez vous chez le gynécologue pour voir si le tétard va bien » Rapidement, j'attends de voir si ma colocataire et amie répond mais rien ne viens. Je soupire légèrement, attrape mon sac à main et mes clés de voiture. Septième mois de grossesse et je touche à ma fin, enfin. Pour tout dire, je n'en peux plus de ce ventre et de ce bébé qui grandit ne moins. Je ne connais pas son sexe et ne veux pas le connaître pour une simple et bonne raison : je ne veux pas m'attacher à cette chose et vouloir le garder. Mon choix est arrêté, je veux le faire adopter. Je veux que ce bébé soit adopté par une famille heureuse et aimante, par quelqu'un qui aura du temps et de l'énergie pour lui, chose que je n'ai pas. Peu de gens me comprennent quand je leur énonce le choix que j'ai fais. Eh oui, ce bébé est célèbre et attendu, bien que personne ne réussisse à me trouver aux Etats-Unis. Quelle idée ai-je encore eu de coucher avec cet acteur sans me protéger. Je soupire légèrement alors que je prends place dans ma voiture. Tout ce que je souhaite aujourd'hui est simple : ne croiser personne qui me posera mille et une questions sur l'avenir du bébé. Les médecins de l'hôpital ont été prévenus à mon premier examen ; le premier qui demande quelque chose finit par se faire insulter et incendier. Je n'ai pas besoin d'entendre que je fais le mauvais choix, que je ferais mieux de garder l'enfant car j'ai un frère et une mère pour me le répéter en permanence. Mon frère, Elijah, est presque près à l'élever avec moi si c'est de ça dont j'ai peur ; la solitude. Je ne sais pas s'il a raison ou non, absolument pas... La solitude ne m'a jamais effrayé, absolument jamais mais je ne veux pas être maman maintenant, pas alors que ma carrière décolle, que je reçois des contrats des quatre coins du monde... Mon apparition dans Danse avec les stars – ainsi que ma victoire – m'ont mené en haut de l'échelle en un claquement de doigts. Jamais je n'ai mis les pieds dans une école de danse, jamais et pourtant je suis aussi douée – voire plus – que tous ces jeunes qui se bousculent pour avoir une place à N.Y.A.D.A. La vie m'a fait avec un don et j'ai su le saisir, comme mon frère, ainsi danseur renommé sur la côté nord est des Etats-Unis. Lui à l'est, moi à l'ouest, nous avons longtemps défrayé les chroniques. Les frères et soeurs Bradshaw, du cirque au scènes de danse. Patientant à un feu, je soupire devant ce constat. Voilà la vie dont je veux, une vie sans trop d'attaches, sans rien pour me retenir. Je veux être libre, libre comme l'oiseau qui est tatoué dans ma nuque. Un enfant me retiendrait ici et puis, je devrais passer mon temps à l'élever, à m'occuper de lui, le nourrir et l'habiller. Non franchement, cette vie n'est pas pour moi. Et puis, je ne pourrais jamais regarder cet enfant sans rancoeur, sans haine. James n'est pas l'homme de ma vie et j'ai l'impression d'avoir sali la mémoire de Phoenix en retombant aussi rapidement enceinte. Un retour de couche et boum, à nouveau un polichinelle dans le tiroir. Me garant sur le parking de l'hôpital, je soupire à nouveau. Je veux retrouver mon sourire, ma joie et la danse, surtout la danse. Avec le ventre que j'ai, il m'est tout bonnement impossible de danser et de profiter de ma jeunesse. Je passe mes journées entre le frigo, les toilettes et mon lit. Ce n'est pas ma vie ! Grognant légèrement, je sors de la voiture et me dirige vers l'accueil de l'hôpital. Il ne me reste plus qu'à espérer que le médecin ne sera pas trop long. Attendre n'est pas ma spécialité mais alors pas du tout. À mes yeux, être en retard équivaut à manquer de respect aux gens bien qu'en gynécologie, prendre du retard veut surtout dire prendre soin de ses patientes. Je n'ai pas besoin d'être chouchouté et dorloté. J'ai juste besoin d'une échographie prouvant que le bébé est en plein santé, que tout est à sa place et puis je pourrais repartir chez moi pour manger du fromage avec de la brioche devant Dirty Dancing ou bien Salsa ! Posant mes fesses sur une chaise, j'attrape mon smartphone et commence à jouer à icomania, ma nouvelle lubie le soir quand je n'arrive pas à trouver de position dans le lit. Baissant mon portable, je vois une jeune brune passer devant moi et fronce les sourcils. What the fuck, suis-je entrain de voir des revenants ? Je n'en ai aucune idée mais suis la jolie brune du regard. Quand elle fait demi tour, mon sang ne fait qu'un tour et je déglutis face à la beauté grecque de la jeune femme. « Ari c'est toi ? » Je verrouille mon portable et l'enfonce dans mon sac à main. J'ai une chance sur deux de me trouver. Il s'agit soit d'Arizona, soit d'Ella. Je préfère fortement que ce soit la première parce qu'avec la deuxième, c'est pas folichon !

baby bump

swan & arizona

« Tu devrais rentrer chez toi et dormir un peu Ari. » Un soupire lui échappa. Elle entendait ce genre de phrase depuis plusieurs jours déjà et à chaque fois c'était le même scénario. Elle opinait du chef mais n'en faisait rien. Elle n'arrivait pas à dormir, c'était aussi simple que cela. Dès qu'elle fermait les yeux des cauchemars venaient l'assaillir et l'obligeaient à se réveiller en sursaut et ce qu'importe l'endroit où elle dormait bien que c'était surtout le cas chez elle. Elle ne se sentait pas bien et elle avait sans cesse l'impression que quelque chose de mal allait se produire sans trouver de quoi il s'agissait, après tout elle n'était pas devin. Alors, l'Australienne n'avait rien trouvé de mieux que d'enchaîner chaque geste de la journée sans même essayer de trouver un peu de sommeil. Elle se levait le matin pour s'occuper de Cameron et après avoir amené la petite à l'hôpital où était supposé travailler son frère, elle filait droit vers Fort Hamilton où sa mission n'était pas terminée puisqu'elle n'avait toujours pas trouvé comment les armes militaires sortaient de la base pour être revendues au Moyen-Orient et surtout elle ne savait pas qui le faisait quand bien même avait-elle quelques soupçons. Ainsi, les heures de chacune de ses journées s'enchainaient et la jeune femme terminait par aller à l'hôpital voir sa jumelle parfois avec leur nièce, parfois seule. Ce jour-là était bien évidemment un jour très similaire aux autres à la différence que la jeune femme était totalement épuisée et que cela se voyait largement au travers des cernes qu'elle avait sous les yeux. Elle rêvait d'un bon lit sur lequel dormir sans trouver le courage d'en rejoindre un seul, pas même dans l'infirmerie de Fort Hamilton où elle allait très certainement terminer si jamais elle continuait sur cette voie.

Fermer les yeux lui faisait affreusement peur et Arizona enchaînait les boissons à base de caféine, la transformant en véritable pile électrique avant que l'effet ne diminue et qu'elle se retrouve plus molle que jamais. Ses "collègues" s'en étaient bien sûr rendu compte. Elle qui dès son arrivée avait été pétillante et l'une des meilleurs recrues, elle était désormais moins joyeuse bien que tout aussi douée puisqu'elle ne supportait pas l'idée de quitter le tableau d'honneur. Cet état surprenant la concernant avait poussé certains soldats à s'inquiéter pour elle, comme Quentin qui était de loin l'un des soldats avec lequel elle s'entendait le mieux - sans parler d'Enzo, mais là c'était tout à fait différent - et le jeune homme ne cessait d'être préoccupé par son état. Qu'il lui dise de rentrer pour aller se reposer pour la énième fois de la journée la fit sourire et pourtant l'Australienne resta assise sur le canapé de salle de repos alors que le jeune homme prenait place face à elle. « Vraiment, tu vas finir par tourner de l'œil à force de lutter contre le sommeil comme ça. » Et il avait raison. Son corps n'allait pas accepter bien longtemps cette hygiène de vie, mais elle en était incapable et, de toute manière, elle avait encore bien trop à faire aujourd'hui, une pensée qui la força à prendre conscience de l'heure qu'il était. « Tu as sans doute raison mais ... j'ai trop à faire. Je dois aller voir à l'hôpital, mais je promets d'essayer de dormir dès que je le pourrais. » Assura-t-elle lorsqu'elle vit le jeune homme prêt à répliquer. Au final Quentin poussa un soupire, preuve qu'il baissait les bras pour cette fois et après l'avoir salué, la jeune femme quitta Fort Hamilton pour rejoindre le Lenox Hill Hospital. Étant donné l'heure, elle n'avait pas encore besoin d'aller chercher Cameron ce qui lui laissait tout le loisir de s'assurer que son autre nièce - fille de sa jumelle - se portait bien.

Une fois sur place et au service de pédiatrie, elle salua le personnel dont certaines personnes qu'elle connaissait depuis plusieurs années et gagna aussitôt la pièce où la petite Phoebe se trouvait sous couveuse et, malgré elle, un petit sourire se dessina sur ses lèvres. « Bonjour petite princesse ... » Souffla-t-elle même si elle doutait que sa nièce ne l'entende. Arizona balaya la pièce du regard et parvint à trouver le dossier de la petite qu'elle consulta pour s'assurer que tout allait bien puisqu'elle n'avait rien oublié de ses années de résidence et ceci fait, elle prit place près de l'enfant. Sans même s'en rendre compte, l'Australienne ne tarda pas à piquer du nez, assise sur sa chaise jusqu'à ce que l'une des infirmières vienne relever les constantes des enfants et ne la réveille. Sursautant légèrement, elle remercia la jeune femme et jeta un coup d'œil à sa montre qui lui indiqua qu'il était l'heure pour elle de laisser sa nièce tranquille afin d'aller faire son compte rendu à sa mère. Arizona quitta donc la pièce et commença à traverser la pédiatrie afin de rejoindre l'aile de maternité non loin avant qu'une voix ne l'arrête net dans son élan. « Ari c'est toi ? » L'intéressée tourna sur elle-même afin de trouver la provenance de cette voix familière et bien vite son regard se posa sur une demoiselle qu'elle connaissait que trop bien et un petit sourire étira ses lèvres tandis qu'elle la rejoignait à grands pas. « Swan ! » S'exclama-t-elle en rejoignant la jeune Franco-Russe avant de s'arrêter à quelques pas d'elle en voyant son ventre plutôt imposant. « Wouah ... c'est ... wouah ! J'ignorais que tu étais enceinte. » Ce qui au fond n'était pas surprenant. Elle avait été coupée du monde pendant approximativement six mois. Elle n'avait pas donné de nouvelles à qui que ce soit et n'en avait pas reçu non plus ce qui laissait comprendre la raison pour laquelle elle était surprise que la petite amie de son défunt frère - pas si défunt que cela finalement - soit enceinte jusqu'au cou.