Dawn vivait un enfer. Dans la sale d’attente, depuis le coup de fil de Blodwyn, la jeune femme broyait du noir dans la salle d’attente, en compagnie d’Anastasia. Après des mois à essayer de faire un bébé, à enchaîner les tests de grossesse négatifs et à se plonger dans l’ouverture de son restaurant pour éviter d’y penser, ils avaient fini par réussir avec Elijah. Ca y est, c’était certain, un bébé allait pointer le bout de son nez sous quelques mois et agrandir une famille placée sous le signe du bonheur. Mais l’ombre au tableau qui se profilait n’était pas des moindres : Dawn n’était pas dans cette foutue sale d’attente pour les beaux yeux des gynécologues mais bien parce qu’Elijah avait été victime d’une fusillade. Aussi, depuis des heures, Anastasia et elle se tenaient la main avec fermeté, preuve qu’elles étaient au moins là l’une pour l’autre mais dès lors que le médecin ayant pris en charge le chocolatier fut de retour… le monde de la jolie chef s’écroula littéralement. Le jour même où elle apprenait que son rêve allait se réaliser, son mari était plongé dans un coma profond, luttant entre vie et mort même s’il fallait admettre que pour l’instant, il s’était accroché bec et ongle à la vie. Dawn demeura longtemps interdite, en apnée, le regard figé sur le médecin qu’elle avait envie de haïr de toutes ses forces. Comment ne pas ressentir une indicible colère après tout ça ? « Le débrancher ? Vous plaisantez j’espère !! Il n’est pas question qu’Elijah soit débranché s’il reste un petit espoir qu’il ne se réveille… pas alors qu’il va être papa ! » Dawn avait peiné à articuler ses paroles et attendit impatiemment que le médecin ne s’éloigne pour s’effondrer dans les bras d’Anastasia. Poursuivre son existence sans Elijah serait sûrement la tâche la plus difficile qu’il lui aurait été donné de faire…

Quatre mois, jour pour jour. Quatre mois que Dawn jonglait entre l’hôpital, où elle restait des heures, et son restaurant récemment ouvert. Bien qu’elle soit la patronne, son équipe était suffisamment compétente et multitâches pour lui permettre de passer de longues heures à veiller sur Elijah, qui ne s’était toujours pas réveillé. La jeune femme mettait soigneusement de côté le fait qu’en théorie elle n’était pas censée bouger de son lit et qu’elle avait accumulé les malaises du fait de son rythme de vie. Aujourd’hui ne ferait pas exception, à la première heure, elle se rendit à l’hôpital pour veiller sur son mari dans l’espoir fou qu’il se réveillerait et s’émerveillerait devant ses rondeurs de grossesse… Dawn aurait rêvé qu’une telle tragédie ne frappe pas leur famille et qu’ils puissent simplement profiter de ce bonheur parvenant dans leurs vies. Il faut croire que c’était trop demandé…
« Merci infirmière mais je me sens bien, ne vous inquiétez pas » répliqua Dawn en tâchant de rester souriante dans l’adversité, alors qu’elle rentrait tout juste dans la chambre d’Elijah. Elle avait juste besoin d’être seule avec Elijah et blablater de tout et de rien pendant des heures, comme chaque jour depuis quatre mois. A ceci près qu’elle manqua la syncope en voyant qu’en vérité, le chocolatier de son cœur avait les yeux grands ouverts et la regardait aussi intensément qu’elle à ce moment précis. « Pitié dis-moi que ces quatre mois d’enfer sont finis, que tu es bien réveillé et que je ne suis pas en train de rêver… »

L’espace de très longues secondes, Dawn fut incapable de faire un seul geste ou même d’esquisser le plus petit son possible. Cela lui semblait surréaliste. Quatre mois durant, elle n’avait fait que des allers et retours de son restaurant en plein essor à l’hôpital, où elle veillait sur son Elijah telle une louve sur son petit, tant et si bien que cette routine brisée semblait lui sauter au visage. Un long soulagement lui parcourut l’échine lorsqu’elle se rendit compte qu’il ne l’avait pas oubliée, bien qu’il soit manifestement perdu, et laissa un sourire tendre prendre possession de ses lèvres avant que des larmes de joie ne s’écoulent de ses yeux noisette. Il lui fallut rassembler tout son contrôle pour ne pas lui sauter au cou et risquer de lui faire mal… à la place, elle s’assit sur l’habituelle chaise qu’elle empruntait à chacune de ses visites, avant de prendre ses mains dans les siennes afin de les couvrir de baisers. « Oui tout va bien mon amour, tout va enfin bien… » Après avoir vécu ce qui lui était apparut comme une éternité d’enfer, Dawn respirait enfin à l’air libre. Bien sûr, elle allait très bientôt réclamer une visite du médecin pour qu’il lui confirme que tout allait bien, qu’il ne risquait plus rien et qu’il pouvait ravaler ses pronostics de merde au placard… mais en attendant, elle était bien incapable de bouger de sa chaise. « Comment tu te sens mon Eli ? »

C’était surréaliste. Dawn n’en revenait toujours pas, à tel point qu’elle n’avait pas encore le courage de lui décrire tout ce qui s’était passé, ce qu’il avait manqué, ou même le fait que bientôt, il serait papa. Chaque chose en son temps et brusquer le chocolatier de son cœur semblait bien la dernière chose qu’elle souhaitait à l’heure actuelle. « Tout va bien maintenant, mais si tu te sens un peu fébrile c’est normal… tu reviens de loin et même si j’ai espéré de tout mon cœur que tu te réveillerais, les médecins n’étaient pas optimistes. Tu es resté loin de moi pendant quatre longs mois Elijah… il n’y a pas de bonne façon de dire ce genre de choses mais excuse-moi je suis sûrement beaucoup trop brutale, je mériterais des baffes. Le manque de sommeil sans doute. » Dawn serra plus encore les mains de son mari dans les siennes, cherchant n’importe quel détail puisse lui assurer absolument qu’il n’allait plus jamais repartir loin d’elle. « Chéri… tu ne remarques rien ? »

Allez expliquer à quelqu’un ayant été victime d’une balle perdue qu’il a passé quatre mois dans le coma et qu’il aurait très bien pu ne jamais s’en relever. Autant dire que Dawn fut totalement perdue face aux dires d’Elijah, bien qu’elle s’approcha aussitôt de lui en sentant son air boudeur s’emparer de ses traits. Elle caressa longuement son visage, émue comme elle ne l’avait jamais été, se refusant presque à croire qu’ils atteignaient tous deux la fin de cet abominable cauchemar. Autant dire qu’ils revenaient l’un comme l’autre de loin, Elijah un peu plus que Dawn bien que la jolie chef ait eut son lot de merdes à supporter de son côté également. Ce fut sans doute la raison pour laquelle elle lui laissa du temps pour assimiler son réveil, la présence de sa femme, l’environnement, tout. Vraiment tout. « Il y a eut un braquage au centre commercial où tu te trouvais et tu as malheureusement été victime d’une balle perdue en plein thorax. Je suis désolée, je n’ai pas de détails scientifiques à te donner, je n’ai pas voulu en savoir trop parce que c’était trop dur… tout ce que je savais, c’est que tu avais faillit mourir par quatre fois et que pour chacune, tu avais trouvé la force de revenir. Jusqu’à plonger dans un coma profond et… jusqu’à ce que je croise ton merveilleux regard mon amour j’avais juste l’espoir fou que tu me reviennes un jour. » Dawn n’avait cure de passer pour la femme la plus pleurnicheuse de la création, n’importe qui se serait effondré à moins. Surtout lorsqu’elle vit Elijah commencer à raccrocher chaque wagon entre eux et comprendre manifestement le message subliminal qu’elle avait laissé dans sa dernière question.

« Ce n’est pas une question piège » reprit-elle avant que la confusion ne marque à nouveau les traits du chocolatier de son cœur et qu’elle n’ait la vigoureuse idée de placer l’une de ses mains contre son ventre déjà bien arrondi. Par chance, le bébé était un peu agité à cause de la fatigue ô combien titanesque de sa folle de mère, tant et si bien qu’il devait probablement être capable de le sentir. « On a réussi mon ange… » reprit-elle, la voix étranglée par ses sanglots bien que son sourire soit on ne peut plus éclatant. Finalement, le dieu qu’Elijah n’avait pas cessé de prier avait répondu à ses prières… ainsi qu’à celles de Dawn lors du coma de son tendre mari. « Je suis enceinte d’une petite fille… »

« Attends, attends, une chose à la fois ! » supplia Dawn sans pour autant que son sourire ne diminue d’un millimètre. Il était cependant logique qu’Elijah soit légèrement désorienté après quatre mois d’enfer dans le plus grand silence. Mais la jeune femme n’avait que des bonnes nouvelles à lui annoncer et il n’y avait donc aucune espèce d’inquiétude à avoir. « Mais je vais très bien ! Je peux encore te veiller quelques heures ! » répliqua-t-elle avant de s’emparer délicieusement des lèvres de son mari pour mieux laisser le champ libre à l’infirmière puisque celle-ci le lui avait demandé. Mais autant dire que l’attente dans le couloir lui parut particulièrement interminable et il lui fallut faire appel à tout son habituel contrôle pour ne pas se mettre à hurler de soulagement en plein hôpital. A plusieurs reprises, elle se surprit même à se pincer pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas… mais non, Elijah s’était effectivement réveillé, et d’après ce que l’infirmière venait juste de lui faire comprendre, il n’y avait plus rien à craindre de précis. Dawn ne se fit pas prier pour retourner aussitôt dans la chambre, incapable de se dire qu’il lui fallait rentrer pour prendre un peu soin d’elle. A ses yeux, il était mille fois plus important qu’elle profite du réveil d’Elijah, qui aurait très bien pu ne jamais survenir… « Ta boutique marche toujours aussi bien, Anastasia a très bien géré la chose et a fait appel à ton ami du concours parisien, tu sais, qui est arrivé en deuxième position juste après toi… il a tout de suite accepté de l’aider et s’est montré aussi charmant qu’efficace. Quant à mon restaurant, il a eut l’ouverture la plus attendue de tous les restaurants new yorkais il y a trois semaines de ça. Depuis, je ne désemplis pas et je jongle entre l’hôpital et les coups de feu bien que j’ai une équipe dont je suis particulièrement fière. Mais tu me connais, ne pas mettre la main à la pâte, c’est inconcevable… je suis donc bien à la tête pour tout superviser et je mène ça d’une main ferme et décidée. Les premières critiques sont d’ailleurs tombées et elles sont excellentes. Là encore, aucune panique à avoir là-dessus. » La seule qu’ils pourraient avoir, l’un comme l’autre, tournait autour du bébé mais Dawn trouva un peu prématuré de l’angoisser avec cela. Il serait toujours temps de lui faire un topo dès qu’il serait de retour chez eux, en bien meilleure forme, après s’être pleinement reposé. Et autant dire qu’elle allait y veiller ! « Bien sûr que c’est un miracle… mais c’est un merveilleux cadeau, tu ne crois pas ? Zoé n’arrête pas de faire les magasins avec moi pour acheter tout plein de vêtements mais j’avais vraiment hâte que tu sois avec moi pour décider du prénom. » Et en attendant, la jeune femme lui donna quelques uns des très nombreux dessins que lui avait fait Zoé, tout en espérant qu’il se réveillerait très bientôt…

Dawn n’émit aucune retenue en se glissant contre Elijah, et ce bien qu’elle prit des précautions presque maniaques afin de ne surtout pas le blesser. Diable que sa chaleur et sa protection lui avait manqué… il n’avait pas idée du vide qu’il avait laissé derrière lui et qui lui était réellement apparut comme insupportable. Mais la jeune femme n’avait plus du tout envie de penser à toute cette peine qu’elle avait ressentie, elle voulait se concentrer sur ce qu’ils vivaient tout de suite maintenant, à savoir un moment à la fois de bonheur mais aussi de soulagement profond. Dawn sentait ses poumons s’emplir réellement d’air après avoir été comme bloqués quatre mois durant. Elle n’avait aucune envie de se reposer maintenant qu’elle le savait éveillé, elle avait plutôt envie de hurler sa joie, de faire comprendre à tous la béatitude parcourant actuellement ses veines. « Je l’ai appris le même jour de ton… accident. Mais cela a apaisé un peu la chose, même si je t’avoue qu’au début je ne savais pas du tout comment j’allais faire, tu me connais, j’ai retroussé mes manches et je me suis occupée d’une chose à la fois ! » Dawn avait grande hâte qu’il quitte cet hôpital de malheur et n’aie pas à y revenir avant le moment de l’accouchement, pour lui tenir la main. Voilà qui saurait sûrement apaiser toutes leurs blessures ainsi que le ressenti potentiel qui risquait de naître envers les hôpitaux. « Chéri, je ne suis pas en sucre, tu ne vas pas me clouer au lit à longueur de journée, si ? J’ai mon restaurant à mener de front ! » Même si les médecins et plus précisément son gynécologue lui avait recommandé toutes les précautions possibles et imaginables, Dawn n’avait pas réellement eut le choix. Il avait bien fallut qu’elle se débrouille seule, bien qu’elle doive absolument reconnaître que Zoé l’avait aidée du mieux qu’elle avait pu ! « Ne mets pas la charrue avant les bœufs, tu as besoin de te remettre et je suis parfaitement capable de prendre soin de toi. Fais-moi confiance et laisse-toi dorloter, pour une fois, d’accord ? Si tu es sage, tu auras droit à voir tout plein de clichés de l’échographie. » En revanche, vis-à-vis de son autre question, Dawn devait admettre s’être refusée à y réfléchir. Cela aurait signifié faire la chose sans lui et elle n’avait pu s’y résoudre… « Je ne voulais pas y réfléchir sans toi, vraiment, c’était au dessus de mes forces. Mais… maintenant que j’y pense, que dirais-tu si nous l’appelions Candice ? J’ai toujours aimé les prénoms français, et puis… nous nous sommes mariés à Paris, après que tu aies gagné le championnat dans cette même ville, ce serait un magnifique clin d’œil, tu ne trouves pas ? »

Dawn allait dire que Candice était un prénom parfait pour leur petite fille mais la suite du discours d’Elijah et plus précisément la question qu’il lui posa la fit soudainement se redresser, quittant de fait ses bras tant elle trouvait la chose insupportable. Lui demander si elle l’aimait encore, c’était comme lui demander si elle se sentait encore en mesure d’occuper un poste de cuisinier… l’un n’allait pas sans l’autre à vrai dire, et cela la blessait qu’il puisse se poser ce genre de question. D’ailleurs, ses yeux s’humidifièrent soudainement tandis qu’elle fronçait les sourcils, verte de rage. C’était peut-être ridicule de s’énerver mais sans doute était-ce LA question qu’il ne fallait pas lui poser. « Comment tu peux me demander une chose pareille Elijah ?! C’est comme si tu me demandais si je comptais te trouver un remplaçant, c’est ridicule !! Quatre mois ou une éternité je t’aurais attendu et je serais venue te voir jusqu’à ce que tu ouvres les yeux parce que même si l’espoir était mince, il y en avait toujours pour moi ! Et tu aurais connu ta fille parce que je serais venue continuellement pour que tu puisses vivre d’une façon ou d’une autre chaque étape de sa vie ! Je ne peux pas croire ce que j’entends… » La fatigue la poussait certainement à laisser ses paroles dépasser de très loin sa pensée mais Dawn n’en n’avait cure. Il fallait qu’Elijah ait pleinement conscience qu’une personne au moins sur cette planète ne l’aurait jamais abandonné, et c’était bien d’elle qu’il s’agissait. « Eli tu n’as qu’un mot à dire pour reprendre tes précieux chocolats, et tu n’auras qu’à poser un pied à l’intérieur de notre appartement pour que Zoé te saute au cou pour te raconter à quel point les garçons c’est beurk… quant à moi, je t’aime tellement que je ne pourrais même pas le décrire de façon claire, et j’ai même l’impression que les mots seront toujours fades à côté de ce que je ressens pour toi. En théorie, je ne devrais pas bouger de mon lit car le bébé n’est pas… très bien accroché mais même en sachant cela, j’ai refusé de te laisser tout seul. Nous sommes deux Elijah Branigan, et le chapitre « dans la santé comme dans la maladie » a du sens pour moi. » Mais pour mieux le lui prouver, la jeune femme sortit une bonne dizaine de clichés de l’échographie afin de lui montrer leur fille de façon plus concrète, avant de ne s’emparer de l’une de ses mains pour lui faire sentir un coup de pied virulent du bébé. « Je crois que Candice appuie tout ce que je viens de dire » énonça-t-elle en accompagnant ses paroles d’un sourire, avant de ne se pencher pour s’emparer tendrement de ses lèvres, comme si de cette manière, elle pouvait s’emparer de tous ses doutes d’un seul coup…

Dawn ne lui portait aucune rancune, à vrai dire, mais ses hormones lui jouaient de très mauvais tours. Il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle applaudisse la question d’Elijah, et ce bien qu’elle la comprenait tout à fait et qu’elle s’était empressée de lui répondre. Se réveiller après quatre mois de coma ne devait pas être la chose la plus évidente de la création, mais la jolie chef avait justement foi en leur mariage, en l’amour qui les unissaient et désormais en cette vie qui grandissait en elle. Il devenait son miracle à plus d’un titre et voir l’émotion peupler son visage calma aussitôt la colère qui avait pu précédemment la secouer. « Il y a un tout petit détail que j’ai à vrai dire mis de côté… Anastasia n’est pas vraiment au courant pour ma grossesse et je n’ai pas non plus averti les Swarovski, même si j’ai beaucoup parlé avec Wayne, Anna et Sasha pendant ton absence, pour les connaître. Je l’ai gardé pour moi, jalousement. Ce moment nous appartient et tant que tu ne pouvais pas le vivre avec moi, il n’y avait que Zoé et ma meilleure amie Blodwyn d’au courant… Blod m’a appris la nouvelle à vrai dire, il était donc plutôt logique qu’elle le sache. » Certes, la sœur de cœur d’Elijah se doutait de quelque chose à voir Dawn prendre de l’ampleur et briller par ses sautes d’humeur vertigineuses, mais tant que la jeune femme n’évoquait pas le sujet en sa présence, Nana était restée soigneusement en retrait. Après tout, il s’agissait de la famille du chocolatier et de la chef, il était donc logique qu’elle garde jalousement le secret… « S’il n’y a que cela pour te faire plaisir, tu pourras le hurler aux tympans de qui tu veux quand tu le désireras, mon ange. Mais Elijah si je comprends pourquoi tu m’as posé cette question, j’espère que tu as compris que mon amour pour toi ne s’éteindra jamais… si tu n’es pas là pour vivre cette vie merveilleuse avec toi je ne suis plus rien. Je peux m’enfermer des heures et des heures durant dans une cuisine, la nourriture n’a plus le même goût. Le meilleur des chocolats de ton concurrent n’égalera jamais les tiens… et d’ailleurs tu m’avais promis que tu picorerais un jour du chocolat sur mon corps nu et j’attends toujours ! Que des mots tout ça ! » Dawn laissa échapper un petit rire face à sa propre connerie. Mais quelque chose lui disait qu’ils en avaient autant besoin l’un que l’autre…

« Comment ça se fait que tu n’aies jamais conscience d’être absolument parfait ? » lui répondit-il non sans un éclair de malice parcourant son regard noisette. Dawn n’avait jamais prétendu être parfaite, mais elle faisait de son mieux pour que leur mariage fonctionne. Après tout, ils s’aimaient bien au-delà des mots, avaient déjà vécu des coups extrêmement durs et avaient réussi à se relever la tête haute… ils ne pouvaient donc qu’en sortir renforcés, n’est-ce pas ? En tout cas, la jolie chef et future maman avait bien l’intention de prendre un soin infini de son petit mari, en le bichonnant et en lui concoctant tous les petits plats qu’il pouvait bien désirer. Son restaurant allait tourner comme sur des roulettes en attendant, car rien n’était plus important à ses yeux que leur famille, bien que la chose soit diablement étonnante… dire que la jeune femme ne vivait que pour son talent en cuisine jusque très récemment ! C’est fou comme Elijah avait littéralement révolutionné sa vie. « Anna et Sasha sont venus très régulièrement te voir, Anna la première j’avais beaucoup de mal à la déloger tant elle était inquiète, une vraie mère poule ! Mais c’est avant tout à Wayne que j’ai parlé à vrai dire. Je voulais qu’il comprenne que tu n’étais pas quelqu’un de profiteur, que tu voulais juste avoir l’opportunité de le connaître. A ce moment là il était manifestement sous le choc du poing dans la gueule qu’il a collé à son jumeau mais il m’a écouté. Il a suivi ton dossier de près, l’air de rien, de façon très pudique. Je crois que vous vous ressemblez plus qu’il ne veut bien l’admettre. Je lui proposerais bien de venir manger un soir chez nous, quand il aura le temps… qu’en dis-tu ? Tu pourrais lui parler du bébé comme ça… » Dawn ne voulait pas s’imposer, ou forcer Elijah à faire quelque chose qu’il ne souhaitait pas faire, mais d’un autre côté, en lui proposant un plan b acceptable, cela ne pourrait que lui permettre d’appréhender cette relation fraternelle sous un autre angle. Wayne serait peut-être également plus à l’aise loin de l’hôpital ? Il n’avait en tout cas pas été froid ou même désagréable avec elle, bien au contraire. Dawn l’avait trouvé à la fois professionnel et avenant… « Une recette que tu as créée pour moi ? Cruel tu me mets l’eau à la bouche !! Mais tu feras attention, hein ? On ne brûle pas les étapes ! A la place, si tu te sens fatigué, j’ai une tenue de soubrette toute neuve pour prendre soin de toi aussi… même si aaah j’ai envie de goûter ton chocolat, j’en frissonne déjà ! » Dawn ne put retenir l’envie de l’embrasser passionnément la seconde qui suivit, prouvant à quel point il lui avait manqué, à quel point elle se sentait revivre de pouvoir à nouveau le serrer dans ses bras et, plus important encore, à quel point elle l’aimait… « Candice est au taquet » nota-t-elle non sans grimacer très légèrement, sourire aux lèvres, à la fois amusée et souffreteuse face à cette vérité.