Le fait de retrouver l’un de ses plus fidèles amies l’avait tellement enchanté que Joshua en avait oublié qu’il était à peu près aussi propre que les pinceaux qui trainaient dans la pièce. C’est donc sans aucune retenue qu’il prit Ayhalina dans ses bras et la serra pendant quelques instants, remarquant au passage sa petite grimace au moment où il se reculait. Ce n’est qu’à cet instant qu’il réalisa l’état dans lequel il était, et qu’il afficha  son tour une grimace désolée. La jeune femme passa alors une de ses mains sur sa joue, et étala le peu de peinture qu’il avait laissé sur elle, provoquant un éclat de rire de la part de Josh qui s’approcha pour l’aider à essuyer ce qu’il restait du bout du doigt. Puis, tout en l’invitant à entrer dans la maison, l’australien crut judicieux de lui demander ce qui l’avait poussée à revenir à New-York. Mais à peine eut-il finit de poser sa question qu’il remarqua une sorte de malaise chez son amie. Elle détourna vivement les yeux, éveillant ainsi toute a curiosité et l’inquiétude de Josh. Mais elle venait à peine d’arriver, et il décida donc de ne pas la brusquer. Après tout, si elle voulait parler de quelque chose en particulier, elle savait pertinemment que Joshua était une oreille attentive et une personne sur qui elle pouvait compter en toutes circonstances. Ravalant sa curiosité, il se contenta donc de lui offrir un sourire qui se voulait rassurant.

« Un tas de choses… Il fallait que je voie quelqu’un… Mais… Parle-moi plutôt de toi ! Tu es en plein travaux, à ce que je vois… » répondit Ayhalina une fois le malaise passé. Plutôt fier de lui, Josh désigna le salon en travaux d’un geste quasi-théâtral avant de s’expliquer : « Disons que… c’est plutôt calme en ce moment. Et comme je reste sur New-York pour un petit bout de temps, j’en profite pour bricoler ici ! Comment tu trouves la couleur ? Robynn ne l’a pas encore vue… j’espère qu’elle ne va pas me tuer ! » plaisanta-t-il en faisant référence à sa colocataire. Josh avança ensuite à travers la pièce en enjambant ça et là quelques outils et autres pots de peinture. « Bon du coup… désolée, c’est un peu le chantier… si j’avais su j’aurai rangé ! » En temps normal, il n’était pas spécialement regardant sur ce genre de détail, mais il n’appréciait pas non plus de vivre dans une porcherie. Néanmoins, Ayha le connaissait assez bien pour savoir tout ça. « Qu’est-ce que je te sers ? J’espère que tu ne passes pas juste en coup de vent hein ! Si c’est le cas je vais fermer la porte à clés… Depuis le temps, j’estime avoir droit à un après-midi entier avec toi ! » annonça l’australien sur un ton des plus sérieux. « En plus, je veux tout savoir alors… il nous faudra bien ça ! » ajouta-t-il en invitant la jeune femme à le suivre jusqu’à la cuisine d’un simple signe de la tête.

Je n’avais jamais été très douée pour cacher mes émotions –en tout cas, pas hors plateaux. Mes amis les plus proches, ceux à qui je faisais véritablement confiance, le remarquaient toujours lorsque que quelque chose n’allait pas chez moi. Que ce soit une contrariété, une déception ou bien un sentiment d’amertume, j’avais beau faire mon maximum pour le cacher, avec eux, je ne pouvais rien passer sous silence. Le pire dans tout ça, c’est que l’australien était particulièrement doué pour sonder mes sentiments. Mais bizarrement, il ne chercha pas plus loin. Consciente que ce n’était que partie remise, je décidai d’en profiter un maximum. J’avais passé beaucoup trop de temps à me ronger les sangs à propos de Javier et, même si j’avais cruellement besoin d’en parler à quelqu’un, je voulais d’abord me changer les idées et discuter un peu avec un vieil ami, en espérant qu’il ait de meilleures nouvelles à m’annoncer. Curieuse de nature, je n’avais pas pu m’empêcher de lui demander d’où lui venait ce soudain attrait pour la peinture. « Disons que… c’est plutôt calme en ce moment » répondit-il. « Et comme je reste sur New-York pour un petit bout de temps, j’en profite pour bricoler ici ! Comment tu trouves la couleur ? Robynn ne l’a pas encore vue… j’espère qu’elle ne va pas me tuer ! » Robynn ? Je fronçai les sourcils. Légèrement tête en l’air sur les bords, il me fallut quelques secondes pour réaliser qu’il ne s’agissait pas de sa dernière conquête en date, mais bien de sa colocataire. Mais pour ma défense, je n’avais encore jamais rencontré cette jeune femme. Bien sûr, Joshua m’en avait souvent parlé, mais bizarrement, ce détail m’était totalement sorti de l’esprit. « C’est une jolie couleur, claire et neutre. Je pense que ça lui plaira… Dans le cas contraire… Et bien la prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de jouer les bricoleurs du dimanche » plaisantai-je. J’aimais bien le taquiner. Josh n’était pas le genre d’homme à se prendre la tête pour des broutilles. Avec lui, je pouvais aborder n’importe quel sujet, rire de tout et de rien. En bref, c’était une véritable bouffée d’oxygène !

« Bon du coup… désolée, c’est un peu le chantier… si j’avais su j’aurai rangé ! » Pour toute réponse, je levai les yeux au ciel. Je n’avais jamais été très maniaque. Enfant, j’avais même tendance à me montrer extrêmement bordélique. Alors en toute franchise, je m’en fichais royalement qu’il n’ait pas eu le temps de faire un brin de ménage. Et puis toute manière, même si ça m’avait dérangé, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, moi, petite effrontée qui débarquait à l’improviste ! « Qu’est-ce que je te sers ? J’espère que tu ne passes pas juste en coup de vent hein ! Si c’est le cas je vais fermer la porte à clés… » Amusée, je ne pus m’empêcher de laisser échapper un petit rire. « Depuis le temps, j’estime avoir droit à un après-midi entier avec toi ! » Et je comptai bien le lui accorder ! « En plus, je veux tout savoir alors… il nous faudra bien ça ! » Une fois qu’il eût terminé de parler, Josh me conduisit à la cuisine. « Pour tout te dire, j’ai prévu de rester à New-York… Je ne sais pas encore combien de temps ça va durer, ni même si ce sera définitif, mais j’ai pas mal de choses à régler ici… » avouai-je en me mordant les lèvres. J’avais parfaitement conscience du fait que cette annonce allait éveiller sa curiosité, mais je n’avais pas envie de lui mentir. « Je loue un appartement dans l’Upper East Side… Avant que tu ne dises quoi que ce soit, saches que mon agent m’y a forcé ! Tu sais aussi bien que moi que ce genre d’endroit ce n’est pas ma tasse de thé… Mais bon… Tout ça pour dire que je suis de retour et tout à fait disposée à passer un après-midi et même plusieurs si le cœur vous en dit, très cher, avec vous » lâchai-je en souriant. « Qu’est-ce que tu racontes de beau ? » demandai-je après lui avoir demandé de me servir un verre d’eau.

Joshua s’était donc lancé dans les travaux du salon sans attendre l’aval de sa colocataire, et il devait bien avouer que son geste avait été quelque peu calculé. Sans lui demander son avis, il évitait les longues négociations à propos de la couleur et pouvait ainsi faire passer cela pour une « belle surprise » qu’il lui avait préparée. Mais Ayhalina voyait apparemment les choses un peu différemment, et ne se priva pas de le lui faire savoir lorsque l’australien lui demanda son avis : « C’est une jolie couleur, claire et neutre. Je pense que ça lui plaira… Dans le cas contraire… Et bien la prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de jouer les bricoleurs du dimanche » Se contentant de lever les yeux au ciel en grimaçant, Josh se garda bien d’énoncer à voix haute une quelconque remarque à propos des femmes et du fait qu’elle soient particulièrement difficiles, bien que celle-ci lui trotta dans la tête un instant. Le jeune homme traversa ensuite la pièce accompagné de son amie, et ne put s’empêcher de la annoncer la couleur sur le chemin de la cuisine : elle allait rester là avec lui, au moins jusqu’à ce soir et absolument rien dans cette proposition n’était négociable. Et pour son plus grand bonheur, Ayhalina lui annonça qu’elle comptait rester à New-York pour quelques temps. Cela voulait donc dire qu’ils auraient l’occasion de se voir bien plus souvent, et cette optique ravissait d’ores et déjà l’australien.

« Je loue un appartement dans l’Upper East Side… Avant que tu ne dises quoi que ce soit, saches que mon agent m’y a forcé ! Tu sais aussi bien que moi que ce genre d’endroit ce n’est pas ma tasse de thé… Mais bon… Tout ça pour dire que je suis de retour et tout à fait disposée à passer un après-midi et même plusieurs si le cœur vous en dit, très cher, avec vous » expliqua alors la jeune femme alors que Josh lui servait le verre d’eau qu’elle lui avait demandé. En le déposant devant elle, il lui adressa un clin d’œil satisfait, lui indiquant par la même occasion qu’il était plus que partant pour quelques petites journées entre amis. Puis, alors que l’australien mourrait d’envie de lui demander plus de détails quant à sa présence à New-York, ce fut finalement Ayha qui le devança et le pria de lui raconter les dernières nouvelles. Josh s’installa sur l’un des tabourets de la cuisine en haussant les épaules, faisant mine de réfléchir à ce qu’elle avait manqué de sa vie « trépidante » ces derniers mois. « Et bien…. Je suis revenu de Syrie il y a quelques mois. C’était à la fois hyper intéressant mais aussi très dur. J’ai rencontré des gens formidables là-bas, et en voyant dans quelles conditions ils vivent, et la motivation avec laquelle ils se battent pour leurs idées… ça te remet les pieds sur terre… J’apprécie encore plus ma vie ici, mais c’est tellement frustrant de ne rien pouvoir faire pour eux… J’aurai voulu rester encore, mais ça devenait trop dangereux, donc j’ai été rapatrié ici. » expliqua-t-il avec une certaine amertume dans la voix. Il but ensuite une gorgée d’eau avant de reprendre, se lançant alors dans le récit de cette mission qui lui avait été confiée en Syrie. « Tu sais, j’ai vécu avec deux frères là-bas. Deux frères qui ont perdu toute leur famille dans les affrontements, mais qui avaient envoyé leur sœur à New-York pour la protéger. Et… et elle est toujours ici. J’ai une lettre pour elle, je leur ai promis de la retrouver alors je la cherche depuis que je suis rentré. J’aurai jamais pensé qu’il y ait autant de monde à New-York ! Mais je ne perds pas espoir, je tiendrai ma promesse… » Quoi qu’il lui en coute, il retrouverait cette fille et lui passerait le message que ses frères lui avaient confié. « C’est à peu près tout ce qu’il se passe d’intéressant dans ma vie en ce moment tu vois…je compte sur toi pour avoir plus de mésaventures à me raconter ! »

A la demande d’Ayhalina, Josh se lança donc dans le récit de tout ce qu’il avait vécu ces deniers mois. Et bien évidemment, l’évènement le plus marquant pour lui restait son séjour en Syrie, qu’il avait du écourter bien malgré lui. Car même si son travail là-bas était devenu trop dangereux, Josh s’était plié à regret aux ordres de ses supérieurs qui l’avaient sommé de rentrer aux Etats-Unis. Le jeune homme était bien conscient de prendre des risques au quotidien, et c’était d’ailleurs cela qui faisait qu’il aimait tant son métier. Cette adrénaline, ce danger qui planait constamment sur lui, c’était exactement ce qu’il avait choisi, et qui l’empêchait de s’ennuyer comme une majorité de New-yorkais le faisait certainement en face de son écran d’ordinateur. Joshua ne put s’empêcher d’enchainer sur cette histoire hors du commun, sur cette mission que les deux frères avec lesquels il avait vécu en Syrie lui avaient confiée. Bien conscient de monopoliser tout le temps de parole, l’australien abrégea néanmoins son récit, incitant son amie à se lancer elle aussi dans les explications qu’il attendait. Et même si cette dernière commença par assurer qu’elle n’avait rien de bien palpitant à raconter, elle entama finalement une histoire… qui attira bien vite l’attention de Joshua.

Ayha avait du abréger la promotion de son dernier film pour rentrer à New-York en urgence, et en bon ami qu’il était, Josh ne comptait pas laisser passer cela sans broncher. Il lui décocha donc un regard qui ne lui laissa pas vraiment le choix : elle devait lui expliquer, et ainsi calmer cette inquiétude qui s’installait peu à peu en lui. Mais au lieu de ça, la jeune femme fit une vaine tentative de changement de sujet devant laquelle l’australien secoua la tête. Finalement dissuadée, Ayhalina capitula en reprenant : « Je suis rentrée pour voir quelqu’un. Quelqu’un qui compte énormément pour moi. Tu te souviens de mon ancien garde du corps, Javier ? » Il ne fallut que quelques secondes au jeune homme pour fouiller dans sa mémoire, et visualiser ledit garde du corps. Pour inciter Ayhalina  continuer, il hocha donc la tête avec une certainement appréhension, sentant qu’elle était particulièrement troublée par cette annonce. « Eh bien, il a un cancer… » Josh afficha une petite grimace empreinte de désolation avant de soupirer. « Oh… je… désolé. » Si son amie était de retour  New-York, c’était donc pour cet homme. Et même s’il ne savait pas précisément ce qui les liait, l’australien comprit instantanément le malaise d’Ayha. Prudemment, il se hasarda donc à questionner : « Est-ce que… vous…. Enfin, tu l’aimes beaucoup, n’est-ce pas ? » Tout en parlant, Josh sondait la jeune femme du regard pour guetter la moindre de ses réactions, et tenter d’entrevoir ce qui se tramait dans son esprit au propos du garde du corps en question.