milo & juliette

A PICTURE IS WORTH A THOUSAND WORDS

   

   

CJuliette tira son smartphone de son sac. 16 h 34. Cela faisait donc plus de cinq heures qu’elle était à la bibliothèque – elle était arrivée vers 11 h 15. Pas étonnant qu’elle puisse à peine garder les yeux ouverts et que son estomac crie autant famine. Allez, elle arrêtait pour aujourd’hui, décida-t-elle en poussant un gros soupir de soulagement. La jeune femme ramassa ses affaires rapidement et attrapa son manteau. Alors qu’elle s’apprêtait à déambuler à travers les tables de la vaste salle, Juliette aperçut soudain quelque chose qui traînait à côté de la table où elle avait été installée. Elle regarda autour d’elle, mais comme personne ne réagissait, elle se baissa pour ramasser la chose. C’était un carnet de croquis, apparemment. La jeune mauricienne hésita un moment, mais sa curiosité, comme d’habitude, fut la plus forte. Et puis, s’il fallait rendre ce carnet à son propriétaire, il allait falloir trouver des indices, non ? Elle l’ouvrit donc et se mit à le parcourir. Des portraits d’une petite fille s’étalaient sur les pages. Juliette, qui ne valait pas un clou dans ce domaine, fut immédiatement séduite et impressionnée par les dessins. Elle se rassit pour les admirer plus à son aise. Charmée, elle les examina longtemps ; la finesse du trait, le réalisme de l’ensemble et surtout, l’amour qui ressortait des esquisses l’émouvaient vraiment.

Juliette feuilleta le carnet à la recherche d’un indice permettant de retrouver l’artiste. Mais à part les dessins, rien ne permettait de le rendre à qui de droit. Elle le referma doucement et réfléchit. Elle se rappelait avoir vu passer plusieurs personnes à sa table pendant cet après-midi-là. Comment savoir à qui appartenait le carnet ? Bien entendu, elle aurait pu le déposer à l’accueil et le propriétaire aurait su où le trouver. Mais Juliette, qui était vraiment troublée par ces portraits, voulait le rencontrer pour au moins le complimenter. Le menton dans les mains, elle décida que les deux jeunes filles qui s’étaient installées à sa table étaient étudiantes – l’une bûchait sur de la médecine, se rappelait-elle – et qu’elles ne pouvaient être l’auteur des croquis. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle le sentait. Par contre, maintenant qu’elle y repensait, un homme s’était lui aussi assis à côté d’elle. Elle ne se souvenait plus ce qu’il avait lu, mais elle se rappelait qu’il était brun et qu’il devait avoir dans la trentaine. C’était maigre, mais elle allait faire avec. Elle rouvrit le carnet et considéra un des portraits ; était-ce sa fille ? Si c’était le cas, il fallait absolument lui rendre. Juliette se releva et sortit de la bibliothèque. Elle observa les alentours, comme si l’artiste allait débarquer devant elle. Mais elle devait se rendre à l’évidence, ce ne serait pas si facile. La pluie commençait à tomber et elle se mit en marche vers son appartement. Soudain, alors qu’elle passait devant une maison d’éditions, à quelques mètres de là, elle eut un coup au cœur. Elle ne rêvait pas. C’était l’homme de la bibliothèque. Ça ne pouvait pas être une coïncidence, décida la jeune femme. Sans plus attendre, elle se dirigea vers lui en courant. « Excusez-moi ! » Trempée, essoufflée par sa course, elle devait avoir une tête à faire peur.
   

   

Codes par Wild Hunger.