Olivia Alexandra & Timothy Noah

❝ I want to spend my lifetime loving you if that is all in life I ever do. I will want nothing else to see me through if I can spend my lifetime loving you. ❞

La vie est faite de hauts comme de bas, tout le monde sur cette terre est suffisamment bien placé pour le savoir. Nous passons tous par des moments de bonheur tout comme nous parcourons des chemins sinueux, parsemés d'embûches plus ou moins imposantes. Depuis quelques temps déjà, Timothy était perdu parmi ces sentiers tortueux et sombres, dans lesquels nous nous retrouvons généralement seul face à nos problèmes souvent trop nombreux. Il y avait trop à gérer : son travail lui échappait à cause de ce comportement qui ne lui ressemblait absolument pas. Il n'avait de cesse de péter les plombs pour tout et n'importe quoi, ne supportant simplement plus le fait de se retrouver enfermé dans la même pièce qu'Azure plus de quelques minutes. Plutôt empruntant quand l'on sait qu'il est dans l'obligation de collaborer avec elle pour son boulot, faisant la matinale tous les jours à ses côtés. Une tâche bien compliquée qui a bien évidemment eu le don de le tendre chaque jour un peu plus. Son patron l'avait mis en garde plus d'une fois jusqu'à le menacer de licenciement. À deux doigts de l'expulsion, l'animateur était donc obligé de prendre sur lui pour se calmer et ne pas perdre la tête comme il en avait pris la mauvaise habitude. Et encore, s'il n'y avait que le travail ! Sa vie aurait pu encore sembler « potable » -excusez-moi du terme. Mais il avait fallu qu'un autre événement vienne le bousculer, et cette fois de plein fouet. L'annonce d'Olivia quant au fait qu'elle était enceinte l'avait poussé à bout et sa réaction avait certe été excessive. Mais lui qui se croyait encore sous l'emprise de son ex petite amie n'avait fait que laisser son coeur embrouillé prendre le dessus et, après avoir presque balancé à sa voisine qu'il n'était pas prêt à assumer son rôle de paternité et encore moins de se mettre en couple, il lui avait demandé de rentrer chez elle et de le laisser seul. Comportement digne du roi des abrutis, félicitations ! Il s'en était voulu, mordu les doigts, évidemment. Et il avait énormément réfléchi alors qu'il avait tenté tant bien que mal d'éviter Olivia pendant quelques temps. Le repas de Noël qui les avaient rassemblés aux côtés de leurs amis et famille n'avait pas été un grand bénéfice pour eux et la situation n'avait pas évolué. Mais qui dit nouvelle année dit bonnes résolutions ! Et le brun avait prit la ferme décision de changer pour cette année deux-mille douze. Premièrement, il se jurait de parler sérieusement avec Azure dans le but de mettre les choses à plat en ce qui les concernait, dans le but d'améliorer leurs conditions de travail. Et surtout, il avait pris le temps de réfléchir sur sa situation avec Olivia. Combien de temps avait-il passé, chez lui, dans sa voiture, ou même durant ses pauses au boulot à repenser à ce qu'elle lui avait annoncé, à se mettre en tête que, bordel, il allait être père ? Et combien de fois s'était-il remis en question sur ce qu'il ressentait pour la jeune fille ? Il tenait à elle, s'était indéniable. Mais était-ce de l'amour ? Ou simplement une forte amitié quelque peu améliorée compte tenu de la tournure qu'avait pu prendre les événements passés ? Timothy n'avait eu de cesse de se remettre en question vis-à-vis de sa voisine et de ses propres sentiments, et il avait fini par arriver à une conclusion évidente et limpide. C'est là qu'il avait pris la décision de prendre son courage à deux mains et d'aller parler à Olivia.

Ce jour là, l'animateur était rentré tôt, car ils n'étaient pas submergés de travail à la radio et toute l'équipe avait donc pu programmer la matinale du lendemain sans grande difficulté. Il avait donc pu quitter son lieu de travail rapidement et en avait donc profité pour faire quelques courses et aller rendre visite à sa meilleure amie qu'il n'avait pas revue depuis quelques jours. Puis il avait fini par rentrer chez lui en fin d'après-midi et avait pris un peu de temps pour ranger son appartement qui était un peu en foutoir, il faut l'avouer. Des coups de balais et de plumeau à poussière plus tard, il fila prendre une douche chaude et prit le temps de s'habiller convenablement, sans pour autant se transformer en pingouin. Il voulait faire bonne impression à Olivia, car ce soir là allait très certainement resté gravé dans leurs mémoire à tous les deux. Retournant à la salle de bain, il soigna sa coiffure puis s'observa dans le miroir quelques secondes avant de sourire brièvement, satisfait de lui. Il s'empressa ensuite de se rendre dans sa cuisine pour avaler rapidement quelque chose, histoire de caler son estomac, puis il termina de se préparer avant de quitter son appartement qu'il prit le soin de fermer à clé. Il traversa le couloir et se retrouva rapidement face à la porte donnant chez Olivia et sa grand-mère. Tout à coup, le stress lui saisit la gorge et il s'arrêta net sur le pallier, sans trouver le courage de frapper. Il déglutit et inspira longuement tout en passant ses mains tremblantes sur son visage. Ce n'était pas le moment de flancher. Il souffla un bon coup puis tendit finalement le bras pour toquer à la porte en bois. Il ne dut attendre que quelques courtes secondes avant de voir apparaître la jeune femme, plus resplendissante que jamais. Son teint de porcelaine lui semblait encore plus doux que dans ses souvenirs, ses iris chocolatés brillaient et sa chevelure blonde ondulée entourait parfaitement son visage. Elle était parfaite. Si parfaite que Timothy sentit son coeur battre violemment dans sa poitrine. Il entrouvrit ses lèvres et parvint à la saluer de manière brève. « Salut Olivia... » Légèrement gêné, il baissa son regard et se concentra pour ne pas flancher. Son rythme cardiaque était tellement rapide que la belle blonde devait certainement l'entendre dans le silence qui régnait autour d'eux. Timothy avait l'impression d'être un adolescent lors de son premier rendez-vous galant avec la fille de ses rêves : stressé comme jamais et sans aucune confiance en lui. Et pourtant, il redressa la tête et tenta de sourire à Olivia du mieux qu'il le pouvait. Mais ses traits se transformèrent rapidement en grimace pincée, ce qui le força à garder un visage neutre, dépourvu de toute expression. « Je peux entrer ? Il faut que je te parle. » Sa voix avait résonné de manière grave, de quoi faire peur à la jeune femme. Et pourtant, il n'y avait pas de quoi. Timothy se gifla mentalement de perdre ses moyens à ce point et plongea ses yeux noirs dans ceux de voisine, en espérant qu'elle lui laisse le droit d'entrer chez elle pour lui dire ce qu'il avait en tête depuis plusieurs jours à présent.

Olivia sembla hésiter, visiblement surprise, avant de lui répondre gentiment « Salut. ». Timothy ne s'attendait pas à mieux. Il était clair qu'elle n'allait pas lui sauter au cou -quand bien même ils ne s'étaient pas vus depuis quelques temps-, car elle avait toutes les raisons de lui en vouloir et de se montrer froide avec lui après la réaction qu'il avait eu il y a un peu plus d'un mois. L'animateur radio sentait son coeur tambouriner violemment dans sa poitrine au moment où il passa près de la jeune femme, l'effleurant au passage. Son parfum l'enivra violemment et il dut retenir sa respiration pour se calmer. Lui, d'habitude si confiant, si déterminé, se retrouvait complètement dépassé par les événements et surtout sans aucune confiance en lui-même. Il avait peur de dire les mots qui ne fallait pas, peur de se montrer blessant sans le vouloir, peur d'agir de la mauvaise manière. Il était au bord de la terreur et pourtant, il le dissimulait avec brio, ses mains enfoncées dans les poches de son pantalon. « Tu veux me parler de quoi ? » La question tant redoutée et pourtant inévitable. L'heure avait sonné, il fallait qu'il se jette à l'eau et laisse parler son coeur. Après tout, il ne s'était pas torturé l'esprit pendant des jours, des semaines pour finir par se montrer lâche et s'excuser pour le dérangement avant de rentrer chez lui la queue entre les jambes.

Rassemblant tout le courage qui parcourait ses veines, il se dirigea tranquillement au salon, crispant ses poings cachés dans ses poches, et se tourna face à sa voisine. Il laissa son regard se perdre sur la perfection des traits de son visage le temps de quelques secondes. Et là, étrangement, c'était comme si tout semblait limpide et clair : il était persuadé d'être ici pour une bonne raison et d'avoir fait les bons choix. Il inspira donc et se mit à parler sans trop de difficulté, d'un ton doux mais soutenu. « J'ai pris le temps de réfléchir à tout ce qui se passe autour de moi depuis quelques temps... Azure, le boulot, toi, nous, le bébé... Et j'aimerais qu'on en parle, sérieusement. » Au moins, la couleur de la conversation était annoncée. Olivia savait à quoi s'attendre. Et maintenant, par où commencer ? Timothy avait tant de chose à lui dire, tant de choses qui faisait que son coeur était au bord de l'implosion depuis trop longtemps. Faisant le vide dans sa tête, il décida de laisser simplement parler son coeur qui n'avait de cesse de battre la chamade dans sa cage thoracique. Se montrer sincère était le meilleur moyen pour lui de dire tout ce qu'il retenait en lui et qui n'allait pas tarder à être prononcé. « Tout d'abord, j'aimerais te demander pardon. » Se sentant plus à l'aise, Timothy se permis carrément d'approcher la belle blonde dans le but de prendre ses mains dans les siennes. Ce geste de légère tendresse ne serait peut-être pas le bienvenue, mais c'était comme si son corps ne pouvait plus supporter la distance imposée plus longtemps. Sa peau s'électrisa au contact de celle d'Olivia et il baissa le regard le temps de quelques secondes pour retenir les émotions qui parcouraient son corps. Il finit par laisser ses yeux noirs se plonger dans ceux de la jeune femme, avant de reprendre la parole une fois de plus, parlant comme si tout sonnait clairement dans son esprit -ce qui était pourtant loin d'être le cas. « Pardon d'avoir été un abruti et de t'avoir dit tout ça le jour où tu m'as annoncé ta grossesse. J'ai été tellement pris par la surprise que... je me suis laissé emporter. Et je regrette. » Le premier pas était franchi et il n'était pas des moindres. Reconnaître ses tort n'est pas toujours donné à tout le monde, et pourtant cela permet de résoudre beaucoup de discordes. Espérant que ses excuses seraient prises de manière positives par Olivia, le brun serra doucement ses mains et laissa son regard parler pour lui : l'anglaise pouvait facilement y lire toute sa sincérité et surtout l'émotion qui le remuait tout entier. « Pardonne-moi Olivia. Je suis vraiment désolé. » S'il écoutait son coeur, Timothy aurait déjà passé sa main dans la belle chevelure blonde de sa voisine, il l'aurait déjà prise contre lui, aurait embrassé son front, ... mais il ne pouvait pas se le permettre. Il la respectait beaucoup trop pour faire comme si rien ne s'était passé durant ces dernières semaines.

Le regard larmoyant d'Olivia fit évidemment paniquer l'animateur radio qui de suite se sentit comme l'homme le plus nul de la terre, incapable de gérer une simple conversation sérieuse. Il était là, face à elle, complètement désemparé. Pour la première fois depuis bien longtemps, il se sentait en position de faiblesse et avait peur de laisser échapper un mot, un geste de trop qui pourrait tout faire basculer. Sentant le stress lui prendre la gorge, il déglutit et détourna son regard de celui de la jeune femme avant de continuer ses excuses. C'était un premier pas, certe, mais était-ce suffisant pour qu'elle lui pardonne réellement son comportement ? Il n'avait qu'à laisser son coeur parler jusqu'au bout dans le but de tout lui dévoiler et il en verrait bien les conséquences. En attendant, il sentit les mains d'Olivia serrer les siennes, ce qui déclencha une série d'étincelles le long de son échine. Il ne put retenir un frisson et se mordit la lèvre inférieure dans le but de calmer le rythme trop rapide de son coeur. Ses pupilles dilatées rencontrèrent celles, humides, de la belle blonde alors qu'elle prenait la parole. « Je ne sais pas quoi dire … ça veut dire quoi ses regrets ? Je suis perdue … » Il est vrai que ces tonnes d'excuses pouvaient prêter à confusion sur les intentions de Timothy. Et pourtant, il était simplement là pour lui avouer ses choix, lui confesser tout ce qu'il retenait en lui. « Tu veux de ce bébé ? » Ce ne fut, certe, qu'un murmure, mais le brun put facilement le percevoir. Son coeur se renversa. Lui qui avait l'intention d'évoquer le sujet du bébé plus tard dans la conversation, le voilà dans une impasse. Pris de panique, ses mains se serrèrent encore un peu sur celles de sa voisine alors que sa tête et son regard se baissèrent, le temps pour lui de reprendre le dessus sur ce sentiment d'affolement qui venait de le prendre subitement.

Oui, il voulait de ce bébé. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'il avait compris un tas de choses qui résonnaient au loin dans son esprit il y a encore quelques semaines. Une évidence d'une limpidité totale : il était amoureux d'Olivia. Vous allez certainement vous demandez pourquoi a-t-il donc refouler sa voisine lorsqu'elle lui avait annoncé sa grossesse et surtout, pourquoi avait-il prit tant de temps pour comprendre que ses sentiments à l'égard de la jeune femme dépassaient la simple amitié ? La réponse est pourtant évidente : il était resté prisonnier par Azure, par leurs souvenirs, par leur passé, et il n'avait pas réussi à s'en défaire, jusqu'à maintenant. Il avait été tellement aveuglé, accaparé par son ex petite amie qu'il n'avait pas pris le temps d'écouter son coeur qui avait déjà commencé à battre pour Olivia depuis quelques temps. Légèrement dépassé par ses pensées et par le déroulement des événements qui étaient évidemment différent de ce qu'il avait prévu, Timothy garda son regard débordant de sincérité noyé dans celui larmoyant de sa voisine. Que devait-il dire ? Répondre à sa question ? Ou bien d'abord lui avouer ses sentiments ? Tout était si confus dans sa tête- Légèrement paniqué, il souffla doucement et finit par répondre de manière très brève, d'un simple « Oui... » Un mot, trois lettres qui signifiaient tout, pour lui comme pour Olivia. Mais avant que celle-ci ne le devance en lui posant de nouvelles questions, l'animateur radio s'empressa de reprendre la parole. Il ne prit même pas le temps de réfléchir à ce qu'il allait dire, son coeur amoureux parlait pour lui. « J'ai été con, tellement con... Azure m'aveuglait ! Elle me rendait barge à force de me laisser croire que j'avais encore un espoir. Je me suis désespérément accroché à elle, à nos souvenirs, à notre histoire que... je suis passé à côté de ce que me disait vraiment mon coeur. » Sentant un voile humide lui brouiller la vue, il reprit sa respiration. Olivia le fixait, visiblement au bord des larmes, dans l'attente qu'il lui dise enfin le fond de sa pensée. Il s'était avancé tellement rapidement, trop rapidement à son goût. Il aurait aimé prendre le temps dont il avait besoin pour lui expliquer clairement tout le raisonnement qu'il avait eu pour en arriver à cette conclusion. Mais le stress l'avait pris de cours et le forçait à présent à tout déballer dans le désordre, sans prendre le temps de réfléchir à ses propos avant de les prononcer. Le coeur au bord de l'explosion, il finit par lâcher une des mains d'Olivia et la passa contre sa joue avec tendresse, avant de glisser une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. Son regard se perdit à nouveau dans le sien et, dans un élan du coeur et de courage, il finit par murmurer les trois mots, les sept lettres qui allaient tout changer. « Je t'aime Olivia. » Et maintenant ? Comment allait-elle réagir ? Allait-elle fondre en larmes de bonheur ? Ou de chagrin ? Allait-elle lui sauter au cou ou bien allait-elle se mettre à lui hurler dessus ? Complètement perdu et mis à nu devant sa voisine, Timothy attendit patiemment alors que son coeur battait la chamade dans sa poitrine.

À peine eut-il prononcé son « je t’aime » que Timothy se retrouva face à une Olivia en larmes. Sa première réaction fut évidemment la panique. Il avait tendance depuis quelques temps à toujours se sentir fautif de tout, et le fait de voir ces larmes rouler sur les joues de la jeune femme le fit se sentir coupable -alors qu'il n'avait aucune raison de l'être-, persuadé qu'elle pleurait de colère. Il chercha son regard, affolé, mais quand leurs pupilles se croisèrent, il n'y lut aucune trace de haine ou de tristesse. Il y voyait, au contraire, ces petites étincelles de bonheur qu'il avait déjà pu y lire par le passé, lors de moments qui n'avaient appartenu qu'à eux. Et là, ce fut comme si l'animateur radio sentait le poids qui lui pesait sur les épaules s'envoler. Il se sentit soulagé, léger, presque persuadé qu'Olivia était loin de lui en vouloir. La jeune femme le lui prouva d'ailleurs très rapidement et se mettant à bredouiller des paroles qui eurent le don de transporter Timothy loin, très loin, dans leur monde à eux. « Je t’aime moi aussi … je t’aime tellement. » Et bam, son coeur cogna violemment dans sa cage thoracique, violemment mais agréablement. Olivia lui avait déjà fait part de ses sentiments amoureux dans le passé et il avait fui ces paroles comme la peste, perdant le contrôle de ses pensées. Mais aujourd'hui, tout était différent. Ils étaient là, l'un en face de l'autre, amoureux, et rien ne pourrait venir ternir cet instant magique et féérique, il faut l'avouer. La belle blonde prit ensuite l'initiative de venir poser ses lèvres contre celles du brun et ce dernier se sentit faillir de joie. Ses bras encerclèrent directement la taille de la jeune femme et il la serra amoureusement contre lui alors qu'il appuyait un peu plus sur le baiser qui unissait leurs lèvres, yeux fermés.

Olivia finit par s'écarter légèrement, mais le jeune homme ne la laissa pas filer pour autant, la retenant prisonnière de ses bras musclés dans le but de la retenir contre lui. Un sourire s'était dessiné sur les lèvres de l'anglaise, les lèvres de Timothy elles aussi s'étirèrent tendrement alors que ses yeux brillaient à la lumière du salon. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti heureux comme en cet instant. « J’ai rêvé de ce moment tellement de fois, toi, moi, nous … ohh je croyais que tu ne partagerais jamais les mêmes sentiments que moi … je t’aime … je … » Visiblement dépassée par un trop plein d'émotions, Olivia ne termina pas sa phrase et vint se blottir contre l'animateur radio qui, souriant, resserra une nouvelle fois son étreinte pour enlacer tendrement sa dulcinée contre lui. Il resta un instant de la sorte et finit par s'écarter légèrement à son tour, passant délicatement sa main sous le menton de la jeune femme pour relever sa tête. Son regard croisa immédiatement le sien, larmoyant, et il put y lire à quel point elle était heureuse. « Tu es la preuve que les rêves peuvent se réaliser... » Il laissa son sourire illuminer son visage alors qu'il rapprocha son visage de celui de la belle blonde, sans lâcher son menton, jusqu'à ce que leurs lèvres se frôlent. Il resta quelques secondes ainsi, laissant leur souffle s'emmêler, puis il scella leurs lèvres dans un baiser débordant d'amour et de tendresse. Puis il s'écarta à peine de son visage avant de murmurer « Je t'aime... » et de caler son front contre le sien tout en relâchant son menton pour la serrer contre lui.

Ainsi enlacé à la belle blonde, Timothy savourait cet avant-goût de bonheur qui se déployait dans tout son corps. L'avenir ne serait pas simple à gérer, il le savait. Mais à présent, ils avanceraient à deux, décuplant ainsi leurs forces pour se battre contre les coups bas de la vie. Il n'était donc pas inquiet et profitait pleinement de l'instant qu'il était en train de vivre avec Olivia dans ses bras. La serrant délicatement contre lui, il sourit, presque naïvement, et ferma les yeux le temps de quelques secondes. En se concentrant bien, il pouvait sentir le coeur de la jeune femme qui battait à tout rompre dans sa poitrine, qui ricochait contre son torse puissant, lui faisant comprendre qu'à présent, leurs palpitants battaient à l'unisson. Ce moment était unique, magique, et il aurait aimé avoir la capacité de figer le temps pour en profiter éternellement. Cela dit, sa voisine fit bien vite de le ramener sur terre en s'écartant de lui. Leurs regards se croisèrent et l'animateur radio put sentir une agréable décharge lui chatouiller la colonne vertébrale de haut en bas. Sans rien dire, il laissa Olivia lui prendre délicatement la main, toute souriante, pour l'attirer en direction du canapé qui trônait près d'eux, dans le salon. La voir si radieuse, si débordante de joie ne pouvait que le rendre heureux, ce qui l'incitait à sourire gentiment pour laisser transparaître le bonheur qu'il ressentait. « Il faut que tu vois quelque chose ... » Légèrement intrigué, Timothy ne pipa mot et laissa la demoiselle le guider.

Il finit par s'asseoir sur le canapé, à ses côtés, et lui lâcha la main au moment où elle tendit les bras vers la table basse pour attraper une image qui y traînait. Le brun ne la lâcha pas du regard, scrutant le moindre de ses mouvements avec grande précision. Elle semblait impatiente, un large sourire illuminant son teint de pêche, comme un enfant en attente de pouvoir ouvrir ses cadeaux de Noël. Sauf que dans ce contexte, ce fut Olivia qui tendit quelque chose à l'animateur radio. Sans la lâcher du regard, Timothy attrapa l'échographie et ce ne fut que quand elle lui annonça de quoi il s'agissait qu'il descendit son regard. « C'est notre bébé ... » Ses yeux se perdirent immédiatement surs les courbes noires et bleutées qui dessinaient l'échographie qu'avait faite la jeune femme le matin même. Le brun détailla l'image, sourire aux lèvres, et y passa même le bout de ses doigts. Il peinait à y croire. Lui qui rêvait depuis quelques courtes années déjà de devenir papa, de fonder une famille, voilà que cela se réalisait. Il avait certe très mal réagi à la nouvelle, mais à présent, il ne pouvait pas être plus heureux. Olivia était enceinte de lui, ils allaient être parents et former une famille. Les yeux larmoyants de bonheur, Timothy redressa la tête et, gardant l'échographie dans une main, il tendit sa paume jusqu'à la joue de sa dulcinée pour la lui caresser avant de rapprocher son visage du sien jusqu'à poser ses lèvres contre les siennes pour l'embrasser tendrement. Puis il reporta son regard sur l'échographie, son sourire ne le lâchant plus. « C'est magnifique... j'ai de la peine à y croire. » déclara-t-il, sa voix laissant transparaître le bonheur qu'il ressentait. Il finit par reporter son attention sur Olivia et posa sa main libre sur sa cuisse afin de la lui caresser avec tendresse, ses zygomatiques toujours étirés. « Et qu'est-ce que t'a dit le médecin ? Tout va bien, tout est normal ? » Il en allait de soi qu'il souhaitait savoir ce que le médecin avait dit à Olivia lors de sa consultation. Il était après tout normal qu'il s'informe sur son état de santé et celui du bébé, en espérant que la grossesse se passe normalement et pour le mieux.

« La première fois ça m’a fait la même chose … mais peut-être que la prochaine fois tu pourrais m’accompagner ? » S'il y avait bien une chose que Timothy s'était imaginé un nombre incalculable de fois, c'était bel et bien le jour où il accompagnerait sa petite amie pour une échographie. Il avait, certes, plutôt imaginé qu'il s'agissait de la toute première, celle où les deux parents ne peuvent contenir leur joie et se mettent à sourire bêtement, larmes aux yeux. Mais dans cette situation-ci, il n'avait pas été possible qu'il y assiste, cause des tensions qui existaient encore entre Olivia et lui. Mais maintenant que tout semblait rentrer dans l'ordre, il trépignait d'impatience à l'idée d'aller chez le médecin avec la jeune femme afin de voir le bébé bouger en temps réel sur l'écran, tout en entendant ses petits battements de coeur. Rien qu'à cette idée, un sourire niais décora son visage et il plongea ses yeux débordant d'émotions dans ceux de la belle blonde. « Je t'accompagnerai avec grand plaisir. » Et ce serait bien plus qu'un plaisir. Lui qui rêvait d'être père, assister à l'échographie ne pouvait que le combler de joie. « Tu y retournes quand ? » Impatience quand tu nous tiens. Réfléchissant à vivre allure, il dut cependant reconnaître qu'Olivia avait eu sa première échographie ce matin même et que, si tout se déroulait comme prévu, la prochaine aurait lieu dans le second trimestre de grossesse. Il se mettait déjà en condition et se faisant à l'idée qu'il devrait attendre encore un moment avant d'assister à ces images uniques et terriblement bouleversantes.

Le mal-être qui secoua Olivia attira soudainement l'attention de Timothy. Il avait toujours eu le don pour desceller quand quelque chose ne jouait pas pour elle et là, il lisait parfaitement dans son regard que quelque chose la tracassait. Inquiet, il lui caressa tendrement la jambe en posant ses yeux sur elle, mais elle se contenta de répondre par la positive, trahissant son état de stress jusque dans ses paroles. « Normal ?? Ohhhh euu c’est-à-dire … oui oui le médecin a dit que tous était normal, le bébé va très bien … il faut juste que je fasse attention à ne pas trop me surmener … » L'animateur radio aurait pu la croire. Il aurait pu outre-passer cette sensation de stress qu'il avait cru voir dans le regard d'Olivia. Mais non, il ne pouvait pas. Car le sujet était important, essentiel même. Si elle ou le bébé courraient le moindre risque, il voulait être tenu au courant. Ce pourquoi il reposa l'échographie sur la table basse avant de prendre une des mains de la jeune femme dans les siennes, la serrant doucement tout en la caressant avec ses pouces. Ses yeux plantés dans les siens, son inquiétude se lisait aisément dans le fond noir de ses pupilles dilatées. « Tu es sûre que tout va bien ? Tu m'as l'air... tendue. » Et comme pour inciter Olivia à lui expliquer ce qui n'allait pas, il amena ses mains près de son visage pur y poser tendrement ses lèvres, sans la lâcher du regard.

« Dans 15 jours ... le 6 mars, tu penses pouvoir te libérer ? » Quinze jours. Cette réponse choqua légèrement l'animateur radio, car il était persuadé que le deuxième examen devait avoir lieu durant le seconde trimestre. Mais Olivia devait être plus au courant que lui, alors il ne s'attarda pas sur ce détail et il réfléchit à la vitesse grand V, le problème étant qu'il n'avait pas son agenda avec lui. Ces derniers temps, il était complètement overbooké par son travail et il lui arrivait souvent de rester plus longtemps pour avancer dans les programmations d'émission. La panique planait au-dessus d'eux, tout le monde avait beaucoup de choses en tête et un tas de trucs à faire. Mais il était hors de question que Timothy laisse Olivia seule pour sa seconde échographie. La radio devrait se passer de lui ce jour là, du moins le temps qu'il accompagne la jeune femme. Et le reste de l'équipe pourrait bien râler, il serait intransigeant et ne changerait pas d'avis : ils se passeront de lui, point. Souriant gentiment à Olivia, il finit donc par lui donner sa réponse. « Je ferai en sorte, je te le promets. » et Olivia connaissait suffisamment Timothy pour savoir qu'il ne trahissait jamais une promesse.

Plus les secondes passaient plus le jeune homme se persuadait que quelque chose n'allait pas. Olivia semblait de plus en plus tendue et c'était loin d'être un bon signe. Heureusement pour lui, il eut rapidement le droit à des explications, qu'il écouta évidemment avec grande attention. « Je t’assure le bébé va très bien ... mais il y a quelque chose que je ne t’ai jamais dit. » Ou comment affoler l'animateur radio avec une simple phrase. Il serra un peu plus les mains de la jolie blonde, son regard inquiet plongé dans le sien. « Je sais que j’aurais dû t’en parler plus tôt, c’était tellement difficile que je n’ai pas réussi à le faire avant ... mais maintenant que l’on va avoir un bébé, il faut que tu saches. » Si le but de la jeune Hanwell était de rendre Timothy complètement fou, elle y parvenait avec brio ! Parce que le brun sentait son rythme cardiaque s'accélérer, influencé par la peur qui commençait à lui tirer les entrailles. À entendre parler sa voisine ainsi, il s'imaginait déjà l'annonce terrible qu'elle pouvait lui faire. « Lorsque j’étais petite, j’ai été gravement malade, j’ai eu une leucémie ... ça a durée plusieurs années mais j’ai guéri ... cependant il y a quelques mois j’ai appris que j’avais fait une rechute ... je suis de nouveau malade. » Le choc fut là, évidemment. Mais Timothy en fut tellement secoué qu'il ne parvint pas à réagir tout de suite. Il resta immobile, ses yeux ne lâchant pas ceux de sa dulcinée, ses mains serrant les siennes. Seul son coeur montrait ce qu'il ressentait, battant violemment et désagréablement dans sa cage thoracique. Olivia était malade... et Tim' en savait suffisamment sur les cancers pour savoir que c'était une maladie grave et mortelle. Ce pourquoi il ne put pas retenir son affolement plus longtemps. « Une leucémie ? Mais... est-ce qu'un médecin te suit ? Tu es sous traitement ? Et la grossesse, ça n'a rien de dangereux pour toi ? » Il enchaîna les questions sans reprendre sa respiration, serrant encore plus les mains d'Olivia qu'il tenait dans les siennes. Non, elle ne pouvait pas être malade, elle ne pouvait pas être sur la sellette, à attendre que cette foutue leucémie sans aille ou que la mort l'emporte. Dépassé, Timothy lâcha les mains de la jeune femme et appuya ses coudes contre ses genoux avant de poser son visage contre les paumes de ses mains en soupirant, bouche entrouverte. Il sentait son coeur se tordre, les larmes lui monter aux yeux, la peur lui ronger le ventre. Mettant tout en oeuvre pour se calmer, il se redressa et regarda l'anglaise, les yeux déjà embrumés de quelques larmes naissantes. « Je t'en supplie... dis-moi que tu ne cours aucun risque... » Si elle risquait de mourir, Timothy ne serait pas capable de le supporter.

« Tu sais je comprendrais parfaitement que tu ne puisses pas, tu travailles ... et puis 15 jours c’est pas beaucoup pour s’organiser, peut-être que si on s’y prend à l’avance, tu pourrais venir pour une autre échographie... enfin je ne veux pas que tu te sentes coincé, grand-mère m’a accompagné cette fois si, elle pourra très bien le faire la prochaine fois, ou je demanderais à mon frère de venir ... enfin voilà ... » C'était du Olivia tout craché ! Se mettre à parler sans plus savoir s'arrêter. Amusé, Timothy rigola gentiment et attrapa la main de sa dulcinée tout en plongeant son regard foncé dans le sien, légèrement plus clair. Un sourire illuminait ses lèvres, ses yeux pétillaient de bonheur. Non, il ne raterait pas la deuxième échographie, c'était impensable ! Il voulait être là pour Olivia, dans tous les sens du terme, et il voulait plus que tout voir son bébé bouger, entendre son petit coeur battre. Il s'empressa donc de hocher la tête négativement avant de répondre, tout aussi souriant. « Non, tu n'iras ni avec ta grad-mère, ni avec ton frère. Je t'ai dit que je viendrai. Le boulot n'aura qu'à se passer de moi pour une fois. » Et comme pour faire comprendre à la belle blonde qu'elle n'avait rien à en redire et que sa décision était prise, il rapprocha son visage du sien pour sceller leurs lèvres dans un baiser débordant de tendresse.

La situation s'était totalement renversée. Alors qu'il y a quelques minutes, Timothy était l'homme le plus heureux du monde, il était à présent l'homme le plus inquiet. En proie à la panique, il détourna son regard d'Olivia afin de dissimuler les larmes qui commençaient à envahir ses yeux. Pourquoi la vie était-elle si injuste ? Il avait été heureux étant enfant, mais il avait fallu que son père décède. Il avait été comblé avec Azure, mais elle avait mis un terme à leur histoire après quatre ans de relation. Et maintenant, il était amoureux d'Olivia, prêt à devenir père et voilà qu'il apprenait qu'elle était atteinte d'un cancer. À croire que quelqu'un lui en voulait là-haut. Allait-il un jour avoir le droit d'être heureux sans avoir à affronter quelque chose ? Cédant à l'affolement, il garda la tête tournée jusqu'au moment où la main d'Olivia vint trouver sa joue, l'obligeant à reporter son attention sur elle et à poser ses yeux scintillant de larmes sur son visage. « Tim, je suis malade ... il a toujours des risques ... je suis suivit par un médecin, c’est pour cela que je le vois tous les 15 jours, avec la grossesse on a changé mon traitement ... je ne peux pas dire que je ne risque rien mais en tous cas les médecins font tous pour que notre bébé lui ailles très bien ... le traitement n’est pas nocif pour lui et pour le moment tous est normal ... mon médecin m’a dit que certaines femmes ont très bien pu donner naissance à des enfants même malade ... » Le principal était qu'elle était suivie de près, ce qui rassura légèrement le jeune homme. Mais durant tout son discours, Olivia n'avait parlé que de la sécurité du bébé, comme quoi il ne risquait presque rien. Concernant son propre cas, elle n'avait qu'expliquer qu'en effet, cela comprenait des risques, ce qui hérissa le poil du brun. Mais avant qu'il puisse dire quoi que ce soit, elle reprit la parole, l'obligeant à se taire. « Il faut juste que je me repose et tous ira bien pour le bébé ... » Timothy ne supporta pas cette phrase supplémentaire. Il attrapa la main qu'Olivia avait posé sur sa joue pour la lui retirer et hocha négativement de la tête en pinçant ses lèvres. « Non tu... tu ne peux pas me répéter sans arrêt que le bébé ira bien. Olivia, tu as un cancer ! Je ne veux pas que tu prennes le risque d'y passer... je... je ne pourrai pas, je... » Gorge serrée, il baissa légèrement la tête et souffla bruyamment pour retenir ses larmes avant de regarder à nouveau Olivia. Il prit ses mains dans les siennes et les lui serra doucement, noyant son regard larmoyant dans le sien. « Je meurs d'envie d'avoir un enfant avec toi mais... si pour devenir père, je dois te voir mourir, je préfère encore que tu avortes... » Il rêvait de devenir papa, depuis longtemps. Mais savoir qu'Olivia risquait sa vie avec sa grossesse lui glaçait le sang. Il ne voulait pas qu'elle continue sur le chemin de la grossesse si la mort l'y attendait au bout.

Quand Timothy repensait qu'il était venu ici pour se réconcilier avec Olivia et qu'il voyait la tournure que prenait les événements, il se demandait ce qu'il avait pour mériter tout ça. Il prenait sur lui, avait fait ses choix et voilà qu'on le lui faisait presque regretter en lui apprenant que la femme qu'il avait choisi était malade et risquait de mourir à cause de sa grossesse. Comment pouvait-il réagir autrement ? Comment ne pas paniquer ? Comment ne pas être au bord des larmes ? Le brun était conscient qu'il devrait se montrer fort pour sa dulcinée, pour l'aider, car cela devait déjà être assez dur comme ça pour elle. Mais il n'y arrivait pas, c'était au-dessus de ses forces. Imaginer que la jolie blonde risquait de mourir lui retournait le coeur, lui glaçait le sang et lui donnait envie de fondre en larme, de tout casser, d'hurler sa détresse. « Tim, c’est le plus important, il faut faire attention au bébé … écoute ma mère a toujours fait en sorte que je ne prenne aucun risque … cette fois si c’est différent je vais moi aussi devenir mère et je veux prendre se risque parce que c’est mon rôle de protéger notre bébé. » Il pouvait comprendre sa manière de voir les choses. N'importe quelle mère réagirait certainement de la même manière qu'Olivia. Mais l'animateur radio ne pouvait pas acquiescer simplement. Il ne pouvait et ne voulait pas lui donner l'autorisation de se laisser mourir dans le simple but de sauver leur bébé. Hochant la tête négativement, il la regarda de ses yeux embués de larmes et resta coi, ne sachant plus quoi dire pour lui faire comprendre qu'il ne voulait pas la voir mourir.

À peine eut-il prononcé le mot avortement qu'il vit le regard de la jeune femme se transformer. Elle semblait irrémédiablement blessée et il eut presque l'impression d'y lire de la colère. Était-ce à ce point ? Elle était réellement prête à attendre la mort pour sauver le petit être qui grandissait dans son ventre ? Timothy ne pouvait pas y croire. Et pourtant, elle fit vite de retirer sa main de la sienne avant de lui répondre d'une voix glaciale. « Tu ne penses pas sérieusement … c’est le choc qui te fait dire ça … je ne suis pas le genre de femme qui tue son bébé … je ne veux plus jamais entendre parler d’av…de ça, c’est hors de question » Complètement dépassé, Noah retint sa respiration alors qu'un sanglot puis puissant lui prit la gorge. Il se pinça les lèvres, balançant une fois de plus sa tête de droite à gauche. Il voulut se calmer, répondre le plus calmement possible, mais il n'y parvint pas. « Non ! Ce n'est pas le choc qui me faire dire ça, c'est mon amour pour toi ! » lança-t-il d'une voix plus forte mais remplie de détresse. Complètement à bout, il se leva du canapé et se mit à marcher dans la pièce en liant ses mains derrière sa tête alors que quelques larmes finissaient par enfin se frayer un chemin entre ses cils pour glisser le long de ses joues. Le coeur battant la chamade, la respiration haletante, il se retourna vers l'anglaise et laissa sa voix tremblante résonner dans la pièce. « Olivia, non... je ne veux pas que... » Il finit par baisser ses bras, les croisant contre son torse puissant comme pour se protéger, puis il laissa ses yeux débordant de larmes posés sur le regard d'Olivia. « Tu ne peux pas prendre un tel risque... » murmura-t-il, sa douleur transperçant sa voix alors que des images plus horribles les unes que les autres, toutes concernant le futur funeste d'Olivia, défilaient dans son esprit.

Debout au milieu du salon, l'animateur radio faisait de son mieux pour se calmer. Une tempête orageuse et destructrice secouait son corps, ses muscles, son coeur, le rendant affaibli et proche d'un gouffre invisible. Il gardait ses bras croisés contre son torse, une manière comme une autre de se protéger face à la situation désagréable qu'il était en train de vivre. Ses yeux débordant de larmes ne lâchaient pas le visage d'Olivia alors que ses pensées s'orientaient vers des images qu'il aurait préféré ne jamais avoir à imaginer. Il se voyait debout dans un couloir d'hôpital, un brancard transportant la jolie blonde inanimée loin de lui, l'arrachant à sa vie pour toujours. Pourquoi fallait-il qu'elle soit malade ? Pourquoi fallait-il qu'elle soit malade ET enceinte ? Pourquoi ? Tant de questions auxquelles il ne pouvait entendre comme simple et unique réponse « C'est le destin, tu n'y peux rien. » Mais merde ! Ce foutu destin ne pouvait-il donc pas laisser Olivia tranquille ? Il ne pouvait pas leurs accorder leur moment de bonheur, les laisser vivre heureux jusqu'à la fin de leurs jours ? Non, il fallait qu'il leurs offre un cadeau empoisonné, une foutue maladie qui la suivrait encore trop longtemps et qui risquait de lui ôter la vie à tout moment. Dépassé par une telle nouvelle, Timothy perdait pied. Et sa petite amie pouvait aisément s'en rendre compte. D'ailleurs, elle ne le laissa pas longtemps seul, debout au milieu de la pièce : se levant à son tour, elle s'empressa de venir se coller à lui en encerclant son cou de ses bras. Déphasé et trop faible pour affronter son regard, le brun détourna ses yeux scintillants de larmes alors qu'elle tentait de le rassurer. « Je suis désolé .... mais c’est impossible, je ne peux pas faire ce que tu me demandes ... je t’aime Tim et si tu m’aimes il faut que tu acceptes ce choix ... » Accepter le fait qu'elle soit prête à donner sa vie pour mettre au monde leur enfant ? Non, Timothy ne pouvait pas le concevoir. Il aimait Olivia et il ne pouvait pas, ne voulait pas la laisser faire. Cependant, il retint ses paroles et se contenta de souffler bruyamment pour retenir les larmes qui menaçaient de couler pour rejoindre celles qui avaient déjà laissé leur trace sur ses joues. La main que la jeune femme glissa sur sa joue l'obligea presque à poser son regard sur elle, se perdant dans le fond de ses pupilles. « Écoute les médecins ont dit qu’il y avait une chance pour que nous nous en sortions tous les deux ... » Une chance, une petite chance, une minuscule chance. Qu'était-ce face au risque qu'il y avait pour qu'elle me survive pas à la grossesse ? L'animateur radio en avait assez entendu pour comprendre que les chances de voir leur bébé naître et de pouvoir l'élever avec la jolie blonde était beaucoup trop minces. « Une chance ce n'est pas assez... je... » souffla-t-il alors qu'un sanglot lui serrait la gorge une nouvelle fois. Déglutissant, il baissa son regard quelques secondes avant de le plonger à nouveau dans celui d'Olivia. « Je ne supporterai pas de te perdre Olivia... » Et c'était purement la vérité. Si elle devait mourir des suites de sa grossesse, il n'aurait jamais la force de continuer à vivre seul.

La jeune femme attrapa son poignet de sa main libre pour guider sa paume jusqu'à son ventre légèrement rebondi. Au moment où le contact se créa, Timothy ressentit une sensation indescriptible. Une joie d'abord sans égards, un espoir, des rêves qui se réalisaient. Mais rapidement, tout éclata en morceaux pour ne laisser voir qu'une seule évidence : Olivia risquait sa vie. Inspirant lentement, il garda son regard posé sur sa main avec laquelle il touchait le ventre de sa dulcinée. « Dans quelques mois nous serons tous les trois, nous serrons une famille. » Cette promesse venait du fond du coeur de la blonde, il le savait. Mais elle sonnait tellement bancale, comme si elle n'était qu'une faible lueur illuminant une nuit sans lune. « J'ai envie d'y croire, je veux qu'on soit trois, toi, moi, le bébé, et rien d'autre. » murmura-t-il alors que son regard s'était replongé dans celui de la jeune Hanwell. Le coeur battant la chamade, Timothy essayait tant bien que mal de se calmer... sans grand succès. Une nouvelle larme roula sur sa joue et alla se perdre au sol, laissant une traînée lumineuse sur la peau de son visage. « Je t'aime... mais je respecterai ton choix seulement si tu me jure qu'il ne t'arrivera rien. » Timtohy savait que son chantage était démesuré et complètement enfantin. Comment Olivia pouvait-elle lui jurer qu'il ne lui arriverait rien de grave alors qu'elle était atteinte d'une leucémie, maladie mortelle ? Mais le jeune homme avait besoin d'avoir quelque chose auquel se raccrocher. Si sa petite amie y croyait, il y croirait aussi.

« Il faut y croire car c’est bien réel, il y a nous trois pour toujours ... » Dans l'esprit de Timothy, ce qui était réel était le fait que la jeune femme était enceinte et atteinte d'une leucémie. Leur futur en famille n'était qu'hypothétique et n'avait rien de concret. Et si la maladie gagnait la partie ? Et si Olivia mourait avant même d'avoir mis leur enfant au monde ? Et si l'accouchement avait raison d'elle, laissant Timothy seul avec leur bébé ? L'animateur radio n'était pas du genre à broyer du noir, il était plutôt optimiste. Mais apprendre qu'Olivia était atteinte d'un cancer avait eu le don d'exploser tout le bonheur qu'il avait réussi à trouver en se décidant enfin de se projeter dans l'avenir avec elle. Tous ses efforts étaient presque réduits à néant. À cette pensée, il retira sa main qu'il avait précédemment posée sur le ventre légèrement rebondi de sa petite amie, puis il détourna la tête, plantant son regard larmoyant sur un mur avant de passer sa langue sur ses lèvres entrouvertes. « Je t’aime moi aussi, je t’aime tellement et je te promet qu’il ne m’arrivera rien ... » Elle lui faisait une promesse. Ça pouvait sembler bête, naïf, mais le simple fait qu'elle lui promette que rien ne lui arrivera lui redonna espoir. De ce fait, il parvint à la regarder à nouveau dans le blanc des yeux. Jamais il n'avait été autant à nu devant elle. La dernière -et seule- fois où il s'était retrouvé au bord des larmes face à elle était la fois où il s'était rendu chez elle pour lui dire qu'il avait besoin d'elle. Ils avaient passé la soirée ensemble et ces heures avait signé leur première fois. Un souvenir douloureux cependant, car Timothy avait fini par évoquer Azure, juste après que sa voisine lui ait avoué avoir des sentiments pour lui. La situation était cependant totalement différente en ce moment. Soit. Le regard noyé dans celui d'Olivia, le brun se laissa faire et ferma les yeux au moment où elle s'approcha de lui pour l'embrasser avec tendresse. Ce simple baiser le rassura et, rouvrant ses yeux, il passa ses bras autour de la jeune femme pour la prendre contre lui en soufflant doucement, évacuant ainsi le trop plein d'émotions qu'il avait ressenti. Il la serra délicatement contre son torse, mais avec assez de force pour qu'elle sente au fond d'elle qu'il ne voulait pas la laisser partir. Il la gardait contre lui comme si le simple fait de la lâcher allait la faire disparaître à jamais. Timothy avait besoin de cette proximité, besoin de se dire que, si la maladie devait l'emporter, ce ne serait pas pour l'instant.

Puis finalement, Olivia se défit de leur étreinte et attira le jeune homme jusqu'au canapé où ils s'installèrent. L'animateur radio s'y assit sans un mot et regarda la jolie blonde qui s'emporta rapidement dans un monologue. « Tu sais un bébé c’est beaucoup de boulot, enfin je veux dire il y a tellement de chose à faire avant qu’il arrive, il faudrait lui trouvait un prénom, ohhh il va falloir lui acheter tous pleins de chose, un lit, des vêtements, une poussettes, c’est tellement fou tous ce qu’il y a penser. Oh et puis on ne sait même pas ou va être sa chambre, je sais que grand-mère serait d’accord pour qu’on la fasse ici mais se serait un peu bizarre que tu ne sois pas dans la même maison. » Ces paroles, bien rapides, firent apparaître un sourire sur les lèvres du jeune homme. Entendre ces mots, entendre parler de leur futur enfant, de la future famille qu'ils allaient former parvint balaya la précédent discussion noire sur la leucémie de la jolie blonde. Timothy n'y pensait plus et était à nouveau comme un gosse à l'attente de noël : impatient et heureux de se savoir bientôt père. Il posa son regard sur le ventre d'Olivia un court instant, avant de lui prendre la main alors qu'elle avait baissé la tête. « Enfin je veux pas imposer quoi que ce soit, si tu n’es pas prêt on pourrait très bien faire comme ça. » Timothy lui sourit et chercha son regard avant de lui répondre en grimaçant : « Tu ne crois pas que ça serait... bizarre d'emménager chez ta grand-mère ? » Puis il lui sourit avant de marquer une courte pause et de reprendre tendrement. « Il y a suffisamment de place chez moi et on peut aménager la chambre d'amis comme chambre pour le bébé. » Il est clair que, lorsqu'il avait imaginé sa vie future avec Olivia, il avait plutôt penser à son appartement. Il n'avait en réalité même pas envisager de rejoindre sa petite amie chez sa grand-mère. S'ils voulaient vivre leur vie de couple et de parents heureux, ils devraient avoir leur espace clos, leur propre appartement.