❝ WE ARE SUPERHEROES ❞

Aaron David & Tallulah Shannel

C'était une nouvelle journée qui débutait. Une de plus que Tallulah allait passer en studio pour l'enregistrement de son nouveau disque. Son réveil avait donc sonné tôt le matin pour la tirer du profond sommeil dans lequel elle était plongée. Tapant sur l'engin bruyant une première fois en grognant, elle s'assoupit encore quelques courtes minutes avant que la sonnerie stridente ne résonne à nouveau dans sa chambre, la forçant à éteindre définitivement ce fichu réveil et à mettre les pieds hors de son lit. Flânant d'un pas mou jusqu'à sa salle de bain, elle se débarrassa rapidement du long tee-shirt qui lui servait de pyjama ainsi que de ses sous-vêtements et s'introduisit dans la cabine de la douche pour enclencher l'eau. La sensation de l'eau tiède sur sa peau laiteuse la réveilla finalement et elle put profiter de ce court instant avant de se jeter en dehors de la pièce embuée, un linge entourant son corps, un autre enroulant ses longs cheveux blonds, pour se rendre vers son dressing. Sélectionnant plus ou moins minutieusement ses vêtements, elle ne tarda pas pour s'habiller, puis s'enferma à nouveau dans sa salle de bain pour se maquiller comme à son habitude et de coiffer sa chevelure dorée en queue de cheval. Fin prête, elle avala rapidement un bol de céréales et retourna une ultime fois dans sa salle de bain pour se laver les dents. Elle finit par enfiler ses talons ainsi qu'une veste puis attrapa son sac à main pour sortir de sa demeure et monter à bord de sa voiture, direction le quartier de Tribeca où se trouvait le studio où elle enregistrait.

Arrivée à bon port, après avoir fait un détour au Starbucks du coin pour ravitailler son équipe, la jeune chanteuse arriva toute sourire et motivée comme jamais pour exercer sa passion : la musique. Se mettant rapidement au point avec la team présente, elle se retrouva rapidement dans la salle insonorisée, derrière le micro, casque sur la tête, à laisser chanter sa voix sans réfléchir. Son travail était très important pour elle. Plus qu'une passion, il lui permettait de transmettre ce qu'elle ressentait au fond d'elle, que cela touche sa vie personnelle ou les horizons qui l'environnaient. Derrière le micro, elle se sentait forte, invisible, presque seule au monde, accompagnée de la mélodie qui berçait sa fine ouïe. Et pourtant, aujourd'hui, elle ne ressentait pas cette habituelle sensation de plénitude. Très rapidement, elle sentit une chaleur désagréable lui monter à la tête, lui donnant des vertiges. Persuadée qu'il ne s'agissait que de la température ambiante, elle se permit d'aérer les lieux en ouvrant les fenêtres, profitant pour inspirer une grande bouffée d'air frais. Puis elle se désaltéra avec un peu d'eau avant de se remettre au travail. Mais la situation ne s'améliora pas. Plus les secondes passaient, plus elle se sentait affaiblie et plus elle s'emmêlait les pinceaux dans ce qu'elle devait faire. Soupirant en passant sa main sur son front, Tallulah pria pour qu'elle se sente rapidement mieux. « Tout va bien Tal' ? Tu veux faire une pause ? » lui demanda un des ingénieurs son, visiblement inquiet. Mais la jeune femme hocha négativement de la tête et lui adressa un faible sourire avant de remettre son casque correctement. « C'est bon, on continue. » Elle était pourtant loin de se douter ce qui était en train de tomber sur la grande ville de New York : une épidémie dont elle était une des nombreuses victimes.

Heureusement pour elle, elle n'eut pas à se replonger trop profondément dans son travail, car son ami d'enfance passa la porte du studio. Shannel l'aperçut au travers de la vitre séparant les deux pièces et le voir qui la cherchait du regard la rassura soudainement. Cherchant son regard, elle lui adressa un signe de la main lorsque leurs yeux se croisèrent. Puis elle ôta son casque pour le reposer près du micro avant de retourner dans la pièce principale et de se jeter dans les bras du jeune homme en souriant largement. « Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait du bien de te voir ! » s'exclama-t-elle en le serrant un peu plus contre elle, calant sa joue contre son épaule. Son ami d'enfance avait toujours été une des personnes les plus importantes pour elle. Combien de fois avait-elle composé son numéro lorsqu'elle allait mal ? Combien de fois avait-il réussi à la faire sourire au milieu de ses larmes ? Combien de fois avait-il été là pour elle, pour la soutenir, pour la réconforter, pour l'aider ? Il était un pilier central de sa vie : si elle ne le voyait pas régulièrement, elle sentait que qu'il lui manquait un élément vital pour se dire heureuse. C'est bien simple, si elle n'avait pas sa dose hebdomadaire d'Aaron, elle n'était pas en mesure de se dire qu'elle nageait en plein bonheur. Comprenez donc que ces temps, comme ils leurs était difficile de se voir aussi régulièrement qu'ils le souhaiteraient -entre le travail d'Aaron et l'enregistrement du disque pour Tallulah-, la jolie blonde avait l'impression de manquer d'air. Surtout si l'on prend encore en plus le facteur familial : Tallulah avait récemment rencontré sa demi-soeur et cet événement l'avait quelque peu secouée. Heureusement, elle allait bientôt pouvoir en parler avec son ami d'enfance. À présent blottie dans ses bras, elle se sentait déjà un peu mieux et elle put donc facilement se détacher de lui pour lui adresser un gentil sourire. « Comment tu vas ? » La moindre des politesses. Et puis non, ce n'était même pas une forme d'amabilité, c'était une question pleine de sens. Comme elle ne l'avait pas revu depuis un moment, il était normal qu'elle veuille prendre de ses nouvelles, quand bien même ils s'étaient régulièrement téléphoné pour pallier à leurs emplois du temps respectivement chargés. Attendant que le jeune homme lui répondre, la chanteuse se dirigea vers le siège où elle avait précédemment laissé ses affaires. La sensation désagréable qui l'avait prise auparavant n'avait toujours pas disparue, elle se sentait toujours aussi affaiblie et étourdie. Elle avala rapidement un peu d'eau en bouteille, espérant qu'elle ne couvait rien de grave et tentant de se persuader que ses légers vertiges étaient dus à un manque de sucre qui allait vite être évincé par le repas qu'elle allait avaler. Enfilant sa veste et attrapant son sac, elle retourna aux côtés d'Aaron et prit congé auprès de l'équipe du son pour se diriger vers la sortie, glissant son bras autour de celui de son ami.

« Oh et puis moi alors ! T'es toujours aussi jolie soeurette. » La blondinette rigola gentiment à la remarque de son ami. Tout le monde aime être flatté, tout le monde aime entendre dire des autres des phrases telles que « Tu es beau » ou encore « Tu es la meilleure ». La vanité a beau être un pêché chez certain, elle reste cependant tapie chez chaque être humain. Nous avons tous une part de Narcisse en nous, c'est indéniable. Soit. Tout en relâchant son étreinte, Tallulah gratifia l'allemand d'un joli sourire et le tapa gentiment sur l'épaule avant de s'exclamer « Tu peux parler ! Beau gosse ! » Car oui, elle avait beau être une des plus vieilles amies d'Aaron, ce n'était pas pour autant qu'elle ne pouvait pas le trouver canon. Elle ne manquait d'ailleurs pas une occasion pour le faire remarquer : son ami d'enfance avait un charme de fou. D'ailleurs, s'ils n'étaient pas amis de longue date et si elle ne le considérait pas comme son second frère, elle aurait très certainement déjà mis son grappin dessus pour le dévorer tout cru ! Non pas qu'elle soit une croqueuse d'homme, loin de là. Mais le jeune héritier lui aurait très certainement fait un certain effet.

La jolie blonde n'attendit donc pas pour aller chercher ses affaires, profitant pour boire de l'eau en espérant que cela effacerait ses nausées. Alors qu'elle était en train de se désaltérer, Aaron répondit à sa précédente question en souriant largement, comme à son habitude. « Tranquillou ! Et toi alors ? Ca ce passe bien cet enregistrement ? T'as intêret à m'faire écouter ! » Shannel rigola gentiment tout en reposant sa bouteille, puis elle regarda son ami pour acquiescer d'un grand signe de tête. « Promis, tu en seras un des premiers auditeurs ! » s'exclama-t-elle alors qu'elle attrapait sa veste pour l'enfiler, saisissant ensuite son sac à main. Elle promis ensuite à l'équipe qui travaillait avec elle d'être de retour au maximum deux heures plus tard, et elle finit par retourner aux côtés de son ami. Elle passa son bras autour du sien et l'entraîna vers la sortie, lui souriant gentiment. « J'ai un tas de trucs à te raconter ! Il s'est passé tellement de choses depuis la dernière fois que je t'ai vu. » En réalité, il ne s'était pas passé autant de choses qu'elle le prétendait, c'était juste que l'événement principal qu'elle avait vécu était énorme. En effet, elle avait retrouvé sa demi-soeur, Kat, après des semaines de recherches sur sa famille. Une rencontre houleuse et étrange qui s'était soldé par des "aveux" autour d'un café en pleine soirée dans Brooklyn. S'impatientant déjà à l'idée de tout raconter à son ami d'enfance, Tallulah traversa le long couloir, toujours accrochée au bras de l'allemand, et tous deux se retrouvèrent bien vite à marcher dans les rues. Cela dit, l'état de la jeune fille n'alla pas en s'améliorant, bien au contraire. Ses vertiges devinrent de plus en plus puissants, si bien qu'elle failli perdre l'équilibre à un coin de rue. Lâchant subitement le bras d'Aaron, elle posa une de ses mains sur son front et lui demanda, fébrile « Aaron, attends... » Elle expira doucement par la bouche, priant pour qu'elle ne fasse pas un malaise au milieu de la rue. Ayant trop peur de tomber du haut de ses talons, elle s'appuya dos contre le mur de la bâtisse qui s'élevait à leurs côtés et laissa sa tête partir en arrière en fermant les yeux. Elle déglutit alors qu'une chaleur désagréable l'envahit et que son coeur se mettait à battre anormalement vite.

« Tu peux parler ! Beau gosse ! » Eh oui, je sais que je suis un beau gosse: le nombre de fois où j'entends cette phrase dans la journée, à force je commence par le savoir. « Hum, je sais, je sais. » Je rigolai en lui tapotant l'épaule. Ce côté prétentieux, -car oui je le suis et l'assume totalement- je l'ai depuis peu, ce n'est pas dans ma nature d'être ainsi: mais l'argent et la popularité nous changent à jamais, c'est inévitable. J'ai fini par prendre la grosse tête, comme la plupart des nouveaux riches. J'ai vécu dans la richesse c'est sur, mais celle-ci ne m'appartenait pas à l'époque, aujourd'hui c'est autrement: CETTE richesse m'appartient à moi et à moi seul.

Je parlai de sa chanson et mon amie d'enfance me répondit « Promis, tu en seras un des premiers auditeurs ! » cette promesse me fit sourire. Rien ne l'obligeait à faire de moi un des premiers auditeurs, mais elle comptait vraiment le faire: Adorable c'est fille. Car oui, c'est un moyen de me prouver que quelque part, je ne sers pas à rien et que mon avis est important pour elle. Moi qui suis toujours dans l'optique que je ne compte pour personne, que je ne vaux rien, que je suis inutile sur cette Terre, même si en me voyant on pense directement le contraire: L'homme sûr de lui, qui aime et croque la vie à pleines dents. Comme quoi les apparences sont trompeuses. « y a intérêt! » lui lançai-je en souriant. Les chansons de la jeune femme ont toujours ce don de me faire frissonner à chaque écoute, j'ai beau l'écouter trente fois, je frissonnerai à chaque fois. Les chansons qui nous font cet effet sont rares, ce que fait Tallulah n'est pas juste du commercial, c'est bien plus que ça, c'est un vrai art. Elle est dotée d'un réel talent, et je n'en ai jamais douté. Après ces quelques mots, la jolie blonde attrapa sa veste pour l'enfiler, saisissant ensuite son sac à main. Elle promit ensuite à l'équipe qui travaillait avec elle d'être de retour au maximum deux heures plus tard, et elle finit par retourner à mes côtés. Passant son bras autour du mien et nous nous dirigeâmes vers la sortie, en se souriant mutuellement. « J'ai un tas de trucs à te raconter ! Il s'est passé tellement de choses depuis la dernière fois que je t'ai vu. » Qu'avait-elle de nouveau et d'intéressant à me raconter de son côté? En deux heures nous avons bien le temps de nous raconter notre petite vie. De mon côté, du nouveau il y en a. Un tas de choses, intéressantes pour certaines et inintéressantes pour d'autres. Pour commencer, les retrouvailles avec Apollinaria, la rencontre de Skye. En revanche, ce qui n'a pas changé c'est le fait que je sois toujours riche -heureusement-, et le fait que mon père soit toujours derrière mon dos. Ah oui, ce père qui me lâche pas, toujours derrière moi, j'en ai marre. Mais bon, je ne suis pas en compagnie de mon amie d'enfance pour me plaindre après tout. « racontes-moi tous! Je veux savoir tout ce qui s'est passée dans ta vie durant mon absence. Personnellement, beaucoup de choses de mon côté mais parlons de toi pour commencer. » Nous marchâmes et soudain Tallulah , lâchant subitement mon bras, celle-ci posa une de ses mains sur son front et me demanda « Aaron, attends... » Mon amie d'enfance expira doucement par la bouche, elle s'appuya dos contre le mur de la bâtisse qui s'élevait à nos côtés et laissa sa tête partir en arrière en fermant les yeux.

J'étais pris dans une grande panique, je ne savais pas vraiment quoi faire, encore choqué de ce qui venait de se passer. Ayant peur que Tallulah fasse un malaise, je l'ai portai et nous allâmes nous asseoir sur une des marches de l'immeuble à deux pas. Je basculai la tête de la jeune femme entre mes mains tremblantes, paniquées « ça va? j'appelle les secours? ça va mieux là? ça s'est déjà produit auparavant? » ce n'est sûrement qu'un passage, j'ai entendu dire que c'est la période de la maladie en ce moment, dans quelques minutes cela sera passé, du moins espérons. J'avais peur, peur pour elle. Elle me regardait, les yeux brillants.