Matthew Vryzakis Ҩ Alaska McDaniels

« It's the D Day »

New York City Center, 20h30.
Alaska houspillait ses danseurs tout en s'échauffant. Le stress était monté d'un cran et elle savait qu'elle ne pourrait passer outre. Et aussi que, s'il elle n'avait pas eu ce trac, tout se serait mal passé. C'était donc une façon d'être sûre que tout se passerait correctement, comme elle l'avait prévu. Elle était première danseuse et BalletMistress au New York City Ballet et ne pouvait pas se permettre de commettre une faute pour son premier spectacle depuis plus d'un an. Elle avait travaillé d'arrache pied pendant des mois pour mettre au point quelque chose qui lui correspondait. La question était : est-ce que ça allait plaire aux journalistes présents dans la salle ? Ou autres professionnels venus vérifier son état de santé, de danse, de capacité de diriger ? Levant sa jambe, Alaska s'étira avant d'enlever de sa tête toutes ces pensées. Si elle commençait à se faire envahir par ce genre de réflexions, tout était fichu. Finalement, elle retira sa jambe de la barre, contourna les danseuses qui se maquillaient et décida d'aller vérifier que personne ne manquait à l'appel depuis la demi-heure dernière où elle avait déjà fait cette vérification. Tel un chien de berger rameutant sa troupe, elle faisait le tour de ses danseurs qui étaient tout pour elle. Certains étaient vraiment jeunes, d'autres plus âgés qu'elle mais ils étaient tous une famille. Le lien qui les unissait était vraiment très fort, plus ce que n'importe qui puisse l'imaginer. Et Alaska savait parfaitement que ce n'était pas le cas dans toutes les compagnies, surtout de ce niveau-là. Le NCYB était très réputé et, si ce spectacle rencontrait son public, une tournée était prévue dans le monde. D'ailleurs, ils devaient être en Allemagne dans quelques jours pour la première en Europe. Malgré tout, ce soir était crucial et sa carrière, voire sa vie se jouait sur cette soirée. Alaska se dirigea vers la scène où quelques danseurs se préparaient, s'échauffaient en silence. Quand les filles se maquillaient, les garçons trouvaient toujours le temps de s'échauffer beaucoup plus qu'elles. Alaska avait voulu un spectacle qui ne soit pas trop convenu et les danseurs étaient à peine maquillés, contrairement aux grands ballets classiques qu'elle avait dansé plus jeune. Un jeune danseur, âgé d'à peine 18 ou 19 ans, regardait par le trou du rideau rouge. L'américaine s'approcha de lui et lui fit signe d'aller se préparer. Elle aussi, quand elle était dans d'autres compagnies, elle regardait le public qui s'installait en conversant mais maintenant, elle se contenait. Ca rajouterait un stress inutile. Un instant, elle se demanda si Matthew était venu, s'il avait pu se libérer pour voir son spectacle. Elle fut tentée de vérifier mais se fit violence et retourna vers les loges. Elle attrapa elle aussi du mascara et de l'eye-liner pour se déstresser. C'était le truc des danseuses. Plus le temps passait, plus elles ajoutaient une couche de maquillage. C'était une façon de ne penser à rien d'autre et l'excuse la plus employée était alors "de toute façon, il faut beaucoup appuyer le maquillage pour que ça soit vu dans le public". Soudainement, Alaska regarda l'horloge accrochée sur le mur et soupira. Ca y est. C'est le moment T. Le jour où tout se jouait.

New York City Center, 22h15.
Alaska et ses danseurs venaient juste de sortir de scène, épuisés mais heureux. Ils avaient eu le droit à une standing ovation et à trois rappels. C'était bon signe, un excellent signe. Ils avaient salués et avaient oublié leur fatigue, leurs pieds qui criaient au supplice et qui ne demandaient qu'à sortir des pointes. Ils allèrent alors dans la loge, se prenant dans les bras, riant. Tout était fini mais tout commençait.

Alaska embrassait et enlaçait tous ces danseurs, fiers d'eux pour l'instant du moins. Elle savait que, même si les journalistes avait apprécié la représentation de ce soir, tout restait encore à prouver avec la tournée européenne dans un premier temps. Il ne fallait pas se relâcher et, malheureusement, elle avait connu des cas similaires où tout avait plongé car les danseurs avaient crû que tout était fini et plié. Mais pas du tout, tout restait à accomplir et Alaska était là pour le leur rappeler. Mais pas encore, qu'ils profitent. Elle se détacha d'eux, sourire toujours aux lèvres quand elle sentit des mains sur ses hanches, qu'elle reconnut après un petit moment. Son sourire se fit plus franc et plus grand. Il était venu et c'était un encore plus beau cadeau. Elle était d'autant plus fière de ce qu'elle venait de faire, de danser sur cette grande scène. Matthew prit la parole et confirma ce qu'elle pensait au fond d'elle-même. « C'était magnifique, Alaska. » Alaska se retourna pour lui faire face avant de poser furtivement une main sur sa joue pour le remercier. Elle était consciente que son spectacle était réussi et ce n'était absolument pas de la vantardise, juste du bon sens. Malgré tout, les journalistes n'avaient pas encore rendu leurs papiers et la tournée commençait. « Tout le monde dans la salle a adoré, vraiment. Pari gagné ? » La jeune américaine hocha la tête avant de confirmer, laconiquement, par la parole « Ca semble bien parti... ». Elle plongea ses yeux dans les siens avant de sourire de nouveau. Elle était ravie qu'il soit venu, ça signifiait beaucoup pour elle et il avait réussi à se libérer pour venir la voir elle et rien qu'elle. Il avait laissé un temps ses enfants, son boulot et sa vie de tous les jours pour venir voir un spectacle de danse classique alors qu'elle ne l'imaginait absolument pas aller dans ce genre d'endroits du genre opéra ici. D'ailleurs, un sourire malicieux prit place sur ses lèvres et elle demanda « Tu as réussi à survivre pendant presque deux heures ? »

Puis, elle lui prit la main avant de l'emmener dans sa loge. Ils étaient en plein milieu du couloir et gênaient les personnes qui souhaitaient passer. Sans compter que l'endroit n'était pas des plus calmes et des plus reposants. Une fois arrivés dans sa loge privée, Alaska lâcha sa main avant d'attraper un pull qu'elle enfila pour ne pas prendre froid ainsi que des bas en laine pour couvrir ses mollets. Elle s'assit avant d'enlever ses pointes qui la souffrir. Danser pendant autant de temps sur de tels chaussons était un supplice et les pieds des danseuses n'étaient pas vraiment beaux à voir... Alaska mit à la place des chaussons de danse plats et elle se releva pour poser sa jambe sur la barre afin de s'étirer. C'est seulement à ce moment qu'elle se rendit compte de la présence de Matthew et elle lui demanda, sans se retourner, posant son haut du corps sur sa jambe tendue « Tu as réussi à trouver quelqu'un pour garder tes enfants ? A moins que tu ne les avais pas aujourd'hui... » Soudainement, on frappa à la porte et Alaska se mit à crier « Entrez ! » Un de ses danseurs passa une tête dans l’entrebâillement de la porte avant de déclarer « Y a toute une farandole de journalistes qui t'attendent. Sans compter les admirateurs. Je les rembarre, comme d'habitude ? » Alors qu'il parlait, la danseuse soupira. Elle n'avait nullement envie de les contenter ce soir. C'est pourquoi elle hocha la tête avant de répondre, d'un voix un peu lassée « Ouais. Ils m'ont tiré dans les pattes pendant trop longtemps pour que je leur fasse plaisir si tôt. Qu'ils rament un peu. » Puis, elle remarqua le regard interloqué de son danseur vers Matthew et déclara, sourire aux lèvres « Merci Serafim. »

« A propos de ça – » Alaska fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'il allait lui dire ? Il y avait un problème ? Elle n'était pas vraiment sûre de vouloir savoir ce qu'il voulait dire. Tout en espérant que Serafim ne soit pas trop long pour que Matt puisse lui dire enfin ce qu'il avait sur le coeur. Puis son danseur lui laissa enfin seul, allant dire de façon la plus polie possible -du moins, elle l'espérait- ce qu'elle lui avait dit aux journalistes. Alaska n'avait nullement envie d'aller parler à ces charognards qui l'avaient descendue en flèche dès qu'elle avait eu un passage à vide dans sa vie. D'ailleurs, ils avaient accéléré sa venue aux enfers et avaient maintenu la tête dans l'eau. Maintenant qu'elle essayait de vivre enfin sa vie, en se limitant dans les excès qui avait précipité sa chute, elle n'avait nullement envie de leur faire de grands sourires. Qu'ils attendent un peu, qu'ils trépignent d'impatience, qu'elle se fasse attendre. En plus, elle préférait -et de loin- rester dans cette pièce avec Matthew. Quoique. Il suffit qu'il prenne la parole pour qu'elle commence à douter un peu de son envie... « Je disais, je voulais te parler à propos de ça. C'est mon ex-femme qui s'occupe d'eux ce soir, mais ils sont chez moi. » Nouveau froncement de sourcils. De quoi il parlait ? Elle jouait à la babysitter à l'appartement de Matt ? Après tout, ils faisaient ce qu'ils voulaient et tant mieux s'ils s'entendaient bien. Pour les enfants. Pour les exs, elle n'en savait rien et préférait ne pas savoir.

Finalement, Alaska continua de s'étirer pendant que Matthew continuait son explication. Car apparemment, elle ne s'arrêtait pas là. « Quelque chose est arrivé, en fait. Elle a eu un souci dans sa nouvelle maison, c'était une invasion d'acariens et en faisant les analyses, les spécialistes ont découvert que toute la maison était rongée. Alors, en attendant que toutes les rénovations soient faites, elle et les enfants vivent chez moi. » Cette fois-ci, complètement surprise et ne s'attendant pas à ce genre de révélation. Elle lâcha sa jambe avant de s'asseoir sur un siège devant le miroir, entreprenant de s'enlever la couche de maquillage qui l'obstruait l'esprit et le visage. « Oh. » Puis lâcha de nouveau « Oh. Je... vois. C'est... bien que tu l'accueille chez toi... que vous vous entendiez bien... » Enfin, sentant qu'elle s'embrouillait un peu, elle inspira un grand coup avant de demander, mine de rien « Et... vous vous entendez bien genre... bien bien ou... plus ? ... »

Alaska était un peu inquiète quant à la réponse qu'allait lui fournir Matthew. Après tout, elle n'était pas sûre de comment elle serait en compagnie de son ex. Quoique si, sans doute qu'elle le frapperai, l'insulterai et lui donnerai envie de partir à l'autre bout de la terre afin de ne pas avoir à subir les remontrances et les insultes d'Alaska. Car la jeune femme était complètement antagoniste à ce que son prénom pouvait présager. On aurait pu penser d'elle qu'elle était une femme renfermée sur elle-même, froide et sans coeur mais il n'en était rien. Elle était particulièrement vive et réagissait toujours de réaction spontanée, ce qui était parfois mal interprété ou tout simplement surprenant. C'est pourquoi elle tentait maintenant de réfréner ses envies et de paraître "normale". Elle avait donc demandé d'une façon tout à fait correcte s'il se passait quelque chose entre Matt et son ex-femme. S'il paraissait un peu gêné ou qu'il hésitait, elle ne le lâcherai pas et se permettrait de crier ses quatre vérités à la figure (qu'elle soit vraies ou non).

« Oh, non, non. Je te l'ai dit parce que je trouvais ça plus juste, enfin... » Soulevant un sourcil, Alaska attendit la suite. Il trouvait cela plus juste ? « Je pense avoir compris le message quand je t'ai caché que j'avais Toyiah et Mason alors je préfère te le dire, mais c'est juste le temps de quelques semaines. » Cette fois-ci, la jeune américaine éclata de rire à l'écoute de la première partie de la phrase. Elle avait pourtant eu l'impression de ne pas s'être complètement laissée aller et qu'elle avait été "correcte", enfin, pour elle du moins. Mais elle savait qu'elle avait des réflexions un peu bizarres de temps en temps... « Il se passe rien avec elle, et il se passera rien, si ça t'inquiète. Mais si c'est possible, je préfère rester en bons termes avec elle. » Alaska hocha la tête d'un air circonspect. Elle sentait comme un malaise chez lui mais n'était pas sûre de pouvoir mettre un doigt sur ce qui la gênait. Etait-ce le besoin de Matthew de se justifier ? Sa gêne ou sa maladresse ? Elle n'était pas sûre mais ne voulait pas vraiment savoir. Pas ce soir, pas encore des engueulades ou des discussions interminables. Elle voulait juste profiter. « Depuis qu'elle est là, les enfants sont tout le temps à la maison, et je crois que j'ai jamais été aussi proche de Toyiah que ces derniers jours. J'ai passé ces dernières années à les voir à peine et... ça fait juste vraiment du bien de pouvoir les voir grandir. » Son sourire se fit cette fois-ci beaucoup plus naturel et simple. A chaque fois qu'il parlait de ses enfants, son visage s'illuminait et il semblait heureux, tout simplement. Elle posa la dernière lingette et, après un dernier regard vers le miroir pour vérifier qu'elle n'avait plus de traces de maquillage sur son visage, elle se leva et se dirigea vers Matt, sourire aux lèvres. « Ils doivent être ravis de te voir tous les jours. Quoique... » s'exclama-t-elle, malicieuse. « Et... ils vont rester longtemps ? » demanda-t-elle finalement, un peu inquiète tout de même.

« Ils sont plus que ravis ! » Alaska eut un sourire. Elle se doutait bien que les enfants devaient être ravis. Elle-même avait été enfant et, à chaque fois qu'elle rentrait chez elle pendant les vacances de Noël, elle se jetait au cou de ses parents, bien qu'elle soit adolescente. Elle était vraiment elle quand elle rentrait dans le Colorado et se fichait bien d'être vue comme une gamine pourvu qu'elle était dans sa famille, près de ses frères et soeurs et ses parents. Elle était ravie de les voir et entendre Matthew parler des siens ne faisaient qu'amplifier ses propres souvenirs. « Je les emmène à l'école, je les couche, et même quand je suis pas à la maison quand ils s'endorment, je sais que je pourrais les voir en rentrant, c'est... Ça a pas de prix. » Son sourire se fana brusquement. Elle comprenait les mots qui sortaient de sa bouche mais n'arrivait pas à les comprendre vraiment, à s'imaginer Matt en père de famille modèle prenant soin de ses enfants, les aimant et les chérissant. Elle-même n'avait pas d'enfants et n'imaginaient pas en avoir à moyen terme alors elle ne vivait pas la même chose que lui...

Finalement, elle demanda combien de temps ils allaient rester, un peu inquiète. « Je sais pas exactement, quelques semaines, comme je t'ai dit. La vermine risque de mettre du temps à être anéantie. » La jeune américaine fit la moue, pas vraiment persuadée qu'il fallait autant de temps pour venir à bout des acariens ou quoique ce soit. Ca semblait beaucoup trop. Alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre, Matt claqua ses mains devant lui avant de s'exclamer « Mais on est pas là pour parler de moi ! Ton succès. Ça mérite d'être fêté. » Alaska eut un sourire avant de s'approcher encore de Matthew avant de l'enlacer et de se détacher et de lui lancer un regard lumineux. Il avait raison, assez parlé de choses désagréables, autant profiter. « Tu as raison. Il faut juste que je parle un peu aux autres... » Après un dernier sourire, elle sortit de la pièce avant de rejoindre ses danseurs dans le couloir, encore en train de parler et de refaire dans tous les sens le spectacle. « Ok les gars. Vous avez le droit de fêter dignement ce soir mais... je vous attends dès demain matin ! Je vous fait une fleur, rendez-vous à 8h30 ! » Alors qu'un tonnerre de paroles retentissait, Alaska les quitta, sourire aux lèvres. Elle revint dans sa loge avant d'éclater de rire tout en refermant la porte. Elle se tourna vers Matt, se mordant la lèvre pour réprimer son rire. « Si tu avais vu leur tête ! »

Alaska était ravie du coup qu'elle venait de faire à ses danseurs, voir leur tête avait été sa récompense ultime. Ils avaient l'air si dépités en un instant qu'elle espérait bien qu'ils tirent moins sur la corde ce soir et qu'ils soient moins la tête dans le brouillard demain matin. Elle détestait faire travailler ses danseurs lorsqu'ils étaient sortis et avaient bu plus que de raison. Ils étaient incapables de tenir sur leurs jambes et n'avaient plus aucun équilibre. En plus, ils étaient particulièrement irritables et se croyaient tout permis. Ils se plaignaient et étaient complètement inutiles. Raison de plus pour leur mettre un peu la pression pour qu'ils n'abusent pas trop. Alaska se posa alors à côté de Matthew, le sourire éclatant toujours aux lèvres. « J'imagine plutôt bien. Enfin, t'étais sérieuse ? Vous allez reprendre dès demain matin ? » La jeune américaine hocha la tête, subitement très sérieuse. Elle ne rigolait pas sur ce point et se trouvait déjà très généreuse de leur avoir offert une demi-heure de plus que l'heure habituelle. « Bien sûr ! Tu n'as pas vu les pointes de Lisa pendant le deuxième acte ? Ou le pas de bourrée dessus-dessous de Jeff complètement raté ? » Elle secoua la tête de droite à gauche, rien que de se rappeler tout ce qui avait raté pendant son spectacle lui donnait envie de donner un gros coup de pied dans les fesses de ses danseurs et de travailler tout de suite.

« Vous méritez plutôt de vous reposer. » Alaska fit la moue, pas vraiment convaincue. Elle n'aurait pas vraiment employé ce genre de mots pour qualifier le travail enduré. Certes, ils avaient beaucoup travaillé mais ça n'était pas fini et nombre de personnes l'oubliaient. « Et toi aussi, je pense pas que tu fasses de très longues nuit. » Nouvelle moue, cette fois-ci plutôt coupable. Il était vrai qu'elle ne dormait pas vraiment ces derniers temps. Elle souleva son regard pour croiser celui de Matthew comme une enfant prise en faute. « C'est sur tes épaules que tout le spectacle a pesé. » Elle esquissa un léger sourire avant de répondre « Oh, tu sais, la danse est tout ce que j'ai. Quand j'ai arrêté pendant une année pour faire le tour du monde, la danse me suivait partout et le spectacle que tu as vu là est le résultat de toutes les idées qui me sont venues aux quatre coins du monde. Que ce soit en pleine brousse ou dans les montagnes de l'Himalaya. Ce spectacle est une ode au voyage et à la danse. Au voyage du corps. » Elle médita quelques instants ce qu'elle venait de dire avant de reprendre, sourire en coin « J'aurais dû l'appeler comme ça en fait mon spectacle ! »

« Allez. T'as faim ? On peut trouver un endroit sympa pour manger un bout, si tu veux. » Elle hocha la tête avant de répondre en riant « D'accord, mais pas quelque chose de trop gras, je veux réussir à me bouger demain à 8h30 ! »

« Ton titre est très bien Alaska, ton spectacle aussi. » Alaska lui lança un sourire reconnaissant. Il avait vraisemblablement bien compris que, dans l'état où elle était, la meilleure des choses à faire était de la calmer et de faire descendre toute la pression qu'elle pouvait avoir encore sur les épaules. Ce n'était donc pas le moment pour déclencher une polémique ou mettre encore le bordel dans sa tête et il avait finement joué. Elle apprécia ce moment, apprécia qu'il vienne la voir, qu'il prenne le temps de venir et de rester avec elle. Elle se sentait bien en sa compagnie, sans pouvoir expliquer pourquoi. Peut-être que c'était ça finalement "être en couple", juste se sentir bien avec la personne, avoir envie de rester le plus de temps possible avec elle et de ne penser à personne d'autre, à rien d'autre. Et, pour l'instant du moins, c'est ce qu'elle ressentait. En plus, son spectacle s'était parfaitement bien déroulé et elle n'avait rien de désagréable dans la tête.

Puis, ils se dirigèrent vers la voiture et il lui ouvrit la portière. Elle le gratifia d'un sourire avant d'y monter et de s'installer confortablement dans la voiture tout aussi confortable de Matthew. Ils décidèrent ensuite de prendre quelque chose à manger et elle lui demanda de faire attention à pauvre estomac qui subissait un régime draconien depuis quelques temps. Dans ce métier, elle ne pouvait pas se permettre d'avoir ne serait-ce qu'un kilo en trop. Etre dans la moyenne, c'était déjà trop gros et Alaska ne pouvait pas nier qu'elle avait des atouts féminins plutôt conséquents et attirants qui ne se fondaient pas vraiment dans la norme des danseuses étoiles où la planche à pain était plutôt de mise... « Je connais un endroit pas mal, c'est qu'à quelques blocs de chez toi en plus. Et si t'es crevée, on peut prendre à emporter ? » Un sourire malicieux prit place sur le visage de la jeune américaine avant qu'elle ne le tourne vers Matthew et réponde, avec une moue lascive « Je crois que je préfères qu'on prenne à emporter... » Elle se mordit la lèvre avant laisser courir son index le long de la joue de Matthew, un léger sourire toujours accroché aux lèvres.

Alaska avait envie de ne pas penser à la danse pendant une soirée, de profiter juste de l'instant présent. Et il y avait Matthew à ses côtés, que demander de mieux ? Elle serait incapable de dire où ils en étaient mais en ce moment précis, elle se sentait juste bien, heureuse d'être là, que tout ce soit bien passé et qu'elle puisse rentrer sereine chez elle. Sereine, mais épuisée tout de même. Même si elle ne voulait pas l'admettre, elle était très fatiguée et s'écroulerait probablement dans son lit dès qu'elle serait dans son appartement. Elle fit toutefois comprendre à Matthew qu'elle ne comptait pas vraiment dormir, du moins, pas tout de suite. « Je vois... » Son sourcil se releva et un sourcil se forma, malicieux, sur sa bouche. Il avait compris et c'était tout ce qui comptait. La fois où elle l'avait repoussé semblait loin maintenant et elle n'était pas du tout dans la même optique. Elle était sûre de ne pas le repousser cette fois, ou alors à moins qu'il ait d'autres enfants cachés qu'il s'amuserait à lui raconter... « A emporter, alors. » s'exclama-t-il et il accéléra. Alaska éclata alors de rire avant de se rapprocher encore un peu plus de lui. Au moins, il n'était pas réticent...

Ils prirent leur repas assez rapidement avant de finir le chemin à pied, profitant du beau temps et relativement chaud encore. Il la prit par l'épaule tandis qu'elle glissait son bras à sa taille, sourire aux lèvres. Elle inspira un grand coup l'air, remarquant que ça lui faisait vraiment du bien de marcher dans de telles conditions. « Ca fait du bien de sortir un peu de tout ça... Les cours, le boulot, c'est beaucoup trop stressant. » La jeune américaine tourna son visage jusqu'à voir celui du grec, attendant qu'il en dise plus. Mais il ne dit pas un mot de plus et elle demanda « Tu bosses sur quoi en ce moment ? » C'était une des raisons pour lesquelles elle ne pouvait pas dire où ils en étaient tous les deux. Ils n'étaient pas comme un couple normal qui parle de tout et de n'importe quoi, qui se raconte sa journée, ce qu'ils font. Et Alaska était décidée à y remédier.

GOD. Ta signature