Enzo était complètement perplexe : dix minutes plus tôt, il avait eu l'impression de se retrouver en face d'un miroir en pleine rue. Alors qu'il se rendait près de chez lui pour acheter de nouvelles cordes de guitare dans un magasin de musique reconnu, le jeune homme était tombé nez à nez avec sa réplique parfaite. Et quel choc ! Il était resté une bonne minute sans savoir quoi dire, dévisageant celui qui lui faisait face en se demandant si il était bien réveillé. De toute évidence, il l'était, et ça ne rendait la scène que plus bizarre encore. Il avait presque été tenté de pousser la silhouette en face de lui du doigt pour s'assurer qu'il ne passerait pas à travers, ou que ce n'était pas une illusion, un miroir justement, mais il s'était vite fait la réflexion que son double n'avait pas les mêmes vêtements que lui & qu'il ne bougeait de toute façon pas de la même façon que lui.

Pour ce qui était de dévisager Danjel, Enzo n'en avait pas encore terminé ! Après le flottement qu'avait provoqué leur face à face, le jeune homme avait rapidement repris ses esprits et, se disant amusé par leur ressemblance, s'était brièvement présenté. Finalement, il était plus perturbé qu'amusé, car bien vite se posa une question : étaient-ils des sosies, ou était-il la première piste qu'Enzo ai jamais eu pour savoir d'où il venait ? Avait-il un jumeau ? Adopté dans un orphelinat péruvien à un an, sans origine ni même un simple prénom ou une date de naissance à laquelle se rattacher, il ne pouvait pas vraiment le savoir.

Restant plutôt mystérieux sur ses intentions, Enzo avait gardé un ton décontracté en finissant par proposer à Danjel de venir boire une bière chez lui, à quelques pas de là. Et voila qu'il se retrouvait dans sa cuisine, pendant que Danjel avait pris ses aises dans le salon adjacent. L'hispano-américain sortit deux bières du frigo & les décapsula rapidement grâce au coin de la table. Il s'autorisa un instant pour prendre une profonde inspiration & retourna finalement au salon, où son double avait pris place sur le canapé faisant directement face au fleuve. Lui tendant l'une des bières, Enzo s'assit sur le fauteuil à côté & se remit à dévisager Danjel. Peu désireux d'être cependant pris pour un psychopathe, il s'arrêta bien vite et se racla la gorge. « Et donc, t'es d'où exactement ? » lui demanda-t-il avec une curiosité d'apparence innocente.

C'était par pur hasard que Danjel se baladait dans les rues de Williamsburg, son casque sur les oreilles avec de la musique électronique lui faisant battre les tympans. C'était donc par pur hasard qu'il s'était retrouvé face à un jeune homme qui, il fallait le dire, lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Ayant laissé pendre son casque autour de son cou, il s'était rapidement amusé de la situation, rigolant sur cette folle ressemblance. Il était loin de s'imaginer que quelqu'un sur cette terre pouvait autant lui ressembler, qu'il avait un sosie. Oui, le sosie était la théorie à laquelle il avait immédiatement pensé : contrairement à Enzo, il connaissait absolument tout de sa naissance -du moins, il le croyait- et était persuadé d'être enfant unique. La possibilité d'avoir un frère jumeau ne lui avait donc absolument pas percuter l'esprit et c'est donc réellement amusé par la situation qu'il accepta de suivre Enzo chez lui. Après tout, il n'avait rien à faire, et le jeune homme semblait réellement vouloir faire connaissance, alors pourquoi pas ? Sociable comme il était, il ne pouvait pas refuser.

C'est ainsi qu'il se retrouva assis sur le canapé du salon, attendant le retour du musicien. Coudes appuyés sur ses genoux, mains liées, son regard parcourait les alentours. Il était impressionné par la décoration et l'espace spacieux dans lequel le jeune homme vivait et fut ébloui par la vue. Il était d'ailleurs en train de détailler cette dernière quand Enzo réapparut et lui tendit une bière. Le remerciant, il l'attrapa et en but une gorgée immédiatement, appréciant la fraîcheur de la boisson offerte, remède idéal face à la chaleur qui régnait depuis quelques temps sur New York. « Et donc, t'es d'où exactement ? » Danjel croisa le regard d'Enzo et, sans attendre, il lui répondit, souriant. « Du Brésil, de Rio. » Il aurait pu dire qu'il venait de Buenos Aires, mais non. Bien qu'il soit à présent argentin sur ses papiers, en plus d'être brésilien, il restait très accroché à ses vraies origines. Non pas qu'il n'accepte pas le fait d'avoir été adopté, loin de là ! Mais les dix ans qu'il avait passés dans la favela de Rocinha restaient un souvenir mémorable qui lui collait à la peau, qui faisait partie tout entière de lui. Il était fier de provenir de cette région pauvre dans laquelle tout un chacun se bat pour survivre. « Et toi ? » demanda-t-il naturellement. N'ayant aucune suspicion sur la situation qu'il était en train de vivre, il ne se rendait pas compte que toutes les questions qui étaient posées risquaient fort de l'emmener sur un terrain qu'il ne connaissait pas, un terrain qui risquaient de changer la vie des deux jeunes hommes. Et ça, Danjel n'en était absolument pas conscient et pour preuve : il sirotait sa bière, sourire aux lèvres, sans même penser qu'il avait en face de lui son frère jumeau et qu'Enzo, de son côté, avait cette réalité en tête comme possibilité d'explication de cette folle ressemblance.

Enzo s'était bien évidemment déjà posé des questions sur ses origines, mais il n'avait jamais fait de recherches véritablement sérieuses sur le sujet. Pour lui, ses parents étaient Bob & Monica Donovan, c'était ceux qui s'étaient toujours occupé de lui et dont il ne tarissait jamais d'éloges, tout comme Djal, Lanaya, Hoang, Marco & Desna, ses frères & soeurs, qui pour leur majorité n'avaient pas la même couleur de peau, étaient sa famille. Il était adopté, mais plutôt fier de l'être, & surtout profondément reconnaissant d'avoir été recueilli par les Donovan. Du coup, se retrouver en face de son sosie lui faisait se poser pas mal de questions. Il n'avait jamais connu de sosies aussi ressemblants, & pourtant il avait connu beaucoup de gens, mais là... Il y avait baleine sous gravillon, il le savait sans encore l'accepter totalement.

Danjel semblait pourtant détendu, même amusé par cette ressemblance. Avait-il des parents ? Etaient-ils ceux d'Enzo également ? De toute évidence, si c'était le cas, Danjel n'était pas au courant, sinon il aurait probablement eu une toute autre réaction en rencontrant Enzo. « Du Brésil, de Rio. » Buvant une gorgée de bière, le jeune homme garda longtemps la bouteille en bouche pour s'empêcher de montrer son trouble. Faute de pouvoir se raccrocher à une véritable piste avec ça, il pouvait toujours se dire que Dan venait du même continent que là où Enzo avait été trouvé par les Donovan. Le Chili & le Brésil, ce n'était pas si loin que ça... n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce qui aurait pu justifier un tel voyage ? « Et toi ? » lui retourna Danjel, faisant légèrement sourire Enzo qui ne sut d'abord pas vraiment quoi répondre. « Girona, une petite ville en Espagne. » tenta-t-il d'abord avant de se gratter l'arrière de la nuque, pas sûr de la façon dont il pouvait dire à Danjel qu'il craignait d'être, sinon son jumeau, au moins son frère.

Prenant une profonde inspiration, Enzo ne pouvait pas cacher qu'il en avait gros sur le coeur. Il posa sa bière sur la table basse et se gratta le menton un instant avant de se décider à expliquer enfin son trouble à Danjel. « Ecoute, mec, tu vas trouver ça sûrement un peu fou, mais je préfère pas... y aller par quatre chemins. » dévoila finalement le jeune homme en croisant le regard de Danjel, se lançant complètement à l'aveugle, conscient que son double pourrait très bien lui rire à la figure. « J'ai grandi en Espagne, mais je sais pas vraiment où je suis né. J'ai été adopté quand j'étais encore un bébé, au Chili, et j'ai aucune idée d'où je viens avant ça. » lâcha-t-il d'un coup, se demandant si Danjel comprendrait dès à présent le fond de la pensée d'Enzo.

De nature observateur, Danjel ne manqua pas de remarquer que le musicien semblait quelque peu déstabilisé par la situation. Et cela l'amusait d'autant plus. Non pas qu'il adorait voir les gens en face de lui empruntés, mais il trouvait décidément drôle de se retrouver face à un jeune homme qui lui ressemblait traits pour traits. Pauvre petit, si seulement tu savais de qui il s'agissait vraiment... Mais en attendant, il ne prêta pas plus attention à ce qu'il se passait et se contentait de retourner la question à Enzo. « Girona, une petite ville en Espagne. » Ville qui lui était inconnue étant donné qu'il n'avait jamais quitté le sol américain, sud et nord compris. En guise de réponse, il lui adressa un sourire et reprit une gorgée de bière avant de planter son regard sur la vitre donnant sur le fleuve

Ce n'est que quand son hôte reprit la parole que Danjel reporta son attention sur lui, sans se douter que les paroles qui allaient être prononcées allaient changer le cours de sa vie. « Ecoute, mec, tu vas trouver ça sûrement un peu fou, mais je préfère pas... y aller par quatre chemins. » Intrigué, le brésilien fronça les sourcils et appuya à nouveau ses coudes contre ses genoux, tenant sa bière à deux mains entre ses jambes écartées. Enzo lui avait semblé légèrement tendu, et ces quelques mots lui faisait comprendre que quelque chose clochait dans cette rencontre aux yeux de l'hispanique. « J'ai grandi en Espagne, mais je sais pas vraiment où je suis né. J'ai été adopté quand j'étais encore un bébé, au Chili, et j'ai aucune idée d'où je viens avant ça. » Un silence suivi les dires du brun. Ils venaient tout juste de se croiser au hasard dans la rue et voilà que le musicien l'emmenait chez lui pour lui annoncer qu'il ne connaissait absolument rien de ses origines et qu'il avait été adopté. Premièrement, ces paroles remuaient quelque peu Danjel, compte tenu de ce que lui-même avait vécu dans son enfance. Mais principalement, ces paroles le rendait perplexe. « Je suis pas trop sûr de te suivre... » répondit-il, légèrement sur la retenue. Et pourtant, son cerveau s'était déjà activé et s'était mis à tordre le problème dans tous les sens. L'évidence qui lui sautait soudainement aux yeux, il ne voulait pas l'admettre. Non, Enzo ne pouvait pas penser qu'un lien sanguin était à l'origine de cette ressemblance. Se redressant, il partit quelque peu sur la défensive mais resta calme, reprenant même la parole en rigolant, comme pour se prouver à lui-même que tout ce qui commençait à s'éclaircir dans son esprit n'avait aucun sens. « On s'est rencontré y a à peine un quart d'heure et tu me parles de ton enfance comme si on se connaissait depuis des années. Le prend pas mal hein, mais ça me parait... » Il termina sa phrase par une grimace, ne sachant même pas comment qualifier ce qui était en train de se passer. C'était étrange, oui, que le musicien lui parle à coeur ouvert sur un sujet aussi personnel alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes.

De tous les scénarios qu'il avait imaginé où il se voyait retrouver sa famille biologique - ils étaient peu, il n'avait aucune piste et n'en avait jamais cherché une -, Enzo n'aurait jamais pensé se retrouver subitement devant son sosie au point de se demander si ce n'était pas tout simplement son jumeau. Enfin, "tout simplement"... En pratique seulement, parce que la théorie lui échappait totalement. « Je suis pas trop sûr de te suivre... » Ca échappait apparemment également à Danjel, qui semblait légèrement sur la défensive. Evidemment, Enzo n'y était pas allé avec le dos de la cuillère non plus !

La réaction de Danjel était complètement compréhensive, mais Enzo se retrouvait désemparé devant un jeune homme qui, s'il ne comprenait pas, ne voulait juste pas comprendre. « On s'est rencontré y a à peine un quart d'heure et tu me parles de ton enfance comme si on se connaissait depuis des années. Le prend pas mal hein, mais ça me parait... » reprit-il en riant légèrement jaune. Enzo accusa le coup : Danjel n'avait pas vraiment tort, pour le coup. Il s'y était mal pris, et il ne savait toujours pas comment s'y prendre. C'était tellement inattendu ! Retrouver sa famille biologique n'était pas & n'avait jamais été dans le top de ses préoccupations, & voila qu'il se retrouvait devant un probable fait auquel il n'avait jamais pensé : il avait peut-être un frère, peut-être toute une famille quelque part qui partageait son sang. Soupirant, Enzo pensa d'abord à renoncer & commença par s'excuser. « Ouais, désolé... Je voulais pas te mettre mal à l'aise, vraiment. » dit-il en hochant la tête, sincèrement désolé. La dernière chose qu'il voulait était bien se mettre le jeune homme à dos.

Seulement, il ne pouvait pas s'en empêcher, et il ne s'imaginait pas faire tout simplement ami-ami avec Danjel pendant des mois en riant de leur ressemblance sans savoir si en dessous de ça ne se cachait pas de plus plausibles explications. « C'est juste... » ne put-il s'empêcher de reprendre en se grattant la nuque. « Je me suis jamais vraiment posé de questions, et le fait de te croiser comme ça c'est juste... enfin, tu vois, c'est... » Clairement, l'hispano-américain - ou bien était-il brésilien ? - ne trouvait pas ses mots pour se justifier auprès de Danjel, qu'il voyait désormais comme un juge impitoyable qui pouvait se lever à tout moment & sortir de chez lui en le prenant pour un fou. « Je me questionne, quoi... » Conscient qu'il n'arrangeait pas son cas, Enzo soupira longuement avant de se décider à se lever. « Je veux dire, la ressemblance est quand même pas banale, je suis sûre que si ma propre soeur était là, elle saurait pas dire qui de nous deux je suis. » argumenta-t-il sincèrement en levant les bras et en haussant les épaules, baissant les yeux vers Danjel en espérant qu'il accepte de considérer au moins l'éventualité qu'ils aient un lien.

Hochant la tête, Enzo semblait comprendre la réaction de son interlocuteur. « Ouais, désolé... Je voulais pas te mettre mal à l'aise, vraiment. » Comme simple réponse, Danjel lui adressa un bref signe de main, afin de lui montrer qu'il n'y avait pas de problème. Enfin si, la situation était étrange, déstabilisante, mais il n'en devenait pas pour autant mal à l'aise. Et pour ça, l'hispanique ne devait surtout pas s'en faire. Il semblait déjà assez troublé comme ça, inutile qu'il se prenne la tête pour deux.

Un silence plana, silence pendant lequel le brésilien tentait d'éclaircir ses idées quelque peu confuses. Il avait peur de comprendre ce que le musicien sous-entendait dans ses propos, il craignait de l'entendre émettre l'hypothèse que tous les deux pouvaient être liés par le sang. Non, c'était impossible. Il avait connu toute sa famille, il n'avait pas de frère et une ressemblance pareille ne pouvait pas résulté d'un lien de parenté plus large, comme un cousin éloigné. Soufflant silencieusement, il restait silencieux et ce fut Enzo qui reprit la parole. « C'est juste... Je me suis jamais vraiment posé de questions, et le fait de te croiser comme ça c'est juste... enfin, tu vois, c'est... » Danjel le regarda à nouveau, sans rien répondre. Il semblait tellement désemparé face à la situation. À vrai dire, lui aussi se sentait légèrement perdu, sans savoir quoi penser, quoi dire et comment agir. « Je me questionne, quoi... » termina le jeune homme avant d'expirer et de se lever du canapé. Danjel concevait tout à fait qu'il se questionne. Lui-même se posait un tas de questions sur sa mère qu'il n'avait pas connue : comment était-elle, quel était l'éclat de son sourire, la douceur de ses mots ? Des questions auxquelles il ne trouverait malheureusement jamais de réponse alors qu'Enzo, lui, avait certainement encore la possibilité d'en apprendre plus sur sa vraie famille. « Je veux dire, la ressemblance est quand même pas banale, je suis sûre que si ma propre soeur était là, elle saurait pas dire qui de nous deux je suis. » Le brésilien resta coi, gardant ses yeux bruns rivés sur le visage de son interlocuteur. Il détaillait ses traits, son regard, le profil de son nez, la finesse de ses lèvres. C'était tout de même fou : il lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Les mêmes iris marron profond, la même teinte foncée des cheveux, la même forme de visage : il lui était en tout semblable et il est vrai que cela en devenait intriguant. Tellement intriguant que Danjel finit pas détourner son regard, perturbé, et secoua négativement la tête. « Non, c'est pas possible... » lâcha-t-il comme pour lui même avant de regarder à nouveau Enzo. Son coeur se mettait à battre plus vite, affolé par cette évidence qui lui apparaissait trop brutale et irréelle. « Je n'ai jamais eu de frère, comment veux-tu que je... non, c'est impossible. » continua-t-il en finissant par se lever, passant ses mains contre l'arrière de son crâne, s'éloignant quelques pas pour s'approcher de la grande vitre donnant sur le fleuve.

Le regard perdu à l'extérieur, Danjel se sentait soudainement perdre pied. Il commençait à s'aventurer sur un terrain qui lui déplaisait, parce qu'il touchait des parties de son passé qu'il ne voulait pas voir remonter à la surface maintenant, pas devant un parfait inconnu. Et pourtant, il devait se rendre à l'évidence : cette ressemblance ne pouvait pas être le fruit du hasard. Alors, sans réellement réfléchir, il tira son téléphone de la poche de son pantalon et lança un bref regard à son hôte. « Tu permets ? » demanda-t-il par politesse en lui montrant l'objet qu'il tenait en main, le tout avant de s'éloigner et de s'engager sur le balcon extérieur, prenant garde de refermer au maximum la fenêtre coulissante derrière lui pour empêcher Enzo d'écouter la conversation qui allait suivre. Machinalement, il chercha un de ses contacts dans son journal et l'appela. Le bip d'attente lui était insupportable et il se mit à tourner en rond, comme un fauve en cage, attendant que Tiago daigne lui répondre. Il était celui qui l'avait élevé des suites du décès de son père, il était le seul sur cette terre à pouvoir lui répondre. Si Danjel avait un frère, Tiago devait forcément être au courant. Tout à coup, une voix d'homme lui répondit. « Olá Tiago. » commença le jeune homme sans grande conviction. « Olá Dan, está tudo bem ? » « Naõ. Temos que falar... » répondit-il, prêt à lui expliquer la situation et à lui demander ce qu'il en était.

Plusieurs longues minutes après, Danjel raccrocha et planta son regard sur la vue qui s'étendait devant lui. Des larmes scintillaient dans ses yeux, son teint était soudainement devenu livide et son coeur tambourinait si fort que tous les voisins devait en entendre les battements effrénés. Ne désirant pas se montrer faible, il inspira un grand coup pour tenter de ravaler les larmes qui lui chatouillaient les iris, puis il repassa à l'intérieur sans pour autant parvenir à dissimuler comment il se sentait. Se laissant retomber sur le canapé, il resta silencieux le temps de quelques secondes, le regard planté au hasard devant lui. Il passa une main légèrement tremblante sur son visage blanchi, se questionnant sur la manière de rapporter à Enzo la conversation qu'il venait d'avoir. Puis finalement, quand il croisa le regard du jeune homme, il trouva la force de parler. « À moi de pas y aller par quatre chemins... » commença-t-il, se donnant du courage intérieurement. Mais la réalité était trop dure et douloureuse à croire, si bien qu'il dut baisser sa tête un instant pour se ressaisir avant de reprendre, d'une voix légèrement mal assurée. « D'après ce que je viens d'entendre... j'ai bel et bien un frère jumeau. » Et cette phrase voulait tout dire. Cette affirmation tellement improbable et cette ressemblance ne pouvaient que se relier l'une l'autre. « On peut toujours aller à l'hôpital pour faire des tests, mais je crois que toi et moi... » Incapable de terminer sa phrase, Danjel tourna à nouveau son regard, trop faible pour soutenir celui de celui qu'il savait comme étant son frère jumeau dorénavant. Mal, ça faisait trop mal d'apprendre qu'il avait grandi sans lui, dans l'illusion de ne plus avoir de famille dés le moment où son père s'était fait assassiné. Et la vérité était vraiment dure à encaisser pour le brésilien.

désolée pour le passage portugais (en gros : tout va bien ? - non. il faut qu'on parle), j'ai eu envie *.* Et comme mon chéri est portugais, il a pu se sentir utile dans mon monde de RPG oh et tu me diras si tu trouves que j'ai trop fait avancé trop vite, je me suis peut-être un peu trop emportée sur ce coup x)

Enzo ne savait vraiment pas comment s'y prendre : en même temps, on apprenait pas au lycée à dire à quelqu'un qu'on pensait être son frère. Danjel non plus ne semblait pas vraiment savoir où il en était, et Enzo ne manqua pas de remarquer qu'il le détailla longuement après qu'il ai fini de parler, comme si il essayait de trouver le détail qui les différenciait, ou le trait du visage qui pourrait montrer qu'ils n'étaient pas si ressemblants que ça. C'était peine perdue, l'hispanique le savait : il s'était assez regardé dans un miroir dans sa vie pour savoir que là, il se retrouvait devant son reflet quasi-parfait. « Non, c'est pas possible... » lâcha finalement Danjel en détournant les yeux. « Je n'ai jamais eu de frère, comment veux-tu que je... non, c'est impossible. » trancha-t-il tout simplement en se levant, comme pour s'éloigner d'Enzo. Ce dernier n'osa pas répondre ou l'empêcher : c'était son droit de ne pas vouloir le croire, son droit aussi de partir quand il en aurait envie, Enzo ne pouvait pas lui imposer ça, c'était juste... tellement énorme ! Et c'était là, sous leurs yeux ! Ils ne pouvaient pas ignorer ça, sûrement pas avec les circonstances mystérieuses qui entouraient la naissance d'Enzo & son arrivée à l'orphelinat chilien où les Donovan l'avaient trouvé.

Danjel finit par sortir son téléphone de sa poche & se tourna enfin vers Enzo. « Tu permets ? » lui dit-il simplement, ne laissant même pas le temps au jeune homme de répondre - il se contenta de hocher la tête & d'observer la silhouette de son double sortir sur le balcon & refermer la porte derrière lui. Bah, Enzo ne loupait rien, si il appelait au Brésil, il n'y avait aucune chance qu'il comprenne ce qu'il dirait : il avait beau avoir des notions de langues aussi originales que l'hindi ou l'inuktitut, le portugais était un véritable mystère pour lui. Restant d'abord planté là, Enzo finit par reprendre la bière qu'il avait posé & en but quelques gorgées en faisant les cent pas, sans pouvoir s'empêcher de temps à autre de regarder du côté du balcon, où Danjel semblait absorbé dans une conversation. Pour le coup, il aurait effectivement voulu savoir qui il appelait, & de quoi il parlait : avait-il de la famille au Brésil ? Non, s'interrompit-il : il ne devait pas s'emporter, pas alors que Danjel était si réticent & qu'ils n'avaient aucune preuve plus tangible que leur ressemblance aussi troublante que choquante.

L'appel s'éternisait, & Enzo ne tenait plus en place. Il avait eu le temps de finir sa bière & d'en décapsuler une autre, qu'il avait entamée, & il était presque prêt à aller chercher sa guitare pour gratter quelques accords tellement il supportait mal l'attente. Enfin, la baie vitrée s'ouvrit de nouveau sur Danjel & Enzo releva les yeux sur lui. Le brésilien était blême, et aussitôt, Enzo fronça les sourcils et se leva avec anxiété. « À moi de pas y aller par quatre chemins... » lui dit-il lorsqu'il croisa son regard. Enzo accorda - difficilement - à Danjel un instant pour se reprendre, mais ça ne fit que le rendre encore plus stressé & si il attendait encore un moment de plus, son coeur allait sûrement sortir de sa cage thoracique pour venir lui dire bonjour. « D'après ce que je viens d'entendre... j'ai bel et bien un frère jumeau. » La phrase était tombée, & Danjel semblait encore en train de réaliser ce qu'il était en train de dire. Loin d'être ravi, il semblait au contraire de plus en plus mal et Enzo lui répondit prudemment. « Okay... C'est un début. » l'encouragea-t-il, masquant pour sa part définitivement l'enthousiasme qu'une nouvelle lueur d'espoir venait d'allumer en lui. « On peut toujours aller à l'hôpital pour faire des tests, mais je crois que toi et moi... » reprit Danjel, arrachant cette fois-ci un sourire à Enzo, qui s'approcha d'un pas avant de s'arrêter, pas sûr de comprendre ce que Danjel pensait de tout ça et préférant éviter toute explosion pendant qu'il était trop proche : après tout, il ne le connaissait pas, il ne savait absolument pas comment il pouvait réagir ! « Hm, je suis pas sûr que ce soit nécessaire. » lâcha-t-il tout de même, cherchant le regard de Danjel pour lui signifier que leurs faciès similaires valait tous les tests sanguins du monde.

Il aurait sûrement été plus poli d'attendre que Danjel se reprenne, mais Enzo venait tout de même de recevoir aussi un bon coup de massue & la curiosité le rongeait désormais. S'approchant d'encore un pas du brésilien, il hésita un long moment avant de tendre de nouveau à Dan la bière qu'il n'avait pas terminée, comme un gage de paix, et reprendre la parole. « Qu'est-ce que t'as appris, exactement ? » lui demanda-t-il, le ton timide.

Merci Mickaël oh, tu sais quoi, tu devrais l'emmener à Paris avec toi, parce que te montrer à mon père ferait l'affaire, mais ma mère sait que t'es une fille alors ramène ton mec, & prouve lui qu'on est pas ensemble

« Okay... C'est un début. » Un début certes, mais un début trop brutal aux yeux de Danjel. La nouvelle était trop énorme, trop irréelle à ses yeux. Il avait grandi auprès de son père pour les cinq premières années de sa vie et jamais il ne l'avait entendu mentionner l'existence de son frère. Alors apprendre cela de but en blanc, c'était trop pour lui. Il peinait à encaisser la nouvelle. Non pas qu'avoir un jumeau lui déplaisait, au contraire. Mais il avait l'impression que toute la force, tout le courage qu'il avait mis dans sa vie de tous les jours après le décès de son père, en voulant se battre pour sa famille qu'il croyait entièrement décédée, n'avait en réalité aucune raison d'être. Tout s'écroulait autour de lui et, pour la première fois depuis longtemps - depuis la mort de Gabriella précisément - il se sentait faible. « Hm, je suis pas sûr que ce soit nécessaire. » répondit son désormais frère au sujet des éventuels tests génétiques qu'ils pouvaient faire à l'hôpital pour s'assurer de leur lien sanguin. Mais en effet, c'était inutile : les jumeaux étaient fait pour se ressembler comme deux gouttes d'eau, et Danjel avait beau observer chaque traits du visage d'Enzo, il ne trouvait rien qui puisse détruire cette théorie. Ils étaient donc bel et bien frères jumeaux.

Le silence retomba, le temps pour Danjel d'encaisser le coup. C'était difficile, certes, mais à présent, il ne pouvait pas renier Enzo. Premièrement parce qu'il n'avait aucune raison de le faire mais aussi parce qu'il n'en avait pas envie. Si cela risquait d'être compliqué pour lui les premiers jours, il finirait par accepter cette réalité et, il en était sûr au fond de lui, tous les deux s'entendraient très bien. Il avait suffisamment entendu parler de la relation fusionnelle qui unissait généralement les jumeaux. Bien qu'ils aient été séparés les vingt-deux premières années de leur vie, ils ne pourraient que s'entendre. Ce n'est que quand Enzo se rapprocha de lui pour lui tendre la bière qu'il avait auparavant délaissée que l'étudiant le regarda. Le remerciant brièvement, il reprit possession de la bouteille et avala ce qui en restait d'une traite, comme mourant de soif. « Qu'est-ce que t'as appris, exactement ? » lui demanda timidement le jeune Donovan alors qu'il était en train de boire sa bière à grandes gorgées. La bouteille vidée, Danjel la posa sur la table et fixa un instant un point invisible face à lui, cherchant ses mots. Il n'y avait pourtant pas trente-six mille manières de le dire. « On a été victime d'un trafique... » commença-t-il avant de relever son regard pour le planter sur son jumeau. « J'ai oublié de te dire que... qu'on était né dans une favela de Rio. Là-bas, ce genre de crimes est presque normal. » lança-t-il en imitant des guillemets avec ses doigts au moment de prononcer le mot "normal". Il est vrai que les voleurs d'enfants courraient les rues : ils kidnappaient les bébés au berceau pour ensuite les revendre aux gangs des favela de la ville. « Des trafiquants ont tenté de nous enlever tous les deux quelques jours après notre naissance, sûrement pour nous revendre par la suite. Des jumeaux, ça peut être très utile pour un gang... » Passant sa langue sur ses lèvres, le brésilien finit par s'enfoncer dans le canapé en soupirant, encore assommé par la révélation que lui avait faite Tiago au téléphone il y a quelques minutes. « Mais nos pleurs ont réveillé mon... notre père et du coup, ils ont déguerpi en te prenant seulement toi. Il a essayé de te retrouver avec l'aide de son meilleur ami, mais ils ont dû t'emmener très vite à la frontière... du coup, ils ont décidé de ne jamais me parler de toi, vu qu'ils ne savaient pas ce que tu étais devenu. » C'était ce que Tiago lui avait raconté, et il le croyait évidemment. Pourquoi lui aurait-il menti ? Malgré tout, il ne pouvait pas s'empêcher de leurs en vouloir, à lui et à son père particulièrement. Lui qu'il avait toujours vu comme un héros prêt à tout pour défendre son fils, il le voyait à présent comme un lâche qui avait eu peur de dire la vérité. Et les conséquences n'avaient pas été des moindres : Danjel avait grandi dans l'illusion qu'il était sans famille alors que, à l'autre bout du glove, son frère jumeau évoluaient au milieu de sa nouvelle famille sans rien connaître de ses origines. Oui, en ce moment, ce n'était même pas le choc d'apprendre qu'il avait un frère qui déstabilisait le brésilien, c'était plutôt la colère qu'il éprouvait envers son père décédé. Se ressaisissant pourtant, il jeta un nouveau regard à Enzo qui n'avait pas bougé d'un centimètre et lui fit signe de s'assoir. Ils allaient sûrement devoir avoir une longue conversation dés à présent. « Je suppose que tu dois avoir un tas de questions à me poser... » termina-t-il comme façon de lui dire de ne pas se gêner et de lui demander tout ce qui lui passait par la tête. Après tout, il était le seul à pouvoir lui fournir les éléments manquant quant à ses origines et, même si ressasser son passé allait être douloureux, Danjel était prêt à lui raconter tout ce qu'il voudrait entendre.

mais gosh... je vais jamais oser mettre les pieds chez toi surtout ouais

Enzo avait encore du mal à réaliser qu'en face de lui se trouvait son frère jumeau. Et pourtant, c'était tellement évident ! Il n'aurait même pas dû douter en premier lieu du fait qu'ils étaient lié génétiquement ! Et heureusement que le doute s'était installé en lui, qu'il avait fait en sorte de ramener Danjel chez lui ! Avec sa situation, le fait qu'il avait été adopté sans que personne ne puisse dire d'où il venait, qui étaient ses parents et comment il était arrivé jusqu'à cet orphelinat du Chili où il l'avait trouvé, il était évident qu'une personne lui ressemblant autant ne pouvait qu'être en rapport direct avec ça.

Et maintenant qu'on venait de dire à Danjel qu'effectivement, il avait un frère jumeau, il était prêt à mettre sa main à couper que ce jumeau, c'était lui, Enzo ! Leur ressemblance était flagrante &, pratiquement pour la première fois depuis sa naissance, il avait le fol espoir de découvrir qui étaient ses parents biologiques, ce qui les avait poussés à l'abandonner et quelle vie il aurait eu si il était resté avec eux, et avec son frère. « On a été victimes d'un trafic... J'ai oublié de te dire que... qu'on était né dans une favela de Rio. Là-bas, ce genre de crimes est presque normal.. » déclara finalement Danjel après un long silence, plantant son regard dans celui d'Enzo avec une telle intensité qu'il en fit déglutir l'hispano-américain. « Des trafiquants ont tenté de nous enlever tous les deux quelques jours après notre naissance, sûrement pour nous revendre par la suite. Des jumeaux, ça peut être très utile pour un gang... Mais nos pleurs ont réveillé mon... notre père et du coup, ils ont déguerpi en te prenant seulement toi. Il a essayé de te retrouver avec l'aide de son meilleur ami, mais ils ont dû t'emmener très vite à la frontière... du coup, ils ont décidé de ne jamais me parler de toi, vu qu'ils ne savaient pas ce que tu étais devenu. » Pour le coup, ça, c'était une révélation. Dans sa tête, il essayait d'imaginer la scène qu'il avait subi. Lui, vingt-deux ans plus tôt ! Car c'était bien de lui que lui parlait Danjel, lui qu'on avait enlevé pour finalement l'abandonner en déclarant qu'il n'avait aucune valeur.

Alors ce n'était pas un abandon. Lorsque cette information percuta dans l'esprit d'Enzo, le jeune homme ne bougea plus de sa position, immobile & complètement assommé par la nouvelle. Ses parents biologiques n'avaient pas voulu l'abandonner comme il se l'était toujours dit... Et si son adoption par les Donovan restaient une bénédiction, toute la donne en était tout de même changée. Il s'était toujours dit qu'à part Bob & Monica, il n'avait pas de parents du tout, mais si ! Son père, sa mère avaient peut-être passé des années à se demander où il était, ce qu'il devenait, s'il était seul ou si on avait pris soin de lui, si il était en bonne santé, si il vivait bien... « Je suppose que tu dois avoir un tas de questions à me poser... » reprit finalement Danjel, sortant son jumeau de ses pensées.

Toujours aussi chamboulé, Enzo se contenta d'abord d'obéir silencieusement à son frère & s'assit - ou plutôt se laissa tomber - sur l'accoudoir du fauteuil où il avait pris place un peu plus tôt. « Je t'avoue que je suis un peu soufflé, là... » prononça-t-il finalement, demandant par là un instant à son frère pour digérer la chose - bien qu'il doute d'y arriver aussi rapidement. Au fond de lui, il sentait des sentiments contradictoires & puissants l'envahir : la tristesse, la douleur, la colère aussi. L'Enzo venu de nulle part, forgé dans la bonté pure par ses parents adoptifs, n'était plus : seulement, c'était loin d'être ce à quoi il s'était attendu. Il n'avait pas été enlevé, on l'avait arraché à sa famille, à ses parents, à son frère, et pendant presque vingt-trois ans, il avait vécu sans le savoir. La gorge serrée, une question lui vint &, prenant les paroles de Danjel comme un accord, il n'hésita pas avant de demander. « ...Nos parents, est-ce qu'ils sont... à Rio ? » demanda-t-il en relevant un regard presque timide à Danjel.

Des questions, Enzo devait en avoir tout un tas, son jumeau s'en doutait bien. Après tout, ils avaient été séparés quelques jours seulement après leur naissance, il n'avait donc rien connu de Rio et sa favela, rien connu de leurs parents, rien du milieu dans lequel Danjel, quant à lui, avait grandi. « Je t'avoue que je suis un peu soufflé, là... » lui répondit cependant le jeune homme, nécessitant visiblement d'un certain temps pour se remettre de ce qu'il venait d'entendre. L'argentin comprenait tout à fait et lui adressa un bref signe de tête en guise d'acquiescement. Il profita d'ailleurs de ces quelques secondes de répit pour se préparer mentalement aux révélations qu'il allait devoir faire. Parler de son enfance à Rocinha, Danjel n'y avait jamais vu aucun inconvénient. Bien qu'il soit particulièrement heureux d'avoir été adopté à ses dix ans et d'avoir évolué dans un milieu bien plus élevé que celui de Rio, les années ayant précédé son emménagement en Argentine, dans sa nouvelle famille, avaient été les plus belles de sa vie. Cela pouvait sembler paradoxal, car il n'avait été rien d'autre qu'un pauvre gamin ayant été confronté à son indépendance trop top et s'étant rapidement retrouvé orphelin. C'était sans compter le soutien sans faille de ses meilleurs amis et de leurs familles respectives. Peut-être bien qu'il avait perdu sa mère, puis son père, mais Ronon, Gabriela et Naya avaient toujours représenté sa famille de la favela. Et il en avait toujours été particulièrement fier. Pourtant, il savait pertinemment qu'il ne s'agirait pas là de parler de ses jours heureux passés à courir dans les rues de la favela ou sur les plages de la ville avec ses amis. Il allait devoir parler de leurs parents décédés, de détails de son passé que très peu de personnes de son entourage connaissaient réellement. Et c'était ça qui allait être dur pour lui, devoir ressasser ces mauvais souvenirs pour en faire part à Enzo qui était en droit de tout savoir.

Après un silence qui permit à Danjel de remettre ses idées un tant soit peu en place, il entendit son frère s'engager à nouveau dans la conversation. Il reporta donc son regard sur lui et attendit, quelque peu anxieux, qu'il parle. « ... Nos parents, est-ce qu'ils sont... à Rio ? » La question tant redoutée. Il était logique qu'elle soit la première dans l'ordre des priorités d'Enzo, mais son frère avait prié pour qu'il ne s'engage pas directement sur le terrain le plus épineux de tout son passé. À peine eut-il entendu la question de son jumeau que le visage de Danjel se décomposa. Tous les deux venaient d'apprendre leur lien de parenté qui n'était pas des moindres, Enzo venait de retrouver un membre de sa famille biologique et voilà qu'il devait apprendre de but en blanc que ses parents n'étaient pas de ce monde ? Pourquoi diable était-ce à l'étudiant de lui raconter cela ? S'affaissant dans le fond du fauteuil, le jeune homme soupira et répondit dans un souffle « Non... » D'accord, avec le ton de sa voix, niveau réponse, il n'y avait pas mieux pour alerter Enzo. Mais comment pouvait-il sincèrement lui balancer que leurs parents étaient morts ?! Passant ses mains sur son visage, le brésilien tenta de se ressaisir et commença par ce qu'il jugeait être le plus simple à avouer pour lui. « J'ai connu ma mère autant que toi, c'est-à-dire quelques minutes. » déclara-t-il doucement en fixant à nouveau son frère. « Elle était gravement malade et l'accouchement a eu raison d'elle. » Cette révélation n'était pas réellement difficile pour lui dans le sens où il avait grandi avec cette vérité, celle que jamais il ne connaîtrait sa mère parce qu'elle était décédée en lui donnant naissance. « Et notre père, il... » commença-t-il avant de sentir sa gorge se serrer, malgré lui. Détournant son regard qu'il sentait se remplir de larmes, Danjel se concentra pour ne pas craquer immédiatement. La mort de son père avait été difficile à vivre pour lui. Il n'avait que cinq ans quand il avait dû s'échapper de chez lui pour ne pas se faire tirer dessus et avait entendu les coups de feux qui avaient abattu son père. Un souvenir net et précis qu'il gardait de son enfance mais qu'il aurait aimé oublier. Les yeux scintillants de larmes, le jeune homme ne parvint pas à regarder à nouveau Enzo. Il se contenta donc de fixer un point sur la vitre donnant sur le fleuve. « J'avais cinq ans quand il a été abattu chez nous par des membres de son gang... » souffla-t-il douloureusement. Et alors que ces terribles paroles éveillaient ses souvenirs, une larme roula sur sa joue.

meuf j'étais tellement mal pour lui que je sais même pas si j'ai écris quelque chose de cohérent sorry about it

Enzo assimilait tout juste les informations que venait de lui communiquer Danjel. Il était brésilien, lui ! A ses yeux, l'Espagne avait fini par devenir son pays natal, au même titre que les Etats-Unis où il avait passé autant de temps qu'à Girona & d'où son père adoptif était originaire. Sans vraiment qu'il n'en prenne conscience, son esprit se mit à mettre en place tout un contexte : sa vie à Rio. Son regard se leva vers Danjel : se seraient-ils bien entendus, petits, ou auraient-ils plutôt été du genre à se bagarrer comme il avait vu certains jumeaux le faire ? Enzo aurait-il aimé sa vie dans une favela, lui qui, malgré qu'il ai côtoyé la misère de tous les bords en compagnie de sa mère reporter, n'avait connu que les demeures luxueuses et les vacances de rêve, qui ne travaillait pas pour vivre & qui ne l'avait jamais fait ? Aurait-il trouvé la musique comme il l'avait fait, si ça n'avait pas été sous l'impulsion de Bob, ou se serait-il dirigé dans un tout autre secteur ? Ses parents auraient-ils été fiers de lui ?

Ses parents. Ses parents, pour lui, ça avait toujours été Bob & Monica Donovan, musicien, reporter. Il les respectait tellement & leur ressemblait tellement au niveau du caractère que même s'ils ne partageaient pas le même sang, il n'était pas étonnant de savoir que les trois étaient parents & fils. Bob & Monica l'avaient élevé, l'avaient chéri, & il les en avait toujours remercié... Mais maintenant, deux nouvelles images naissaient dans son esprit : ses parents. Ceux dont il avait peut-être les yeux, le nez, la bouche, les cheveux, le menton, le caractère, le rire... Celle qui l'avait portée pendant neuf mois, celui qui avait tenté de toutes ses forces de l'arracher à ceux qui l'avaient enlevé. Alors, forcément, lorsque Danjel lui en donna l'occasion, Enzo ne put s'empêcher de sauter dessus pour en savoir plus pour eux, avec déjà l'espoir de les rencontrer.

Seulement, la réaction de son jumeau ne fut pas celle qu'il attendit. Il se refusa tout de même à toute conclusion hâtive et, légèrement anxieux, attendit qu'il prenne la parole. « Non... » Non ? Etaient-ils autre part au Brésil, autre part dans le monde ? Voyager n'avait jamais été un problème pour Enzo & il savait que s'il en avait vraiment besoin, il pouvait toujours appeler son père qui ferait tout pour l'aider. « J'ai connu ma mère autant que toi, c'est-à-dire quelques minutes. Elle était gravement malade et l'accouchement a eu raison d'elle. » Le regard du musicien s'assombrit & il finit par baisser les yeux. « Oh... » chuchota-t-il simplement dans un souffle. A vrai dire, il ne réalisait pas vraiment : morte à leur naissance... « Et notre père, il... » Enzo releva de nouveau les yeux vers son frère & encore une fois, ce qu'il vit ne le rassura en rien : Danjel semblait tout bonnement bouleversé par ce qu'il s'apprêtait à lui dire. « J'avais cinq ans quand il a été abattu chez nous par des membres de son gang... » lâcha finalement le brésilien après une attente qui parut une éternité à Enzo. Le jeune homme déglutit, cligna plusieurs fois des yeux et baissa la tête, comme si une massue venait de s'abattre dans sa nuque.

Il venait de retrouver ses parents &, tout aussi soudainement, il venait de les perdre de nouveau, sans même avoir eu le temps de les connaître. L'espoir n'avait donc pas duré bien longtemps, & pourtant plus les secondes passaient, plus Enzo se sentait affecté : l'image de ses parents apparue un peu plus tôt s'effaça de nouveau &, tout comme son frère, il sentit ses yeux s'humidifier. La mâchoire serrée, il s'empêcha de se laisser aller. A la place, il conserva un long silence, prenant le temps d'avaler la nouvelle & de bien la digérer. Ca ne l'empêcha pas, lorsqu'il reprit la parole, d'avoir la voix chevrotante. « T'as... une photo d'eux, quelque chose ? » demanda-t-il d'abord, le regard triste : soudainement, il était en deuil. Après un soupir, & sans grand espoir, il reprit tout de même. « Est-ce qu'il y a d'autres membres de la famille ? »

Essuyant avec hâte la larme qui avait fini par s’échapper, Danjel finit par appuyer ses coudes contre ses genoux, liant ses poings pour y caler son front. Yeux fermés il souffla doucement en essayant de prendre sur lui et d’effacer les souvenirs qui étaient remonté en lui. Il avait le deuil de son père, depuis longtemps, et pourtant, cela restait toujours un sujet très sensible pour lui. Sa mère adoptive lui avait toujours répété que c’était normal, que c’était tout simplement le choc de l’avoir entendu se faire tuer qui persistait en lui. Mais Danjel savait que c’était plus que ça. Bien que son père n’avait jamais été très présent pour lui, toujours occupé à rendre service à son gang, il savait pertinemment qu’il l’avait toujours protégé et surveillé, souhaitant la meilleure des vies pour lui. Et, par conséquent, le manque de son père de sang qui veillait sur lui était réellement là et ne le lâchait pas. Il ne le lâcherait certainement jamais.

Chassant au mieux ces souvenirs, le brésilien se focalisa sur un autre détail. Se dire qu’il avait un frère jumeau était encore nouveau et surréaliste pour lui. Et il avait beau retourné le problème dans sa tête, il ne comprenait pas. Pourquoi lui avoir caché l’existence d’Enzo ? Tiago venait de lui expliquer que c’était pour le protéger, pour qu’il ne passe pas sa vie à chercher son frère. Mais se rendait-il seulement compte de ce que cela signifiait ? Il avait un jumeau et n’en apprenait l’existence que maintenant, à l’âge de vingt-deux ans, après avoir passé sa vie séparé de lui. Ils auraient pu grandir ensemble, affronter leurs problèmes ensemble, apprendre à ses connaître dés leur plus jeune âge, ils auraient pu bâtir des liens forts, il aurait pu être sa plus grande aide, la personne la plus précieuse à son cœur, son plus grand confident. Mais rien de tout cela n’avait été possible étant donné qu’il n’avait jamais su qu’il existait, séparé de lui d’une distance incalculable. Alors oui, Danjel sentait la rage monter en lui. Il était en colère contre Tiago, contre son père, parce qu’il avait toujours rêvé avoir de la famille à qui se raccrocher. « T’as… une photo d’eux, quelque chose ? » La question d’Enzo le sortit de ses pensées et il redressa immédiatement la tête, posant ses yeux rougis par les larmes sur lui. « Heu, je… oui. » répondit-il d’une voix mal assurée, encore déstabilisé par sa longue réflexion. Soupirant doucement, il sortit son portefeuille de la poche de son pantalon et l’ouvrit pour en ouvrir la fermeture éclaire de la poche intérieure, poche dans laquelle il avait toujours gardé une photo de ses parents, seuls souvenir qu’il pouvait gardé d’eux réunis. La gardant en main quelques secondes, il observa le tendre sourire de sa mère, ses cheveux noirs ondulés encadrant son visage présentement heureux, et son père, à ses côtés, qui semblait comblé. Un bonheur qui n’avait été que trop éphémère. Puis il finit par tendre la photo à son frère, espérant que cette simple image pourrait l’aider un tant soit peu à connaître quelque chose de ses vrais parents. « Est-ce qu’il y a d’autres membres de la famille ? » Une nouvelle question épineuse. Il n’avait connu aucun de ses grands-parents, tous décédés avant sa naissance. Son père avait été fils unique, sa seule famille ayant toujours été ses amis de la favela. Et sa mère, elle avait bel et bien des frères et sœurs, mais ils avaient tous quitté Rio pour trouver une vie un tant soit peu meilleure. Elle, elle avait préféré rester près de l’homme qu’elle aimait, au Brésil. « On a de la famille en Colombie , mais je ne les ai jamais vus. » répondit-il calmement, conscient que ce ne serait pas une réponse qui conviendrait à Enzo. « Après il y a Tiago. Il ne fait pas partie de la famille, mais c’est comme si… c’est lui qui m’a élevé après la mort de mon… notre père. » se rattrapa-t-il. Il ne savait Enzo comme son jumeau que depuis quelques minutes, et il avait encore de la peine à se dire que ses parents étaient aussi les siens. Il espérait cependant que cela allait lui passer, car, maintenant qu’il connaissait l’existence de son frère, il avait bien l’intention d’essayer de nouer quelque chose avec lui.

Enzo allait sûrement mettre du temps avant de réaliser la portée de tout ce qu'il venait d'apprendre. Et si il n'était pas sorti, aujourd'hui, et si il ne s'était pas retrouvé dans cette rue, à ce moment précis, combien de temps serait-il resté avec son jumeau en frère sans qu'il ne le sache ?

En vingt-deux ans, c'était la première fois que le jeune homme apprenait quelque chose sur sa véritable identité. Tout en lui avait été fait en fonction de son adoption, de son prénom à son orientation pseudo-professionnelle. C'était Bob & Monica Donovan qui l'avaient élevé, qui avaient fait de lui la personne qu'il était aujourd'hui. « Heu, je… oui. » lui répondit son frère - étrange à dire - brusquement sorti de ses pensées avant de sortir une photo de son portefeuille pour la lui tendre. Et voila qu'il se retrouvait avec la photo de ceux qui lui avaient donné ses yeux, sa bouche, son nez, peut-être un peu de leur caractère... Et Enzo fut aspiré dans sa contemplation pendant un long moment, détaillant les visages de ses parents dans les moindres détails. « Ils s'appelaient comment ? » demanda doucement le jeune homme sans quitter le cliché des yeux. Des noms, c'était tout ce à quoi il pouvait se raccrocher, tout ce à quoi il pourrait jamais se raccrocher.

« On a de la famille en Colombie , mais je ne les ai jamais vus. » Enzo hocha pensivement la tête, ne détachant toujours pas son regard de la photo qu'il tenait entre ses doigts tremblants. Si une larme avait pu s'échapper un peu plus tôt & qu'il voyait Danjel bouleversé de reparler du décès de son - leur - père, Enzo avait désormais le visage neutre, mais au fond de lui il était complètement perdu, fixant ses parents sans pouvoir jamais les atteindre. « Après il y a Tiago. Il ne fait pas partie de la famille, mais c’est comme si… c’est lui qui m’a élevé après la mort de mon… notre père. » Il n'y avait que ça. Cette photo, et un ami de son père. C'était tout ce qu'il aurait, pour toujours, qui pouvait le rapprocher de ses origines, ça, et bien sûr Danjel. L'hispano-américain releva les yeux sur son frère et lui adressa un léger sourire triste. « Y'a juste toi et moi... » souffla-t-il doucement. Il n'allait pas non plus s'en plaindre, c'était fou que ce soit arrivé comme ça mais Enzo était loin de regretter de savoir la vérité. Il l'avait cherchée à sa façon, et si elle lui était tombée dessus, il ne la rechignait pas. Et puis, il avait un frère, et un jumeau en plus de ça. Et maintenant qu'il l'avait trouvé & qu'il savait qu'il était sa seule famille biologique, il ne comptait absolument pas le renier. « Alors... t'as vécu à Rio avec Tiago ? Vous êtes venus ensemble ici, à New York ? » demanda-t-il en rendant sans plus oser la regarder la photo de ses - leurs - parents à Danjel, préférant se concentrer sur son frère.

À peine eut-il saisi le cliché tendu par le brésilien que Enzo fut comme happé par l’image. C’était le seul moyen pour lui de se faire une idée de ce à quoi avaient ressemblé ses parents, une photo. Rien de plus. Tout comme Danjel avait connu le visage de sa mère seulement grâce à cette image que son père avait toujours gardé sur sa table de chevet depuis la mort de son épouse. Profitant que son frère soit occupé à détailler la photo et donc du silence qui s’imposait, Danjel se frotta les yeux afin de faire disparaître les larmes qui persistaient. Il avait eu le droit à son quota d’émotions pour la journée et maintenant, il devait se montrer fort et continuer à répondre aux questions de son jumeau sans flancher. « Ils s'appelaient comment ? » La voix d’Enzo brisa le silence, le faisant légèrement sursauter. Replantant son regard sur lui, un léger sourire étira les coins de ses lèvres. « Iasmin et Diego Azevedo. » Ces deux prénoms et son vrai nom de famille avaient toujours sonné comme une berceuse à son oreille. Se rappeler mentalement des prénoms de ses parents l’avaient aidé à se relever à plusieurs reprises, à faire face à la dureté de la vie. Ils s’étaient toujours battu pour que ses parents, qui, il était persuadé, devaient l’observer depuis l’au-delà, soient fiers de lui.

Tout son récit semblait assommer Enzo. Ce qui était totalement compréhensible. Il venait de retrouver son frère, sa famille mais avait aussitôt dû faire face à la terrible réalité concernant la mort de ses parents. Ce n’était pas simple, Danjel le concevait complètement. « Y'a juste toi et moi... » Croisant le regard de son jumeau, il lui rendit son sourire, comme pour le rassurer, pour lui dire qu’à partir d’aujourd’hui, il serait sa famille, sa vraie famille. Pour le brésilien, se dire qu’il avait à présent un frère le secouait. Il avait grandi, depuis ses cinq ans, avec la persuasion d’être seul, sans famille. Et voilà que son jumeau sortait de nul part. Même s’il se voyait frustré et en colère de ne pas avoir connu son existence dès le début, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine joie. Il n’était plus un simple enfant de la favela qui avait été adopté par un couple de riches argentins. Non, il était à présent un des jumeaux de la famille Azevedo. Grâce à Enzo, il retrouvait sa réelle identité, son identité brésilienne, et il n’était plus seul. « Alors... t'as vécu à Rio avec Tiago ? Vous êtes venus ensemble ici, à New York ? » Si seulement c’était si simple. Laissant un rire bref et soufflé s’échapper d’entre ses lèvres, Danjel ne se fit pas prier pour répondre, en haussant les épaules. « Oui et non. » À croire que toutes les réponses qu’il lui donnait étaient ambigües. Cela dit, il n’attendit pas pour donner plus de détails à son frère. « Quand mon père a été assassiné, Tiago m'a directement pris sous son aile et il a tout fait pour m'élever en me tenant loin de ces histoires de gang. » Marquant une pause, il se frotta le menton du bout des doigts et continua. « Mais j'ai été adopté par un couple d'Argentin à l'âge de dix ans. Alors j'ai déménagé à Buenos Aires. Je suis à New York depuis juillet dernier seulement. » Son adoption s’était déroulée sans problème majeure et il avait rapidement pu s’envoler en Argentine pour apprendre à vivre dans un milieu totalement différent. Il n’avait manqué de rien là-bas, que cela soit d’amour familial, d’éducation ou n’importe quoi d’autre. Cependant, il avait également connu le décès d’un proche à Buenos Aires, un meurtre qui l’avait touché encore plus profondément que celui de son père et dont il ne s’était pas encore complètement relevé. Sentant qu’il s’égarait à nouveau dans des pensées macabres, Danjel secoua légèrement la tête et planta son regard sur son jumeau en lui adressant un léger sourire. « Et toi alors, t'as grandi en Espagne, c'est ça ? » Si Enzo avait encore des questions à lui poser, il lui répondrait sans autre. Mais il tenait aussi à en apprendre plus sur lui, car après tout, il était son frère jumeau et sa curiosité le concernant était particulièrement titillée. Alors autant parler également de la vie que lui avait mené, à des kilomètres de l’Amérique du Sud.

« Iasmin et Diego Azevedo. » lui répondit Danjel lorsqu'Enzo lui demanda les noms de ses parents biologiques. Avant de rentre la photo à son frère, Enzo regarda donc une dernière fois ses parents, Iasmin & Diego. Et lui, comment se serait-il appelé s'il avait vécu avec eux ? Enzo était le prénom que les Donovan lui avaient donné, de même que Timoteo & Orlando qui étaient des membres de la famille de sa mère, Monica. C'était toute une identité remise en cause...

Enzo était encore très secoué par ce qu'il venait de découvrir, & il se doutait bien que ça devait être la même chose pour son jumeau. Son jumeau... Encore une fois, Enzo prit le temps de détailler son frère alors qu'il lui racontait ce qui avait rythmé sa vie du moment où ses parents - leurs parents - étaient morts et l'instant présent, où ils venaient de se découvrir. « Oui et non. » Curieux, Enzo fronça les sourcils. « Quand mon père a été assassiné, Tiago m'a directement pris sous son aile et il a tout fait pour m'élever en me tenant loin de ces histoires de gang. » Son père... S'adapter allait être très difficile, mais finalement, Enzo pouvait-il prétendre avoir Diego Azevedo comme père ? Il ne l'avait pas connu, n'avait pas été élevé par lui comme ça avait été le cas pour Danjel... Et il ne le connaîtrait jamais. Diego était-il aimant avec Danjel, malgré le fait qu'il semblait tremper dans des affaires si louches qu'elles avaient causé sa mort ? « Mais j'ai été adopté par un couple d'Argentin à l'âge de dix ans. Alors j'ai déménagé à Buenos Aires. Je suis à New York depuis juillet dernier seulement. » L'expression sur le visage d'Enzo changea et il esquissa un O avec ses lèvres surpris. Adopté, lui aussi ? Finalement, ils n'étaient peut-être pas si différents que ça...

« Et toi alors, t'as grandi en Espagne, c'est ça ? » reprit Danjel. Interpellé, Enzo hocha d'abord la tête avant de s'installer plus confortablement dans son fauteuil. « Oui, enfin... j'ai pas mal bougé pendant toute mon enfance & mon adolescence. » expliqua-t-il avant de hausser les épaules. Il voulait en apprendre plus sur Danjel, & que Danjel en apprenne plus sur lui. C'était récent, mais Enzo le considérait comme un membre à part entière de cette famille multicolore à laquelle il appartenait. « Ma mère est reporter, et mon père musicien, du coup ils nous emmenaient souvent avec eux, moi et mes soeurs. » déclara-t-il. Il avait visité les cinq continents grâce à ses parents, qui en avaient profité pour lui apprendre la vie en même temps. « J'ai trois soeurs et deux frères. A part Marco, on a tous été adoptés... J'ai été le premier. » continua-t-il avant de laisser un sourire éclairer son visage. « Djal & Lanaya sont à New York, les autres à Girona, je... J'aimerais beaucoup te les présenter. Enfin, te présenter à tout le monde. » Conscient qu'il mettait la charrue avant les boeufs, il leva les mains pour calmer le jeu. « Enfin, pas tout de suite hein... Je comprends, c'est un gros morceau à avaler mais... » Il baissa la tête, presque timide : en même temps, on ne demandait pas ce genre de choses tous les quatre matins. « Je voudrais pas, tu vois, qu'on se perde de vue. » lâcha-t-il finalement en relevant les yeux vers son jumeau.