La journée avait été banale, dans le sens ennuyeuse à mourir, faire une vendeuse alors qu'on devait me donner des qualifications au sein de la marque, mais au lieu de ça, on me fait faire choisir des tenues pour les clients, prendre des mesures, gérer la caisse,... Certes, c'est bien d'en connaître un peu la-dessus, mais de là à ne jamais me faire tester une machine à coudre, autre que celle qui traine chez nous, à Calypso et à moi. J'ai bien essayé de la faire s'adonner à l'art de la confection de vêtement, mais soit elle arrivait à un résultat désastreux, où elle arrivait à faire des points assez bizarres et à casser tout le temps le fil de la machine. Enfin c'était assez marrant, j'aime assez l'utiliser comme modèle et je suis fière quand elle porte mes créations, en ce qui me concerne, je fais tout moi-même, bien que parfois je me laisse le plaisir de porter une création où l'on peut trouver une étiquette au dos. J'avais passé ma matinée à négocier avec le gérant une autre fonction que la gérance du magasin, mais comme à son habitude, il m'a gentiment rembarré en me disant que mon heure viendrait, j'avais l'impression qu'il avait appris cette phrase par coeur et qu'il me la sortait quand je franchissais à peine la porte de son bureau, ou quand il me voyait tout simplement. J'étais revenue au magasin, ou mon cher compagnon de boutique, vendeur et égérie de la marque me regardait avec un grand sourire niais. J'étais remonté car trop c'est trop. Je pris mon sac avant même qu'on ait ouvert le magasin et je partais en lui disant « Bon je commence à en avoir vraiment marre ! J'prends ma journée, salut ! » Je ne suis qu'en stage, et ce qui est bien avec ce stage, c'est qu'ils ne peuvent pas me virer, sauf si je fais une faute professionnelle, or ce n'est pas l'cas. Et s'ils leur faut un motif demain, mon médecin sera ravis de me faire un petit mot. Je pris donc le chemin de la maison, à pied, je pouvais tout à fait prendre le métro, mais je n'étais pas loin de mon domicile et aussitôt le matin, je ne dérangeais personne, et puis ça faisait une petite balade matinale revigorante. Je traversais donc les rues, musique dans les oreilles en regardant les alentours, le ciel, la journée s'annonçait claire, mais sans plus, il faisait encore un peu frais, mais il n'y avait aucun problème. Je rentrais donc au bercail, Calypso n'était plus là et j'avais une journée pour m'occuper de moi, enfin m'occuper de ma machine à coudre plutôt. À peine ayant passé le seuil de la porte, que j'avais mis la musique à fond, et je m'étais enveloppé dans une bulle pour faire ce que je savais faire de mieux.

Le temps était passé horriblement vite, je venais juste de finir quand je voyais à l'horloge 18h30. Je n'avais même pas pris le temps de manger, à vrai dire j'avais perdu la notion du temps, j'étais tellement à ma tâche que ça n'en finissait plus, mais le travail était fini et j'étais fière du résultat. Je pris donc le temps de me glisser sous la douche bien chaude pour évacuer toutes les pressions et décompresser un grand coup. « Skye ? » La voix de ma colocataire/meilleure amie, venait de retentir. Elle me retira de mes pensées et je n'avais pas vraiment la force de lui répondre, je me sentais molle et totalement détendue, je mis la tête sous l'eau et crispa mon corps un grand coup, avant de ressortir en prenant une grande inspiration. C'est bon je venais de sortir de mon rituel, je mis le pied-à-terre et me frotta le visage en palpant ma peau par-ci par-là. Je m'habillais en vitesse avec des habits dont j'avais pris le soin de préparer avant de passer sous l'eau. Après avoir passé du noir autour de mes yeux et mis un pointe de crème, et séché mes cheveux, je sortis de la salle de bain sans bruit. Je mis la tenue que je venais de créer dans une housse et je la posais sur le canapé. Je vis Calypso pensive à la fenêtre en train de fumer, je me mise à côté d'elle, je lui piquais sa clope avant de tirer un grand coup de dessus et de me laisser imprégner lentement, puis je lâchais la fumée en un fin filet d'une longueur interminable avant de lui redonner la cigarette dont il en restait plus que le filtre (ou presque). Dans un soupire je lui dis : « Haa, ça fait du bien. Bon tu vois la housse sur le canapé tu la prends et tu te changes ok ? » Je n'ai jamais été démonstrative, pas le moins du monde d'ailleurs. Alors le simple fait de lui faire plein de tenues était pour moi un grand acte, l'important pour moi, c'est qu'elle sache que je l'aime, sans que j'ai besoin de lui dire, le lui faire un câlin ou des trucs comme ça. J'avais fait au court de la journée une robe noire avec un bas plume qui lui irait très bien. L'avantage c'est qu'on a à peut près la même taille, bien qu'elle soit plus grande que moi.

« C'est ta façon de me dire que j'dois arrêter c'est ça ? » Je regardais Calypso avec un grand sourire. La voir en cette fin de journée de travail acharné me faisait toujours du bien, et je savais très bien qu'elle me soutient à fond dans mon projet de devenir styliste. C'est tellement galère d'avoir quelque chose là-dedans, qu'il est toujours bon de pouvoir compter sur quelqu'un. Je n'ai jamais voulu baisser les bras, non je suis assez forte pour ça, j'ai juste voulu casser quelque chose ou frapper quelqu'un de temps en temps, je suis assez forte pour ça aussi d'ailleurs. Il est vrai que je venais toujours à lui piquer ses clopes en cours, mais c'est quand je n'ai pas eu une seconde à moi pour ça. Je me dis que je devrais m'instaurer des pauses clopes, mais au final, la machine à coudre m'habite tellement que je ne peux pas m'en détacher. Sur le coup je me demandais bien ce que je préférais, mais je crois que la machine à coudre l'emporte par-dessus tout. « Ah pour ça c'est toi qui vois, amis c'était si tentant. » Je lui fis un sourire innocent qui passe généralement très mal avec moi, et oui la bouille d'ange ne passe pas vraiment sur moi, mais au moins ça marchait avec Calypso, avantage ?

Elle alla donc prendre la housse sur le canapé pour s'enfermer avec et se changer. J'étais accoudée au bord der la fenêtre humant l'air pollué de la grosse pomme. Je m'étais faite à cette ville, c'était sûr, c'est tout de même une des capitale de la mode, alors c'est ce que j'aimais et j'étais loin d'aimer les coin campagnard, ou perdu, j'ai besoin d'action de vie de marche, de klaxons, de voitures jaune, de métro crasseux,... Il faut avoir du caractère pour vivre dans une ville telle qu'elle et ne pas avoir un frisson durant les nuits les plus noires. Ce que je n'aimais pas dans New-York, c'est bien l'upper east side, et j'étais bien contente de loger à Greenwich village. « Skye, elle est réellement magnifique. » Je souris bêtement à la fenêtre, ça ne m'étonnais pas de Caly, en même temps je sais ce qui va lui faire plaisir et ce qui ne va pas lui faire plaisir. Je ne suis pas étonnée non plus quand certains de mes habits disparaissent mystérieusement de ma penderie un jour pour apparaitre comme par magie sur le corps de Caly. Ça ne me dérangeait pas après tout, avec ça elle me faisait comme de la pub, et j'étais sûre qu'elle était bien habillée, à mon goût. Sauf quand elle associait mal les pièces entre elles. Elle avait réussi à me faire hurler un jour quand je l'ai vu dans un jean boyfriend mal retroussé avec un haut à fleur tout à fait affreux et des basket montantes. Je sais qu'on en peut pas avoir tous les jours la bonne tenue, mais là c'était parti assez loin, et quand je l'ai vu j'ai tout de suite pris un tenue que je lui ai obligé à mettre.

« Observe ton chef-d'oeuvre ! » Elle s'avança dans le couloir en imitant une démarche qu'on pouvait voir sur les podiums je le regardais en regardant ce qui n'allait pas à la robe et sa démarche qui s'améliore, mais qui est loin d'être parfaite. « Alors ? Qu'est-ce que t'en pense ? » Elle était toute souriante comme d'habitude, et me fit un demi-tour avec le plus de contrôle possible. Je pris un fil et une aiguille me penchant vers elle en faisant quelques petites retouches avant de me sentir vraiment fier de mon modèle. J'avais de la chance que Caly soit d'une taille proche des perches du mannequinât, mis à part que je le trouvais beaucoup plus belle et plus en forme que toutes ses planches. Je prenais un malin plaisir à l'habiller et lui apprendre un peu le métier, et elle se faisait une joie de défiler pour moi. « Tu sais j'ai bien eu assez de temps pour l'observer toute la journée. Un petit point ici et là. Maintenant tu es parfaite elle te va à ravir ! »