Lorsque son réveil s’était mis à sonner, LJ avait déjà la tête dans la cuvette en train de ‘savourer le bonheur’ d’être enceinte. Depuis quelques semaines déjà, la jeune femme connaissait les odeurs devenues insupportables au point de lui soulever le cœur, les nausées matinales qui vous prennent – étrangement – à n’importe quelle heure de la journée, les sautes d’humeur, la fatigue importante, l’hypersensibilité, la poitrine gonflée et douloureuse, cependant LJ encaissait sans se plaindre parce que ce futur enfant – aussi imprévisible soit-il – elle le voulait plus que tout. Dès qu’elle avait su, Leroy fut bien évidemment la première personne à en être informée et elle fut soulagée d’apprendre que même si leur histoire venait tout juste de débuter, il le voulait tout autant qu’elle et ne comptait pas l’abandonner. Cependant, Leroy avait soulevé un point important qu’LJ avait légèrement oublié : son insuffisance cardiaque. Etait-il sage d’avoir un enfant dans son état ? L’australienne l’avait aussitôt rassurée sur ce point ; elle se sentait parfaitement capable de mener sa grossesse à terme, mais Leroy avait tout de même insisté pour en avoir le cœur net et ils avaient tous deux convenus d’un rendez-vous à l’hôpital de Lennox Hill pour y suivre toute une batterie d’examens.
Leroy avait passé la nuit chez elle, mais il avait quitté l’appartement au petit matin sans que la jeune femme ne s’en aperçoive et lorsqu’elle s’était réveillée, sa main avait tâté la place vide et froide de l’agent de la CIA, lui arrachant un petit grommèlement de frustration. Finalement, LJ avait été surprise par cette violente nausée qui l’obligea à quitter la douceur réconfortante des draps toujours imprégnés de l’odeur de Leroy. Une fois remise, la jeune femme s’était affairée à se préparer et avait quitté son appartement pour se rendre à l’hôpital où le père de son futur enfant était censé la rejoindre. Elle s’annonça au secrétariat et se rendit à l’étage de la consultation où se trouvaient déjà quelques futures mamans et quelques futurs papas. Leroy n’était pas là. Il l’avait déjà prévenu d’un possible retard et – pour avoir travaillé avec la CIA – LJ ne lui en tenait pas rigueur, il y avait pas mal de personnes avant eux, de toute façon…
En l’attendant, l’australienne s’était assise sur l’un des fauteuils qui peuplaient la salle d’attente, adressant un sourire poli aux autres femmes enceintes avant de s’emparer d’un magazine réservé aux futurs parents qu’elle feuilleta, la mine concentrée et intéressée. LJ relevait de temps en temps le nez de son magazine pour l’ascenseur lorsqu’elle entendait la sonnerie caractéristique ou le claquement de la porte des escaliers. Les minutes passèrent, les patientes défilèrent, les magazines s’enchainèrent et bientôt, LJ perçut enfin la silhouette de Leroy dont le regard balayait la foule. L’australienne abandonna sa lecture sur la table basse et lui adressa un petit signe de la main suivit d’un sourire radieux, à n’en pas douter. « Hey. » murmura-t-elle, lui volant un doux baiser tandis qu’il prenait place à côté d’elle. « Tu es partie tôt ce matin, je ne t’ai pas entendu. » commença-t-elle, préférant ne pas le blâmer pour son retard qu’elle savait parfaitement légitime. « Par pitié, dis-moi que tu as pensé à faire une halte au Starbucks pour me prendre un muffin à la myrtille. » le supplia-t-elle du regard, salivant déjà. Avec la nausée qui l'avait prise de si bon matin, LJ avait sauté le petit-déjeuner, mais comptait bien se rattraper.
Même si son réveil avait été des plus agréables et sa nuit des plus douces, Leroy aurait tout donné pour parvenir à dormir un peu plus longtemps auprès de la jeune femme avec qui il était enfin officiellement en couple. Malheureusement, comme d’habitude son travail le forçait à se lever aux aurores à croire que se lever si tôt était censé les aider à mieux travailler. Selon l’avis de l’hawaïen s’était avant tout un moyen de le forcer à s’endormir à son bureau ou à se prendre une balle par inadvertance, mais Leroy n’avait jamais rien dit et se contentait de survire les ordres comme un bon petit soldat jusqu’au jour où il allait de nouveau finir par exploser. Ainsi, lorsque son portable se mit à vibrer sur le sol de la chambre de l’appartement de Lennie-Jane, le jeune homme se réveilla brusquement et tâtonna par terre à la recherche de l’objet de malheur dont il désactiva l’alarme une fois dans sa main. Un bref regard en arrière lui permis de se sentir rassurer, Lennie-Jane continuait de dormir aussi paisiblement qu’auparavant et l’agent n’avait que très peu envie de la réveiller. Il savait que sa grossesse soudaine – mais merveilleusement bien acceptée par les deux futurs parents – lui pompait son énergie et que le sommeil était ce dont elle avait le plus besoin ces derniers temps.
Leroy quitta le lit aussi lentement que possible et attrapa ses vêtements au sol qu’il enfila sans pouvoir cesser de regarder la jeune femme devant lui, un sourire attendrit aux lèvres. Ne pouvant toutefois pas contempler cette scène plus longtemps, l’agent attrapa son portable et ses clés puis quitta l’appartement en faisant toujours preuve de discrétion et après un rapide détour à son appartement où il prit une douche et se changea ce fut les bureaux de la CIA qu’il rejoignit de meilleure humeur que d’habitude. Néanmoins, cette bonne humeur se dissipa au fur et à mesure que les heures passaient et que lui continuait de remplir les dossiers qui se trouvaient sur son bureau avant de se lancer dans la finition de ses rapports qui avaient pris du retard alors que le jeune homme avait toujours tenu à être extrêmement pointilleux au travail. Il aimait les choses bien faites et surtout il ne supportait pas le fait d’avoir du retard, mais avec tout ce qui se passait dernièrement dans sa vie, Leroy devait bien admettre qu’il n’était peut-être plus un aussi bon élément que par le passé et avait bien des choses auxquels il devait penser, toutefois l’agent s’était promis de se reprendre et il allait pouvoir profiter de sa journée pour rattraper un tant soit peu son retard mais s’effondra sur son bureau, plus épuisé que jamais. Ce fut légèrement secoué par une main sur son épaule qu’il ouvrit les yeux sans même prendre le temps de regarder l’heure affichée sur son écran.
Son regard alla se poser sur la jeune femme qui se trouvait près de lui, un sourire bienveillant aux lèvres. « Si tu tiens à ta vie, tu devrais y aller … ». Sourcils froncés, ses yeux dévièrent de sa collège vers l’heure et aussitôt celle-ci ancrée dans son esprit, il se leva d’un bond plus réveillé que jamais et après avoir pris le temps de remercier la jeune femme il quitta les lieux avec précipitation. Lennie-Jane et lui avaient rendez-vous au Lenox Hill pour s’assurer que la grossesse n’allait provoquer aucune complication au niveau de la santé de la jeune femme. Leroy était celui qui avait insisté pour ne rien risquer. Il avait beau désirer cet enfant tout autant que la jeune femme, il refusait de lui faire courir le moindre risque et LJ avait finalement cédé sauf qu’il était en retard. Priant pour éviter les embouteillages de ce début de matinée, le jeune homme n’eut pas trop de mal à rejoindre le Lenox Hill bien qu’il profita d’un détour qu’il fit pour passer au Starbuck le plus près afin de prendre quelque chose pour la jeune femme et ceci fait il reprit immédiatement la route de l’hôpital. Une fois à l’accueil de ce dernier et n’ayant connu que les urgences, il prit le temps de demander le chemin à l’une des secrétaires et rejoignit l’ascenseur dont elle lui parla bien qu’une fois l’étage atteint il fut incapable de trouver la bonne salle d’attente.
Arpentant les couloirs de long en large, voire même de travers, ce fut en voyant la jeune femme agita la main à son attention qu’il trouva enfin la bonne et la rejoignit, prenant place à ses côtés et ne put s’empêcher de sourire en sentant ses lèvres sur les siennes. « Hey. Tu es partie tôt ce matin, je ne t’ai pas entendu. ». Leroy acquiesça avec un air désolé et balaya la salle d’attente du regard avant de regarder à nouveau Lennie-Jane en sentant l’angoisse de ce premier rendez-vous lui retourner l’estomac. « Oui, je ne voulais pas te réveiller, tu avais vraiment l’air de dormir parfaitement bien, j’ai préféré te regarder en silence. ». Un petit sourire étira ses lèvres et ce fut à son tour de lui voler un baiser sans la quitter des yeux. « Par pitié, dis-moi que tu as pensé à faire une halte au Starbucks pour me prendre un muffin à la myrtille. ». Un sourire d’autant plus large étira ses lèvres et le jeune homme tendit la poche en papier qu’il tenait dans sa main vers la jeune femme. Pour une fois il n’avait pas oublié et c’était un moyen de se faire pardonner son retard. « J’ai fait en sorte qu’il me donne le plus gros … j’ai même hésité à en prendre deux. ». Après tout, ne devait-elle pas manger pour deux ? Non, il ne savait pas vraiment quoi faire avec cette première grossesse qui les concernaient, mais Leroy faisait de son mieux pour tenter d’être aussi présent que possible pour Lennie-Jane tout en faisant les choses au mieux. « Pas trop angoissée ? ». A vrai dire, c’était à se demander qui des deux futurs parents étaient le plus angoissés. Leroy était incapable de gérer la sienne qui faisait accélérer son rythme cardiaque tandis que Lennie-Jane semblait bien plus décontractée.
Lennie-Jane & Leroy n’étaient pas en couple depuis une décennie et pourtant la jeune femme arrivait parfaitement à déceler tout le stress que ce rendez-vous occasionnait chez l’agent de la CIA. Ce n’était pas le cas de la consultante ; les hôpitaux, elle connaissait et puis, elle était vraiment confiante en ce qui concernait sa grossesse ou – du moins – il était préférable qu’elle soit confiante et la présence de Leroy l’aiderait beaucoup dans la tâche. « Oui, je ne voulais pas te réveiller, tu avais vraiment l’air de dormir parfaitement bien, j’ai préféré te regarder en silence. ». L’australienne lui sourit, tendit les lèvres pour accueillir un nouveau baiser, puis se tortilla d’impatience sur sa chaise lorsque Leroy lui tendit le fameux sachet en papier frappé du logo de la fameuse firme Starbucks. Les yeux brillants, heureuse rien qu’à l’idée du festin qui s’annonçait et dont elle avait grandement besoin, Lennie-Jane le lui délicatement des mains avant de se mettre à déballer le sachet. La consultante saisit le muffin entre ses mains, l’observa un moment avec envie et finit par le décapiter pour en savourer un morceau. C’était un vrai délice. « J’ai fait en sorte qu’il me donne le plus gros… J’ai même hésité à en prendre deux. ». LJ lui sourit et lui colla de nouveau un baiser au coin de ses lèvres. « T’es un super papa, le meilleur. C’est popcorn qui me l’a dit. » dit-elle, posant instinctivement sa main sur son ventre encore plat, s’amusant de ce petit surnom qu’elle lui avait trouvé suite à sa toute première échographie. « Tu en veux un morceau ? » proposa-t-elle en lui tendant la grosse viennoiserie pendant qu’elle époussetait les miettes sur sa robe.
« Pas trop angoissée ? » s’enquit finalement Leroy. LJ se tourna de nouveau vers lui, le regard amusé face à son propre stress et ne put s’empêcher de pouffer de rire. Non pas qu’elle se moquait de lui, mais elle l’avait toujours trouvé doublement séduisant lorsqu’il était inquiet et avec ses hormones ça ne s’arrangeait pas vraiment. « Du tout, mais toi si… Tu as cette petite ride, juste là. » dit-elle en l’effleurant du bout des doigts avant que sa main ne glisse jusque dans sa nuque pour la masser dans le but de l’aider à se détendre. « Ca va bien se passer, Lee. ». Lennie-Jane se voulait rassurante et sûre d’elle, après tout même si elle n’était pas médecin la jeune femme avait côtoyé les services de cardiologie durant des années et savait plus ou moins à quoi s’attendre. Elle en profita pour détailler le visage de l’agent au millimètre près et nota – en plus des cernes – ses cheveux en bataille qu’elle tenta vainement de discipliner avant de renoncer. « Tu veux que j’aille te chercher un café ? Tu as l’air d’en avoir… ». L’australienne n’eut pas le temps de terminer sa phrase, la porte s’ouvrit sur le médecin. « Mademoiselle Lewis ? ». Elle se pencha pour ramasser son sac et se leva. « Tant pis pour le café. » murmura-t-elle à l’adresse de son petit-ami.
Ils entrèrent à l’intérieur, échangèrent une poignée de main avec le cardiologue et l’obstétricien chargés de les rassurer ou – au contraire – de leur conseiller l’avortement. C’est à partir de ce moment-là que LJ commença à stresser, mais tâcha de ne rien montrer et se contenta de leur sourire le plus naturellement possible. « Et vous devez être le futur papa. » lança-t-il à l’adresse de Leroy avant de l’inviter à s’asseoir d’un geste de la main. Le cardiologue attrapa un dossier qu’il tendit à l’obstétricien et fit signe à Lennie-Jane se s’installer sur le fauteuil des examens. « Comment allez-vous depuis la dernière fois ? » s’enquit-il, posant le stéthoscope contre sa peau. « On ne peut mieux. » « Vous poursuivez toujours votre traitement ? ». Lennie-Jane acquiesça. « J’ai arrêté ceux qui sont contre-indiqués en cas de grossesse, comme vous me l’avez conseillé. » répondit-elle aussi sagement qu’une élève récitant sa leçon. Au bout de quelques minutes d’auscultation, le cardiologue se redressa et invita LJ à se rassoir à côté de Leroy. « Excellent. Dr Levy, c’est à vous… ». L’intéressé quitta le dossier du regard et le reposa en face de lui. « Bien, alors d’après votre dossier vous souffrez d’insuffisante cardiaque gauche depuis votre adolescence suite à une anorexie et vous êtes maintenant enceinte de 4 semaines & demi, tout semble bien se dérouler pour l’instant. Vous avez toujours suivi à la lettre les indications de votre cardiologue ici présent et c’est une très bonne chose. Je ne vous cache pas qu’une grossesse dans votre cas peut s’avérer difficile, mais vous bénéficierez d’une surveillance particulière pré et post accouchement. Il y a également de forte chance que vous accouchiez avant terme par déclenchement. Il vous faudra du repos, beaucoup de repos & éviter toute situation stressante. »
Il n’arrivait pas à évacuer le stress, c’était plus fort que lui. Dès qu’il s’agissait de ses proches Leroy avait cette fâcheuse habitude de paniquer pour rien, de vouloir toujours s’assurer que tout allait pour le mieux et qu’il en serait toujours ainsi. Il savait que c’était le fait d’avoir pensé sa petite sœur décédée suite à une overdose alors qu’elle était sous sa responsabilité, celui de ne pas avoir su aider sa mère qui s’était laissée aller dans son alcoolisme et le fait d’avoir perdu son père qui le poussait autant à s’inquiéter pour les autres, mais Leroy tâchait de se corriger. Depuis qu’il avait retrouvé Emilie-Jane avec l’aide de la jeune femme à ses côtés, l’hawaïen avait la sensation que sa vie reprenait un court un tant soit peu normal malgré le métier qui était le sien. Pourtant, il fallait toujours qu’il s’inquiète pour quelqu’un. Lorsque ce n’était pas pour sa sœur, c’était pour Matthew et sa famille et lorsque ce n’était pas pour les Vryzakis-Kaleko c’était bien évidemment pour Lennie-Jane qu’il s’inquiétait bien qu’à présent la jolie australienne était largement passée en tête de liste. Ils leur avaient fallu du temps pour parvenir à mener une histoire stable et surtout pour se donner une chance puisque tout semblait vouloir être fait pour les empêcher de passer un moment juste tous les deux. Toutefois, ils avaient été plus fort que le destin lui-même et malgré la mauvaise expérience qu’ils avaient passé au cours d’une enquête que Leroy n’était pas prêt d’oublier, à présent ils en étaient là et plus heureux que jamais.
La nouvelle comme quoi il allait être père l’avait conforté dans l’idée déjà très présente que maintenant c’était auprès de Lennie-Jane qu’il voulait passer le reste de sa vie, mais bien qu’il puisse attendre cette naissance avec impatience et angoisse, c’était la santé de la jeune future mère qui le préoccupait bien plus. L’agent était déjà passé par ce moment où l’on croit perdre la seule personne que l’on se sent véritablement capable d’aimer et il se refusait d’éprouver à nouveau ce sentiment, pas s’il pouvait l’éviter. Il savait que son inquiétude concernant la santé de la jeune femme pouvait être touchante voire même amusante, mais lui était très sérieux et ce n’était pas pour rien qu’il avait autant insisté jusqu’à ce que Lennie-Jane finisse par céder à sa demande … après tout on est jamais trop prudent. « T’es un super papa, le meilleur. C’est popcorn qui me l’a dit. ». Un large sourire vint étirer les lèvres de Leroy dont le regard resta posé un long moment sur la jeune femme avant de dévier sur son petit ventre qui ne laissait pas encore deviner l’heureux évènement à venir. « Tu en veux un morceau ? ». Le jeune homme refusa d’un simple mouvement de la tête. Il était bien trop angoissé pour parvenir à avaler quoi que ce soit, solide comme liquide. Son estomac lui donnait l’impression de se rétrécir douloureusement au fur et à mesure que les patientes disparaissaient et que leur tour arrivait. Cacher son angoisse lui était impossible et le fait qu’il se mit à taper du pied après s’être enfoncé contre le dossier de la chaise les bras contre le torse le démontrait. « Du tout, mais toi si… Tu as cette petite ride, juste là. ». Leroy cessa immédiatement de faire le moindre mouvement nerveux lorsque Lennie-Jane entreprit de masser sa nuque, un petit sourire étirant ses lèvres.
Il ignorait par quel miracle la jeune femme parvenait à être aussi détendue alors que lui angoissait largement pour deux. Il savait qu’elle avait eu pour habitude de se rendre régulièrement à l’hôpital lorsqu’elle était adolescente, mais il doutait que ce soit assez pour parvenir à rester aussi calme, du moins selon lui évidemment. « Ça va bien se passer, Lee. ». Leroy leva les yeux vers la jeune femme et capta son regard pour y trouver le courage de se détendre à son tour et tenta un nouveau sourire bien moins crispé que les précédents. Son sourire fut d’autant plus présent et amusé lorsque la jeune femme tenta tant bien que mal de discipliner ses cheveux blonds avant d’abandonner permettant ainsi au hawaïen de prendre sa main et de la serrer doucement dans la sienne sans la quitter des yeux. « Tu veux que j’aille te chercher un café ? Tu as l’air d’en avoir… ». Son attention fut portée en direction de la porte du cabinet qui venait de s’ouvrir dans son champ de vision, il écouta néanmoins LJ d’une oreille attentive malgré le fait qu’elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase, coupée par le médecin. « Mademoiselle Lewis ? ». Leroy lâcha doucement sa main et tandis qu’elle ramassait ses affaires, il bondit d’un coup sur ses pieds. « Tant pis pour le café. ». Un petit sourire lui fit comprendre que ce n’était rien et que, de toute manière, il n’aurait pas été capable de le boire, juste de le garder dans sa main ce qui aurait été du gâchis même s’il doutait que le café de l’hôpital soit très fameux. Plus silencieux que jamais, il emboita le pas de sa petite-amie et la suivit dans la salle de consultation. « Et vous devez être le futur papa. ». N’ayant pas grand-chose à dire sur cette affirmation, Leroy se contenta d’un geste de la tête à alla s’asseoir sur l’un des fauteuils que le médecin lui montra tandis que Lennie-Jane se dirigeait sur celui des consultations.
L’agent senti l’angoisse redoubler à l’instant même où il se posa sur le fauteuil, son regard balayant la pièce avant de se poser sur sa petite-amie dont le regard était le seul capable de le calmer et faire disparaître un tant soit peu son stress. Leroy suivit la conversation sans jamais quitter Lennie-Jane du regard allant même jusqu’à se pencher lorsque l’un des deux médecins l’empêcha de voir correctement la jeune femme. L’angoisse était telle qu’il avait bien du mal à respirer correctement et ses mains s’étaient mises à trembler au point qu’il les croisa contre son torse pour tenter de cacher les tremblements. « Je ne vous cache pas qu’une grossesse dans votre cas peut s’avérer difficile, mais vous bénéficierez d’une surveillance particulière pré et post accouchement. Il y a également de forte chance que vous accouchiez avant terme par déclenchement. Il vous faudra du repos, beaucoup de repos & éviter toute situation stressante. ». Leroy ouvrit la bouche mais fut bien incapable de prononcer le moindre mot. S’il pensait se sentir rassuré en entrant dans ce cabinet c’était loin d’être le cas une fois que ces paroles parvenues jusqu’à son cerveau. Le jeune homme s’était douté qu’une grossesse avec son insuffisance cardiaque pouvait rencontrer des difficultés, mais l’entendre de la bouche d’un médecin était une tout autre chose et Leroy dû se passer une main sur son visage pour tenter de ne pas devenir aussi blanc qu’un cachet d’aspirine.
Je viens de voir qu'il parlait pas XD Ça me rappelle Piper&Gabriel avec le rendez-vous à peine catastrophique pour Ewan
Comme à chaque rendez-vous, Lennie-Jane était particulièrement attentive à ce que disaient les médecins et aujourd’hui plus que d’ordinaire car cette fois-ci, la jeune femme allait devoir suivre les conseils pour deux. C’était aussi la première fois qu’elle s’y rendait accompagnée de Leroy qui – contrairement à elle – était en parfaite santé et ne nécessitait pas de visite chez un cardiologue alors de temps en temps, le regard de l’australienne se posait sur l’américain. Lennie-Jane le savait très inquiet et il y avait de quoi car les paroles du cardiologue et de l’obstétricien n’avaient rien de rassurantes, mais pour la jeune femme ce n’était qu’une question de routine. Leroy resta silencieux pendant toute la durée du rendez-vous, suivant la discussion comme il aurait suivit un échange de coup de feu. En le sentant beaucoup plus stressé que dans la salle d’attente et pendant que le médecin rédigeait un nouveau traitement ainsi que de nouvelles recommandations, l’australienne glissa une main sur le genou de son petit-ami pour y exercer une légère pression qui se voulait réconfortante et qu’elle ne lâcha que lorsqu’ils furent congédiés. Lennie-Jane fut la première personne à quitter la pièce échangeant une nouvelle poignée de main et quelques dernières paroles avec les spécialistes qui allaient la suivre durant toute sa grossesse, puis ils traversèrent le couloir pour s’engouffrer dans l’ascenseur. Une fois les portes refermées, Lennie-Jane risqua un coup d’œil sur Leroy qui n’avait toujours pas dit un mot et se pinça les lèvres, peu sûre de l’attitude à adopter ; c’était bien la première fois qu’il lui semblait si… fuyant.
Le silence quasi-religieux dura même jusqu’au parking où était garé la voiture de Leroy. Ils avaient convenu que Lennie-Jane se rendrait à sa consultation en taxi et que l’agent la raccompagnerait chez elle ensuite. Pour une fois, l’australienne ne marcha pas à ses côtés, mais en retrait pour ne pas perturber le fil de ses pensées, cependant une fois assis dans l’habitacle du véhicule, LJ fut incapable de rester silencieuse plus longtemps. Elle avait peur. Peur de perdre le seul soutien dont elle avait véritablement besoin, qu’il change d’avis et lui ordonne d’avorter pour ne pas prendre le moindre risque. « Ce n’est pas aussi grave que ça en à l’air, tu sais ? » se risqua-t-elle finalement, penchant légèrement la tête vers lui pour le forcer à la regarder en face. Pas aussi grave ça en avait l’air… Si, c’était grave. Très grave, même ! Si Lennie-Jane n’était pas devenue anorexique alors sa première grossesse n’aurait jamais été aussi contraignante. « J’ai l’habitude de tout ça et puis, ce sont vraiment d’excellents médecins. » reprit-elle afin de se donner plus de crédit. Honnêtement, ce silence commençait à devenir très stressant pour Lennie-Jane à qui l’on avait pourtant recommandé d’éviter ce genre de situation parce qu’en plus d’être fragile physiquement, l’australienne l’était aussi moralement et ne supporterait pas de perdre son seul soutien. « S’il te plait, dis quelque chose. » le supplia-t-elle enfin, la voix légèrement déformée.
L’air avait réellement commencé à lui manquer lorsque le deuxième médecin avait pris la parole. Leroy avait eu la sensation que tout autour de lui s’était brusquement arrêté de fonctionner. Il était incapable de réfléchir correctement, incapable de réagir à ce qui se passait autour de lui. Il n’aimait pas du tout les paroles du médecin. Il n’aimait entendre le fait que la grossesse pouvait être difficile et surtout il haïssait le fait d’imaginer que dans le pire des cas il pouvait les perdre … la perdre. Leroy l’aimait bien plus qu’il n’avait pu aimer son ex-femme et pourtant il avait aimé Jillian. Lennie-Jane avait une telle importance à ses yeux qu’imaginer sa vie sans elle semblait impossible et la dernière affaire sur laquelle ils avaient travaillé en était la preuve. La savoir en danger l’avait rendu fou. Il s’était moqué éperdument de savoir si Lana risquait de perdre son suspect, la seule personne qui avait eu de l’importance était l’australienne et rien qu’elle, lui-même s’était mis en danger pour s’assurer qu’elle allait bien. L’agent ne pouvait plus concevoir sa vie sans la jeune femme, ça lui semblait impossible et invivable. Pourtant, il aimait déjà cet enfant qu’elle portait en elle, un petit bout d’eux deux, la preuve vivante de leur amour mais … il ne savait plus quoi penser enfin s’il avait été capable de penser, évidemment.
Les mouvements autour de lui, Leroy ne les voyaient même pas, il était perdu dans ses pensées à tel point qu’il sursauta légèrement en sentant Lennie-Jane effectuer une légère pression sur son genou. Il ne l’avait pas vu le rejoindre bien trop perdu dans ses pensées pour ça. Il leva toutefois les yeux vers elle mais ce fut bien tout, à croire que son corps réagissait mais que lui était déjà bien loin. Lorsqu’ils quittèrent la salle de consultation, Leroy se déplaça par automatisme, serra la main des deux médecins de la même manière et suivit la jeune femme en silence jusqu’à l’ascenseur. Que pouvait-il bien dire alors qu’il ne savait même pas quoi penser de toute cette situation ? Leroy jugea mieux de rester silencieux et fixa le bout de ses chaussures durant toute la descente vers le parking où il avait garé la voiture puisqu’il était convenu qu’il était celui qu’il la ramènerait chez elle, refusant qu’elle prenne le volant. Même lorsqu’ils eurent rejoint sa voiture, il ne prononça pas un seul moment, déverrouilla le véhicule et entra à l’intérieur en fixant un point droit devant lui tandis que la jeune femme prenait place à ses côtés. Il devait se reprendre avant de lui faire peur, avant qu’elle n’aille imaginer le pire face à son manque de réaction et surtout de paroles. « Ce n’est pas aussi grave que ça en a l’air, tu sais ? ». Leroy tourna lentement la tête vers Lennie-Jane et fronça les sourcils.
A ses yeux c’était grave, tellement grave qu’il avait perdu son habitude d’être capable de réagir face à n’importe quelle situation, là il était trop touché, trop personnellement en tout cas. « J’ai l’habitude de tout ça et puis, ce sont vraiment d’excellents médecins. ». Toujours silencieux, il ne la quitta pas du regard et tenta encore une nouvelle fois de se reprendre, pensant même à se gifler pour revenir à lui. « S’il te plait, dis quelque chose. ». Leroy déglutit difficilement en entendant la voix de la jeune femme se faire si suppliante. Ce fut là l’électrochoc nécessaire pour le faire revenir à lui. De nouveau « là », il la regarda sans pour autant dire quoi que ce soit. L’une de ses mains alla se poser sur la joue de l’australienne qu’il entreprit de caresser du bout du pouce avant de la regarder tendrement. Leroy laissa quelques secondes de plus s’écouler et approcha doucement son visage de celui de sa petite-amie et l’embrassa avec tendresse et amour avant de reculer et de planter son regard dans le sien. « Je t’aime. ». De nouveau il caressa doucement sa joue et lui adressa un sourire. « Si je te perds je m’en remettrais jamais Len'. », dit-il en soupirant pour baisser ensuite les yeux. « Mais ce petit bout je sais que tu t’y es attachée et … moi aussi. Je ne veux pas te perdre et je ne veux pas le perdre. Je … tu vas m’avoir sur le dos jusqu’à sa naissance parce qu’il est hors de question que je perde l’un de vous deux. ». Sur ces mots il redressa la tête et plongea son regard déterminé dans celui de Lennie-Jane sans pour autant dégager sa main de sa joue.
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