« Toujours très à l’heure et aussi tête en l’air le frangin ! Une seconde de plus et je t’incendiais par sms de me faire perdre mon temps à t’attendre ici ! » Regardant Rose, je souris largement avant de me laisser tomber sur la chaise en face d'elle. Je n'étais jamais à l'heure mais alors absolument jamais. Le retard était ma marque de fabrique ou bien j'arrivais quand on m'attendait le moins. Après tout, j'avais vu le jour en Chine après un déni de grossesse de la part de ma mère. Cela montrait déjà mon côté imprévisible, ce qui faisait mon charme mais qui avait le don d'agacer bien du monde. Un Amaury à l'heure n'est qu'un concept qui ne sera surement jamais vérifié. Reprenant mon souffle, j'écoutais ma soeur et même si elle ne me disait rien, je voyais bien qu'elle était préoccupée. Pour quoi ? Je n'en savais rien et une chose était claire et nette, je ne tenterais pas d'entrer sauvagement dans son intimité. Je ne voulais pas qu'elle le fasse et je ne le faisais donc pas. Souriant, je dis « Je n'ai jamais été très ponctuel et ne le serais sûrement jamais ! C'est ma marque de fabrique que veux-tu ! Franchement, c'était génial mais je ne connaissais personne pour une fois. Ce quartier a donc bien des secrets, moi qui pensait tout connaître ! » Ou presque. Le quartier de Williamsburg était mon quartier préféré de la ville. Je devais avouer que j'appréciais beaucoup l'Upper East Side et ses boutiques à perte de vue mais je n'étais pas de ce monde, absolument pas pour tout dire ! Nous avions de l'argent grâce au succès mondial des bouquins de mon frère et de l'armée mais je n'aimais pas acheter des habilles ou chaussures à 100$ ; sauf si c'était pour la danse où là, c'était totalement différent. « Ca va ca va, je suis content de te voir en tout cas ! Tu as réussi à trouver une petite place pour ton cher frère dans ton emploi du temps de ministre » Je lui fis un clin d'oeil avant de commander une boisson et quelque chose à grignoter. Je savais très bien que la vie de ma sœur était mouvementée et j'appréciais plus qu'énormément le fait qu'elle prenne du temps pour moi. Je l'admirais énormément, d'autant plus qu'elle était un réel modèle de danse pour moi. Nos parents n'avaient jamais grandement voulu que nous fassions de la danse et pourtant, nous avions le rythme dans la peau ! La jeune blonde avait un plus, elle avait intégré une troupe de danseur et je devais admettre que je l'enviais quelque peu, moi qui galérait à trouver un premier rôle à Broadway. Une chose était sûre, je ne baisserais pas les bras, jamais. Et si jamais l'envie me prenait, il y aurait quelqu'un pour me remettre dans le droit chemin ! Je savais pertinemment que cela ne plaisait pas à notre mère seulement, j'essayais quand même de vivre ma passion, même si j'étais totalement différent vis à vis de la danse lorsqu'elle était là. Je voulais qu'elle soit fier de moi et je rêvais d'avoir de ses nouvelles. Elle ne m'envoyait jamais de cartes, absolument jamais et ne donnait pas de nouvelles à mon père, du moins très peu, surtout depuis que Rose avait quitté la France pour les Etats-Unis en partie à cause de mon paternel. Souriant largement lorsqu'elle me dit que c'était mon jour de chance, je dis « J'ai un sixième sens c'est tout » Je lui fis un léger clin d'oeil avant de la laisser lire la lettre. Je l'enviais tellement de recevoir des lettres de notre mère, de pouvoir la lire quand bon lui semblait. J'en devenais presque jaloux et j'attrapais la lettre au vol, écoutant ce qu'elle avait à dire sur ces quelques mots posés sur le papier. Mes yeux parcouraient la lettre et je sentais mon cœur se serrait à chaque nouvelle ligne. Elle ne demandait pas de nouvelles, de personnes et c'était blessant. Relevant la tête, je passa une main dans mes cheveux en batailles et dis « Elle est quand même en Afghanistan, c'est dangereux là bas... Je ne sais pas comment je ferais pour m'en remettre si elle venait à partir » J'étais encore tellement naïf à ce sujet et cela agacait bien mon père qui ne comprenait pas pourquoi j'étais si doux et mielleux avec la femme qui ne m'avait jamais porté dans ses bras depuis ma naissance. Pliant la lettre, je lui rendis et dis, dans un souffle « Papa et moi n'avons aucune nouvelle, jamais. Il est très inquiet même s'il prône le contraire. Sans compter que la solitude commence à le déprimer ! » Buvant une gorgée de ma boisson fraîchement arrivée, je vis les yeux de ma sœur se plisser. Oui, notre père vivait seul dans un appartement avec trois chambres... « J'ai déménagé il y a pas longtemps. Il devenait étouffant avec ses menaces. Mônsieur veut que je devienne écrivain, eh bien juste pour l'emmerder, je ne ferai jamais ça de ma vie ! » Mon père et moi avions une drôle de relations mais pas aussi étrange que celle qui l'unissait avec la belle blonde...

« Oui ta marque de fabrique ! La prochaine fois je viendrais avec une demi-heure de retard, je pense qu’alors j’aurais l’impression que tu es à l’heure ! » Quand on y pensait, c'était une bonne idée qu'elle prévoit de venir plus tard comme ça elle était sûre de ne pas trop m'attendre, quoi que... J'étais bien capable de me dire qu'elle arriverait en retard et que je n'avais donc pas à me presser pour être à l'heure au lieu du rendez-vous. Je n,'avais jamais été à l'heure de toute ma vie et je me demandais presque si c'était possible de changer cela. Mon manque de ponctualité ne m'avait encore jamais été préjudiciable. Je n'avais jamais loupé un entretien ou un rendez-vous plus qu'important jusque preuve du contraire. Aujourd'hui, c'était différent. J'étais partie en avance et mon manque de concentration m'avait fait me faire embarquer dans une danse de rue et j'avais perdu toute mon avance. Après tout, cela arrivait à beaucoup de monde. Il ne fallait pas tenter de ma faire croire qu'un accroc au shopping qui voit la dernière paire de bottes de chez Minelli allait passer devant sous prétexte qu'elle avait un rendez-vous avec son frère... J'étais peut être naïf mais pas complètement bête. Lui souriant, je dis « Mais j'aurais peur qu'il te soit arrivé quelque chose alors j'aurais retourné la ville et, au final, tu aurais été seule à m'attendre comme une cloche, ce n'est donc pas forcément une bonne idée... » Quand on y pensait, Rose et moi étions plus que différents mais c'était peut être cela qui nous faisait être si unis... Je me demandais sérieusement comment nos parents n'avaient pas réussis à nous monter l'un contre l'autre toutes ces années. Après tout, ma mère ne me portait jamais la moindre attention et mon père ne la portait pas dans son cœur. Nous avions chacun un parent mais n'en voulions pas. Elle semblait plutôt calme face à ce que notre mère traversait et je n'appréciais guère cela. J'avais tellement de mal à dormir lorsque j'entendais les informations énoncer que des militaires français ou américains avaient été tués dans une ambuscade. J'avais toujours peur que son nom finisse par ressortir dans un rapport et ça, c'était plus fort que moi... « Ce n'est pas parce que les gens ne vous aiment pas qu'il ne faut pas les aimer. Peut être qu'un jour ça changera... C'est aussi dangereux que les autres fois mais on en parle trop de cette guerre. Ils n'ont peur de rien ces afghans. Des fois, j'aurais préféré qu'elle arrête l'armée et se retrouve dans les bureaux pour pouvoir s'occuper de nous » J'avais toujours voulu que ma mère quitte son travail pour s'occuper de nous mais avec mon père à la maison, c'était peine perdue. Elle ne l'aimait pas, il ne fallait pas se voiler la face ni avoir bac plus dix pour le comprendre. Seulement, lui comme moi, espérions secrètement un changement de sa part. C'était peine perdue, surtout avec tout ce qu'il avait fait vivre à mon aînée pendant de nombreuses années.je ne savais pas exactement ce qu'il se passait entre eux deux, ni l'un ni l'autre ne m'avait mis au courant de leurs petites difficultés. J'étais dans le flou et ne voulais pousser personne en parler. Plus je l'écoutais plus mon cœur se brisait. Je me demandais comment elle arrivait à être aussi détachée de la famille. J'avais beau avoir quitté le nid familial, je n'arrivais pas à couper les ponts avec mon père. J'étais toujours là, à prendre de ses nouvelles, à manger avec lui tous les deux jours. Soufflant, je dis « J'en sais rien... En plus, il n'arrive plus à écrire. Je lui ai dis de changer de vie, peut être que ça lui donnerait de l'inspiration mais rien n'y fait... Non, il ne vient jamais me voir. Ça ne me gène pas plus que ça même si j'aimerais bien voir une tête connue dans la salle de temps à autre. J'ai eu un bon rôle dans une nouvelle comédie musicale. Je suis le remplacement du premier rôle, Bert dans Mary Poppins. Ça va être une tuerie cette comédie mais si tu ne viens, personne ne sera là pour me voir. Bon et toi, comment ça avance l'école et tout ? Et les amours ? Toujours pas de mariage ni de bébés en route ? J'aimerais bien être tonton un jour tu sais » lançais-je, un large sourire sur le visage, tout innocement. Enfin, pas tant que ça. Mais je voyais déjà la réponse de Rose à dix kilomètres. Vu le schéma familial que nous avions eu, mieux valait profiter de sa vie et après tenter de poser des bases.

Pas une bonne idée d’arriver en retard? Peut être car juste pour lui donner tort il viendrait peut être à l’heure… Oui enfin non cela ne ressemblait pas du tout à son frère, il était tout le temps en retard et quoi qu’elle fasse il ne changerait pas. Elle se demandait bien comment il faisait dans sa vie de tous les jours pour ne pas en subir les conséquences. Il devait avoir de la chance, c’était la seule solution qu’elle voyait, mais heureusement pour lui tant que cela marche il avait raison de continuer même si parfois il vaut mieux ne pas trop tirer sur la sonnette ! Rose elle ne tirait pas sur la sonnette, elle ne voulait surtout pas prendre de risque avec la ponctualité surtout pour les entretiens et pour les cours, elle avait plus que peur d’en subir les conséquences et elle ne voulait pas que sa carrière soit affectée par cela mais chacun voyait bien son cas après tout, il était grand et même sans être majeur et vacciné, il faisait ce qu’il voulait, elle n’était pas sa mère même si elle était la seule réelle présence féminine dans sa vie au niveau familial. « Oh le mignon petit chou il va s’en faire pour sa grande sœur ! Aller laisse-moi rire Amau’ tu sais très bien que je suis une grande fille à qui rien n’arrive ! » A dire ça elle se porterait surement la poisse mais elle n’espérait pas, enfin lui savait bien qu’il n’avait pas à se faire de souci pour elle, elle vivait ici depuis des années maintenant et elle s’était parfaitement faite à la ville, une ville qui n’avait plus de secret pour elle, ou presque, elle savait quel quartier craignait à des heures tardives et elle évitait tout simplement de les fréquenter. Le sujet délicat de leur mère vint ensuite sur le sujet et là, le ton changea complètement. Rose ne s’inquiétait pas d’une personne qui donnait juste de ses nouvelles et qui ne demandait pas de nouvelle de ses enfants, de son mari. Lorsqu’elle la voyait elle était contente et partageait du temps avec elle, lorsqu’elle ne la voyait pas elle faisait sa petite vie sans se faire un sang d’encre pour elle comme Amaury avait l’air de se faire. « C’est une guerre ! Dans tous les cas tu as le droit de t’inquiéter et dans tous les cas tu as le droit de l’aimer même si elle ne montre pas qu’elle t’aime comme elle le devrait mais tout de même… je ne sais pas mais bosse encore plus et tu n’auras pas le temps de regarder les infos et d’entendre parler de ça ! Personnellement, entre la compagnie, les cours, et les moments de danse avec un partenaire, je n’ai pas de temps pour entendre ça, donc je ne m’inquiète pas, on sera informé en temps et en heure si il y a quelque chose… Triste à dire mais bien réel, ce n’est pas maman qui nous dira de ne pas nous inquiéter pour elle, que tout va bien vu qu’elle ne s’imagine même pas qu’on peut s’inquiéter enfin que tu peux t’inquiéter ! » La blondinette restait sceptique face à son frère mais c’était peut-être sa petite rancœur concernant le fait qu’elle lui ait caché l’identité de son père pendant des années qui faisait qu’elle ne comptait plus que sur elle, qu’elle se fichait pas mal de son père qui n’était pas son père biologique et de sa mère qui n’avait pas été foutu de lui dire la vérité pendant des années. « Laisse le, un jour il changera peut être ! Donne moi une date où tu seras sur de danser dans le premier rôle, d’ailleurs pour avoir le premier rôle et ne pas être que le remplacement je veux bien t’aider à casser une jambe à celui qui a le premier rôle, un Lacroix-Davis joue le premier rôle pas la doublure ! » Chacun commençait par des petits rôles, elle avait connu cela aussi même si elle avait eu la chance d’évoluer rapidement, elle charriait donc son frère. « Enfin, je disais, une date, vous allez commencer à jouer quand? Tous les soirs de la semaine j’aurais au moins le choix et je viendrais dès que possible ! » C’était une fierté pour elle de savoir que son frère était dans la même branche qu’elle et elle voulait donc lui montrer et aller le soutenir mais dans son emploi du temps de ministre elle n’était pas sûr d’avoir le temps, mais bon pour son frère elle ferait tout son possible même si elle se devait de repousser certaines choses importantes quite à s’attirer les foudres de certaines personnes, quoique, si elle repoussait un moment de danse avec Lars, elle pourrait peut être lui proposer de venir avec lui. Oui mais non Amaury les croirait en couple et ce n’était pas possible. D’ailleurs, Rose éclata de rire à la déclaration du jeune homme. Tonton ? Oui un jour, dans dix ans peut être. « Ne me la fais pas à moi tu sais très bien que je n’ai pas envie pour le moins du monde d’avoir un enfant pour le moment et encore moins de m’encombrer avec un homme ! Et toi les petites nanas américaines, est ce qu’elles courent après mon frérot sexy ? »

« Oh le mignon petit chou il va s’en faire pour sa grande sœur ! Aller laisse-moi rire Amau’ tu sais très bien que je suis une grande fille à qui rien n’arrive ! » Je tentais de ne pas faire trop attention à ce que ma sœur disait mais c'était difficile. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, tout cela m'inquiétait. Nous avions vécu dans de nombreux pays, de nombreuses villes mais j'avais peur que quelque chose lui arrive. J'étais un petit frère paniqué pour un rien et ça, elle le savait bien. Je voyais toujours le mal partout même si, des fois, j'étais ce qu'il y a de plus niais et de naïf. Assez étrangement, il y avait des jours où j'étais sur le qui vive et d'autres où il était facile de m'embobiner. Une vraie girouette, voilà ce que j'étais. Je ne préféra pas répondre à mon aînée parce que si on partait sur ce chemin, j'allais lui faire une leçon et c'était plutôt à elle de m'en faire pour mon comportement. Ce qu'elle ne se gêna guère à faire. Le sujet de notre mère était toujours un sujet délicat. Rose était plutôt calme à ce propos, elle prenait les choses comme elles venaient alors que moi, j'étais un vrai paniqué de la vie et c'était peu dire. Dès que j'entendais un flash info sur la guerre en Afghanistan, mes poils se dressaient sur mes bras et je retenais ma respiration tout le flash, dans l'attente de la liste de nom. Je me stressais volontairement quand on y pensait.. et pour rien. Écoutant Rose, j'haussais les épaules. Elle n'avait pas tord... Si quelque chose arrivait à notre mère, nous serions avertis dans les minutes qui suivent, bien avant les médias américains... Cependant, je ne savais même pas si l'armée avait mon numéro. Et s'il ne pouvait pas me joindre et que mon père, dévasté, n'arrivait pas à nous appeler, Rose et moi ? Et voilà que je me remettais à paniquer, regrettant mon initiative d'avoir quitté la maison. Là haut, j'aurais été mis au courant dans les minutes qui suivaient... portant ma main à ma bouche, je faillis entreprendre de me ronger les ongles lorsque je m'arrêta net. Ma sœur me prenait déjà pour un fou à ce sujet, ce n'était pas la peine d'en rajouter une couche. Buvant une gorgée de ma boisson assez rapidement – ce qui me congela le cerveau – je dis « Certes... Mais tant qu'elle ne sera pas là, je ne serais pas rassuré. C'est dangereux comme c'était dangereux en Chine, au Japon ou en France, je le sais bien, mais c'est plus fort que moi... Aaaaah, rose, je suis une vraie bombe émotionnelle !!! » Et mon compteur avait été enclenché il y a très, très longtemps. Faisant craquer mes doigts, nous changions rapidement de sujets. Je préférais encore parler de mon andouille de père plutôt que de stresser pour ma mère. J'allais déjà avoir ma dose de stress ce soir si quelque chose de regrettable s'était passée sur le front... L'écoutant parler de casser une jambe, je ria légèrement. Rose égale à elle même. Enfin, je la comprenais très bien que j'aurais pu faire de même pour elle, j'aurais très bien pu pousser une jeune femme dans les escaliers ou lui retourner le cerveauen lui promettant monts et merveilles juste pour laisser le premier rôle à ma sœur. J'avais un sens très aiguisé de la famille... « Ca ne commence que fin novembre. Ça a été repoussé d'un mois parce que bon, tu comprends, ils veulent que le nouveau spectacle sur mary poppins fasse des étincelles et fasse rêver alors les périodes de noël, c'est le top » Tout en parlant, ma voix avait pris le ton de celle du directeur de la comédie musicale, une voix de crécelle insupportable à l'oreille humaine. J'étais comme ça, un comique dans l'âme, prêt à se rediriger vers une autre branche du spectacle au cas où le pire m'arriverait. Entendant Rose dire qu'elle ne voulait pas s'encombrer d'un homme, je fis une petite moue. Bon, je la comprenais aisément mais cela ne me plaisait guère de savoir que je n'allais jamais être tonton, enfin pas tout de suite. J'avais tellement envie de pouponner depuis que j'avais vu Enorah enceinte... Seulement maintenant, elle avait fait une fausse couche et il n'y avait personne pour assouvir mon petit désir d'avoir des nouvelles têtes dans la famille. Une chose était claire, ce n'était pas moi qui allait m'accoupler de si tôt ! « C'est parce que tu n'as pas trouvé la perle rare... Et non, de mon côté, rien, niet, nada. Moi non plus, pas franchement envie de m'encombrer avec une bombe à hormones. J'ai assez de travail comme ça et tu me connais, la danse avant tout. Comme toi en fait » J'avais choisi cette voix envers et contre l'avis de mes parents et je n'allais pas abandonner pour une poupée barbie bien roulée. Buvant une gorgée de ma boisson, j'ajoutais « En plus, la seule fille mignonne que je croise, il faut que je m'endorme sur son épaule dans le métro ! Autant dire que j'ai une chance folle avec les femmes » La petite Norah avait été bien mignonne avec moi – et mignonne tout court – mais je n'étais pas près pour une relation et elle n'avait pas été très à l'aise avec moi, du moins au début...

L’inquiétude d’Amaury était parfois agacante mais Rose ne pouvait pas lui en vouloir, il avait pris l’inquiétude pour eux deux puisqu’elle, elle avait appris à se détacher complètement de cela, en effet elle n’était pas du tout inquiète. Sa mère n’était pas intouchable, elle n’était pas immortelle mais elle faisait ce métier depuis de nombreuses années et jamais rien ne lui était arrivé alors elle ne voyait pas pourquoi quelque chose pourrait lui arriver maintenant. C’était surement facile de raisonner comme cela car tout pouvait lui arriver même malgré son expérience mais elle préférait être comme cela et s’inquiéter pour sa carrière que pour sa mère qui elle ne s’inquiétait pas pour elle. Dans cette famille, c’était un peu chacun pour sa pomme et Rose avait appris à en faire de même, même si ce n’était pas le cas lorsque cela concernait Amaury. « Trouve toi une nana, autre qu’en t’endormant sur son épaule dans le métro et puis tu n’y penseras plus ! La bombe à hormones comme tu dis, d’ailleurs merci pour le compliment hein je prends bien en note, te prendra tellement de temps et t’occuperas tellement l’esprit que tu ne pourras plus penser à maman ! » C’était triste à dire mais elle aurait bien continué à lui faire la morale en lui disant qu’au pire il arriverait ce qu’il arriverait et son inquiétude ne ferait rien mais qu’en plus de cela une petite demoiselle l’aiderait à surmonter les choses si il arrivait un malheur à leur mère mais non, elle se retint, elle n’allait que plus l’inquiéter si elle lui disait cela, il allait se faire des films et croire qu’elle savait quelque chose que lui ne savait pas ce qui n’était pas le cas… « Bref aller arrêtons de parler de maman ! Je préfère vraiment que tu me parles de toi ! » Et de la danse… Leur sujet principal de conversation et surtout leur sujet préféré, sur ce point là ils se comprenaient vraiment ce qui n’était pas le cas avec le reste de la famille, personne ne comprenait leur passion si forte pour ce sport qui n’en était pas un pour eux ce qui leur valait certaines moqueries, surtout pour Amaury ce que Rose n’avait jamais supporté. « Si d’ici le commencement tu veux que je t’aide, qu’on répète ou autre tu me diras hein je me libèrerais pour toi mon petit frère chéri ! » Elle lui fit un petit clin d’œil avant de reprendre. « Montre que tu es heureux que la grande et invisible danseuse Rose Lacroix-Davis te propose ton aide… » Elle faisait maintenant allusion à cette soirée où elle avait été invitée et où elle avait été complètement transparente à côté d’Orphée qui avait accaparé toute l’attention alors qu’il n’était pas censé connaitre les gens de cette soirée. Cet échec de ne pas être sortie du lot et de ne pas avoir attiré l’attention pesait sur les épaules de la blondinette et elle avait besoin d’en parler avec son frère. C’était aussi une manière pour la jolie blonde de savoir si son frère avait eu des échos de cette soirée et de sa transparence…