Voir Chace là devant elle était une joie à l’intérieur d’elle-même, son cœur se mettait même à battre la chamade mais les choses avaient changé depuis l’antarctique. En effet, il y avait eu cette maladie qui avait bouleversé sa vie… Elle ne se sentait plus du tout à l’aise avec les personnes qui avaient connu la Jezabel non malade ou du moins avant qu’elle n’apprenne la maladie et elle ne se sentait pas non plus à l’aise avec les autres qui ne la connaissait même pas… Pour elle sa maladie était comme la peste et si elle avait déjà du mal à fréquenter des gens de son âge qu’elle ne connaissait pas de peur qu’ils découvrent la maladie et qu’ils ne la jugent, elle avait encore plus de mal avec les gens qu’elle connaissait auparavant car ils avaient un point de comparaison avec elle avant et elle n’était plus là même. Au final, la seule personne avec qui elle était vraiment à l’aise actuellement et pour qui elle avait une profonde affection c’était Gideon. Le jeune homme avait une cicatrice qui le dévisageait et qui l’excluait complètement du monde ce qui le rendait surement très tolérant et après avoir échangé avec lui avec internet elle l’avait rencontré et s’était sentie à l’aise… Voilà les changements au niveau de sa propre personnalité, d’elle en elle-même depuis qu’il ne s’était pas vu… Après il y avait aussi eu le truc avec ses parents et la découverte de son jumeau qui lui avait fait douter d’elle, perdre complètement confiance en elle… Bref, elle voulait fuir actuellement pour ne pas avoir à lui expliquer tout cela mais comme elle pouvait s’en douter, il n’avait pas l’air décidé à la laisser filer aussi facilement… Cela aurait été trop beau. « Oui oui je sais qui tu es… Je n’ai pas perdu la tête ne t’inquiètes pas, je ne veux seulement pas te déranger, que tu te sentes obliger… » Il ne se sentait pas obligé elle le savait mais c’était une manière ou une autre de tenter de se défiler encore et toujours ce qui était devenu sa spécialité depuis quelques temps. Le jeune homme ne lâcha pourtant pas le seul paquet qui lui restait et qui était beaucoup trop lourd pour elle et elle se mit donc en route vers son appartement, elle n’avait plus que ça à faire et elle se fichait bien qu’il sache où elle habitait… « Beaucoup trop de choses ont change Chace tu sais… Je ne peux pas te sauter au cou comme ça… » Ce n’était pas sa faute si elle ne pouvait pas lui montrer à quel point elle l’appréciait même si elle le souhaitait, trop de choses avaient changé et il n’en avait pas connaissance… Il fallait donc qu’il essaye un tant soit peu de la comprendre sans trop poser de questions… « Je… Pourquoi je serais partie à cause de toi ? Je ne demandais pas la tranquillité, je ne demandais juste pas tout ça et je n’ai pas eu le choix… C’est beaucoup trop long à expliquer et surtout je n’ai pas envie d’en parler. » Elle était froide avec lui mais ce n’était surement qu’une manière de se protéger, elle ne savait pas pourquoi il était là, ce qu’il faisait là et s’il allait rester, elle ne voulait pas s’ouvrir à lui s’il était là de manière périodique, elle souffrirait trop et puis c’était bien trop dur pour elle de parler, de lui parler avec tout ce temps et tous ces changements… Il allait devoir faire preuve de patience ou d’ingéniosité s’il voulait la déverrouiller assez rapidement, elle-même ne savait pas ce qu’elle attendait comme déclic pour s’ouvrir.

Pouvait-il vraiment comprendre et l’accepter comme elle l’était maintenant sans savoir ce qu’il s’était passé dans sa vie? Non ce n’était juste pas possible, impensable surtout pour la jeune femme. Elle ne pouvait pas le laisser dans l’ignorance s’il devait revenir dans sa vie et ce même s’il l’acceptait. Car oui, il ne la voyait peut être pas changée mais c’était bien le cas. La maladie l’avait rendue complètement différente et elle ne pouvait pas le cacher. Elle n’était plus la même il devait se faire à cette idée. « Tu te trompes, j’ai changé, je ne suis plus la même Chace… Et non tu ne peux pas ne pas savoir… » En disant ces quelques mots Jezabel savait qu’il pouvait s’énerver et partir sans qu’elle ne le revoit jamais, ce qu’elle ne voulait surtout pas. La demoiselle s’adoucit donc et reprit la parole de suite pour ajouter : « Je n’habite pas très loin, viens boire un coup ! » C’était un grand pas qu’elle venait de faire mais ce n’était pas le dernier, non, il fallait qu’elle lui dise, qu’elle avoue tout ce qu’il s’était passé depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus et ce n’était pas simple. Elle ne voulait pas le faire dans le hall de ce centre commercial alors la seule solution était qu’il vienne chez elle, mais avant de proposer cela elle avait bien sur refait le tour de son appartement dans sa tête pour se demander si elle n’avait laissé aucun signe apparent de sa maladie. Les deux jeunes gens, chacun un sac à la main, se dirigèrent donc vers l’appartement de la demoiselle et y arrivèrent assez rapidement, Jézabel qui savait le peu de force qu’elle avait et la tremblote qui l’envahissait si elle portait quelque chose de lourd trop longtemps n’allait jamais faire les courses seule, loin de chez elle. Ils montèrent donc les escaliers, et déposèrent les sacs dans la cuisine, sacs que la brunette s’empressa de ranger avant de revenir avec deux verres. « Qu’est-ce que tu veux boire Chace? » Elle revint entre temps avec deux bouteilles de jus de fruits à la main et une bouteille de soda, c’était la seule chose qu’elle avait à lui proposer, elle n’avait pas d’alcool chez elle vu qu’elle n’y avait pas le droit avec ses médicaments. Lorsqu’elle lui eut servi son verre, en contrôlant ses tremblements bien sûr, elle se servit le sien puis elle laissa le silence s’installer se demandant bien par quel bout elle pouvait commencer son histoire. Finalement elle opta pour la manière la plus simple, la plus directe, celle qu’elle avait l’habitude d’adopter avec lui, la manière franche. « Je suis malade Chace. Une maladie incurable… » Le pavé dans la marre était lancé mais Jezabel ne lui laissa pas le temps de répondre à cela et enchaina directement sur la deuxième chose qui l’avait changée et qu’il devait savoir. « Et mes parents… ne sont pas vraiment mes parents… ce ne sont pas mes parents biologiques… » Et voilà, tout était dit, maintenant c’était à lui de creuser s’il voulait en savoir plus mais avec ces deux révélations il pouvait largement comprendre pourquoi elle se disait avoir changé.

Alors qu’ils étaient maintenant dans l’appartement de Jezabel et que les courses étaient rangées, la brunette se sentait plus libre de lui dire les choses. Elle savait bien qu’il pouvait rester auprès d’elle sans tout savoir sur elle mais ce n’était juste pas possible pour l’étudiante en photographie. Elle voulait repartir sur de bonnes bases avec lui s’il devait rester dans la même ville qu’elle et puis ce n’était pas comme s’il ne comptait pas pour elle bien au contraire. Elle voyait donc en lui finalement peut être le seul moyen de se confier véritablement à quelqu’un dans cette ville. Jezabel avait des amis ici, des vrais à qui elle pouvait faire confiance mais il n’y avait personne de son ancienne vie. Avec Chace elle pouvait être elle, elle pouvait être la nouvelle elle avec ses doutes et tout le reste alors qu’il avait connu l’ancienne elle. Il allait pouvoir l’aider à redevenir la femme qu’elle était et c’était presque le seul à pouvoir le faire car c’était avec lui qu’elle se sentait le plus libre. La preuve elle venait de lui dire directement alors qu’ils venaient tout juste de se retrouver qu’elle était malade. La brunette laissa Chace parler après son aveu et elle laissa sa main dans la sienne, un geste de réconfort qu’elle appréciait vraiment. « Je… Euh… » Les larmes lui montèrent aux yeux avant qu’elle ne puisse dire au jeune homme la voix pleine de sanglots. « J’ai la maladie de Parkinson Chace… A mon âge j’ai cette putain de maladie qui va me pourrir le reste de ma vie ! Et en plus cette foutue maladie est héréditaire dans mon cas… Drôle hein quand on sait que personne dans la famille Reynolds n’a jamais eu Parkinson ? » Là c’était une perche pour qu’il comprenne qu’en plus de la maladie il y avait autre chose. Mais elle ne lui laissa pas le temps de répondre et de saisir sa perche, alors que ses larmes coulaient sur ses joues, la demoiselle reprit comme elle put avec une voix aussi audible possible. « Mes parents… enfin ceux que je pensais comme mes parents… Ils ne le sont pas… Tous mes repères, tout ce que j’ai eu dans ma vie tout était du mensonge. » Les bras du jeune homme vinrent s’enrouler autour de la petite personne qu’était Jezabel et elle se laissa faire, son réconfort lui faisait du bien, plus de bien qu’elle ne l’aurait cru en le voyant il y a de cela quelques minutes.