Soirée normale en perspective. Après une journée un peu mouvementée, qui avait commencé par un réveil beaucoup trop brusque et bien trop tôt bruyant, causé par la nouvelle voisine du dessus qui n'avait pas voulu baisser le son de sa musique, dont elle avait soit-disant impérativement besoin pour écrire son livre. Comme elle avait fini tôt dans la matinée le travail, elle n'avait dormi que quatre heures et était d'une humeur massacrante. Elle avait donc, comme toujours, nettoyé l'appartement de fond en comble pour se calmer, drôle de façon de passer ses nerfs vous dites ?

Bref, une fois son oeuvre achevée, elle s'était posée dans le canapé du salon devant la télé avec l'espoir secret de rattraper une ou deux heures de sommeil. Bien sûr, c'était sans compter sur son téléphone qui s'était mis à sonner juste au moment où elle commençait à s'endormir. Au bout du fil, son collègue, qui lui demandait une fois de plus d'une voix suppliante de le remplacer le soir-même. Alexa avait commencé par ronchonner, mais comme toujours, elle avait fini par accepter.

Luke son colocataire, était rentré peu après de la pâtisserie et sa présence lui avait fait oublier cette journée pourrie, du moins pour quelques heures. Puisqu'en fin d'après midi, elle avait bien été obligée de se souvenir qu'elle travaillait et ce même si elle était fatiguée. Elle s'était préparée rapidement, enfilant un jean foncé, un pull beige et des bottines à talon assorties et elle était partie de l'appartement. Comme chaque soir, elle avait préféré prendre sa vieille voiture qu'un taxi, l'essence étant encore moins chère que les chauffeurs pour le moment. Et elle était arrivée au fameux sex-shop dont l'enseigne affichée fièrement « ouvert 24 h /24, 7 jours / 7 ». Maugréant contre cette affiche qui lui faisait faire bien trop d'heures supplémentaire à son goût, elle s'engouffra dans la boutique, libérant ainsi un autre collègue qui y avait passé une bonne partie de la journée.

Soupirant, elle déposa ses affaires dans le petit cagibi prévu à cet effet, se prépara un café et une fois qu'il fut fait, s'installa derrière le comptoir. Et l'attente commença. Dans son métier, il y avait plusieurs désavantages, les lycéens qui ne venaient là que pour s'amuser et laisser tout en pagaille après leur départ, les gens gênés qui n'osaient même pas la regarder, les pervers qui, pour leur part, la regardait un peu trop, ceux qui ne disaient même pas bonjour et comme dans tout autre métier en contact direct avec les clients, il y avait les éternels insatisfaits. Pourtant, ce que la jolie rousse détestait le plus dans son travail, c'était cette attente qui durait parfois des heures sans qu'il n'y ait un seul client. L'ennui, c'était sûrement la seule chose à laquelle elle était incapable de s'habituer dans ce monde.

Heureusement pour elle, cette nuit, il y avait quelques clients. Le premier à arriver fut un habitué qui restait la plupart du temps collé devant des objets que même Alexa trouvait étranges et qui n'achetait que rarement. Ce jour-là, il se scotcha devant une tenue sado maso en cuir et ne bougea plus durant un long, très long moment. Si bien qu'Alexa se demanda même à un moment s''il respirait toujours. Mais vu le regard un peu trop louche qu'il lui lança quand elle passa près de lui pour aller ranger un rayon dont le désordre la perturbait, pas de doute, il était bel et bien en vie.

Quand elle revint derrière son comptoir, un groupe de jeunes femmes fraîchement arrivé riait dans un coin de la boutique et un jeune homme qui devait avoir à peu près l'âge d'Alexa entrait. Elle le regarda en deux fois, cherchant dans sa mémoire où elle avait pu rencontrer ce visage, car elle l'avait déjà vu quelque part, elle en était certaine. Il disparut quelques minutes dans le rayon des films porno et en ressortit quelques minutes plus tard avec les DVD choisi qu'il déposa sur le comptoir.

« Bonjour » Fit simplement la rousse avec un sourire avant d'encaisser les films. « Ça ne doit pas être facile tous les jours de bosser ici. » Annonça alors le jeune homme, faisant relever la tête à Alexa qui venait de se souvenir d'où elle l'avait croisé. « ça ne doit pas être beaucoup plus difficile qu'être serveur à l'Awesome et ça à certains avantages, je peux rapporter ce que je veux à la maison ! » Répondit-elle sur le ton de la plaisanterie, même s'il était vrai qu'elle avait déjà ramené plusieurs trucs chez eux, ne serait-ce que pour faire des blagues à ses colocataires. Puis, elle se rendit compte qu'elle avait peut-être fait une boulette en parlant du travail du garçon, tout le monde n'appréciait pas d'être reconnu dans ce genre d'endroit. « Pardon, euh... Ma colocataire, Dara, est videuse à l'Awesome donc j'y vais souvent et je vous y ai déjà croisé. C'est pour ça que je sais que vous travaillez là-bas. » Expliqua-t-elle en rougissant avant de rendre lui rendre ses DVD. « Voilà, vous voulez les louer ou les acheter ? »

 « Les louez. Et finalement je vais n’en prendre qu’un. » Dit-il en tentant le DVD qu’il souhaitait garder laissant les deux autres sur le comptoir. La jeune rousse était plutôt jolie et elle n’avait pas l’air stupide. Aussi il se demandait ce qui l’avait conduit à bosser ici. Était-ce par obligation ou par choix ?  La réflexion d'Alexa sur les produits qu'elle pouvait rapporter chez elle fit sourire le jeune homme. Celle sur l'Awersome, beaucoup moins. « Ah ok tu connais Dara. » Fut sa seule réaction. La rouquine se contenta donc d'un sourire et d'un hochement de tête. Elle ne l'avait jamais vu discuter avec son amie lorsqu'elle était allée dans la boite en question, mais soit, il semblait la connaître et elle le crut naïvement. Après tout Dara n'était pas toujours des plus agréables, ce qui expliquait certainement le peu d’entrain du jeune homme. « Les louez. Et finalement je vais n’en prendre qu’un. » Répondit-il à la question de la jeune femme. En tendant le Dvd qu'il voulait garder. « Okay, pas de problème. » Répondit-elle en repoussant les deux autres boites sur le côté du comptoir. « quatre dollars cinquante cents. » Annonça-t-elle après avoir passé le Dvd au scanner, en observant le pervers, derrière le jeune homme, qui s'en allait. Alors qu'elle rendait la monnaie à son client, tout en étant distraite par ce qu'il se passait devant la porte, elle vit le pervers être bousculé par un type à l'air mauvais qui entra ensuite, accompagné d'un second type et qui tourna la pancarte « open/close » de la boutique. « Eh ! Vous n'avez pas le... » Commença la rousse avant d’apercevoir le revolver dans la main du premier homme et qui fini bien vite par être pointé vers elle. Enfin, vers le jeune homme devant elle plus précisément puisqu'il la protégeait par sa présence sans le vouloir. « Tout le monde vient s'asseoir calmement de ce côté et tout ce passera bien ! » Fit le second en fermant la porte du magasin à clé à l'aide du verrou. Évidemment, les filles qui étaient à l'opposé ne bougèrent pas et à vrai dire, Alexa non plus. Elle était un peu trop sceptique pour penser que c'était vrai. « C'est une mauvaise blague ? Vous ne comptez quand même pas vraiment braquer un sex-shop ? » Fit-elle en se mettant sur la pointe des pieds pour passer sa tête par dessus l'épaule de son client.

Sauf que ce n'était pas une mauvaise blague. Le premier coup de feu retentit, faisant un trou dans le plafond. C'était un bruit fort et effrayant succédé par les cris affolés des clientes qui obéissaient enfin pour aller s'asseoir du côté indiqué par le second homme un peu plus tôt. Discrètement et malgré son envie de paniquer, la rouquine appuya sur le bouton rouge, prévu pour ces situations derrière la caisse. Et elle alla calmement rejoindre ses clients, côté magasin. Dire qu'elle était là pour remplacer son collègue, si elle s'en sortait, il allait lui payer cher. Elle se tourna vers les clientes paniquées et observa le jeune homme qu'elle était en train de servir un peu plus tôt. « Tout va bien aller, ne vous inquiétez pas. » Chuchota-t-elle, alors qu'elle avait elle même des doutes. Les deux hommes encore debout ne portait pas de cagoule, hors, si les séries policière qu'elle regardait parfois lui avait appris une chose, c'était lorsque les agresseurs ne mettaient pas de masques, soit ils ne comptaient pas laisser de victimes en vie, soit ils étaient complètement idiots. Il ne restait qu'à prier pour que la seconde option soit la bonne, ce qui n'était pas forcément à exclure : L'un des braqueurs les surveillait alors que l'autre s'acharnait à donner des coups dans la boite contenant l'argent pour l'ouvrir. Bien sûr, il suffisait d'avoir la clé pour y parvenir, mais Alexa avait eu la mauvaise idée de la garder avec elle.

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