Sa journée avait été paisible, calme, rien à faire. Elle était tranquille en ce moment. Sa vie était simple rien à se compliquer, tout lui venait sous la main sans qu'elle aie à demander quoique se soit. Helen était de moins en moins timide, elle était réellement motivée à ce que cette timidité cesse de lui ruiner sa vie, c'était un trop lourd fardeau et depuis bien trop longtemps à son goût, et d'ailleurs pas qu'au sien. Rougir à la moindre réplique devenait très pesant surtout en étant comédienne, on est souvent adulée et ce genres de contraintes n'est pas réellement agréable. Elle se laissait aller de temps à autres, allait en soirées VIP et s'éclatait, buvait, mais ce n'était que quand elle était motivée. Aujourd'hui rien, elle n'avait absolument rien. Lorsqu'elle se leva elle alla voir ce qu'il y avait d’épinglé sur son frigo pour la journée et à part les courses rien. Aucuns sms, pas de nouvelles de Lynn ni de sa meilleure amie. Décidément, tous avaient-ils étés coupés par ces tempêtes de neige ? Elle en doutait fortement, sauf pour Lynn, étant souvent en déplacement les deux jeunes femmes avaient assez de mal à garder contact et Lynn débarquait souvent à l'improviste chez Helen car elle n'avait que trois jours de permission.

Elle fut sereine concernant sa journée, mais elle s'avoua elle même qu'elle s’ennuyait. Aucuns amis à qui parler, elle n'avait pas envie de faire un tour sur des sites pour regarder des vidéos diverses ou faire des rencontres. Helen avait rarement ressentit ce genre d'ennuis. Elle s'occupa néanmoins de son lapin, rangea l'appartement, tria quelques papiers, et se blottit dans son canapé avant de zapper sur les diverses chaines que lui proposaient celle ci. Que des séries qu'elle ne suivait pas depuis le début et dont elle ne voyait pas d'utilité de regarder ; vraiment sa journée était un vrai fiasco. Après avoir poussé un long soupire elle décida qu'il était temps d'aller faire les courses, au moins elle ne culpabiliserait pas de ne rien avoir fait de sa journée. La brune est ce genres de personnes qui ne peut pas passer une journée sans rien faire, elle a l'impression d'être tellement inefficace alors que des millions de personnes s'activent rien que pour avoir ne serait-ce qu'un peu d'eau. Elle enfila une veste et des bottes, claqua la porte de son appartement et descendit.

Pour se dégourdir les jambes, Helen décida d'aller dans un très grand magasin pour y faire ses courses, même si elle n'avait pas grand chose à acheter, c'était pour sa ligne -se rassurait-elle uniquement-. Elle consulta à nouveau son téléphone portable mais personne n'était décidé à lui parler aujourd'hui, ce n'était pas si elle avait envie d'aller à Broadway pour y danser au studio sur ses airs de Mary Popins qu'elle connaissait sur le bout des doigts ; son métier oblige. En vingt minutes de marche à travers New York elle déboucha enfin sur Staten Island avec ses petits magasin et son magasin géant. Elle rentra dans le plus grand possible et arpenta les rayons. Finalement elle ne trouva pas ce qu'elle cherchait et se rendait dans ce genres de petits magasins où l'on est collés serrés. Il s'agissait là d'une papeterie, il lui fallait des cartes de voeux. Helen avait décidé que cette année elle ne serait plus timide, à commencer par envoyer des cartes de voeux, c'était simple et gentil. Elle ne savait pas combien ils étaient dans la papeterie quand quelque chose à laquelle elle ne s'attendait pas du tout se produisit...

Son regard avait été attiré sur un grand nombre de stylos, classés par marque, par modèle et par couleur, ils tenaient sur tout un rayon. Elle était époustouflée des couleurs, il n'en manquait pas une. Elle frôla quelques stylos avant d'en piocher un d'une couleur corail, qu'elle trouvait vraiment jolie. Sur les papiers tests, elle écrivit quelques mots au hasard et trouva que le stylo avait une superbe couleur d'écriture et le garda en main avec ses quelques cartes qu'elle avait déjà trouvé au cours de son petit tour. Helen serait bien restée ici, avec le froid qui l'attendait au dehors, malheureusement il ne lui restait plus énormément de cartes à prendre, une pour sa petite soeur et une dernière pour quelques collègues. Tout allait pour le mieux, du moins c'est ce que qu'elle espérais, avec la tempête personne n'était jamais sûr de rien, mais bon, Helen étais confiante pour le moment... Son regard se posa sur la vitre transparente, le vent dehors soufflait, les journaux volaient, les gens courraient. Cela ne présageait vraiment rien de bon. La brune ravala sa salive et détourna les yeux de son attention qu'était la vitre. Elle chercha à nouveau ses bouts de papier. Elle ne savait même pas si elle aurait le courage de les écrire, mais il le faudrait bien, démarrer sa nouvelle année sur des bonnes bases. Helen roula des yeux, exaspérée de son renoncement si rapide.

C'est à ce moment que quelque chose d'assez étrange se produisit. Une grande bourrasque, plus grande encore que les précédentes souffla contre les bâtiments, et puis la pluie se mit à tomber comme si les nuages désiraient tout lâcher, puis les plombs sautèrent. Tous d'un coup. Le quartier fut plongé dans un noir total. « Ohh excusez moi ! » S'exclama une voix près de Helen, quelqu'un venait de la bousculer. Un homme d'après la voix. La jeune femme se retourna et tenta de distinguer les traits dans la prénombre mais ses yeux ne s'étaient pas encore habitués à l'obscurité. « Ce n'est pas grave, personne ne peut se voir ici ! » Se justifia-t-elle. Apparemment, ils étaient les seuls clients encore présents dans la petite boutique. La gérante aurait pu crier ou autre, mais elle se contenta de jurer et de rentrer dans son arrière boutique. Quelque secondes plus tard elle revint avec des lampes torches et les éclaira. La lumère en pleine face, Helen en avait l'habitude avec les projecteurs et ne fut nullement éblouie. Elle se dirigea vers la personne qui produisait la lumière. « Vous savez combien ce genres de choses durent ? » La vieille femme haussa des épaules. « Tout varie avec la tempête. Prenez cela. Vous aussi monsieur. » Dit-elle en désignant de nouvelles lampes de poche.

Bien, ils étaient coincés pour une durée indéterminée. Le temps dehors n'était pas réellement propice à s'enfuir et tout le monde avait déjà sorti les lumières dans les magasins aux alentours. Helen ne broncha pas. Pour une fois qu'une chose lui arrivait, elle n'était pas mécontente d'être coincée ici avec un homme et une vieille femme. Elle sentait qu'elle allait pouvoir s'amuser. « Bon, puisque nous sommes coincés ici... Je me présente. Je m'appelle Helen Eastwood, je suis comédienne. Vous avez du voir mon nom quelque part, je joue à Broadway, Mary Popins. » La jeune brune laissa ses camarades se présenter. Elle chercha quelques avantages à rester ici sans electricité, pour que le temps paraisse moins long, pour faire bonne compagnie. « Il ne faut pas voir que le mauvais côté des choses hein... On va faire connaissance et puis, cela ne va pas durer toute la semaine non plus... Le temps se calmera, n'est-ce pas ? Et puis cela me donne le temps d'écrire nos cartes de voeux ?! » Termina-t-elle avec un sourire forcé.