Un soupire s'échappa de ses lèvres. Poings posés contre ses hanches, son regard balaya la pièce dans laquelle il se trouvait et rapidement ses épaules s'affaissèrent. Depuis quelques jours il était clair qu'Alekseï se laissait gravement aller. L'hospitalisation de son cousin l'avait fait paniquer comme jamais même si Enzo l'avait rassuré et que Tiziana en avait fait de même et pourtant rien à faire. Il se souvenait encore parfaitement de la panique qui lui avait retourné l'estomac lorsqu'il avait appris l'accident de sa cousine et également celui de son cousin, il n'avait pas la moindre envie de revivre ça. Ainsi, pour se changer les idées, le brésilien avait passé le moins de temps possible dans son appartement et lorsqu'il y mettait les pieds ce n'était absolument pas pour le ranger au point qu'il avait bien plus l'impression de vivre dans un taudis que dans un appartement. Cependant, ce matin même il s'était promis de ranger, tout du moins après ses quelques rendez-vous au cabinet et même s'il n'était pas un grand fan du ménage, une fois de retour chez lui – et tristement seul – il avait commencé par déblayer chaque pièce jusqu'à se trouver face au reste du ménage à faire. Une légère moue prit place sur son visage, Alekseï regarda une nouvelle fois autour de lui et se mit rapidement au travail, passant tout son après-midi à nettoyer chaque pièce de l'appartement qui n'avait jamais été aussi propre depuis qu'il le louait.

Puis, une fois terminé et ses vêtements lui collant à la peau à cause de la sueur, le jeune homme rangea quelques dernières petites choses et fila droit vers la salle de bain où il se laissa aller sous le jet d'eau chaude pendant près d'une demi-heure. L'inquiétude l'empêchait de dormir correctement malgré ses efforts et ses muscles devenaient de plus en plus douloureux chaque jour. Le brésilien savait qu'une visite à l'hôpital l'aiderait à se sentir mieux mais il avait ce lieu en horreur et passait le moins de temps possible là-bas tout en sachant que son cousin ne lui en tenait pas rigueur. Coupant l'eau, Alekseï sortit de la douche et se sécha rapidement pour ensuite entoura sa taille à l'aide de sa serviette pour filer vers sa chambre enfiler des vêtements propres au moment même où des coups furent donnés contre la porte de son appartement. Jean mit, le psychologue marcha d'un pas rapide vers l'entrée et ouvrit la porte tout en enfilant son haut, son regard se posant aussitôt sur la jeune femme face à lui. « Winnie, mais qu'est-ce que … ça va pas ? » Question particulièrement stupide lorsqu'on voyait les yeux rougis de la seychelloise qui avait sans nulle doute pleurée. Sourcils froncés par l'inquiétude, Alekseï fit un pas du le côté et ouvrit la porte en plus grand. « Allez, entre ... » Dit-il en joignant un geste à ses paroles avant de refermer derrière eux, son inquiétude ne faisant que de redoubler.

La porte refermée derrière eux, Alekseï passa une main dans ses cheveux bruns, les mettant plus en bataille qu'ils ne pouvaient déjà l'être. C'était un tic nerveux que le jeune homme avait lorsque quelque chose le tracassait et autant dire que voir la seychelloise dans cet état était loin de le rassurer. A ses yeux, Winnie était une jeune femme forte et ce malgré la disparition de sa sœur cadette. Bien sûr, elle avait mal, elle avait pleuré, il le savait pertinemment, mais il savait aussi qu'elle se battait tous les jours pour aller de l'avant en sachant que c'était ce que sa sœur aurait souhaité – du moins, lui le pensait. Il n'y avait que de rares fois où il avait pu la voir si faible et le brésilien comptait tranquillement ces moments sur les doigts d'une seule main, c'était dire. Évidemment, voir ses yeux rougis et lire dans son regard la détresse ne lui plaisait pas le moins du monde raison pour laquelle il s'empressa de la faire entrer sans même attendre qu'elle lui explique ce qui n'allait pas. Ils seraient mieux à l'intérieur et ce serait d'autant plus le cas dans le salon du petit appartement qu'il partageait avec Enzo, mais Winnie s'arrêta à quelques mètres de lui pour lui faire face, sa douleur faisant chavirer douloureusement le cœur du brésilien.

« Je n’en reviens pas ... Nate et Lena ont couché ensemble, tu te rends compte ma meilleure amie et mon beau frère .... ils n’ont pas perdu de temps ... Mary est décédé il y a quelques mois à peine … » Alekseï la regarda sans savoir quoi dire si bien qu'il se contenta de croiser les bras contre son torse tout en l'écoutant sagement. Toutefois, une moue désolée prit place sur son visage. Il ne connaissait pas bien tous les proches de la jeune femme, mais justement il savait qu'ils étaient proches depuis des années et forcément il se doutait que savoir que son beau-frère avait couché avec sa meilleure amie après la mort de sa sœur ne devait pas être facile à digérer. « Ohh Mary » Déglutissant douloureusement, la voir pleurer devant lui fut la goutte de trop. Silencieux, il s'avança vers elle à grands pas et la força à venir contre lui. Serrant Winnie dans ses bras, Alekseï posa doucement sa joue sur le sommet de la tête de la seychelloise et passa une main dans ses cheveux blonds pour tenter de faire disparaître ses sanglots.

« Shhhhh, ça va aller Win', je suis là d'accord ? » Le brésilien continua son geste quelques instants de plus en silence puis, lentement, il se sépara de la jeune femme et se pencha légèrement en avant pour croiser son regard. « Allez suis-moi, tu as besoin de t'asseoir. » Sur ces mots, il l'emmena dans le salon et une fois qu'il s'assura qu'elle était assise, il fit un détour par la cuisine pour servir un grand verre d'eau fraîche et retourna auprès de la jeune femme en le lui tendant, puis prit place à côté d'elle. « Je me doute que ce n'est pas facile pour toi et que tu n'as probablement pas envie d'entendre ça, mais tu sais que je suis psychologue, c'est mon job de lire en toi ... » Commença-t-il dans un sourire en passant délicatement une des mèches blondes de Winnie derrière son oreille afin de dégager son visage. « Tu es sûre qu'il n'y a que pour ça que tu es en colère ? » Il savait lire en quelqu'un comme dans un livre ouvert, toutefois il avait un net avantage avec la jeune femme, celui de bien la connaître et rien que pour ça il savait qu'il n'y avait pas que le fait de savoir que son beau-frère semblait vite passer à autre chose qui la mettait hors d'elle, il y avait autre chose, une chose sur laquelle il n'arrivait pas à mettre le doigt.

Alekseï ne supportait pas de voir ses proches aussi mal que pouvait l’être Winnie lorsqu’il avait ouvert la porte de son appartement. Le pire était sans doute de ne pas savoir à quoi était dû ce mal, même si, concernant la seychelloise, il savait qu’il n’allait pas tarder à connaître la raison, ce qui fut le cas. Néanmoins, avant d’aller plus loin dans l’explication le brésilien avait ressenti le besoin de l’amener contre lui, de la serrer dans ses bras pour lui faire comprendre qu’il était là pour elle et qu’elle pouvait pleurer en toute tranquillité. Puis, une fois dans le salon et une fois que la jeune femme lui expliqua brièvement la raison de son état et de sa colère, le psychologue n’eut aucun mal à sentir qu’il y avait probablement autre chose sous la surface même s’il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. « Bien sûr que je suis sûr » Loin de mal prendre le ton sec que Winnie venait d’utiliser en s’adressant à lui, Alekseï appuya son regard en silence comme pour continuer de lui demander si elle était sûre de ce point sans pour autant le lui demander à voix haute. « Ma meilleure amie et mon beau frère ont couché ensemble, comme si ma sœur n’avait jamais existé ... j’ai le droit d’être en colère ... » Sur ce point, elle n’avait pas tord. Il doutait d’être spécialement heureux s’il avait été dans son cas ce qui ne risquait pas d’arriver pour tout dire, mais personne n’est jamais à l’abri d’un tel incident. « Excuse moi Alek, je suis vraiment contrarié je n’aurais pas du te parler comme ça ... mais en ce moment je préfèrerais avoir mon ami et non mon psy ... » Toujours silencieux, un léger sourire apparu au coin de ses lèvres pour lui faire comprendre que ce n’était rien. Il passa ensuite son bras autour des épaules de Winnie et l’amena contre lui afin de déposer un baiser sur sa tempe et la garda ainsi quelques instants afin de se faire pardonner. « Ne t’excuse pas, je n’aurais pas dû dire ça. » Lentement, il se dégagea et s’efforça de croiser le regard de la jeune femme et essuya ses larmes à l’aider de son pouce. « C’est mieux comme ça et maintenant dis-moi ce que je peux faire pour t’aider à aller mieux … » Il était prêt à tout ou quasiment tout en fait pour l’aider à aller mieux. Sa main resta posée sur la joue de la seychelloise et son regard ancré dans le sien dans l’attente de sa réponse tout en espérant être capable de satisfaire son désir.