Les congés. Contrairement à la grande majorité des new-yorkais, cette période n’était pas synonyme de soulagement, ni même de bonheur pour Lisa. En effet, lorsqu’elle n’allait pas travailler, la jeune femme avait un peu l’impression d’être coupée du monde. Le contact avec ses clients préférés lui manquait, et même leurs discussions les plus ennuyeuses et inutiles finissaient par lui faire regretter de rester chez elle. Et pourtant, même si son patron était en un certain nombre de points un tyran, il lui imposait de prendre quelques jours de vacances chaque année. Pendant une semaine, Lisa avait donc arpenté les rues de New-York armée de son appareil photo. Comme à son habitude, elle avait immortalisé une multitude de scènes plus insignifiantes les unes que les autres, et dans lesquelles elle était probablement la seule à voir quelque chose de beau. Cette innocence avec laquelle elle prenait les choses faisait d’ailleurs partie intégrante de son charme. Passer pour une fille facile et naïve, elle n’en avait absolument rien à faire. Lisa vivait simplement sa vie sans se soucier de ce qu’il pouvait bien se passer autour d’elle.

Cependant, une chose avait agité sa semaine de congés un peu plus que d’ordinaire. Une chose, ou plutôt une personne qui avait occupé ses pensées et nourrit les moments où elle s’était surprise à râler. Et cette personne n’était autre qu’un de ses clients, celui-là même qui avait fait un passage très remarqué dans son café. Un énorme malentendu avait scellé leur rencontre, et c’est en partie pour se faire pardonner que la jeune serveuse lui avait proposé de se revoir, en dehors de l’établissement. Après tout, elle lui devait bien ça. Elle l’avait accessoirement prit pour un goujat de premier choix, et lui avait fait louper un rendez-vous important. Et le petit plus de toute cette histoire, c’était que le client en question était plutôt séduisant. Autant dire que Lisa s’était empressée d’écrire sur un morceau de papier un lieu et une date de rendez-vous pour le revoir. Seulement voilà, le moment venu… rien ne s’était passé. Le jeune homme n’avait même pas eu la décence de se présenter à leur rendez-vous, et Lisa était restée plantée seule pendant plusieurs dizaines de minutes. Finalement vexée, elle avait abandonné t perdu tout espoir de le voir arriver un jour. Finalement, ses premières impressions étaient les bonnes : ce gars-là était un con.

En ce dernier jour de congés, Lisa avait prit son courage à deux mains, et s’était décidée à s’atteler à une tâche qu’elle aurait du faire depuis un petit moment déjà : la lessive. Armée de tout le nécessaire, elle s’était donc dirigée vers la laverie automatique dans laquelle elle avait ses habitudes. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’en entrant, elle tomba sur… Son client. Le fameux garçon qui lui avait posé un lapin quelques jours plus tôt. Mais le détail qui la fit s’arrêter net, ce fut sa position. Dans une marre de mousse, le jeune homme était étalé par terre et Lisa dut se pincer les lèvres pour ne pas éclater de rire tout de suite. Mais qu’est-ce qu’il fabriquait ENCORE ? Une main toujours posée sur la poignée de la porte, la jeune serveuse se racla la gorge pour signaler sa présence, avant de poser un regard empreint d’interrogations et d’une pointe de moquerie sur le malheureux qui gisait toujours par terre.

La scène qu’elle avait sous les yeux était tout simplement désopilante et pourtant, Lisa n’éclata pas de rire. Au lieu de ça, la jeune femme se contenta de poser un regard quasi-condescendant sur celui qui avait été son client et qui l’avait joliment plantée lors du rendez-vous qu’ils s’étaient fixé. Autant dire que sa frustration avait été grande, et qu’elle comptait bien le lui faire comprendre. Néanmoins, Lisa ne put s’empêcher d’afficher un petit rictus moqueur lorsqu’elle vit l’intéressé se redresser en balbutiant. « Bonjour… je crois que je fais partie des hommes ne sachant pas se servir de ces engins de malheur » déclara-t-il finalement tout en rougissant. Lisa, qui avait finalement lâché la porte pour entrer à proprement parler dans la laverie remarqua sa réaction, et dut se mordre la lèvre inférieure pour réprimer un nouveau sourire attendri. Malgré la rancœur qu’elle éprouvait pour lui sans même le connaitre vraiment, il n’en restait pas moins particulièrement mignon… encore plus lorsqu’il se mettait à rougir.

Mais quoi qu’il en soit, Lisa n’oubliait pas le lapin qu’il lui avait posé quelques jours plus tôt, et c’est d’un air presque dédaigneux qu’elle s’avança vers lui et ouvrit la machine à laver voisine. Comme pour lui faire comprendre qu’elle allait le faire payer pour ce qu’il lui avait fait, la jeune femme ne répondit rien, commençant simplement à entasser son linge dans le tambour. « Je..bonjour » Cette fois, Lisa arqua un sourcil en posant ses yeux sur le jeune homme. Elle le regardait par-dessus la porte de la machine à laver qu’elle avait ouverte, et prenait d’ailleurs un certain plaisir à le voir se débattre comme il le faisait. Ce n’est qu’au moment où il lui demanda ce qu’elle faisait ici que Lisa daigna lui adresser la parole. « Euh… la même chose que toi, j’imagine ! » répondit-elle en s’octroyant la liberté de le tutoyer. Après tout, il n’était pas bien plus vieux qu’elle et puis de toute façon, rares étaient les personne que Lisa avait pour habitude de vouvoyer. « Enfin… Non, après réflexion, j’espère ne pas faire comme toi ! » ajouta-t-elle avec ironie, en posant une nouvelle fois son regard sur l chaos qui régnait par terre. « Il y a eu un problème ? » finit-elle tout de même par demander. Lisa avait lancé cette phrase sans aucune arrière pensée mais elle réalisa ensuite qu’elle pouvait avoir un double sens. Certes, dans un premier temps le jeune homme penserait au désastre qu’il avait provoqué en tentant de laver son linge. Mais la question de la serveuse valait également pour leur rendez-vous manqué… Et autant dire que Lisa était curieuse de savoir pour quelle proposition il allait opter.

Oh t'inquiètes, je comprends !
Et pardon pour cette réponse un peu... approximative

Même si en général ce n’était pas vraiment dans ses habitudes, Lisa prenait un malin plaisir à torturer le jeune homme. Le voir si gêné et timide l’attendrissait au plus haut point et sans être sadique pour autant, elle appréciait tout simplement d’avoir un semblant d’influence sur lui. Après tout, elle avait bien le droit de se venger à sa manière ! Tout en plaçant ses vêtements dans la machine à laver en face d’elle, Lisa ne se privait pas de laisser glisser son regard sur son voisin de temps en temps. La pseudo-douche qu’il venait de prendre faisait que son t-shirt épousait parfaitement ses formes pour le moins avantageuses, et la jeune serveuse ne pouvait par conséquent pas s’empêcher de se rincer l’œil plus ou moins discrètement.

« Disons que je suis vraiment pas doué avec un bidon de lessive entre les mains… » Effectivement, c’était le moins que l’on puisse dire ! Parvenir à mettre une laverie entière dans un tel état en n’utilisant qu’un seul bidon de lessive, il fallait le faire ! « Tu.. crois que tu pourrais m’aider sur ce coup-là ? » Etait-il sérieux là ? Alors qu’elle ne s’était même pas attendue à le revoir un jour, et qu’elle ne savait même pas exactement si elle avait voulu le recroiser ou non, Lisa allait devoir lui faire… sa lessive ?! C’était un comble ! La jeune femme se retourna d’ailleurs brusquement vers le fautif la bouche entrouverte, mais déchanta rapidement lorsqu’elle tomba devant le regard de chien battu qu’il lui lançait. C’était ridicule, et elle le savait. Mais il était tellement craquant qu’elle dut une nouvelle fois se mordre la lèvre inférieure. Cette fois, c’était à elle de sentir ses joues rosir et de détourner les yeux pour masquer son malaise. « Je… Peut-être… » finit-elle par répondre en grimaçant avec ironie.

Quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, Lisa attendait toujours qu’il revienne sur leur rendez-vous manqué. Sans ça, il pouvait toujours courir pour qu’elle daigne l’aider ! Lisa avait beau avoir l’air douce, gentille, adorable et tout ce que vous voulez, elle n’avait pas pour habitude de se laisser marcher sur les pieds. Et encore moins par des hommes ! Mais au moment où elle allait presque prendre l’initiative de lui rappeler qu’il l’avait tout bonnement abandonnée, le jeune homme sembla enfin se décider. Il commença par s’excuser, puis se lança dans des explications plus ou moins plausibles que Lisa écouta bien attentivement. Puis vint le moment où il lui avoua avoir eu envie de la revoir. Et ça, c’était précisément tout ce qu’elle attendait. A priori, il était même repassé au café pour la trouvé, mais s’était malheureusement présenté là-bas durant une de ses rares semaines de vacances. Quelque peu rassurée quant aux intentions du jeune homme, la serveuse afficha enfin un sourire sincère en refermant sa machine à laver. Elle y plaça la lessive, et démarra la « bête » pour pouvoir ensuite se concentrer sur son voisin. Prudemment, elle s’approcha de lui en gardant un œil sur la machine de laquelle sortait encore un peu d’eau comme si elle pouvait lui exploser à la figure à tout moment. « Bien… euh… comment tu t’y es pris exactement ? » questionna-t-elle, éludant totalement les excuses qu’il venait de lui accorder. Malgré son sourire, Lisa était prudente et elle tenait à ne pas se vendre tout de suite devant celui qui était toujours un inconnu pour elle.

Lisa se sentait comme prise entre deux feux. Dans un sens, elle voulait faire payer au jeune homme le fait qu’il lui ait posé un lapin pour ce qui aurait put être leur tout premier rendez-vous. Mais plus le regardait, plus elle voyait en lui cette petite gêne tellement adorable, et plus elle se sentait craquer. En même temps, comment pouvait-elle résister à un garçon comme lui ? Tout dans son attitude montrait qu’il était parfait, et son physique était bien loin d’enlever quoi que ce soit à son charme. C’est donc en tentant de masquer son sourire qui l’aurait trahie que Lisa avança vers lui, pour se planter à hauteur de la machine à laver qu’il avait utilisée. Pour ne pas glisser sur la mousse qui recouvrait le sol, la jeune femme prit la précaution de se tenir à la machine, puis lui demanda d’expliquer les problèmes qu’il avait rencontrés. Et a priori, il avait suivit toutes les instructions d’usage, démontrant même à Lisa qu’il avait utilisé un bidon de lessive… que la jeune serveuse trouva bien vide. Et aux vues de la mousse qui s’écoulait encore au sol, la conclusion ne fut pas bien difficile à tirer. Amusée, elle pouffa de rire le plus discrètement possible, et releva un regard désolé en direction de son interlocuteur. « Tu veux dire que… tu as utilisé la moitié du bidon pour une seule machine ? » C’était tellement drôle, pathétique et mignon à la fois… Lisa ne savait même pas si elle devait se moquer ou prendre pitié de lui.

Puis, sans que la jeune femme ne s’y soit attendu une seule seconde, il ôta son t-shirt trempé pour le balancer dans la machine. Comme hypnotisé par ce qu’il venait de lui mettre sous le nez, Lisa gardait son regard figé en direction du corps du jeune homme. Bien sûr, elle avait pu deviner qu’il était particulièrement bien bâti, mais jamais elle n’aurait pensé que ce soit à ce point le cas… Le petit sourire qui ornait toujours ses lèvres se transforma bien vite en une bouche entrouverte, traduisant à la perfection son état. Ce n’est que lorsque l’Apollon reprit la parole que Lisa se résigna à détourner son regard de ses abdominaux parfaits. « Au fait… j’espère que tu n’as pas attendu trop longtemps, l’autre soir » Aussitôt, la jeune femme voulut adopter une expression plus dure, mais elle n’y parvint qu’à moitié. En réalité, elle ne parvint qu’à froncer ses sourcils mais cela ne dura pas bien longtemps. Inévitablement, ses yeux étaient attirés vers le spectacle qui s’offrait à elle, et quoi qu’elle en dise, elle avait bien du mal à se concentrer pour lui répondre. D’ailleurs, la seule réponse qu’elle lui offrit fut une brève grimace. Pour l’heure, elle était incapable d’articuler quoi que ce soit d’autre.

« Et si.. si on recommençait depuis le début non ? » balbutia-t-il à la plus grande surprise de Lisa. Alors comme ça, il voulait VRAIMENT se racheter ? Il voulait faire comme si rien ne s’était passé ? Effectivement, après ce qu’elle venait de voir, l’offre était plutôt tentante ! Et puis de toute façon, qu’il soit habillé ou non, Lisa avait juste envie de passer du temps avec lui, de le connaître tout simplement. « Hm… moui, pourquoi pas… Qu’est-ce que tu proposes ? » dit-elle en essayant de cacher ce trop plein d’enthousiasme et de soulagement qui commençait à l’envahir.

« Oui, ils ont dit de mettre une dose de lessive dans la machine mais comme il y avait plusieurs tailles de bidon à la superette, j’ai mis que la moitié au cas où. Ce n’était pas ce qu’il fallait mettre ? » Une fois de plus, Lisa dut se contenir pour ne pas éclater de rire au nez et à la barbe de son ex-client. Avait-elle bien entendu, bien compris ce qu’il venait de lui dire ? Etait-il possible qu’il soit à se point ignorant pour balancer la moitié d’un bidon de lessive dans une machine ? Visiblement oui. Lisa aurait pu, aurait du trouver ça navrant ou pire : exaspérant. Et pourtant, à sa plus grande surprise elle trouvait cette « erreur » plus attendrissante qu’autre chose. Le voir en face d’elle avec ses grands yeux qui lui rappelaient un enfant ayant commis une bêtise, ça avait presque quelque chose de jouissif. Il lui fallut d’ailleurs un petit moment pour chasser cette image de son esprit, et reprendre en souriant : « C’est-à-dire que… en temps normal un bouchon suffit. Tu risques de te ruiner en lessive sinon… ! »

Se rendant visiblement compte de son erreur, le jeune homme crut judicieux d’ajouter qu’il était compétent en d’autres matières… Et la réaction de la serveuse ne se fit pas attendre bien longtemps. D’abord un sourire tête baissée, puis un petit rire à peine dissimulé. Décidément, la timidité de cet homme devenait de plus en plus adorable. Lisa aurait pu mal prendre les fausses allusions salaces qu’il venait de faire, mais le comportement qu’il avait eu jusque là lui avait suffit à le cerner. Il était timide, c’était évident. Et tout ça le poussait malgré lui à raconter n’importe quoi… le coup classique. Et adorable. Cependant la jeune femme n’était pas sadique au point d’enfoncer le clou pour e mettre encore plus mal à l’aise. Alors elle préféra ne pas s’arrêter à sa dernière réflexion, c’était mieux pour tout le monde.

« Et bien je me présente. Caine McDouglas, enchanté de te rencontrer jolie serveuse » Jolie serveuse ? Il l’avait bien appelé « jolie serveuse » ? C’était cliché, terriblement bateau et elle avait du entendre cette formulation des centaines de fois, mais elle esquissa tout de même un sourire flatté. Caine lui accorda ensuite un baisemain qui manqua de la faire rougir, juste avant qu’elle se reprenne et se présenter à son tour. « Lisa. Lisa Howard… » L’envie de rajouter quelques adjectifs qualifiant le jeune homme était grande, mais elle décida au dernier moment de ne pas l’imiter. Après tout, le regard qu’elle portait sur lui devait être assez explicite ! « Pas mal… » répondit-elle lorsqu’il lui demanda comment elle trouvait ses débuts. « Alors comme ça tu es allé voir mon patron ? Il se débrouillait comment tout seul ? Parfois j’aimerai être une souris pour le voir œuvrer derrière le comptoir… ça doit être… quelque chose à voir ! » plaisanta-t-elle alors en s’imaginant son incapable de patron tyrannique aux commandes de son café, en même temps qu'elle terminait de préparer sa propre machine.

L’incident de la machine à laver était plus ou moins clos et pourtant, Lisa savait qu’elle aurait bien du mal à l’oublier. En même temps, ce n’était pas tous les jours qu’on se retrouvait en face d’un homme dans une telle situation ! Et même sans être moqueuse, la jeune femme était toujours encline à sourire de ce genre de choses. Si elle avait la chance de le fréquenter encore dans quelques années, Lisa ne manquerait pas une seule occasion de rappeler au jeune homme ses exploits du jour. Le plus fort dans cette histoire était que Lisa avait beau chercher, elle ne parvenait pas à le trouver ridicule. Tout dans les gestes de Caine, dans son attitude, dans ses paroles, le rendait adorable et de plus en plus séduisant. Et quoi qu’elle en dise, la jeune femme avait de plus en plus de mal à dissimuler les impressions qu’il lui faisait.

« Ravi de te rencontrer Lisa » Le petit sourire qui accompagna ses paroles la fit littéralement fondre, et elle dut une nouvelle fois se mordiller la lèvre inférieure pour ne pas avoir l’air trop niaise. Histoire de changer de sujet et de détourner sa propre attention, Lisa enchaina donc sur un sujet pour le moins épineux : son patron et sa sympathie légendaire. Et la jeune femme fut presque satisfaite de constater qu’il n’était pas désagréable qu’avec elle. Bien sûr, elle s’en doutait car il lui avait déjà fait quelques démonstrations très explicites, mais le comportement de cet homme avait le don de l’étonnait un peu plus chaque jour. « Disons qu’il avait l’air aussi heureux d’être derrière le comptoir que moi à l’idée de faire ma lessive. Je peux te dire que ça valait son pesant d’or mais je ne me suis pas attardé car je sentais le moment où il allait m’envoyer le premier plateau à la tête. Il est toujours aussi aimable ou j’ai eu le droit à un traitement de faveur ? » Tout en parlant, Caine l’invita à s’asseoir à côté de lui, proposition qu’elle ne tarda pas à accepter. « J’aurai préféré te dire que tu étais privilégié mais… non ! En plus de deux ans, je ne l’ai pas vu être aimable une seule fois… C’est un peu sa marque de fabrique ! » D’autres serveuses auraient sans aucune doute rendu leur tablier sans hésiter, et pourtant Lisa était toujours là. Elle travaillait quotidiennement pour son hypocrite de patron, mais n’avait jamais songé à changer de boulot. Tout ça parce qu’elle aimait ce qu’elle faisait, et qu’elle n’avait strictement rien à faire de tout ce qu’il pouvait bien lui dire.

Même en mettant toutes ses forces en œuvre pour lutter, Lisa ne pouvait pas s’empêcher de laisser glisser son regard sur le torse nu de son voisin. Il fallait dire que le spectacle valait le coup d’œil et même si elle n’avait pas spécialement envie qu’il se rhabille, la jeune serveuse demanda tout de même : « Tu… tu vas rester comme ça ? Je veux dire… t’as pas froid ?! »

« Et tu travailles encore pour lui ? Je t’avoue qu’il me fait penser à mon ancien chef quand j’étais encore à la brigade criminelle. Je ne sais pas comment tu fais pour le supporter depuis deux ans » s’exclama Caine après qu’elle lui ait relaté les « qualités » de son patron. Aussitôt, elle baissa la tête en souriant puis grimaça avant de répondre : « Je… ouais. En fait, j’adore ce métier, et cet endroit… alors même si il est insupportable, je suis toujours là ! » Bien sûr, Lisa avait également noté le fait que le jeune homme avait fait partie de la brigade criminelle, ce qi n’enlevait clairement rien à son charme. Mais elle parvint sans trop savoir comment à contenir sa curiosité, et à ne lui poser aucune question supplémentaire à ce sujet. Après tout, il n’était pas désagréable de cultiver un peu de mystère parfois…

Après avoir allégrement zieuté le torse nu de son voisin, Lisa tenta de se redonner un semblant de contenance, un semblant de crédibilité en lui demandant s’il comptait rester comme ça encore longtemps. Et à sa plus grande surprise, Caine fit preuve d’une telle imagination qu’il lui proposa une idée pour le moins intéressante. « Ça te dirait un peu de shopping ? En venant j’ai vu une petite boutique de fringue, je devrais pouvoir me trouver un truc à me mettre et après, on pourrait se prendre un café à emporter en attendant que nos lessives terminent ? » Totalement séduite et donc souriant, Lisa releva un regard espiègle vers le jeune homme. Allait-il VRAIMENT aller faire du shopping dans cette « tenue » qui n’en était pas une ? L’idée était complètement loufoque, et c’est précisément ce qui avait suffi à emballer la jeune serveuse. Elle aimait les gens à part, les originaux dont les gens avaient plutôt l’habitude de s’éloigner. D’ailleurs, c’était peut-être sa propre originalité qui la poussait à côtoyer des personnes pareilles… Mais quoi qu’il en soit, elle se plaisait à découvrir jour après jour de plus en plus de gens qui sortaient de l’ordinaire. Lisa ne put s’empêcher de constater que Caine lui laissait une porte de sortie en lui proposant aussi de rester à la laverie, mais ne voulant pas qu’il pense qu’elle se foutait de lui, elle s’empressa de répliquer : « Non non, je vais t’accompagner ! Si tu fais vraiment du shopping dans cette tenue, je ne veux pas louper ça ! » expliqua-t-elle en riant. « Oh, et j’accepte aussi le café, évidemment… »

C’est donc tout sourire que Lisa se leva et se dirigea vers la porte de la laverie, jetant de brefs regards amusés en direction de Caine histoire de vérifier qu’il était toujours aussi décidé à sortir à moitié nu. Elle attendit qu’il arrive à sa hauteur, en profitant pour recenser les regards éberlués ou envieux qui glissaient sur eux, puis reprit sans pouvoir s’en empêcher : « Alors comme ça, t’es… dans la police ? »

La curiosité avait toujours été un des traits principaux du caractère de Lisa, n’en déplaisent à certains. Et même dans une situation aussi étrange et inhabituelle que celle qu’elle était en train de vivre, la jeune femme finissait toujours par céder à la tentation. La tentation d’assaillir ses interlocuteurs de questions pour lever tous les moindres mystères qu’ils lui inspiraient. Cela pouvait parfois paraitre déplacé, mais Lisa ne le faisait jamais dans un esprit de voyeurisme. Elle n’était pas non plus du genre à aller étaler les secrets des autres au grand jour d’ailleurs. Son seul souhait était d’assouvir sa curiosité et quoi qu’elle fasse, c’était un travers qu’elle avait bien du mal à contrôler. « En fait j’ai quitté la police il y a peu pour ouvrir ma propre agence de détective privé. Ça n’a pas été une décision facile à prendre mais elle était vitale pour moi » avoua alors Caine suite à sa question. Totalement impressionnée, Lisa hocha la tête en adoptant un air des plus sérieux. Jamais auparavant elle n’avait côtoyé un détective privé, et le simple fait d’y penser avait quelque chose d’intimidant pour elle. Elle enfonça alors ses mains dans les poches de sa veste, et continua à marcher aux côtés de Caine en déclarant : « Oh… Oui, j’imagine. Ca n’a pas du être facile mais euh… c’était courageux ! »

Après quelques minutes de marche seulement, les deux jeunes gens entrèrent dans la boutique décrite par Caine, et immanquablement, le regard de la vendeuse vint se poser directement sur le torse dénudé du jeune homme. Une nouvelle fois, un sourire vint étirer le coin des lèvres de Lisa qui distinguait clairement l’admiration dans les yeux de la jeune femme en face d’elle. Mais ce sourire se transforma bien vite en mine éberluée, lorsque Caine l’attrapa pour se servir d’elle comme d’un véritable bouclier humain. « Chérie.. tu veux bien m’aider à choisir ? » La jeune serveuse mit quelques secondes à comprendre où il voulait en venir, mais en saisissant son petit jeu, elle dut se pincer les lèvres pour ne pas rire et ainsi tout foutre en l’air. Et comme pour se donner plus de crédibilité, Lisa s’autorisa même à fusiller la vendeuse du regard, lui indiquant implicitement qu’elle avait plutôt intérêt à regarder ailleurs. « Bien sûr J’ai déjà ma petite idée… » répondit-elle en se retournant vers Caine. Ce faisant, elle caressa délicatement le torse du jeune homme, sous prétexte de jouer le jeu à fond mais non sans en profiter un peu. Puis elle attrapa sa main et l’entraina vers une chemise à carreau exposée devant eux. « Qu’est-ce que tu dis de ça… Elle est classe non ? J’aime beaucoup… » déclara-t-elle avant de lancer un regard malicieux en direction de Caine, qu’elle transforma immédiatement en regard noir à l’attention de la vendeuse qui les avait suivis. Lisa attrapa ensuite la chemise en question, et la posa sur le torse du jeune homme comme pour vérifier que la taille était la bonne. Elle en profita au passage pour laisser glisser ses mains sur la peau de Caine, tout en feignant d’être particulièrement concentrée sur les mesures qu’elle faisait semblant de prendre.

Ce garçon était décidément plein de surprises, et Lisa commençait à croire que c’était précisément ce trait de caractère qui la séduisait. Car oui, quoi qu’elle en dise, la jeune femme était de plus en plus sous le charme du bellâtre. Oublié le mauvais coup qu’il lui avait fait en la laissant seule le jour de leur premier « rendez-vous », la jeune serveuse préférait à présent se concentrer sur leur petit jeu. Caine et Lisa avaient tout bonnement l’air de deux gamins, et ce pour le plus grand plaisir de la jeune femme. « Bien sûr petit cœur, je te suis ! » déclara-t-il lorsqu’elle l’entraina vers le rayon où trônait une multitude de chemises. Petit cœur ? Etait-il sérieux là ? Lisa dut se pincer les lèvres pour ne pas se mettre à rire, et ainsi faire complètement foirer le plan de Caine. Car la vendeuse qui tentait toujours de lui faire de l’œil ne les lâchait plus, et la moindre faille dans le petit jeu de Lisa aurait été pour elle l’occasion de saisir sa chance avec Caine. Et bien évidemment, il était hors de question que cette fille n’en vienne à séduire celui qui était censé lui offrir un café après avoir trouvé de quoi se rhabiller.

Mais Lisa se rassura assez rapidement. En effet, si elle avait été la première à se rapprocher physiquement de Caine en laissant glisser ses doigts contre son torse, le jeune homme se montra pour le moins réceptif. Tout en se moquant du choix de Lisa en ce qui concernait sa chemise, il vint caresser sa nuque. Et ce simple geste éveilla un frisson de plaisir chez la jeune femme qui ne put s’empêcher de sourire. Si seulement cette maudite vendeuse pouvait les laisser seuls ! Lisa avait une multitude d’idées en tête, à la limite de la décence, et le seul élément qui l’empêchait de se laisser aller à ses envies était précisément la présence de cette fille. La serveuse tenta donc de se reprendre, et laissa Caine répondre à sa place lorsqu’on leur proposa d’autres chemises. « Cette chemise te plait ? » demanda-t-il en la transperçant d’un regard qui voulait tout dire. Ou alors était-ce une simple illusion que Lisa se faisait ? Quoi qu’il en soit, elle eut soudain l’impression qu’il lui parlait de tout autre chose… Aussi, elle esquissa un nouveau sourire en hochant la tête comme simple réponse. Peut-être avait-elle comprit son sous-entendu, mais il y avait toujours le risque de mal interpréter ses dires. Alors pour une fois, la jeune femme préféra ne pas trop s’avancer et rester silencieuse afin d’éviter toute gaffe.

La caresse du jeune homme le long de son épaule fit une nouvelle fois frissonner Lisa, qui resta accrochée au regard de Caine un peu plus longtemps que ce qu’elle aurait voulu. Mais ce fut sa dernière réflexion qui détourna enfin son attention, et la fit rire en s’éloignant un peu, simple mesure de sécurité. « Ne fais pas comme si tu étais têtu, tu sais bien que c’est moi qui choisis toutes tes chemises… et je sais que tu l’aimes aussi. Allez, essaye-la je te promets qu’on ne prendra pas le kilt assorti… » répondit-elle sans se priver d’afficher un regard des plus taquins. Mais Lisa prit également soin d’insister un peu, comme pour lui faire comprendre qu’elle était plutôt pressée de sortir d’ici, même si leur petit jeu lui plaisait terriblement.

Depuis que leur petit jeu avait débuté, la température n’avait de cesse d’augmenter. Et autant dire que Lisa prenait un malin plaisir à provoquer cette tension qui s’installait peu à peu entre Caine et elle. D’ailleurs, et ce pour sa plus grande satisfaction, le jeune homme semblait ne pas être insensible à ses initiatives. Au contraire, il renchérissait à chaque fois, sous le regard plein d’animosité de la vendeuse qui les suivait. La jeune serveuse avant donc jeté son dévolu sur une chemise style bucheron, plus pour s’en aller rapidement que par réel intérêt pour ce tissu tout droit sorti d’un épisode de La Petite Maison dans la Prairie. Et après réflexion, la jeune femme constata qu’elle avait fait le bon choix. En effet, le simple fait de voir la réaction de Caine avait valu son pesant d’or. « C’est bien parce que j’aime te faire plaisir chérie que je vais l’essayer ta chemise ! » s’exclama-t-il alors d’un air malicieux dont Lisa ne se lassait décidément pas.

La jeune femme suivit alors son détective jusqu’aux cabines d’essayage, tout en gardant un œil méfiant sur la vendeuse qui ne les lâchait plus d’une semelle. Après quelques secondes à peine, et sans que Lisa ne comprenne pourquoi il était allé s’enfermer là-dedans pour enfiler sa chemise, Caine ressortit fièrement. « Alors qu’est-ce que tu en penses ? Conquise ? » La jeune serveuse s’approcha de lui en le déshabillant littéralement du regard, ne se privant pas d’aller remettre son col en place pour effleurer une nouvelle fois sa peau. « Elle est parfaite ! Vraiment parfaite… » déclara-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure pour éviter de sourire trop largement. Les sous-entendus quant à la perfection de son interlocuteur étaient plus ou moins subtils, et un rapide coup d’œil en direction de la vendeuse lui permit de constater son exaspération avec une certaine satisfaction. Vint ensuite le moment de payer, et la dernière occasion pour la vendeuse de tenter une approche… ce qui fut à la plus grande joie de Lisa un pitoyable échec. Caine paya sans s’occuper outre mesure de la jeune femme en face de lui, puis attrapa la main de Lisa en murmurant au creux de son oreille : « Toujours partante pour le café ? » D’un air malicieux, elle hocha frénétiquement la tête avant de tirer sur la main du jeune homme pour l’entrainer vers l’extérieur au plus vite.

Une fois arrivés dehors, la jeune femme continua son chemin quelques instants histoire de s’éloigner de la boutique, puis se retourna brusquement vers Caine, sans se départir de son regard empli de malice. « C’est moi ou… la vendeuse était particulièrement insistante ? » Consciemment, Lisa restait à quelques centimètres de Caine, désireuse de savoir si oui ou non, il allait se comporter à l’extérieur comme il l’avait fait à l’intérieur de la boutique. Sans baisser les yeux, elle lâcha néanmoins sa main, attendant sa réaction avec autant d’impatience que de fébrilité.

Une fois dehors, Lisa décida de ne pas trop s’éloigner du jeune homme, tant pour continuer à jouer la comédie au cas où la vendeuse serait en train de les surveiller que parce que sa proximité l’enchantait. En effet, le physique de Caine était loin d’être désagréable, et le petit jeu dans lequel il venait de l’entrainer n’était pas fait pour lui déplaire. Au contraire, cette initiative faisait tout à coup de lui quelqu’un d’original, et Lisa avait toujours été attirée par ceux qui sortaient un peu de l’ordinaire. « Je crois qu’elle était plus qu’insistante… J’ai son numéro de téléphone dans la poche arrière de mon jean » déclara alors le jeune homme, faisant immédiatement grimacer Lisa. Si seulement elle avait pu la voir au moment où cette pimbèche avait osé faire ça ! Tout à coup, l’envie de retourner dan cette petite boutique pour y régler ses comptes traversa l’esprit de la serveuse, mais l’idée de quitter son bellâtre ne l’enchantait guère. Par conséquent, elle se contenta de lever les yeux au ciel d’un air agacé avant de sourire avec amusement.

Lisa ne savait pas exactement ce qu’elle attendait ni même ce qu’elle espérait venant de Caine. Mais les quelques minutes qu’ils venaient de passer ensemble lui avaient laissé un tas de promesses toutes plus alléchantes les unes que les autres. Néanmoins, le fait qu’il le lui offre pas ce baiser dont elle avait tant envie eut pour effet de légèrement la vexer. Pourtant, elle était toute proche de lui et le regardait avec insistance… mais rien n’y fit. Au lieu de franchir la faible distance qui les séparait encore, Caine cligna de l’œil et déclara : « Allons boire ce café que tu as bien mérité pour m’avoir aidé à me sortir de ce pétrin » Lisa commença par esquisser une petite moue qui en disait long, mais se rasséréna un peu lorsque le jeune homme entoura ses épaules de ses bras. Après tout, il avait peut-être raison. Rien ne servait de précipiter les choses, et elles n’en seraient que plus agréables après les avoir attendues. C’est donc sans montrer la moindre opposition que Lisa suivit Caine jusqu’au petit café dont il lui avait vanté les mérites un peu plus tôt dans la journée.

A peine furent-ils arrivés à destination que déjà, Lisa put apprécier l’esprit de gentleman de Caine. Flattée par tant d’attention, dont elle n’avait pas spécialement l’habitude, la jeune femme s’installa en souriant, sentant même ses joues rosir. « Alors… Si tu me parlais un peu de toi après tout, je ne connais même pas ma femme à part qu’elle est douée dans le choix des chemises » Amusée, la jeune femme ne put s’empêcher de rire avant de répondre : « Hé bin… je crois que tu connais l’essentiel en fait… » commença-t-elle tout en cherchant ce qu’elle pourrait bien lui raconter à propos d’elle. En effet, elle avait plus l’habitude d’écouter les autres que de parler de sa propre vie, et c’était très bien comme ça. Car même si ça ne la rendait pas particulièrement triste, Lisa ne pouvait pas dire qu’elle avait eu une enfance heureuse. « Tu sais comment je m’appelle, où je travaille… que dire de plus ? Hmm… j’adore prendre des photos de tout et de rien, et je joue du piano quand je suis seule ! Rien de bien passionnant quoi… » abrégea-t-elle en trempant ses lèvres dans le cappuccino que le serveur venait de poser devant elle. « Et toi ? Ton métier doit être très prenant mais… qu’est-ce que tu fais le reste du temps ? » Immédiatement, une lueur de malice éclaira le regard de la jeune femme qui ajouta : « A part la lessive je veux dire… »

A bien y réfléchir, le jeune homme en connaissait en effet beaucoup sur Lisa. Et pourtant, elle n’avait pas pour habitude de parler d’elle, bien au contraire ! La jeune serveuse préférait de loin écouter ce qu’on avait à lui dire d’intéressant ou non, plutôt que de parler de sa propre vie. Mais leurs deux seules entrevues avaient suffit à Caine à en apprendre plus sur elle. Alors, comme seul scoop, elle se contenta de lui expliquer qu’elle était passionnée de photo et de musique, ce qui enchanta visiblement son interlocuteur. « Et bien oui c’est assez prenant surtout que je suis en train de monter un projet pour devenir consultant à la criminelle. La police de New York est en sous-effectif et comme je connais bien le chef, j’ai des chances de pouvoir refaire en quelque sorte mon ancien boulot tout en gérant mes horaires » Lisa acquiesça sans vraiment se rendre compte de ce que tout cela impliquait. A vrai dire, c’était la première fois qu’elle rencontrait et qu’elle avait l’occasion de parler avec quelqu’un de la police, et cette première avait quelque chose d’impressionnant. De plus, Caine semblait fourmiller de projets, ce qui le rendait d’autant plus intriguant aux yeux de Lisa dont la curiosité était un des principaux traits de caractère.

La conversation aurait pu continuer paisiblement, ils auraient pu parler de tout et de rien, juste pour passer le temps, juste pour rester ensemble un peu plus longtemps. Mais l’élément que Caine mentionna soudain laissa la jeune femme littéralement bouche bée. Le plus naturellement du monde, comme si elle avait pu s’en douter rien qu’en le voyant, il lui parla de son fils. « Il s’appelle Connor et il a six ans et pour le moment c’est mon ex-femme qui en a la garde mais je compte bien me battre pour l’obtenir.. à part ça, je continue de chercher un colocataire » Totalement éberluée, mais essayant du mieux qu’elle pouvait de ne pas le montrer, Lisa balbutia : « Tu… tu as un fils… ? » L’image qu’elle s’était faite de lui changea brusquement du tout au tout, et elle ne savait pas si être déçue, ou simplement surprise… voire même impressionnée. « Je… c’est… » Elle avait beau chercher ses mots, la jeune femme ne parvenait décidément pas à paraitre détendue. En baissant la tête, Lisa ne put s’empêcher de sourire. « Excuse-moi, c’est juste que… j’avais pas vraiment imaginé que tu puisses… enfin tu vois quoi ! » Relevant un regard à demi inquiet vers Caine, elle ne tarda cependant pas à demander : « Est-ce que… tu le vois souvent ? Je veux dire… il vit à New-York lui aussi ? » La jeune femme avait totalement éludé ce que Caine lui avait dit à propos d’un éventuel colocataire, et l’existence de ce petit garçon ne quittait décidément plus son esprit. Une fois de plus, sa curiosité la poussa à vouloir savoir de quoi il en retournait vraiment : « Sa mère… elle ne s’en occupe pas bien ? C’est pour ça que tu veux avoir la garde ? »