J'étais arrivées à New-York il y a peu de temps, dans le seul but de suivre mes deux meilleurs amis : Gof' et Suil'. Lorsque ces deux derniers m'avaient abandonné, seule, en Irlande, je n'avais survécu que quelques jours. Triste et au bord de la dépression j'avais attrapé le premier vol pour les rejoindre. Arrivé à New-York, j'avais trouvé un poste d'institutrice dans un quartier du Bronx. L'établissement dans lequel j'enseignais, rassemblait des enfants en difficultés et très difficiles Au début, je pensais être vue comme le Messi qui serait venue sauver le monde. Hélas ce n'était pas de cette façon que l'on m'avait accueillit le premier jour. Au bout de seulement quelques minutes de classe, j'avais du renvoyer trois élèves qui cherchaient à prendre des photos de moi qui me mettaient peu à mon avantage et mettre une bonne dizaine d'heures de colle. Aujourd'hui encore avait été une journée très compliquée. Non seulement j'avais évité l'un de mes meilleurs amis ; Suil' car je ne tenais absolument pas à revenir sur certains sujets et en plus j'avais passé une mauvaise matinée avec mes élèves. Sortie sur les coups de 12h30, j'avais allumé une cigarette et rejoins ma voiture quand mon téléphone sonna. Il s'agissait de mon meilleur ami. Avec un pincement au coeur je décidais de laisser sonner. Je jetais ma cigarette par la fenêtre et prit la route. Au bout de quelques minutes je m'arrêtais devant un restaurent. Restaurant dans lequel je n'avais encore jamais mangé, mais qui me plut. Je décidais d'y entrer et, comme je n'avais pas vraiment faim je m'assit au comptoir. "Un café s'il vous plait". Mon sourire habituel collait au visage, je pris mon téléphone portable de mon sac et vis inscrit "Suil' : 2 appels manqués." Le temps de relever la tête, le serveur aviat déposait ma commande devant moi. Je le gratifiait d'un sourire puis effaçais les deux appels de mon amis, me promettant d'aller le voir, afin de lui parler plus tard dans la journée. Je soupirais en repensant à notre dernière conversation.

Remuant le sucre que je venais de mettre dans mon café, je surpris l'un des serveur venir demander de l'aide au comptoir. Non pas que je sois curieuse mais la phrase attira mon attention. « Quelqu’un sait parler Russe ici ??? » Personne ne répondit au jeune homme qui avait l'air un peu paniqué. Il fallait bien reconnaître qu'il était rare que les serveurs parles d'autres langues que l'anglais, le français et parfois l'allemand. Reposant ma tasse sur sa petite assiette je me permit de parler au serveur "Excusez moi. Je... Je parle le russe si vous voulez." J'accordais un grand sourire au jeune homme. Qui aurait cru que mes 10 années de russes auraient pu me servir au beau milieu de New-York, dans un restaurant et pour aider un serveur ?

Le jeune homme avait l’air quelque peu perdu et mal à l’aise à l’idée de me demander un tel service. Pourtant si lorsque j’étais plus jeune j’avais décidé d’étudier autant de langue y compris le russe, c’était pour ce genre de situation. Selon moi, les langues comme le russe et le grecque étaient bien trop peu étudiées et c’était en partie pour cette raison que les restaurants ainsi que les bars perdaient leur clientèle. De nos jours, l’anglais ne suffisait pas. « C’est gentil mais… je voulais dire " Dans les employés qui parle Russe. " » Je haussais les épaules, décidant de ne pas insister. Après tout, je voulais seulement rendre service. Mon sourire habituel aux lèvres je dis à l’intention du jeune homme toujours inconnu « De rien. » Je retournais à mon café et en but quelques gorgées avant que le serveur s’adresse une nouvelle fois à moi. « Vous parlez vraiment bien le Russe ? Ça m’ennuie vraiment de vous demandez ça. Mais… c’est le restaurant d’un ami et si je lui fais perdre un client il risque de vouloir me faire manger les pissenlits par la racine. Le truc c’est que je n’ai jamais vraiment aimé ça. » Je ris doucement en portant une nouvelle fois mon regard sur lui. « Disons que je l’étudie depuis un bon bout de temps. Je pense pouvoir dire quelques mots. » C’était peu dire, mais je ne voulais pas non plus me vanter. Et puis il aurait le plaisir de s’en rendre compte par lui-même.
« Chris Mckay » Je saisis la main du dénommé Chris un grand sourire aux lèvres. « Orfhlaith O’Leary . » Il jeta un coups d’œil en direction de la table des clients Russes je suivis alors son regard avant de revenir à lui attendant sa décision. « Je vous promet de vous offrir votre café et même un truc à manger si vous m’aidez sur ce coup là. Vous voyez la table qui est là-bas ? » Je levais les yeux aux ciels sans pour autant répondre. Je me fichais pas mal d’avoir une consommation gratuite, je ne le faisais pas pour ça, seulement pour rendre service. Je hochais la tête lorsqu’il m’indiquait la table. « Eh bien ils sont russe. Vous voulez ma serveuse pour quelque minute ? » Je hochais la tête en souriant. « Vous pensez qu’elle comprend la russe également ? » Je plaisantais bien entendu en me dirigeant vers la table de clients russe.
« Простите, я просто принять ваш заказ. Что вы хотите? » « Два кофе, шоколада и мяты воды пожалуйста. » Je souris à l’adresse des clients avant de retourner vers Chris. Je l’observais quelques secondes avant de lui dire « Deux cafés, un chocolat et une menthe. »

Il est vrai que mon prénom était bien original. J’étais bien obligé de le reconnaitre, et beaucoup de personne demeuraient incapable de le prononcer. Ce qui expliquait pourquoi je préférais qu’on m’appelle Or’ ou Orf’. C’était beaucoup plus simple et les gens ne se prenaient pas trop la tête. « Or… ? Pardon mais c’est un prénom peu commun que vous avez là. Russe ? » Je souris à l’attention du jeune homme. « Irlandais. Je suis Irlandaise. » Ma mère étant décédée alors que j’étais encore enfant, je n’avais pas eu l’occasion de lui demander pourquoi ce prénom aussi compliqué et difficile à prononcer. Je devais faire avec, voilà tout. « Appelez moi Or’. »
Le temps de donner la commande de la table des clients russes, je reprenais ma place sur le tabouret du bar, en faisant face à Chris. « Vous avez absolument tout compris ? » Je hochais la tête sans aucune prétention. Ce n’était pas vraiment mon genre. « Vous êtes génial ! » Je secouais la tête gênée. « C’est vraiment rien vous savez. » Je me sentis rougir un peu ce qui me gêna davantage encore. Tout ce que je voulais c’était l’aider. Je ne voulais rien en retour, mais il n’avait pas l’air de me laisser vraiment le choix. « Qu’est-ce que je vous sert ? Et ne me dite pas rien parce que je serais dans l’obligation de vous servir le premier plat venu sur la table. » Je le regardais d’un air sévère, comprenant que je n’aurais pas d’autre possibilité que de prendre quelque chose à manger. « Allez, ça me fait plaisir. Laissez-moi-vous offrir quelque chose. S’il vous plait. » Un sourire s'étala sur mon visage. « Je suppose donc que je n’ai pas le choix ? » Je jetais un coups d’œil rapide à la carte avant de porter mon choix sur quelque chose qui ne me semblait pas trop cher mais que le jeune homme accepterait quand même. Relevant la tête vers lui je souris avant de lui faire part de mon choix « Une salade campagnarde serait parfaite alors. » Je souris.