Coup donné, coup reçu, esquive, parade… Tout ceci était le quotidien de Mila, quand elle ne travaillait pas. Sportive, véritable pile électrique, elle était incapable de ne rien faire et de rester simplement chez elle à se reposer. Elle ne pouvait pas, c’était juste impossible. Même un lion en cage se sentait mieux qu’elle lorsqu’elle était forcée de rester chez elle. Elle avait tellement d’énergie à dépenser qu’elle devait sans cesse être occupée. Pour ça, elle n’avait rien trouvé de mieux que le sport. N’importe quel sport, tous types de sports tant qu’elle pouvait se défouler. Elle avait essayé le saut à l’élastique, adorait sauter en parachute, et le parapente mais ce n’était pas quelque chose qu’elle pouvait faire tous les jours à New York. Du coup, elle s’était inscrite à un cours proposant l’exercice de tous types de sports de combat. C’était absolument parfait pour elle, en plus de se défouler, cela lui permettait d’affuter ses sens offensifs et défensifs et dans le même temps d’améliorer ses chances d’être promue plus rapidement. L’égyptienne commençait à en avoir franchement marre de donner des contraventions ou de s’occuper de petites frappes sans intérêt. L’université de Columbia offrait la possibilité de suivre ce genre de cours. Mila n’y était pas étudiant mais heureusement pour elle, c’était ouvert à tout le monde. Jusqu’ici, elle n’avait pas encore assisté à beaucoup de séances. A vrai dire, c’était seulement la seconde fois qu’elle mettait les pieds ici. Elle ne connaissait encore personne et s’était montré relativement discrète la première fois, préférant tâter le terrain et se rendre compte à qui et à quoi elle avait à faire. La plupart des élèves avaient son âge. Il y avait aussi quelques « vétérans » et il ne fallait certainement pas les sous-estimer. L’expérience était un bien meilleur atout que l’énergie à revendre des jeunes. Elle retrouva les mêmes personnes que lors de la séance de la semaine dernière. Elle choisit d’effectuer le premier exercice imposé avec un de ces vétérans qu’elle admirait tout particulièrement. Elle avait de grandes chances de se retrouver à terre dans les dix premières secondes mais si elle voulait évoluer, elle devait se confronter aux meilleurs, pas se contenter de ceux qu’elle pouvait facilement battre sans en retirer quelque chose. Ses craintes se confirmèrent puisqu’elle se fit battre à plusieurs reprises, à chaque un peu plus tard que précédemment cela dit. De l’extérieur, elle pouvait passer pour une, au choix, sadomasochiste ou une fille vraiment pas douée. Et à en juger par les regards qu’un groupe de mecs lui lançaient, c’était plutôt la seconde option qu’ils avaient choisi. Rien ne l’agaçait plus que des personnes qui jugeaient sans connaitre, et elle prendrait un grand plaisir à leur montrer à quel point ils avaient tort. Certes, elle était une femme, mais ce n’était pas pour ça qu’elle était une pauvre petite chose fragile. Elle se battait d’ailleurs en permanence pour que son apparence ne reflète pas ce qu’elle était vraiment : une fille qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, qui était autant voire plus capable de se battre qu’un homme, et surtout de se défendre toute seule. Quelque part elle était… une lionne. La jeune femme défia du regard le groupe qui la regardait depuis tout à l’heure. Elle commença par boire un peu d’eau, puis resserra sa queue de cheval sans les quitter du regard. Puis elle s’approcha d’eux, pleine d’assurance. Elle avait n’avait qu’une envie, leur prouver qu’elle valait mieux que ce qu’ils semblaient penser d’elle. Elle voulait leur faire mordre la poussière. Gentiment. « Lequel d’entre vous est intéressé par un petit combat ? Rien de méchant, hein, j’essayerais d’être gentille. »

Nouvelle journée de cours sans histoires. En m'étirant, je fais craquer les os de mes bras et de mon dos. Les gars et moi nous dirigeons vers le gymnase de Columbia. On a une heure de pause avant de reprendre les cours alors nous nous sommes dits qu'aller se défouler en faisant quelques combats là-bas pourrait être ... appréciable. Un peu maso vu qu'après on va être crevés pour la course mais appréciable. C'est pour Jamie. Il est en histoire et il fait du sport deux fois par an, le pauvre. Après il dit qu'aucune fille ne veut sortir avec lui parce que c'est un cérébral. Cliché. Peu importe. Déjà près à en découdre avec les uns et les autres on est entrés dans le gymnase, toujours bien rempli, surtout d'élèves de notre section. Étrangement, ça me rappelle le lycée. Tous les gymnases du monde me rappelleront toujours celui de mon lycée en fait. Il s'est passé tellement de choses dans cette immense salle mal odorante de Los Angeles que je pourrais jamais oublier. Comme le soir du bal de printemps où Natasha McCornic et moi on a fini dans les toilettes ... Je viens de m'en souvenir tiens. Ou alors, on faisait là nos transactions parfois, quand il n'y avait personne. Aujourd'hui, ville différente, gymnase différent et personnes différentes. En regardant les autres, pendant quelques secondes ce sont les visages du reste de ma bande de Los Angeles qui me reviennent en tête. Les membres des Venice, les novices, comme moi. La plupart son morts ou en prison actuellement. Je dois avoir la chance avec moi pour être toujours en vie et en liberté. Nous nous dirigeons vers un coin où certains sont déjà en train de combattre. Mon regard est tout de suite attiré par une grande blonde plutôt pas mal qui se prend une raclée. Ca me fait rire au début, comme la plupart des gens, mais elle persiste. Je l'observe combattre, sourire en coin, impressionné par sa détermination je dois dire. Elle se bat pas mal quand même mais je crois qu'elle ferait mieux d'arrêter d'essayer. Ce genre de chose n'est pas pour les "chicas" comme elle, elle devrait abandonner. Les gars semblent penser comme moi, à part Jamie qui fait et ne dit rien parce que c'est un coincé. Ma mère me tuerait si elle me voyait réagir comme ça. Je suis un mexicain macho, désolé. Enfin c'est un air que je me donne. Un réflexe pour pas me faire avoir dans ce domaine là. Pour m'assurer que ça ne signifie rien. Y a quand même du progrès par rapport à Los Angeles hein, les seules filles que je respectais là-bas, c'était celles comme Carmela, Carmen ... celles qui avaient des cojones. Peu importe. C'est compliqué à expliquer, c'est par période, c'est selon mon humeur. Le combat s'arrête et ... la fille nous a vus. « Lequel d’entre vous est intéressé par un petit combat ? Rien de méchant, hein, j’essayerais d’être gentille. » dit-elle en s'approchant de notre groupe. Oouh ... intéressant. Elle a peut-être plus de caractère que je pensais. Les autres rient. J'ai un sourire insolent au visage. Soudain, les regards des gars se braquent sur moi. Ils savent ce que je fais pour m'amuser parfois donc forcément, pour eux je suis le candidat idéal. Je lève les mains pour faire signe que oui, j'accepte ce sacrifice. « Je me dévoue. Et puis comment résister à un corps à corps avec esta chica ? » ai-je fait en faisant claqué ma langue et ressortir mon accent. L'autre soir, j'ai mis à terre un balaise de deux mètres deux haut donc ce combat ne va certainement pas me faire peur. Je m'avance vers elle et la zone de combat, plutôt confiant. J'enlève ma veste, la balance sur le côté. « Promis, je ferai attention à ne pas abîmer un si joli visage. » ai-je dit en me préparant au combat et en la regardant dans les yeux. Me battre, je fais ça depuis toujours. A l'école déjà. Ma situation familiale si je puis dire et ensuite, ça a été à cause d'Hector. Personne n'a jamais cherché à savoir pourquoi je me battais quand j'avais dix ans. A savoir, un pervers qui aimait beaucoup trop les petits garçons, même quand il s'agit de fils de sa soeur mourante qui est à l'étage supérieur. Tout ce qui s'est passé depuis ne sert qu'à me protéger de toutes les merdes qui m'arrivent. On se tourne autour quelques instants, on se jauge, on attend lequel va frapper en premier. Le premier coup est lancé, puis un second.

hj : bof, c'est pas top >.< Pauvre Alex, il va tomber de haut là Je te laisse le soin de le faire revenir sur terre x)

Mila n’appréciait vraiment pas la façon dont le groupe de garçons, qui l’observaient depuis tout à l’heure, semblaient la juger. Personne ne leur avait appris qu’il ne fallait pas se comporter d’une telle manière avec les femmes ? Les bonnes manières se perdaient vraiment et c’était bien triste. Néanmoins, elle n’allait pas se laisser démonter aussi facilement. Elle savait ce qu’elle valait après tout et ce n’était pas des gamins qui allaient l’intimider. Elle n’était pas une potiche et sous prétexte qu’elle avait une poitrine et surtout un physique de mannequin qu’elle n’était pas capable de se « battre comme un homme. » Dès qu’elle avait commencé à l’école de police, elle avait été victime de ces mêmes préjugés. Elle avait bataillé dur pour prouver à tous ses confrères masculins qu’elle valait mieux que ce qu’ils pensaient d’elle de par son physique et elle avait réussi en se classant parmi les meilleurs de sa promotion. Il n’y avait de toute façon pas de meilleure façon de leur clouer le bec que de leur prouver sa valeur. C’était évidemment ce qu’il fallait qu’elle fasse avec ces garçons. Elle ne les avait même pas vus combattre depuis qu’elle était ici, ils étaient venus pour quoi au juste, se moquer ? Mater ? Urh, elle avait très envie de les remettre à leur place et de leur prouver ce qu’elle valait vraiment. Puis s’amuser un peu aussi, elle s’imaginait très bien leur mettre une raclée, sur ces tapis, devant tous leurs potes… Oh oui, c’était exactement ce qu’elle devait faire. Ce serait d’autant plus facile qu’ils la sous-estimaient. Mila n’attendit donc pas pour se diriger droit sur eux, pleine d’assurance et de fierté. Elle leur proposa un combat. Rien de méchant hein, juste histoire de leur montrer qu’elle était douée et de les ridiculiser un peu. Enfin ça, ce serait juste un bonus. Elle voulait qu’ils la laissent tranquille pour commencer. L’un d’eux s’avança, un petit brun. L’égyptienne le fixa un long moment, un petit sourire aux lèvres et toujours cet air de défi dans le regard. « Je me dévoue. Et puis comment résister à un corps à corps avec esta chica ? » Comment résister à un tel accent aussi ? Bon, elle n’allait pas non plus se laisser avoir pour si peu mais quand même c’était… troublant ? Enfin, il avait quand même l’air un peu trop sûr de lui et ce serait encore plus savoureux de lui mettre une raclée. « Promis, je ferai attention à ne pas abîmer un si joli visage. » La jeune femme se mit immédiatement à rire. Il faisait exprès d’être aussi drôle ou c’était naturel ? « Aw » dit-elle en lui tapotant la joue. Elle lui fit ensuite un clin d’œil « et moi je vais me faire un plaisir d’enlever ce si joli sourire de ton visage. » Mila s’était avancée sur la zone de combat à son tour, prête à donner le premier coup puis à esquiver son premier à lui. Elle n’allait pas se laisser faire facilement et il allait franchement devoir s’accrocher. Il se défendait pas mal quand même. Ça allait être plus difficile qu’elle ne l’avait pensé mais pas impossible non plus. Toutefois, la jolie blonde finit quand même par avoir le dessus et réussit même l’exploit de le maintenir au sol après s’être assise à califourchon sur lui, sous les yeux médusés de ses potes. C’était aussi savoureux qu’elle l’avait pensé par contre. Elle se pencha ensuite au-dessus de son visage, si près qu’elle pouvait sentir son souffle sur sa peu. « Maintenant donne-moi une bonne raison de ne pas abimer TON visage. »

Vale, c'est mal, l'orgueil est un péché me disait la voisine quand j'étais petit. Tant pis, je prends le risque, c'est juste que là, c'est beaucoup trop tentant pour ne rien faire. J'ai fini par me dévouer quand la blonde nous remarque. Elle a visiblement remarqué notre manège vu qu'en même temps, on n'a même pas essayé d'être discrets. C'est juste que de la voir comme ça , une fille comme ... enfin vous voyez ce que je veux dire, tenter sa chance c'est ... intéressant. Je dis pas qu'elle se bat mal hein, mais c'est juste que, vu les raclées qu'elle se prend depuis tout à l'heure. Ca doit être une de ces filles qui viennent ici parce qu'il faut qu'elles s'occupent et que soudain, l'envie d'apprendre à se battre leur a traversé l'esprit. Oui je sais, je prends le risque d'avoir tort mais tant pis. Et puis il faut bien que quelqu'un se dévoue à sa proposition. Voyant les gars rester sur place et se regarder, j'ai fini par m'avancer. Honnêtement, je ne pense pas que cette blonde au physique de poupée Barbie soit plus dure à maîtriser que des filles comme Carmela ou Carmen ... et je sais de quoi je parle. Donc oui, je me suis avancé vers l'inconnue plutôt confiant. Me battre, c'est ce que je sais faire depuis que je sais marcher. A l'école à Tijuana, c'était quelque chose de quotidien vu que j'avais un physique différent de celui des autres enfants. Me llamaba el gringo. J'avais l'air beaucoup trop américain à leurs yeux. Là-bas, nos idoles sont les caïds et les gens qui réussissent avoir les belles villas des quartiers nords, pas le petit travailleur qui sue corps et âme pour nourrir sa famille. Faut l'avouer. Après il y a eu le gang et les combats de rue en venant ici ... Pas besoin de prendre des cours, c'est un peu une seconde nature quand vous avez autant de rage au fond de vous à cause de ce que vous avez pu vivre.

« Aw » fait-elle en me tapotant la joue. D'accord ... je vais prendre encore plus de plaisir à la mettre sur le dos. Pas de sous-entendus. Aron disait qu'il fallait toujours se méfier de son adversaire. Résultat, il est mort tuer par nos adversaires. Mauvais coup. « et moi je vais me faire un plaisir d’enlever ce si joli sourire de ton visage. » enchaîne-t-elle visiblement amusée par tout ça. Tous les deux confiants. Qu'elle en profite. Je sens les regards pesants des gars et des gens autour. Puis, le combat démarre. Je me concentre un minimum mais ... un minimum, ce qui est, avec le recul, ma plus grosse erreur. Les premières secondes se passent bien. Nous parons chacun les coups de l'autre. La scène dure encore quelques autres minutes jusqu'à ce que le combat bascule dans un temps fort pour elle. Je sens la balance s'inverser et me crispe en comprenant ce qu'il se passe, me condamnant par la même occasion. Le tout se passe très vite, avant que je ne puisse réagir même si je comprends ce qu'il se passe. Soudain, mon visage se retrouve contre le tapi après un contact plutôt brutal avec ce dernier. Souffle coupé durant un instant infime. J'essaie de me débattre mais cette ... urh s'est assise sur moi et me bloque les bras. Putaaain ! Elle a de la force, merde ! Non, non, non ! « Maintenant donne-moi une bonne raison de ne pas abimer TON visage. » me souffle-t-elle à l'oreille en se penchant. D'ici je peux voir les regards des gens qui ont regardé ... Certains rient. Les gars rient. Une colère sourde gronde dans ma gorge. J'essaie de donner un grand coup d'épaule pour me libérer mais rien à faire. Je viens bien de me prendre la honte devant mes potes et le gymnase tout entier. « J'ai justement un trop beau sourire pour que tu l'abimes. » ai-je soufflé difficilement sur un ton ironique. L'ironie et le sarcasme sont mes dernières défenses avec ma fierté. J'en reviens pas n'empêche de ce que cette poupée Barbie vient de faire ! « T'es à l'aise dans cette position Alex ? » crie Ian visiblement très amusé tout comme le reste de la bande. On est parfois bien seul. Grognement. Si je ne m'étais pas dévoué, ça serait leur visage qui serait collé au tapi à l'heure qu'il est. « ¡ Cierra el pico imbécil ! » ai-je rugi. Ian traine suffisamment avec moi pour savoir ce que ça veut dire. Encore un mouvement pour me libérer de l'emprise de l'inconnue mais toujours rien. C'est quoi son problème ? Je finis par arrêter de bouger et par soupirer, agacé avec les joues en feu. « Tu veux bien me rendre mon dos ou t'as décidé d'élire domicile dessus ? » ai-je fait sarcastique.