Karina devait passer à la banque. Son père venait de lui envoyer une importante somme d’argent et elle devait s’occuper de tout ça, elle ne pouvait pas garder autant d’argent chez elle ou sur elle. Elle était déjà suffisamment en « danger » comme ça… Elle avait pris une semaine de congé. Elle n’avait pas tellement la tête au travail ces derniers temps, il était inutile qu’elle risque la vie de ses patients si elle ne se donnait pas à fond dans son job. Puis elle avait déjà perdu quelqu’un, elle ne voulait plus perdre personne d’autre. Il ne manquait plus qu’elle remette en question son travail pour être complètement perdue. Finalement, Elizaveta aura bien réussi son travail, elle allait réussir à la briser pour de bon. Ce n’était peut-être pas plus mal après tout. Ne pas avoir de regret, ne pas ressentir de remord ou de culpabilité… Ça devait être plus facile et beaucoup plus agréable. Ugh. La jeune femme s’en voulut immédiatement de penser une telle chose. Ce n’était pas elle et tout ce qu’elle refusait d’être. Puis elle ne voulait pas et ne pouvait pas donner ce plaisir à sa nièce. Elle secoua donc la tête pour chasser toutes ces mauvaises pensées de son esprit.

La russe entra dans l’ascenseur avec hâte. Elle n’avait qu’une envie, c’était de rentrer chez elle et de se gaver des gâteaux apéritif de Denver ou des cookies de Minnie. Sereine, la jeune femme posa sa tête sur la paroi froide de la cage en métal et alla même jusqu’à fermer les yeux. Elle les rouvrit en entendant le bip qui annonçait le nouvel étage. Peut-être qu’elle n’aurait pas dû parce que Coleen entra au même moment dans son champ de vision. Karina pensait vraiment tous les jours à l’australienne, elle essayait de trouver comment recoller les morceaux même si au vu de leur dernière rencontre, elle voyait mal comment c’était possible. Il ne lui restait qu’un faible espoir qui s’apprêtait sans doute à être réduit à néant. Enfin, elle n’était pas prête à lui parler là maintenant, c’était encore assez douloureux. Elle pesta d’ailleurs intérieurement contre elle ne savait qui. La jeune femme s’attarda quelques secondes à regarder Coleen puis détourna le regard sans aucune volonté de la regarder à nouveau ou de prononcer un seul mot. Elle se cala encore une fois contre la paroi et ferma les yeux pour ne les rouvrir qu’au moment de sortir. Seulement, ce moment n’arriva jamais puisque l’ascenseur se bloqua purement et simplement entre deux étages, coupant la lumière par la même occasion. Marmonnant un juron en russe, elle finit par donner un coup à la paroi contre laquelle elle était appuyée.

Coleen devait se rendre à la banque. Elle n’en avait absolument aucune envie mais elle devait déposer un chèque que lui avait envoyé sa mère quelques jours plus tôt. Elle lui avait demandé un peu d’argent un peu plus tôt. Elle n’avait plus fait de séance photo depuis quelques temps déjà et vu que c’était ce qui lui payait en grande partie son loyer et sa nourriture, elle se trouvait un peu démuni maintenant. Sa mère n’avait pas posé la moindre question et ne lui avait pas fais le moindre reproche. Pour une fois, elle s’était montrée juste comme Coleen le voulait et la brune lui était sincèrement reconnaissante pour ça. En tout cas, maintenant qu’elle avait l’argent, il fallait bien qu’elle aille le déposer sur son compte. Et ça, au moins, elle pouvait bien faire l’effort de le faire toute seule. Même si c’était lui demander beaucoup. Après s’être apprêté rapidement, la brune quitta son appartement pour se rendre à la banque. Elle n’aimait pas ça, même si elle faisait de son mieux pour lutter contre ça, quitter son appartement la faisait un peu paniquée. Elle avait tendance à paniquer un peu pour un rien en fait ces derniers temps mais soit. Elle n’en aurait pas pour longtemps.

Il ne fallut pas bien longtemps à la jeune femme pour atteindre la banque. Elle se posta rapidement devant l’ascenseur et appuya sur le bouton d’appel. Celui-ci arriva bientôt et Coleen eut vaguement un geste de recul en voyant qui se trouvait déjà dedans… Karina. Finalement, elle poussa un soupir et entra quand même à l’intérieur. Cela faisait longtemps que Coleen n’avait pas eut l’occasion de revoir la russe. Enfin, longtemps, elle ne savait pas. En tout cas, elle ne l’avait pas revu depuis la fois où la jeune femme avait sonné chez elle pour savoir comment elle allait. Cette même-fois où Coleen l’avait repoussé ne voulant pas entendre la moindre chose venant d’elle. L’australienne savait qu’elle avait eu raison d’agir ainsi cette fois-là. Elle avait toutes les raisons du monde d’en vouloir à Karina. Mais il s’agissait de Karina… d’aussi loin qu’elle se souvenait, depuis qu’elle connaissait la russe, Coleen avait toujours pu compter sur le soutien de celle-ci. Que ce soit dans ses moments difficiles ou pour des petits bobos ridicules, Karina avait toujours répondu présente. Mais cette fois c’était différent. Coleen aurait eu tellement besoin de pouvoir se reposer sur son amie. Mais comment pouvait-elle faire alors que sans elle tout aurait été tellement mieux ? C’était la question qu’elle se posait de plus en plus ces derniers temps quand elle était tiraillée par l’envie d’appeler la jeune femme. Dans l’ascenseur, Coleen se passionna par la contemplation des chiffres des étages qui défilaient. A un moment donné, pourtant, les chiffres cessèrent de défiler aussi facilement et l’ascenseur se bloqua. S’il ne s’était que bloqué, ça aurait encore pu aller mais la lumière s’éteignit aussi et Coleen sentit les battements de son cœur s’accélérer. Elle l’avait dit, elle paniquait facilement. Elle inspira pour tenter de se calmer et ferma les yeux, quelques secondes, espérant que quand elle les rouvrirait la lumière serait revenue. Ce ne fut malheureusement pas le cas. « Je savais bien que j’aurais du rester chez moi. » lâcha-t-elle finalement, plus pour elle que pour Karina.

Elle avait dû sacrément offenser tous les dieux de toutes les religions qui existaient pour tomber sur Coleen comme ça. Enfin ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose que ça mais c’était comme ça que la russe le ressentait. Elle avait passé plusieurs semaines à essayer de tourner définitivement la page Coleen, sans toutefois réussir parce qu’il lui était souvent arrivé de repenser à l’australienne. Mais elle avait décidé de ne plus essayer d’aller la voir, de s’expliquer et de s’excuser. Comme la fois où elle était allée le voir, cela ne ferait que lui revenir en pleine face et n’en serait que plus douloureux. Elle n’arrivait même plus à se changer les idées avec le travail. Elle était un peu dans la lune ces derniers temps… Perdre Coleen lui avait vraiment fait le même effet que perdre Vladimir. La mort de son frère lui avait fait tellement de mal qu’elle avait souhaité ne plus jamais revivre ça. Eh bien non, quelques mois plus tard, c’était le même numéro. Karina n’était pas certaine de mériter cet acharnement du « ciel » sur sa personne. Elle avait toujours essayé de faire le bien dans sa vie. Elle avait sombré à moitié en s’entrainant avec Elizaveta et avait tué quelques personnes, elle avait du mal à vivre avec ça mais c’était un peu comme tous les patients qu’elle avait perdu suite à des complications sur la table d’opération. En fait pas vraiment mais c’était plus facile à accepter en pensant comme ça. Bon, le fait de se retrouver seule avec Coleen aurait pu passer. C’était l’histoire de quelques minutes le temps de passer toutes les étages, ce serait facile de l’ignorer. Seulement, il avait fallu que l’ascenseur tombe en panne. La coupure d’électricité ne laissait aux jeunes femmes que peu d’espoir quant à l’issue de la situation. Elles en auraient surement pour un peu de temps. Avant de voir ça comme un bon signe, celui qu’elles pourraient en profiter pour mettre les choses à plat et pourquoi pas se retrouver comme Karina en avait besoin, la russe vit ça comme quelque chose de vraiment mauvais. Elle n’avait franchement pas besoin de ça, pas après tous les efforts qu’elle avait fourni pour essayer de passer à autre chose. Loin de paniquer, Karina était toujours sereine, autant que c’était possible avec Coleen juste à côté quoi. Seulement elle put constater que ce n’était pas le cas de l’australienne. « Je savais bien que j’aurais dû rester chez moi. » Karina se retint de se rapprocher d’elle pour essayer de la rassurer parce que vu leur relation, elle ne ferait surement qu’aggraver les choses. Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. « Je suis sure qu’ils vont réussir à réparer ça rapidement. » commença-t-elle. Puis elle tourna la tête vers la jeune femme. « Tu ne vas pas me faire une crise de panique hein ? » continua-t-elle d’un ton qui exprimait clairement son inquiétude grandissante.

Si quelqu’un cherchait à la dégoûter de sortir à jamais de chez elle, il s’y prenait à merveille. Enfin, comme si c’était vraiment l’œuvre de quelqu’un ça. Coleen pensait juste que les forces de l’univers devaient être très fâchées contre elle. C’était injuste parce qu’elle était certaine de ne leur avoir pourtant rien fait. Enfin soit, quand l’ascenseur se bloqua, l’australienne crut à une mauvaise blague qui ne la dérangeait sur le cou p pas trop. Puis les lumières s’éteignirent et cette fois, ça la dérangea déjà un peu plus. Elle aurait tellement mieux fait de rester chez elle. C’est ce qu’elle déclara d’ailleurs. « Je suis sure qu’ils vont réussir à réparer ça rapidement. » Coleen avait presque oublié la présence de Karina sur le coup. C’était bête, elle savait pourtant parfaitement que la russe était là parce que ça l’avait fâché et qu’elle avait failli ne pas monter de l’ascenseur. Mais elle était montée et voilà le résultat. « Je ne pense pas non. » Elle ne disait pas ça pour le simple plaisir de contredire Karina, elle disait ça parce qu’elle savait qu’il pouvait prendre vraiment beaucoup de temps parfois. D’ailleurs, elle était tellement sûre qu’ils allaient mettre beaucoup de temps qu’elle se laissa glisser le long de la paroi pour se retrouver assise sur le sol. Elle essayait toujours de calmer les battements de son cœur et sortit donc également son téléphone pour faire un peu de lumière. Pas grand-chose mais c’était toujours mieux que rien déjà. Enfin, elle supposait. « Tu ne vas pas me faire une crise de panique hein ? » Ca se sentait tant que ça ? Coleen secoua la tête même si elle n’était pas sûre que Karina puisse la voir. « Non ça va aller. » dit-elle quand même finalement, au cas où Karina ne l’aurait pas vu. « Ce n’est qu’un ridicule ascenseur bloqué. » ajouta-t-elle plus pour s’en convaincre qu’elle-même qu’autre chose en fait. Elle posa sa tête contre la paroi derrière elle. Elle ne savait plus quoi dire d’autres maintenant. Elle ne savait même pas si elle devait dire quelque chose en fait. Pourquoi aurait-elle du ? Karina et elle en était arrivé à un point où elles n’arrivaient plus à parler. Il suffisait de prendre la dernière fois en exemple. Sauf que la dernière fois n’était pas un bon exemple en fait. Coleen était vraiment en colère et tout était trop récent. Elle était toujours en colère, et mal, mais elle avait eu le temps d’y repenser un peu plus et Karina… elle avait besoin de Karina, même si elle aurait bien voulu que ce ne soit pas le cas. « Tu sais, je pense que ce n’est peut-être pas si mal en fin de compte. » lâcha-t-elle au bout d’un moment. « Aujourd’hui je suis peut-être prête à te parler. »

Karina essayait vraiment de voir le côté positif de ce qu’il était en train de se passer mais elle avait beaucoup de mal à le faire. Elle voyait juste qu’elle était coincée dans un ascenseur – ça ce n’était vraiment pas grave, elle avait connu pire – avait la personne qui la détestait le plus au monde et qui souhaitait qu’elle n’ait jamais existé. Elle comprenait pourquoi mais refusait de l’accepter parce que Coleen était importante pour elle et qu’elle n’avait voulu la décevoir ou l’amener à penser de telles choses sur elle. La jeune femme vit que celle qui était encore il n’y a pas si longtemps sa meilleure amie était en train de paniquer. Enfin voir était un bien grand mot vu comme il faisait sombre dans l’ascenseur. Mais elle connaissait l’australienne, elle n’avait pas eu besoin de grand-chose pour le sentir. Elle essaya donc de la rassurer en lui disant qu’ils n’allaient sans doute pas tarder à régler le problème sans pour autant en être convaincue. « Je ne pense pas non. » Karina soupira. L’optimisme ne faisait pas partie du vocabulaire de Coleen, elle avait peine à croire qu’elle l’avait oublié. « Tu as sans doute raison. C’était stupide. » répondit-elle alors. Elle avait inconsciemment voulu commencer une conversation mais elle aurait pu trouver plus intelligent. Enfin c’était toujours mieux qu’un silence pesant et incroyablement gênant. La jeune femme sentit Coleen se laisser glisser sur le sol et elle finit par faire la même chose. Elle s’inquiéta quand même de savoir si son « amie » allait lui faire une crise de panique ou non. « Non ça va aller. » Karina hocha la tête sans être sûre que Coleen puisse la voir. Elle aurait pu répondre que si elle sentait qu’elle allait vraiment paniquer elle serait là pour l’aider, elle aurait pu tenter de la rassurer aussi mais bon comme elle lui faisait peur et qu’elle était la raison de potentiels cauchemars. « Ce n’est qu’un ridicule ascenseur bloqué. » « Oui, avec moi à l’intérieur » pensa immédiatement Karina. Cela donnait à Coleen deux bonnes raisons de paniquer. Mais bon, elle n’allait pas lui rappeler quoi, puis elle devait s’en rendre compte toute seule. Un silence s’installa ensuite. Karina ne savait vraiment pas quoi dire ou quoi faire, Coleen avait été claire de toute façon, elle ne voulait ni la voir ni lui parler… Seulement, l’australienne finit par prendre la parole. « Tu sais, je pense que ce n’est peut-être pas si mal en fin de compte. » La russe la regarda d’un air intrigué même si elle ne pouvait toujours pas la voir. « Aujourd’hui je suis peut-être prête à te parler. » continua-t-elle comme si elle l’avait vu. « Tu es sure de toi ? » Non parce que la dernière fois elle avait été claire et la brune avait multiplié les efforts pour l’accepter même si elle n’était pas sûre d’avoir réussi. « Tu veux qu’on parle ? » Elle allait laisser decider Coleen de quoi elle voulait parler surtout, elle ne voulait pas faire preuve de maladresse comme la dernière fois et anéantir toutes leurs chances de réconciliation.

Enfermée dans l’ascenseur, Coleen ne pouvait pas s’empêcher de paniquer. Ce n’était pourtant pas grand-chose mais c’était juste assez pour elle. Elle avait encore la sensation de ne rien maîtriser et elle détestait ça. C’est pour ça qu’elle ne quittait pas souvent son appartement. Parce que là-bas, elle maîtrisait tout et elle savait que tant qu’elle ne sortait pas, il n’y avait pas de raison pour que ça change. C’était nettement plus simple pour elle. Karina sentit bien qu’elle paniquait, elle la connaissait assez bien pour ça en fait et elle tenta de la rassurer très maladroitement sur le fait qu’ils allaient sûrement réparer l’ascenseur rapidement. Coleen n’en croyait pas un mot. Ils allaient prendre tout leur temps parce qu’ils avaient bien mieux à faire et la laisser là enfermée avec Karina. « Tu as sans doute raison. C’était stupide. » Coleen hocha vaguement la tête. « Oui, j’ai souvent raison comme ça. » Sauf quand elle se trompait sur certaines personnes. Quand elle se plantait comme ça, elle le faisait bien et ça faisait mal après. Avec Karina, c’était vraiment le cas de le dire en fait. La jeune femme s’assura ensuite que Coleen n’allait pas lui faire une crise de panique. Comme si c’était le genre de chose que l’australienne pouvait vraiment contrôler. La brune lui répondit quand même que ça allait aller. Elle ne savait pas si c’était vraiment le cas mais elle l’espérait en tout cas. Et puis, ce n’était qu’un ascenseur bloqué, pas grand-chose. C’est ce qu’elle ajoura pour se rassuré autant qu’elle le pouvait. Karina ne répondit rien du tout à ça et le silence s’installa. Un silence vraiment pesant. Coleen se demandait si elle devait dire quelque chose pour tenter de le briser. Parce qu’elle ne savait plus vraiment comment se comporter vis-à-vis de la russe. Elle lui en voulait toujours bien sûr, ce n’était pas le genre de choses qui pouvait passer comme ça en aussi peu de temps. Mais elle avait aussi pris conscience que la jeune femme lui manquait d’elle. Depuis qu’elle était à New-York, elle s’était toujours appuyer. Karina était un de ses piliers et aller de l’avant sans ça était très difficile pour elle. Coleen finit donc par briser le silence, déclarant qu’elle était peut-être prête à parler aujourd’hui. La lumière ridicule de son téléphone s’éteignit et Coleen appuya de nouveau sur l’écran parce qu’elle ne supportait vraiment pas de se retrouver dans le noir complet. Karina répondit pendant ce temps là à ce qu’elle venait de dire. « Tu es sure de toi ? » Coleen haussa les épaules. Elle était aussi sûre qu’elle le pouvait oui. Elle releva ensuite ses genoux et appuya sa tête contre. « Tu veux qu’on parle ? » L’australienne réfléchit quelques secondes, histoire d’être vraiment sûre. « Oui. » Au moins, un tout petit peu. « C’est juste que… » Elle tenta de voir comment elle pouvait formuler le fond de sa pensée, ce n’était pas si facile. « J’ai du mal à voir ce qu’on pourrait dire. J’ai l’impression d’être avec une inconnue maintenant. »

« Oui, j’ai souvent raison comme ça. » Karina aurait pu rire dans d’autres circonstances. Elle aurait pu balancer une remarque piquante à Coleen comme elle le faisait à chaque fois qu’elle se lançait elle-même des fleurs. De la pure taquinerie, mais qui aime bien châtie bien. Seulement, elle estimait ne plus en avoir le droit. Coleen aurait pu le prendre mal ou bien lui renvoyer en pleine face qu’elle n’avait plus rien à lui dire. Elle ne voulait pas prendre un tel risque, donc elle ne répondit rien, se contentant de sourire légèrement. Elle était contente de voir que Coleen était toujours la même et ne perdait jamais le nord. Enfin du coup, un silence s’installa entre elles. Un silence plutôt gênant et très pesant, à la limite d’être étouffant. Pourtant Karina n’avait pas l’habitude de paniquer pour si peu, elle avait vu et fait bien pire sans faillir… Rien que le fait d’être chirurgien montrait son sang-froid à toute épreuve. Puis récemment elle avait commencé à renouer avec le côté Mikhailov qui dormait en elle où le sang-froid était également une qualité importante. Elle n’avait donc aucun souci là-dessus. Mais là… Là il c’était plus délicat, ce qui était « en jeu » était trop important pour qu’elle n’en ait rien à faire et ne se laisse pas guider par ses émotions. La jeune femme décida que ce n’était pas elle qui briserait le silence en premier. C’était Coleen qui avait tout le pouvoir ici parce que c’était elle qui ne voulait pas la voir ou lui parler. Karina ne voulait que ça, elle avait essayé de s’y faire mais elle n’avait pas réussi. Comment pouvait-elle réussir ? Faire le deuil de sa relation avec l’australienne était tout bonnement impossible, c’était encore plus difficile que de faire celui de sa relation avec Will. Elle comparait la perte de Coleen qui était pourtant encore en vie avec la perte de son frère qui lui était décédé. C’était dire comment elle voyait les choses mal engagées. Elle ne voyait aucune réconciliation possible… Et pourtant, Coleen finit par briser le silence. Elle voulait parler… avec elle… Elle ne pouvait pas laisser passer une telle occasion mais avant il fallait qu’elle s’assure qu’elle était sûre d’elle. « Oui. » L’espoir commença à renaitre en elle. C’était un oui quoi, alors qu’elle lui avait catégoriquement dit non la dernière fois. « C’est juste que… » Elle la regarda grâce à la lumière qu’elle faisait avec son téléphone, ne sachant pas à quoi s’attendre pour la suite. « J’ai du mal à voir ce qu’on pourrait dire. J’ai l’impression d’être avec une inconnue maintenant. » Oh. Oui, c’était logique quelque part. Elle aurait dû tout lui dire sur sa famille dès le départ. « C’est normal que tu penses ça. Mais je n’ai jamais menti sur qui j’étais, je n’ai jamais menti sur comment j’ai agi avec toi. Tu dois en être sûre de ça parce que c’est vrai. » Elle marqua une pause et la regarda dans les yeux pour qu’elle comprenne qu’elle pouvait le croire. « Quant à savoir de quoi parler… C’est toi qui tiens les rênes. Tu peux me poser n’importe quelle question et j’y répondrais honnêtement, sans rien cacher. »

Accepter de parler avec Karina était une chose mais Coleen se rendait bien compte qu’en fait, elle n’avait rien à lui dire. Elle aurait pu dire à la russe la vérité, la seule chose qui la poussait à bien vouloir parler avec elle là mais avouer à Karina qu’elle lui manquait et qu’elle avait besoin d’elle semblait juste inconcevable pour Coleen. En plus, ce n’était pas vraiment Karina qui lui manquait mais plutôt la relation qu’elles avaient toutes les deux avant. Mais même avec tous les efforts du monde, celle-ci ne reviendrait pas. C’était juste impossible. En plus, maintenant, Coleen avait l’impression de se retrouver face à une inconnue, parce qu’elle ne savait rien de Karina finalement. Elle avait crue mais elle s’était trompée. C’est ce qu’elle finit par dire d’ailleurs. « C’est normal que tu penses ça. Mais je n’ai jamais menti sur qui j’étais, je n’ai jamais menti sur comment j’ai agi avec toi. Tu dois en être sûre de ça parce que c’est vrai. » Coleen pinça les lèvres. De toute évidence, Karina ne comprenait rien à rien. Sinon, elle ne soutiendrait pas encore le fait qu’elle n’ait jamais menti. « Bien sûr que si Karina. » répondit Coleen d’un ton las. La lassitude avait pris le dessus sur l’agacement à ce point-là, c’était sûrement mieux pour la russe, au moins Coleen n’allait pas s’énerver. « Tu m’as menti sur qui t’étais ne nie pas l’évidence. Sinon, je ne serais pas tomber d’aussi haut en l’apprenant. C’était peut-être un mensonge par omission mais ça reste un mensonge pareil. » Quant au fait de savoir si la russe lui avait menti sur comment elle avait agit avec elle, c’était un autre problème mais Coleen voulait bien la croire au moins là-dessus. Pour ce que ça changeait. « Quant à savoir de quoi parler… C’est toi qui tiens les rênes. Tu peux me poser n’importe quelle question et j’y répondrais honnêtement, sans rien cacher. » Coleen soupira. C’était là tout le problème. Elle n’avait pas envie de poser des questions ni rien. Elle ne voulait pas se forcer, elle aurait plutôt aimé laisser Karina parler seule et juste avoir à l’écouter (et signaler quand elle n’était pas d’accord). « Tu n’as rien à dire toi alors ? Tu semblais pourtant bien bavarde la dernière fois. » finit-elle par dire un brin moqueuse. Mais en fait, maintenant qu’elle y pensait, elle n’avait peut-être pas envie d’entendre une nouvelle fois Karina s’excuser, se décharger de toutes culpabilités et mettre en avant le fait qu’elle l’avait sauvé. Elle doutait de réussir à être beaucoup plus patiente que la première fois et comme en plus là, elle était vraiment coincée avec Karina. « Dis-moi, s’il n’y avait pas eu… ça. Est-ce que tu aurais fini par me le dire un jour ? Ou est-ce que tu aurais continué à me mentir sur toi encore longtemps comme ça ? » Elle se le demandait souvent ça.

Coleen ne semblait pas décidée à parler. Enfin, c’était surtout qu’elle ne savait pas quoi dire. Tout comme Karina. Elle ne savait pas quoi dire principalement parce qu’elle avait peur de ne pas faire comme il faut, d’énerver l’australienne encore plus et de perdre toutes ses chances pour de bon. Elle en avait fait l’expérience la dernière quand elle était allée la voir, elle n’avait pas envie que cela recommence. Bon c’était peut-être un peu tôt, tout était trop frais et la colère l’habitait encore trop donc il était logique qu’elle n’ait pas eu envie l’écouter et qu’elle rejette tout ce qu’elle avait pu dire. La russe finit quand même par prendre la parole en voyant que Coleen ne le faisait pas. Elle voulait bien lui parler, il ne fallait quand même pas gâcher ce moment. Elle commença par lui dire qu’elle ne lui avait pas menti, qu’elle n’avait pas changée et donc qu’elle n’avait pas à faire à une inconnue. Pas tant que ça en tout cas. « Bien sûr que si Karina. » Karina fit basculer sa tête en arrière tout en fermant les yeux. Si elle commençait à contredire tout ce qu’elle disait cela n’allait sans doute pas fonctionner. « Tu m’as menti sur qui t’étais ne nie pas l’évidence. Sinon, je ne serais pas tomber d’aussi haut en l’apprenant. C’était peut-être un mensonge par omission mais ça reste un mensonge pareil. » La jeune femme finit par rouvrir les yeux et se remit à regarder Coleen. Elle ne considérait pas cela comme un mensonge même si elle pouvait comprendre pourquoi Coleen le pensait. « Donc tu penses que j’ai menti sur le fait d’avoir été ton amie ? Que j’ai menti quand j’étais là pour toi, qu’en réalité je m’en fichais complètement et que je répondais présente quand tu avais besoin seulement pour m’occuper, parce que je n’avais rien de mieux faire ? Que je n’ai fait que jouer la comédie en fait ? » Elle ne savait pas si elle avait réussi à trouver les bons mots et Coleen allait sans doute mal le prendre encore une fois mais bon tant pis, elle devait bien dire les choses comme elle les sentait. « Donc oui je reconnais que j’ai menti par omission en ne te parlant pas de mon ‘héritage’. Ce n’est pas quelque chose dont je suis fière tu vois et si j’avais su qu’Elizaveta allait te faire subir tout ça j’aurais fait en sorte que tu sois en sécurité. Mais c’est ça le problème, je ne suis pas comme eux, je ne pense pas comme eux donc je n’ai pas pu le prévoir. » C’était pour ça qu’elle avait dit ne pas avoir menti aussi, elle ne se considérait vraiment pas être comme eux. « Tu n’as rien à dire toi alors ? Tu semblais pourtant bien bavarde la dernière fois. » La jeune femme resta silencieuse un instant, cherchant une nouvelle fois les bons mots, comme si c’était possible. « Dis-moi, s’il n’y avait pas eu… ça. Est-ce que tu aurais fini par me le dire un jour ? Ou est-ce que tu aurais continué à me mentir sur toi encore longtemps comme ça ? » Elle soupira. « Sans doute. » Coleen aurait sans doute préféré un oui mais elle savait bien que ce n’était pas la vérité. « Si j’avais trouvé le bon moment et la bonne façon de le dire, si ça existe. » Elle soupira à nouveau. « Ce n’est pas un sujet qu’on peut aborder comme ça. Imagine toi à ma place, tu aurais fait comment pour annoncer à ta meilleure amie que ta famille est en réalité une famille de psychopathes qui œuvre pour Satan lui-même depuis des générations ? »

Finalement, parler avec Karina n’était peut-être pas une bonne idée. Elles n’arriveraient pas à dialoguer ensemble, ni maintenant, ni jamais. La russe ne semblait pas vouloir comprendre ce que Coleen voulait dire lorsqu’elle disait avoir l’impression d’être avec une inconnu et elles ne tardèrent pas à tomber en désaccord lorsque Karina déclara ne jamais avoir menti sur qui elle était. Coleen n’était pas d’accord là-dessus, elle ne pouvait pas. « Donc tu penses que j’ai menti sur le fait d’avoir été ton amie ? Que j’ai menti quand j’étais là pour toi, qu’en réalité je m’en fichais complètement et que je répondais présente quand tu avais besoin seulement pour m’occuper, parce que je n’avais rien de mieux faire ? Que je n’ai fait que jouer la comédie en fait ? » L’australienne poussa un soupir ennuyé. Est-ce que sous prétexte que Karina avait été là pour elle par le passé Coleen ne pouvait rien lui reprocher là ? En plus, elle déformait complètement ce que la brune avait dit, Coleen n’avait rien dit sur leur amitié. C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais mis en doute d’ailleurs même si elle n’était pas certaine que ce soit toujours d’actualité maintenant. « Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dis Karina. » répliqua-t-elle agacée. Elle avait juste soulevé le point que Karina avait omis de dire certaines choses comme la dernière fois. Et comme la dernière fois, ça n’avait pas l’air de très bien passé. « Donc oui je reconnais que j’ai menti par omission en ne te parlant pas de mon ‘héritage’. Ce n’est pas quelque chose dont je suis fière tu vois et si j’avais su qu’Elizaveta allait te faire subir tout ça j’aurais fait en sorte que tu sois en sécurité. Mais c’est ça le problème, je ne suis pas comme eux, je ne pense pas comme eux donc je n’ai pas pu le prévoir. » Le regard de Coleen se fixa dans la direction de Karina qu’elle voyait à peine avec la lumière de son portable. « Tu n’es pas comme eux. Vraiment ? » A ce sujet aussi, elle n’était pas trop sûre de savoir quoi penser. Elle ne savait plus quoi penser au sujet de Karina. « Alors tu n’as jamais rien fait que l'on puisse te reprocher ? » demanda-t-elle le regard toujours fixé sur la jeune femme. Elle regrettait encore plus d’être dans le noir maintenant, si elle n’était pas sûre qu’elle pouvait se fier aux paroles de la brune, elle était certaine qu’elle aurait pu avoir confiance au moins à l’expression de son visage. Comme Karina semblait attendre que Coleen parle, celle-ci se décida quand même à demander si la russe aurait fini par lui parler de tout ça un jour. Elle se doutait bien de la réponse à ça mais elle voulait bien voir ce que la russe trouverait à dire. « Sans doute. » Ouais, ce n’était vraiment pas très convaincant ça. « Si j’avais trouvé le bon moment et la bonne façon de le dire, ça existe. » Autant dire jamais. « Je le savais. » répondit Coleen un peu blasé. C’était presque lassant pour le coup. Elle aurait bien aimé avoir tord là-dessus mais il était évident que si Karina ne lui avait jamais parlé de ça c’est qu’elle n’avait jamais l’intention de le faire. « Ce n’est pas un sujet qu’on peut aborder comme ça. Imagine toi à ma place, tu aurais fait comment pour annoncer à ta meilleure amie que ta famille est en réalité une famille de psychopathes qui œuvre pour Satan lui-même depuis des générations ? » Elle n’avait pas de famille de psychopathe et elle n’avait pas envie de s’imaginer à la place de Karina. Elle devait déjà supporter d’être à sa place à elle et c’était bien assez pénible. « Et toi Karina, mets toi à ma place aussi. Comment aurais-tu préféré apprendre que la famille de ta meilleure amie était une famille de psychopathe, dans la bouche de celle-ci ou attachée dans le fond d’une pièce au bout de très longues journées à se demander ce que t’avais bien u faire de mal hein ? » Coleen se tut aussitôt. Elle avait évoqué directement ça parce que Karina l’avait mis en colère mais elle le regrettait, elle ne voulait pas en parler, elle évitait en général autant qu’elle le pouvait. « Laisse tomber. Je sais même pas pourquoi je t’ai demandé ça en fait, c’était une erreur. »

« Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dis Karina. » Karina ne comprenait pas trop Coleen sur le coup. Elle n’avait pas insinué qu’elle lui ait menti sur toute la ligne ? Ou encore une fois elle n’avait rien compris ? Elle était peut-être stupide aussi. Enfin, oui, elle était clairement stupide pour être tombée dans le piège d’Elizaveta et pour être allée la voir en premier lieu. Rien de tout cela ne serait arrivé… Ou peut-être que si en fait, et Karina n’aurait peut-être pas été en mesure de sauver l’australienne. Elle ne savait pas ce qui était préférable du coup. Elle n’arrivait même plus à penser correctement. Avoir voulu parler à Coleen était vraiment une mauvaise idée en fait, qu’elles ne se parlent plus et ne soient rien l’une pour l’autre était surement préférable aussi. Tout serait plus facile pour la jeune femme et elle n’aurait plus aucune raison de culpabiliser puisque plus personne à décevoir. « Très bien, oublie ce que j’ai dit. Je t’ai menti et restons-en là. » La situation n’avait aucune issue de toute façon. « Tu n’es pas comme eux. Vraiment ? » Seulement, Coleen continua à lui poser des questions. Pourquoi lui avait-elle proposé ça d’ailleurs ? Elle lui poserait forcément des questions qui la mettraient dans une position douloureuse et elle ne pourrait pas lui mentir. Coleen apprendrait forcément la vérité un jour et ce serait encore pire. « Alors tu n’as jamais rien fait que l'on puisse te reprocher ? » Exactement ce dont elle parlait. « Je ne vais te mentir et te dire que je suis irréprochable. Bien au contraire. » Pas besoin d’en dire plus. Elle ne voulait pas que Coleen lui demande ce qu’elle avait fait parce qu’elle n’avait pas envie d’en parler. Elle n’était pas fière d’elle. L’australienne lui demanda ensuite si elle comptait lui en parler un jour. Karina lui répond plus ou moins subtilement que non même si elle avait toujours essayé de trouver le bon moment. « Je le savais. » De toute façon maintenant, une chose de plus ou de moins à lui reprocher, ça ne changeait pas grand-chose. Elle lui demanda de se mettre à sa place. Elle aurait bien voulu savoir comment quelqu’un d’autre aurait fat à sa place, ça l’aurait vraiment aidé parce qu’elle là elle avait clairement besoin d’aide. « Et toi Karina, mets-toi à ma place aussi. Comment aurais-tu préféré apprendre que la famille de ta meilleure amie était une famille de psychopathe, dans la bouche de celle-ci ou attachée dans le fond d’une pièce au bout de très longues journées à se demander ce que t’avais bien dû faire de mal hein ? » La russe baissa les yeux. Chaque fois que Coleen parlait du cauchemar qu’elle avait vécu était une nouvelle fois où elle s’en voulait encore plus que la précédente. Elle ne supportait pas l’idée de Coleen en train de se faire torturer par sa nièce. Et du coup, là, elle avait de grandes envies de meurtre. Elle voulait tous les tuer pour enfin être tranquille. En toute honnêteté, elle ne savait pas quoi répondre à ça. Elle aurait sans doute voulu ne pas le savoir, on vivait bien dans le déni parfois. Elle ne répondit rien, la réponse s’imposait d’elle-même. « Laisse tomber. Je sais même pas pourquoi je t’ai demandé ça en fait, c’était une erreur. » « Tu as raison oui. Je pense qu’en fait il n’y aucune issue là. Je n’aurais jamais dû essayer d’aller te parler l’autre jour. J’aurais dû te laisser tranquille. » Elle ne savait pas pourquoi elle ne l’avait pas réalisé avant mais Coleen était beaucoup mieux sans elle. Puis elle ne lui pardonnerait jamais de toute façon, elle n’arrivait déjà pas à se pardonner elle-même.

Coleen croyait pourtant qu’elle était plus disposée à parler avec Karina aujourd’hui. Vraiment. Mais ce n’était pas si simple en fait. Dès que Karina ouvrit la bouche, l’australienne avait juste envie qu’elle se taise. Elles n’allaient aller nulle part comme ça, c’était certain. « Très bien, oublie ce que j’ai dit. Je t’ai menti et restons-en là. » Ouais, c’était sûrement le mieux à faire de toute manière. Juste cesser de parler à Karina et attendre que quelqu’un s’occupe de les sortir de là. Mais Coleen ne pouvait pas s’y résoudre. Déjà parce qu’elle était là, dans le noir avec rien à faire d’autres que ressasser des pensées dont elle ne voulait pas. Parler avec Karina l’occuperait au moins un minimum même si ça ne pouvait pas lui faire détourner totalement son attention. Mais en plus, la jeune femme avait dit quelque chose qui avait attirée l’attention de Coleen en déclarant ne pas être comme eux. Elle ne savait pas trop pourquoi mais l’australienne demanda alors à Karina si c’était vraiment le cas et si elle n’avait jamais fait quelque chose que l’on puisse lui reprocher. Clairement, elle ne voulait pas connaître la réponse à ça et elle aurait mieux fait de s’abstenir de demander mais elle n’avait pas pu s’en empêcher. « Je ne vais te mentir et te dire que je suis irréprochable. Bien au contraire. » Coleen déglutit en entendant la brune lui dire ça. Parce qu’il y avait une très nette différence entre imaginer que Karina ait fait des choses de mal et se l’entendre confirmer. « Je pensais pourtant que tu n’étais plus à un mensonge près. » dit-elle finalement au bout d’un moment. Elle aurait pu en demander plus à ce sujet mais elle ne voulait rien savoir d’autres. Elle savait déjà de toute manière que la Karina qu’elle croyait connaître, celle qui n’aurait rien fait de mal pour rien au monde semblait avoir disparu. Or, c’était de cette Karina là que Coleen aurait eu besoin. Celle qui lui sauvait la vie au lieu de la lui gâcher. Coleen continua encore de lui poser des questions auxquelles elle connaissait déjà les réponses en demandant à Karina si elle aurait fini par lui dire ça un jour. Evidemment que non, elle le comprit aussitôt et Karina lui confirma. Mais Coleen y était préparé, elle pouvait supporter d’entendre ça. Ce qu’elle supportait moins en revanche ce que Karina lui demande de se mettre à sa place. Non, s’il y avait bien une personne qui devait se mettre à la place de l’autre c’était plutôt Karina. Elle le lui fit savoir d’ailleurs et puis, comme elle était sûre que ça ne mènerait à rien de toute manière, elle lui demanda de laisser tomber. « Tu as raison oui. Je pense qu’en fait il n’y aucune issue là. Je n’aurais jamais dû essayer d’aller te parler l’autre jour. J’aurais dû te laisser tranquille. » Karina avait au moins raison à ce propos. Il n’y avait aucune issue, que ce soit dans leur discussion ou dans cet ascenseur. Coleen ne répondit rien. Elle n’avait plus rien à dire, elles n’avaient plus rien à se dire. Mais le silence ne tarda pas à lui peser. Elle voulait rentrer chez elle maintenant. Elle voulait qu’on la laisse en paix. « J’aimerais pouvoir juste te détester et t’en vouloir Karina. Mais je ne peux pas. Parce que quelque part, j’ai besoin de toi quand même. Même si je préfèrerais que ce ne soit pas le cas. » avoua-t-elle finalement.

Karina allait très vite commencer à étouffer dans cet ascenseur. Elle avait au départ vu la situation comme une très mauvaise chose parce qu’elle se trouvait avec Coleen et qu’elle était la personne que l’australienne avait le moins envie de voir et détestait le plus au monde. Ce n’était pas très difficile à deviner. Après ça aurait pu très bien se passer si elle avait été seule ou s’était retrouvée avec quelqu’un d’autre, il lui fallait plus qu’une boite en métal plongée dans le noir pour lui faire peur. Mais Coleen compliquait vraiment tout… Et ce n’était pas de la faute de l’australienne mais bien de sa faute à elle. Si elle ne lui avait pas menti (par omission certes mais ça ne faisait aucune différence) dès le départ tout cela ne serait jamais arrivé. Et ce ne serait sans doute jamais arrivé parce que Coleen aurait pris peur et aurait fui à la première occasion. C’était certain en fait, comment ne pas prendre peur quand on avait à faire à la fille d’un parrain mafieux à la tête d’une famille extrêmement dangereuse ? Impossible. Karina avait choisi de ne pas préciser ce détail à son amie et elle en payait le prix fort. « Je pensais pourtant que tu n’étais plus à un mensonge près. » Oui, elle aurait pu penser ça. Quitte à perdre Coleen, autant l’épargner. Mais elle ne pouvait pas continuer à lui mentir, elle ne voulait pas que son image se dégrade encore plus dans l’esprit de l’australienne ou lui donner encore plus de raisons de lui en vouloir. Alors elle allait commencer à être honnête sans non plus entrer dans les détails pour ne pas trop effrayer Coleen. « Tu as demandé. Je t’ai dit que je ne te mentirais plus, alors voilà. » Elle serait honnête maintenant, alors si Coleen ne voulait pas savoir il ne fallait pas qu’elle lui pose des questions. Après ça, un court silence s’installa à nouveau jusqu’à ce que l’australienne ne reprenne la parole pour dire qu’elle regrettait d’avoir accepté de lui parler. Karina était d’accord en fait, elle regrettait elle aussi, elle aurait eu meilleur compte à la laisser tranquille. Ça aurait été plus facile. « J’aimerais pouvoir juste te détester et t’en vouloir Karina. Mais je ne peux pas. Parce que quelque part, j’ai besoin de toi quand même. Même si je préfèrerais que ce ne soit pas le cas. » La russe baissa la tête. Elle s’en voulait tellement de lui avoir fait subir tout ça et de lui causer tant de mal. Ça n’avait jamais fait partie de ses intentions, elle avait juste voulu la protéger. Vouloir la protéger n’avait en fait qu’aggravé la situation. Ce que venait de dire Coleen lui donnait quand même un tout petit espoir. Leur amitié signifiait quand même quelque chose à ses yeux, malgré ce qu’il s’était passé. Mais qu’est-ce qu’elle pouvait bien répondre à a ça hein ? Elle n’arrêtait pas de lui dire qu’elle pouvait compter sur elle, que rien n’avait changé et qu’elle serait toujours là pour elle, qu’elle ne voulait que son bien. Mais qu’est-ce que ça pouvait changer là ? « Je suis là pour toi Coleen, je peux l’être. Mais c’est plus facile de me détester et de m’en vouloir alors fais-le d’accord ? Repense à tout ce que tu as subi et ce sera plus facile, tu verras très vite que tu n’as plus besoin de moi. » Elle se détestait de dire ça et elle avait conscience de se contredire totalement mais Coleen avait raison, elle devait la laisser tranquille.

Coleen ne savait pas exactement pourquoi elle avait commencé à parler à Karina. Parce qu’elle était de l’avis de dire que leur conversation ne mènerait à rien, comme la première fois. Sauf que la dernière fois, elle pouvait se débarrasser de Karina comme elle le voulait. Il suffisait juste qu’elle lui claque la porte au nez (même si elle ne l’avait pas fait). Aujourd’hui, au contraire, elle était vraiment coincée avec la brune, sans possibilité de se débarrasser d’elle dans l’immédiat. Ceci aurait bien dut lui inciter à garder le silence. Mais elle ne l’avait pas fait et elle avait même été jusqu’à lui demander si la russe n’avait rien fait que l’on puisse lui reprocher. Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait, elle savait bien que la réponse ne lui plairait pas et elle ne lui plaisait pas. Clairement. Pour ne rien laisser voir de tout ça, Coleen préféra dire quelque chose au sujet du fait que la brune n’était plus à un mensonge près. « Tu as demandé. Je t’ai dit que je ne te mentirais plus, alors voilà. » Ca, ca méritait au mois d’être claire comme réponse. Coleen ne poserait juste plus de questions puisque c’était ça. De toute façon, elle n’avait rien envie de savoir de plus à ce sujet vraiment.

Finalement, après avoir mentionné le fait qu’elle regrettait de lui avoir parlé (ce qui aurait bien pu mettre fin à toute conversation en fait), il fallut à nouveau que Coleen reprenne le parole. Encore une fois, elle ne savait pas pourquoi elle disait ce qu’elle disait. Sûrement juste pour éviter les blancs. Le silence n’était pas agréable et la faisait paniquée plus qu’autre chose, elle n’aimait pas être coincée là. Elle avoua alors à celle qu’elle avait longtemps considéré comme son amie qu’elle ne pouvait pas juste la détester et lui en vouloir. Elle essayait, vraiment, de tout son cœur. Mais elle était toujours attachée à la brune et elle avait besoin d’elle. C’est en avouant ça à la russe qu’elle réalisa à quel point ce qu’elle disait était vrai. Il avait juste fallut qu’elle le lui dise pour enfin bien vouloir l’admettre. « Je suis là pour toi Coleen, je peux l’être. Mais c’est plus facile de me détester et de m’en vouloir alors fais-le d’accord ? Repense à tout ce que tu as subi et ce sera plus facile, tu verras très vite que tu n’as plus besoin de moi. » S’il y avait bien quelque chose qui était clair, c’est que Karina ne savait pas ce qu’elle voulait. Coleen garda le silence un moment, si elle avait pu dévisager l’autre elle l’aurait fait mais comme il faisait un peu noir là. « Parce que tu crois vraiment que je veux repenser à ça hein ? » dit-elle un peu amère. Bien sûr, elle y repensait, elle ne pouvait pas faire autrement même si elle aurait juste souhaité ôter ça de ses souvenirs. Mais elle n’allait sûrement pas y repenser exprès pour détester encore plus Karina. « Et je ne comprends pas... je croyais que tu serais contente. Ce n’est pas ce que tu voulais, que j’ai besoin de toi ? Je pensais pourtant que c’est ce que tu cherchais en me rappelant que tu m’avais sauvé la dernière fois. » Même si clairement, là-dessus, elles ne voyaient pas les choses de la même manière.