KATERINA & RAFAELLO

La vie est faite de choix.

J'étais en train de faire une grosse connerie. Genre, grosse comme une maison. Mais je n'avais plus le choix maintenant. Depuis presque quinze ans, je n'avais que trop repoussé la date fatidique. Aujourd'hui il fallait que j'officialise mon lien très étroit avec la mafia, en épousant la fille à cause de laquelle je m'y trouvais. Nous avions longuement parlementé au départ, quand j'avais réalisé dans quel merdier j'étais tombé. Et à ma grande surprise, on m'avait autorisé à ne pas l'épouser quand je n'étais encore qu'un gamin ou même à ma majorité. Celui qui deviendrait mon beau père ce soir là, avait largement accepté que je puisse, selon ses propres dires, profiter de mon célibat aussi longtemps que je le voudrais. Sauf que le "aussi longtemps" avait en réalité des limites. Depuis mes vingt cinq ans, il insistait un peu plus chaque jour, pour que je me lance enfin et demande sa main à sa gosse. Ce que j'avais finalement fais un an plus tôt. Et là j'avais repoussé la date du mariage. Jusqu'à aujourd'hui. Vêtu de mon costume trois pièces noir, cheveux parfaitement ramenés en arrière sans qu'aucun ne dépasse, j'étais assis sur un siège en plein milieu de la pièce qui me servait finalement plus de planque qu'autre chose. J'avais demandé à ma famille de me laisser seul un instant. Je ne savais pas si j'aurais véritablement le courage d'aller jusqu'au bout ou non. Ce qui était somme toute assez con, puisque des trucs j'en avais fais un tas depuis tout ce temps. Des choses pas franchement légale. Je trempais dans le trafique de drogues, trafique d'armes et même le trafique d'organes. Sans parler du proxénétisme et des meurtres. Bref, j'étais devenu de ces types peu recommandables. Et tout ça pour sauver ma famille de la mafia. Je n'étais pourtant pas certain qu'ils soient en grande sécurité aujourd'hui.

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la vie est faite de choix

(les frères scott) ▽ Vous êtes vous déjà demandé quelle trace laisse notre passage su terre. Si une seule vie peut réellement avoir un effet sur le monde, ou si les choses que nous faisons ont une quelconque importance. Moi je crois que oui, et je crois qu’un seul homme peut changer la vie de beaucoup d’autres pour le meilleur ou pour le pire.

Après tant de mois à repousser la date de son mariage totalement faux, Rafaello s'était finalement décidé. Ou plutôt, on l'y avait poussé. Cela faisait maintenant très longtemps qu'il était en couple avec cette fille, véritable bombe à retardement dans nos vies. Je savais qu'il ne faisait pas cela par pur plaisir, mais bel et bien par obligation. Je m'étais rendue compte dès le début qu'il y avait quelque chose qui clochait chez elle et, tristement, je m'étais rendue compte que j'avais raison. Elle n'était pas juste une petite amie de Raf, elle était la fille du chef de la mafia. Autant dire que le simple fait de rompre avec elle aurait déclenché un cataclysme dans nos vies et là encore, cette information s'était avérée être vraie. Résultat des courses, en plus de tremper dans des histoires louches et atroces, Raf allait se marier avec une femme qu'il n'aimait pas, et avec qui il restait pas pure obligation. Je n'osais pas imaginer ce que la mafia nous ferait si jamais il venait à changer d'avis. Mais pour l'heure, ce qui m'inquiétait le plus, c'était le fait de savoir que j'allais être la demoiselle d'honneur à un mariage totalement faux. Un peu comme le mien, en réalité ... Sauf que moi, je n'y avait pas été forcée, et je m'étais mariée avec un homme somme toute très charmant, sous les supplies de mon père. Raf était mon principal centre d'intérêt aujourd'hui. Vêtue de ma robe de demoiselle d'honneur, je me rendis dans la pièce dans laquelle il s'était cloîtré. Je donnai quelques coups contre la porte, et m'invitai avec lui, même s'il nous avait expressément demandé de ne pas y aller. « Raf ... Tu es sûr de vouloir faire ça ? », lui demandai-je d'une voix basse, dans laquelle suintait toute mon inquiétude à son sujet. Je refermai la porte derrière moi, et me rapprochai de lui. Il fallait que je sois sûre. Sûre qu'il n'allait pas faire la plus grosse erreur de toute sa vie.

(c) AMIANTE

KATERINA & RAFAELLO

La vie est faite de choix.

Quand bien même j'avais expressément demandé à ma famille de me laisser tranquille dans cette pièce vide de toute vie humaine en dehors de la mienne, Katerina semblait décidée à n'en faire qu'à sa tête. Ce qui n'était finalement pas si surprenant que ça. Fut un temps où nous étions tous les deux affreusement soudés; J'étais son protecteur, elle était mon espoir. Parce qu'elle était sans aucun doute la personne la plus douce et la plus merveilleuse que j'ai pu connaître. Mais plus les années passaient, plus il me semblait que nous nous éloignions l'un de l'autre. Parce que je devenais un type foncièrement mauvais malgré tous mes efforts pour ne pas me perdre. Et qu'elle, de son côté, était mariée à un chic type qui n'allait maintenant plus tarder à lui faire un tas de mioches. « Raf ... Tu es sûr de vouloir faire ça ? » Prostré sur ma chaise, coudes posés sur mes cuisses, dos voûté, je ne pris pas la peine de relever le regard vers elle. Je me contentai de lâcher un rire nerveux. « Voyons Katerina ! C'est le plus beau jour de ma vie. Ca n'se voit pas ? » Demandai-je sur un ton ironique et mordant, avant de me reprendre. Il s'agissait de ma petite soeur ! « Quelle autre option ais-je, de toute façon ? » Soupirai-je de lassitude. Aucune ... Je n'avais absolument aucune autre option de toute façon. C'était soit ça, soit voir toute ma famille se faire liquider sous mes yeux, avant de rendre moi même mon dernier soupir. Autant dire, une option absolument pas envisageable. Je le refusais tout net. Et personne ne saurait me faire changer d'avis. Tant pis. J'acceptais d'épouser une femme que je n'aimerais jamais plus. Et j'acceptais de confirmer mon statut privilégié au sein de la mafia sicilienne.

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(les frères scott) ▽ Vous êtes vous déjà demandé quelle trace laisse notre passage su terre. Si une seule vie peut réellement avoir un effet sur le monde, ou si les choses que nous faisons ont une quelconque importance. Moi je crois que oui, et je crois qu’un seul homme peut changer la vie de beaucoup d’autres pour le meilleur ou pour le pire.

Il nous avait à tous demandé de le laisser seul un moment, mais je ne pouvais pas juste rester là en compagnie de tous ces mafieux, à attendre sagement qu'il se décide à pointer le bout de son nez. Je connaissais Raf par coeur, et je savais aussi dans quelle affreuse situation il était actuellement. Ce n'était pas envisageable, pour moi, de le laisser s'enfoncer dans toutes ces conneries. Il n'était pas seul, et il était grandement temps qu'il se rende compte qu'il n'avait pas à porter tout le poids de cette situation de lui-même. Je me glissai dans la pièce, et engageai la conversation. « Voyons Katerina ! C'est le plus beau jour de ma vie. Ca n'se voit pas ? », lâcha-t-il sur le ton qui le caractérisait si bien ces derniers temps. Il n'était plus lui-même ... Plus vraiment ... Et excepté à de très rares occasions. J'étais en train de le perdre, et je savais que ce mariage n'allait pas l'arranger, bien au contraire même. « Quelle autre option ai-je, de toute façon ? », reprit-il rapidement, sur un ton soudainement plus doux. Je soupirai de lassitude, et allai m'installer sur une chaise face à lui. Je pris un instant ma tête entre mes mains, fatiguée de tout cela. Fatiguée de le voir ainsi se morfondre et se replier chaque jour un peu plus sur lui-même. Il vivait une horreur, et je devais faire quelque chose pour que cela s'arrête. Rapidement. « Raf ... Je suis sûre que tu peux choisir. Tu dois choisir. », dis-je sur un ton ferme en relevant finalement la tête pour le regarder. Je passai une main dans mes cheveux, gênée par l'idée qui semblait germer peu à peu dans mon esprit. « Tu ne peux pas t'enfermer dans cette vie. J'ai bien vu que tu changeais, que tu n'es plus le Raf que j'ai connu. Ne te prive pas de ta vie pour nous. », ajoutai-je, désireuse de lui faire ouvrir les yeux. Je ne voulais pas me sentir coupable de sa déchéance, ou en tout cas, pas plus que je l'étais déjà.

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La vie est faite de choix.

Prendre des décisions n'était pas une chose franchement facile déjà à la base. Mais faire des choix pareils, c'était plus compliqué que tout encore. Il ne fallait pas oublier que dans l'affaire, il était question de vie ou de mort. Et c'était purement et simplement la vie de ma famille au grand complet qui était en jeu. Or, si je me foutais un peu de la plupart d'entre eux, il n'en n'allait pas de même avec Katerina et Fabio. Ce dernier était sans conteste mon frère préféré. Sans doute parce que je l'avais pris en main quand nous étions encore jeunes et que je pouvais encore lui éviter de devenir nos aînés. Il me semblait que je m'en étais plutôt bien sorti. Et je n'allais foutrement pas m'en plaindre ! « Raf ... Je suis sûre que tu peux choisir. Tu dois choisir. » Je lâchai un long soupir de lassitude en voûtant un peu plus le dos encore. Malheureusement pour elle, j'avais déjà fais mon choix. Un choix difficile et douloureux. Mais j'avais fais un choix. Celui de les protéger envers et contre tout. Quitte à me sacrifier. « Tu ne peux pas t'enfermer dans cette vie. J'ai bien vu que tu changeais, que tu n'es plus le Raf que j'ai connu. Ne te prive pas de ta vie pour nous. » Cette fois ci, quand je relevai la tête, ce fut pour lui lancer un regard noir. Elle ne savait pas de quoi elle parlait. Elle ne savait pas ! « Tu ne sais pas de quoi tu parles Katerina. Tu n'as aucune idée de ce dont ils sont capables. Moi oui ! Tu crois qu'ils vont juste vous sourire et vous laisser partir ? Putain Katerina ! » Tonnai-je sur la fin, en me levant vivement, balançant ma chaise et commençant à faire les cent pas. « Faut-il que je te fasse un dessin de tout ce qu'ils vous feront avant de tous vous liquider sous mes yeux ? »

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Raf était en train de faire la plus grosse erreur de toute sa vie. J'en étais persuadée maintenant que je lui faisais face et que je me concentrai pleinement sur lui, et uniquement lui. Ces derniers mois, j'avais été très prise par mon couple, mon mariage, et tout ce que cela impliquait. Mais maintenant, j'étais avec Raf, et personne d'autre. Et je voyais sans mal à quel point il était différent, et à quel point il était au plus mal. Assis sur cette chaise, il semblait abattu, replié sur lui-même, et voûté comme s'il endurait toute la misère du monde. Je le connaissais suffisamment pour savoir que tout cela lui pesait et qu'il n'avait pas la moindre envie de se marier avec cette fille. Mais ce regard noir qu'il venait de me lancer, à moi, ce n'était pas lui. Vraiment pas. J'étais en train de le perdre, et c'était ce qui me faisait peur, pas l'idée de pouvoir me faire tuer si jamais il changeait d'avis. « Tu ne sais pas de quoi tu parles Katerina. Tu n'as aucune idée de ce dont ils sont capables. Moi oui ! Tu crois qu'ils vont juste vous sourire et vous laisser partir ? Putain Katerina ! », lâcha-t-il avec hargne. Ce n'était pas lui. Il se leva brusquement, hors de lui, et le bruit de sa chaise qui alla s'écraser sur le sol me fit sursauter. « Faut-il que je te fasse un dessin de tout ce qu'ils vous feront avant de tous vous liquider sous mes yeux ? », me demanda-t-il, toujours aussi hors de contrôle. Je me levai à mon tour, et me rapprocha de lui lentement, pour finalement poser mes mains sur ses épaules et le faire s'arrêter. Il allait me donner le vertige, et les nausées qui allaient avec. « Tu n'as pas à te sacrifier pour nous. Il était grand temps que tu t'en rendes compte ! Certes, ils ne nous feront pas de cadeau, mais il est hors de question que je te laisse perdre ainsi ta vie, et te perdre toi-même pour nous. », dis-je aussi calmement que possible. « On peut s'enfuir ... Fabio, toi et moi. », murmurai-je, pas sûre moi-même de mes propres mots. Etait-ce seulement envisageable ?

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Katerina ne semblait pas être consciente du danger que je représentais à moi seul. Un simple contact physique pouvait définitivement me faire perdre les pédales. Ainsi, quand elle posa ses mains sur mes épaules, plutôt que de m'adoucir ce geste me fit me contracter sur place. Je serrai les mâchoires et évitai de la regarder pour qu'elle ne réalise pas quel genre de monstre je pouvais être devenu au cours des dernières années. Il était trop tard pour moi. J'étais déjà perdu. Je n'étais plus l'homme que j'avais jadis été. Je n'étais maintenant plus que haine et hargne. « Tu n'as pas à te sacrifier pour nous. Il était grand temps que tu t'en rendes compte ! Certes, ils ne nous feront pas de cadeau, mais il est hors de question que je te laisse perdre ainsi ta vie, et te perdre toi-même pour nous. » Je lâchai un rire narquois et sans une once d'amusement, avant de pousser assez sèchement ses bras, de l'une de mes mains. Après un regard noir à son adresse, je me détournai pour aller m'adosser à un mur en fourrant les mains dans les poches de mon pantalon noir. « Tiens-tu vraiment à être violée puis tuée sous les yeux de ton mari et de toute ta famille ? Est-ce que tu crois que je serais capable de regarder ça puis la torture de tous les autres ? A t'entendre, changer d'avis maintenant serait tellement simple. » Lâchai-je froidement. « On peut s'enfuir ... Fabio, toi et moi. » Nouveau rire sans joie alors que je levais les yeux au ciel. « Tu es putain de naïve mon Dieu ! Tu crois que ça peut être aussi simple que ça avec la mafia ? Ils nous traqueront, nous retrouveront et nous tueront. On parle de la mafia sicilienne là. Pas d'un gentil petit gang de rue. »

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J'avais eu raison sur toute la ligne le concernant : il n'était plus lui-même. En fait, il n'avait même plus aucun rapport avec le Rafaello que j'avais connu. Il était passé d'un extrême à l'autre, et je le comprenais parfaitement au vu de tout ce qu'il avait vécu, et vivait encore. Mais était-ce une raison pour baisser les bras de la sorte ? Ne devrait-il pas plutôt se battre et tout faire pour se tirer de cette situation plus que complexe ? J'avais parfois l'impression d'être plus désespérée que lui alors que, dans le fond, je n'avais pas tant que cela à me plaindre de mon mari. Même si, à l'image de notre père, je n'étais que la femme à tout faire, et accessoirement la future mère de ses gosses. Le simple fait de poser mes mains sur ses épaules le contractèrent plus encore et il ne tarda pas à me repousser sans la moindre délicatesse. « Tiens-tu vraiment à être violée puis tuée sous les yeux de ton mari et de toute ta famille ? Est-ce que tu crois que je serais capable de regarder ça puis la torture de tous les autres ? A t'entendre, changer d'avis maintenant serait tellement simple. », lança-t-il avant de s'éloigner de moi, alors que je restai figée sur place, incapable de faire le moindre mouvement. Je l'observai, impuissante. Il avait tellement changé. « Tu es putain de naïve mon Dieu ! Tu crois que ça peut être aussi simple que ça avec la mafia ? Ils nous traqueront, nous retrouveront et nous tueront. On parle de la mafia sicilienne là. Pas d'un gentil petit gang de rue. », ajouta-t-il d'une voix forte, et atrocement froide. D'un pas décidé, je retournai me poster devant lui. Le coup partit tout seul ... Ou presque. Ma main alla se loger sur sa joue avec force, toute la maigre force que j'avais en ma possession. « Putain mais Raf réveille-toi un peu ! Tu crois vraiment qu'ils vont nous foutre la paix ? Qu'est-ce que ça change que tu te maries ? Que tu fasses des gosses à cette pimbêche ? Que tu exécutes leur mission ? Tout ce qui compte pour eux, c'es qu'ils t'ont sous leur coupe. Ils te feront le même chantage encore et encore et au final, tu finiras par tout perdre pour une raison débile. Ils tuent des gens tous les jours, ne crois pas que, parce que tu as fais exactement ce qu'ils ont voulu de toi, ils en resteront là. », explosai-je soudainement, agacée de le voir aussi distant, et aussi ... changé.

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J'avais horreur du contact, c'était un fait. Mais plus encore que tout le reste, je ne supportais pas que l'on me gifle. Il n'y avait pas acte plus réducteur que celui ci. « Ne me touche ... Jamais plus ... » Lâchai-je froidement et presque trop calmement; Avant de m'éloigner à nouveau d'elle, comme incapable de supporter toute proximité entre nous. Je demeurai dos à elle, incapable de la regarder. Elle ne savait pas de quoi elle parlait. C'était moi qui avais à faire à ces horribles types jour après jour, pas elle. Comment pouvait-elle s'imaginer que les fuir était la seule solution envisageable ? Etait-elle donc naïve à ce point ? Je peinais à croire un truc pareil. « Marié, je cours beaucoup moins de risques qu'en ne l'étant pas. Je ferai parti intégrante de la grande famille mafieuse. Crois moi Katerina, c'est la seule décision à prendre. Je ne peux faire marche arrière maintenant de toute façon. Tout est fin prêt. Rafaello Viscenti va épouser la fille de l'homme le plus puissant de la mafia sicilienne et prendra sa place à sa mort. C'est un statut qui me permettra de protéger toute ma famille. C'est tout ce que je peux et dois faire.» Lâchai-je sur un ton clair et presque calme. J'avais l'impression d'être spider man venant de perdre son oncle et incapable de savoir ce qu'il était supposé faire. Continuer à être cet incroyable super héros ? Ou juste accepter de mettre tout ça de côté, quitte à voir le monde courir à sa perte ? Même si pour le coup, je n'étais pas un super héros. Et le fait que je fasse parti de la mafia était loin de rendre service au monde. C'était même tout le contraire. J'étais devenu un monstre à part entière. Il faudrait être con pour ne pas s'en rendre compte.

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La situation était réellement en train de dégénérer. Sur le coup d'une impulsion et lancée par l'agacement qu'il avait su provoquer en moi, je lui avais mis une gifle plutôt forte, et cela ne lui avait pas plus. Pas du tout. Ma longue tirade n'eut aucun effet sur lui, me désespérant un peu plus encore. « Ne me touche ... Jamais plus ... », lâcha-t-il de manière toujours aussi froide, avant de s'éloigner de l'endroit où nous étions. Je soufflai l'air que je contenais depuis pas mal de temps sans même m'en être rendue compte. J'étais, bizarrement, soulagée d'être sa soeur, le cas contraire, il n'aurait sans doute pas hésiter à me rendre au centuple la gifle que je venais de lui mettre. J'écoutai attentivement ses mots, essayant de me mettre à sa place, essayant de le comprendre ... En vain. Je ne pouvais définitivement pas envisager le tout de la même manière que lui. Peut-être parce que nous étions tous deux dans une situation radicalement différente et que je ne risquais pas ma vie à toute instant comme lui. Je retournai m'asseoir sur ma chaise, bien décidée à ne plus m'approcher de lui histoire d'éviter tout débordement d'un côté ou de l'autre. Je replongeai ma tête dans ma main, en quête de nouvelles paroles à lancer pour le convaincre une bonne fois pour toute que ce qu'il faisait n'était pas juste, surtout pour lui. « Arrête, Raf. », dis-je à mon tour d'une voix froide en redressant la tête pour lui jeter un regard noir. Pour le récupérer, c'était maintenant ou jamais ... « Arrête de fuir, de t'enfoncer dans tes démons. Je sais qui tu es, Rafaello, et tu n'as rien à avoir avec ça ... Rien du tout. Tu prendrais moins de risque en essayant de fuir, pour la simple et bonne raison que tu nous perdras aussi en te mariant avec elle, et en acceptant de jouer les toutous pour son père. Ne joue pas au super-héro ... Tu te feras tuer en acceptant leur mission, et tu nous feras aussi courir un risque à tous. Ne te voile pas la face, tout n'est pas noir ou blanc. », dis-je d'une voix faible. Peut-être était-il juste impossible de retrouver le Raf que je connaissais par coeur ...

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J'étais bien conscient de ne plus être la personne que Kat avait connu. Tout au contraire même. Ce serait mentir que d'affirmer un truc pareil. Or, j'étais bel et bien en passe de devenir définitivement un monstre. Non en fait, j'en étais déjà un. Aucun doute à ce sujet, il était maintenant trop tard pour moi. Et depuis longtemps en fait. Mais soit, je faisais avec. C'était Katerina qui semblait avoir du mal à supporter l'idée. Moi je m'en foutais bien. J'étais ce que j'étais, point barre. « Arrête, Raf. » Je soupirai et m'adossai de nouveau à un mur, pour pouvoir la regarder. Katerina prenant les mêmes airs froid que moi, c'était difficile de prendre ça au sérieux. Je soupirai une nouvelle fois quand elle reprit la parole. Elle avait beau dire, elle ne réalisait pas qu'elle était loin de la vérité. Elle se trompait juste lourdement. Si on fuyait, on se ferait rattraper et tuer. Si je refusais purement et simplement de me marier, on se ferait ... Tuer. Alors que si je l'épousais, ça mettait toute ma famille à l'abris du besoin et même du danger. Pourquoi refusait-elle de voir ça ? Certes, je courais le risque de me faire avoir par les flics et emprisonner sans doute à vie, voir même de me tuer. Mais c'était un risque que j'accepter de courir si ça pouvait protéger les miens. « Katerina, si je me fais tuer, vous serez toujours à l'abris du besoin et du danger. On respecte un type de mon statut dans la mafia. Ainsi que ma famille. Donc, je fais le meilleur choix pour tout le monde en acceptant de juste me sacrifier. Et puis ce n'est pas si grave ... Je continuerai de faire ce que je fais déjà depuis plus de dix ans. Et je serai marié à une femme que je n'aime pas. Ce n'est pas la fin du monde ... »

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Raf semblait ne vouloir définitivement pas entendre raison. Il avait son idée et buté comme il l'était, il ne voulait surtout pas envisager d'autres options. Options qui, bien évidemment, étaient compliquées et dangereuses mais quand il s'agit de se préserver, on peut se permettre de prendre de telles risques. Apparemment, Raf n'était pas du même avis que moi, voir même pas du tout. Il ne voulait pas croire un seul instant à une possible rédemption, et à une envisageable meilleure vie qui l'attendait ailleurs. Et pourtant, elle était là, j'en étais certaine, il fallait juste ... Il fallait juste qu'il ouvre les yeux et qu'il cesse de rester buté. Mais toutes mes belles paroles ne l'atteignaient pas le moins du monde. Quoi que je dise, quoi que je fasse, il restait le Rafaello froid, distant, et violent qu'il était devenu durant toutes ces années. La noirceur de ce monde l'avait complètement changé. Il retourna s'adosser contre le mur et ne sembla pas faire attention à mes regards courroucés. Qui pourrait s'arrêter un seul instant sur ces détails, en même temps ? « Ce n'est peut-être pas la fin du monde, Raf, mais ce sera la fin de mon frère que j'ai toujours connu. C'est amplement suffisant pour que tu daignes, ne serait-ce qu'une minute, envisager les autres options qui se présentent à toi. Elles sont bel et bien là, Raf, il faut juste que tu arrêtes de vouloir jouer les super-héros à tout prix. », dis-je sur un ton morne, désespérée parce que j'avais le sentiment de me battre seule, et dans le vent. Tout cela n'avait aucun impact visible sur mon frère. « Tu ne nous protégeras pas éternellement. Crois-tu vraiment que les membres de la mafia sont les seuls qu'on doit craindre ? Ces missions qu'ils te font faire, ces gens avec qui tu dois "discuter", tout ça, c'est dangereux. Presque autant qu'eux. », ajoutai-je rapidement, avant de soupirer, lasse de cette conversation qui ne menait à rien. Rien de beau, en tout cas.

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« Tu ne nous protégeras pas éternellement. Crois-tu vraiment que les membres de la mafia sont les seuls qu'on doit craindre ? Ces missions qu'ils te font faire, ces gens avec qui tu dois "discuter", tout ça, c'est dangereux. Presque autant qu'eux. » Il était évident qu'elle n'avait pas tort. Je ne pouvais pas les protéger d'absolument tout. En fait, je pouvais les protéger d'un mais pas de l'autre. Là, je faisais en sorte de réduire les risques en acceptant de faire partie intégrante de la mafia. Mais cette mafia avait des ennemis plus ou moins gros et plus ou moins dangereux. Pour un peu que certains veuillent se venger de moi ... Ils s'en prendraient alors à mes proches avant tout. Pourtant je ne pouvais pas juste accepter de passer outre tout ça. Je fermai un instant les yeux. « Ca réduit quand même grandement les risques de ... » Je fus coupé dans mon élan par la porte qui s'ouvrait. Je me redressai, tendu à l'idée que ce soit quelqu'un venu me demander de me hâter parce que c'était l'heure. Mais c'était Fabio, mon jeune frère. Je lui lançai un regard agacé.« J'avais pourtant demandé à ne pas être dérangé ... » Lâchai-je sur un ton plus agacé que vraiment froid ou mauvais. « C'est pas ça Raf ... Je viens de m'entretenir avec ton futur beau père ... »  Ok, son ton ne me plaisait pas du tout. Je me redressai et m'approchai de lui. « Et ? »  « Et il pense qu'il est temps que je vous rejoigne ... » Pas besoin d'être devin pour comprendre de quoi il était question. Je fis un pas en arrière et glissai mes mains dans mes cheveux, totalement perdu. Non ...« Plutôt crever ... » Crachai-je à travers mes dents serrées.

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J'observai les moindres faits et gestes de Rafaello, tentant de percer une faille, de trouver un moment de faiblesse qui le pousserait enfin à me croire sur parole, et à cesser de vouloir protéger sa famille à tout prix, et à ses dépends. Malheureusement, cela ne semblait pas être près d'arriver, même s'il ferma les yeux, signe évident de sa lassitude. « Ca réduit quand même grandement les risques de ... », commença-t-il avant de s'interrompre brutalement quand la porte s'ouvrir à la volée. Mon coeur rata un battement, de peur que l'on ait entendu notre conversation, ou même que ce soit l'heure pour Raf de prononcer ses voeux face à un bon nombre de membres de la mafia. Je ne pus m'empêcher de soupirer de soulagement en apercevant Fabio sur le seuil de la porte, je lui souris faiblement, harassée par la conversation mouvementée que je venais d'avoir avec Raf. Sourire qui disparut bien vite, en entendant ses mots. Instinctivement, je me levai de ma chaise, et me rapprochai d'eux. Je vins me placer aux côtés de Fabio, et lui lançai un regard compatissant. « Il est hors de question de laisser ça arriver, Raf ... Je pense qu'on est d'accord au moins sur ça. », soufflai-je, le coeur battant à vive allure. J'aurais dû me douter, pendant toutes ces années, qu'une telle chose finirait par arriver. Les mafieux ne pouvaient pas se contenter de ce qu'ils avaient, il leur fallait toujours plus, beaucoup plus. Et au vu de l'emprise qu'ils savaient avoir sur Raf, il paraissait maintenant évident qu'ils n'en resteraient pas là. Mais nous ne pouvions définitivement pas laisser Fabio entrer dans la mafia à son tour, lui qui était si doux, si calme et si ... Lui. Je ne voulais vraiment pas qu'il se laisse embarquer là dedans à son tour. « Il faut savoir où est le véritable danger, Raf. », dis-je à voix basse, dépassée par les événements.

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Hors de question de laisser ça arriver Raf. On est d'accord sur ça. Il faut voir où est le vrai danger Raf. Mon Dieu. La ferme. La ferme. LA FERME ! Je faillis même le hurler mais pris sur moi pour ne rien en faire. Au lieu de ça, je me mis à faire les six cent pas -oui six cent et pas juste cent-, dans la pièce. Tout mais pas ça. Tout mais pas ... Je m'arrêtai subitement devant la porte fenêtre et regardai au dehors. La vie était faite de choix. Il fallait savoir composer avec toutes les mauvaises choses qui pouvaient nous arriver. Soit. Ils ne me laissaient plus le choix. « Je reviens. » Lâchai-je simplement avant d'ouvrir la porte fenêtre et la refermer derrière moi. J'appelai le seul homme que je connaissais, capable de faire de faux papiers en quelques petites heures à peine. Je lui en demandai pour Katerina et pour Fabio et lui demandai de leur prendre un vol pour les Etats Unis, dans la journée. Et moi ? Moi je verrais bien. Si je survivais ou non à cette journée. Une fois fait, je rouvris la porte fenêtre pour les rejoindre. « On s'en va. Suivez-moi. Euh Kate, sans les talons tu courras mieux ... » Et je me détournai une nouvelle fois d'eux en leur faisant cette fois signe de me suivre. Je connaissais ce stupide petit château comme ma poche. Parce que oui, c'était dans l'une des immenses propriétés de mon beau père, que ce mariage était supposé se dérouler. Je sautai de la petite terrasse, pour atterrir sur le toit d'une pièce que je savais inoccupée pour l'instant. Je fis ensuite signe à Kat' de me suivre, me positionnant de sorte à la rattraper. Ce n'était, heureusement, pas bien haut.

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(les frères scott) ▽ Vous êtes vous déjà demandé quelle trace laisse notre passage su terre. Si une seule vie peut réellement avoir un effet sur le monde, ou si les choses que nous faisons ont une quelconque importance. Moi je crois que oui, et je crois qu’un seul homme peut changer la vie de beaucoup d’autres pour le meilleur ou pour le pire.

Le pire venait d'arriver, et Rafaello semblait déjà avoir fait son choix, pour mon plus grand plaisir. La dernière chose que je souhaitais, c'était de voir Fabio sombrer à son tour. Sans aucun doute, il avait toujours été le petit dernier -des hommes en tout cas- et il était celui que nous voulions à tout prix protéger, même moi qui était pourtant sa petite soeur. En plus de cela, ils étaient les deux seuls vers qui je pouvais me tourner en cas de soucis, comment ferais-je si les deux devenaient des mafieux sans pitié, et qui n'avaient jamais le droit à une véritable journée de répit ? Je ne voulais pas les perdre tous les deux, surtout pas. Fuir semblait soudainement être une douce utopie, et quelque chose de bien plus nécessaire que ce que j'aurais jamais pu imaginer. Rafaello s'absenta quelques instants et revint plutôt rapidement. Avec soulagement, je compris à son visage qu'il avait fait ce qu'il fallait pour que l'on puisse fuir. Tous les trois. Pour le moment, je ne voulais pas penser à mon mari, qui devait m'attendre en bas, je ne voyais qu'une seule chose : Rafaello et Fabio, et notre future fuite, qui était désormais devenue vitale. « On s'en va. Suivez-moi. Euh Kate, sans les talons tu courras mieux ... », lâcha-t-il avant de se ruer vers une potentielle sortie. De peur de l'énerver un peu plus encore, je le suivis sans rechigner, et sans dire quoi que ce soit. Je sautai et le remerciai quand il me rattrapa. Fabio ne tarda pas à nous rejoindre, et on s'élança, mon frère et moi sur les talons de Raf. Mieux valait faire vite, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver avec ces mafieux ... Ils pouvaient très bien, sur un coup de tête, décider d'aller voir Raf pour découvrir qu'il n'était plus là.

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Il fallait fuir. Et tant qu'à faire, le plus vite possible. Raison pour laquelle je sautai de la terrasse pour rejoindre le toit du dessous. Je fis de même du toit au sol. Et les deux fois, réceptionnai Katerina avant d'attendre Fabio qui suivait sans broncher. D'un bref regard circulaire, je m'assurai qu'il n'y avait personne de ce côté là de la propriété. Evidemment, ils se trouvaient tous dans l'arrière cours du château, à attendre l'heure de la cérémonie qui n'allait plus tarder à arriver. Sachant qu'il y aurait des gardes postés au niveau du portail, j'entraînai mon frère et ma soeur un peu plus loin, derrière des bosquets qui cachaient le grillage. Je demandai à Fabio de passer le premier. Je pu ainsi aider Katerina à passer à son tour et retomber dans les bras de notre cadet. Ce fut enfin mon tour de passer, ce que je fis rapidement. Avant de les entraîner au pas de course dans la forêt qui séparait le château de la ville. Je ne pris pas la peine de ralentir la cadence. Ce serait trop con de se faire prendre alors que nous touchions à notre but. Une fois hors de la forêt, je fis profil bas par crainte d'être reconnu par qui que ce soit. Heureusement, nous ne croisâmes aucun visage connu. J'entrai dans un petit bar, demandai trois cafés histoire de vraiment donner l'illusion d'être juste des gens normaux, et filai dans un coin sombre du bar où nous prîmes tranquillement place à une table. « D'ici une petite heure normalement, l'un de mes contacts va venir nous trouver ici. Il aura de faux papiers et des billets pour notre fuite. » Inutile de leur préciser que je ne serais pas du voyage. Je posai le regard sur chacun d'eux, avec lenteur. « J'espère que vous réalisez qu'il n'y aura ... Aucun retour possible ... »

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(les frères scott) ▽ Vous êtes vous déjà demandé quelle trace laisse notre passage sur terre ?? Si une seule vie peut réellement avoir un effet sur le monde, ou si les choses que nous faisons ont une quelconque importance ? Moi je crois que oui, et je crois qu’un seul homme peut changer la vie de beaucoup d’autres pour le meilleur ou pour le pire.

Il était temps de partir, voir même grand temps. Fabio n'avait pas besoin de traverser tout ce qu'avait déjà traversé Raf. Puisque nous en avions la possibilité, autant éviter qu'une telle chose ne se produise. Il fallait juste partir au plus vite, et ne pas perdre un seul instant de notre temps, qui nous était désormais compté. Sous peu, quelqu'un se rendrait dans la pièce dans laquelle s'était cloîtré Rafaello pour lui annoncer le début de la cérémonie, et la trouverait vide. Ils passeraient cinq minutes, tout au plus, à visiter quelques pièces du château, avant d'arriver à la conclusion la plus évidente qui soit. Rafaello était parti, et ce n'était pas pour rien si son frère et sa soeur avait disparu en même temps que lui. Surtout après que Fabio ait eu une telle discussion avec le chef de la mafia. Autant dire qu'il valait mieux pour nous que nous ne soyons plus là à ce moment. On sauta rapidement jusqu'au sol, et je portai mes talons pour plus de facilité dans la course. Cela me permit d'accélérer la cadence. Le seul problème qui subsistait encore venait de ma robe, que je dus déchirer pour réussir à passer de l'autre côté du grillage. On traversa la forêt sans ralentir, bien conscient du danger qui pouvait nous tomber dessus à tout moment désormais. On se réfugia finalement dans un café, où je m'installai pour tenter de reprendre une respiration plus ou moins normale, ce qui n'était pas chose aisée. Loin de là. J'écoutai attentivement, et lui offris un petit sourire en entendant sa dernière phrase. « Ne t'inquiète pas Raf, on en a parfaitement conscience. C'était le mieux à faire, tu le sais tout aussi bien que moi. », le rassurai-je, avant de boire une gorgée du café que l'on venait de nous apporter. Cela faisait un bien fou. « Où va-t-on ? », lui demandai-je d'une voix aussi paisible que possible. Après tout, nous allions devoir passer le restant de nos jours là-bas.

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« Ne t'inquiète pas Raf, on en a parfaitement conscience. C'était le mieux à faire, tu le sais tout aussi bien que moi. » J'avais beau le savoir, je ne pouvais pas m'empêcher d'éprouver toujours une certaine crainte. Certes, abandonner toute sa vie passée pour demeurer sain et sauf, ce n'était pas un choix vraiment très compliqué à prendre. Et pourtant, je craignais qu'ils ne m'en veuillent pour ce que j'étais en train de leur demander de faire. Ce qui était assez idiot dans le fond. Après tout, concernant Fabio, c'était soit ça soit tomber dans la mafia à son tour. Or, je refusais qu'il ait à vivre pareille chose à son tour. C'était juste impensable. « Où va-t-on ? » Où allaient-ils ... Loin de moi. « Aux Etats-Unis. Un océan entre eux et nous, c'est le stricte minimum. » Répondis-je sans une once d'émotion, avant de me lever. « Je reviens. » Et fis un tour par les toilettes, simplement pour voir s'il y avait une issue par là. Aucune. L'unique fenêtre comportait des barreaux. Je ressortis donc des toilettes et parvins à me faufiler à l'arrière du bar. Je trouvai une porte et une fois celle ci ouverte, appris qu'elle donnait sur une petite ruelle. C'était parfait. Je regagnai notre table en lançant un bref regard à ma montre. « Il ne devrait plus tarder. J'espère ... Que vous aimerez votre nouvelle identité. » Tentai-je vaguement de plaisanter, bien que je fus tendu et inquiet. Je tentais vainement de détendre l'atmosphère alors que mon plan prenait peu à peu forme dans mon esprit et que je réalisais que j'avais bien peu de chance de m'en sortir vivant. J'espérais malgré tout que Katerina saurait me pardonner ça. Je la savais assez rancunière pour avoir du mal. Mais au moins, elle, elle serait en vie ... Elle et Fabio.

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Je me rendais peu à peu compte de ce qui se passait et surtout, de ce qui allait se passer. Bizarrement, je ne me sentais pas si mal que cela à l'idée de quitter mon pays natal, bien au contraire, j'étais comme ... soulagée. Soulagée de me dire que je n'aurais plus à me voiler la face constamment et surtout, oui surtout, mon enfant vivrait loin de ma famille de dingue, et de toutes leurs prétendues obligations. Je ne voulais pas cela pour le petit qui était en train de grandir dans mon ventre. En plus de cela, il n'aurait pas à vivre aux côtés de son indifférent de père qui me servait de mari et cela ne pouvait qu'être pour le mieux. Tant que j'étais avec Fabio et Rafaello, tout ne pourrait que parfaitement bien se passer. Il fallait juste que notre plan se goupille à la perfection, ce dont Raf s'était chargé depuis notre départ. Il semblait avoir véritablement tout prévu et j'aimais cela, au moins, rien ne serait laissé au hasard. Les Etats-Unis. Quand il s'absenta un bref instant, je me mis à rêver à ce pays, que j'avais toujours beaucoup aimé. Je n'aurais pas pu espérer mieux comme destination. « Il ne devrait plus tarder. J'espère ... Que vous aimerez votre nouvelle identité. », lança-t-il une fois de nouveau installé face à Fabio et moi. Je l'observai un instant, notant sans mal à quel point il semblait ... Stressé, nerveux même. Je ne fis aucune remarque sur le sujet, il avait déjà assez à faire comme cela. « J'en suis certaine. », répondis-je avec un petit sourire. « De toute façon, tant que je reste italienne, ça me va. », le taquinai-je, pour le détendre un peu. Je n'aimais pas le voir à ce point sur les nerfs, surtout alors que nous étions si proches du but, de la fuite, d'une nouvelle vie ...

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« J'en suis certaine. De toute façon, tant que je reste italienne, ça me va. » J'eus un faible sourire, à peine visible, à cette réponse. J'étais bien conscient du fait que, tout comme moi, elle cherchait uniquement à détendre l'atmosphère. Mais encore comme moi ... Je ne trouvais pas que ça fonctionnait si bien que ça. Parce que, l'un comme l'autre, nous étions bien trop tendus pour parvenir à rire de quoi que ce soit. J'en avais même la gorge nouée tant j'étais angoissé par ce qui était supposé suivre au cours des prochaines heures. Ca pouvait sembler idiot alors que là, j'avais tout entre mes mains et que je me pensais assez malin pour m'en sortir. Enfin non ... Pour sauver Katerina et Fabio. Moi je ne savais pas encore ce que j'allais devenir. Et finalement, je n'avais plus si peur que ça. J'accepterais de mourir si tel était mon destin. De toute façon, serais-je capable de vivre une petite vie bien tranquille aux Etats-Unis en gardant en tête toutes les atrocités que j'avais du commettre ici, sur ma terre natale ? Rien n'était moins sûr ... « Guilia, Antonio et Leandro Castello. Veuve sans emploi, littéraire et peintre. Je pense ... Que ce sera parfait. » Enumérai-je en me forçant à sourire. Leandro. Le seul prénom qui me venait en tête alors que je devais m'inventer une identité sur le tard. Leandro étant ni plus ni moins que mon second prénom. Quant à l'emploi, choix des plus simples. C'était un peu le métier que j'avais toujours rêvé d'exercer. Malheureusement, mon rôle dans la mafia ne m'avait jamais permit de faire quoi que ce soit de ce genre là. Et je ne le pourrais sans doute plus jamais, si je ne me sortais pas vivant de tout ce merdier.

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Bien évidemment, j'étais soulagée de me dire que nous avions au moins réussi à venir jusqu'ici, et à quitter le château dans lequel était censé se dérouler le "grand" mariage de Rafaello et la fille du chef de la mafia. C'était un immense poids qui venait de s'ôter de nos épaules à tous, mais cela ne signifiait pas pour autant que nous avions de quoi être calmes et relaxés. Fabio était bien le seul à pouvoir souffler un peu, de part son habituelle tranquillité qui en effrayait plus d'un. Je pouvais presque comprendre pourquoi la mafia voulait de lui, tant il savait se gérer et se contrôler, comme il le faisait maintenant. Raf et moi, en revanche, étions deux personnes nerveuses et nous ne pouvions pas nous empêcher de le montrer. Le fait de lancer des vannes de la sorte prouvaient à quel point il était difficile pour nous de ne pas nous mettre à nous tirer les cheveux et à sauter de partout en attendant que le temps passe. Mieux valait parler de tout autre chose pour faire en sorte de ne pas penser à notre principal ennui du moment. « Guilia, Antonio et Leandro Castello. Veuve sans emploi, littéraire et peintre. Je pense ... Que ce sera parfait. », lança-t-il avec un sourire à peine perceptible. Veuve ... Tiens, cela ne sonnait pas si mal. Devais-je lui préciser dès maintenant que je serais veuve et mère célibataire ? Non, mieux valait garder cela pour moi pour l'instant ... Je pourrais leur annoncer une fois dans l'avion, en sécurité. « Guilia Castello. ça sonne plutôt bien. Le sans emploi, en revanche ... Il faudra que je trouve quelque chose dans mes capacités, quand même. », plaisantai-je d'une voix douce, et aussi neutre que possible. Le coup d'oeil que je lançai en direction de la porte, lui, ne trompait personne.

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Je n'étais pas du genre menteur ... Et même là, je ne mentais pas vraiment. En fait, je me contentais de cacher quelques informations en les gardant pour moi. J'omettais de mentionner que j'avais peu de chance de partir avec eux. Ou à la limite, peut-être plus tard. Mais ça, ça restait encore à voir. Il me fallait d'abord tous les duper. Et ça, ce n'était pas gagné d'avance, c'était le moins que l'on puisse en dire. « Guilia Castello. ça sonne plutôt bien. Le sans emploi, en revanche ... Il faudra que je trouve quelque chose dans mes capacités, quand même. » Je souris en coin et hochai la tête. Je ne doutais pas qu'elle ne supporterait pas de dépendre financièrement de Fabrio, une fois aux Etats-Unis. Et qu'elle ne supporterait pas non plus de rester bien sagement à la maison, comme elle devait le faire avec son actuel époux. Je ne pu m'empêcher de me demander quelle serait leur vie si jamais je ne parvenais pas à les rejoindre aux Etats-Unis. Mais je ne doutais pas qu'ils s'en sortiraient très bien, tous les deux ensemble. « Je suis certain qu'à vous deux, vous êtes capables d'ouvrir une librairie ! » Emis-je l'idée avec sérieux. « D'ailleurs, l'homme qui nous aide, apportera une partie de ma .. .Fortune. Pour que l'on ait de quoi fuir et se retourner. » Annonçai-je également. Une fortune qui s'élevait désormais à plusieurs millions d'Euros. Ce qui était assez logique compte tenu du genre de mission que j'acceptais de faire pour le compte de la mafia. Ca faisait bien longtemps maintenant que l'on pouvait me considérer comme étant un homme riche. Dommage que je sois de ceux qui gagnaient leur argent de la façon la plus illégale qui soit.

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Plaisanter pour détendre un minimum l'atmosphère ou, tout au moins, nous changer un peu les idées, le temps que les choses se tassent ou plutôt ... s'accélèrent et s'améliorent pour nous. Pour l'heure, nous étions dans ce café rien que tous les trois, et le temps semblait passait très, très lentement à mes yeux. Je ressentais la peur constante de voir débouler dans ce foutu bar - ou café, je ne savais plus trop où nous avait embarqué Rafaello - le chef de la mafia ou quelques uns de ses acolytes.  Parce qu'une chose était certaine : s'ils nous retrouvaient maintenant, ils ne nous feraient aucun cadeau et nous n'avions définitivement pas besoin de cela. Autant profiter de ces quelques minutes du répit pour focaliser nos pensées sur tout autre chose. Nos futures identités semblaient être un bon plan, étant donné que c'était quelque chose qui allait avoir toute son importance sous peu. La seule chose que je refusais dans ce plan, c'était de ne rien faire une fois arrivée aux Etats-Unis. Cette vision de femme au foyer que la plupart des siciliens avaient, et tout particulièrement dans notre famille, ne me convenait pas le moins du monde. Je refusais de vivre sous le toit de mes frères sans faire quoi que ce soit moi-même. C'était l'un de mes plus grands rêves : pouvoir travailler et être aussi indépendante que possible. « D'ailleurs, l'homme qui nous aide, apportera une partie de ma ... Fortune. Pour que l'on ait de quoi fuir et se retourner. », dit Raf alors que je lui jetai un rapide coup d'oeil. Cet argent illégal ne me faisait pas spécialement envie mais en même temps, je savais que nous en aurions besoin pour nous lancer, une fois là-bas. Nous n'allions pas arriver aux Etats-Unis les mains dans les poches et commencer à vivre le plus naturellement du monde. « Très bien. ça nous permettra de disparaître totalement et définitivement dans la nature. New-York me paraît être un bon plan. On pourra ouvrir notre librairie et passer inaperçus dans cette grande ville. », lançai-je, mine de rien. Après tout, c'était ce qu'il allait nous falloir : un endroit très vivant où nous pourrions nous fondre dans la masse.

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« Très bien. ça nous permettra de disparaître totalement et définitivement dans la nature. New-York me paraît être un bon plan. On pourra ouvrir notre librairie et passer inaperçus dans cette grande ville. » Le genre de vie dont j'avais toujours rêvé. Pouvoir se fondre dans la masse et être un citoyen comme tous les autres. Certes, ça ne serait pas si facile que ça. Même si nos faux papiers devraient quand même nous permettre d'avancer et de faire comme si nous n'étions ni plus ni moins que des italiens en passe de s'installer légalement et de façon définitive, sur le sol américain. Enfin ils ... Parce que moi ... Mais si, bien sûr que si j'allais parvenir à les rejoindre très prochainement. Partir en même temps allait fort probablement s'avérer impossible. Mais d'ici à quelques semaines. « The american dream ... » Murmurai-je doucement en affichant un sourire presque sincère cette fois. Mon regard capta alors un mouvement du coin de l'oeil. Et quand je tournai la tête, sur le qui vive, je fus content de reconnaître la personne qui nous rejoignait; Je soupirai de soulagement et me levai pour saluer l'homme qui me fit passer l'enveloppe contenant les faux papiers ainsi qu'une mallette noire bourrée de billets. Je le remerciai à mi-voix avant de le suivre du regard quand il s'éloigna. Ce qui me permit d'apercevoir les hommes armés qui se postaient devant la petite boutique. Comme si la scène se passa au ralenti, j'eus le temps de pivoter sur moi même pour regarder Fabio et Katerina et hurler. « Que tout le monde se couche. » Et j'eus tout juste le temps d'attraper les deux pour les forcer à se coucher sur la banquette, avant que ne démarre une impressionnante rafale de tirs.

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