Il n’y avait pas à dire, avoir un bébé dans votre vie, ça changeait tout. Lexie pouvait désormais le confirmer. Ça lui avait réellement apporté une joie incommensurable,  les sourires de sa fille l’émerveillaient à chaque fois, sans parler de son regard pétillant dans lequel, d’une certaine manière, elle se retrouvait. Née le 1er novembre, le prénom de Saoirse avait été vu comme un signe aux yeux de sa mort. Il s’agissait de la fête des morts… Et d’une certaine manière, de la fête du père de la jeune Wildmore. Son père, son modèle qui lui avait été arraché beaucoup trop tôt. Alors oui, elle y avait vu comme un signe que sa fille naisse le lendemain de son anniversaire, pile ce jour-là. Elle était, en quelque sorte, un hommage à son père. Et elle voulait que le reste de ses proches le voit de la même manière. Alors le prénom Saoirse, typiquement irlandais, lui était apparu comme une évidence, rendant ainsi hommage à ses origines paternelles. Evidemment, Xenia, la mère de Lexie, aurait préféré un prénom quelque plus conventionnel pour la dernière héritière de la famille… Quelque chose comme Katerina, Elena, Zoya, Alana, Elizabeth…. Quelque chose qui sonnait russe ou qui inspirait une certaine classe. Lexie s’en foutait, elle adorait le prénom de sa famille. Ce prénom serait comme sa fille : original, avec du caractère et plein de vie. Elle se différenciera des autres de par son authenticité, elle en était sûr, et elle trouvait que ce prénom le faisait sentir.  
Et la voilà qui était de retour à l’hopital avec sa petite princesse. Elle la tenait dans ses bras, jouant inlassablement avec elle. Saoirse était une perle. Elle était consciente que tous les parents devaient être gagas devant leurs nouveaux nés, mais à ses yeux, sa fille était réellement à part. Lexie releva finalement la tête, et aperçut une silhouette qu’elle commençait à plutôt bien connaitre. Le Docteur Hamilton. Le sublime et sexy Docteur Hamilton. Lexie l’avait rencontré au début de sa grossesse… Des conversations banales parfois, médicales à d’autres moments… Elle l’appréciait vraiment. Elle appréciait la façon dont il la faisait se sentir lorsqu’il était à ses côtés. Et au fond, elle savait ce quelque chose clochait. Elle ne devrait pas se sentir aussi… bien avec cet homme. Il était marié, et surtout, elle avait fait une croix. Elle ne savait que trop bien les complications qu’amenait une relation ou tout autre chose s’y rapportant. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir un sourire immense en le voyant se diriger vers elle. « Regarde qui vient là ma puce. » dit-elle à voix basse en déposant un baiser sur la joue de sa fille. « Lexie. Bonjour, ça va ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Tout va bien avec ton bébé ? » La jeune maman était comme hypnotisé par son sourire, n’arrivant à réellement sans détacher. Il y avait définitivement quelque chose à propos de cet homme, qui la rendait quelque peu gaga. Mais elle secoua la tête, tentant de reprendre ses esprits, sans pour autant se départir du sourire ravi qui avait pris place sur ses lèvres. « Jayden, bonjour ! Saoirse va très bien. » dit-elle simplement avant de légèrement froncer les sourcils en regardant sa fille. « Enfin je crois. Il s’agit simplement d’une visite de routine. Alors à part le manque de sommeil tout va très bien, merci. Ca, et le retard du pédiatre apparemment. » ajouta-t-elle avec un léger sourire. Elle reporta son attention sur le médecin. « Et toi, l’hôpital à cette période, ça va ? » demanda-t-elle réellement curieuse. A vrai dire, elle ne s’était jamais réellement posée la question de ce que pouvait être la vie des médecins ou de tout autre personnel d’un hôpital durant la période des fêtes, que ça soit pour Thanksgiving ou pour Noël. Elle n’avait jamais réellement pensé à leur vie de famille ou au débordement auquel ils devaient parfois faire face. Seulement le sort de cet irrésistible Docteur Hamilton semblait l’intéresser.

« Tant mieux si tout se passe bien. » Lexie lui sourit avant de reporter son regard sur Saoirse qui semblait, elle aussi, plus qu’attirée par le séduisant Docteur.  « Et pour le retard du pédiatre, je pense que c’est normal. À part lors de leur premier rendez-vous de la journée, les pédiatres sont toujours en retard. Les nouveaux ou futurs parents ont tendance à être inquiets et à avoir beaucoup de questions, et à chaque fois cela prend plus longtemps que prévu. » « C’est ce que j’avais cru comprendre. J’imagine que je vais devoir prendre mon mal en patience. » Elle haussa les épaules en reportant son attention sur Jayden. Peut-être que l’attente passerait plus vite s’il restait là, à ses côtés, à discuter. A vrai dire, ça lui plairait bien… Même si elle ne souhaitait pas non plus le retenir trop longtemps et l’empêcher de faire son boulot. « Bien sûr tu pourrais aussi rester avec nous, et nous aider à patienter en attendant que ça soit notre tour. » lâcha-t-elle avec un léger sourire. « Sauf si t’as des urgences évidemment. » Ce qu’elle n’espérait pas… Enfin, il était médecin, tout un tas de monde devait avoir besoin de lui, et pas seulement pour patienter en attendant un rendez-vous. Et puis, sans savoir pourquoi, elle regretta presque de lui avoir sorti ça. Enfin, à quoi ça l’avançait qu’il patiente avec elle ? Il avait mieux à faire… Et puis, encore une fois, ça n’amènerait rien de bon. Mieux valait sans doute qu’il retourne travailler et s’occuper des malades qui requéraient vraiment son attention… Mais en même, au fond, elle le voulait là, assis avec elle… Pourquoi pas même à discuter du beau temps s’ils n’avaient rien d’autre à se dire.  « À cette période, l’hôpital ressemble malheureusement bien trop à une entreprise. Entre les lits que nous devons libérer en provision des fêtes et des accidents, les budgets à faire, les emplois du temps, etc., j’ai plus l’impression d’être un businessman qu’un chirurgien en ce moment. » Lexie eut un léger rire en entendant la comparaison de Jayden. C’est vrai que ça ressemblait nettement plus à une usine qu’à un hôpital pendant cette période. Mais il n’avait visiblement pas le choix et se devait de faire avec. « Tu devrais aussi prendre du temps pour toi. Enfin… Je sais pas tellement comment ça marche mais… Délègue quelques-unes de tes obligations. Tu vas devenir dingue. » commenta-t-elle avec une légère grimace. Enfin, elle pouvait bien parler. Avant sa grossesse, elle s’était totalement enfermée dans son boulot, refusant presque toute vie sociale… De toute façon, vu où ça l’avait mené, même s’il ne regrettait en rien la venue au monde de sa fille, mieux valait peut-être qu’elle s’abstienne de toute vie sociale. Lexie reporta son attention sur Saoirse qui gigotait dans tous les sens… Elle qui croyait qu’elle se tiendrait tranquille, habituellement à cette heure-là, elle s’endort rapidement. Et bien non, pas aujourd’hui. Le nouveau-né semblait nettement plus intrigué par l’homme se trouvant à côté de sa mère que par le fait de s’endormir. « Je crois qu’elle t’aime bien. » Commenta simplement la jolie russe en tournant la tête vers Jayden. « Et hum, tu sais, je voulais te dire… Enfin, j’en ai pas trop eu l’occasion jusqu’à maintenant… Mais… Merci. Pour tout… Pour avoir été là… » commença-t-elle avant de rebaisser la tête vers sa fille. « J’veux dire, t’étais pas franchement mon médecin… Rien ne t’obligeait à te préoccuper de nous comme tu l’as fait. » Il devait savoir qu’elle lui en était totalement reconnaissante. Comme elle venait de lui dire, rien ne ‘avait obligé à agir de la sorte, alors, vraiment, ça la touchait… Surtout, quand, même le père de sa fille n’avait pas été présent durant sa grossesse. Certes, il y avait eu Soren, mais il était son frère… Et elle savait que toujours, il serait là. Ils se l’étaient promis. Et elle ne l’avait jamais vu briser une promesse.

« Comment refuser de rester en pareille compagnie ? » dit-il en souriant avant de reprendre. « Je parle bien sûr de la petite merveille que tu tiens entre tes bras, cela va sans dire. Et s’il y a une urgence, mon biper bipera, tout simplement. » Elle rigola en approuvant d’un signe de tête. « Ouais… C’est bien ce que je pensais ! » répondit-elle avec un sourire amusé. « Oh, s’il y a le biper alors… Aucune raison de s’inquiéter. » ajouta-t-elle en haussant les épaules. Malgré le fait qu’il venait de lui dire qu’il restait pour sa fille –non pour elle, même si elle se demandait s’il n’y avait pas une touche d’humour là-dedans- elle était contente de le voir rester. Sa présence avait quelque chose de rassurant, en dehors du fait qu’il était médecin et pouvait donc  sauver sa vie à n’importe quel moment. Enfin plus ou moins. « J’aime passer du temps à l’hôpital. Et même si en effet, toute cette paperasserie n’est pas des plus réjouissantes, elle est importante pour le bien de l’hôpital. Sans elle, l’hôpital coulerait à sa perte. Et quand j’ai envie de prendre du temps pour moi, je vais en salle de chirurgie et sauve la vie d’un patient. C’est une plutôt bonne récompense je trouve. » « Vu comme ça… Difficile de ne pas être d’accord. » accorda-t-elle avec un léger sourire. Elle ne pouvait pas tellement comparer avec son boulot. Elle était interprète et… elle bossait chez elle. Elle n’avait pas réellement de bureau.  Oh oui, elle avait bien une pièce qui lui servait de bureau dans son appart’, mais c’était différent. Elle n’avait pas de lieu de travail à proprement parler. Elle bossait chez elle. Et ça lui allait plutôt bien. Elle n’avait pas à se préoccuper du temps de parcours, du réveil qui sonnait 5 minutes trop tard ou toutes ces broutilles qui, accumulées, pouvaient fortement irritées. Bien sûr, ça lui arrivait de sortir de chez elle pour des motifs professionnels. Elle devait se rendre dans les entreprises qui l’avaient engagé une fois sa préparation finie et le délai écoulé… Parfois même, elle devait se rendre à l’autre bout du pays si ce n’est même à l’étranger. Mais elle aimait vraiment son mode de vie… D’accord, peut-être, parfois, lui manquait-il quelques collègues. Elle en avait, mais ils étaient d’avoir l’ambiance qu’on pouvait retrouver dans certaines entreprises lors de la pause-café.  « Je crois que je l’aime bien aussi. »  Un large sourire illumina le visage de Lexie alors qu’elle avait les yeux posés sur le chirurgien. Elle se mordit la lèvre inférieure, comme pour se retenir d’en dire trop ou d’en faire trop, puis elle reporta son attention sur Saoirse. La jeune russe s’était comme sentie obligée, enfin façon de parler, de le remercier, de lui faire savoir qu’elle avait apprécié son soutien au cours de ces derniers mois. Surtout lorsque les personnes les plus concernées n’avaient pas répondu présents. Seulement Jayden sembla le prendre d’une toute autre manière. « Je t’en prie, c’est normal voyons. Tu semblais vraiment perdue la première fois que je t’ai vue. C’est aussi mon rôle, tu sais. » Elle secoua la tête avant de froncer les sourcils en pensant à sa remarque, au fait qu’elle avait l’air perdu. Elle l’avait été, et l’était sans doute encore un peu. Elle pouvait remercier William… Elle ne s’était pas attendue à cette grossesse, encore moins à la vivre seule. Ou du moins sans le père de sa fille. Mais elle avait dû faire avec, et à y réfléchir, elle ne s’en était pas trop mal sortie. Elle revint à la réalité et se tourna vers Jayden. « Non je veux dire… Je sais que t’es médecin, c’est ton boulot. Mais t’es allé au-delà de ça, j’étais même pas une de tes patientes. Et ça, ça me touche. Vraiment. Plus que tu ne pourrais le croire. » commença-t-elle à réexpliquer alors que Saoirse commençait à s’agiter. « Je ne te remercie pas pour ton soutien en tant que médecin… Mais pour celui en tant que personne… en tant qu’homme. J’le pense Jayden. T’as été là, alors que tu ne me connaissais pas, alors que ce n’était pas le cas de certains autres. »

« Non, vraiment, aucune raison de s’inquiéter. »  Un sourire ravi s’afficha sur les lèvres de la jolie russe en entendant la réponse du médecin. La voilà qui était entièrement rassurée. Elle allait patienter avec de la (très) bonne compagnie. Beaucoup n’aimaient pas venir à l’hôpital… Pour différentes raisons. L’odeur, les souvenirs qui pouvait en découler, la superstition de s’y pointer sans réelle raison valable et par conséquent de finir par y atterrir de manière plus permanente… Non, pas Lexie. Elle s’y était faite. Il fallait même avouer qu’elle appréciait le temps qu’elle y passait. Et le Dr Hamilton n’y était sans doute pas étranger. A vrai dire, c’était même sûr.  Elle s’était rapidement habituée à avoir le chirurgien à ses côtés, dès leur rencontre. Durant cette grossesse, elle n’avait eu que trois constantes au niveau de ses visites. Soren, son frère, Cassie, sa meilleure amie… Et Jayden. Il était vrai que lors de ses premières visites, Lexie était totalement paumée. Elle ne savait pas trop ce qu’elle y faisait, ni pourquoi. Elle savait juste qu’elle devait le faire. Puis Jayden s’était avancé vers elle comme un doux mirage. Il était revenu la voir à chaque fois, transformant ses quelques instants à l’hôpital en moments plutôt agréables. Soren avait même cru drôle de lui faire des blagues à ce sujet. Peut-être n’était-il pas si loin que ça de la vérité. Lexie avait fini par apprécier de venir seule pour ses visites de contrôle, jusqu’à se faire accepter pour son accouchement. Elle y était restée plusieurs jours, et chaque jour, Jayden était venue la voir, lui donnant des nouvelles de sa famille et se préoccupant de son état à elle. Autant dire qu’elle n’était pas habituée à ce genre d’attention… Mais c’était clairement le genre de choses auxquelles on pouvait vite prendre goût.  « C’est vrai que tu n’as jamais été ma patiente … »  commença-t-il avant de faire une pause. « Je ne sais pas vraiment comment expliquer. Je t’ai vu dans cette salle d’attente et mes jambes m’ont entrainé vers toi, sans que je ne le réalise réellement. » Elle baissa la tête, avec un sourire en coin, amusé par la façon dont il lui racontait ça. Se pouvait-il qu’elle lui plaise ? Elle ne s’était jamais franchement posée la question. Elle avait pris les journées comme elles étaient venues, profitant de chaque moment passé en sa compagnie qui lui avait fait reléguer les attentes qu’elle avait placé en William au second plan. Et sincèrement, ça lui avait fait du bien, énormément.  Alors, l’entendre dire que ses jambes l’avaient mené à elle, comme si c’était un état second qu’il ne pouvait refreiner, elle se posa la question. « Hum … C’est pas vraiment compréhensible ce que j’ai dit je crois. » « Non t’en fais pas. Je crois que je comprends. » Dit-elle en haussant les épaules. Elle posa son regard sur lui, et posa sa main sur celle du chirurgien. « D’une certaine manière, ce que tu dis à du sens. Enfin… Mes jambes font la même la même chose quand je t’aperçois dans l’hôpital. » ajouta-t-elle avec un léger sourire avant de retirer sa main. Si elle gardait le contact trop longtemps, ça pouvait devenir étrange, et elle ne tenait pas franchement à l’embarrasser. « Enfin je suis contente que tes jambes t’aies conduites jusqu’à moi… » lança-t-elle en rigolant alors qu’elle jouait avec la minuscule main de Saoirse. Puis sans franchement les contrôler, quelques mots sortirent de sa bouche « tu sais, si jamais un jour tu veux passer… A la maison, te gêne pas. Enfin, ça serait idiot qu’on ne se voit qu’à l’hôpital… »

« Je suis également content que mes jambes aient pris cette décision sans me demander mon avis. » « J’espère bien ! » lacha-t-elle en rigolant en le poussant légèrement de son épaule. Après, il était vrai que quelque chose lui soufflait à l’oreille que, peut-être, aurait-il mieux fallu que ça ne se produise, que cette rencontre n’était pas si anodine. Rien que la sensation qu’elle avait dans son ventre et le sourire béat qu’elle arborait en disait long. Lexie n’attirait définitivement pas les histoires –ou possible histoire- simples. « Oui, cela me ferait vraiment plaisir que l’on se voit en dehors de l’hôpital. Et puis, tu me verrais autrement qu’avec cette blouse. En civil on va dire. » dit-il en riant, ce à quoi la jeune femme répondit par un sourire en premier temps. « Hâte de voir ça ! » Et comment… Qui refuserait de profiter un peu plus de sa personne ? Sans aucun doute personne de normalement constituée. « Peut-être même que t’auras droit au grand honneur de ma cuisine ! » ajouta-t-elle en rigolant. Il devait sérieusement se sentir honoré ! Lexie ne faisait que rarement la cuisine. A vrai dire, elle n’en raffolait pas. Tout simplement parce qu’elle était loin d’avoir hérité d’un quelconque talent de cuisinière. En même temps, ce n’était pas comme si sa mère le possédait également… Mais, si elle s’appliquait, elle pouvait réellement accomplir des prouesses. Elle n’avait simplement pas ce gêne, comme certaines, qui réalisaient des merveilles sans franchement se préoccuper de la recette. « Attends, tu as un cil sur la joue … » Lexie se sentit frissonner en sentant le toucher délicat de Jayden sur sa peau. Même si elle faisait tous les efforts nécessaires pour ne pas le montrer. « Fais un vœux. » Elle ne pouvait le lâcher du regard, tout en formulant son vœu dans sa tête. « Fait. » dit-elle pour préciser qu’elle venait de faire son vœu alors qu’elle ne détachait pas ses yeux de Jayden. En fait, elle n’y arrivait tout simplement pas. Elle aurait voulu que sa main reste sur sa joue, même si son corps semblait étrangement réagir au contact de sa peau. Au fond, elle savait que ce genre de réponse n’engendrait rien de bon. Elle le savait, et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher d’y foncer tête baissée. L’australienne tourna légèrement la tête vers sa fille, qui commençait à se manifester, trouvant surement qu’il n’y avait pas assez d’attention sur elle. Lexie se mordit légèrement la lèvre inférieure avant de retourner la tête vers Jayden. « Mon vœux a plutôt intérêt à se réaliser. » dit-elle avec un sourire coin. « Parce que… quand c’est pas le cas –et autant dire que c’est arrivé assez fréquemment l’an passé- j’ai tendance à devenir ronchon et capricieuse. » ajouta-t-elle en haussant les épaules. « Puis du coup, je risquerai de t’en vouloir… » Évidemment, elle ne lui en voudrait pas pour bien longtemps. Mais partant du principe que c’était lui qui venait de lui demander de faire un vœu, s’il ne se réalisait pas, elle l’en tiendrait pour responsable. Ou presque. Elle finit par sourire, plus amusée qu’autre chose. Elle se demandait sérieusement à quoi elle jouait, et pourtant, elle n’arrivait pas à s’en empêcher. Il était là, face à elle, et tout ce qu’elle voulait, c’était sans doute plus de proximité. Tout en connaissant parfaitement sa tendance à fuir. Lexie savait que tout ça n’avait rien, et n’apporterait rien de bon. Enfin, sérieusement, il était marié et elle collectionnait les échecs !

« Si en plus tu m’appâtes ainsi, tu peux être sûre que je vais te prendre au mot. » Un grand sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. « J’espère bien. » Ouais, en effet… elle ne cuisinait vraiment pas pour tout le monde. Il pouvait réellement se sentir flatté et honoré, mais elle n’était pas bien sûr qu’il le sache. Elle aurait aimé être meilleure que ce qu’elle était dans ce domaine. Elle aurait voulu être comme certaines de ces femmes qui connaissaient la moitié du bouquin de recettes sur le bout de doigts, et qui, bien évidemment, ne les foiraient jamais. Au fond, Lexie savait que c’était une mauvaise idée d’inviter Jayden à venir chez elle, que ça soit pour manger ou pour quoique ce soit d’autre. Le chirurgien était une véritable tentation. Et l’inviter chez elle, c’était comme y céder Pourtant, elle n’arrivait pas à faire autrement. Elle le voulait près d’elle, tout autant qu’une voix intérieure lui disait de courir le plus loin possible. C’était ça : sa raison lui disait de courir aussi loin et aussi vite que possible, tandis que son cœur lui disait de se jeter à son cou sans perdre un instant. Puis Jayden avait rétabli le contact physique entre eux, la débarrassant d’un cil qui avait échoué sur sa joue.  « Ça dépend de ton vœu ça alors. J’espère que tu n’as pas fait un vœu irréalisable alors ! Parce que si tu as souhaité de gagner au loto, où les chances de gagner sont très faibles, bah ce ne sera pas de ma faute quand même ! » « Non pas de ce genre là… Moins matériel et plus… humain. » avoua-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure. Et puis, qu’aurait-elle fait du jackpot du loto ? Elle était assez fortunée comme ça. Trop même, diraient certains. Elle avait amassé un bon paquet pour son âge, rien qu’avec son boulot, qui rapportait bien il fallait l’avouer. Alors, si on ajoutait les courses illégales et les parties de poker, ça ne faisait qu’ajouter à cette somme… Et venait ensuite la fortune familiale, qui dépassait de loin les précédentes sommes. Lexie ne put s’empêcher de remarquer que le regard du chirurgien était fixé sur ses lèvres. Et elle sur les siennes. C’était sans aucun doute la meilleure des hypnoses. Il s’approchait alors doucement, et son cœur battait à tout rompre. Elle avait l’impression de l’entendre dans ses tympans et qu’il allait explosait. C’était juste impossible que son cœur batte aussi rapidement et qu’elle ne fasse pas une quelconque attaque. La jolie russe restait fixée sur ses lèvres, s’approchant doucement à son tour, alors que Jayden se recula brutalement, la ramenant à la réalité par la même occasion. Elle se secoua intérieurement, puis posa ses yeux sur Saoirse, comme si elle reprenait conscience de sa présence. « Je… Je ferai mieux d’aller la changer avant que la pédiatre ne nous prenne. » Il lui fallait juste une excuse pour prendre l’air et se changer les idées. Mais surtout, pour retrouve un rythme cardiaque plus proche de la normale que celui qu’elle avait en ce moment même. Elle se leva, Saoirse dans ses bras, et emportant toutes ses affaires. Puis elle s’arrêta brusquement, et se tourna vers Jayden, presque triste de le quitter. « Demain soir, si t’es libre… Passe » dit-elle finalement, ne pouvait définitivement pas s’empêcher de vouloir revoir le chirurgien.