Lorsque Sergeï lui avait proposé ce voyage d’affaires, autant dire que Vioryna ne s’était pas faite prier surtout en sachant qu’elle pouvait l’accompagner. Au départ, elle n’avait même pas demandé la destination, se moquant bien d’où ils allaient tant qu’ils restaient ensemble… quelle ne fut pas sa joie en découvrant qu’en prime, c’était la direction de Moscou qu’ils prenaient à bord du jet privé de l’homme d’affaires alors qu’il lui exposait son « plan de bataille » pour asseoir sa réputation sur un nouveau contrat jugé extrêmement aisé par le beau russe. Vioryna ne manqua pas de lui apporter tout son soutien habituel, optant même pour une robe à la fois divine et discrète histoire de rester un atout de choix toute la soirée durant. Tout se passa comme prévu jusqu’à ce que la soirée de négociation ne se termine et qu’un flou total n’entoure subitement Vioryna. Qu’avaient-ils fait après le dernier verre engloutit, où étaient-ils maintenant, mystère et balle de golf. Tout ce que savait la jolie russe, c’est qu’elle était actuellement attachée sur une chaise extrêmement raide, si inconfortable que cela finissait par lui scier le dos, juste en face de Sergeï qui ne semblait pas en meilleure posture. Depuis dix bonnes minutes, les questions fusaient sans qu’aucun des deux époux Vassilievykh ne dégoise un mot. Pour l’instant, aucune menace n’avait été proférée mais autant dire que leurs kidnappeurs n’entendaient pas que cela reste ainsi… ce fut sans doute pourquoi l’un d’eux empoigna vivement la chevelure brune de Vioryna pour placer une lame particulièrement affutée contre sa gorge, tandis qu’un filet de sang extrêmement fin s’en écoulait. « Peut-être qu’employer une méthode plus… brutale vous fera réfléchir à notre problématique, Monsieur Vassilievykh... mais vais-je commencer par blesser directement votre femme, la faisant lentement se vider de l’intégralité de son sang ou opterais-je plutôt pour une solution plus radicale, en visant davantage le fœtus que porte votre femme ? » fit-il en murmurant contre sa cagoule, menaçant le ventre arrondi de Vioryna, qu’il caressait de sa lame.

La jolie russe tentait de se concentrer sur sa respiration pour ne pas céder complètement à la panique mais la donne n’était pas des plus aisées. Il faut dire qu’avec un couteau sur la gorge, ou contre son ventre largement arrondi par la grossesse, Vioryna ne pouvait que redouter le pire sans compter que Sergeï se trouvait dans la même délicate posture qu’elle. Qui allait les sauver cette fois-ci ? A moins qu’ils n’obtiennent ce que leurs cœurs assombris pouvaient bien convoiter et n’aient l’audace de leur laisser la vie sauve, il était fort possible que trois existences prendraient fin pas plus tard que cette nuit. Quelle heure était-il au juste ? La jolie russe avait perdu toute notion du temps à l’instant même où on l’avait droguée en compagnie de son mari pour les amener ici, dans cette pièce sombre. « L’argent n’est qu’une partie du contrat, Vassilievykh… milliardaire, vous l’êtes et nul ne peut prétendre le contraire, mais votre pouvoir en tant qu’homme d’affaires est nettement plus intéressant. Difficile de passer à côté du contrat que vous vous apprêtez à signer avec la Chine. Des milliards de dollars échangés en un seul et même contrat… » Pouvait-on redouter que les triades aient vu d’un mauvais œil cette transaction ? En tout cas, le premier assaillant n’avait pas l’air de goûter le calme quasi sibérien de l’homme d’affaires russes car il lâcha un ricanement proprement effrayant. « Chéri ne dis rien » murmura Vioryna avant qu’on ne lui tire à nouveau les cheveux pour la faire taire, non sans lui glisser un bâillon au passage pour qu’elle n’ôte surtout pas l’envie à son époux de s’exprimer. « Je veux les détails de cette transaction, des véritables montants à tous les associés engagés en passant par la date de signature finale… et pour vous encourager à me donner ce que j’attends, dites-vous que le temps joue déjà contre vous. » Sans hésitation, l’homme planta violemment son couteau dans la cuisse de la jolie russe, qui ne pouvait pas crier autrement que de façon étouffée contre son bâillon, non sans remuer sur sa chaise avant d’être contenue par des mains puissantes qui lui serraient légèrement la gorge.

Vioryna n’était hélas pas en mesure d’en vouloir à Sergeï, connaissant la valeur desdites informations. Non seulement elle connaissait le dossier sur le bout des doigts pour y avoir participé à sa façon, en secondant son mari telle l’assistante qu’elle s’était promis d’être même en visioconférence, mais en plus elle savait que si son mari cédait aujourd’hui sous la contrainte, alors ils ne seraient plus jamais en paix. La famille et le quotidien qu’ils construisaient ensemble n’auraient alors plus lieu d’être puisque ce serait la porte ouverte à toutes les fenêtres. Elle tâchait néanmoins de garder la tête froide, d’être insensible à la douleur en se concentrant sur autre chose et pour se faire, entendre Sergeï s’exprimer en russe lui permit ne serait-ce que de garder les yeux ouverts. Elle hocha donc la tête à deux reprises, la première pour lui assurer qu’elle allait tenir le coup et que Sofya continuait à donner d’imposants coups à l’intérieur de son ventre, et la deuxième pour lui faire comprendre qu’elle avait toute confiance en lui et qu’elle savait que d’une manière ou d’une autre, il les sortirait de là. N’avait-il pas un jour promis qu’il était prêt à mourir pour protéger sa famille ? « Pauvre fou… on vous décrit comme insensible à toute forme de torture et par conséquent, avoir cette charmante petite chose entre mes mains était une manière comme une autre de tester votre insensibilité mais là, je dois admettre que je me questionne sur la santé mentale de votre femme, et sur les raisons qui l’ont poussée à vous épouser. L’appât du gain, sans doute ! Les informations, je vous prie… » reprit-il non sans tourner le couteau à l’intérieur de la cuisse de la jolie russe, lui arrachant de nouveaux gémissements de douleur alors qu’on lui tenait la tête premièrement en arrière avant de la lui relâcher avec brusquerie. La lame était encore dans sa cuisse, ce qui retardait l’écoulement du sang mais dès lors qu’elle serait enlevée, il ne s’en faudrait pas de beaucoup pour qu’elle se vide entièrement. « Nous allons passer à un niveau supérieur. Pendant que l’on prépare un charmant menu histoire de vous faire céder, je vais planter une lame dans chaque membre de votre femme jusqu’à ce que cela provoque quelque chose chez vous… et si ce n’est pas suffisant, je commencerai à couper. Faites-moi confiance : ce que je vais couper lui manquera. »

Plus les secondes passaient, plus la douleur était vive et plus Vioryna peinait à garder les yeux ouverts. Seulement elle ne pouvait pas s’évanouir, pas maintenant. Si elle cédait à la facilité, Sergeï risquait de faire réapparaître le monstre en lui, celui qu’elle cherchait à atténuer à coups de patience, de douceur, d’amour. Elle luttait avec bravoure malgré la douleur et la crainte, pour lui prouver que même sans avoir son seuil de tolérance, la jolie russe ne le lâcherait pas si facilement pour autant. D’ailleurs, elle ne le quittait pas des yeux, même lorsqu’il débitait ce discours qui, au lieu d’effrayer leurs ravisseurs, les fit rire. Vioryna trembla violemment à cette constatation, malgré la déclaration de son mari, dans leur langue maternelle, à laquelle elle répondit par un simple regard pétillant. « Sauf que vous êtes attachés et que je possède le moyen de faire tellement souffrir votre femme qu’elle sera à peine reconnaissable si toutefois nous vous laissons un jour sortir d’ici. Mais n’ayez crainte, votre tour viendra quand j’en aurais fini avec elle. Il faut dire que c’est un morceau de choix que nous avons là… désirable, sauvage et fragile à la fois ! Même blessée, je suis certaine qu’elle contenterait plus d’un de mes partenaires. Dites-vous une chose, Vassilievykh : là où vous vos paroles ne sont que du vent, mes menaces en sont vraiment. » Et d’ailleurs, l’assaillant n’hésita pas à tourner une fois encore la lame précédemment plantée dans la cuisse droite de Vioryna avant de n’en prendre une nouvelle et de faire de même dans sa cuisse gauche. Cette fois-ci, la jolie russe se débâtit comme un beau diable, s’époumonant contre son bâillon non sans laisser de longues larmes s’écouler contre ses joues. Du sang s’écoulait bien évidemment de ses deux plaies, mais sûrement n’était-ce pas le pire lorsqu’elle sentit la main de cet abject personnage empoigner l’un de ses seins. Elle essayait de s’éloigner, de se débattre, de le repousser comme si sa vie en dépendait et comme si elle se transformait en lionne mais à sa décharge, sa faiblesse physique se faisait de plus en plus véridique. « De nouvelles menaces à proférer ou faut-il que je mette une nouvelle fois les miennes au goût du jour ? »

Vioryna avait sursauté en entendant Sergeï hurler mais, par chance, elle ne fut pas la seule. L’homme cessa tout attouchement sur sa personne, faisant en sorte d’analyser les paroles actuellement énoncées par son second prisonnier comme pour savoir si c’était du lard ou du cochon. Quant à la jolie russe, elle s’était tant débattue pendant ces quelques dernières minutes que sa tête tournait, lui faisant peu à peu fermer les yeux. C’était bien trop pour son corps frêle, et malgré la combattivité des plus honorables dont elle faisait preuve, elle atteignait presque ses limites. « Il n’empêche que vous êtes sorti de vos gongs, Vassilievykh… et comme votre chère et tendre sombre peu à peu, il ne s’en faudra plus de longtemps pour qu’elle ne soit plus qu’un lointain souvenir. Dois-je poursuivre sur ma lancée en achevant non seulement le travail mais également en accélérant le processus, ou vous allez vous montrer raisonnable ? Oh, je pourrais tout à fait faire en sorte de… comment vous avez dit ? Ah oui ! Vous sodomiser à sec mais je ne sais que trop bien à quel point votre réputation vous précède. Vous seriez capable d’aimer ça… en revanche, votre femme… moins évident qu’elle soit très fan de la manœuvre » fit-il lui sans déchirer de quelques coups de couteau la robe de soirée qu’elle portait encore, bien que celle-ci soit tachée du sang de Vioryna sur le bas. La jolie russe tentait vainement de garder conscience mais ses paupières se refermaient sitôt qu’elle avait tenté de les ouvrir. Aussi, l’assaillant, cagoulé pour que nul ne puisse voir son visage, empoigna une nouvelle fois l’une des deux lames toujours présentes dans les cuisses de Vioryna pour mieux se mettre à ricaner. « J’enlève, j’enlève pas ? Votre choix, Vassilievykh… »

Vioryna peinait grandement à garder les yeux ouverts et pourtant, elle tâchait de le faire surtout en voyant Sergeï se relever, les poignets en sang. Il avait réussi à se détacher de l’endroit où il avait été ligoté, et bien que ses mains soient toujours attachées l’une avec l’autre, il parvint à mettre à exécution chaque menace ou plutôt chaque promesse proférée quelques minutes plus tôt. La jolie russe grognait intérieurement pour ne pas avoir la possibilité de se lever et de l’aider, mais ses blessures étaient trop importantes pour qu’elle ne puisse ne serait-ce que faire autre chose que tenter de garder les yeux ouverts. Tout se passa à une vitesse fulgurante, ensuite… elle se sentit soulevée par nul autre que Sergeï, dont la voix grave et rassurante combla son corps blessé d’une douce chaleur, avant de n’entendre un véritable coup de tonnerre transpercer l’atmosphère et vaincre l’insubmersible Vassilievykh. Toujours bâillonnée, Vioryna ne pouvait pas hurler, appeler à l’aide ou faire quoi que ce soit qui puisse les sortir de la merde mais comme par enchantement, un nouveau coup de tonnerre s’empara à nouveau de l’atmosphère sonore pour mieux dévoiler le visage de Javier, qui murmura quelque chose qu’elle ne put entendre car elle sombrait désormais dans l’inconscience. C’est à un hôpital américain, en plein New York, que Vioryna ouvrit à nouveau les yeux. Elle était seule dans sa chambre si l’on excluait la présence de l’infirmière qui refaisait sa perfusion. Combien de temps avait-elle été inconsciente ? Nul ne saurait le dire et puis, ce n’était pas le plus urgent dans son esprit. « Mon mari, comment va mon mari ? » s’exclama-t-elle aussitôt non sans grimacer face à la douleur lancinante de ses jambes. L’infirmière lui indiqua un numéro de chambre à moitié sous la torture et, non sans une grande maladresse, Vioryna s’assit sur le premier fauteuil roulant à proximité, embarquant sa perfusion avec elle pour se rendre dans la chambre d’à côté et soupirer de soulagement en voyant Sergeï les yeux ouverts. Autant dire qu’elle fonça autant que possible vers le lit de son mari pour mieux l’embrasser comme si sa vie en dépendait. « Tu es en vie… oh Serg j’ai eu la peur de ma vie !! »

Demander à Vioryna de rester sagement couchée alors qu’elle ne savait pas comment se portait exactement Sergeï, c’était lui demander la lune et en prime d’atteindre la planète Mars en quinze secondes et demies. En somme, une chose impossible. La jolie russe voulait être absolument certaine que son mari n’avait rien et qu’il n’y avait plus que l’aspect psychologique qu’ils auraient à oublier ensemble. La brunette était prête à tout pour soulager son mari des pires tourments et surtout de l’éventuelle culpabilité qu’il pouvait bien ressentir. « Je vais devoir marcher avec des béquilles pendant quelques semaines à cause des fils de mes sutures mais sinon je vais bien, et les médecins m’ont dit que notre petite Sofya était robuste et s’était accrochée ! Une vraie chef, comme son papa ! » Vioryna mettait de côté le fait qu’elle ait vécu l’enfer pour lui sourire sincèrement et prendre son visage en coupe pour coller quelques instants son front contre le sien. Elle avait besoin de ce contact, d’être pleinement assurée que tout ceci n’était pas qu’un rêve, et qu’ils étaient bien sortis l’un comme l’autre de ce cauchemar. « Les médecins ne m’ont rien dit pour toi mais il me semble avoir entendu un coup de feu avant que Javier n’arrive, tu es tombé… tu te souviens de ce qui s’est passé ? En tout cas ne t’inquiètes de rien Sergeï, je vais bien et notre fille aussi, alors tu peux souffler et ne surtout pas t’inquiéter, je n’ai pas mal en restant assise dans ce fauteuil alors je vais te veiller un peu. Tu veux bien que je reste ? »

Vioryna esquissa un sourire tendre alors que Sergeï lui permettait de rester mais celui-ci s’évanouit aussitôt face à l’aveu qu’il lui fit à propos de sa santé. Le visage de la jolie russe se figea un instant, ses yeux se marquant aussitôt d’une indescriptible tristesse, surtout qu’elle sentait l’absence complète de sentiments dont il faisait preuve sûrement pour l’épargner mais qu’il sache une chose, c’est que cela ne marchait pas, même une seconde. « Quels sont les risques liés à l’opération exactement ? » osa-t-elle demander, sans sourire ni même mettre la plus petite chaleur dans sa voix. Elle peinait cruellement à encaisser pareille nouvelle car elle avait l’impression qu’en dépit de tout ce qu’elle avait espéré, le cauchemar ne se terminait pas. Certes, elle était seine et sauve, au même titre que leur bébé mais si c’était pour risquer de voir mourir son mari sans pouvoir rien faire… elle se révoltait par principe contre cette idée et sans doute fut-ce pour cela que de longues larmes s’écoulèrent contre ses joues avant qu’elle ne les efface de son propre chef. « Non ce n’est pas l’important ! Regarde-moi Sergeï Vassilievykh il n’est pas question que je te laisse là sans rien faire, à faire semblant d’accepter le sort ! Ce n’est pas toi, tu n’abandonnes pas une bataille sans avoir combattu comme un lion assoiffé de sang alors on va se renseigner, on va prendre le meilleur neurochirurgien et j’ai d’ailleurs déjà un nom en tête et on va se battre, ensemble, parce qu’il n’est pas question que je te laisse abandonner tu m’entends ?! » Vioryna voyait sa respiration devenir haletante alors qu’elle le regardait sans détourner le regard, n’ayant pas de pitié pour lui mais simplement une envie terrible de le voir se battre avec elle. « On a pas réussi à sortir de ce trou à rat pour s’arrêter maintenant » et à ses mots, elle s’empara doucement de sa main, comme pour apaiser le feu de ses paroles.

Sergeï avait beau faire preuve d'une nonchalance effrayante, Vioryna ne l'entendait pas de cette oreille. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir comme dit l'autre et si tenter l'opération pouvait lui éviter de mourir, alors il fallait la tenter, quoi qu'il advienne. Sûrement l'homme d'affaires russe ne voyait-il pas les choses de la même manière que la jolie brune mais il n'était pas question qu'elle s'écrase cette fois-ci, c'était bien trop grave, bien trop important ! « Tu as peur que je demande le divorce et ne veuille plus jamais te revoir parce que tu risques d'être dans un fauteuil roulant ? Sergeï Vassilievykh, rassure-moi, tu n'es pas tombé sur la tête ? » Vioryna le regardait comme s'il était devenu fou et que ses paroles n'avaient aucun sens. Certes, elle ne pouvait guère le blâmer d'avoir ce genre de peur car elle craignait, de son côté, qu'il ne finisse de se lasser de sa jeunesse et de sa fragilité mais en l'occurrence, sa crainte n'avait pas de sens... la brunette n'avait jamais regardé un autre homme que lui ! Fauteuil ou pas fauteuil, cela ne risquait pas de changer. « Pourquoi je reste avec toi ? Parce que je t'aime, tout simplement. Ça n'a aucun prix et que tu puisses avoir l'usage de tes jambes ou pas, je ne te verrai jamais différemment » coupa-t-elle subitement, serrant sa main dans la sienne alors qu'il lui énonçait à voix haute avoir besoin d'elle. La jolie russe eut le premier réflexe de s'approcher davantage du lit sur lequel il était installé, prenant son visage en coupe d'une part pour en caresser délicatement ses joues mais également pour l'inciter à la regarder droit dans les yeux, sans se détourner. « Je n'ai pas besoin d'un héros mon amour, juste quelqu'un avec qui vieillir. Je ne t'ai pas épousé parce que tu es puissant mais parce que tu es mon souffle, ma vie, ce dont j'ai besoin à chaque minute. Tu te souviens de ce que je t'ai promis devant Monsieur le Maire ? Dans la santé comme dans la maladie. Je pensais chacun de ces mots et je les penserai jusqu'à ma mort, Sergeï. J'ai été blessée oui mais toi aussi, alors ne te flagelle pas, pense à l'avenir, à nos enfants... il faut que tu tentes cette opération, je t'en prie, ne t'entête pas pour une histoire de puissance... tu resteras toujours l'indétrônable Sergeï Vassilievykh à mes yeux, quoi qu'il advienne. Maintenant, pose toi la question : quel est le plus important ? Ne pas te faire opérer et risquer de mourir bientôt, laissant par la même occasion ta femme et tes enfants seuls ? Ou te faire opérer, prendre cet énième risque et vivre... je serai là quelque soit ta décision mon amour. Je ne te lâche pas, à aucun moment. C'est comme ça que je conçois notre mariage et il faudra que tu mettes le forcing sur la fessée si tu veux ne serait-ce que me dégager de cette chambre, fais-moi confiance ! »

Vioryna se sentait prête à subir mille tourments si cela lui permettait de rester ne serait-ce qu’une heure supplémentaire avec son mari. Ce n’était pas pour elle qu’elle avait réellement eu peur, ainsi attachée à une chaise, deux lames lui sciant littéralement les jambes… mais pour son mari. Elle ne savait que trop bien à quel point Sergeï risquait de voir le monstre en lui redorer son blason et elle ne le souhaitait pas. Il avait fait tant de progrès vis-à-vis de cela, main dans la main avec elle, que ce n’était pas le moment de lâcher prise, surtout en s’imaginant qu’elle allait demander le divorce et se détacher soigneusement de lui sous le fallacieux prétexte qu’il risquait de finir dans un fauteuil. « Sergeï Vassilievykh, regarde-moi et surtout écoute ce que je m’apprête à te dire : tu as peut-être connu énormément de femmes intéressées et vénales mais je n’ai que faire de ton argent, de ton pouvoir ou de ce qui s’y rattache, cela n’a jamais été primordial pour moi et si j’ai toujours respecté ton goût de tout cela, si tu ne l’avais plus, cela ne me poussera jamais à t’abandonner. Je ne t’ai pas épousé uniquement pour partager de bonnes choses, nous avons parcouru suffisamment de merdes, de disputes et autres guerres froides je pense pour que tu aies conscience que toi et moi, nous sommes plus forts à deux. Il n’est pas question que je divorce, moi vivante jamais, et il n’est pas question non plus que tu baisses les bras alors crois-moi, tu vas faire cette opération ! » Vioryna poussa un léger soupir avant de ne caresser sa joue avec une extraordinaire délicatesse. « Si tu veux suivre une thérapie tu auras tout mon soutien mon ange. Mais pour l’instant l’important c’est surtout ta vie. Je connais le meilleur neurochirurgien : Wayne Swarovksi… tu veux bien accepter de le rencontrer pour voir quel diagnostic il aurait à soumettre ? »

« Ce n’est pas de l’influence, tu sais très bien que je ne suis pas une dominante de nature mais là en l’occurrence tu avais besoin qu’on te remette les pendules à l’heure… » expliqua-t-elle en esquissant une petite moue car Vioryna ne savait que trop bien à quel point son mari détestait le fait d’être dominé, par qui que ce soit d’ailleurs, y compris par sa femme à vrai dire. Mais elle sursauta néanmoins en l’entendant éclater de rire, le regardant comme s’il avait perdu la tête, d’un air qui signifiait : mais qu’ai-je donc dis de si drôle ? Ceci étant, l’explication ne tarda pas et ce furent deux grands yeux exorbités qui se posèrent sur l’homme d’affaires. « T’es le cousin de Wayne sexy Swarovski ?? Mais pourquoi tu me dis jamais rien à moi ! » s’indigna-t-elle pendant quelques minutes avant d’exécuter une petite grimace : non seulement elle s’était un peu vendue sur le fait qu’elle trouvait le neurochirurgien séduisant mais en prime, elle voyait d’ici l’indignation, que dis-je, l’élan possessif de Sergeï qui risquait de lui mettre les pendules à l’heure à son tour. « Il a été mon médecin en fait. Ne va pas t’imaginer des trucs pas nets, je le trouve pas mal physiquement mais je comprends mieux pourquoi maintenant vu que vous êtes de la même famille ! En fait, je suis épileptique. Et avant d’arriver à New York, je n’avais pas de traitement, je faisais pas mal de crises. Par chance, ça n’a jamais été devant toi ! Sauf qu’un jour, en plein centre commercial, j’en ai fais une importante, devant Marya en prime, et il se trouvait sur les lieux. Il m’a aidée, m’a acceptée en consultation et donné un traitement adapté. Plus de crises depuis ! Bon il va sans dire que j’ai dû négocier le silence de notre fille mais bref… il n’empêche que c’est le meilleur dans son domaine et d’autant plus maintenant que je sais qu’il est de ta famille, tu sais aussi bien que moi que si tu as une chance, c’est bien avec lui ! » Vioryna noyait le poisson avec habileté mais tout ce qu’elle disait était vrai. Sauf qu’elle n’avait pas envie de tirer le projecteur sur elle, pas alors que Sergeï venait de la soulever à la force de ses seuls bras pour mieux lui réclamer un câlin, chose qui lui arracha un petit rire. « Tout ce que tu veux amour » lui murmura-t-elle avant de n’entourer son corps puissant de ses frêles bras, caressant avec délicatesse sa chevelure tout en lui embrassant la tempe.