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❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo

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MessageSujet: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyVen 11 Mai - 22:42

La tête en vrac, je marche jusqu'au métro. Un véritable jour sans comme on dit. Faire le ménage quand on a un caractère comme le mien ce n'est pas facile tous les jours et quand ça ne fonctionne pas ... Un client a été irrespectueux envers moi et d'autres collègues ce matin. Un jeune trader pété de tunes qui pour faire rire sa copine, est venu nous parler comme si on était des débiles. J'ai répondu. Trop fort. Trop sec. Tout trop. Le contraire attendu par une femme de ménage. Tout ça parce que ce connard est venu me chercher le mauvais jour. J'ai été voir sur internet, sur l'ordinateur de Samuel hier. La télévision et ça sont les seuls moyens que j'ai pour me tenir au courant de ce qui se passe et où en est la révolte. Je ne croyais pas au cessé le feu et j'avais raison. Un mois qu'il est supposé être en place et pourtant ... Il y a des nouvelles preuves de violence tous les jours. Les uns accusent les autres. Inutile de vous dire dans quel camp je me trouve. Ce ne sont pas les soldats ou le pouvoir qui font couler leur sang dans les rues. Notre révolution n'a rien à voir avec les attentats terroristes du régime. Un attentat a frappé Damas hier, enfin plutôt un double attentat. Et quand j'ai vu la vidéo, c'était juste ... Il y avait des syriens en train de manifester leur soutien au régime. Alors j'ai fait une crise d'angoisse et encore ce soir, j'ignore comment Samuel a réussi à me calmer. Les vidéos ... je ne sais pas pourquoi je les regarde à chaque fois que j'en trouve, apparemment j'aime me torturer, j'aime me rendre compte à quel point tout ceci semble être sans fin et que je vais finir par en crever parce que c'est trop dur. Et quand le pire semble être arrivé, on découvre ensuite que ce n'est jamais le cas. Ce merdeux de trader est revenu me chercher et si les autres ne m'avaient pas arrêtée, je l'aurais démoli. Puis je suis passée dans le grand salon de l'hôtel et la télévision était allumée sur la chaîne des informations. Les troupes qui tirent sur la foule, encore. Mais cette fois, à Hama fait partie des villes touchées. Une vingtaine de blessés dont un grièvement. Partagée entre ça et le bonheur qu'il n'y ait eu aucun mort. Bref ... mauvaise journée.

J'y pense tout le temps en fait. A toute heure du jour ou de la nuit, n'importe où, je pense tout le temps à ça. En particulier ces dernières semaines avec tout ce qui a pu arriver. Je n'ai pas encore pu trouver, depuis mon arrivée aux États-Unis, le moyen de totalement oublier, même pendant un moment, la situation. Et ça me bouffe de l'intérieur. Parfois j'ai l'impression de devenir tarée, mais je ne fais que marcher. Journée de boulot terminée. Je marche vers la station de métro la plus proche, oreillettes sur les oreilles et musique au maximum. Il fait nuit et j'ai mal partout. Mais comparé à l'explosion d'il y a quatre mois, ce n'est pas grand chose. New-York est illuminé mais je ne vois rien du tout. Mes yeux fixent le néant en face de moi et mes jambes me conduisent seules là où je dois aller. Je suis tellement fatiguée de tout ça ... Je ne sais même plus ce que je veux en fait. Je ne sais même plus où j'appartiens. Samuel m'a passé son vieil MP3. Il a des goûts étranges mais ça va. Tant que ses chansons m'empêchent de penser, tout va bien. Mon corps n'est à la fois plus réceptif et j'ai en même temps envie de le bouger dans tous les sens et de me mettre à hurler. Mais mon visage garde son expression implacable et mes bras ne dévient pas de leur trajectoire Là matériellement mais pas mentalement. Là tout de suite, je veux juste rentrer chez Samuel, m'enfermer dans ma chambre et ne plus voir personne jusqu'à demain matin ... en espérant que l'autre connard n'ait pas été se plaindre. Je suis descendue dans la bouche de métro une fois qu'elle s'est présentée dans mon champ de vision. Pas mal de New-Yorkais prennent encore le métro à cette heure là et ils filent tous à côté de moi sans me voir. C'est chacun dans sa bulle, chacun sa merde. Littéralement dans mon monde et avec une douleur lançante dans la poitrine, j'ai parcouru la rame dans le but de trouver un banc. Le métro arrive dans dix minutes. Génial. J'ai été m'asseoir sur un banc donc. Toute seule. Puis j'ai posé l'arrière de ma tête contre le mur derrière avant de soupirer. La musique aussi forte me donne mal à la tête mais je n'ai ni la force, ni l'envie de baisser le volume. J'ai juste continué de regarder le néant et les gens mais comme s'ils étaient invisibles.
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptySam 12 Mai - 3:18


C'était fou, comme on pouvait oublier quelque chose pendant des années et soudainement, ça nous revient en tête, comme ça. Sans qu'il n'y ai eu de déclencheur, on se met à y penser, à se rappeler de cette chose, cette personne, cet évènement qu'on avait jusqu'alors rangé dans un coin de son esprit. C'était en allumant la télé, dans l'appartement de son aînée qu'il devait accompagner sur le tournage d'une pub, qu'il y avait repensé : sur la chaîne info, entre les derniers déplacements de Mitt Romney et derniers éléments de l'enquête sur un incendie dans un laboratoire new-yorkais en mars, le présentateur avait évoqué les violences qui continuaient en Syrie, malgré le projet de paix de Kofi Annan et l'imposition d'un cessez-le-feu qui ne cessait d'être violé depuis un mois. Maman, tu te souviens de cette fille avec qui j'arrêtais pas de jouer quand j'étais gosse, pendant ton reportage sur le régime syrien ? Oui, je sais, c'était y'a pas mal de temps, mais quand même, tu te souviens de son nom ? avait-il demandé à sa mère en l'appelant sur le chemin. Non, elle n'arrivait pas à replacer le nom, et lui non plus, mais elle verrait si elle avait toujours une copie du reportage non-tronqué dans son immense base de données et elle le lui enverrait dès que possible. C'était une question idiote, son prénom n'allait sûrement rien changer, c'était juste parce qu'il y pensait. Comme ça, il s'était demandé ce qu'elle était devenue, si elle faisait partie de ces milliers de syriens encore oppressés et assassinés. Etait-elle vivante ? Avait-elle réussi a fuir, elle et sa grande famille, pour de plus clairs horizons que le bain de sang qui semblait se profiler chaque jour dans les villes du pays ? Enzo ne pouvait rien en savoir : il n'avait gardé aucun contact avec elle et, depuis le temps, il doutait même de la reconnaître si elle se trouvait devant son nez.

Et pourtant, le quotidien d'Enzo n'en avait pas été perturbé. Il était allé voir quelques amis, avait bu quelques coups et, comme presque tous les soirs, avait saisi sa guitare pour aller chanter là où on voudrait bien l'entendre. Il était arrivé juste avant l'heure de pointe, si bien qu'il avait provoqué quelques petites émeutes parmi les plus au courant de ses fans ou les simples travailleurs qui se donnaient le temps de l'écouter et formaient de véritables attroupements autour de lui. Enzo ne s'en formalisait pas vraiment, il était connu, mais ce n'était pas ce qui l'amenait là. Voir des sourires, rendre des gens heureux, c'était sa drogue, et c'était juste dans sa nature. Si il pouvait faire ce qui le faisait vibrer tout en faisant vibrer les autres, c'était bien sa vision du paradis sur Terre. Les heures avaient défilé sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, et c'était au nombre de passagers qui sortaient des rames qu'il estimait l'heure qu'il était. Ce n'était pas comme si il avait un quelconque emploi du temps à respecter : tant qu'on l'écouterait, il resterait. Au bout d'un long moment, il avait suivi un groupes de travailleurs pressés jusqu'au métro et avait fait quelques stations avec eux, se décidant à faire une petite ballade entre les rames au lieu de rester poster à un seul endroit : il ne cherchait aucun pourboire, il n'avait rien d'autre que sa guitare, et des milliers de gens sous Terre qui avaient sûrement d'un petit remontant musical.

Il l'avait vue dès que le train avait ralenti sur le quai : c'était son regard qui l'avait attirée, un regard à la fois profond et perdu. Assise seule sur l'un des bancs du quai, elle regardait les gens passer sans vraiment les voir. Enzo n'avait aucune idée de ce qui pouvait passer par la tête de cette inconnue dont le visage le frappait sans qu'il ne sache pourquoi, mais il avait toujours marché au feeling. Elle semblait tellement... courbée sous un poids imaginaire dont il ne discernait pas la nature ! Il doutait qu'une musique puisse changer quoique ce soit, mais il était également un adepte des challenge. Après tout, il n'avait rien à perdre, si elle ne voulait pas l'écouter, elle garderait ses écouteurs solidement vissés à ses oreilles. Décidé, Enzo se laissa d'abord emporter par la foule qui quittait le métro avant de s'en dégager pour avancer vers la jeune femme qui ne semblait même pas le voir. Il fit glisser sa guitare, suspendue dans son dos, contre lui et entama quelques notes qui firent tourner quelques têtes, mais contrairement à son habitude il ne leur adressa pas de sourire avenant et enthousiaste. Il n'y en avait que pour elle, pour cette inconnue au fardeau mystérieux. Attendant qu'elle le remarque, il continua de s'avancer jusqu'à se planter devant elle, commençant à chanter en attendant un signe lui indiquant de déguerpir.


Putain shit bordel ton post m'a tuée ;_;
LOL, pour la chanson je trouve que pour le coup ça colle pas mal au contexte, je voulais une chanson mignonne qui dise à Imen qu'elle devait pas être triste mais j'ai pas trouvé so, j'espère que ça ça ira & si t'as une proposition de musique, hésite pas à partager x)

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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyDim 13 Mai - 1:59

Assise sur ce banc dans cette station de métro, je me suis dit que j'étais la pire des hypocrites qui existe. Vouloir retourner là-bas est mon leitmotiv depuis mon arrivée ici. Je prétends travailler dur toute la semaine et même parfois les week-end pour me payer le voyage retour qui me ramènera chez moi, pour retrouver mes frères et à nouveau aider les miens. Pourtant je dépense régulièrement toutes les semaines une partie de ce précieux argent en choses futiles comme les sorties en boîte parce que là encore, je prétends vouloir me changer les idées. Oh mon Dieu, je deviens comme les Américains c'est ça ? Je danse, je fais la fête alors que les miens meurent tous les jours ? Mon coeur s'est arrêté en pensant à ça. C'est encore plus impardonnable venant de ma part. Pourtant je veux de tout mon être retourner là-bas, juste pour ne plus me sentir ainsi. Tellement ... anéantie. Okay, là je fais figure de dépressive. Je me suis concentrée sur ma musique et surtout, sur le sourire des mes frères lors de notre dernière rencontre. De leurs visages, du son de leurs voix ... Bien sûr, des moments parasites et négatifs liés à cette dernière entrevue sont revenus mais j'ai fait tout ce que j'ai pu pour les repousser. Pour peu de temps je le crains. Qu'est ce que j'ai cru, repenser aux garçons, c'est toujours une mauvaise idée. Tout est encore trop récent pour espérer que, comme on dit, le temps ait fait son travail. Enfin pas à propos de mes frères, mais à propos de ... Laissez tomber. Penser à autre chose, mais à quoi ? Moi aussi, seule sur un banc du métro alors que la nuit est tombée à l'extérieur. C'est pitoyable. Là-bas, je défendais une cause, je descendais dans la rue pour changer les choses avec la peur de voir une balle de trop près à chaque instant passé dehors. Ici, je ressemble à une petite fille perdue que la peur n'a pas quitté, même si elle a changé de continent. Cette peur là est même pire que celle d'avant. Au moins avant j'avais de quoi la combattre, j'avais de quoi l'affronter alors que maintenant ... Je fais le ménage pour des connards qui me débectent et j'attends, sans bouger, passivement le métro. C'est comme ça tous les soirs. C'est triste à mourir. En fait je suis devenue triste à mourir, dans ma tête en tout cas. Vous auriez dû me connaître avant tout ça. J'étais quand même assez différente.

J'ai fixé le néant, le sol, le mur d'en face, les rails enfin peu importe. Et puis soudain, mon regard a été attiré par quelque chose. Un inconnu, guitare à la main et lèvres remuantes s'approche doucement de moi. Mes sourcils se sont froncés. Oui c'est bien vers moi qui va et c'est bien moi qu'il regarde. Il est en train de chanter ? Visiblement oui mais ... Ou peut-être qu'il veut me demander quelque chose ... en jouant de la guitare ? Bien sûr Imen, t'as raison. Mais qu'est-ce qu'il me veut ? Là j'ignore ce qui est arrivé. J'ai retiré mon oreillette droite tout en laissant l'autre. Je ne sais pas ce qui m'a poussée à la retirer. La curiosité peut-être. Parce que normalement, quand ce genre de chose se passe après une journée pareille, soit je me tire, soit je me mets à être désagréable car je veux qu'on me foute la paix. Mais là, je ne l'ai pas fait. J'ai regardé cet inconnu jouer de la guitare et chanter en s'avançant vers moi. Il me regarde aussi. Son visage. Je ne suis pas d'humeur à ce qu'on fasse le mariole devant tous les usagers du métro pour m'arracher un sourire ou quel que soit son but, mais je n'ai pas bougé. J'écoute ses paroles et n'arrive pas à détacher mes yeux des siens, sans comprendre ce qui est en train d'arriver. Ne vois pas même les passants qui s'approchent. Je me suis reculée jusqu'à ce que mon dos atteigne le mur. Je me tiens droite comme un i. La musique du MP3 continue de hurler dans mon oreille gauche mais le son ne me parvient plus. Mode pause. J'ai réalisé que chacune des paroles me sont en fait adressées. Normalement, ça m'aurait agacée mais là, je suis restée muette et en plus, j'ai senti les larmes venir. J'ai cherché à comprendre en vain pourquoi je réagis de cette façon. A cause de ma journée ? Mais d'habitude ... Il y a quelque chose en lui, quelque chose qui fait que je suis en train de perdre tous mes moyens là, tout de suite. J'ai l'impression d'être un animal piégé dans les lumières d'une voiture. Le regard qui dit, laisse moi tranquille parce que sinon, je vais me transformer en fontaine devant tout le monde et ça, hors de question. La petite fille est de retour. Mais je suis restée plantée et assise sur place. Toutes les chansons et toutes les belles voix du monde auront du mal à m'arracher un sourire ce soir mais là je sais pas, il y a un truc. Et je ne veux pas de ce truc parce qu'il réussit à rendre mes yeux larmoyants, entre autre. Et son visage ... Il y a quelque chose dans sa manière de me regarder qui me perturbe. Quant aux paroles ... n'en parlons même pas. Mes mains tremblent. Les gens nous regardent toujours. Soudain, d'un bon je me suis levée. Ce n'est pas qu'il chante mal ou que la chanson est mauvaise, c'est simplement que je ne veux pas l'entendre. Je ne PEUX pas l'entendre. Alors, juste avant que la chanson ne se termine, je me suis levée de mon bas et j'ai remis mon oreillette. La musique de Sam m'a à nouveau envahie et enveloppée mais j'ai dû mal à me remettre de ce qui vient d'arriver. Je bouscule quelques personnes qui s'étaient agglutinées pour écouter la chanson. Il faut que je parte avant de craquer. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. J'ai cherché à un autre banc, pas loin, pour être à nouveau tranquille en attendant le métro. Une fois trouvée, je m'y suis assise, sans jeter un regard à l'endroit que je viens de quitter. Je ne comprends pas ce qui est arrivé. J'ai peur de comprendre. Suis-je devenue si ... cassée pour qu'une chanson me donne les larmes aux yeux ? Ou alors c'est cet inconnu qui ... a presque réussi à sortir tous mes états d'âme ? Oulah. Peu importe. De retour dans ma bulle, seule sur mon banc mais différente d'il y a quelques minutes. Vide. Aucun regard à personne. J'ai ramené mes jambes contre ma poitrine, ai posé ma tête sur mes genoux et les ai entourées de mes bras, encore plus perturbée qu'avant, comme si c'était possible.

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Nan pour la chanson c'est bon pour moi (: Je ne la connaissais pas mais j'imagine parfaitement Enzo en train de la chanter à Imen ♥
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyLun 14 Mai - 1:19



Enzo chantait pour se rendre heureux, et pour rendre les autres heureux. C'était son leitmotiv à lui, sa raison de vivre même. La musique, c'était tout ce qu'il avait : on pouvait bien lui retirer tout l'argent de ses parents, son toit, ses vêtements même, tant qu'il avait la musique il serait heureux. Et partager... Partager était pratiquement le premier mot que ses parents lui avaient appris, après son adoption. C'était une manière de vivre, un mode de vie complet auquel Enzo adhérait depuis sa plus tendre enfance. Alors bien sûr, lorsqu'il avait vu cette jeune femme assise sur son banc, le regard perdu, il y avait vu une personne à aider, une personne à faire sourire, à rendre heureuse ne serais-ce qu'un instant. Sa musique ne valait pas de l'argent, ou un quelconque bien matériel, même le plus petit, qu'on pourrait offrir pour remonter le moral de quelqu'un, mais elle avait le mérite d'être personnelle. Ses chansons, lorsqu'il les composaient, étaient des concentrés purs de sa vision de la vie, de ses convictions, de son quotidien : il donnait vraiment de lui-même pour les autres. Seulement, l'inconnue au regard vague n'eut pas la réaction qu'il avait espéré. Une fois qu'il avait commencé à jouer, bien sûr, il n'avait pas pu s'arrêter, mais il avait envisagé au milieu de la chanson partir en douce, l'air de rien, en chantonnant. Mais, même si son regard et tout son corps montrait qu'elle ne voulait pas de cette démonstration, elle n'avait pas clairement exprimé qu'elle voulait qu'il s'en aille, alors il était lui aussi resté planté là, à gratter les cordes de sa guitare.

Le temps de la chanson parut interminable : mais qu'est-ce qu'elle avait ? Est-ce qu'il chantait si mal que ça ? Ca venait d'elle ou de lui, en fait ? Tout ce qu'il voyait, c'était qu'elle était perturbée, elle l'était déjà avant son intervention mais là, c'était tout simplement flagrant. Comme s'il était uniquement question de performance, Enzo s'était concentré sur la musique, appuyant sur sa voix en espérant empêcher les yeux de la jeune femme de se couvrir de larmes qu'il discernait déjà. Mince alors, mais où était le problème ?! Il ne voyait pas où ça n'allait pas, est-ce que c'était les paroles, le simple fait d'être dérangée ? Plus elle le regardait avec ce regard triste, plus le jeune homme se sentait mal à l'aise, sans pour autant s'arrêter de chanter. Et puis, alors qu'il s'apprêtait à délivrer les dernières notes, la jeune femme s'était brusquement levée pour partir le plus vite possible. Pris de court, Enzo avait enchaîné les fausses notes et avait dû adresser un sourire gêné à la dizaine de personnes qui s'étaient rassemblées autour de lui. Le sourire qu'il avait abordé au début de la chanson avait cependant complètement disparu, et il fronça les sourcils en tournant la tête dans la direction où la jeune femme avait fui, discernant sa silhouette déjà loin en train de bousculer quelques personnes pour se trouver un endroit à part.

Le jeune homme se mordit la lèvre inférieure : merde, c'était pas bon ça. Il s'en voulait, sa spectactrice avait réellement semblé perturbée par sa chanson. Une personne sencée aurait probablement tourné les talons dès lors, mais Enzo se sentait trop coupable pour abandonner là. Surtout, il était perturbé par le regard de la jeune femme qui restait ancré en lui : elle l'avait heurté de plein fouet par son désespoir, et il était plutôt du genre à vouloir toujours consoler les gens autour de lui. Pas qu'il soit plein de pitié ! Non, il trouvait juste ça terriblement dommage de vivre dans la tristesse, alors qu'il y avait tant de petits plaisirs à apprécier. Alors, après une longue hésitation, le jeune homme avait de nouveau glissé la guitare dans son dos et, s'excusant auprès des quelques personnes qu'il dut bousculer pour se faire un chemin parmi la foule, il ne tarda pas à rejoindre la jeune femme. Celle-ci ne le remarqua probablement pas, et il resta une nouvelle fois quelques instants hésitant quant à la marche à suivre. Evidemment, il ne comptait pas lui chanter une nouvelle chanson, ça... Il avait compris qu'il avait fait mauvaise route, et maintenant il tenait à s'en excuser. Comment pouvait-il l'avoir rendue aussi triste avec une chanson ? Finalement, il se décida et alla s'asseoir à l'autre extrémité du banc que la jeune femme occupait. Recroquevillée sur elle-même, ses écouteurs solidement vissés sur ses oreilles et déblatérant une musique qui était tellement forte qu'elle parvenait même aux oreilles de l'hispano-américain, elle semblait dans un autre monde. S'avouant vaincu en ce qui concernait la parole, il ne tarda pas à poser sa guitare à côté de lui pour se détacher du petit sac applati dans son dos où il rangeait ses clés, son téléphone... Et de quoi écrire pour les accros aux magazines people qui se retrouvaient souvent à vouloir qu'il signe leurs seins seulement parce qu'il était le fils de Bob Donovan. Lançant un nouveau regard à la jeune femme, il griffona quelques mots et, après une dernière hésitation, glissa le papier près de la jeune femme pour qu'il attire son attention, revenant immédiatement à sa place en détournant le regard comme un enfant à qui les parents viendraient de dire qu'il devait se taire parce qu'ils étaient occupés.

I'm sorry, I didn't mean to make you cry. I just saw you and something hit me, but see, I'm not singing anymore, not even talking ! Please accept my apologies, I won't try to put a smile on that pretty face again, promise.

Sans attendre qu'elle ai terminé de lire, il prit un autre papier et griffona de nouveau.

Btw, I'm Enzo. Hi (:


Ton post m'a brisé le coeur, so sad Crying or Very sad
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyVen 18 Mai - 22:32

Tous ces gens me paraissent être à des années lumières de moi et j'ai l'impression que la distance entre nous ne pourra jamais être réduite. Yeah, c'est un de ces mauvais soirs que tout le monde peut avoir un moment ou à un autre. Ils vous font vous sentir tellement mal que vous vous demandez vis vous tiendrez le coup un jour de plus. Parce que ça vous coupe la respiration et que vous ne pouvez pas croire que ça ira mieux demain. Pourtant, je constate amèrement que c'est à chaque fois le cas. Les soirs moroses comme celui-ci ne sont jamais les derniers comme j'aimerais qu'ils soient, ce qui veut dire qu'il y en aura toujours d'autres. Souvent, lors de ces moments dignent de la chose fragile que je suis venue depuis mon arrivée en Amérique, je ne suis pas dérangée. Enfin vous voyez ce que je veux dire. Ne pas confondre les moments moroses et les moments où je pète un câble comme pendant mes crises d'angoisse et où là, j'ai vraiment l'impression que l'instant présent sera le dernier. Bref, peu importe. En tous les cas, jamais un inconnu dans le métro n'est venu avec sa guitare me chanter une chanson. Dans un tel moment, je l'aurais envoyé bouler mais ... c'est difficile d'expliquer pourquoi je ne l'ai pas fait. C'est quelque chose ... quelque chose qui se dégage de lui qui fait que je me suis sentie encore plus triste. Je sais que c'est stupide parce que sa chanson n'avait rien de triste mais ça a juste fait ressortir tellement de choses en moi. Mais pourquoi ? En l'écoutant, en voyant tous ces gens nous regarder je me sens tellement ... impuissante, fragile comme quand j'étais adolescente et que je faisais fasse aux remarques blessantes de Nouria. Les yeux humides, je ne l'ai pourtant pas quitté des yeux pendant qu'il jouait et chantait. J'ai eu l'impression qu'il chantait pour moi et ça m'a perturbée. Vraiment. ce n'est pas tous les jours qu'on chante pour vous. Les inconnus ne chantent pas pour vous normalement. Seuls les proches le font. Et mes proches ... eh bien ... Oh putain, heureusement que je me suis levée parce que là, trente secondes plus et je me serais mise à ... pleurer.

Je ne m'explique pas ce qui vient d'arriver et j'ai l'impression que mon état si je peux dire, a empiré. Okay ma grande, on se calme. Mais pourquoi ... ? Donc j'ai été à l'écart de tout ce petit monde pour aller m'asseoir sur un autre banc. Ce type a un truc ... apparemment, les gens qui se sont arrêtés regarder la scène et qui le regardent toujours actuellement sont d'accord avec moi. Est-ce que ça veut dire qu'il est connu ? En tous les cas il a failli me faire pleurer et maintenant, j'ai des souvenirs de la Syrie qui ne veulent pas quitter ma tête. Avec un peu de chance, la musique du mp3 de Samuel va pouvoir effacer tout ça de ma tête. Je ne suis pas une fille qui se plaint. Des tas de gens comme moi ont perdu leurs familles pendant les répressions et eux sont encore en Syrie en train de se battre. Ils n'ont pas le temps d'être tristes et moroses. Donc, je n'ai pas le droit. Je. N'ai. Pas. Le. Droit. J'ai replié mes jambes contre ma poitrine et ai essayé de me concentrer pour faire partir la douleur qui oppresse mon coeur. Pas de crise, par pitié, pas de crise. J'ai repensé à ma mère, on va dire que cette technique marche une fois sur deux. Je suis retournée dans mon monde de solitude avec ma musique. Tout va bien, tout va bien. Soudain, une chose blanche se glisse dans mon champ de vision. Mes sourcils se sont froncés et je tourne la tête pour voir que l'inconnu s'est assis à l'autre bout de mon banc. Qu'est-ce que ... qu'est ce qu'il fait ? Intriguée par son morceau de papier qu'il vient de glisser à côté de moi, je me saisis de la feuille en question pour lire ce qu'il y a d'écrit. Puis avant que je n'ai fini de lire son premier mot, il m'en glisse un deuxième où il y a marqué son prénom. Tout de suite après, je ne peux m'empêcher de sourire, ça a été comme un automatisme. C'est juste ce moyen de communication qu'il a trouvé, ses excuses et le fait qu'il fasse semblant de ne pas être l'auteur des petits mots. Je ne sais pas ça m'a fait sourire ... Encore ce mystérieux truc faut croire. J'ai enlevé une oreillette, puis deux. « Il semble malgré tout que vous ayez réussi pour le sourire. » ai-je murmuré. Et ça ce n'est pas donné à tout le monde d'arriver à me faire sourire dans un moment pareil. Je me sens un peu mieux qu'il y a quelques minutes. Moins ... instable émotionnellement comme dirait Samuel. On va dire que l'inconnu, m'a surprise dans un mauvais moment et que du coup, j'ai eu un peu de temps pour me refaire. « Je suis Imen. » ai-je continué. Enzo ... Pourquoi j'ai l'impression que ce nom devrait me dire quelque chose alors qu'il ne me dit rien du tout ? Je me fais sûrement des idées. Enzo n'est pas un nom très atypique chez nous. Oh j'en ai marre d'être dans le flou total. Puis, j'ai repensé à ma réaction quand il a chanté. Certains passants le regardent toujours. Je ne suis pas spécialement une grande bavarde, enfin disons que je ne le suis plus et surtout pas avec des gens que je connais pas. Mais plusieurs phrases se sont bousculées dans ma tête et une m'a semblé évidente. « C'est moi qui suis désolée, pour ma réaction ... »
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyMer 30 Mai - 2:48


Enzo n'avait rien à perdre : après tout, c'était bien sa faute si l'inconnue avait fendu la foule pour partir se réfugier à l'extrémité du quai, sur un banc où ne l'accompagnait que la solitude ! Il l'avait mise mal sans même s'en rendre compte, mais il en était tout de même responsable. Alors, il l'avait rejoint et, l'air de rien, s'était excusé par écrit faute de pouvoir se faire entendre. Quoiqu'il en soit, il n'était pas prêt de lui chanter une nouvelle mélodie ! Il n'était pas sûr que ce soit la musique, les paroles, le simple fait qu'on vienne l'importuner qui avait poussée à déguerpir aussi vite, mais l'hispano-américain n'avait tout simplement pas pu se résoudre à abandonner la jeune femme après avoir provoqué son état.

Alors forcément, lorsqu'il laissa son regard glisser sur la brune et qu'elle la vit esquisser l'ombre d'un sourire, il cria mentalement victoire. Bon, ce n'était pas grand chose, mais comme il disait souvent, c'était les petits plaisirs qui faisaient un grand bonheur. La voyant retirer ses oreillettes, ce fut son sourire à lui qui s'élargit et il se tourna de demi vers la jeune femme en l'entendant prononcer ses premiers mots. « Il semble malgré tout que vous ayez réussi pour le sourire. » Ca n'avait été qu'un murmure, et pourtant il remplit Enzo de joie : ouf, il n'avait pas totalement brisé le moral de cette inconnue qui l'avait vu débarquer de nulle part sans rien lui demander. Le jeune homme se contenta de lui adresser un sourire mi-gêné, mi-content, surtout soulagé de la voir réagir positivement à son second essai pour lui arracher un sourire. A vrai dire, il avait tout ce qu'il voulait maintenant, c'était les sourires qu'il cherchait & qu'il s'évertuait à provoquer chez les autres à longueur de journée : seulement, la jeune femme avait repris la parole... « Je suis Imen. » ... et ça avait fait tilt dans son esprit. Imen, c'était pas le prénom qu'il cherchait avec sa mère depuis le matin-même, celui de cette fille si particulière avec qui Enzo s'était lié plus jeune, à l'occasion d'un reportage en Libye ? Si, maintenant qu'elle avait prononcé ce nom, c'était comme évident, ça DEVAIT être Imen, ça avait tapé dans sa mémoire et en avait ressorti le prénom d'un de ses placards à souvenirs. La Imen en face d'elle, en plus de ça, était typée. Seulement, il ne pouvait pas seulement l'interpeller avec un bon vieux 'eh, on se serait pas déjà rencontrés quelque part ?' A tous les coups, ce n'était pas la même fille, et Enzo ne réussirait qu'à remonter les barrière qu'Imen semblait descendre tout doucement devant lui.

« C'est moi qui suis désolée, pour ma réaction ... » avait-elle finalement repris, attendrissant Enzo au point qu'il en oubliant totalement son Imen libyenne : quoi ? Comment pouvait-elle s'excuser ? C'était sa faute, sa faute à lui ! Si en plus, il la faisait culpabiliser... il n'était plus bon à rien ! « Non, non, t'excuses pas. » Il se gratta rapidement la nuque et reprit après un rire gêné « C'est moi, j'aurais pas dû débarquer comme ça. C'est ce que je fais, des fois ça passe... des fois non. » Et voila qu'il se mettait à avoir peur qu'elle s'en veuille ! Il avait l'impression de tout faire faux, et il lui adressa un bref regard penaud avant de reprendre. « Comment est-ce que je pourrais me rattraper ? » Il hésita un instant : bah, à part sa musique, il n'avait pas grand chose à offrir. Ou si : une oreille attentive et un coeur compatissant. « Je sais pas si tu accepterais... un verre ? » Ce ne fut qu'après avoir prononcé sa phrase qu'il eut peur de provoquer une nouvelle mauvaise réaction de la part d'Imen : après tout, qui était-il pour venir lui proposer de boire un verre avec lui alors qu'ils ne se connaissaient pas ? Elle pouvait bien le prendre pour un simple fou qu'il ne pourrait pas l'en blâmer.

Sorry, pas génial ;_;
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyDim 3 Juin - 12:37

Je ne veux pas être comme ça. Passer mon temps à me morfondre en repensant à quel point j'ai eu une vie de merde jusque là. Ce qui n'est d'ailleurs, pas vrai. Je n'ai pas eu une vie de merde. Si on enlève la mort de mon père, la répression et la disparition de toute une partie de ma famille, je n'ai pas eu une vie de merde. J'ai grandi dans une famille nombreuse et aimante au possible. Malgré les prises de tête et autres engueulades, je n'aurais échangé ma famille contre une autre pour rien au monde. Enfin je me rends compte de cela avec du recul. Sur le moment, quand je m'engueulais avec Nouria, je ne pensais pas ça du tout. Mais si on enlève les évènements des derniers mois ... je n'ai pas forcément à me plaindre. Et puis je suis une fille forte, bordel de merde ! Pas question que je me mette à pleurer en public ! Le coup de blues passe encore, mais les larmes, non. Pas question. Je veux être digne de mes frères qui sont toujours là-bas en train de se battre avec l'opposition. Je veux être digne de tout ceux que je connais qui sont restés là-bas et qui se battent sans relâche. Moi ici, je ne fais rien. Je fais le ménage pour des gens aussi pourris qu'ils pensent beaux et puissants et je sors aussi souvent que je peux, sous prétexte de vouloir me changer les idées, au lieu d'économiser de l'argent pour retourner chez moi. Et puis même, est-ce qu'on peut réellement aller en Syrie quand on part des États-Unis ? Donc non, je n'ai pas le droit de craquer dans un lieu public alors que tous ceux que je connais se battent pour leur survie et que moi ... j'attends tout simplement le métro. Je ne fais vraiment pas le poids, et c'est ça qui me tue. Le fait de passer d'une révolte armée pour la sauvegarde d'un pays à une vie dans une ville comme New-York qui se veut plus normale. Sans personne de famille. Ça doit être la première fois que je passe autant de temps sans parler à l'un d'entre eux, c'est ... étrange. Parfois, j'ai pas l'impression qu'ils sont morts ou qu'ils sont à des kilomètres de moi. J'ai juste l'impression d'être en voyage aux États-Unis à cause de mes études et qu'ils m'attendent tranquillement à la maison. Et quand je serai de retour, ils seront tous là, à m'attendre sur le perron de la maison, sourire aux lèvres. Normalement, c'est comme ça que les choses auraient dû se passer s'il n'y avait pas eu le printemps Arabe, comme les occidentaux le disent. Je devais faire un voyage en Amérique pour mes études. C'était le moment que mes camarades et moi avons attendu depuis très longtemps. Et puis New-York, cette ville qui m'a faite rêver pendant des années. Alors pour moi, le rêve s'est réalisé, donc, pourquoi je me plaindrais ?

Mais ce type a tout fait ressortir avec sa guitare et sa chanson. Sur le moment, je l'ai détesté pour me faire ressentir de telles choses. Depuis que je suis à New-York, j'essaie de ne plus laisser les gens ou les évènements m'atteindre. Cela a très bien marché, jusqu'à présent. Maintenant, me voilà obligée de fuir quand un inconnu s'approche de moi. Sur le moment, j'ai pas voulu faire face aux bons sentiments. Alors je suis partie, mais la dernière chose que j'avais prévu c'est qu'il me suive. Enzo donc. C'est assez étrange de se retrouver dans une telle situation quand un inconnu se présente sur des petits papiers. Dans un tel moment, j'aurais dû l'envoyer bouler, surtout que je ne suis pas au top de ma forme. Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi et comment il peut me faire autant d'effet. Enfin autant d'effet ... pas comme vous le sous-entendez sûrement. Il y a deux minutes à peine, il est à deux doigts de me faire pleurer et maintenant, je suis en train de sourire et de discuter comme si de rien n'était. Normalement, le fait que quelqu'un cherche à insister ... Enfin demander à Sam, je peux être très méchante dans ce genre de cas mais maintenant c'est tout le contraire. Un sentiment très étrange, comme si c'était normal en fait. Parce que le plus drôle, c'est que j'en viens même à m'excuser d'avoir réagi comme je l'ai fait. Ouah. « Non, non, t'excuses pas. » répond-il. Oui il a raison, pourquoi je me suis excusée ? Encore un mystère. J'ai relevé les yeux quelques instants pour observer le reste de la rame de métro. Le petit troupeau qui s'était agglutiné autour de nous commence à se disperser, même si certains restent toujours dans le coin et nous regardent un peu trop à mon goût. Mais bon, le regard des autres ne m'a jamais fait peur ... dixit la fille qui ne veut pas craquer en public.

« C'est moi, j'aurais pas dû débarquer comme ça. C'est ce que je fais, des fois ça passe... des fois non. » continue Enzo visiblement gêné. Bon, je n'ai pas pensé le gêner non plus en changeant de place. Je pensais qu'il s'en irait simplement en fait. Je ne pensais pas me retrouver en train de discuter avec lui. Je lui souris encore un peu. Bon sang, qu'est-ce qui fait que j'agis de la sorte ? Est-ce que ... est-ce que je le connais ? Non, ridicule. Pour que je le connaisse et que je ne m'en souvienne plus, il faut que ça remonte à longtemps, et longtemps pour moi, c'est la Syrie. Ça serait étonnant qu'il soit allé en Syrie. « C'est juste que ... mauvaise journée. » ai-je répondu simplement. C'est la seule réponse qui m'est venue à l'esprit sur le moment, pour expliquer les choses. Mauvaise journée. Deux mots qui veulent tout dire et en même temps, rien dire. Vous pouvez avoir passé une mauvaise journée à cause du boulot, de votre famille ... ou encore parce que vous avez passé la journée avec le crépitement des armes à feux et l'odeur des morts. Dans mon cas ça doit être tout en même temps j'imagine. Soupir. Bien sûr, ce n'est pas ce que j'allais lui répondre. « Comment est-ce que je pourrais me rattraper ? » En l'entendant, j'ai froncé le sourcils. Se rattraper ? Pourquoi il voudrait se rattraper ? « Je sais pas si tu accepterais... un verre ? » demande-t-il. Okay, ça ce n'est pas quelque chose que j'avais imaginé. Sur le moment, je ne sais pas quoi lui répondre. Partagée entre ce truc étrange et ma réaction habituelle qui serait de refuser. Je le connais depuis deux minutes à peine et il m'offre déjà un verre. J'ai eu l'impression que tout ce qu'il a pu faire et dire jusque là n'a été que pour aller m'offrir ce verre et ... enfin vous voyez la suite. Je me dis, en fait, il est comme tous les autres hommes de cette ville. Mais ça n'a duré que quelques secondes, parce que il y a cet autre truc. Ce fameux truc qui me tracasse depuis tout à l'heure mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. J'ai regardé son visage, encore et encore, mais rien. C'est comme si tout était bloqué. « Je ... sais pas ... Oui pourquoi pas ... » ai-je réussi à sortir. Bizarrement, mon accent s'est fait plus prononcé sur cette question. Mauvais signe. Ouah, pourquoi ça devient si dur de répondre à cette question ? D'accord, on se reprend. « Tu proposes souvent d'aller boire un verre aux filles pour qui tu chantes dans le métro et qui réagissent bizarrement ? » ai-je poursuivi avec un sourire. Je ne sais pas quel est le but exact de cette question. Moyen de se rassurer peut-être. « Mais tu chantes très bien à propos. »

t'inquiètes, c'était très bien ♥
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyDim 3 Juin - 22:12


Enzo savait que sa vision des choses - des gens, de la vie en général - n'était pas partagé par la majorité des gens qu'il rencontrait. Travailleurs pressés, retraités méfiants, il en rencontrait des tonnes, comme des têtes de con qui entamaient un discours de violence sans même qu'Enzo ne leur ai rien demandé. Dans ses petites escapades autour de la ville - il n'avait finalement que ça à faire de ses journées - il lui arrivait de rencontrer des gens qui n'avaient vraiment, vraiment pas envie de l'entendre ne serais-ce que parler, encore moins pousser la chansonnette. En général, Enzo ne cherchait pas les ennuis, et il ne les provoquait presque jamais : alors il faisait le plus souvent demi-tour, ne demandait pas son reste. Après tout, il avait sa conception à lui ! Pour lui, peu importait qu'on connaisse quelqu'un ou pas, rien ne justifiait l'agressivité et sincèrement, il était plutôt content de la façon dont il vivait, et il faisait de nouvelles et riches rencontres tous les jours.

Alors qu'Enzo tentait de déculpabiliser Imen en ce qui concernait le petit accrochage (il n'était pas sûr de savoir comment l'appeler) qu'ils avaient eu quelques minutes auparavant, la jeune femme éluda le sujet par une réplique simple et concise. « C'est juste que ... mauvaise journée. » Terminant par un soupir, elle laissa Enzo sans voix : il semblait évident par le ton qu'elle avait employé qu'elle ne souhaitait pas développer, et le musicien ne pouvait qu'accepter sans s'imposer plus qu'il ne l'avait déjà fait. Il ne doutait pas qu'elle cachait de profonds et durs secrets, c'était parfaitement visible dans son regard, mais il la connaissait à peine et aussi désireux d'aider autrui qu'il était, il savait qu'il y avait des limites à ne pas dépasser. A la place, il l'invita à boire un verre : certes, ce n'était peut-être pas exactement ce qui pouvait être "dans la limite" selon la plupart des gens, mais pour lui c'était tout naturel. « Je ... sais pas ... Oui pourquoi pas ... » Devant l'hésitation de la jeune femme et la brève panique qui sembla s'emparer d'elle, la faisant parler avec un accent plutôt prononcé, Enzo voulut se justifier : décidément, il faisait tout de travers, elle avait dû s'imaginer des choses par rapport à son invitation... Il n'était définitivement vraiment pas fin, ou bien Imen n'avait jamais rencontré de garçon comme lui. « Tu proposes souvent d'aller boire un verre aux filles pour qui tu chantes dans le métro et qui réagissent bizarrement ? » Profitant enfin d'un moyen de reprendre la parole, le jeune homme lâcha un léger rire avant de hausser brièvement les épaules. « Hm... A vrai dire, pas qu'aux filles. » C'est vrai ça, on ne lui avait jamais reproché son attitude, alors il ne s'était jamais vraiment arrêté dessus. Est-ce qu'il était normal, pour discuter avec tous les gens qu'il rencontrait, pour être d'une curiosité saine qui lui faisait connaître des personnalités complètement différentes dans la simple enceinte de New York. Se rendant compte que ses paroles pouvaient être très mal interprétées, il se gratta l'arrière de la tête avant de reprendre. « Je sais pas, j'aime bien discuter avec les gens... Savoir d'où ils viennent, ce qu'ils font, ce qu'ils aiment, et les réconforter quand ils sont tristes. » Un éclair de nostalgie passa dans ses yeux et il termina, souriant. « Mes parents disent que j'ai trop de bonheur en moi, alors que je me sens obligé d'en distribuer autour de moi... Perso, la théorie me va bien. » Espérant que ça suffirait à éloigner d'Imen l'idée qu'il n'était qu'un garçon intéressé, il se leva en invitant la jeune femme à le suivre. « Mais tu chantes très bien à propos. » Ah ! Ça, c'était positif ! Pas peu fier, Enzo tourna la tête vers Imen et lui adressa un sincère sourire de remerciement. « Merci ! En général, la voix n'est pas tellement mon atout, je suis plutôt doué avec les instruments, mais l'un ne va plus sans l'autre. » crut-il bon d'expliquer avant de prendre l'escalator et de se tourner de nouveau vers Imen le temps que celui-ci les emmène à l'air libre. « Je connais un petit café sympa juste à côté, à cette heure-là... Il devrait pas y avoir trop de monde. » reprit-il en lui indiquant la direction et en commençant à marcher.

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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyVen 8 Juin - 20:05

Mauvaise journée est un euphémisme mais il définit plutôt bien les choses ... je crois. Parce que si on compare une mauvaise journée ici et une mauvaise journée là-bas ... je vous laisse laquelle est vraiment la pire. Mais j'ai l'impression d'avoir perdu cette notion de la réalité depuis mon arrivée à New-York. J'ai tellement peur d'oublier d'où je viens, d'oublier les priorités. La petite vie que je mène dans cette ville me donne l'impression que je vais finir cinglée d'une minute à l'autre. Le pire ? C'est que ça ressemble à un tourbillon, un tourbillon qui vous aspire sans vous laisser le choix. En clair, je suis consciente de tout ça et pourtant, je ne fais rien pour arrêter. En même temps, je suppose que je ne peux rien faire de toute façon. Je remercierais bien mes chers grands frères mais manque de chance, ils ont sûrement autre chose à faire en ce moment ! J'ai soupiré. Qu'est-ce que je donnerai pour avoir des nouvelles d'Hassan, Kassim et Enis, pour pouvoir savoir ce qu'il se passe là-bas en temps réel et ne plus avoir à attendre les reportages aux informations. C'est affreux d'être de ce côté de l'Atlantique. En y réfléchissant, la prochaine fois que je verrai mes frères, je leur fouterai plutôt une baffe, voire mon poing ... C'est la colère qui me fait parler. Si Samuel avait réussi à me convaincre d'aller voir un psy, il m'aurait sûrement suggérée de pratiquer une activité pour pouvoir évacuer toute cette colère. Faut que les gens comprennent que ce n'est pas aller cogner dans un sac qui me fera du bien. Ce qui me ferait du bien, c'est de foutre une balle dans la tête d'El-Assad et de toute sa famille. Ce qui me ferait du bien c'est de lui faire payer au centuple ce qu'il a fait à ma famille et à toutes les autres familles syriennes. Je veux qu'il paie et si on me donne l'occasion de le faire, je n'hésiterais pas une seule seconde. J'appuierai sur la gâchette ... Hum, peu importe. Je reviens sur terre. C'est juste un rêve inaccessible qui ne réalisera jamais. Ce n'est pas le moment de péter les plombs, mais rester sur terre est tout aussi douloureux.

Le prochain métro ne va pas tarder. Mais où va-t-il m'emmener ? Chez Samuel et à la réalité. Réflexion faite non, la réalité n'est pas ici, elle est là-bas, à Hama, à Homs, à Damas ... New-York est comme un autre monde où j'erre depuis plusieurs mois sans en voir la fin. Mais parfois, il y a des moments qui en valent la peine. Je ne sais pas si on peut qualifier l'actuel de cette façon mais ... ça m'intrigue. Enzo m'intrigue. Il y a quelque chose en lui qui me perturbe, une petite voix dans ma tête qui me dit de faire attention aux détails. Alors tant pis pour le prochaine métro. Malgré ma mauvaise journée, aller boire un verre avec un total inconnu avec qui ça a mal commencé ne peut pas être si mal que ça. Inconnu ? Pourquoi ça sonne mal quand je le pense ? Peut-être que c'est moi qui me fais des idées, peut-être que la fatigue me fait imaginer des choses. Il n'a vu qu'en moi une inconnue triste qu'il faut réconforter ... pour en profiter pour aller boire un verre ? Pourquoi cela aussi sonne faux aussi cette idée ? Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de lui poser la question. « Hm... A vrai dire, pas qu'aux filles. » répond-il. Intriguée, mes sourcils se sont froncées et ma tête s'est légèrement penchée sur le côté. Un instant, j'ai eu peur de l'avoir vexé en lui posant ma question. Après tout, à part le léger "problème" du début, je n'ai rien à lui reprocher. Ensuite, le "pas qu'aux filles" m'a fait soudainement croire que ... « Je sais pas, j'aime bien discuter avec les gens... Savoir d'où ils viennent, ce qu'ils font, ce qu'ils aiment, et les réconforter quand ils sont tristes. » continue-t-il visiblement gêné, comme s'il avait su que sa réponse précédente allait être mal comprise. Je le regarde, de plus en plus intriguée par ce jeune homme assez ... singulier dans sa manière de voir les choses. Je veux dire, je n'ai pas rencontré beaucoup de gens de mon âge qui se soucient du bien être d'un inconnu de cette façon. « Mes parents disent que j'ai trop de bonheur en moi, alors que je me sens obligé d'en distribuer autour de moi... Perso, la théorie me va bien. » Un large sourire apparaît sur mon visage de façon non prévue. Je ne sais pas pourquoi ... c'est juste sur le moment ça m'a semblé ... jolie comme théorie, surtout venant de parents. Pendant quelques secondes, j'avoue avoir repenser aux miens. Ca m'a fait chaud au coeur sur le coup, puis ça m'a rendue nostalgique. Il n'y a plus personne pour me dire dire ce genre de choses à New-York. Bref. « C'est une très jolie théorie oui, et du peu que j'en ai vue elle a l'air de bien t'aller. » ai-je dit avant de continuer. « Mais t'aurais beaucoup de travail avec les gens comme moi. » C'est-à-dire, les gens seuls, qui essaient de se convaincre qu'ils n'ont pas besoin d'aide. Oui je laisse de côté ceux qui ont perdu la presque totalité de leur famille, qui ont dû quitter leur pays contre leur volonté alors qu'il ... Enfin vous voyez ce que je veux dire. « Mais rassure-toi, je ne suis pas dépressive. » ai-je continué avec un léger sourire en jetant un coup d'oeil par terre. Ouais, tomber en dépression, ce n'est pas vraiment notre genre dans la famille. Hum.

Nous commençons donc à marcher vers la sortie du métro. Je ne sais pas trop où cette soirée va nous mener, au pire on verra bien de toute façon. Tout ce que je sais, c'est que je me sens mieux, et ça, ce n'est pas un détail négligeable. En quelques mots, en quelques sourires avec un inconnu, je me sens mieux. Ca c'est étrange. Peut-être qu'Enzo a raison. Peut-être que c'est dans sa nature de donner l'impression aux gens qu'ils se sentent mieux, d'alléger leur tristesse ... Ouah, si c'est ça je ne sais pas du tout comment il fait mais c'est assez impressionnant. « Merci ! En général, la voix n'est pas tellement mon atout, je suis plutôt doué avec les instruments, mais l'un ne va plus sans l'autre. » dit-il tandis que nous prenons les escalators. C'est sincère de toute façon. Je me dis qu'il a quand même manqué de me faire chialer et comme ce n'est pas donné à tous les musiciens et chanteurs de me faire un tel effet ... Oui, je peux bien lui dire qu'il est doué. Je me suis retenue de lui dire que je ne m'y connais pas du tout dans le domaine pour une raison que j'ignore. Je dois avoir du mal à me mettre totalement dans la discussion actuelle, même si je me sens à l'aise et tout ça, ce n'est pas le problème. On a fini par remonter à l'extérieur, l'air nuit de New-York nous a enveloppés. Un air tellement différent de celui qu'il peut y avoir chez moi. Tellement plus froid, moins agréable. Parfois, j'en frissonne encore. « Je connais un petit café sympa juste à côté, à cette heure-là... Il devrait pas y avoir trop de monde. » a-t-il annoncé. Nous commençons à marcher côte à côte sur les trottoirs. « D'accord. » ai-je simplement dit. Oui, sur le coup la conversation n'est pas vraiment mon fort. J'enfonce mes mains dans mes poches. Ma mère soufflait fort dessus pour les réchauffer quand j'étais petite, ça me manque ce genre de petites attentions. Même si je me sens à l'aise avec Enzo, quand on connaît quelqu'un depuis quelques minutes à peine, c'est pas facile d'engager la conversation. Surtout si je n'y mets pas du mien ... Alors qu'il suffit que quelques mots, pour que les choses aillent toutes seules. Et à mon grand étonnement, je n'ai pas eu à faire beaucoup d'efforts pour réussir ma tâche. « Dis moi, j'ai vu la façon dont les gens sont avec toi ... Tu serais pas une célébrité ici ? Non parce que je suis pas en ville depuis très longtemps donc à ce niveau je ne sais pas grand chose. » Ou aussi, j'ai pas la tête à m'occuper des people de New-York vu que je les vois déjà assez tous les jours dans ce foutu hôtel où je travaille.
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptySam 9 Juin - 3:43


Il pouvait parfois paraître difficile pour les gens de comprendre le raisonnement d'Enzo : évidemment, celui-ci mettait ça sous les simples honneurs de son éducation, vantant sans cesse les valeurs que lui avaient inculqué ses parents et la chance qu'il avait eu d'être adopté par des personnes aussi exceptionnelles que Bob & Monica Donovan. Il avait grandi dans une maison immense, n'avait jamais manqué de rien. On ne lui avait jamais caché qu'il avait été adopté, ses parents lui avaient même proposé d'entamer des recherches qu'Enzo n'avait pas jugées nécessaires : on l'avait abandonné, et à ses yeux il n'avait pas d'autres parents que ceux qui lui avaient appris à marcher, jouer de la guitare et avoir le cœur sur la main. On ne lui avait pas non plus caché qu'il y avait des horreurs et des injustices quotidiennes dans le monde, et ils en avaient fait un valeureux défenseur des droits en tout genre. « C'est une très jolie théorie oui, et du peu que j'en ai vue elle a l'air de bien t'aller. » Enzo esquissa un sourire plutôt fier : il n'était pas imbu de lui-même, loin de là, mais il savait que d'avoir la gentillesse et la bonté naturelle qu'il avait et qu'il assumait parfaitement n'était pas donné à tout le monde, et même malgré tous ses efforts, lui-même avoir parfois l'impression d'être trop égoïste pour telle chose ou pas assez compatissant pour une autre. « Mais t'aurais beaucoup de travail avec les gens comme moi. » reprit Imen. Cela ne découragea absolument pas Enzo qui leva un doigt en direction de la jeune femme. « Ceci ressemble bien à un challenge. » lui répondit-il dans un sourire avant qu'elle ne reprenne. «Mais rassure-toi, je ne suis pas dépressive. » Immédiatement, et tristement d'ailleurs, cette allusion lui fit penser à Edwin, son meilleur ami : depuis qu'il avait perdu sa petite-amie enceinte, Aly, dans un accident de voiture dont il ne pouvait s'empêcher de se déclarer responsable, le jeune homme était inconsolable et avait sombré dans une dépression dans laquelle Enzo n'avait cessé de le soutenir de toutes ses forces. « Y'a pas à me rassurer. Si t'avais été dépressive, ça aurait été aussi. Enfin, pas pour toi, j'imagine. Mais... La dépression, même passagère, ça arrive. C'est pas honteux, et c'est pas insurmontable. » se reprit-il après ses premiers mots, pas sûr d'exprimer correctement ce qu'il voulait dire par là.

Ils sortirent bien vite du métro et Enzo mena la marche en direction du bar qu'il avait visité pas plus tard que la veille. Le jeune homme n'eut pas à attendre longtemps avant que la brune ne reprenne la parole, à son plus grand étonnement. « Dis moi, j'ai vu la façon dont les gens sont avec toi ... Tu serais pas une célébrité ici ? Non parce que je suis pas en ville depuis très longtemps donc à ce niveau je ne sais pas grand chose. » Surpris, l'hispano-américain ne put d'abord que lâcher un rire amusé avant de se gratter la nuque. « Oh, moi... Non, enfin... Oui, pas vraiment, en quelques sortes. » Conscient que sa réponse était loin de répondre à la question qu'elle avait posé, il expliqua sans s'arrêter de marcher, regardant Imen en lui parlant. « A la base, ce sont mes parents qui sont connus. Mon père est musicien, il joue de la basse pour un groupe plutôt connu, et ma mère est reporter. » dit-il, souriant à la simple mention de ses parents : quand il voyait comment certains parlaient des leurs, il se disait qu'ils étaient chanceux d'avoir un fils qui les admirait autant ! « Moi, je joue juste de la musique partout, je poste des vidéos sur youtube, j'accompagne ma mère dans ses reportages... Je suis un fils de, quoi. » termina-t-il avec un haussement d'épaules. Il n'en avait pas honte, mais il n'en était pas fier non plus : c'était juste ce qui était, et il aurait été ridicule de se voiler la face à ce propos, surtout qu'il n'était pas l'un de ces fils de excessifs qu'il avait côtoyé tout au long de sa vie. « T'étais où, avant New York ? » lui demanda-t-il par curiosité en arrivant devant le bar et en ouvrant la porte à la jeune femme.

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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyMar 12 Juin - 14:18

« Ceci ressemble bien à un challenge. » dit-il soudain. Ça m'a fait sourire à nouveau. J'aime bien sa façon de voir les choses mais je ne sais pas si c'est une très bonne idée de faire un challenge là-dessus. Surtout s'il finit par réussir. C'est con mais je ne peux pas m'autoriser à être heureuse depuis que je suis arrivée à New-York. Forcée, loin de tout et sans personne. Le bonheur, ça fait un baille que j'ai banni ce mot de mon vocabulaire. Le bonheur ... peut-être que je l'éprouve encore de temps en temps, je peux pas le nier mais je trouve que c'est un mot trop fort. Trop fort pour qualifier un instant souvent insignifiant où je me sens un peu mieux. Sur la piste de danse par exemple. Quand je rigole avec Carmen. Je me sens mieux, c'est pas le bonheur. Mais c'est vrai qu'en ce moment, j'aimerais être à sa place, avoir du bonheur à donner par tonnes, plutôt que d'être à la mienne. « Fais attention, c'est risqué de me défier. » Même si c'est vrai, j'ai surtout dit ça pour ... garder l'esprit bon enfant de la discussion, pour garder tout ça loin de mes états d'âme. Je ne veux pas qu'il ... Je ne veux pas être le centre de l'attention de quelqu'un à ce niveau. Paraît que le bonheur fait peur. Je sais pas, je sais plus. Ouais je suis vraiment paumée. Si quelqu'un s'en aperçoit, si quelqu'un réussit, il aura l'occasion de voir à quel point c'est un bordel merdique et sans nom. Bienvenue chez les fous, il y aurait marqué à l'entrée. Bien sûr, je n'ai rien montré du tout. Rien. Que dalle. Nada. J'ai toujours été forte dans ce domaine, surtout depuis le début des révoltes. Ça m'a endurcie. Et puis surtout quand vous avez trois frères aînés et une soeur que comme Nouria. Aviez pour Nouria. « Y'a pas à me rassurer. Si t'avais été dépressive, ça aurait été aussi. Enfin, pas pour toi, j'imagine. Mais... La dépression, même passagère, ça arrive. C'est pas honteux, et c'est pas insurmontable. » a continué Enzo. Là par contre ... je n'ai pas su quoi répondre. Après tout, j'en ai parlé mais je n'ai jamais vraiment vu de gens dépressifs de ma vie. Ou alors, j'ai vu des gens doués pour le cacher, ce qui est probable. Mais la façon dont il en parle me donne l'impression que même les choses les plus graves peuvent être simples. La dépression, pourquoi j'ai parlé de ça vu que je ne suis pas concernée ? Non je ne suis pas concernée. J'ai un boulot, je ris presque une fois par jour et je suis sociable, je ne reste pas cloitrée dans ma chambre les volets fermés depuis que je suis arrivée en Amérique. Peu importe, que le monde croit ce qu'il veut à ce niveau, je m'en fiche.

Nous nous sommes donc retrouvés dehors. C'est étrange, il y a quelques minutes à peine, tout ce que je souhaitais c'était rentrer chez Samuel pour retrouver la paix et maintenant ... maintenant je vais boire un verre avec un inconnu qui m'a abordée dans le métro en chantant. Si ma mère voyait ça, elle me dirait que c'est mal parce que les garçons ne pensent qu'à une chose. Je souris en repensant à cela. Ma mère est devenue la chef de famille après la mort de papa. Même mes frères qui la dominaient tous de trois têtes, ne faisaient pas le poids face à elle. Ma mère. J'espère qu'elle veille sur mes frères avec tout le reste de ma famille de là où elle est. Je reporte mon attention, ayant trouvé par miracle un peut-être début de sujet de conversation. « Oh, moi... Non, enfin... Oui, pas vraiment, en quelques sortes. » dit-il modestement. Décidément, ce garçon est doué pour m'étonner. Je le regarde intriguée tandis qu'il poursuit sa réponse. « A la base, ce sont mes parents qui sont connus. Mon père est musicien, il joue de la basse pour un groupe plutôt connu, et ma mère est reporter. » Je hoche légèrement la tête, soudainement perturbée. Pourquoi ... pourquoi j'ai cette drôle d'impression qui revient au galop quand j'entends que sa mère est reporter. En fait c'est comme une sonnerie qui essaie de se faire entendre dans ma tête, mais que le brouillard domine et étouffe. C'est exactement ça. C'est sûrement à cause de cette impression que j'ai accepté pour le verre. Ça et le fait que ... peu importe. On a continué a marché. Je commence à me dire que je deviens une habituée de la vie nocturne de New-York, vu que la plupart du temps, je passe mes journées enfermée dans l'hôtel à regarder dehors par la fenêtre, entre mini-bar et chambres climatisées. « Moi, je joue juste de la musique partout, je poste des vidéos sur youtube, j'accompagne ma mère dans ses reportages... Je suis un fils de, quoi. » a-t-il poursuivi. Pensive, je regarde le néant en face de moi. Un fils de. Un fils de. Je lui jette un coup d'oeil. Parler de ses parents le faire sourire. Moi aussi ça me fait sourire. Enfin faisait. Il y a tellement de gens qui ne se rendent pas compte qu'ils ont de la chance d'avoir encore des parents. J'ai haussé les épaules à mon tour. « Pour ça non plus, il n'y a pas de honte à avoir. Tant que tu ne deviens pas un de ces gosses de riches insupportables qui se croient tout permis et que tu te sers de ça pour aider les autres ... » Ne me dites pas que je vie dans le monde de Disney. Je sais que ce n'est pas la réalité de la société actuelle, qu'il y a des gens écœurants partout mais ces gens ... mettez-les en face d'une bombe ou de soldats prêts à faire feu, je peux vous jurer que leur arrogance en prendra un coup et qu'ils pisseront dans leurs frocs avant d'aller chialer chez leur mère. « T'étais où, avant New York ? » demande Enzo quand nous arrivons dans l'établissement. Voilà. La question qui veut dire beaucoup de choses. Mon coeur a manqué un battement. Sachant que je viens de dire que je suis en ville depuis peu, il va rapidement faire le rapprochement. L'exercice reste douloureux. Les regards de pitié aussi. Ça ne fait que me rappeler à quel point mon pays est au bord des abysses ... en fait, il est déjà dedans. Et il n'y a pas de lumière au bout du tunnel. Il y a eu un moment de flottement. Parfois j'arrive à le dire, parfois non. La réponse est restée bloquée quelques instants dans ma gorge. Oui mes yeux sont sec. Je l'ai regardé, tandis que nous cherchons une place pour nous installer. J'ai ralenti, sans vraiment m'en rendre compte non plus. « Syrie. » ai-je lâché d'une voix blanche.

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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyMer 27 Juin - 18:27


« Fais attention, c'est risqué de me défier. » répondit très vite Imen après que la conversation soit partie sur l'idée de dépression, idée qui était loin de faire peur à Enzo. Ce qui était sûr, c'était qu'il n'arrivait pas à cerner la jeune femme. A l'instant, elle souriait, mais il ne pouvait pas être sûr que ce soit représentatif de son véritable état d'esprit. Après tout, quelques minutes auparavant à peine, il l'avait bien fait pleurer sans le faire exprès ! Mais déjà, Enzo s'attachait à la jeune femme, tentait de discerner parmi ses expressions ou ses paroles des signes de détente, comme il l'aurait fait pour n'importe lequel de ses amis en mauvaise posture. Restant donc dans un registre léger, le jeune homme haussa brièvement les sourcils et adressa un clin d'oeil à la brune, très joueur. « De plus en plus tentant ! » s'exclama-t-il. Il la taquinait, bien évidemment. Pour aider les autres, certains pouvaient tellement s'y appliquer qu'ils en devenaient de véritables poisons, mais Enzo ne faisait pas partie de cette catégorie particulièrement envahissante de personnes. Enfin, il semblait qu'il n'en aurait pas besoin de toute façon, car la jeune femme semblait de moins en moins sur la défensive au fur & à mesure qu'ils progressaient dans New York.

Même si c'était surtout sa façon d'être, Enzo tentait de détendre la situation à chaque instant. Son ton léger, la facilité naturelle qu'il avait pour parler, tout était facteur à mettre Imen un peu plus à l'aise. Il se dévoilait, répondit à sa question sans aucune gêne, parce qu'il n'avait rien à cacher. Certains détestaient ça, le trouvaient agaçant, mais Enzo était comme ça. « Pour ça non plus, il n'y a pas de honte à avoir. Tant que tu ne deviens pas un de ces gosses de riches insupportables qui se croient tout permis et que tu te sers de ça pour aider les autres ... » Un léger sourire prit place sur ses lèvres : il en connaissait des tonnes, des comme ça. Il les côtoyait, partageait même leur mode de vie le temps de quelques semaines de vacances, mais il se refusait à être vraiment comme eux, à perdre toute notion de la réalité pour se perdre dans la leur, pleine de folie et surtout de décadence. « Ouais... Je fais ce que je peux. » reprit-il en détournant les yeux. Le faisait-il vraiment ? Il pourrait clairement être plus actif, s'engager pour une oeuvre et se battre corps et âme pour la défendre, mais il ne le faisait pas. A la place, il écrivait une chanson ici ou là sur tel sujet de polémique, n'hésitait pas à les mettre sur la table au milieu d'une conversation pour élever le débat, ouvrir les yeux des autres... C'était sa façon à lui d'aider le monde, en plus d'être un fervent donateur avec ses parents et d'être toujours prêt à aider son prochain, puisque la misère se trouvait finalement vraiment partout.

Ils entrèrent tous les deux dans le petit café et Enzo enchaîna à ce moment là sur une autre conversation, à savoir d'où Imen venait. Ca pouvait être une question très banale, même si Enzo lui-même n'avait jamais su y répondre : d'Espagne, du Chili, ou d'autre part ? Il l'ignorait, il était de partout. Et alors que le jeune homme avait le nez levé à la recherche d'une table tranquille, il entendit la voix d'Imen lui parvenir avec un ton qui l'étonna et l'inquiéta instantanément. « Syrie. » Le regard du jeune homme tomba sur elle, et il fronça les sourcils un instant, le regard rempli d'une question qu'il savait particulièrement déplacé : était-elle une rescapée, avait-elle connu les conflits, étais-ce pour ça qu'elle pleurait tout à l'heure ? « Oh... » Au lieu de ça, le brun se racla la gorge et poussa doucement Imen vers une table où il l'invita à prendre place, avant de faire de même.

Comment pouvait-il rebondir sur ça ? Il n'osait rien lui demander, il ne savait que trop bien à quel point le sujet pouvait être sensible. Il resta silencieux un instant, gêné, mais se reprit rapidement : ça lui faisait penser à quelque chose, et il ne voulait pas particulièrement parler de choses déplaisantes. « Je suis allé en Syrie une fois, avec ma mère... C'était y'a super longtemps. » avoua-t-il en se replongeant dans ses souvenirs. A cette époque, il n'était qu'un gosse, et c'était là-bas qu'il avait pris conscience pour la première fois des horreurs qui existaient en dehors de son petit cocon familial. « J'ai rencontré une fille là-bas, c'est bizarre parce que j'y ai pensé pas plus tard que ce matin alors qu'on a jamais gardé le contact et qu'on était vraiment très jeunes, mais tu me fais penser à elle. » continua-t-il avant qu'on ne vienne les interrompre pour prendre leur commande.

Tellement nul, pardon ><

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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptySam 30 Juin - 15:17

On porte tous des masques dans la vie pour que les autres ne voient pas nos failles. Sauf que moi, ma faille est due au malheur et un désespoir de tout un pays. Ce n'est pas quelque chose d'habituel, ce n'est pas quelque chose qu'on peut oublier, ce n'est pas quelque chose qu'on veut oublier même si parfois, on le voudrait. Oublier fait peur. Se rappeler fait mal. Maintenant, il s'agit de trouver un juste milieu entre tout ça et à mon avis, c'est ce qui est le plus dur, ça et regarder ce qui arrive d'un point de vue passif et extérieur. Se dire que je suis là, en sécurité alors qu'à quelques kilomètres, de l'autre côté de l'océan ... c'est le chaos, dans mon pays comme c'est le chaos dans mon coeur, dans ma tête ... J'ai pris une profonde respiration pour me calmer. J'en ai assez de jouer au yo-yo. A un moment ça va, la seconde d'après non, puis la seconde d'après oui. Oui. Non. Oui. Non. Je vais bien. Je me sens mal. Je vais très bien. J'ai pas besoin d'aide. Je voudrais parler à quelqu'un. Je peux pas en parler ... Je me fatigue toute seule. Je suis usante comme fille, comme ai-je fait pour ne pas le remarquer plus tôt. « De plus en plus tentant ! » Malgré tout, j'ai souri de bon coeur quand il répond à ma mise en garde de cette façon avec un clin d'oeil. Sur le coup je pense que je commence un peu à me détendre, enfin, j'arrive au moins à penser à autre chose ... Je veux dire, c'est toujours mieux que lorsque j'étais assise, prostrée sur mon banc à la station de métro il y a encore quelques minutes. Je ne m'explique vraiment pas comment on a pu évolué ainsi, à aller boire un verre dans un bar alors que notre rencontre a été très ... étrange, et encore je ne suis pas sure que ce soit le bon mot. Mais j'ai beau me redire ça encore et encore, j'ai la nette impression que je devrais savoir. Oui je devrais savoir pourquoi je suis en train d'aller boire un verre avec lui, et pourtant non. Tout n'est que brouillard et épaisse fumée. Et puis j'en ai marre de songer à ce détail, ne pas trouver me donne la sensation de devenir complètement folle.

Cette facilité qu'il a à aborder les gens, à leur sourire, à leur parler m'impressionne. Je n'ai pas beaucoup rencontré de personnes comme ça depuis mon arriver à New-York ou même chez moi. Nassim était un peu comme ça, mais c'était mon petit frère, c'est différent d'Enzo. Kassim est trop fier, Hassan trop vantard, Enis trop réservé mais Nassim ... Nassim était vraiment quelqu'un de bien, un bon gamin comme disait ma mère. Mais une bombe l'a arraché à la vie qu'il aimait tant. A dix-sept ans. Tandis que des gamins de son âge font leur diva dans cette émission sur MTV, où papa et maman organisent un anniversaire en claquant des ... J'ai pris une nouvelle respiration. C'est difficile de ne leur en vouloir mais en même temps j'ai pitié. Oui avec le temps, depuis que je suis aux États-Unis, j'ai l'impression de devenir aigrie par moment. Ça ne me plaît pas, mais c'est ainsi. Je réalise à ce moment que je ne suis plus si détendue que je veux bien le prétendre. Faut vraiment que je fasse un effort. « Ouais... Je fais ce que je peux. » dit-il en baissant les yeux. Je l'ai regardé, intrigué. Peut-être que je n'aurais pas dû dire ça mais à ce moment, j'ai eu l'impression d'apercevoir une faiblesse, son sourire a disparu quelques secondes et j'ai vu le doute. Enfin j'ai cru le voir. Du coup oui je crois que j'ai regretté de lui avoir parlé de ça, enfin qu'il ait réagi de cette façon. faudrait pas que je le contamine avec mes idées noires, je m'en voudrai, pour être honnête. « Crois-moi, je côtoie la richesse tous les jours depuis que je suis ici et tu ne fais pas vraiment partis de ces gens, enfin de cette partie ... J'imagine qu'on serait pas en train de discuter sinon. » ai-je dit en me mordillant la lèvre pour réprimer un sourire.

Nous sommes donc arrivés dans son café et au moment crucial. Ce moment qui finit toujours par arriver quand je me mets à parler avec quelqu'un d'ici. Un moment que je redoute parfois, et parfois non, parce que ça peut passer comme ça ne peut pas passer du tout. J'aimerais pouvoir prononcer à chaque fois le nom de mon pays sans trembler, sans avoir mal au coeur mais ... ça ne marche pas tout le temps. Enzo a brusquement lâché sa rechercher de tables libres pour me regarder. « Oh... » a-t-il fait gêné. Il se racle la gorge. Réaction classique. Je n'ai pas baissé les yeux, j'ai juste regardé ailleurs, j'ai balayé l'endroit des yeux quelques secondes. Il a compris, pas de doute. De toute façon vu ma façon d'agir, il n'y a pas beaucoup de questions à se poser. Dans un sens, je me dis, c'est dommage ... j'aurais bien aimé que notre conversation se déroule sans qu'on n'en vienne à aborder ce sujet si pénible. Mais dans un autre sens, je sais bien que c'est inévitable. Il m'entraîne vers une table libre et nous nous y installons, dans un silence. Ça aussi je voulais l'éviter. Le silence gêné, mais je commence à être habituée. C'est vrai que les gens ont du mal à trouver les mots après que je leur ai dit. Je fais un sourire léger à Enzo, comme pour dire ... je ne sais pas en fait. « Je suis allé en Syrie une fois, avec ma mère... C'était y'a super longtemps. » fait-il soudain. Intriguée, je redresse la tête. Il est allé en Syrie ? Je le fixe, surprise. Si je m'étais attendue à ça ... Pour l'instant, à part Samuel, je ne connais aucune personne qui ait déjà mis un pied sur le sol Syrien. Ce n'est pas un pays ... comment dire ... ce n'est pas un pays ou on croise beaucoup d'étrangers. « J'ai rencontré une fille là-bas, c'est bizarre parce que j'y ai pensé pas plus tard que ce matin alors qu'on a jamais gardé le contact et qu'on était vraiment très jeunes, mais tu me fais penser à elle. » poursuit-il, essayant visiblement de se souvenir. Mon coeur s'est mis à battre en l'écoutant. A battre vraiment très fort. Je ne sais pas pourquoi. Il est allé dans mon pays étant enfant, il y a rencontré une fille qui lui fait penser à moi. Ça m'a fait quelque chose, quelque chose de très fort, tout un tas de sentiments mélangés que je ne peux expliquer. Okay ma grande, reprends-toi. « Ouah ... Je ... t'es sûrement la première personne que je rencontre depuis que je suis arrivée à New-York qui est déjà allé là-bas ... Tu as été dans quelle ville ? » Parler de ça est étrange mais je me surprends à bien aimer. Parler de mon pays il y a plusieurs années, parler de lui pour autre chose que ce qui se passe en ce moment, parler de lui pour autre chose que son malheur ... J'ai l'impression de ne parler que de mon pays natale pour ça justement, de me souvenir que des moments douloureux qui correspondent au début des révolutions, alors que j'y ai passé des moments tellement merveilleux ... Mais tout enfoui. Mon enfance, avant la mort de mon père est comme quelque chose de flou, parce qu'elle correspond à des moments tellement heureux ... Soudain, j'ai froncé les sourcils. « C'était quoi le métier de ta mère ? » Mon coeur bat toujours trop fort. En fait depuis ce moment où j'ai croisé le regard d'Enzo dans le métro j'ai l'impression qu'il y a un truc. Ce truc caché par le brouillard et les nuages épais. Mais à cet instant précis, alors que je regarde Enzo, j'ai l'impression que le ciel commence à se dégager ... plutôt ma tête en fait. J'ai l'impression de me rapprocher de la solution d'une énigme et vu que mon coeur est à deux doigts de l'implosion, ça doit vraiment être important.
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyLun 9 Juil - 1:42

« Crois-moi, je côtoie la richesse tous les jours depuis que je suis ici et tu ne fais pas vraiment partis de ces gens, enfin de cette partie ... J'imagine qu'on serait pas en train de discuter sinon. » lui avait assuré Imen alors qu'Enzo & elle étaient sur le point d'entrer dans le café. A vrai dire, cela était plutôt rassurant, qu'elle le voit ainsi. Il ne cachait pas ses origines, ou sa richesse - c'était parfois difficile, avec toutes les personnes qui pouvaient le reconnaître dans la rue - mais certains s'arrêtaient à ça et ne cherchaient pas à savoir qui il était en réalité. En fait, lui même ne savait pas vraiment qui il était ni d'où il venait : peut-être qu'il venait d'un pays en guerre, d'un pays particulièrement pauvre, peut-être que ses parents étaient morts en héros, peut-être qu'ils l'avaient abandonné en espérant sauver sa vie des horreurs et de la misère qu'ils avaient vécu ? Si c'était le cas, ils avaient réussi : Bob & Monica Donovan avaient toujours fait en sorte d'offrir le meilleur à leur fils, tout en lui permettant de s'ouvrir au monde, autant à ses magnifiques panoramas qu'à ses tristes actualités politico-militaires.

Le fait de parler de la Syrie avait d'abord installé un grand froid dans la conversation : Enzo s'en blâmait, il n'avait eu aucun tact sous l'effet de surprise et il avait tenté de se rattraper en faisant immédiatement le rapport avec le fait qu'il était allé lui-même en Syrie. De même que ce matin, le jeune homme se mit à tenter de réunir ses souvenirs de son voyage, mais il fut surtout impressionner de voir le visage d'Imen se modifier au fur et à mesure qu'il déblatérait les brefs souvenirs de l'amie qu'il s'y était faite et à laquelle Imen lui faisait atrocement penser. « Ouah ... Je ... t'es sûrement la première personne que je rencontre depuis que je suis arrivée à New-York qui est déjà allé là-bas ... Tu as été dans quelle ville ? » s'exclama-t-elle, surprise. En même temps, c'était compréhensible, quand on était au courant des actualités... On n'en parlait au grand public que depuis peu, mais la Syrie était un pays en conflit interne depuis des décennies. Se concentrant pour se rappeler de son itinéraire, le jeune homme se gratta la tête en plissant les yeux. « Euh, wow, comme je t'ai dit ça fait un bail... Il me semble qu'on a commencé à Damas, où on a atterri, puis on est parti à Hama... et on est retournés à Damas après. T'habitais où, toi ? » demanda-t-il sur le ton de la conversation. Arh, il fallait vraiment qu'il se débrouille pour que sa mère lui envoie ce reportage qu'elle y avait tourné ! En plus de celui qui avait été diffusé, il savait qu'elle possédait tous les enregistrements qui avaient été coupés au montage et où il apparaissait avec sa jeune amie. Il ignorait pourquoi il avait tant de mal à se souvenir avec exactitude de ce voyage... en même temps, il était allé dans tellement d'endroits & avait rencontré tellement de monde, avait entendu & connu tellement d'histoires ! La petite syrienne l'avait tout de même marqué, le fait qu'il y pense le matin même était un signe en lui-même. « C'était quoi le métier de ta mère ? » lui demanda encore Imen en fronçant les sourcils. Sentant soudainement que la conversation prenait un tour sérieux, Enzo l'imita un instant et posa ses coudes sur la table pour y croiser ses bras. « Elle est reporter. Elle m'a souvent emmené avec elle, même quand c'était dangereux... Enfin, je m'en plains pas, ça m'en a appris beaucoup. » En digne pipelette qu'il était, il ne put s'empêcher de continuer bien vite, comprenant que pour le coup, en parler semblait faire plaisir à Imen. « Enfin, la Syrie, je crois que c'était quand même vraiment la première destination où on aurait pu vraiment être en danger, d'ailleurs la famille de cette fille dont je te parlais, elle nous a hébergés un temps si je me souviens bien. » déclara-t-il, pensif.

Je me répète mais, je fais que du ripou en ce moment Crying or Very sad

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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyMer 25 Juil - 11:52

Nous sommes entrés dans le café comme si nous étions de vieux amis, cette pensée me perturbe quelques instants quand je m'installe. Va falloir que je m'en remette mais quand même ... Il y a peine quelques minutes, on ne se connaissait pas et la scène dans le métro aurait dû jouer à son désavantage et pourtant, me voilà dans un café avec Enzo, tranquillement en train de papoter sur le fait que y a vraiment des gens cons dans la vie. C'est le genre de discussion que je pouvais avoir avec Djal ou Anane ou même Hosnia dans ses bons jours. J'ai souri malgré tout, j'ai souri parce que c'est la seule chose à faire quand on me pose la question qui tue -sans mauvais jeu de mots- pour savoir d'où je viens. C'est vrai que "Al-Tassir" comme nom de famille, ça ne fait pas vraiment américain, sans parler de mon accent. Alors oui, dès qu'on aborde le sujet, ça jette un froid. Les gens ne savent pas comment réagir, il me fixe, comme si j'allais me briser dans la seconde qui suit. Ils sont perdus, confus et incertains, incertains sur la façon dont ils vont commencer leur prochaine phrase. C'est comme si je les entendais penser, comme si je sentais tous les rouages de leur esprit tourner plus vite à la recherche des bons mots. Mais je doute qu'il y en ait, des bons mots, alors j'aimerais leur dire que ce n'est pas la peine de prendre autant de précautions, que j'ai frôlé la mort plusieurs fois et que les mots me laissent indifférentes. Sauf que ça serait mentir et mentir tellement ... Mais je ne fais que ça justement, faire semblant. Les mots touchent toujours même si on ne le montre pas. Je l'ai regardé réfléchir à ce qu'il allait me dire après avoir compris quel genre de passé je peux avoir. C'est une habitude triste à prendre depuis que je suis à New-York. La gène. Ce moment de silence qui veut tout dire. J'ai l'impression qu'à partir de ce fameux moment, la personne en face ne me regardera plus jamais comme avant. Il faut affronter cet instant à chaque fois, même si parfois c'est plus facile que d'autres. De temps en temps je me dis que je donnerai tout pour ne plus me sentir aussi seule et puis la seconde d'après ... A quoi ça sert ? A quoi ça sert que je m'emmerde à bosser toute la journée, à faire semblant d'avoir une vie alors que plus rien ne compte ?

Pendant quelques instants, je me suis attendue à ce que ce moment soit comme les autres. Dans l'ensemble, les gens après avoir retrouvé leur capacité à parler me disent à quel point ils sont désolés et qu'ils imaginent que ça a dû être difficile. J'apprécie mais ils peuvent toujours imaginer, ça m'étonnerait qu'ils réussissent un jour. Bon certaines de ces personnes ont aussi vécu des choses terribles dans leur vie, mais c'est toujours avec du recul que je m'en rends compte. Donc, je me suis attendue à quelque chose d'habituel qui finirait par un tout aussi habituel "je ne veux pas en parler". C'était sans compter que les choses ne se passent pas comme prévues depuis le début avec Enzo. Quand il m'a dit avoir déjà été en Syrie, je l'ai tout simplement dévisagé. Ma mère m'a toujours dit que c'est mal de faire ça mais je n'ai pas pu me retenir. Il est déjà allé en Syrie. Ouah ... Venant de quelqu'un qui semble avoir mon âge. Perturbée, je commence à lui poser des questions pour en savoir plus. Depuis que je suis arrivée en ville, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de croiser le chemin de personne qui avait un jour mis les pieds sur mon sol. Pour Samuel c'est différent. Enzo a commencé à chercher pour se souvenir, comme si c'était quelque chose de brumeux aussi pour lui. « Euh, wow, comme je t'ai dit ça fait un bail... Il me semble qu'on a commencé à Damas, où on a atterri, puis on est parti à Hama... et on est retournés à Damas après. T'habitais où, toi ? » a-t-il demandé innocemment. Le café a semblé disparaître à mes yeux, comme les autres clients. Une boule s'est formée dans ma gorge, énorme et menaçante. Il est allé chez moi. Bon bien sûr, Damas est aussi chez moi mais Hama ... Oh la vache. Sous le choc, ma respiration devient irrégulière. Je n'arrive pas à y croire. Je me suis affaissée contre le dossier de ma chaise et ai répondu, toujours perturbée. « A Hama .. » ai-je fait simplement, incapable d'en dire plus avant d'avoir réussi à me calmer. Pourquoi je réagis de cette façon ? Je devrais être contente non ? Croiser quelqu'un de New-York qui est déjà allé dans ma ville. C'est le genre de coïncidence ou de signe, comme aurait dit Djal, qu'on peut attendre et qui peuvent vous redonner le sourire. Quelles chances y avaient-ils pour que ça arrive ? Un certain nombre j'imagine. Si j'ai bien appris quelque chose depuis mon arrivée ici, c'est que New-York est une ville pleine de surprise avec une population qui peut venir des quatre coins du globe. Seulement je sais qu'il y a plus. Un élément qui m'échappe mais qui est en train de remonter à la surface. Mon coeur bat vite et j'ai l'impression que mon passé d'avant la mort de mon père est en train de revenir me hanter. Pourquoi ? Pourquoi je ressens ça ? Les questions continuent de ma part. Ce qui était une conversation totalement normale est vraiment en train de prendre une drôle de tournure. Une tournure très sérieuse pour ma part. « Elle est reporter. Elle m'a souvent emmené avec elle, même quand c'était dangereux... Enfin, je m'en plains pas, ça m'en a appris beaucoup. » Je reste totalement muette sans comprendre pourquoi. Sa mère est reporter. Sa mère est reporter. Pourquoi ça me dit quelque chose ? Okay ... okay, on se calme. Sentiment inexplicable du moment où quelque chose de profondément enfoui en vous est en train de remonter à la surface. « Enfin, la Syrie, je crois que c'était quand même vraiment la première destination où on aurait pu vraiment être en danger, d'ailleurs la famille de cette fille dont je te parlais, elle nous a hébergés un temps si je me souviens bien. » a-t-il continué pensif. Là ce sont les rouages de mon cerveau qui fonctionnent à toute vitesse. Je suis là, assise sur ma chaise, complètement dans mon monde. Le brouillard a presque totalement disparu et ça se rapproche ... Il faut savoir que j'ai eu tendance au fil des années et des drames à enfouir très profondément la période heureuse de ma vie en Syrie, la période d'avant la mort de mon père. Je comprends vite que la clef de cette énigme est cachée dans mon ... J'ai regardé Enzo. Il doit me prendre pour une folle à ne pas répondre, mais c'est juste que ... Soudain, un visage de petit garçon est apparu dans mon esprit. Ça et des rires, beaucoup de rires. Le brouillard a définitivement disparu. Durant quelques secondes, je me suis forcée, vraiment forcée à me souvenir parce que c'est vraiment important. Un petit garçon avec qui je jouais à la maison à Hama ... Mon coeur a manqué un battement quand je me suis souvenue de deux noms. «Attends ... Enzo ... Enzo Donovan ? Ta mère s'appelle Monica ? » ai-je soufflé hésitante.
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyDim 5 Aoû - 23:29


Il était étrange pour Enzo de parler du voyage qu'il avait fait en Syrie : à cette époque, l'américano-espagnol n'était encore qu'un enfant, et il n'avait pas compris tous les enjeux des conflits & l'importance du travail de sa mère. Certes, il s'en doutait, et sa mère avait toujours eu un don pour bien lui expliquer les choses, mais il ne comprenait pas les choses comme il les comprenaient aujourd'hui. Alors oui, il était passé par toutes sortes de terres en conflit, d'autres moins, mais il n'avait jamais remis en cause sa sécurité, parce qu'il avait toujours su qu'avec sa mère il ne lui arriverait rien. En tant que reporter, elle avait fait ce choix de montrer à ses enfants la réalité du monde, loin des paillettes dans lesquels la célébrité de leur père les mettait tout le temps - elle ne niait pas cette partie du monde non plus, non ! elle voulait simplement que ses enfants aient une connaissance complète du monde, et sans elle, Enzo serait probablement un garçon imbu de lui-même & de son argent. Elle & ses voyages lui avaient appris la vie.

Il parlait à Imen, & cette dernière semblait boire ses paroles. Elle semblait sur le point de trouver quelque chose, mais Enzo ne savait pas de quoi il s'agissait. Bah ! Il avait attiré l'intérêt de la jeune femme, l'avait détourné de la tristesse qui logeait sur son visage - qu'il croyait - et avait fait tomber ses défenses, il n'allait pas non plus chipoter. Et puis, ça ne lui faisait finalement pas de mal de replonger un peu dans ses souvenirs : il avait toujours le don d'en ressortir le meilleur. Il retraça donc brièvement le parcours qu'il se souvenait avoir emprunté avec sa mère, le décrivant à Imen qui semblait de plus en plus perturbée par ce qu'il lui disait : n'allait-il pas finalement dans le mauvais sens avec elle ? Il semblait impossible de comprendre la jeune femme ! « A Hama .. » lui répondit-elle lorsqu'elle lui demanda où elle-même avait vécu. Il voulut lui faire remarquer avec humour qu'ils auraient bien pu s'être déjà croisés sans le savoir, Imen l'interrompit en lui posant de nouvelles questions, cette fois-ci sur sa mère. Enzo, dans son ingénuité, ne se douta même pas de la trace que la jeune femme suivait et, tristement habitué à ce qu'on lui demande tout & n'importe quoi sur sa vie, il lui répondit sans gêne, repartant dans ses souvenirs de son voyage en Syrie.

Une fois son récit terminé, sa réponse donnée, il espérait que la jeune femme sorte de sa léthargie, mais ce ne fut pas le cas. Imen resta un long moment à le regarder, apparemment toujours aussi perturbée, au point qu'Enzo finisse par chercher son regard avec inquiétude. Etait-elle encore parmi eux ? Et soudainement, la jeune femme était sortie de son mutisme & n'avait prononcé que quelques mots, dans un souffle. « Attends ... Enzo ... Enzo Donovan ? Ta mère s'appelle Monica ? » Cette fois-ci, ce fut au tour d'Enzo de bloquer : comment connaissait-elle son nom, pire, comment connaissait-elle le prénom de sa mère ? Interloqué, il ne s'exclama que « Oui, mais... » avant que les pièces ne s'assemblent pour qu'il comprenne enfin de quoi il était question. Et effectivement, tout prenait sens : Imen, Imen, c'était ce nom qu'ils avaient cherché avec sa mère, celui de la petite fille avec qui Enzo jouait lorsqu'ils étaient à Hama. Elle avait touché Enzo en plein coeur, comment avait-il pu oublier les traits de son visage ? Elle avait grandi, mais maintenant qu'il le savait, il lui semblait évident qu'il reconnaissait la petite Imen avec qui il avait joué dans le sable sec. « Oh bah ça alors... » souffla-t-il à son tour, complètement surpris. Et il l'avait abordée comme ça, dans le métro, à des milliers de kilomètres de là où ils s'étaient rencontrés pour la première fois ! Malgré le choc de la nouvelle, Enzo ne pouvait pas dire qu'il n'était pas particulièrement content de retrouver la jeune femme & surtout heureux de la savoir toujours en vie, en fin de compte. « Oh, merde, c'est vraiment toi ! » s'exclama-t-il un peu plus fort, complètement bouche bée, mais un sourire sur les lèvres.

C'est minuscule comparé à toi, mais enfin ça fait des heures que je bloque alors ;-; sorry ;-;

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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptySam 25 Aoû - 1:08

Tout se met en place petit-à-petit, aussi incroyable que cela puisse paraître. Comme si c’était une chasse au trésor mais avec des souvenirs. Le trésor en question en est d’ailleurs un, très beau, qui date de l’époque où ma vie était encore … correcte ? Belle ? Innocente ? Agréable ? Normale ? Toute cette époque qui aujourd’hui, est comme enfouie très profondément parce que me souvenir fait trop mal. Mais il faut croire que ça n’a pas été aussi bien enfoui que ça et que ça ne demandait qu’à refaire surface depuis toutes ces années. Voir le visage d’Enzo a tout déclencher. Je n’ai pas arrêté de m’interroger sur mon étrange comportement depuis que nos chemins se sont croisés dans cette rame de métro. Ça n’a pas été facile, tout simplement parce que les souvenirs concernés sont restés dans un coin de mon cerveau, enfermés à double tour pendant tellement longtemps. Mais son récit a comme achevé le retour à la lumière. Peu à peu, le brouillard s’est estompé et je me suis sentie de plus en plus bizarre. D’abord le fait qu’il soit allé en Syrie, ensuite le fait qu’il soit allé à Hama … Ca m’a achevée. Ça m’a donné la sensation de me rapprocher un peu de chez moi. Je n’ai pas beaucoup l’occasion de parler de mon pays depuis mon arrivée, si on omet Sam. Sinon, quand j’en parle avec des gens qui n’y sont pas là, les conflits actuels restent le sujet abordé. En gros, ça signifie parler que des mauvaises choses ce qui est précisément ce que je n’aime pas aborder, surtout avec un étranger qui ne sait pas de quoi il parle en disant que c’est « horrible » ce que j’ai dû vivre. Et puis à force de parler et de voir que les mauvaises choses, on en fini par oublier les bonnes. Je ne veux pas que mon pays ne devienne un souvenir traumatisant qui me fasse oublier tous les bons moments que j’y ai passé. Mais forcément, être sur le sol Américain, éloigné de tous mes proches, condamnée à suivre notre histoire grâce à la télévision ne facilite pas les choses. Au contraire. Si seulement il y avait une solution …

Alors entendre Enzo parler de son parcours avec sa mère durant son enfance m’a perturbée. Et puis surtout, mon cœur s’est mis à battre plus vite en ayant l’impression d’approcher d’un but mystérieux. Quand ç’a été le cas, mon cœur a fait un bon plus grand que tous les autres et j’ai eu l’impression que ma mâchoire allait se décrocher. Il me regarde sans comprendre ce qui peut me mettre dans un état pareil. Il doit me prendre pour une folle. Mais les deux prénoms me sont revenus comme un flash et avec eux, quelques bruits très significatifs. Des enfants. « Oui, mais... » commence-t-il interloqué que je sache ça. J’imagine que ça peut surprendre en effet mais là, c’est le cadet de mes soucis. Un instant, au vu de sa réaction, j’ai peur de m’être trompée. Sauf que mon intuition me dit que non, ce n’est pas possible que je me sois trompée, comme elle me dit que c’est impossible que ce soit bien lui. Déjà que mon état mental n’est pas brillant d’ordinaire, là c’est encore pire. Je le dévisage, attendant d’avoir la confirmation. L’expression d’Enzo change, devenant un mélange entre la surprise et le choc. « Oh bah ça alors... » murmure-t-il. Oh ça, il l’a dit. Je reste totalement clouée sur place, la bouche ouverte. Mais … Mais … Comment c’est possible ? Il y a un tas de choses que j’aimerais dire à ce moment, mais naturellement, tout reste bloqué dans ma gorge. Le choc. Le choc total même. Avec ça, quelques images me sont revenues en tête pour compléter le tableau, comme nos après-midi à jouer dans le quartier. Cette journaliste … Cette journaliste qui est venue habiter chez nous le temps qu’elle est restée à Hama ! Comment j’ai pu l’oublier ? Et ce garçon qui l’accompagnait … La vache ! Après tout ce temps, à des milliers de kilomètres … « Oh, merde, c'est vraiment toi ! » dit Enzo comme s’il voulait être vraiment sur que ce soit bien moi. Il sourit. Je finis par faire la même chose au bout de quelques secondes. Soudainement, ma gorge se débloque et un sourire apparaît sur mes lèvres. Le coup de choc passe un peu. Quel âge on avait déjà ? Dans les huit ans ? « Ouaah … » C’est tout ce qui peut sortir de ma bouche pour le moment, c’est mieux d’y aller en douceur. Les grandes lignes me reviennent doucement en tête. Tandis que sa mère travaillait ou parlait avec mes parents et les autres habitants, je m’étais donnée pour mission de m’occuper de lui, de le faire visiter la ville, lui faire découvrir ses endroits secrets … Ouah. Je ne sais plus très bien comment ça a commencé, peut-être de façon naturelle … Enfin je veux dire, j’étais une enfant plutôt gentille je crois bien. Je relève les yeux vers lui, cherchant encore une fois à confirmer tout ça, tellement ça me paraît … Ouah ? Mais oui, les secondes qui défilent ne font que confirmer tout ça. Toutes ces impressions, tout ce que j’ai trouvé bizarre chez moi depuis tout à l’heure … ça vient de là. Faut dire qu’on s’était vraiment bien entendus à l’époque. On dit souvent que les enfants peuvent être cruels entre eux, mais quand on est enfants, souvent on ne fait pas attention aux différences que peut avoir l’autre. On voit juste en l’autre à nouveau petit camarade de jeux. C’est ce que j’ai dû ressentir quand Enzo est arrivé avec sa mère à Hama.

« J’arrive pas à y croire … Ca fait tellement longtemps … Combien de temps déjà ? » ai-je demandé les sourcils froncés. Tous les détails ne me reviennent pas, comme l’âge que j’avais à l’époque. Tout ce que je sais, c’est que ça s’est passé avant la mort de papa. Je n’arrête pas de secouer doucement la tête. Je dois avoir du mal à revenir sur terre, à bien réaliser mais aussi, j’essaie de ne pas laisser les souvenirs de cette époque me submerger. Enzo, devant moi. Plus le petit garçon de l’époque avec qui j’allais courir dans tout Hama, mais un jeune homme … C’est vrai qu’on n’est plus ces deux enfants, qu’on a grandi et donc changé. En ce qui me concerne, l’époque où on s’est connus me paraît dater d’une autre vie, ça me fait me souvenir que tout a vraiment beaucoup changé depuis. Je me pose contre ma chaise, toujours avec ce sourire quand vous apprenez quelque chose de bien mais de tellement surprenant que vous mettez du temps à y croire. « Tu y crois toi au Destin ? Non parce que j’y ai jamais vraiment cru … Ma sœur Nouria y croyait à tous ces trucs, je sais pas si tu te souviens d’elle. En tout cas je dois avouer que là je suis prête à faire une exception. C’est quand même … enfin combien de chances il y avait pour qu’on se recroise un jour ? » Je ne sais pas d’où m’est venue cette phrase. En tout cas, elle contraste avec les précédentes où j’ai été presque incapable d’aller deux mots de suite. C’est juste que c’est tellement … inattendu. A l’époque, je crois que je savais dès le début qu’il allait finir par partir, ma mère m’avait expliqué. Du coup quand il est rentré avec sa mère, j’étais triste, mais je me suis dit que c’était comme ça et je suis passée à autre chose rapidement. J’ai baissé les yeux, me souvenant d’un détail qui me fait légèrement rire aujourd’hui. « T’as vu, j’ai fait des progrès en anglais … On va pouvoir avoir une vraie conversation. » ai-je fait tout sourire. C’est vrai que niveau langage, ça n’a pas été facile quand on était petits, mais la preuve est qu’on a réussi à devenir amis quand même. Comme quoi. C’est vraiment étrange la vie, à quel point quand vous vous croyez au fond du trou, elle peut vous envoyer une petite lueur.
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MessageSujet: Re: ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo ❝All the pain of yesterday ω Imen & Enzo EmptyLun 3 Sep - 1:16


« Ouaah … » Effectivement, Enzo ne voyait pas de meilleure façon de définir la situation que par un profond Wouah. Quelles étaient les chances, hein ? Ils s'étaient croisés dans une partie ravagée du monde, il y a des années de ça, & il ne trouvait qu'elle devant qui chanter au milieu de tout New York, au milieu du monde entier même ? C'était une situation complètement irréelle, et pourtant plus Enzo regardait Imen, plus l'évidence lui apparaissait : il transposait ses traits de femme à l'enfant qu'il avait connu - et dont il avait parlé avec sa mère le jour-même, pour ajouter à l'étrangeté de la situation. Les secondes passaient, & Enzo n'arrivait toujours pas à réaliser, une mine béate sur le visage.

« J’arrive pas à y croire … Ca fait tellement longtemps … Combien de temps déjà ? » lui demanda finalement la jeune femme, sortant le jeune homme de son mutisme & de sa béatitude. Enzo secoua doucement la tête, détachant enfin ses yeux du visage d'Imen, et chercha dans son esprit la réponse mais rien à faire : son esprit était complètement chamboulé, là. « Euh, bah... » chercha-t-il un instant avant d'abandonner. « Longtemps. » sourit-il, euphorique du simple fait de voir la jeune femme en face de lui. « Tu y crois toi au Destin ? Non parce que j’y ai jamais vraiment cru … Ma sœur Nouria y croyait à tous ces trucs, je sais pas si tu te souviens d’elle. En tout cas je dois avouer que là je suis prête à faire une exception. C’est quand même … enfin combien de chances il y avait pour qu’on se recroise un jour » La réflexion d'Imen fait sourire Enzo, qui par réflexe baisse la tête un instant en hochant doucement la tête. Le Destin... Un bien drôle de concept, quand on y réfléchissait. Mais c'était vrai, les paroles d'Imen avaient du sens, c'était complètement fou qu'ils se soient retrouvés comme ça après tant d'années, sans avoir gardé le contact. « Je me souviens d'elle, oui... » sourit-il d'abord en se rappelant de la soeur d'Imen. « Et j'étais en train de penser à ça, en fait. C'est complètement fou de se retrouver comme ça, par hasard, et puis, je veux dire... » Il prit une inspiration avant de partir dans un léger rire, se moquant d'eux. « On vient quand même de passer quinze bonnes minutes à se parler sans faire le rapprochement. » En même temps, ils avaient tellement grandi ! Imen n'était plus la petite syrienne qui lui avait fait visiter la ville lorsque sa mère travaillait, avec qui il avait lié une amitié empreinte de la sincérité qu'ont les plus belles amitiés d'enfants. « T’as vu, j’ai fait des progrès en anglais … On va pouvoir avoir une vraie conversation. » Nouveau sourire, nouveau hochement de tête : lorsqu'on était gamin, on avait pas vraiment besoin de parler pour communiquer. Il suffisait de jouer, et ça venait tout seul. Il ne se souvenait pas que la communication avec Imen ai jamais posé de problème à Enzo, qui n'avait que de bons souvenirs d'elle. « Une ? Des tonnes, tu veux dire ! » s'exclama-t-il en s'éloignant pour s'appuyer contre le dossier de sa chaise en secouant la tête, toujours aussi impressionné en voyant Imen. « Maintenant qu'on s'est retrouvés, j'espère bien qu'on perdra plus le contact... Je voudrais pas décevoir le Destin, hein. » répondit-il à la jeune femme avec un large sourire. Oui, vraiment, il voulait s'assurer de garder le contact, maintenant.

THE END
TO BE CONTINUED
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