It's New York City bitches ! And it's my motherfucking dream

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❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo

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MessageSujet: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyLun 3 Sep - 20:39

Rien de nouveau en enfer, à part que je crois que je suis malade. Sans blague, les fois où j'ai été malade se comptent sur les doigts d'une main mais depuis mon arrivée sur le continent. Du coup je ne suis pas allée au travail aujourd'hui, préférant jouer la sureté. Ca serait bête que je contamine un riche homme d'affaires qui a une importante réunion hein. J'ai une migraine carabinée et je suis vraiment fatiguée après la mauvaise nuit que j'ai passé. C'est la première fois que je manque une journée de travail donc bon, ils vont pas venir me faire chier la direction de l'hôtel. J'ai quand même croisé Sam ce matin. C'est d'ailleurs lui qui m'a forcée à rester à l'appartement, même si je dois avouer que je n'ai pas été difficile à convaincre. Il m'a dit qu'il rentrerait peut-être tard ce soir et que s'il y avait un problème avec mon boulot, il irait voir. Ce genre de remarque aurait pu me donner l'impression d'être une petite chose à défendre mais venant de l'ami de Kassim, ça m'a fait sourire. Souvent, je réalise que s'il n'était pas là, je serais dans la mouise totale. Ou bien d'un autre côté, je serais sûrement toujours chez moi en Syrie, à combattre jusqu'à mon dernier souffle. Parce que oui, rien de nouveau en enfer. Le médiateur de l'ONU a beau voir changé, le problème reste le même. J'ai eu les larmes aux yeux en voyant des images d'Alep. J'ai un peu de famille éloignée là-bas, du coup j'y ai été plusieurs fois en vacances. Alep est bombardée depuis des semaines parce que le pouvoir et les rebelles se la disputent car on sait tous que posséder la ville est un enjeu capitale. J'ai pensé un certain nombre de fois à allumer la télévision avant d'abandonner. Je n'ai juste pas envie. Alors je me suis occupée comme j'ai pu et ai essayé de rattraper ma nuit. Vaste programme en perspective. Être seule me fait parfois voire souvent peur vu que ça me donne l'occasion de ruminer mes idées noires et je me fais l'effet d'un automate complètement déréglé qui ne sait plus où il va, qui ne sait plus quoi faire mais qui fait les choses quand même.

A onze heures, je me réveille, en sueur, en équilibre entre le bord du canapé et du vide. Je n'ai pas crié pour une fois. Un cauchemar ... c'est génial. J'en ai fait moins ces derniers temps pourtant. Dans celui-là, tout le monde m'appelait à l'aide. Mes frères, mes soeurs, mes parents, mes amis et le reste de mes proches. J'ai essayé de les retenir, de les rattraper mais ils avançaient trop loin et peu à peu, leurs cris se sont éloignés. Ils ont disparu au delà de la ligne d'horizon un à un au milieu d'un paysage désertique. Pourtant, j'ai continué de courir parce que j'entendais toujours leurs cris et je ne voulais pas m'arrêter. Je n'ai pas voulu encore les abandonner, comme je l'ai déjà fait. Sauf que j'ai fini par comprendre pourquoi ils disparaissaient tous. A force de courir je suis arrivée au bord d'un précipice. Un énorme gouffre et au fond de se gouffre ... des corps. Des centaines, peut-être même des milliers de corps tout le long. Leurs cris m'ont transpercée et m'ont donnée le tournis. On aurait dit les cris de damnés en route vers l'enfer. Puis peu à peu, le feu les a recouverts, les réduisant en cendres. Et j'ai remarqué que juste en bas se trouve ma famille et le reste de mes proches. Le feu allait bientôt arriver sur eux, alors j'ai sauté, avec l'idée de les sauver je crois. Et je me suis réveillée, un peu décalée, peut-être même plus fatiguée qu'avant. Je ne sais pas trop. Un peu perdue. Je me lève du canapé pour aller boire un verre d'eau et manger quelque chose. Il n'a pas l'air de faire très beau aujourd'hui, pourtant, je suis en short et en t-shirt. C'est une manie dont je n'arrive pas à me défaire, me promener avec le minimum syndicale sur le dos. A croire que je ne veux pas m'habituer au climat de New-York qui est tout de même largement plus froid.

Profitant du silence pour me détendre et être tranquille, je reviens dans le salon avec un verre dos que je vide d'une traite et des gâteaux. C'est là que j'ai perdu le fil du moment. C'est là que j'ai vu la poignet de la porte d'entrée s'abaisser silencieusement. Pas vraiment au top de ma forme, je mets du temps à comprendre ce que ça veut dire. La poignet de la porte d'entrée qui s'abaisse lentement toute seule. Ça veut dire que quelqu'un essaie d'entrer dans l'appartement. Aussitôt, quand j'ai compris, la porte a littéralement explosé sous la violence du choc. Tout s'est passé très vite. La porte s'est ouverte dans un fracas assourdissant, mon coeur a fait un bon. Le temps de cligner des yeux et quatre silhouettes se précipitent sur moi. Elles sont rapides, je n'ai même pas le temps de voir leurs visages. J'ai un mouvement de recul. La vérité c'est que je suis totalement pétrifiée par ce qui est en train de se passer. La combattante qui défilait dans Hama sous la menace des armes a sérieusement perdu la main. Mon coeur bat la chamade sous le coup de la peur, mon sang bat dans me tempes et mon dos rencontre soudain le mur. Je veux trouver le courage de pousser un cri mais je n'ai pas le temps, une des silhouettes se glisse derrière moi, plaque sa main sur ma bouche et tire mes cheveux en arrière. J'essaie de me débattre, de me dégager car mon instinct de survie reprend le dessus. Mais c'est trop tard. Le froid d'une lame contre ma gorge. Le visage d'un homme inconnu se dresse devant moi. « Tiens toi tranquille ou Brahim n'hésitera pas à te trancher la gorge. » siffle-t-il d'un ton menaçant. Malgré la main plaquée sur ma bouche et qui m'empêche presque de respirer, j'émets un hoquet de surprise en entendant cette phrase dans un arable des plus parfaits. Je comprends rien. Qui sont ces hommes ? Qu'est-ce qu'ils me veulent ? D'où viennent-ils ... Soudain, j'ai compris. L'inconnu s'écarte, laissant place à un autre homme, plus grand, plus baraqué, un peu plus vieux que moi, plus ... Oh mon Dieu. Sentant mon corps se relâcher sous le choc, le dénommé Brahim a doucement déserré son emprise sur moi et a prudemment enlevé sa main de ma bouche ainsi que le couteau de ma gorge. Cet homme devant moi ... « Idriss ... » ai-je soufflé totalement sous le choc. Oh mon dieu. Il me fait face de toute sa hauteur et de toute sa classe. Mais je sais bien que ce n'est plus l'homme pour qui j'avais un désir profond il y a de nombreux mois, quand nous étions tous les deux chez nous. La lueur dans ses yeux ne me trompe pas. Aussitôt, la scène de l'ambassade me revient en tête et tout le reste qui va avec. A partir de ce moment, je sais pourquoi. Je sais pourquoi il est là. Sa lueur dans ses yeux n'exprime qu'une seule envie : me faire mal. Me faire très mal. Il s'élance soudain vers moi, en essayant de garder son calme un minimum. Il me plaque violemment contre le mur en prenant le bas de mon visage entre sa main, le tout sans ménagement. Je n'avais même pas senti que Brahim n'était plus derrière moi. Le choc contre le mur provoque une douleur qui n'est que le commencement. « Tu m'as balancé Imen ! Putain de traitresse ! Tu m'as balancé ! » a-t-il littéralement rugi fou de rage. Mon poignet est littéralement emprisonné dans son autre main et son corps contre le mien bloque mon bras gauche. Son visage est à quelques centimètres du bien et j'ai l'occasion de voir cette rage qu'il a envie de laisser éclater. Je le comprends, je l'ai trahi. Mon coeur bat de plus en plus vite même si je tâche de le maîtriser au mieux. Mais j'ai peur, et il sait que j'ai peur. J'ai du mal à respirer. Sa main est placée d'une telle façon qu'elle commence à me bloquer la gorge. Une lueur de folie dans ses yeux. Je suis sure qu'il ne voit même pas qu'il est presque en train de me soulever du sol. Son emprise est violente. La douleur continue, surtout au niveau du bas de mon visage et de mes poignets. J'en profite pour évaluer la situation. Ils sont quatre en comptant Idriss. Quatre hommes. Je ne connais pas les trois autres qui restent derrière Idriss, menaçant prêts à bondir avec leurs regards haineux. Je sais ce qu'ils veulent mais je ne peux pas me résoudre à demander pardon. Ce n'est pas moi, et je ne sais même pas si j'ai envie de m'excuser. « T'as besoin de trois autres personnes pour t'assurer d'avoir le dessus, ça me déçois de toi Idriss. » ai-je fait difficilement. Je sais, c'est de la folie. Quand on est seule face à quatre hommes qui sont sûrement tous armés d'une manière ou d'une autre, on ferme sa gueule t s'il faut on leur baise les pieds en leur demandant pardon. Sauf que non, moi je marche pas comme ça. Je ne suis pas comme ça et je ne peux pas me résoudre à l'être. Orgueil, saleté d'orgueil. Rien à foutre. Je le défie du regard. Sa réponse ne tarde pas. Il laisse sa colère exploser et comme au ralenti, je vois sa main se lever. Il me frappe. Il me frappe en y mettant toute sa rage et son énergie. Il me frappe tellement fort que j'ai l'impression que ma tête va se détacher de mon corps. Il me frappe tellement fort que ma tête part sur le côté et se cogne au buffet. Je pars sur le côté puis en arrière. Le choc est rude et j'atterris par terre en un temps record. Appuyée contre le mur, je sens tout de suite le goût du sang dans ma bouche et constate que ma lèvre inférieure est fendue. Ma tête tourne. Ma tête me fait encore plus mal qu'avant et je sens la bosse arriver. Le choc contre le buffet me donne le tournis. Tout est trouble pendant quelques secondes. Je relève les yeux. Forcément, Idriss me domine encore plus. Le visage rempli de haine, il se penche sur moi et m’agrippe par le col de mon t-shirt. « LA FERME IMEN, LA FERME ! Si j'étais toi je fermerais ma grande gueule parce que là ... » Me voilà collée contre le mur, cette fois, mes pieds ne touchent même pas le sol. Au fond de moi, je m'en veux que les choses aient évolué d'une telle façon entre nous. Idriss m'a un jour sauvée la vie, il n'y a pas si longtemps que ça. Et maintenant, tout ce qu'il veut c'est se défouler sur moi. Je le défie du regard, ne baisse pas les yeux. « J'aurais dû te laisser crever ce jour-là, espèce de chienne. » a-t-il craché. Tiens c'est drôle, lui aussi il y a pensé. Enfin je sais pas si drôle est bien le mot ... Mais on est d'accord sur ce point là. Il aurait dû me laisser crever, il n'aurait pas dû me pousser quand ce soldat m'a débusquée. Il aurait dû laisser la balle de son arme transpercer ma chaire. Ça aurait été mieux, ça m'aurait évitée de vivre tout ça et surtout, ça aurait évité cette situation ridicule. Mon sauveur qui devient mon bourreau. L'homme de mes rêves qui ressemble de plus en plus à un fou.

J'en ai marre. Marre de tout ça. En sachant parfaitement que je m'enfonce, je décide de réagir. Mes mains sont posées sur ses avant-bras, comme pour essayer qu'il me lâche. Mais soudain, sans crier gare, je lui enfonce mes ongles dans la peau et j'appuie aussi fort que je peux. Moi aussi je peux faire mal. La réaction d'Idriss est immédiate. Son visage se déforme sous la douleur, même si lui comme moi savons qu'il a vu pire, tout comme moi. Il lâche mon col, d'un grand mouvement, écarte mes mains et ensuite, emprisonne à nouveau mes poignets pour que ce genre d'incident n'arrive plus. Bien sûr, il me frappe à nouveau, presque du poing cette fois. Je m'étale véritablement par terre, me laissant chuter lamentablement. Le pire ? Je vais vous le dire. Idriss n'est pas violent normalement. Enfin il est peut-être radicale mais frapper une femme, ce n'est pas son truc. Mais là, je l'ai énervé, tellement qu'il ne peut pas passer outre. Il considère que je l'ai trahi. Moi-même je ne sais pas vraiment. Dans un sens, c'est lui qui m'a trahie, qui nous a tous trahis. Je me retrouve face contre sol avec l'impression grandissante qu'on enfonce lentement des couteaux dans mon crâne. Ma migraine ne fait définitivement pas le poids. Ma vision se trouble tandis que j'essaie de reprendre mon souffle. Ma tête me lance et mes yeux me jouent des tours. Durant quelques instants, j'ai l'impression de voir le cadavre de mon petit frère Nassim, allongé à côté de moi. Je me vide de mes forces. Même si je donne l'impression du contraire, j'ai l'impression de n'être qu'une moins que rien à ce moment. Il a raison, je l'ai balancé. Aux autorités. Je l'ai balancé aux autorités, même si on n'est plus dans le même pays, ce geste est lourd de sens quand on sait d'où on vient. Je me sens faible. Je pense à mes frères. Que diraient-ils s'ils savaient ? Ils veulent tuer des gens. « Je peux pas te laisser tuer des innocents Idriss. » ai-je murmuré d'une voix qui se veut décidée. C'est vrai. Sa visite de courtoisie me confirme ce que j'ai imaginé en le voyant rôder près de notre ambassade l'autre jour. Il veut le faire, poser une bombe. Peut-être même qu'il veut jouer les martyrs ... c'est sa façon de protester. Il veut tuer ces gens, des passants, des innocent. Le goût du sang envahi ma bouche. Je ne tremble pas. Ce n'est plus que la douleur qui fait battre mon coeur. Je suis comme un animal résigné, pris dans un filet qui attend patiemment sa mort. S'ils veulent me tuer, qu'ils le fassent de toute manière. J'ai juste de la peine pour Sam, qui découvrira mon corps en rentrant ce soir. Si je suis une traitresse, une putain, qu'ils m'achèvent, qu'on en finisse. « Ce NE SONT PAS des innocents Imen !! » rugit-il en faisant trembler les murs. Il explose à nouveau en me donnant un coup de pied dans le visage. Là, c'est ma tête qui explose un peu plus sous le choc. Je suis sure qu'elle vient de se dévisser de mon cou. Pourtant, connaissant Idriss, je sais que c'est sa frustration qui lui monte à la tête. Ce que j'aie fait l'a déconcerté, en réalité il ne sait pas quoi faire pour continuer la suite de son plan. « Les gens chez nous, qui meurent tous les jours sont des innocents ! Pas eux ! Ils ne bougent pas le petit doigt ! Ils vont comprendre ! Pourquoi ces gens auraient le droit de vivre ? » a-t-il crié. J'en peux plus. Ces discours de haine commencent à rentrer par une oreille et sortent juste après. Mon oeil me fait mal maintenant. Son coup de poing de tout à l’heure. Le pire ? C’est que je n’en veux même pas à Idriss. Il est désespéré. Nous le sommes tous mais nous réagissons de différentes façons. Mais qu’ils me laissent bordel, lui et ses copains poseurs de bombes ! Seulement, ils veulent faire durer ma punition. Idriss le veut en tout cas. A nouveau, il me prend par le col de mon t-shirt et me soulève comme si je n’étais qu’une fourmi. J’ai perdu du poids depuis New-York. Je me laisse faire, sentant mon corps se vider de toutes ses forces. Paralysée, comme juste après l’explosion de la bombe chez moi qui a détruit ma vie. Pourquoi ? Pourquoi chercher à détruire encore de nouvelles villes ? N’y a-t-il pas déjà assez, de vies détruites chez nous ? Idriss me plaque à nouveau contre le mur. Je peux plus, je peux plus le regarder … Le goût du sang, partout. Soudain, je comprends en sentant le liquide chaud couler. Son coup de pied m’a éclaté le nez. Il est en sang, un sang au goût métallique qui se mêle à celui de ma lèvre inférieure. Mais il me force à le regarder. Je vois la détresse dans ses yeux, derrière la colère. « Ces types que t’as prévenu et qui sont sur mon dos, tu vas les dérouter, leur dire que tu t’es trompée … » N’empêche, je sais pas s’il sait que les types en question sont de la CIA, en tout cas, j’ignore comment il a fait pour les repérer même si au fond, ça ne m’étonne pas tellement. Les Américains, à se croire tout puissants. Mais j’ai malgré tout très bien compris ce qu’il a dit. Mes sourcils se froncent. « Comment … comment tu veux que je fasse ? » ai-je demandé avec zéro idée en tête. C’est vrai ! Comment je pourrais faire marche arrière après tout ça ? Et est-ce que j’en aie envie déjà ? Me revoilà tiraillée entre l’attachement aux miens et au peu de bon sens qu’il me reste. Ils vont nous haïr. Si Idriss fait exploser sa bombe, notre rébellion sera sûrement discréditée à leurs yeux. Idriss me replaque un grand coup contre le mur. « J’en sais rien ! C’est toi qui nous a foutus dans cette merde alors c’est toi qui va nous en sortir. » répond-il d’une voix sans appel. Tu parles. Ils se sont mis dans la merde tous seuls, lui et ces types que je ne connais pas du tout. Je me demande où ils les a trouvés ces trois-là. S’ils viennent de chez nous ou plutôt, si ce sont des immigrés qui ont quitté la Syrie depuis trop longtemps pour connaître la réalité de la révolte. « Je suis sérieux Imen, on sait où t’habites maintenant … » Il prononce mon nom presque douloureusement. « Et si tu fais pas ce qu’on te dit, on risque de revenir très bientôt ! » a menacé celui de tout à l’heure. En bon leader qu’il est, Idriss s’est tourné vers lui en lui faisant signe de la fermer. C’est bien ce que je pensais. Il ne pourra pas aller jusqu’au bout. Ses potes ne me connaissent pas mais lui … Cette époque où nous n’étions que deux étudiants en train de loucher l’un sur l’autre me fait sourire. C’est dommage que tout ait changé à ce point. Qui sait ce qu’on serait devenu Idriss et moi, sans toute cette merde ? « Elle sourit ! Cette pute sourit Idriss ! Elle s’en fout de ce que tu dis ! » D’un geste sec, Idriss l’a coupé. « Ta gueule Ismael ! » a-t-il fait d’une voix forte. C’est vraiment le chef de la bande faut croire. Totalement à sa merci, je ne cherche plus à opposer une quelconque résistance depuis longtemps. A croire que ma force de me battre, j’ai perdue depuis longtemps. Idriss a posé ses yeux sur moi à nouveau. Pour la première fois depuis le début, je n’y vois plus de colère, seulement de la résignation et de la douleur. Je le sais parce que c’est ce que je ressens aussi depuis des mois. « Non elle s’en fout pas, je sais qu’elle s’en fout pas. » murmure mon ancien camarade. Il me fixe dans les yeux en disant ça. Autrefois, cet instant m’aurait fait quelque chose mais là tout ce qu’il me fait, c’est confirmer qu’Idriss s’est perdu. Il pense agir pour le bien de notre pays mais en fait, il s’est perdu en chemin. Nous regardons encore de longues secondes, silencieusement . Comme une discussion sans mot. Et ce ravin définitif qui nous sépare à présent. Il me lâche. Il s’est défoulé, il se sent sûrement mieux. Ça veut dire que c’est bientôt fini. Je me laisse glisser contre le mur. Mon corps me fait mal. Sauf que … sauf qu’un bon leader doit montrer l’exemple avec les traitresses de mon genre. Je le vois faire signe au dénommé Ismael, celui qui semble le plus me détester. Il me pointe moi et hoche la tête. Ismael s’avance vers moi et attrape mon visage pour s’assurer de ne pas manquer sa cible. Il ne la manque pas bien sûr. Nouveau coup de poing qui me fait renouer avec le parquet. Pendant quelques instants, ma respiration est coupée et elle a du mal à repartir. Sur le coup, ça aussi ça m’a fait mal. Un coup Kassim. Puis, Ismael s’appuie contre le mur pour me donner un coup de pied dans le ventre. Oh mon dieu … Je sers les dents. Un coup pour Hassan. Puis il m’en donne encore un. Un coup pour Enis. Gémissement qui sort de mes lèvres. Il s’arrête même si je sais qu’il aimerait plus. Idriss a dû lui faire signe. Maintenant, je suis dans une telle position que je ne vois que leurs pieds. Et leurs pieds commencent leur chemin vers la porte d’entrée. « C’était un avertissement Imen mais dis-toi que ça aurait pu être pire. Tes frères se battent toujours chez nous et puis je n’ai pas oublié le passé et surtout le fait que tu as une dette en vers moi. » J’aurais voulu lui dire qu’est-ce qu’il fout là alors, au lieu de se battre chez nous mais rien ne sort de ma bouche meurtrie. Je regarde leurs pieds sortir de l’appartement. Idriss referme la porte d’entrée bringuebalante derrière lui.

Voilà c’est fini. Après il y a que ce silence que je déteste tant et la solitude. J’ignore combien de temps ça a duré. Malgré le fait qu’ils soient partis, je ne bouge pas, je ne bouge plus. Allongée par terre, sur le flanc gauche, contre le mur, mon visage est noyé sous mes cheveux en bataille. J’ai l’impression d’être morte, c’est drôle. Ma respiration reprend peu à peu un rythme normal. J’ai mal partout. Comme le jour de l’explosion. Ce qui vient de se passer … C’est la suite logique des choses j’imagine. Moi qui ai voulu trouver un moyen de me rapprocher de mon pays, c’est réussi depuis que j’ai dénoncé Idriss. Toujours le silence. Aucun voisin ne vient voir ce qu’il se passe malgré le boucan qu’on a fait. Et à y réfléchir, je ne veux pas qu’ils viennent. D’un bon je me redresse mais me retrouve sur mes deux jambes trop rapidement. Je vacille, titube et grimace mais finis par retrouver mon équilibre. Mon cœur s’est remis à battre dans ma poitrine, malheureusement. Je tâche de garder mon calme de ne penser à rien mais n’y arrive pas. Car tout d’un coup une pensée me traverse l’esprit. Et s’ils revenaient quand Sam est là ? Il s’en prendrait à lui ? Soudain, la folie s’empare littéralement de moi. Mon instinct prend le dessus et je ne veux plus penser, ça fait trop mal. Tout fait trop mal. Du coup ça m’a donnée la force d’aller au-delà de la douleur pour faire ce que j’ai en tête. Je ne peux pas mettre Sam en danger. J’ai été dans ma chambre prendre mon vieux sac en toile et comme une folle, j’ai foutu le maximum d’affaires dedans, prenant des vêtements au hasard, les première qui me viennent sous la main, puis je vais dans la salle de bain et d’un geste balaie l’étagère qui m’est réservée et tout tombe dans mon sac n’importe comment. Par la même occasion, j’en profite pour regarder les dégâts dans le miroir. J’ai le nez en sang, la lèvre inférieure fendue, un début d’œil au beurre noir, une future bosse sur le front, des marques rouges qui vont virer au bleu sur le poignet et je n’ose pas soulever mon t-shirt pour voir les hématomes qui vont y apparaître. Je n’ai pas de côtes cassées, c’est déjà ça. Défigurée. Mais là tout de suite, je ne pense à rien, je veux juste disparaître sans que personne ne me voit. Disparaitre de la vie de Samuel avant de le mettre en danger. Le sang ne coule plus de mon nez ou de ma lèvre, ça commence à sécher mais dans la précipitation, dans la folie de l’instant, je ne pense même pas à me débarbouiller. Mon cœur cogne juste douloureusement dans ma poitrine, c’est la seule chose que j’entends. Je suis dans un état second, l’état de choc dont Kassim m’a parlé après les pertes que notre famille a subi. Avec ce seul bagage pour compagnon de route et d’infortune, je mets des chaussures, sors de l’appartement avec la ferme intention de ne plus jamais y foutre les pieds. Si quelque chose arrivait à Sam, je ne sais pas si je pourrais me le pardonner. Personne n’a semblé me voir dévaler les escaliers dans l’immeuble. De toute façon qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Et je me suis retrouvée dehors. L’air frais m’a fait du mal et l’immensité aussi. J’étouffe. Je pense soudain au fait étrange de ne pas avoir fait de crise. Mais j’étouffe alors …Non je ne veux pas avoir de crise maintenant, ça serait pire que tout. Alors, pendant que les premiers passants me dévisagent, je me mets doucement à courir, ignorant les appels de mon corps qui me supplie d’arrêter. Je cours de plus en plus vite, comme si j’étais poursuivie. Etat second. Je ne sais même pas où je vais. Où je vais aller maintenant ? Je sais pas, je sais plus … Peut-être … Lui ? Les passants me dévisagent et je sens leurs regards sur ma nuque quand je les dépasse. Mais il y a un monde entre eux et moi. Perdue, je suis perdue. Alors je fais la seule chose que je peux faire, courir. Courir vers je ne sais quoi mais au moins avoir la sensation d’avancer. Mes muscles déjà meurtris s’épuisent rapidement mais je les force à poursuivre leur effort. Cette douleur n’est pas pire que toutes celles que j’ai pu ressentir jusqu’à maintenant. J’aimerais fermer les yeux et m’écrouler sur le sol, pour que tout s’arrête enfin mais je ne fais que courir, sans m’arrêter. En quelques minutes de course folle, j’arrive dans Brooklyn en ne sachant pas très bien ce que j’ai en tête. Parce que je n’ai pas vraiment réfléchi. Je peux pas rester chez Sam mais il me faut un toit et lui … il semble la meilleure personne possible. Hors d’haleine, j’arrive devant son immeuble et appuie sur l’interphone et quand je l’entends décrocher, je murmure faiblement et piteusement : « Enzo … Ouvre …» Même pas un s’il te plaît juste ça, une supplication.

HJ : vas-y, dis moi « fuck you », je le mérite :** :
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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyMar 4 Sep - 15:29

IMENZO

❝ Don't let me fall deep and down ❞

Je crois que la longueur & la qualité de ma réponse suffit pour t'offrir un bon fuck you illustré x)

Encore une matinée très productive pour Enzo : comme d'habitude, le jeune homme s'était réveillé à l'aube. Même s'il était un fêtard notoire et qu'il avait passé tout son été à faire la fête presque tous les soirs, le jeune homme ne supportait pas de perdre sa matinée en dormant, et son horloge interne était réglée depuis si longtemps qu'il ne pouvait de tout façon plus trouver le sommeil une fois le soleil levé - il aurait bien le temps de dormir quand il serait mort ! Contrairement à ses habitudes, cependant, il ne se leva pas tout de suite de son lit. A la place, il serra le corps de la femme pressée contre elle en l'entourant de son bras & resta ainsi au moins une bonne demi-heure, les yeux fermés, à respirer au même rythme que la jeune femme. Finalement, un regard à son réveil le sortit de son cocon & il se détacha doucement de sa petite amie pour se rendre, en sous-vêtements pour ne pas faire de bruits en cherchant des affaires, dans le salon attenant à la cuisine. Là, il entama la préparation d'un café et trouva son maillot de bain sec étendu sur l'un des tabourets du plan de travail de la cuisine, qu'il enfila. Il versa ensuite le café chaud dans une tasse, y rajouta du sucre, une cuillère &, après un dernier regard à la grande horloge murale de la pièce, retourna dans la chambre où il trouva Aloysia étendue dans toute la diagonale de son lit. Souriant, il posa la tasse sur la table basse & se glissa près de l'africaine pour embrasser sa joue, sa mâchoire et dévier vers son cou, la sentant se réveiller sous ses baisers. C'était elle qui, la veille, lui avait demandé de la réveiller pour qu'elle puisse aller répéter son spectacle, en échange de quoi elle pouvait passer la nuit chez lui.

Une heure plus tard, le jeune homme était seul chez lui, sous la douche. Son programme de la journée n'était pas bien différent de celui des autres jours : faire en fonction de ses envies, ou de ce qui lui tomberait dessus. Il ne faisait pas d'études, n'avait pas de véritable travail à proprement parler... mais il avait des projets : un album, qu'il comptait réaliser avec sa meilleure amie et dont les profits iraient à l'association caritative qu'elle avait fondé. Pour le moment, ils tentaient encore des textes, des mélodies, avançaient doucement... Il fallait avouer que le fait qu'un psychopathe obsédé par la jeune femme débarque dans le studio du père d'Enzo alors qu'ils étaient seuls tous les deux n'avait pas non plus aidé à faire avancer l'album, mais le jeune homme préférait ne pas presser Tallulah & lui laisser le temps de se remettre dans le bain à son rythme pour ne pas la brusquer. Une fois sa douche terminée, Enzo avait enfilé un autre maillot de bain et, laissant ses cheveux sécher tout seuls, avait prévu de se préparer un casse-croûte avant de décider ce qu'il ferait du reste de sa journée. Trouvant rapidement le silence pesant, il attrapa la télécommande près de lui et alluma la musique, commençant à danser sans vergogne tout en se faisant cuire des oeufs. Il fut tout aussi excité en les mangeant, et il finit même par prendre sa guitare pour agrémenter la chanson qui passait d'une petite personnalisation.

L'interphone le sort de ses esprits ; curieux, le jeune homme éteint immédiatement la musique &, pieds nus, se dirigea jusqu'à la porte d'entrée et prit le combiné de l'interphone pour le presser contre son oreille. « Ouais ? » demanda-t-il, penchant soit pour sa grande soeur, soit pour Aloysia. « Enzo … Ouvre …» Imen : sa voix alerta immédiatement l'hispano-américain, qui s'exécuta immédiatement en appuyant sur le bouton permettant d'ouvrir la porte. Il aurait très bien pu demander ce qu'il se passait à la jeune femme à travers le combiné, mais sa voix l'avait vraiment inquiété et, sans attendre, il raccrocha & ouvrit la porte pour appeler l'ascenseur juste en face de lui. Et lorsque les portes se rouvrirent, au rez-de-chaussée, sur Imen qui avait sûrement elle aussi appelé l'ascenseur, Enzo tomba complètement des nues. « Merde ! Qu'est-ce qui s'est passé ? » s'exclama-t-il, complètement choqué en détaillant le visage de la jeune femme avant de mettre ça de côté pour le plus important : l'aider. Allant tout de suite à sa rencontre, il la soutint du mieux qu'il put et la fit entrer dans l'ascenseur avant d'appuyer sur le bouton de son étage.

Ah, ça, elle n'était pas tombée dans les escaliers. Le visage d'Imen était ensanglanté ; sa lèvre inférieure était fendue ; son nez, probablement brisé ; de multiples impacts apparaissaient sur ses tempes, ses joues, autour de ses yeux, et témoignaient de la violence de chocs. Elle avait été battue. Mais par qui, pourquoi ? Qui pouvait bien vouloir faire du mal à Imen ? Le jeune homme la soutint encore pour l'amener jusqu'à son appartement, et la força à s'asseoir sur le canapé de son salon. Il n'était pas médecin, loin de là, mais il ne pouvait pas laisser son amie de la sorte. Sans un mot, il courut jusqu'à la salle de bain & chercha frénétiquement il-ne-savait-même-pas-quoi dans son armoire à pharmacie. Il trouva tout de même une bassine et, faute de mieux, la remplit d'eau & humidifia une serviette, calant du désinfectant entre ses dents. Il revint rapidement au salon, et posa la bassine près d'Imen avant de s'asseoir près d'elle en prenant la serviette. « Je vais... nettoyer ça, d'accord ? » demanda-t-il prudemment.
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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyVen 7 Sep - 18:24

Tout semble danser devant mes yeux. Courir, étonnamment, me fait me sentir mieux. Je n’ai plus à penser à rien. Alors quand j’arrive devant l’immeuble d’Enzo, à bout de souffle, à bout de tout, je manque de m’écrouler purement et simplement sur le sol. Pour juste en finir. Rester sans bouger, étendu sur le sol pour ne plus avoir à supporter quoique ce soit. Mais je trouve quelque part en moi, la force d’appuyer sur le bouton de l’interphone en m’appuyant sur le mur. Mon souffle a du mal à ralentir. « Ouais ? » Entendre sa voix me soulage et je m’y raccroche comme on se raccroche à la première chose bien qu’on rencontre après avoir vécu ce que je viens de vivre. Et puis surtout, je ne sais pas ce que j’aurais fait s’il n’avait pas été chez lui. Qu’est-ce que j’aurais fait avec mes affaires ? Avec … Je le supplie d’ouvrir, incapable de prononcer une phrase complète ou même un s’il te plaît. Demander de l’aide … J’ai toujours prétendu que ce n’était pas mon genre, qu’après ce que j’ai pu vivre chez moi, ici, tout semble facile. Mais je n’ai pas prévu Idriss, je n’ai pas prévu sa haine et son désir de revanche. Et me voilà devant l’immeuble d’Enzo, en train de le supplier alors que ça ne fait pas tellement longtemps que nous nous sommes retrouvés. Mon orgueil en aurait pris un coup si je n’étais pas dans cet état. Il finit par déclencher le mécanisme de la porte. Je la pousse, lentement en déglutissant. Mon ventre me fait mal. Mon front se pose un instant contre la porte d’entrée en même temps que je l’ouvre. Lentement. J’ai l’impression que tous mes gestes sont lents, comme ceux qui ont suivi l’explosion qui a tué les miens en janvier dernier. Premier pas dans l’immeuble, mon sac sur le dos. L’impression d’être une poupée désarticulée. Mon oreille siffle et mes jambes sont flageolantes. Mais j’essaie de me dire qu’Enzo m’attend en haut et que ça va aller mieux. Mais de qui je me moque exactement ? Jamais ça n’ira mieux. Idriss et sa bande savent tout, même où est l’appartement de Sam. Ils ont dit qu’ils reviendraient si jamais … Et s’il arrive malheur à Sam par ma faute, je ne pourrais pas vivre avec. Pas avec un mort de plus. Je reste un moment, quelques secondes qui me semblent être des heures, dans le hall, à lutter pour me remettre les idées en place. Absence. Idriss me hait, mais Idriss hait aussi les mauvaises personnes. J’arrive près de l’ascenseur. Les traces sur mes bras virent au bleu. Ma gorge me fait mal parce que les larmes menacent quand je me rends compte de la gravité de la situation. Idriss vient de me passer à tabac. Idriss vient de me passer à tabac en me confirmant que son attention est bien de tuer des gens.

J’appelle l’ascenseur en ne faisant même pas attention au fait que quelqu’un l’a aussi fait mais pour descendre. Alors j’attends, en me reposant sur le mur d’à côté. J’ai la sensation d’être vide, totalement vide mais la volonté de garder Sam en sécurité me permet de rester debout. Mon souffle est redevenu normal, voire même trop lent. Je suis toujours en état de choc, comme là-bas sauf que là, mes frères ne sont pas présents pour m’aider. Mariam n’es pas là pour panser mes blessures. Aucun d’eux n’est là. Le sentiment de solitude me prend aux tripes et pendant quelques instants, j’ai l’impression que je vais aller vomir dans le pot de fleurs d’à côté. Mais c’est étrangement à ce moment que les portes de l’ascenseur s’ouvrent et qu’Enzo apparaît. En quelques instants, son visage se transforme. Le mien aussi une peu, je ne me suis pas attendue à ce qu’il descende me récupérer. «Merde ! Qu'est-ce qui s'est passé ?» Comme s’il avait compris au son de ma voix en écoutant l’interphone que … j’ai besoin d’aide. J’ai besoin d’aide et durant le peu de temps où j’ai réfléchi à la question, il m’a semblé être la meilleure personne. Je ne réponds rien, tout simplement parce que je ne veux pas et que je ne peux pas. Mettre des mots sur ce qui s’est passé, c’est juste impossible pour le moment. Ca fait trop mal d’affronter la vérité en face. La douleur est aussi difficile à supporter que celle qu’ont provoquée les coups. Enzo prend les choses en main pour m’aider à entrer dans l’ascenseur. Je me laisse faire docilement en ayant l’impression que mon corps ne répond plus à rien. Je suis vide, molle, plus rien ne fonctionne. Je me laisse porter par Enzo et j’ai soudain l’impression de me retrouver des mois en arrière mais cette fois, c’était Kassim qui me portait pour fuir le lieu de l’explosion. Pour fuir nos morts. Durant les quelques secondes que nous passons dans l’ascenseur, je ne souffle pas un mot. C’est Enzo pourtant mais j’en suis incapable. Aucune larmes n’a coulé, ne coule ou ne coulera pour le moment, je suis trop apathique pour ça L’impression de ne pas être réellement là. Je n’entends que mon cœur battre lentement, très lentement. Mes yeux fixent le néant en pensant à tous ceux que j’aime qui sont toujours en train de se battre en Syrie. Est-ce que je les ai trahis aussi ?

Je crois qu’on sort de l’ascenseur. Je crois parce que je ne fais pas attention en fait. L’appartement d’Enzo. Je remarque seulement là que je sers mon sec contre moi de toutes mes forces. Totalement perdue mais être dans son appartement, un endroit connu où j’ai été il y a encore peu de temps me soulage, me rassure. Quand il m’amène vers le canapé, je tourne la tête vers lui et le regarde en me demandant, comment nos jeux d’enfants ont pu se transformer en ça ? Le passage à l’âge adulte j’imagine. Je m’accroche à lui comme on s’accroche à une bouée de sauvetage en pleine tempête. Il disparaît quelques minutes tandis après m’avoir fait asseoir. Du canapé, je vois un peu près ma tête dans une vitre assez proche et je serre les dents avant de me rendre compte que même faire ça me fait mal. J’ai du sang séché partout sur le visage. Je me fais peur toute seule, je me dis pour m’encourager que le pire est passé, que je suis toujours en un seul morceau … mais ça ne me fait rien. Le pire n’est jamais passé. Le sang séché me rappelle celui qu’il y avait sur le visage de Nassim quand la bombe a explosé. Enzo revient, après ce qui me semble une éternité, armé de ce qu’il faut. Il vient s’asseoir près de moi avec bassine d’eau, désinfectant et serviette. Sa présence me fait du bien, mon cœur semble se remettre à battre de façon normale. Elle me fait du bien même si je suis pour le moment, incapable de le lui dire. « Je vais... nettoyer ça, d'accord ? » a-t-il dit comme pour me demander la permission de commencer. « D’accord … » ai-je répondu la gorge nouée en hochant vaguement la tête. Mon sac est posé à côté de moi. Mes mains sont posées sur mes cuisses, sagement, de sorte qu’en plus des hématomes provoqués par la force d’Idriss, ma cicatrice me saute aux yeux et je sais que celle au niveau de ma tempe et celle de mon omoplate sont là. Je les sens. Je les sens toutes. Mon oreille siffle. Et surtout, mes mains tremblent. Elles tremblent tellement et je n’arrive pas à les arrêter. Etat de choc. Enzo est là, à me soigner mais j’ai du mal à savoir quoi dire, à remettre les mots dans l’ordre. « Je … je suis désolée de t’avoir dérangé … je savais pas où aller. »

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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptySam 8 Sep - 3:02


Enzo n'arrive pas à croire ce qu'il a devant lui ; le visage tuméfié d'Imen le terrifie, pas parce que c'était elle qui lui faisait peur, mais parce qu'ils laissaient deviner une violence dans les coups qu'elle avait reçu qui donnait froid dans le dos à l'hispano-américain. Pourtant, en accompagnant sa mère dans les coins les plus dangereux du globe, Enzo avait connu la violence & avait déjà soigné des rescapés de guerre ; ça ne la lui faisait pas l'accepter pour autant. Il détestait ça, certains de ses amis le disaient pacifiste du quotidien... Il acceptait bien volontiers ce qualificatif. Rien, rien ne justifiait qu'Imen soit battue de la sorte.

En nettoyant son visage couvert de sang séché, Enzo ne put pas manquer l'état de choc de la jeune femme : ses mains tremblantes, son regard vague, son silence troublant... Et il ne pouvait que la comprendre. Résolument silencieux, il s'appliqua donc, à l'aide de la serviette, à nettoyer aussi délicatement que possible le visage d'Imen, grimaçant tout seul en imaginant lui faire mal alors qu'elle-même semblait trop loin pour vraiment ressentir la douleur à sa juste valeur. Lorsqu'on avait autant de blessures... il devait sûrement être difficile de savoir laquelle était la plus douloureuse. « Je … je suis désolée de t’avoir dérangé … je savais pas où aller. » reprit finalement la syrienne en brisant le silence qui s'était installé. Enzo s'arrêta dans son ouvrage un instant et adressa un sourire rassurant à son amie. « Tu me déranges pas... Surtout pas pour ça. » lui dit-il pour la rassurer. Il trempa un autre côté de la serviette dans l'eau & termina son premier ouvrage : son visage dégagé, Enzo voyait à présent toute l'ampleur des blessures de la jeune femme, et c'en était d'autant plus effrayant. Il s'abstint cependant de lui dire qu'elle aurait pu aller à l'hôpital ; elle avait bien fait de venir ici à la place. Qu'aurait-elle fait, au milieu d'une salle des urgences sûrement déjà blindée, dans l'état où elle était ? Enzo n'était peut-être pas un professionnel de la boxe ou même un gabarit particulièrement musclé, il se faisait confiance pour protéger les personnes à qui il tenait & même si l'idée d'aller à l'hôpital ou de faire venir un médecin lui vint à l'esprit & ne le quitta pas, il était désormais tellement inquiet qu'il n'imaginait pas que ça se fasse sans sa présence &, au besoin, toute son aide disponible.

Après avoir nettoyé son visage, Enzo trempa de nouveau un coin de serviette dans l'eau et descendit le long du cou de la jeune femme, où il remarquait déjà des traces d'étranglement sur lesquelles il ne s'attarda pas avec la serviette de peur de lui faire mal. Mais par quoi était-elle passée ? Ca dépassait complètement Enzo, qui n'avait clairement pas assez de connaissances médicales pour rétablir soigneusement Imen. « Est-ce que tu as d'autres blessures ? » demanda le jeune homme d'une voix légèrement tremblante, se raclant immédiatement la gorge pour se reprendre : une personne en état de choc était bien assez, il ne pouvait pas laisser tomber Imen.
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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyMar 11 Sep - 22:10

A y réfléchir, je ne sais pas si j’ai vraiment mal en fait. Je suis là, assise sur le canapé d’Enzo, en train de … Je sais pas. C’est comme si je flottais. Je comprends pas tout. C’est comme si tout s’échappait de moi et que je restais, sur ce canapé, pendant que tout fout le camp. Il me soigne. Il me soigne comme ma mère l’a fait une centaine de fois avant sa mort et comme Mariam l’a fait après la bombe. Au contact de la serviette, je ne bronche pas, au contraire, les légers picotements qui me parcourent le corps ont le mérite de me réveiller de sorte que quelques mots réussissent à en sortir. Une petite voix qui est tellement … C’est à peine si je me reconnais en fait. Autant physiquement que psychologiquement. « Tu me déranges pas... Surtout pas pour ça. » dit-il en terminant ses soins. L’état de choc s’amenuise, enfin je crois. J’imagine qu’il faut du temps, comme après la bombe pour réellement revenir sur terre. Surtout pas pour ça. Surtout pas quand tu te fais défoncer la gueule et que tu ressembles maintenant à une de ces femmes battues par leur mari et qui pensent que c’est de leur faute à elles si elles sont dans cet état. Et je me rends compte que pour l’instant, c’est ce que je pense aussi et ça me désespère. Okay, on se calme. Reprendre pieds. L’environnement familier m’aide un peu, je crois. Du coup après qu’Enzo ait fini de me nettoyer le visage, je tente un pauvre sourire qui se révèle être une très mauvaise idée au vu de la douleur qui se déclenche.

Pas un instant, j’ai pensé à aller à l’hôpital, pas une seule seconde. Qu’est-ce que j’aurais pu leur raconter hein ? Bonjour, j’ai dénoncé un ancien ami qui est devenu un terroriste entre temps et il est venu avec sa bande pour les représailles ? Non, définitivement pas. Ils auraient appelé les flics et j’ai déjà trop croisé les autorités à mon goût ces derniers temps. Mes mains tremblent toujours pourtant et mon oreille me donne mal à la tête. Je me dis que les coups que j’ai pu recevoir d’Idriss et Ismael ne feront jamais aussi mal que la bombe qui a tué la majorité des miens. Enzo semble vraiment inquiet, j’aimerais pouvoir le rassurer, lui dire que j’ai vu pire mais pour ça, il faudrait déjà que je retrouve entièrement ma capacité à parler. La haine sur le visage d’Idriss est toujours dans ma tête ça me perturbe. Ce qui me perturbe encore plus, c’est d’avoir en même temps le souvenir du jour où il m’a sauvée la vie à Hama. Je touche ma lèvre fendue, peut-être pour à nouveau sentir la douleur, pour avoir la confirmation que c’est bien arrivé. Il n’y a plus de sang. Dommage qu’on ne puisse pas effacer les traces de coups aussi. « Est-ce que tu as d'autres blessures ? » demande Enzo en commençant à s’occuper de mon cou. Il a l’impression de ne pas savoir ce qu’il fait et pourtant il fait vraiment beaucoup. Peu de personnes à New-York m’ont vue dans un état aussi lamentable, aussi démunie. Le problème quand on essaie de se montrer forte tout le temps, de faire croire qu’on n’a pas besoin d’aide. Quand ça arrive, parce que ça arrive forcément, c’est pire que tout. A sa question, j’ai fait une légère grimace. « Juste mon ventre qui a été un peu redécoré et qui devrait pas tarder à prendre la couleur d’un ventre de schtroumpf. » ai-je répondu en étant heureuse de retrouver un peu de ma répartie. Tout va bien, tu es en sécurité. Seulement pour combien de temps ? J’ai jeté un coup d’œil à mon sac, à côté de moi sur le canapé. Ils ont menacé de revenir si je n’arrive pas à brouiller les pistes. Sam est en danger alors … mais peut-être que si je reste chez Enzo … Lui aussi finira par être en danger. Je l’ai regardé passer sa serviette mouillée sur les marques que j’ai un peu partout. De toute façon, je vais devoir lui expliquer ce qui est arrivé … Mais on va y aller doucement. « Merci. » ai-je murmuré en baissant les yeux, légèrement gênée par la situation.

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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyMer 12 Sep - 1:32


Enzo n'avait absolument aucune idée de ce qu'il était en train de faire : il soignait Imen, certes, mais il avait l'impression de ne pas faire le quart de ce dont la jeune femme avait besoin. Il se souvint avoir laissé dans la cuisine de la pommade pour les bleus qu'il s'était fait la dernière fois qu'il était monté sur une planche, et il se promit d'aller la chercher dès qu'il aurait terminé de nettoyer le sang qui couvrait le visage & le cou de son amie. Vraiment, son ou ses agresseurs ne l'avaient pas ratée, et son visage tuméfié témoignait de la violence des coups qu'elle avait encaissés.

Il voyait Imen reprendre tout doucement le contrôle ; certes, elle n'était clairement pas… totalement lucide, elle devait être profondément choquée de ce qui venait de lui arriver, mais le sourire maladroit & apparemment douloureux à en juger par sa grimace qu'elle lui adressa lui montrait qu'elle reprenait petit à petit pied avec la réalité. Où avait-elle était agressée, combien de temps était-elle restée toute seule, à errer en cherchant de l'aide, blessée comme elle l'était ? Comment quelqu'un pouvait-il la laisser dans cet état ? « Juste mon ventre qui a été un peu redécoré et qui devrait pas tarder à prendre la couleur d’un ventre de schtroumpf. » En entendant la comparaison d'Imen, Enzo sourit et se redressa, déclarant sa tâche terminée et écartant légèrement la bassine. « Merci. » reprit la jeune femme en baissant les yeux. Refusant de voir son amie gênée d'être venue lui demander de l'aide, l'hispano-américain releva la tête de la jeune femme d'un doigt sous son menton et lui adressa un sourire rassurant. « C'est normal. » déclara-t-il simplement. Evidemment que ça l'était ! Jamais Enzo ne pourrait laisser la jeune femme dans une telle détresse. « Essayons d'empêcher ta transformation en schtroumpf. » reprit le jeune homme avant de se lever en indiquant à la jeune femme d'attendre là.

Il fit un passage express par la cuisine et prit la pommade qu'il trouva sur le plan de travail. Il sortit également de son congélateur les poches de glace qui s'y trouvaient - on n'était jamais à l'abri d'un apéro surprise, ou d'une fille battue sur son canapé - et les enroula dans de fines serviettes avant de revenir dans le salon. « Deuxième round ! » annonça-t-il en posant le tout sur la table basse, ne reprenant que la glace enroulée dans la serviette. S'agenouillant près d'Imen, il approcha sa main libre de son ventre et leva les yeux vers elle. « Je peux ? » demanda-t-il, attendant sa permission pour continuer. Dans d'autres circonstances, il aurait pu être gêné par l'idée de retirer le haut d'Imen - ou excité - mais pour le coup, il était tellement désintéressé qu'il ne se préoccupait que de la santé de la jeune femme, et de son ventre qui d'après la description de la jeune femme devait être sévèrement touché. « Allonge-toi. » conseilla-t-il finalement en appliquant les plaques de glace sur son ventre, grimaçant juste en imaginant la douleur que ça devait être mais s'étonnant qu'Imen ne soit même pas plus démonstrative que lui, qui finalement était en parfaite santé. Il prit ensuite la pommade qu'il avait ramenée et s'en mit un peu sur le doigt avant de se déplacer pour se faire une place sur le bout du canapé, appliquant le gel sur la joue de la jeune femme qui semblait avoir reçu un bon coup. Après un long moment de silence où il sembla concentré sur son affaire, il reprit cependant la parole. « Tu veux bien me dire qui t'a fait ça ? » demanda-t-il doucement, insistant sur le fait que c'était une question & qu'il respecterait son silence… pour l'instant.
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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyVen 14 Sep - 22:05

Cet instant me paraît assez irréel dans l'ensemble. J'ai encore du mal à croire qu'une telle chose ait pu se passer et pourtant, le martellement dans ma tête et la douleur ne font aucun doute. Idriss pense que je suis la cause de tous ses prochains malheurs. Il doit même penser que je suis passée à l'ennemi. Moi qui ai toujours prétendu dire et faire ce que je veux, sans me laisser dicter ma conduite par les autres, m'aperçois que ça m'énerve. Le fait qu'il puisse imaginer que je ne suis plus dans son camp m'insupporte profondément. J'ai beau me dire que s'il veut tuer des innocents, c'est que nous ne sommes plus dans le même camp mais rien à faire. Ce n'est pas assez pour contrebalancer mes états d'âmes. C'est trop tard maintenant. Tout le mal possible a été fait. Il a dit clairement qu'il aurait préféré me laisser crever ce jour-là, il m'a traitée de chienne ... Tout est fini. L'Idriss que j'ai pu connaître n'existe plus. La guerre a laissé place a un terroriste prêt à céder à la folie au nom d'une cause personnelle. Idriss est en colère que les Américains ne nous aident pas. Je l'ai été aussi. Je les haïs aussi, ainsi que des tas d'autres pays pour ne pas bouger le petit doigt pendant qu'on se faisait massacrer tous les jours. Mais avec le recul, au bout d'un certain temps, j'ai appris à avancer, à me dire que très bien, s'ils ne veulent pas nous aider, on va la gagner seuls cette guerre. Et malgré tout ce temps passé, tous ces morts, toutes ces bombes, tous ces cris, je crois toujours qu'on peut réussir.

Idriss est perdu. Alors Imen, tourne la page sur ce qui vient de se passer. J'aimerais que ce soit aussi facile, seulement, les traces de ses coups vont me compliquer la tâche. Elles vont me rappeler que la promesse que je me suis faite petite a été brisée, que je n'ai pas été capable de la tenir. Ne jamais être la victime des hommes. Je m'en suis rendue compte après quelques longues minutes de planage total. C'est ce que je viens d'être, la victime d'un autre. Ça fait encore plus mal quand je m'en rends compte. Comme si c'était possible d'avoir encore plus mal ... Mes les soins prodigués par Enzo m'apaisent. Sa présence m'apaise. Il a vraiment un don pour aider les gens, c'est assez phénoménale. Néanmoins, la douleur est toujours là. Quand j'essaie de bouger, c'est comme si chaque partie de mon corps était bloquée dans un étau. Ca fait mal, ça bloque et même, j'ai l'impression que ça grince. La tête, c'est le pire, malgré mes efforts. Pourtant j'essaie de retomber sur terre ... enfin je crois que j'y parviens, mais ma tête est lourde. « C'est normal. » a-t-il dit quand je l'ai remercié. Normal ? Oui, j'espérais qu'il dise ça. J'ai encore du mal à croire qu'on ait pu se retrouver après tout ce temps n'empêche. Comment c'est possible qu'on puisse reprendre notre relation où on l'a laissée à des kilomètres il y a des années. Du coup j'aurais préféré qu'il ne voit pas ça. Toujours avoir de moi cette image de petite fille souriante qui l'a mené quelques semaines partout à travers Hama, jusqu'à lui en faire connaître les moindres détails. Pas celle d'une pauvre fille défigurée qui va de désillusion en désillusion. « Essayons d'empêcher ta transformation en schtroumpf. » Avant qu'il ne se lève, je fais un léger sourire, peut-être plus convaincant que ma précédente tentative. Mon ventre, je n'ose même pas le regarder en fait. Tout ce que je sais c'est que je n'ai pas de côtes cassées.

Docilement, ce qui n'est pas habituel, je suis restée plantée sur le canapé en attendant qu'Enzo revienne et en me demandant quel remède miracle il va ramener pour empêcher ma transformation en schtroumpf. Je doute que le bleu fasse ressortir mes yeux. Peu importe. Pendant les quelques instants où je suis toute seule, je ne pense à rien, droite comme une statue et incapable de bouger. J'ai peur de bouger en fait. Il finit par revenir, avec une pommade à la main et une poche de glace. « Deuxième round ! » annonce Enzo en arrivant. Mes yeux le suivent quand il s'agenouille près de moi. En y repensant, je ne sais pas si je plane trop pour être mal à l'aise ou si la situation est suffisante pour qu'en effet, je le sois malgré tout. Je crois que j'ai perdu l'habitude qu'on s'occupe de moi en fait. C'est triste. Je ne souffle plus un mot. En dehors du fait que ma lèvre soit fendue, l'action de parler est devenue compliquée. « Je peux ? » J'ai vu sa main près de mon ventre. Je l'ai regardée quelques micro-secondes avant d'acquiescer. Jamais je n'aurais encore pensé enlever mon haut devant Enzo. Enfin non, c'est pas ce que j'ai voulu dire mais ... c'est juste que l'idée de le faire étrange, mais c'est peut-être parce que je me rattache trop au passé. Bref, laissez-tomber, je n'arrive même plus à m'exprimer clairement. Du coup, j'ai commencé à relever mon haut en saisissant chaque côté du bas avant de commencer à le remonter ... un peu trop vite. Grossière erreur. Arrivée au niveau de mes bras, blocage. Douleur. J'ai sous-estimé l'état de mon ventre faut croire. C'est comme si j'avais d'horribles crampes ou des insectes en train de me ronger tous les organes. Tout ça pour dire que je n'ai pas pu empêcher un gémissement de souffrance de sortir de ma bouche. J'ai tout fait pour le retenir, pour donner l'impression que je supporte. En fait non pas du tout. Alors après quelques secondes et un effort qui me semble surhumain sur le moment, je réussis à enlever mon t-shirt.

« Allonge-toi. » Voilà comment je me suis retrouvée en soutien-gorge, allongée sur le canapé d'Enzo. Ça c'est bizarre mais lui ne semble pas s'en rendre compte. Ou alors, c'est moi qui délire ce qui ne serait pas étonnant. Qu'y a-t-il d'étrange au fait qu'il me soigne hein ? L'époque où on s'amusait enfants me paraît tellement loin soudainement. Il pose la poche de glace sur mon ventre que je n'ai toujours pas regardé. Au contact, la douleur est immédiate. Ma tête bascule en arrière, mes yeux se ferment et ma mâchoire se crispe. Je ne maudis Idriss et ses potes qu'à cet instant précis. Cette fois, aucun son ne sort de ma bouche, je maîtrise. Peu à peu, ma peau s'habitue au froid. C'est en relevant la tête que j'ai l'occasion de voir la teinte foncée que toute une partie de mon ventre a pris. Trois coups d'une force ... Un pour chacun de mes frères, c'est ce que j'ai imaginais. Un soupir de soulagement glisse entre mes dents quand je commence à les déserrer. La douleur se calme un peu. Tout va bien, tout va bien. Enzo entreprend ensuite de me passer la pommade sur les marques de mon visage. Je me laisse faire, encore et toujours. Je croise mes bras sur ma poitrine par dessus le sac de glace. En fait, ce qui me gène, c'est qu'Enzo me voit dans cet état. Je n'ai pas l'habitude qu'on me voit aussi faible. C'est pas quelque chose que je souhaite laisser transparaître. Lorsque son doigt touche ma peau, je ne peux empêcher une grimace. Toute la région autour de mon oeil me fait mal. « Tu veux bien me dire qui t'a fait ça ? » demande Enzo d'une voix tranquille même si je sais qu'il ne l'est pas du tout. Je continue de regarder ailleurs de longues secondes, incapable de réagir. Pourtant sa question je l'ai entendue mais il me faut un peu de temps. Parce que les mots, ça signifie expliquer ce qui est arrivé et je ne suis pas sure de pouvoir. Alors un long silence a plané pendant un instant. Un instant qui m'a parue être une éternité en fait. Mais j'ai fini par être capable de répondre. « Un ami. » ai-je murmuré. Okay, il est vrai que j'aurais pu faire mieux, mais c'est tout ce qui a pu sortir de ma bouche. Ce qui est stupide d'ailleurs parce que les amis ne vous font pas ça théoriquement. Enzo ne pas comprendre. Enzo ne va pas se satisfaire de cette réponse. Parce que c'est ça en fait, Idriss a été mon ami ... et maintenant il ne l'est plus. Mon coeur s'est serré en le réalisant. « Un ancien ami. » ai-je complété d'une voix tremblante. Maintenant ennemi, en quelque sorte, même si je me refuse à penser à ça. On s'est perdus, c'est tout. Mais j'ai toujours l'impression d'avoir une dette envers lui, c'est ce qui est le plus dérangeant. J'ai conscience que mon sens de la discussion est mis à rude épreuve. Je commence à regretter d'être venue pour ça. Pas parce qu'il me soigne mal, oh ça non, mais parce que ... j'ai l'impression d'avoir contaminé notre belle relation avec mes problèmes. Mon pied a rencontré mon sac au bout du canapé. « Enzo ... » ai-je soufflé d'une petite voix, à deux doigts de craquer malgré tous mes efforts. « Je peux rester chez toi ? »
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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyLun 24 Sep - 15:28


Avec sa mère qui l'emmenait partout lors de ses voyages journalistiques, son père qui lui avait transmis la fibre humanitaire, Enzo avait eu l'occasion de voir beaucoup de blessures ; il avait vu des conflits, des gens être blessés, mourir, et pourtant rien ne lui semblait plus choquant que de voir Imen aussi éprouvée par il ne savait qui, il ne savait pourquoi. Qu'est-ce qui pouvait bien justifier un tel acharnement ? Enzo n'arrivait tout simplement pas à concevoir que quelqu'un s'en prenne aussi brutalement à une femme - ou à quiconque en fait, lui qui était pacifiste & préférait régler tous ses désaccords en se reposant sur des paroles et une discussion plutôt qu'avec ses poings, bien qu'il sache les utiliser -, et ça le touchait d'autant plus qu'il ne s'agissait pas de n'importe quelle femme mais d'Imen, qu'il connaissait finalement depuis qu'il était tout petit & dont les retrouvailles, il y a peu, l'avait rempli de joie. Il pouvait comprendre que sa vie n'était pas "facile" ou "normale", qu'elle avait des préoccupations qui la ramenaient à la Syrie... étais-ce pour ça ? Enzo n'osait pas demander, du moins pas aussi directement.

En appliquant la poche de glace sur le ventre de la jeune femme, Enzo grimaça en même temps qu'elle lança sa tête en arrière en fermant les yeux de douleur. Il aurait aimé ne pasl ui faire mal, mais apparemment il n'y avait pas d'autre moyen, et celui qui s'était attaqué à elle s'était tellement acharné qu'il était bien content qu'elle ai eu ne serais-ce que la force de venir jusqu'à chez lui. Enzo, lui, tentait de garder son calme le plus possible, ou du moins de se montrer le moins perturbé possible - il soignait de sérieuses blessures sans aucune connaissance médicales, il y avait de quoi paniquer !

Enzo avait fini par céder et par demander à Imen qui l'avait blessée de la sorte. « Un ami. » lui répondit la jeune femme, faisant froncer les sourcils d'Enzo. Un ami ? Quel genre d'ami se comportait de la sorte ? Imen sembla comprendre son incompréhension et reprit. « Un ancien ami. » Enzo hocha doucement la tête ; ça semblait plus logique, comme ça, mais... Ca restait choquant. « Ouais, quelle sorte d'ami te fait ça... » commenta-t-il doucement en continuant d'appliquer de la pommade sur les blessures faciales d'Imen.

« Enzo ... » reprit subitement la jeune femme en chuchotant, faisant tourner la tête du jeune homme qui chercha vainement son regard. « Hm ? » La jeune femme semblait particulièrement mal, mais comment aurait-il pu en être autrement ? « Je peux rester chez toi ? » Elle semblait tellement perdue & déboussolée ! Pour Enzo, il n'y avait même pas besoin de lui poser la question. « Bien sûr ! Tu peux rester autant que tu veux. » la rassura-t-il. De toute façon, il n'avait pas eu l'intention de la laisser repartir chez elle, ou n'importe où d'autre où son "ancien" ami aurait pu la retrouver. « ... Il faut faire quelque chose, pour ton "ancien ami"... Prévenir la police, je sais pas... Pour qu'il ne te refasse jamais ça. » déclara doucement Enzo.

Got disturbed again, sorry x)
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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyMar 25 Sep - 0:39

« Ouais, quelle sorte d'ami te fait ça... » répond-il quand je lui réponds. Je ne réagis pas. Enzo va avoir du mal à comprendre toute l'histoire. Je crois que je reprends pieds. Je laisse Enzo terminer ses soins, de toute façon je n'ai pas vraiment le choix ... J'aimerais lui dire de se détendre, qu'il n'a pas besoin de se mettre dans un tel état puis je me rappelle que c'est d'Enzo qu'on parle. Toujours à vouloir aider les autres. Toujours à préférer la non-violence et moi je débarque comme ça. Pendant un instant, j'ai envie de partir en courant. Enfin non ça fait plusieurs fois que je pense à cette idée mais naturellement, mon corps refusera d'obéir. C'est juste tellement bizarre d'aller frapper à sa porte pour ça. Du coup j'ai préféré me taire quand il pose sa question qui n'en est pas vraiment une. Ça m'a fait mal d'ailleurs, mais c'est l'horrible vérité. Le genre d'ami qui n'en est pas un. Enfin qui n'en est plus un. Idriss ... La douleur m'a a nouveau faite grimacer. J'ai froid. Pas seulement parce que j'ai dû enlever mon haut hein, mais j'ai juste ... froid. Froid comme quand vous venez de connaître un moment difficile. Froid comme quand vous n'avez plus rien. Mes idées se remettent en place mais mon corps est toujours dans un piteux état. Je sais pas comment je vais faire pour bouger à nouveau. Le boulot par exemple. Enfin tu parles, comme si j'en avais quelque chose à foutre normalement ... seulement là j'ai juste envie de rester échouée sur le canapé d'Enzo, pour toujours. Fermer les yeux et paf. Plus rien, plus à se préoccuper pour tout, plus à souffrir.

Silence. Enzo se concentre sur la pommade et sur blessures de mon visage. Il prend son nouveau rôle de médecin très à coeur tandis que je reste étalée sur le canapé, à repenser à la colère d'Idriss, à ses remarques acerbes, à ses insultes et à ses coups ... Malgré mes efforts, ils ne peuvent pas sortir de ma tête. La scène ne peut pas sortir de ma tête. Il était le dernier lien avec mon passé, avec chez moi. Peut-être l'occasion d'avoir des nouvelles de ma famille au mieux mais maintenant ... c'est peine perdue. C'est comme si on était même plus dans le même camp j'imagine. Qu'est-ce qu'on fait en Amérique déjà ? Qu'est-ce qu'on fait si loin de chez nous ? Pourquoi ? Pourquoi on est là Idriss et moi, loin de chez nous ? Est-ce que ça vaut le coup d'avoir vécu la guerre si c'est pour en venir à ... ça. Je demande si je peux rester chez lui, parce que c'est impossible que je retourne à l'appartement de Sam, et que je sais pas quoi faire. C'est pas facile de réussir à faire penser aux autres qu'on est forte et qu'on n'a pas besoin d'aide. « Bien sûr ! Tu peux rester autant que tu veux. » J'ai fait une autre tentative de sourire qui a, je crois, mieux fonctionné. Sourire reconnaissant. Enfin j'aurais aimé dire le petit mot clairement mais je n'ai pas pu. Je commence à me sentir mieux, je crois. Enzo a fini de me tartiner de pommade et de glace. Je songe un instant à remettre mon haut mais abandonne l'idée. Mon corps est meurtri. De nouvelles cicatrices ineffaçables. J'ai perdu le mot qui convient. Du coup j'ai pris mon haut et je l'ai pausé sur moi, au moins pour cacher mes hématomes et puis sinon ... dans un accès de pudeur peut-être. Je me sens toute petite, toute minuscule, toute faible. « ... Il faut faire quelque chose, pour ton "ancien ami"... Prévenir la police, je sais pas... Pour qu'il ne te refasse jamais ça. » Là, c'est un rictus qui est apparu sur mes lèvres abimées. Je tente de me redresser contre l'accoudoir du canapé et y parvient après quelques longues secondes, mon t-shirt toujours contre moi. Je sais pas si je vais réussir à pouvoir lui raconter en fait. « On va dire que c'est déjà fait Enzo ... c'est de là que vient le problème ... » ai-je fait doucement avec un sourire triste. Problème, le mot est faible. Je prends un certain temps pour regarder autour de moi. C'est l'appartement d'Enzo. Tout va bien, t'es en sécurité. Mais mes mains n'arrêtent pas de trembler pour autant. Je replie mes jambes contre ma poitrine, mets mes bras autour et pose mon menton sur le haut de mes genoux. Ça fait mal, ô que oui ça fait mal mais au point où j'en suis. Mon menton tremble. Mes yeux se perdent dans le vague. « C'est ... euh ... c'est compliqué ... plus que ça en a l'air ... » Je secoue la tête. J'ai l'envie de me montrer plus forte que ça mais je crois qu'il va me falloir un peu de temps. Je regarde à nouveau autour de moi. En sécurité c'est ça, en sécurité.
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MessageSujet: Re: ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo ❝ Don't let me fall deep and down ω Imen & Enzo EmptyMar 9 Oct - 3:50


Enzo arrivait au bout de ses connaissances en médecine, et pourtant le visage d'Imen semblait tout aussi douloureux que lorsqu'elle était venu sonner à son interphone, quelques temps plus tôt. Il se sentait tellement impuissant ! Lui qui était le premier à vouloir aider tout le monde détestait cette sensation, d'autant plus qu'il éprouvait beaucoup d'affection pour Imen & qu'il détestait donc d'autant plus la voir dans cet état. Alors bien sûr, lorsqu'Imen lui avait demandé si elle pouvait rester chez lui, il n'avait pas hésité un seul instant avant d'accepter. Evidemment ! Il avait de quoi la loger & la nourrir pendant un bon moment s'il le fallait, & il avait assez de relations pour la garder en sécurité s'il le fallait. Evidemment, il savait aussi que la jeune femme faisait un effort en venant lui demander de l'aide - et il lui en était reconnaissant pour ça - et il ne voulait pas non plus pousser, mais il fallait avouer qu'il pensait déjà à demander à son père le numéro de quelques compagnies de sécurité privées qu'il utilisait lorsqu'il devait se produire à New York, lui qui avait toujours, en plus de ses gardes du corps attitrés, une multitudes d'agents de protection - les désavantages d'être une célébrité mondiale !

Face à son impuissance, Enzo ne voyait plus qu'une seule solution : les hautes autorités, en l'occurence la police. Il n'avait aucune idée des détails de ce qui était arrivé, mais il était évident que ça ne pourrait se régler par la diplomatie comme il avait l'habitude de régler ses problèmes, c'était beaucoup plus sérieux que ça & même si Enzo n'en comprenait pas tous les enjeux, il en voyait assez pour savoir que l'homme qui lui avait fait ça avait perdu sa morale quelque part sur le chemin. « On va dire que c'est déjà fait Enzo ... c'est de là que vient le problème ... » lui répondit cependant Imen, faisant froncer les sourcils d'Enzo qui ne comprenait finalement plus rien à la situation. Et cette manie qu'avait la jeune femme de parler en énigmes ! Evidemment, il ne voulait pas la brusquer, c'était sûrement la dernière chose dont elle avait besoin maintenant, mais il avait aussi besoin d'en savoir plus, ne serais-ce que pour être en mesure de la garder en sécurité. « Hein ? » fut tout ce qu'il fut capable de répondre, complètement largué. « C'est ... euh ... c'est compliqué ... plus que ça en a l'air ... » Enzo se retint de lever les yeux au ciel. Enigmes, enigmes... Il avait besoin d'en savoir plus, et si elle n'avait pas été dans cet état, il aurait sûrement cédé à son impatience & l'aurait poussé à arrêter de parler à demi-mot. Pour lui, pourtant, ça semblait particulièrement simple, un gros enculé l'avait battue et se trouvait quelque part en ville, libre de ses mouvements & surtout, libre de venir en remettre une couche.

Imen semblait cependant apeurée, et lorsqu'elle lança un regard circulaire au salon d'Enzo, il comprit qu'elle était encore sous le choc & qu'elle avait peut-être peur que le fameux "vieil ami" fasse une entrée inopportune. Désireux, comme toujours, de la rassurer, Enzo posa sa main sur celle de la jeune femme pour attirer son attention. « Hey, hey... personne ne viendra te chercher ici, tu es en sécurité. » souffla-t-il en cherchant son regard. Il ne savait pas vraiment si ses paroles étaient d'un quelconque réconfort, mais c'était finalement tout ce dont il était capable. « J'ai besoin d'en savoir plus, Imen. Qui est au courant ? Apparemment, ce n'est pas assez... » reprit-il avant de s'humecter les lèvres & de froncer les sourcils, soupirant un grand coup. « Est-ce que tu essaies de le protéger ? Regarde ce qu'il t'a fait... » murmura-t-il, ne comprenant définitivement pas l'attitude de la jeune femme, se demandant si ses paroles mystérieuses étaient dues au choc ou si elle était vraiment en train de protéger son agresseur en étant évasive.
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