Depuis quelques semaines, Hazel se réveillait tous les lundis matin en ayant d’être au vendredi soir. Elle aimait être entourée d’enfants, c’était même pour cette raison que la jeune femme avait choisi de s’orienter dans la chirurgie pédiatrique, mais dernièrement les choses avaient changé et l’australienne ressentait le besoin de s’évader pour avoir les pensées plus claires. Quelques jours plus tôt, elle avait profité d’un séjour avec Kiara dans le Kentucky pour laisser Alexis avec sa marraine avant que celle-ci ne regagne son pays natal, mais depuis qu’Ana Lucia était partie, Hazel avait l’impression de se retrouver toute seule dans une grande ville. La dépression n’était jamais loin. Sa situation de mère célibataire, le babyblues et la récente découverte de sa tumeur ne l’aidait pas vraiment à voir les choses du bon côté. Elle avait plus que jamais besoin d’une présence à sa côté, mais était bien trop fière pour l’admettre. Noah était de loin la personne qui lui manquait le plus et elle sentait qu’il en était de même pour la petite Lexie qui n’avait jamais connu son père jusqu’à présent. Avec le recul, Hazel s’en voulait d’avoir été aussi dure avec son ex-fiancé ; surtout lorsqu’elle avait su que l’accident avait été causé par sa faute et non celle de Noah, comme elle l’avait cru jusqu’à présent. L’australienne n’avait pas forcément besoin de se confier à quiconque, mais simplement de passer une journée entre amis loin de ses problèmes. C’est sûr cette pensée qu’elle termina de ranger la vaisselle qui traînait, un torchon à l’épaule. Fatiguée, elle songea même à se jeter dans son lit pour une petite sieste avec sa fille, mais ses plans tombèrent à l’eau lorsque la sonnerie de l’interphone de son appartement se mit à retentir. Le bouton étant en panne depuis plusieurs jours, Hazel dû sortir le nez dehors pour voir qui venait la déranger et quelle ne fut pas sa surprise de trouver Arizona sur le pas de la porte ; son amie d’enfance. Émue et profondément soulagée de voir un visage amical, l’australienne ne perdit pas de temps pour la prendre dans ses bras et la serrer aussi fort qu’elle le pouvait. « Je suis contente de te revoir. » lança-t-elle avec sincérité, juste au cas où Arizona pensait qu’Hazel tentait de l’étrangler. Soudain, son regard fut attiré par un mouvement à l’arrière de la voiture et son regard se posa sur une fillette de deux ans qui lui semblait étrangement familière. Cameron ? Que faisait-elle avec Arizona ? Hazel fronça les sourcils, une moue surprise peinte sur le visage avant de se séparer d’Arizona pour l’interroger sur sa passagère ‘clandestine’. « Tu as kidnappé Cameron à la crèche de l’hôpital ? » demanda-t-elle, sachant pertinemment qu’il y avait une bonne explication à la présence de la petite fille du Dr Thom Ioannis, le médecin légiste. « Thom Ioannis… Ioannis, mais bien sûr !! Attends, ça veut dire que… ». Son visage s’illumina aussitôt qu’elle eut saisi le lien qui unissait Thom à Arizona. « Awkward. » lâcha-t-elle, en prenant soudainement conscience que l'homme qui lui avait tapé dans l’œil se trouvait être l'un des frères de son amie.

Une chose était certaine : si la personne qui frappait à sa porte ne s’arrêtait pas dans les minutes qui allaient suivre la jeune femme sous sa couette ne trouverait aucun mal à utiliser un prétexte quelconque pour mettre cette personne aux arrêts. S’il y avait bien une chose que l’Australienne détestait par-dessus tout c’était le fait d’être réveillée de la sorte, elle préférait de loin le bruit strident de son réveil plutôt que des coups donner contre la porte de son appartement, coups qui ne s’arrêtèrent pas. Poussant un long soupire, Payson se redressa dans son lit, ses cheveux bruns en bataille devant son visage l’empêchaient de voir correctement. « Arizona Payson Violet Ioannis Thomson je sais que t’es là, ouvre cette porte b… » Mais la fin de la phrase ne lui vint jamais et l’Australienne n’eut pas même besoin de quitter son lit, de se rendre dans l’entrée et d’ouvrir pour savoir ce qui avait bien pu pousser son frère à ne pas continuer sa phrase. Un grognement échappa à la jeune femme tandis qu’elle s’extirpait hors de son lit pour ensuite traînée des pieds jusqu’à la porte de son appartement, l’air très peu réveillée, même lorsqu’elle fit face à son frère aîné qui tenait sa nièce dans ses bras. « Tu fais peur à voir. » Lâcha-t-il en pouffant, mais Payson ne fit aucun commentaire. Elle se décala de sorte à laisser Thom entrer, puis referma derrière eux pour ensuite aller se laisser tomber sur son canapé. « Qu’est-ce que tu me veux Austin ? » Elle avait conscience que son accueil n’était guère chaleureux, mais son frère avait vécu avec elle durant des années et de ce fait il savait pertinemment qu’elle n’était jamais de bonne humeur lorsqu’elle était mal réveillée. « J’ai besoin que tu gardes Cameron pendant un temps indéterminé. » Payson redressa vivement la tête, soudainement très bien réveillée.

Sa bouche s’ouvrit pour protester mais le regard que son frère lui lança lui fit perdre toute envie de le faire. « S’il te plait ! J’ai découvert que Kennie était encore en vie et j’ignore combien de temps il va me falloir pour … » Payson leva la main pour l’interrompre. En silence, elle quitta son canapé et rejoignit son frère pour prendre sa nièce dans ses bras avant de plonger son regard dans celui de Thom. « C’est bon, va donc retrouver la mère de ta fille Roméo ! Je m’occupe d’elle. » Un petit sourire étira les lèvres de son frère qui déposa un baiser sur le front de l’Australienne puis sur celui de sa fille avant de quitter l’appartement. Plus les heures passèrent et plus Payson se questionna sur ce qui lui était passé par la tête lorsqu’elle avait accepté de garder Cameron. Aussi maternelle qu’elle puisse être et quand bien même aimait-elle sa nièce, sa récente situation ne lui donnait pas l’impression qu’il s’agissait du bon moment pour avoir un enfant à charge, malheureusement elle ne savait rien refuser à son frère, raison pour laquelle en début d’après-midi elle commença à fouiller les numéros des personnes à contacter en cas de besoin que son frère lui avait laissé lorsqu’un nom en particulier lui tapa à l’œil. Petit sourire aux lèvres, Payson tourna la tête vers sa nièce et la chatouilla. « On va aller faire un petit tour ma belle. » Sur ces mots, elle s’empressa de couvrir Cameron et d’en faire de même avant de prendre la direction de sa voiture pour conduire jusque dans le centre de Manhattan, vers l’adresse qu’elle avait vu un peu plus tôt dans le carnet que Thom lui avait laissé. Sur place, elle se gara en bas d’un l’immeuble qu’elle fixa quelques secondes pour ensuite se tourner vers sa nièce. « Je reviens. » Ceinture détachée, Payson gagna l’interphone de l’immeuble et sonna au numéro où était indiqué le nom Danaé après quoi elle recula de quelques pas pour aller s’adosser à sa voiture.

L’arrivée de la locataire des lieux fut plus rapide que ce que l’Australienne imagina et elle eut à peine le temps de prononcer un seul mot que son amie d’enfance lui avait déjà sauté au cou et la serrait à l’en étouffer. « Je suis contente de te revoir. » Parvenant à se séparer de l’étreinte d’Hazel, un sourire sincère et touché apparu sur les lèvres de Payson. « Ça me fait plaisir aussi, mais j’avais oublié à quel point tu pouvais étrangler en serrant quelqu’un dans tes bras. » Plaisanta-t-elle avant de la serrer doucement contre elle à son tour. « Tu as kidnappé Cameron à la crèche de l’hôpital ? » Sourcils froncés, le regard de la jeune femme alla se poser sur sa nièce quelques secondes avant de se reporter en direction de son amie d’enfance avant de se rappeler que si elle était là c’était en partie parce que son frère avait mis le nom d’Hazel dans les personnes à contacter en cas de besoin. « Thom Ioannis… Ioannis, mais bien sûr !! Attends, ça veut dire que… Awkward. » Un léger rire lui échappa. Payson opina d’abord du chef pour confirmer ce que son amie n’avait pas dit jusqu’au bout avant de prendre la parole. « C’est l’un de mes frères, oui. Ce qui fait de cette petite demoiselle, ma nièce. » A nouveau son regard alla se poser sur Cameron qui jouait tranquillement à l’arrière de sa voiture, tournant par moment la tête vers les deux jeunes à l’extérieur du véhicule. « Donc mon frère t’as tapé dans l’œil ? Interesting … » Déclara-t-elle, un petit sourire aux lèvres avant de contourner sa voiture pour aller chercher sa nièce puis elle retourna auprès d’Hazel, une grimace prenant place sur son visage. « En fait j’ai besoin d’aide … J’adore les enfants, vraiment mais Austin a le don de me demander des services quand je ne peux pas vraiment tout gérer alors qu’en j’ai vu ton nom dans la liste des personnes à contacter qu’il m’a laissé, en plus de pouvoir revoir une des personnes qui m’est le plus chère, je me suis dis que je pourrais faire d’une pierre deux coups et te demander des conseils. » Une petite moue boudeuse se dessina sur le visage de Payson, une manière bien à elle de tenter de faire craquer Hazel tout en rapprocha la petite tête de Cameron contre la sienne.

Arizona faisait partie de ces personnes qui avaient disparu de la circulation sans explications et qui lui manquaient horriblement. Hazel avait beau être une personne adorable, elle restait tout de même un peu trop renfermée au point que ses amis ne se comptaient que sur les doigts d’une main. « Ca me fait plaisir aussi, mais j’avais oublié à quel point tu pouvais étrangler en serrant quelqu’un dans tes bras. ». La jeune mère de famille se contenta alors d’esquissa un petit sourire mi-désolée et mi-amusée avant de s’intéresser sur la petite Cameron qu’elle était surprise de voir en compagnie d’Arizona. Elle avait enfin fait le rapprochement entre Thom et Arizona avant de s’apercevoir que la situation était quelque peu… étrange. Craquer pour le frère de son amie d’enfance et ne s’en rendre compte que plusieurs mois plus tard c’était un comble ! « C’est l’un de mes frères, oui. Ce qui fait de cette petite demoiselle, ma nièce. ». La surprise ne semblait pas être passée et Hazel observait toujours Arizona comme si celle-ci venait tout juste de débarquer d’une autre planète. « Je n’arrive pas à croire que je n’ai pas été capable de faire le rapprochement. » marmonna-t-elle, secouant la tête de gauche à droite. Il fallait dire que, dernièrement, ses pensées étaient un peu confuses et l’empêchait de réfléchir correctement sans compter la maladie qui la fatiguait plus qu’autre chose et réduisait sa concentration. « Donc mon frère t’as tapé dans l’œil ? Interesting. ». Hazel afficha une petite moue innocente, mais se sentit rougir. Arizona la connaissait assez pour qu’Hazel juge inutile d’essayer de contester quoi que ce soit : il était vrai que Thom lui avait immédiatement plu, mais elle restait encore très attachée à Noah malgré tout. « Il faut avouer qu’il est séduisant et que j’ai eu plaisir à discuter avec lui, mais ça s’arrête là. » assura-t-elle pour s’assurer un peu de crédit. Arizona ne tarda pas à lui expliquer la vraie raison de sa présence ici. « En fait j’ai besoin d’aide … J’adore les enfants, vraiment mais Austin a le don de me demander des services quand je ne peux pas vraiment tout gérer alors qu’en j’ai vu ton nom dans la liste des personnes à contacter qu’il m’a laissé, en plus de pouvoir revoir une des personnes qui m’est le plus chère, je me suis dis que je pourrais faire d’une pierre deux coups et te demander des conseils. ». Hazel pouffa d’un rire amusé : Arizona était parfaitement capable de s’en occuper toute seule, mais d’un autre côté, elle était flattée et heureuse de la voir ici. Elle s’agenouilla face à Cameron qui était descendue de la voiture et déposa un baiser sur sa joue que la fillette lui rendit aussitôt : elles étaient devenues très proches à force de passer du temps à la garderie. « Tu as frappé à la bonne porte. Entrez donc à l’intérieur ! » lança-t-elle joyeusement en faisant volte-face pour leur ouvrir la marche. Elles prirent l’ascenseur et entrèrent dans l’appartement d’Hazel, toujours plongé dans le silence le plus complet. La jeune femme s’éloigna quelques instants pour vérifier que Lexie dormait toujours à poings fermés et revint auprès de ses visiteurs en donnant à Cameron de quoi s’occuper un moment. « Ca fait longtemps que tu es revenue à New York ? » demanda-t-elle finalement à Arizona avant de prendre place en face d’elle.

Il était toujours agréable de se rendre compte que certaines personnes de son entourage n'avait pas envie de l'étriper en la croisant la rue. Hazel faisait partie des rares personnes qu'elle connaissait depuis toute petite, une des rares personnes dont elle était réellement proche et qu'elle avait protégé de la folie qui l'avait gagné ces derniers mois. L’Australienne s'était efforcée de ne pas parler de ses problèmes à l'Océanienne considérant qu'elle-même avait déjà bien assez à faire avec ses propres soucis. Elle ne lui avait que très peu parlé des évènements qui avaient perturbé son existence, de la perte de ses jumeaux qui l'avait anéanti, de la perte de ses frères et encore moins du procès de son oncle au cours duquel elle avait eu la mauvaise surprise d'apprendre que Nikolas était la cause de la mort de son père alors qu'elle n'était qu'une enfant et que son petit frère et elle-même auraient très bien pu y passer également. Bien sûr, elle ne doutait pas du fait qu'Hazel devait être au courant de certains détails, mais la jeune femme avait fait de son mieux pour éviter de trop l'impliquer et cela expliquait sans doute la raison pour laquelle son amie la serra dans ses bras plutôt que de l'étrangler de ses propres mains.

La conversation tourna très rapidement autour de l'un de ses frères, ce qui n'aurait pas dû tant l'étonner que ça étant donné la présence de sa nièce et le fait que son amie faisait partie des personnes à contacter en cas d'urgence indiquant ainsi qu'Hazel connaissait Austin mais aussi Cameron. « Je n’arrive pas à croire que je n’ai pas été capable de faire le rapprochement. » Un léger rire s'échappa d'entre les lèvres d'Arizona sans qu'elle ne quitte l'Océanienne du regard. Elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver cette situation quelque peu hilarante ou peut-être était-ce la fatigue qui la faisait réagir de la sorte ? Enfin peu importait. « Bon pour ta défense je doute qu’on soit les seuls Grecs à porter le nom Ioannis et on est une famille si grande que c’est presque impossible de se souvenir de tout le monde. » Son sourire ne s'effaça pas de sur ses lèvres. La jeune femme était d'humeur taquine même si elle prit soin de trouver une excuse quelconque à Hazel, excuse qui tenait parfaitement debout. Les Ioannis étaient très nombreux - difficile de ne pas deviner que ses parents étaient tournés vers la famille - et pourtant ils ne devaient pas être les seuls à porter ce patronyme, après tout ne disait-on pas qu'il n'y a pas qu'un seul âne s'appelant Martin ? « Il faut avouer qu’il est séduisant et que j’ai eu plaisir à discuter avec lui, mais ça s’arrête là. » Une légère grimace déforma le visage d'Arizona.

Elle ne pouvait pas voir son frère - ou ses frères en réalité - comme étant séduisant, il s'agissait de son frère, l'une des très rares personnes à l'avoir vu dans ses pires états, une personne qui la connaissait par cœur à tel point que ça pouvait se révéler dangereux pour sa dignité. « Oui … hm … je n’irais pas jusqu’à parler comme ça de mon frère, mais si tu le dis et oui, Austin a toujours été le plus sociable de la famille il me semble, le moins à être trop obnubilé par ses études aussi. » Tous intellectuels dans la famille, Arizona faisait partie des enfants Ioannis qui avaient longtemps eu le nez plongé dans ses livres, l'une des Ioannis à s'être exclusivement concentrée sur ses études même si désormais elle était loin de la carrière médicinale qu'elle avait envisagée si longtemps. Sur ces bonnes paroles, elle alla donc chercher sa nièce qui attendait sagement dans la voiture et rejoignit à nouveau Hazel en bas de l'escalier de l'immeuble dans lequel elle vivait. « Tu as frappé à la bonne porte. Entrez donc à l’intérieur ! » Léger sourire aux lèvres, l’Australienne se pencha pour prendre Cameron dans ses bras et suivit son amie jusque dans son appartement en silence. Une fois dans le salon d'Hazel, elle reposa sa nièce au sol et alla s'asseoir sur le canapé tandis que Cameron se voyait offrir de quoi s'occuper de la part de l'Océanienne.

« Ça fait longtemps que tu es revenue à New York ? » Faisant la moue, la jeune femme secoua la tête de gauche à droite et posa son regard sur sa nièce qui, déjà, jouait en toute tranquillité en lançant parfois des regards aux deux jeunes femmes. « Pas vraiment, depuis début mars seulement. J’étais à Los Angeles avant ça mais étant donné les circonstances de mon départ et bien … disons que je tenais à me faire toute petite. » Et c'était peu dire ! Elle aurait rêvé être aussi petite qu'une sourire une fois en dehors du périmètre de Fort Hamilton, au beau milieu de la Grande Pomme pour ainsi éviter de croiser la route des personnes qui lui en voulaient - autant dire qu'elles étaient nombreuses - toutefois Arizona ne pouvait pas se permettre de ne pas faire face à ses problèmes, pas alors qu'elle savait que ça allait finir par la ronger. « Je suis revenue principalement pour une affaire qui implique une infiltration, mais je crois qu’une partie de moi voulait revenir de toute manière. J’ai … j’ai un peu dérapé ces derniers mois, je ne suis pas vraiment fière de ce que j’ai fait mais je crois qu’avec ce par quoi je suis passée, je me suis un peu perdue en chemin. » Son regard était resté poser sur sa nièce et, petit à petit, elle avait levé la tête pour dévier les yeux en direction d'Hazel. Ces derniers mois elle n'avait pas réellement eu l'occasion de dire ce qu'elle avait réellement sur le cœur car même si son cousin avait été là pour elle, Elijah ne donnait pas vraiment dans le sentimental si bien que l'Australienne avait tout gardé en elle mais s'ouvrait désormais un petit peu auprès de l'une des personnes en qui elle avait le plus confiance.