Paul avait acheté un livre sur les prénoms un peu plus tôt dans la semaine et maintenant qu’ils étaient tranquilles, Cora et lui étaient en train de le parcourir. C’était sans doute un peu tôt pour ça étant donné qu’ils ne connaissaient pas encore le sexe du bébé mais c’était inévitable, Cora s’était déjà plusieurs fois penchée sur la question seule et elle avait déjà ses préférences. Elle ne savait juste pas ce que pensait son petit-ami sur le sujet, elle estimait qu’il serait mieux d’attendre s’ils devaient chercher un prénom de fille ou de garçon histoire d’éviter les chamailleries inutiles. Mais bon, le jeune homme l’avait agréablement surprise en achetant ce livre et elle ne pouvait pas ne pas le regarder avec lui. Ils étaient donc tranquillement installés chez lui, au chaud. La jeune femme qui n’était pas une grande fan des moments de tranquillité se retrouvait à apprécier ceux-ci de plus en plus. « C'est dur. » se plaignit Paul au bout d’un moment. Cora leva les yeux au ciel de manière faussement exaspérée avant de quand même sourire. « On devrait prendre Eugene pour un garçon et Gertrude pour une fille. » Elle s’écarta ensuite légèrement pour regarder le jeune homme en face. « Je ne savais pas que tu détestais ton fils ou ta fille à ce point. » fit-elle alors en faisant la moue. Pauvre gosse quand même, il méritait mieux : un prénom parfait pour un bébé parfait. « Tu sais on n’est pas obliges de trouver maintenant, rien ne presse. On ne sait même pas si c’est un garçon ou une fille. » La brune espérait un garçon principalement parce que Paul voulait un garçon, mais au fond elle voulait juste qu’il soit en bonne santé. « Ou on peut toujours trouver un prénom mixte, ça réduit le champ de recherches. » Elle était géniale. Cela dit, ils n’eurent pas bien le temps de se pencher sur la question puisque leurs deux téléphones se mirent à sonner presque simultanément. Comme quoi, les moments de tranquillité ne pouvaient jamais durer bien longtemps. Cela ne dérangeait pas tellement la jeune femme, elle n’était pas faite pour rester au calme bien longtemps, mais apparemment le blond n’était pas de son avis. « Tu devrais peut-être rester ici ? Je suis sûre qu'il n'y a pas vraiment besoin de toi là-bas. » Cora fronça les sourcils, il avait pris l’air le plus doux possible mais elle ne pouvait pas le prendre bien. « Si on m’a appelé c’est qu’on a besoin de moi Paul. » expliqua-t-elle de façon calme et posée. « Pourquoi je devrais rester ici ? » Elle comprenait bien où il voulait en venir, elle s’était doutée que ça arriverait mais elle avait espéré que non. « Je ne suis pas en sucre tu sais. »Elle se retint de lui préciser parce que ça paraissait évident mais il était hors de question qu’elle reste ici.

Même s’ils avaient encore le temps de s’en inquiéter, Cora était contente que Paul et elle soient en train de regarder les prénoms pour bébé. C’était une très bonne façon de passer son temps libre selon elle et elle se doutait que Paul aimait ça aussi. C’était lui qui avait acheté ce livre et qui en était à l’initiative, alors. Toutes ces petites attentions ne faisaient que rassurer Cora sur le fait que tout se passerait bien. Elle en était de plus en plus convaincue chaque jour. Enfin, elle se trompait peut-être parce que son petit-ami finit par proposer deux des prénoms les plus affreux qui soient pour un enfant actuellement. Comme s’il détestait leur futur enfant, c’était cruel. « Mais je plaisantais. » Cora plissa les yeux, ce n’était absolument pas drôle selon elle. « Ne mets en doute mon amour pour notre enfant. » « Alors ne fais plus ce genre de plaisanteries douteuses. » répliqua-t-elle très sérieuse avant de se mettre à sourire au bout d’un moment. Elle était quand même contente qu’il s’implique autant. Elle ne pouvait pas réellement lui en vouloir, surtout qu’il plaisantait effectivement. Mais c’était quand même cruel pour leur bébé, il devait avoir un prénom parfait, alors Cora proposa qu’ils se remettent à chercher sérieusement, comme ils ne semblaient pas vouloir repousser. Ils n’auraient qu’à trouver un prénom mixte comme ça se serait plus facile. « Oh oui faisons ça ! C'est une bonne idée ! » La jeune femme hocha la tête satisfaite et replongea son nez dans le bouquin lorsqu’un appel du boulot vint les déranger. Cela ne dérangea pas la jeune femme outre mesure, elle n’aimait pas être au calme trop longtemps et même si elle était supposée passer la journée avec Paul, s’il n’était plus là elle ne tenait pas vraiment à rester seule. Mais c’était sans compter sans l’intéressé qui voulait qu’elle reste ici, ce à quoi elle s’opposa. « Mais tu n'es même pas censée travailler aujourd'hui donc ce ne serait pas trop grave. » La brune soupira et le toisa longuement. « Toi non plus alors tu pourrais rester aussi. » Elle suivait juste sa logique là. Mais ce n’était pas ça le problème, le problème était qu’elle était enceinte. Elle l’avait bien compris mais elle voulait qu’il le dise. « Parce que c'est plus sûr et tranquille ici. » « Tout un tas de choses peuvent se passer ici. » tenta-t-elle de faire valoir. Elle ne mentait pas en plus, vu leur travail ils étaient bien placés pour le savoir. Surtout que bon, elle n’était pas en sucre et elle savait prendre soin d’elle et faire attention. Elle ne serait pas assez stupide au point de mettre en danger le bébé. « Je sais ça, mais tu dois penser au bébé aussi. » Voilà, on y arrivait. Cora soupira. « Mais Paul, ce n’est qu’une scène de crime ! Il n’arrivera rien au bébé là-bas. » Et s’il s’avérait que la situation prenait une tournure délicate, elle se retirerait, tout simplement. Elle saurait se poser des limites. Cela dit, tout ceci n’était qu’un début pour elle, alors elle tenait à clarifier d’autres choses : « Tu ne vas quand même pas me demander de rester enfermée ici jusqu’à la naissance du bébé hein ?  » Parce que si elle prenait la chose plutôt bien jusqu’ici, s’il lui demandait une chose pareille elle n’était pas sûre de réussir à garder son calme. Elle allait même virer folle s’il la forçait à ça. « Parce que je te le dis tout de suite, c’est hors de question que je m’arrête de travailler. » Malheureusement pour lui elle était très têtue.

Alors qu’ils étaient tranquilles et en train de faire quelque chose de très important, les téléphones de Paul et Cora sonnèrent presque en même temps. Leurs supérieurs avaient apparemment besoin d’eux sur la même scène de crime. Cora n’était pas franchement dégoutée de devoir s’activer un peu. Ce n’était pas comme si le problème du prénom était un problème urgent et elle n’aimait pas rester calme trop longtemps de toute façon alors elle ne voyait aucun inconvénient à aller travailler maintenant. En revanche, ce n’était pas le cas de son petit-ami qui voulait qu’elle reste ici. Selon lui elle n’était pas censée travailler aujourd’hui alors son absence ne serait pas si grave que ça. Donc apparemment, elle devait rester seule ici malheureuse comme les pierres alors que lui pourrait faire ce qu’il aimait. Il allait sans dire que cela ne plaisait pas du tout à la jeune femme. Si elle devait rester ici elle ne voulait pas rester seule. Surtout que Paul non plus n’était pas censé travailler aujourd’hui. « Très bien, je n'y vais pas non plus alors. » Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il cède comme ça, mais il devait vraiment vouloir qu’elle ne bouge pas d’ici pour accepter ça. Déçue, Cora pinça les lèvres et afficha une moue boudeuse. « Non. On y va tous les deux. » Elle n’allait pas céder, elle. C’était hors de question. Elle tenta alors d’avancer un nouvel argument : elle n’était en effet pas forcément plus en sécurité ici. En extrapolant bien, on n’était jamais en sécurité nulle part. Donc l’argument du blond ne tenait pas. « On aura qu'à barricader l'appartement alors, on sera à peu près sûr d'être tranquille. » Cora leva les yeux au ciel. Il était décidément très doué pour la contrarier aujourd’hui. « Et si l’appartement prend feu ? On sera coincé dedans et là tu peux être sûr qu’il n’y aura plus de bébé. Plus de toi ou de moi non plus. » Ce n’était qu’une hypothèse mais il ne pouvait pas être sûr non plus de ce qu’il avançait en disant qu’il arriverait quelque chose au bébé sur la scène de crime. Cora, elle, était convaincue qu’elle ne craignait rien. « C'est une scène de crime justement oui. D'où tu trouves ça sûr ? » « Je ne sais pas, parce qu’on sera entourés de dizaines de policiers ? Puis je connais peu de meurtriers qui restent sur la scène de crime longtemps après l’avoir commis. Surtout quand les flics sont là. » il s’inquiétait pour rien selon elle. Il ne semblait pas croire qu’elle était capable de s’occuper d’elle, ou pire, de croire qu’elle n’en avait rien à faire de leur bébé et qu’elle était prête à le mettre en danger. Puis s’il commençait comme ça, et elle avait peur que cela empire d’ici l’accouchement. Elle ne supporterait pas de rester enfermée ici. « Je ne veux pas t'enfermer, je veux juste que tu lèves un peu le pied et que tu fasses un peu plus attention à toi. » « C’est pourtant ce que tu essayes de faire là. » Et il devait comprendre que cela ne lui plaisait pas du tout et qu’elle ne voulait pas s’arrêter de travailler, parce qu’il finirait inévitablement par lui demander ça. « Il va bien falloir que tu arrêtes à un moment pourtant. » Elle savait ça, elle allait forcément s’arrêter. Mais le plus tard possible. « C’est trop tôt pour ça. Je vais vraiment péter un plomb si je ne peux pas travailler pendant les six prochains mois. Tu ne veux pas ça. » S’il la trouvait déjà chiante là, il n’allait pas être déçu s’il insistait. « Mais bien sûr que je vais m’arrêter, je sais que c’est nécessaire pour le bébé. On dirait que tu penses que je n’en ai rien à faire de lui. »

Cora pensait avoir trouvé un moyen pour que Paul rende les armes mais son « plan » s’était retourné contre elle : il était prêt à rester à l’appartement lui aussi alors qu’il aimait son boulot plus que tout et qu’elle aurait juré qu’il ne puisse pas le sacrifier plus facilement. Bien sûr, comme cela ne lui convenait pas, elle se mit rapidement à bouder. « Je ne sais pas comment je dois prendre le fait que tu préfères aller bosser plutôt que de passer un moment tranquille avec moi. » « Tu ne dois pas le prendre mal » répliqua Cora en levant les yeux au ciel. Voilà qu’il faisait le vexé maintenant, est-ce qu’il s’attendait à ce qu’elle culpabilise ? Parce que ce n’était pas près d’arriver, elle n’allait pas se faire avoir comme ça et honnêtement vu la scène qu’il lui faisait là elle n’avait pas envie de faire d’effort. « Tu sais très bien que j’aime passer du temps avec toi. Plus que tout. Mais j’aime aussi mon travail et je ne suis pas prête à m’arrêter maintenant. » Cora chercha ensuite des arguments pour prouver au jeune homme qu’il avait tort de vouloir qu’elle reste seule ici. Elle n’était pas plus en sécurité qu’ailleurs, au fond, on n’était jamais en sécurité nulle part. Donc quitte à ne pas l’être autant ne pas l’être en étant utile. « On ne sait jamais ce qui peut arriver. C'est peut-être un meurtrier particulièrement dérangé. » Apparemment c’était impensable pour Paul. Elle le comprenait et elle savait qu’elle faisait un métier à haut risques mais elle était assez grande pour faire attention toute seule. « Je ferai très attention. Je ne vais pas rester en plein milieu d’une fusillade ou me lancer dans une course poursuite non plus. Je veux juste me rendre utile. » Elle n’avait pas choisi ce métier pour ne rien faire et se tourner les pouces. Elle détester se sentir inutile comme ça allait arriver très vite, parce que le principal problème au fond ce n’était pas qu’elle aille travailler aujourd’hui, c’était qu’elle aille travailler tout court. C’était donc ça, il voulait l’enfermer en fait. Impensable. « Non. Je sais que tu ne te laisserais pas faire et que ce serait peine perdue. » Au moins il la connaissait bien. « Effectivement. Je suis très têtue et tu le sais. » Donc même s’il ne lui demandait pas de s’arrêter tout de suite, elle allait être très difficile à convaincre et elle pourrait vite devenir insupportable. Et elle ne voulait pas en arriver là, et lui ne voulait pas assister à ça. « Si c'est le mieux pour toi et pour le bébé, si je le veux. » « Mais moi je ne le veux pas » répliqua-t-elle en faisant la moue. « Je ne veux pas que tu en viennes à me détester totalement, mais je ne veux pas non plus ne rien faire de mes journées, et être inutile. » Elle allait vraiment être malheureuse sinon. Mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle n’aimait pas son bébé. Elle allait bien sûr s’arrêter, elle ne serait plus capable de grand-chose, déjà qu’elle n’allait plus voir ses pieds…Elle attendrait juste le tout dernier moment pour ça. « Bien sûr que non, je n'ai jamais voulu dire ça ! Je sais que tu te soucies de lui aussi ! » « Je ne sais pas, on n’aurait pas dit comme ça » répondit-elle en soutenant son regard. Elle avait adoucit un peu son ton, elle n’aimait pas qu’ils commencent à crier comme ça… Elle ne voulait pas se disputer avec lui. « Mais je ne ferai jamais rien qui puisse le mettre en danger. Jamais et tu dois me faire confiance là-dessus. » Elle ne le supporterait pas s’il arrivait quelque chose à son bébé. « Soit, allons-y. » Son ton montrait qu’il ne cédait pas de bonne grâce. Le reste de la journée allait être sympathique tiens. Mais Cora avait gagné pour le moment alors elle ne se fit pas prier pour le suivre en dehors de l’appartement. Le silence régna un long moment, longtemps après qu’ils se soient mis en route. Naturellement, la jeune femme finit par ne plus le supporter. « Tu m’en veux ? » demanda la brune, brisant le silence pour la première fois. « A quel point ? » Elle voulait savoir maintenant, elle allait devoir se rattraper.

Paul et Cora ne réussirent pas à se mettre d’accord. Ils étaient aussi têtus l’un que l’autre et c’était mission impossible. La jeune femme n’aimait pas le fait qu’il n’essaye pas de se mettre à sa place. S’il avait essayé au moins un peu, il aurait compris ce qui la dérangeait tant et pourquoi elle ne voulait pas lâcher l’affaire. Du coup elle ne s’en voulait même pas de l’avoir vexé, parce qu’elle ne l’avait pas fait intentionnellement et que de toute façon il comprenait tout de travers. Finalement, le jeune homme rendit les armes et accepta de l’emmener sur la scène de crime, même si elle n’avait en aucun cas besoin de son autorisation pour ça. Le début du trajet en voiture fut silencieux et l’ambiance était vraiment pesante. Cora tenta de faire comme si tout allait bien mais elle en vint bien vite à ne plus le supporter du tout. Elle sentait que Paul était vraiment en colère et elle n’aimait pas ça. Elle voulut savoir s’il lui en voulait. « A ton avis ? » Oui, bon, elle avait déjà la réponse à ça avant de poster la question en fait. Elle avait eu l’espoir de se faire des idées. Elle reprit alors en lui demandant à quel point il lui en voulait. Histoire de voir comment elle pourrait se rattraper. Plus tard. « Pas mal. » La brune pinça les lèvres. Elle n’avait quand même pas été si horrible que ça hein ? Enfin, elle essayait de se remémorer la scène et elle ne voyait pas en quoi elle avait plus de torts que lui. Elle savait qu’elle en avait bien sûr, mais il en avait au moins autant qu’elle et il ne semblait pas le voir. Il ne semblait disposé à ne faire aucun effort en fait. « Mais tu ne devrais pas te soucier de ça et juste savourer le bonheur que tu éprouves à l'idée d'aller travailler. » « Le fait que tu sois en colère contre moi n’est pas exactement ma définition du bonheur. » Elle n’avait pas voulu ça, elle avait juste voulu essayer de se défendre un peu. Elle n’était pas du genre à se laisser faire et well, Paul l’avait vraiment poussée à se défendre. C’était comme lui quand il avait été blessé et qu’il n’avait pas pu reprendre le boulot tout de suite parce qu’il était trop « fragile ». Surtout qu’être enceinte n’était en rien une blessure ou une maladie, et encore moins un signe de faiblesse. « Si tu t’attends à ce que je m’excuse je ne vais pas le faire. Ou du moins pas tant que tu ne reconnaitras pas le fait que tu as aussi tes torts. » Cora soupira ensuite et se tourna légèrement vers la fenêtre. Ce qu’elle venait de dire n’allait certainement pas jouer en sa faveur mais elle préférait être claire avec lui.

Paul avait cédé mais il était évident qu’il ne l’avait pas fait de gaieté de cœur. Il s’appliquait même tout particulièrement à le faire comprendre à Cora en l’ignorant comme il se doit. Il boudait ni plus ni moins en fait, il était pire qu’en enfant et la jeune femme aurait aimé pouvoir faire pareil. Sauf qu’elle ne supportait pas le silence qu’il y avait là, et encore moins la tension qu’il y avait entre eux. La dernière chose qu’elle voulait était de se disputer avec lui et c’était bien pour ça qu’elle ne pouvait pas se réjouir du fait qu’elle avait gagné. Elle n’était pas certaine d’avoir gagné tant que ça, si c’était pour que Paul refuse de lui parler elle préférait encore rester enfermée à l’appartement. C’était bien là son problème en fait, elle aurait été capable de faire ce sacrifice pour lui sans pour autant être désagréable avec lui comme il l’était avec elle. Enfin c’était ce qu’elle se disait pour se rassurer… Parce qu’en vrai elle ne savait pas si elle aurait été capable de faire comme si de rien n’était. « Navré pour toi alors. » La jeune femme ne répondit rien. Elle ne pouvait pas se résoudre à garder le silence même si elle se sentait agressée à chaque réponse de son petit-ami. Elle devait aimer ça il fallait croire parce qu’elle ne tarda pas à reprendre la parole. Ce qu’elle dit alors n’était peut-être pas la chose la plus intelligente à dire dans une telle situation mais elle ne voulait pas lui mentir. « Parce que tu as reconnu que tu avais des torts toi peut-être ? Il ne me semble pas l'avoir entendu. Donc, je ne vois pas pourquoi je le ferais plus que toi. » Cora soupira alors longuement. « Je ne nie pas avoir des torts. J’en ai beaucoup même, je le reconnais. Mais tu en as au moins autant que moi et tu ne sembles même pas en être conscient…Tout comme tu n’essayes même pas de te mettre à ma place. » Mais il lui semblait que c’était vain de lui demander ça. Il faisait déjà un énorme sacrifice pour elle là, elle serait tellement affreuse de lui demander autre chose en plus. « Alors ne t'excuses pas, ça m'est égal mais je ne le ferais pas non plus si c'est ce que tu veux. » « Non je m’en fiche, ne le fais pas » répondit-elle vexée, alors qu’elle regardait par la fenêtre. Objectivement, elle ne pouvait pas lui demander de s’excuser alors qu’elle avait dit qu’elle ne le ferait pas. Et elle était déterminée à ne pas le faire… Sauf si la situation durait. Elle mettrait sa fierté de côté parce qu’elle préférait encore ça que d’être en froid avec Paul. Une boule s’était formée dans sa gorge. Elle ne savait pas si c’était à cause de la colère, de la frustration, de la vexation, ou bien de la tristesse qu’elle ressentait à l’idée d’avoir pu blesser Paul au point qu’il lui en veuille comme ça, mais elle avait envie de pleurer maintenant. Ou elle pouvait aussi mettre ça sur le compte des hormones, ça lui allait bien. Quoi qu’il en soit, elle commença donc à pleurer discrètement, elle ne voulait pas que le jeune homme le remarque parce que vu comme il était aujourd’hui il était bien capable de l’accuser de manipulation ou qu’en savait-elle encore.

Après avoir reconnu qu’elle ne s’excuserait pas, Cora accepta tout de même d’assumer ses torts. Elle savait qu’elle en avait pas mal dans cette histoire. Elle aurait un peu abusé si elle avait affirmé le contraire, son but n’était pas d’avoir raison à tout prix face à Paul. Il voulait juste essayer de calmer le jeu un peu même si elle s’y prenait maladroitement. Elle n’avait jamais connu tout ça aussi… C’était la première fois qu’une de ses relations était aussi sérieuse et elle ne savait pas forcément comment s’y prendre. Ses anciens petits-amis n’avaient pas été assez importants pour qu’elle prenne à cœur à ce point une de ses disputes passées. Mako étant un cas à part vu que les disputes avaient rythmé leur relation, disputes qui étaient toutes sans exception sans importance. Soit. Là, elle voulait juste que Paul essaye de se mettre à sa place. « Tu n'essaies pas non plus de te mettre à ma place Cora. Alors comme ça on est deux. » Evidemment, il ne trouva rien de mieux à faire que de lui renvoyer la balle. Il ne savait faire que ça depuis tout à l’heure, à croire qu’il n’avait rien pour se défendre. Cela fit soupirer la jeune femme, une fois de plus. « Très bien, ne fais pas d’effort si tu n’en as pas envie. » Elle n’allait pas le forcer non plus… Il ne voulait pas s’excuser non plus, au point où elle en était, elle se fichait bien de ça aussi. A présent, elle n’avait plus envie de parler. Le silence lui allait bien. De toute façon elle ne savait pas quoi lui dire, elle avait peur de réellement se mettre en colère… Et elle n’en avait pas envie. A la place, elle se mit à pleurer. Sans savoir vraiment pourquoi. Elle se sentit stupide de réagir comme ça, c’était presque aussi puéril que l’attitude de Paul. Mais peu importe à quel point elle n’en avait pas envie, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Evidemment, Paul finit par le remarquer. Elle n’avait pas voulu qui le voit, elle n’était pas sûre que cela joue vraiment en sa faveur. « Ne pleures pas Cora, je suis désolé, je ne voulais pas... » Cora s’essuya les yeux avec sa manche et se tourna vers lui. « Tu ne voulais pas quoi ? » Peu importe ce qu’il n’avait pas voulu, il n’avait clairement pas voulu. Dommage pour lui. « C'est bon, je vais arrêter de faire la gueule. » « Oh, ne te donne pas cette peine. Tu as l’air de tellement aimer faire la gueule, je ne voudrais pas que tu te prives pour moi. » Elle s’en fichait vraiment maintenant. Pleurer lui faisait du bien au fond, puis s’il pouvait se sentir coupable un peu ce n’était pas plus mal. « Moi non plus je ne voulais pas qu’on en arrive là. Mais comme rien de ce que je dis ou fais depuis tout à l’heure ne trouve grâce à tes yeux, je ne vois pas bien ce que je peux faire d’autre » ajouta-t-elle tout de même. Elle ne voulait pourtant pas se mettre en colère contre lui, elle ne l’était pas réellement… Elle était juste en colère contre la situation.

« Bien, parce qu'effectivement je n'en ai aucune envie. » Ouais s’il ne lui avait pas dit ça elle ne l’aurait pas remarqué. Il était tellement subtil… En même temps ce n’était sans doute pas le but. Il avait cédé mais il ne l’avait pas fait de bon cœur et il tenait vraiment à ce que Cora le sache. Il ne pouvait pas être plus clair et elle prenait bien note du fait qu’il agissait comme un enfant quand il n’était pas content. Ça aurait dû être son truc à elle pourtant. Soit. Le dialogue était clairement rompu à présent, aucun des deux ne lâcherait le morceau et n’accepterait de faire le moindre effort. Ils étaient dans une impasse et il était sans doute plus raisonnable d’arrêter les frais, là. Donc Cora se mit à l’ignorer à son tour et lui tourna autant le dos que possible. En plus de ça, elle se mit à pleurer. Elle détestait cette situation, elle ne supportait pas de se disputer avec lui comme ça… Ce n’était pas grand-chose mais elle ne voulait pas prendre le risque qu’il la déteste. Ça avait pris tellement de proportions en si peu de temps ! Bien sûr, Paul remarqua bien vite qu’elle était en train de pleurer alors que c’était la dernière chose que la brune voulait. Il s’excusa donc, en disant qu’il ne voulait pas. Sauf qu’il ne précisa pas ce qu’il n’avait pas voulu et Cora avait besoin d’explications, parce que c’était facile de s’excuser sans savoir pourquoi. « Je ne voulais pas de cette situation. » Elle non plus, ça tombait bien. « Pourtant c’est arrivé. » Elle était aussi fautive que lui pour le coup mais ils avaient déjà établi ça. Il lui fit ensuite savoir qu’il allait arrêter de faire la gueule mais cela ne suffit pas à calmer Cora. « Tu es injuste là Cora. » Elle pinça les lèvres. Elle l’était effectivement, et elle ne savait même pas pourquoi. Elle n’était pourtant pas en colère contre lui, elle voulait que les choses s’arrangent mais elle n’avait bien pas pu s’empêcher de pleurer alors qu’elle était capable de se maitriser bien plus que ça en temps normal. La jeune femme ne répondit rien. Elle l’avait trouvé injuste avec elle aussi mais elle n’était pas certaine que lui faire remarquer ça soit la meilleure solution. Elle n’avait pas envie de démarrer une nouvelle dispute. Elle préféra se taire, comme de toute façon tout ce qu’elle disait était mal pris. « Je suis désolé ok. Je ne vois vraiment pas ce que je peux dire de plus maintenant. » « Je suis désolée aussi. Je n’ai jamais voulu non plus que les choses en arrivent là et te mettre en colère était la dernière chose que je voulais. » Elle soupira. Les choses allaient continuer comme ça en plus, elle n’allait vraiment pas être facile à vivre, elle le savait mais elle ne pensait pas que ce serait à ce point-là. Heureusement qu’elle s’était excusée à l’avance. « Je vais vraiment faire des efforts mais j’ai l’impression de ne pas tout contrôler. » Elle pinça les lèvres. Elle détestait ça.