Mon cours de piano, le cours le plus pris dans l’année, celui où j’avais le plus de monde. Et maintenant voilà que j’avais donc une salle contenant des pianos avec chacun de mes étudiants. Je n’étais pas encore dans la salle, depuis que j’avais été à la plage, j’avais attrapé un rhume mais pour le moment, j’avais donc crié au monde mon désespoir finalisé par deux chansons complètes qui seraient sur le prochain album. Je soupirais donc derrière la porte de ma salle de cours, et je me disais qu’il faudrait que je laisse mes soucis à la porte afin de pouvoir donner cours convenablement. J’ouvrais donc la porte et je disais : «  Bonjour à toutes et tous. »  Je posais donc mes affaires sur mon bureau, et je déposais aussi ma veste. Je réalisais qu’il fallait donc que je me concentre. Que je fasse ma japonaise et que je garde mes apparences bien que pour le moment, j’avais un gouffre à la place du cœur. Je me tournais vers mes élèves et je demandais : « Sortez vos partitions s’il vous plait. Dites-moi les passages où vous avez du mal. » M’approchant d’un de mes élèves, je n’avais pas de piano et donc, je devais jouer les mesures sur les pianos de mes élèves. Je regardais mon élève et je me demandais bien ce qu’il avait en tête. Il jouait dans un groupe comme il savait que j’avais fait mes albums. J’avais peu d’élèves qui composaient déjà et qui avaient déjà fait des albums, concerts ou autres. J’étais encore debout, mais je ne voulais pas ne pas voir mes élèves. Je patientais donc le temps qu’il se décide et je demandais à mon élève Nam-Sun : «Et vous, vous avez des soucis avec la partition ? » Il fallait bien que je trouve de quoi faire pour ne pas sombrer encore plus dans mes soucis. Donc tout en patientant le temps qu’il me réponde. Je me demandais bien si j’aurais des mains levées pour me parler.  

« Oui c’est à vous que je parle. Nam-Sun est votre prénom, je le sais, mais je préférais vous dire le « Vous. » Cela vous gêne ? » On avait bien une change que je sois asiatique aussi, il avait oublié que je ne l’appellerais pas par son prénom tout simplement parce qu’il était mon élève. Je faisais la même chose avec mes autres élèves, et il n’y avait aucun problème. Je lui disais tout simplement : « Vous est un mot que l’on prend lorsque l’on parle à ses élèves. Par respect vous comprenez, donc, normalement tous mes élèves ont le vous, parce qu’ils me vouvoient. » On n’avait pas élevé les cochons ensembles que je sache ! On avait tout vu ! Je l’observais sachant que la suite serait bien plus stressante pour lui. Il fallait qu’il arrête d’être énervé comme ça. Je regardais tout le monde et je disais : « Les autres professeurs vous vouvoient si je commence à vous tutoyer cela ne va pas me plaire non. Nous n’avons pas élevé les cochons ensemble, n’est-ce pas ? Le respect passe aussi par le Vous. » Tout en baissant la tête, je regardais mon élève doué et je savais que cela passerait bien maintenant qu’il avait une explication tout du moins je le souhaitais. On aurait dit que je venais d’une autre planète, mais j’avais été éduqué comme ça, je respectais les gens avec les règles qui certes disparaissaient fortement mais qui existait toujours. Je lui disais alors : « Bien, c’est au niveau des doigts que vous avez du mal ? La façon dont vous devez interpréter le morceau ? La tonalité vous gêne ? Expliquez-moi ce le problème avec le piano s’il vous plait ? » Tout en essayant d’être calme, je souriais doucement sachant que les élèves n’avaient pas réellement posé la question pour le « Vous ». Comme si finalement, j’avais réellement une tête d’alien.
 

Je voyais donc mon élève me dire qu’il avait mal aux mains lorsqu’il jouait du piano. Je lui disais : « Pour cela, il suffit s’échauffer les mains avant, vous les rejoignez comme ça, et vous tournez vos poignets, puis, après quelques tours, vous arrêtez. Je me doute que cela est difficile, il faut essayer de faire comme si on marchait sur des œufs. Il faut que vous essayiez d’appuyer sur les touches avec douceur. Comme si vous étiez avec une belle femme. Vous essayez de l’apprivoiser avec tendresse. Les émotions viennent après par la suite. » Tout en appuyant sur deux touches pour lui montrer, je désirais juste qu’il se décontracte un peu plus. Je ne savais pas si je pouvais l’aider ou pas, mais je plaçais ma main devant moi et je tentais de faire quelques notes pour lui montrer. Pour ma part, je jouais depuis mon enfance, et j’avais eu le froid pour jouer du koto avec les glaçons et je tendais les cordes après pour les gratter ensuite. Le piano ne fut pas trop difficile pour moi vu que je faisais mes exercices de souplesses presque tous les jours. J’arrêtais les notes, et j’avais vu que les élèves s’étaient levés pour venir voir ce que j’avais fait. Je reprenais une fois qu’il fut tous là, et je disais tout en jouant : « Le plus dur et de ne pas forcer sur les doigts, si vous êtes crispé, vous allez avoir mal et vous aurez des difficultés à faire la mélodie. Si vous être aussi stressé cela va être la même chose. » M’arrêtant alors doucement, je ne voulais pas non plus les brusquer mais il fallait qu’ils sachent que tout venait en douceur. Je leurs disais tout simplement : « Je suis certaine que vous allez tous y arriver. » Je ne notais pas trop sévèrement lors de la première année, je me trouvais plus souple, et je les défendais devant mes collègues pour qu’ils puissent leurs laisser une chance.