Elle était très petite quand son père reçut son poste d’ambassadeur et leurs familles durent déménager aux États-Unis, mais elle pouvait encore s’en souvenir. C’était en plein hiver. Ils avaient quitté la maison familiale, où elle était née, ils étaient partis sous un soleil d’une trentaine de degrés, c’était posé au Maroc où il faisait déjà 10 degrés de moins. Puis sa mère et elle s’étaient rendues à New York, alors que son père quittait pour Washington et le choc avait été brutal. C’était l’hiver, le vrai hiver. Elle ne se souvenait pas de la première fois où elle avait vu de la neige non. Elle se souvenait surtout qu’elle s’était mise à pleurer en sortant de l’aéroport et n’avait pas arrêté de hurler avant d’arriver à leurs nouvelles maisons. Elle se souvenait du vent qui lui transperçait la peau et ses cils qui collaient entre chaque nouveau sanglot. Elle avait détesté l’hiver dès les premiers moments et plusieurs années plus tard, ça n’avait absolument pas changé. Kima adorait, la preuve, elle était partie patiner avec la famille d’une de ses copines et passait son temps à vouloir la trainer dehors pour jouer dans la neige. Mais ce n’était tout simplement pas pour elle. En fait, elle avait comme code d’honneur de ne jamais sortir sans très bonne  raison entre décembre et mars. Elle avait bien fait un effort aujourd’hui, parce qu’elle avait besoin de parler à quelqu’un donc le centre d’intérêt ne tournait pas autour de petit poney et elle le regrettait déjà. Ses bras serrer contre elle, son foulard remonter jusque sur le haut de son nez, elle avançait péniblement jusqu’au petit café – beaucoup trop loin de sa maison à son gout – où elle avait promis de rejointe Teresa, pour boire un verre. Elle pouvait apercevoir l’enseigne du café, et se sentie presque soulager, quand quelque chose de mouillé lui tomba durement sur la tête. Surprise, la jeune femme perdit le pied et glissa sur une plaque de glace noire, sans arriver à ne se raccrocher nulle part. Naki se retrouva étale complètement sur le dos au beau milieu du trottoir et prononça très très vite, tout les jurons qu’elle connaissait (et en inventa même quelques de sa propre crue.). Les rires qu’elle entendit par la suite lui firent comprendre que les jeunes qui venaient de lui lancer la boule de neige ne devaient pas être très loin. La Camerounaise se releva difficilement et se mit à chercher autour d’elle. Quand elle leva la tête, une autre balle lui tomba sur le visage. Les deux attardés se trouvaient sur le balcon juste au dessus de sa tête. Ils disparues dès qu’elle posa son regard sur leurs sales têtes. Imbéciles de gamins. Elle grommelait – et boitait – encore un peu quand elle arriva enfin au café et se laissa tomber devant Teresa, enlevant son foulard furieusement. « I can’t wait for global warming. » Les partisans écolos avaient beau dénoncer la perte d’éco systèmes, si ça l’empêchait de revoir de la neige une fois pour tout, elle ne pouvait pas être contre. « Also, boarding school need to become a thing again. » Surtout pour les parents incompétents qui ne savaient pas élever des enfants décents.

Naki était facilement agacée, mais vraiment cette journée ne pouvait pas être passée trop tôt. L’hiver même. Quand elle pensait aux gens qui préféraient cette saison, elle en avait la chair de poule. Elle entra dans le petit café avec l’impression qu’un nuage noir la suivait au dessus de sa tête, comme dans les dessins animés de sa fille. « A qui le dis-tu… » Elle se laissa tomber en soupirant, au moins Teresa n’était pas une tarée qui préférait aller skier que se faire bronzer. « Enfin sans vouloir te faire peur, ce n’est pas prêt d’arriver. » La jeune femme claqua la langue. « Not if I have my say in this. » Elle allait se lever la nuit pour démarrer toutes les voitures de New York s’il le fallait. « Tu me racontes ce qui t’est arrivé ou je le deviner ? J’ai bien ma petite idée, mais je suis sûre que je suis encore loin de la vérité. » Elle hocha la tête et se passa les mains au visage. Elle ne savait même plus en fait. Est-ce qu’elle était de mauvaise humeur pour une raison? « I don’t know. Some kids, with a face similar to a baboon ass, throw me a snowball and I felt on my back. Now it hurts like hell. » Elle espérait ne pas s’être fait trop mal quand même, c’était bientôt le récital de la saison. « Qui dois-je aller tuer alors ? » Elle soupira avant de rigoler. « I don’t know. Stupid kid, or all the parents who doesn’t belive in ‘if your child is Satan, burn him’ kind of theories. » Elle avait eu de la chance elle, sa fille était parfaite et personne qui désirait s’en sortir en vie n’oserait la contredire sur ce sujet. Mais bon, ce n’était pas la fin du monde. Elle posa ses coudes sur la table et regarda son amie avec un grand sourire. « How was your day, how are you? » Elle se sentit bête tout d’un coup d’avoir pensé à sa petite chute comme un obstacle à sa performance juste en face de Teresa. Elle détourna la tête, comme si la brune pouvait l’entendre penser. « You know, if I was working for Beyonce, » Son rêve! « I would probably be tanning somewhere right now. And my daughter will chill out in a corner with Blue Ivy. I mean… » Elle soupira et leva les bras dans un geste faussement exaspérer. « Why am I here again? »

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« Not if I have my say in this. » Teresa ne put s’empêcher de rire. Elle était curieuse de savoir comment Naki comptait faire avancer le réchauffement climatique, parce que c’était à peu près ce qu’elle était en train d’insinuer. Sauf si elle avait des supers pouvoirs et savait changer le climat comme ça, en un claquement de doigts. « Ah oui et tu comptes faire comment ? » Elle pourrait peut-être l’aider si jamais son projet était réaliste. Mais seulement si ce n’était pas trop fatiguant. En revanche, elle était d’accord pour tuer la personne qui était responsable de la mauvaise humeur de son amie. C’était la moindre des choses selon elle, à quoi servaient les amis sinon ? « I don’t know. Some kids, with a face similar to a baboon ass, throw me a snowball and I felt on my back. Now it hurts like hell. » La brésilienne fit la grimace avant de gratifier son amie d’un air compatissant. Dieu l’en garde, ceci ne lui était encore pas arrivé. L’hiver n’était pas fini et elle allait rester prudente mais elle n’avait pas besoin de ça, elle revenait tout juste de blessure. « I don’t know. Stupid kid, or all the parents who doesn’t belive in ‘if your child is Satan, burn him’ kind of theories. » « Très bien, ce sera fait. Je pourrais les brûler, c’est une bonne idée. » Elle n’était pas si horrible en vrai. Elle aimait beaucoup les enfants, elle donnait des cours à des petits, de danse, et si certains étaient difficiles, la plupart étaient adorables et ça rattrapait bien le reste. « How was your day, how are you? » Comme introduction, Teresa choisit un long soupir. « Je sors de l’entrainement là, c’était dur mais mon genou va mieux. Sinon, je vais bien j’imagine. » Toute cette histoire avec Erik la tracassait un peu mais ça n’entachait pas réellement sur son humeur. Elle supposait. « You know, if I was working for Beyonce, I would probably be tanning somewhere right now. And my daughter will chill out in a corner with Blue Ivy. I mean… » Une fois encore, Teresa ne put s’empêcher de rire. Elle n’avait aucun mal à imaginer Naki travailler pour Beyonce. Et elle s’y voyait bien aussi pour le coup. « Why am I here again? » « Tu sais, elle perd beaucoup à ne pas travailler avec nous. »

Elle était née sous le soleil, dans un climat tropical. Elle n’avait aucun souvenir du Cameroon, mais elle savait que c’était sa place, en lieu d’ici, en lieu de l’hiver. Elle ne comprenait juste pas pourquoi c’était une chose qui existait. « Ah oui et tu comptes faire comment ? » La jeune femme soupira et regarda dehors un moment. « I’ll go around at night and start every cars in town. » Voilà qui ne devrait pas être bien difficile. « I’ll cut down Central Park! » On lui avait déjà dit, au lycée sans doute, que si New York n’avait pas son parc, il serait encore plus pollué que Honk Kong. Ensuite, elle aurait qu’à se débarrasser des parents insignifiants et de leurs enfants stupides. « Très bien, ce sera fait. Je pourrais les brûler, c’est une bonne idée. » Naki rigola avant d’approuver qu’elle s’amuse tient.  Soit. Elle arrêta de se plaindre, surtout pour quelque chose d’aussi insignifiant et demanda des nouvelles de Teresa. La pauvre se remettait d’une blessure et dans la carrière, ce n’était jamais facile. « Je sors de l’entrainement là, c’était dur, mais mon genou va mieux. Sinon, je vais bien j’imagine. » On vient lui porter son latté habituelle et Naki rajouta une demi-douzaine de sucres au breuvage. « You imagine? What is that suppose to mean? » Elle l’étudia du regard pendant un instant avant que son attention retombe sur la neige dehors. Gross. Gross. Gross. GROSS. Et dire que si elle était Beyonce, elle pourrait éviter tout ça. « Tu sais, elle perd beaucoup à ne pas travailler avec nous. » « I think so too. » Et ce n’était pas faute de ne pas avoir essayé, mais ce genre d’audition était select et tellement dur à dénicher que ça ne valait presque pas la peine d’y penser. Et une fois là bas… Well, elle n’avait jamais auditionner pour elle avant, mais ça ne devait pas être facille. Surtout si elle était dans la pièce, il faudrait qu’elle apprendre à danser dans les pommes ou quelques chose du genre. « You’re working on something interesting right now? » Teresa avait beaucoup plus de chance qu’elle, enfin, plus de dédication aussi. Naki n’était pas aussi presser, elle avait l’école et préférais d’avantage passer du temps avec Kima que courrir les auditions à gauche et à droite.

Voilà que Naki voulait accélérer le réchauffement de la planète. Ou de New York, en tout cas. Teresa n’y voyait pas beaucoup d’inconvénients. Aucun à vrai dire. Elle avait juste du mal à imaginer comment elle allait pouvoir faire ça parce que l’hiver était quand même bien ancré pour le moment et ils en auraient pour un certain temps en toute vraisemblance. « I’ll go around at night and start every cars in town. » Teresa ne put s’empêcher de rire. Son amie était tellement ambitieuse… Surtout seule ! Mais bon, l’espoir faisait vivre apparemment alors elle pouvait toujours essayer. « I’ll cut down Central Park! » « Rien que ça. Comment tu comptes t’y prendre ? Seule ? » A son avis, si elle ne demandait l’aide de personne, elle aurait le temps de voir l’été arriver avant de réussir. Donc cela valait-il vraiment la peine ? « Je peux t’aider si tu veux. » Entre deux entrainements, elle pouvait bien faire ça pour elle. En attendant de savoir ça, Teresa en vint à parler comment elle allait. Mieux que Naki, elle imaginait. Elle ne s’était pas faite attaquée par de la neige et des gamins stupides elle. Puis elle avait pu reprendre l’entrainement et c’était tout ce dont elle avait besoin pour se sentir bien. « You imagine? What is that supposed to mean? » La jeune femme soupira. Elle prit le temps de boire une gorgée de café avant de répondre. Bien sûr tout cela avait à voir avec Erik. Elle avait appris il y a peu qu’il était de retour à New York et qu’en plus, il était Prince. Et ça remettait tout en question sur leur relation, elle ne savait pas si elle devait le détester ou si elle devait être contente de ne pas être responsable de son départ, ce qu’elle avait longtemps cru. « Des histoires de… cœur, si on peut dire. Rien de très intéressant. » finit-elle par dire en haussant les épaules. Elle préférait de loin parler d’autre chose qu’elle maitrisait plus. Comme Beyonce qui perdait beaucoup à ne pas travailler avec elles deux. « I think so too. » « On sera mieux qu’elles un jour, j’en suis persuadée. » Bien sûr, l’avoir serait un coup de pouce pour leurs carrières mais elles pouvaient y arriver, en travaillant bien et beaucoup. Après, Teresa n’était pas vraiment à plaindre niveau carrière. « You’re working on something interesting right now? » « Je viens juste de reprendre alors pas vraiment. J’espère pouvoir partir sur la prochaine tournée de Jazz Dallaway… » Elle n’avait pas pu à cause de son opération et tout ça. Une sacrée opportunité qu’elle avait loupée. Mais elle ne pourrait que remonter maintenant. « Et toi ? »