Techniquement Azula était en arrêt de travail. Son père lui avait demandé de se retirer, furieux qu’elle ne l’ait pas prévenue plus tôt, une fois que les contrats qu’elle avait en cours étaient terminés. Soit. Elle avait fait ce qu’il voulait, comme d’habitude. Mais cette femme était venue la chercher elle particulièrement, et qui était elle pour passer à côté d’une opportunité de la sorte ein? Un cas n’allait pas la tuer, ni rien faire au bébé. Elle serait capable de ménager… C’était d’ailleurs ça, où elle allait se metter à ronger les murs dans son appartement. L’inactivité la rendait beaucoup plus nerveuse et malade que le travail. Elle n’en avait surtout pas besoin. Puis l’histoire de la femme l’avait intriguée. Au départ elle avait pensé que ça ne serait qu’une simple histoire de garde partagée, mais sa cliente laissait entendre qu’il y avait plus encore. Une partie d’elle avait accepté que par curiosité. Elle lui avait donné rendez-vous au restaurant, parce qu’il n’était tout simplement pas question de se pointer à l’agence et qu’elle avait grandement besoin de voir autre chose que ses murs de cuisine. Puis elle s’était dit qu’une coupe de vin pourrait mettre la femme plus à l’aise avec son histoire. Elle était arrivée au restaurant en avance, comme à son habitude et avait sortie un carnet avec les notes qu’elle avait prises pendant l’appel. Elle ne savait pas grand-chose, et il lui manquait de grands bouts de l’histoire, mais elle devait déjà savoir où s’en aller. Sa main se posa sur son ventre naturellement et frotta doucement le rebondi entre ses reins. Elle pria presque sa bonne étoile en silence, pour ne jamais vivre une situation du genre. Sa cliente finit par arriver et Azula se leva pour l’accueillir, poliment. « Je suis désolée si je vous ai fait attendre » Elle hocha la tête et balaya l’air d’un coup de main. « Nonsense. I arrived early. » C’était son métier après tout, attendre que les clients se décident à bouger. « Merci d’avoir pu me rencontrer si rapidement. » Azula sourie et se retient de la remercier pour l’avoir sortie de l’ennui. Ça ferait beaucoup trop désespérer non? Le serveur vint prendre leurs commandes et Azula attendit qu’il reparte avant de se mettre à parler. « First of all how are you? »  Parce que bon, elle savait que ce genre de situation pouvait amener son lot d’humeurs. Elle regarda ses notes pour la vingtième fois vite faite et releva la tête. « You told me it was about a child custody right? Something about her being abuse? »  Elle sentit le bébé lui donner un coup dans le ventre et s’efforça pour rester de marbre. Elle devait être aussi reculée de ce cas que pour tous les autres. « Is she with her biological father? Or another family member? »  

« Pas très bien. Je suis complètement paniquée. » Azula eut un sourire compatissant, du moins le plus qu’elle pouvait. « You can relax, I’ll take care of things now. »  C’était son métier de stresser et régler les problèmes des autres après tout. Une cliente stresser était une cliente qui faisait n’importe quoi et ne la laissait pas travailler paisiblement, la brune n’avait pas besoin de ça. Surtout que si elle avait bien compris, tout ça concernait un enfant vraisemblablement en danger et elle devait donc agir avec précision pour ne pas causer plus de dommage. « C’est ça oui. J’ai de fortes raisons de croire qu’elle est maltraitée, oui. J’ai un témoin et je pense qu’en voyant la petite, ce sera encore plus évident. »  La Seychaillaise releva la tête doucement et fronça les sourcils. « You haven’t seen her then? » Elle griffonna sur son paquet de notes. On pouvait toujours faire un signalement sans ‘preuve’, mais le système était tellement long… « What kind of witness? » Elles auraient besoin de quelqu’un de fiable, au front et avec toutes ses lettres de noblesse si elles voulaient agir tout de suite. « Elle a été adoptée à sa naissance. On a choisi le couple via une agence, ils étaient de parfaits inconnus avant l’adoption. Donc non, nous n’avons aucun lien avec eux. » Oh. Azula hocha la tête, essayant de cacher son malaise. Ok, well, ça allait être beaucoup plus compliqué qu’une garde partagée alors. La jeune femme passa doucement ses doigts près de son nombril, sentant un petit coup, la chose était impatiente de manger. « Vous allez pouvoir faire quelque chose hein ? Enfin, je sais que c’est un peu mince, mais concrètement, la situation ne va pas rester telle quelle ? On pourra ouvrir une enquête ou… »  Elle hocha la tête immédiatement. « We definitely will send people there. If what you think appears to be true, the child won’t stay with them for long. » Elle pris une pause et une gorgée d’eau avant de continuer. « The thing is Miss Fitzgerald, you can’t just re-take a child after a legal adoption, it’s going to be difficult. »  Elle posa son crayon et regarda l’autre dans les yeux un instant, se voulant rassurante. « It’s doable. But difficult. » Et encore, c’était, un euphémise. « Is it what you really want? Because both you and the child are going to be put trough a lot. »  

Azula avait connue des cas difficiles pendant sa courte carrière. Des divorces pénibles, des gardes partagés déchirants, des parents ingrats et des enfants pris en otage. Elle en avait vu de toute les couleurs avec les familles. Mais elle avait rarement eu des cas qui se portait sur des problèmes APRÈS une adoption, surtout pas du côté de la mère biologique… Enfin, apparemment, il avait une première à tout.  Elle allait s’assurer d’aider la jeune femme, même si tout ça s’annonçait comme une belle paire de manches. « Non… » Pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliquer. « Sa baby-sitter. Elle est étudiante. » Azula hocha la tête, c’était bien ça, quelqu’un en direct contact avec l’enfant qui connaissait l’horaire des parents et tout le reste. « I’ll need all her coordinates later. » Bon, ce n’était pas grand-chose, mais elle allait s’accrocher à ce qu’elle avait. Pour le moment, le plus important était de faire sortir la gamine de là. Elle allait passer des coups de fil dès l’entretient terminer et call-in quelques faveurs de ses potes aux services sociaux pour qu’une enquête soit faite sur le champ, après elle pourrait s’occuper du reste l’esprit tranquille. « Je sais que ça va être difficile, mais je veux qu’elle soit en sécurité. Du moment qu’elle ne reste pas plus longtemps avec eux et que je suis sûre qu'elle va bien, je suis prête à tout traverser. » La brune hocha la tête, espérant de pouvoir prendre ça au pied de la lettre. « There is something. If we can prove that you or the father wasn’t in the right state of mind to take such a decision after the birth, or before. Did you ever consult a doctor or a psy during your pregnancy or before the adoption? » Parce que jouer avec des dossiers médicaux pour qu’on voie ce qu’elle voulait bien faire voir était beaucoup plus facile que tout le reste. « Can you say that someone put the idea into your head, the father, your parents, your priest, your doctor, whoever had power over you at the time? Did the father agreed to all of this? »  

Bonnie savait pertinemment que la route sur laquelle elle s’engageait serait semée d’embûches. Elle ne se faisait pas d’illusions, ce serait difficile pour elle comme pour Pablo, et ils ne pourraient sans doute pas récupérer la garde de la petite. Elle l’espérait vraiment mais au fond elle voyait surtout le caractère impossible de ce qu’ils désiraient. Alors elle en était arrivée à revoir ce qu’elle voulait à la baisse et si elle ne pouvait pas récupérer Sophia, elle voulait au moins qu’elle soit en sécurité et qu’on la retire de cette maison. Elle avait beau ne pas l’avoir vu de ses propres yeux mais elle savait au fond d’elle-même que la baby-sitter disait vrai. « I’ll need all her coordinates later. » La jeune femme hocha la tête et glissa un petit papier jusqu’à elle avec son nom, son adresse et son numéro de téléphone. Avec l’accord de la jeune fille, elle avait déjà tout prévu. Ils n’auraient qu’à vérifier avec elle et elle savait qu’ils lui donneraient raison. Puis, si ce n’était pas le cas… Sa fille serait quand même en sécurité et c’était ce qui était important non ? Mais elle voulait quand même qu’elles fassent tout pour qu’elle puisse avoir sa garde. Elle aurait juste préféré que son avocate se montre un peu plus optimiste. « There is something. If we can prove that you or the father wasn’t in the right state of mind to take such a decision after the birth, or before. Did you ever consult a doctor or a psy during your pregnancy or before the adoption? » Bonnie pinça les lèvres. Elle n’avait jamais consulté de psy, non. Elle avait toujours pensé qu’elle n’en avait pas besoin. D'ordinaire fière comme un pou, elle s'était toujours dit qu'elle valait mieux que ça, qu'elle était assez forte. Avec le recul, cela lui aurait sans doute été bénéfique, sans ça. « Non, jamais » répondit-elle en pinçant les lèvres d’un air pessimiste. « Can you say that someone put the idea into your head, the father, your parents, your priest, your doctor, whoever had power over you at the time? Did the father agreed to all of this? » Encore une fois, elle secoua la tête. Elle ne faisait que s’enfoncer mais si elle mentait on allait forcément s’en rendre compte, non ? « J’ai peut-être pris la décision un peu précipitamment mais je l’ai prise toute seule, sans que personne ne m’en parle… Après… Pour ce qui est du père, je ne suis pas sûre qu’il ait accepté parce qu’il était d’accord et qu’il pensait que ce serait mieux. Je n’en suis pas sûre mais je dirais qu’il n’a jamais été vraiment d’accord avec ça, il s’est juste plié à mon avis pour ne pas avoir à se battre, j’imagine. » Elle ne savait pas si ça les aiderait mais bon…Elle regarda Azula d’un air désespéré. « Dites-le franchement, c’est peine perdue ? »