Bonnie avait une journée libre : suite aux récents évènements – Lynch, Pablo et le bébé entre autres – elle avait décidé de se prendre quelques jours de vacances. Sa vie était un bordel monstre, l’intérieur de sa tête l’était aussi, et elle était épuisée autant moralement que physiquement. Prendre du temps pour elle et pour se changer les idées lui ferait du bien. Justement, un ami lui avait conseillé un bon petit restaurant qui se trouvait en plein Brooklyn, au centre du quartier plus précisément. Comme elle n’avait rien d’autre à faire, elle décida de s’y rendre et d’aller déjeuner en tête à tête avec elle-même. Enfin… Elle n’était pas vraiment seule. Dorénavant et pour les sept prochains mois, elle ne serait plus jamais seule. Un petit-être grandissait dans son ventre et elle n’arrivait toujours pas à se faire à cette idée. Elle était en « vacances » depuis deux jours, et elle avait passé ces deux jours à retourner la question dans tous les sens, à y penser sans arrêt. A penser à ce qu’elle aurait dû faire et ne pas faire pour ne pas en arriver là, penser à ce qu’elle devait faire maintenant qu’elle était dans la merde, penser à ce que sa vie serait après, si elle allait le garder ou non, le donner à l’adoption ou non. Elle était sure de pouvoir subvenir à ses besoins, mais elle n’était pas sure de pouvoir aimer cet enfant, de pouvoir l’aimer suffisant pour qu’il soit heureux, ou encore de pouvoir s’occuper et penser à quelqu’un d’autre qu’elle-même. C’était le chaos. L’apocalypse, et elle était plus que jamais perdue, confuse, presque lassée de cette histoire. Son esprit était un disque rayé, il tournait en boucle sans jamais vouloir s’arrêter.

Le taxi la déposa juste devant le fameux restaurant. La façade extérieure était jolie, et c’était un bon coup de marketing : il attirait la clientèle, il y avait vraiment beaucoup de monde. On amena Bonnie a une table pour deux. Elle posa son sac sur une chaise, puis prit place en face. Et elle déjeuna seule. Elle n’était pas retournée voir son médecin depuis qu’il lui avait annoncé qu’elle était enceinte. Elle lui en voulait un peu, même si ce n’était aucunement de sa faute à lui. Mais du coup, elle ne savait pas ce qu’elle avait le droit ou non de manger. Elle devait quand même faire attention. Elle mangea une simple salade avec une boule de glace à la vanille en dessert et se contenta d’un verre d’eau. Finalement, elle n’avait pas très faim, se sentant trop barbouillée pour avaler plus. Elle partit une heure plus tard à peine, et décida de se balader dans les rues de Brooklyn quelques temps.

Bonnie atterrit bien vite à Prospect Park. Il faisait plutôt beau et il y avait quelques personnes se promenant elles aussi, mais rien d’extraordinaire. Ce n’était pas comparable à Manhattan par exemple. La jeune femme ne quittait presque jamais l’île. C’était son chez-elle, son terrain de jeu si on pouvait dire, et elle ne mettait pratiquement pas les pieds dans les autres quartiers. Du coup, elle découvrait de nouveaux lieux. De toute façon même en y habitant depuis des années, les new yorkais découvraient toujours de nouveaux endroits. C’était un moment assez agréable la brune lorsque que quelqu’un lui rentra dedans. Elle recula de quelques pas. En temps normal, elle aurait crié, limite insulté la personne qui venait de lui rentrer dedans de tous les noms. Mais elle n’en fit rien. Au lieu de ça, elle essaya de se calmer et souffla un bon coup. Il s’agissait d’une jeune femme, très jeune, elle ne devait pas avoir plus de vingt ans. Elle avait un plan dans les mains et semblait perdue. C’est un tout ce que celle-ci lui dit, après s’être confondue en excuses. Bonnie haussa les épaules et les balaya d’un geste de la main. « Pas grave… » La jeune fille se mit limite à lui raconter sa vie. Elle avait de la chance que Bonnie soit relativement de bonne humeur, sinon elle l’aurait envoyé balader comme pas possible. « Je ne connais pas vraiment Brooklyn, mais prenez un taxi ou demandez quelqu’un d’autre, vous serez plus sure d’arriver chez vous. Désolée. » dit-elle sur un ton un peu trop sec à son gout avant de commencer à partir. Elle s’en voulut immédiatement d’avoir été désagréable. Elle se retourna donc et revint vers la blonde. « Excusez-moi pour ça… Je peux… Je peux peut-être vous aider avec ce plan ? » Ouais enfin Bonnie n’avait pas un sens de l’orientation extraordinaire et elle savait à peine lire une carte. Mais c’était une bonne intention.

Daphné Hanwell, la plus jeune de la tribu était plus elle-même depuis son arrivée à New York elle n’avait encore envoyé promener personnes. La jeune rebelle ce serait-elle calmée depuis son départ de Londres ? La vrai raison de sa rébellion était en fait ses parents, uniquement eux, c’était eux la cause. Eux et leur religion ! Daffy était loin d’être croyante, très loin. Puis ses frères et sœurs, tous plus vieux qu’elle ! Ils se prenaient tous pour ses parents. Ce n’est pas facile tous les jours quand vous êtes la neuvième enfant, la plus jeune pas encore majeure. Son plus grand frère se prenait pour son père, si par malheur il la croise à New York il se ferait une joie de la renvoyer chez leurs parents. Heureusement la jeune blondie avait trouvé refuge chez son frère Edwin, surement devenu le plus « cool » à ses yeux. Elle avait également une trouille bleue de tomber sur Olivia, pourtant inoffensive, allez savoir pourquoi elle est persuadée que sa sœur n’est pas de son côté. En même temps Olivia fut toujours une enfant parfaite. Zoé apparemment s’inquiète aussi beaucoup pour elle. En fait tous les Hanwell piste Daphné, la surveille pour voir si elle ne fait pas de bêtise, comme si Edwin n’était pas capable de le faire seul, il se débrouillait pourtant bien avec elle, il est bien trop gentil avec elle, il est bien trop parfait pour dire vrai. La n’était pas le problème, sa famille ne la lâcherai pas de toute façon, quoi qu’elle fasse il y aura toujours un Hanwell derrière elle, à son plus grand désespoir, elle qui était venu à New York pour fuir ses parents et la religion, pour vivre enfin sa vie, la jeune Hanwell devait encore se battre pour prouver sa maturité, qu’elle est capable de se débrouiller seule et de vivre sa vie comme elle l’entend. Seulement le problème c’est qu’apparemment elle n’est pas apte à se débrouiller seule maintenant, perdue dans New York c’est difficile. Heureusement elle était tombée sur une fille qu’elle trouvait plutôt gentille, du moins c’est ce que laissai paraitre son visage. Mais son ton sec lui laissait penser autre chose. Cependant Daphné ne se rebellait pas, Edwin attendait beaucoup d’elle, elle ne devait pas le décevoir, elle pris alors sur elle en répondant à cette « attaque » venant de la jeune femme « Je ne connais pas vraiment Brooklyn, mais prenez un taxi ou demandez quelqu’un d’autre, vous serez plus sure d’arriver chez vous. Désolée. », Daphné fronçait les sourcils, ne comprenant pas ce ton sec pour une phrase plutôt banale. « Très bien, aucun problème je trouverais un taxi » rétorqua-t-elle mais la jeune femme se rattrapa « Excusez-moi pour ça… Je peux… Je peux peut-être vous aider avec ce plan ? » Daffy se mit à sourire, tout le monde avait le droit à une seconde chance, puis elle n’avait pas l’air bien cette femme, peut-être avait-elle des soucis, peut-être que Daffy la dérangeait. La jeune femme lui tandis alors le plan « Merci… Vous allez bien M’dame ? »

Consciente d’y avoir peut-être été un peu fort, Bonnie décida de se rattraper immédiatement en prenant sur elle et en faisant preuve de toute la générosité dont elle était capable. Ce n’était pas chose courante que de la voir aussi aimable avec une inconnue, qui l’avait bousculée qui plus est. C’était encore moins habituel de la voir se raviser et changer d’attitude en dix secondes, passer de l’agacement et d’un ton sec, à un ton plus tempéré. La jeune femme qui venait de lui demander son chemin n’avait pas l’air d’être méchante en plus de ça. Elle n’avait pas fait exprès de la pousser, et elle avait l’air d’être nouvelle en ville… La ville, surtout une ville telle que New-York, pouvait être un endroit effrayant quand on n’était pas habitué. D’autant plus lorsqu’on était perdu comme c’était le cas pour la jeune blonde. Surtout qu’en y réfléchissant, l’américaine n’aurait pas aimé être reçue comme elle venait de recevoir l’inconnue – si tant est qu’elle ait demandé son chemin. Trop fière, elle préférait encore se débrouiller seule et ramer pendant un moment plutôt que de demander de l’aide. « Je vais essayer de vous aider, vraiment désolée. C’est juste que je n’ai pas l’habitude de voir des gens aussi polis que vous ici, la plupart des gens qui vous bousculent ne prennent même pas la peine de s’excuser et se contentent de passer leur chemin. Personne n’a le temps pour de telles « futilités » à New York. Mais là, ce n’était pas de votre faute. Donc excusez-moi. » Bonnie lui adressa un sourire, espérant s’être correctement rattrapée. Un peu de contact humain ne lui ferait pas de mal, surtout en ce moment. Puis peut-être qu’elle serait récompensée par le monsieur là-haut si elle se mettait à être gentille avec des inconnus ? Peut-être que ses problèmes commenceraient à s’arranger assez vite après ça ? Ça ne coutait rien d’essayer. Elle était du genre à croire au Karma. « Vous voulez retourner à Manhattan ? Où exactement ? » Bonnie s’empara de la carte qu’elle tenait, à se mis à la tourner dans tous les sens. Après avoir trouvé le bon, ses yeux parcoururent le papier à une telle vitesse qu’elle avait du mal à distinguer les noms. Mais il fallait qu’elle repère où elles se trouvaient. « Bon je vais faire de mon mieux pour ne pas vous perdre encore plus en vous donnant de mauvaises explications. » Telle une touriste, elle leva la tête plusieurs fois, à la recherche d’un nom de rue. Elle savait juste qu’elles étaient à Prospect Park, dans Brooklyn. Puis ses yeux firent l’aller-retour entre la carte et l’espace qui l’entourait. C’était plus difficile que ce qu’elle pensait, de se repérer sur une carte. Elle finit par soupirer. « Ce serait plus simple si on prenait le taxi et que je vous accompagnait directement là où vous voulez aller ? » Quelle générosité ! Elle était même disposée à payer la course. Et elle n’avait même pas l’impression de trop en faire. De toute façon, il fallait qu’elle rentre chez elle. « Je suis juste un peu fatiguée et sur les nerfs, rien de grave, ça finira par passer. » finit-elle par dire en réponse à la question de la jeune femme. « Oh et par pitié, ne m’appelez pas Madame ! Je m’appelle Bonnie. Puis je pense qu’on pourrait même se tutoyer, parce que je me sens un peu vieille là. » ajouta-t-elle en souriant.