J’étais rarement de bonne humeur. Le peu de fois où je l’étais, il y avait toujours quelque chose qui venait la gâcher. Que ce soit de rentrer auprès de ma femme et devoir passer la nuit avec elle – même si les gens savaient que notre mariage était arrangé, apparemment, ils s’attendaient à ce que nous enfantions, surtout que c’était une des closes de notre contrat – ou simplement aller au travail et me retrouver dans le bureau qu’occupait mon père avant sa mort. Même si je n’en parlais pas, j’aurais aimé pouvoir passer du temps avec lui. Oui, il m’avait abandonné à ma naissance et c’était donc de sa faute si j’avais vécu tout ce que j’avais vécu. Oui, je le tenais responsable du fait d’avoir été dans des familles d’accueil plus misérables les unes que les autres. Mais apparemment, il avait toujours gardé un œil sur moi. Et même si je lui en voulais toujours, j’aurais voulu profiter de sa présence. Bref, être un garçon comme les autres, jouant au baseball avec son père. Mais bien sûr, personne ne le saurait jamais. J’avais tenté d’en parler avec Mickaël, mais il n’avait pas semblé comprendre. En même temps, il était orphelin, il n’avait pas été abandonné. Ce n’était donc pas la même chose, j’imagine. Enfin bref, aujourd’hui, alors que je sortais de l’aéroport, je ne pouvais m’empêcher d’avoir un grand sourire aux lèvres – ce qui était assez rare pour être soulever. Et c’est dans cet état que j’arrivais dans la suite d’hôtel que j’avais réservé. J’étais en séminaire pour une semaine à Los Angeles, et surtout : Annabeth allait me rejoindre. Elle avait prétendu avoir également un séminaire sur l’édition pour pouvoir me rejoindre. Pendant une semaine entière, nous serions ensemble. Pendant une semaine entière, nous serions un couple normal. Bien sûr, plusieurs par jour, je serais effectivement au séminaire, mais cela ne changeait rien au fait que lorsque je rentrerais le soir, elle serait là pour m’accueillir.