Une sucette à la bouche, je regardais mon client du coin de l’œil. Replaçant mes cheveux, cheveux dont je détestais la couleur, au passage. Je m’amusais même à faire une retouche maquillage dans le rétroviseur d’une voiture. Non, mais franchement, que ne fallait-il pas faire pour coincé un criminel. Voyant mon reflet dans la voiture, je me disais que j’étais bien loin de celle que j’étais réellement. Adieu le doré de mes cheveux, bonjour coiffure féminine.  Mon ex-amant était sorti de prison, malgré le mal que je m’étais donnée pour le faire entrer. Harry savait très bien qu’il allait me rechercher, c’était lui qui avait eu l’idée de ma métamorphose, idée à la con si vous voulez mon avis.  Mon apparence n’était plus la même, mais mes habitudes n’avaient pas changé pour autant.

Les acheteurs arrivaient petit à petit, c’était bon signe. Mon client allait bientôt se faire serrer et je pourrais enfin arrêter de faire l’idiote en talons aiguilles. Harry me disait souvent d’être plus féminine, mais comment être féminine avec ses chaussures qui me donnaient mal aux pieds. Le proverbe est : il faut souffrir pour être belle, et bien je ne savais pas si ça me rendait plus attirante, mais la souffrance était là. Je préférais de loin me prendre une droite en pleine tête, que de continuer à porter ces maudites chaussures.

L’affaire avait été conclue. Tout le monde ressortait dans le plus grand calme, je m’apprêtais à intervenir, des mallettes pleines d’argents à la main, voilà de quoi obtenir un interrogatoire … Qui disait interrogatoire, disait la possibilité d’en faire craquer au moins un.

Alors que j’allais sortir ma plaque, un coup de feu fut tiré. Il n’y avait qu’un seul agent avec moi et je n’avais donné aucun ordre. Voyant les hommes sortir tour à tour leurs armes, je décidais d’intervenir plus rapidement que prévu vers mon client. « Police ! Posez vos armes. » Inutile de vous dire que cette phrase ne marchait pas toujours. Une fusillade  eut lieu et j’eus juste le temps de me mettre derrière un muré. Une seule chose m’inquiétait, la protection des citoyens.  

Sous mes yeux, mon sujet venait de se prendre une balle en pleine tête. Je regardais partout autour de moi, voyant son client s’enfuir, je décidais de le prendre en chasse, courant après lui en pleine rue. Malgré ma rapidité, mes yeux m’ont fait défaut, lui permettant de s’échapper.
Un peu perdue, je pris un tournant, faisant un face à face avec un étranger.

Et voilà … tout partait en cacahouètes.  Quelle merde. Poursuivant mon sujet avec entrain, j’essayais vivement de ne pas perdre sa trace, malheureusement avec des chaussures d’une telle hauteur, il n’était pas facile pour moi de courir à une vitesse supérieure à la sienne, Harry allait me le payer. Je ne voulais absolument pas rater cette mission et pourtant la victoire était entrain de m’échapper. Mes yeux me faisaient défaut et mon allure diminuait  …  je me demandais ce qu’il pouvait bien m’arriver, mais pas le temps de s’arrêter pour un petit souci de santé …

Percutant un homme et ne voyant plus mon sujet, je me rendais compte que tout était fichu, voilà ... j’avais laissé échapper un suspect … une première, inutile de vous dire à quel point j’étais sure les nerfs et déçue et tout ça à cause de ma tenue vestimentaire. Je détestais être féminine jusqu’au bout des ongles et ça, même si mon entourages me poussait dans ce sens …

L’homme avec qui j’avais fait un face à face, commençait à reprendre sa route, instinctivement je l’interpelais avant de le voir aller plus loin. «  Pardon, avez-vous vu … » Soudain mon état empirait, une douleur effroyable me saisissait au niveau du bras. Tellement plongée dans ma course poursuite, que je m’étais pas rendu compte qu’une balle avait réussi à m’atteindre. Me voilà sans criminel et en plus, blessée … Quelle poisse ! La chance était ailleurs, mais certainement pas à mes côtés. «  Je … » Mon état de santé n’était pas ma première préoccupation et pourtant adieu la course poursuite, ne n’étions pas dans les films où l’agent de Police connu à courir et ça avec une balle dans le corps.
En y regardant de plus près, ce n’était pas bien méchant, la belle était passée et était ressortie … Je retirais ma veste noire qui couvrait mes bras pour voir l’étendu des dégâts. Le dos au mur, mon corps descendait doucement jusqu’à ce que j’atteigne le sol. La chaleur de mon corps était montée en flèche.  Mon écouteur ne marchait plus, mon coéquipier était surement parti arrêter le reste du groupe ou bien rechercher le tireur d'élite qui avait abattu mon client.

J’étais dans de beaux draps ! Plus de suspect, blessée et complètement à la ramasse … Harry allait être déçu, je n’avais pas le moindre doute là-dessus. Assise à terre comme une martyre, j’avais honte, honte de mon travail effectué. C’était bien la première fois que je me retrouvais dans cette situation, depuis le début de ma carrière, j’avais tout fait pour exercer un travail correct, je m’étais donnée à fond et aujourd’hui tout s’effondrait, mon parcourt n’était plus un sans fautes.

Je devais me reprendre, mon état d’esprit était faible, je ne voulais pas être faible. L’homme que j’avais interpelé très maladroitement revenait en ma direction. Un homme bien, beaucoup aurait pu faire comme-ci de rien n’était. S’accroupissant à mes côtés, il me demandait si j’avais besoin qu’il appelle les secours. Pff, galère … Secouant la tête négativement, je n’avais pas envie de passer le reste de ma journée à l’hôpital, c’était bien entendu stupide de ma part, mais je voulais retrouver mon collègue avant d’entendre les sirènes de la camionnette blanche. « Non, non. »

D’un coup sec, j’essayais d’arracher la manche de mon chemisier en passant mon doigt dans le trou qu’avait causé la balle. Une fois mon bras mise à nu, grossièrement, je regardais un peu de quoi ça avait l’air, demandant même l’avis au mec qui était à côté de moi. « Vous trouvez ça moche ? » Une question qu’on ne devait pas lui poser tous les jours, mais j’avais un peu de mal à voir les dégâts. Malgré la souffrance, une chose m’énervait encore, ses saloperies de chaussures qui m’avaient fait rater cette affaire. Me penchant vers elles, pour les retirer, je ne voulais plus les voir, je voulais plus entendre parler de féminité et de talons aiguilles, plus jamais ! L’opinion d’Harry et de mes amis pouvait bien aller au Diable. Pour le coup, je semblais un peu empotée, n’arrivant même pas à atteindre la lanière de ces maudits escarpins. M’énervant toute seule, je secouais mes jambes violemment comme une enfant de cinq ans en pleine crise de colère. « Putain ! J’ai tout raté … » Cette déception n’allait pas s’effacer aussi facilement que prévu. Les talons n’étaient pas la seule cause de mon malheur, il y avait aussi ce fils de p*te qui avait tiré sur mon client.