Lundi matin; 11.32 ; Chambre de Esperenza

J’ouvrais les yeux pour la deuxième fois de la matinée. La première fois, c’était à quatre heures du matin quand un cauchemar m’avait réveillée en sursaut. Je ne me souvenais plus de quoi il avait été question à ce moment-là mais je me rappelais vaguement avoir pris une aspirine. A vrai dire, je ne me demandais pas vraiment pourquoi j’en avais pris une, j’avais actuellement l’impression d’avoir un marteau piqueur dans ma tête.

J’avais l’impression d’émerger du brouillard, un long brouillard qui avait duré plus de vingt quatre heure. Je tentais d’essayais de retrouver à quand remonter mes derniers souvenirs. Cela me prit moins de temps que je ne l’aurais pensé, ceux-ci dataient de samedi et je sentis immédiatement une nausée m’envahir. Samedi soir… J’aurais préféré tout oublier. La cuite, la rencontre avec Appolon, tout !!! Je cherchais de nouveau dans mes souvenirs, autre chose cette fois, il y avait quelque chose qui me perturbait. Je n’arrivais pas à me souvenir comment j’étais rentrée chez moi, je me souvenais m’être écroulée sur le trottoir en larme et après, plus rien, le noir complet, jusqu’à ce matin.

Je me levais prudemment, ça allais mieux, en même temps il était grand temps. J’essayai de ne pas penser, de ne pas penser à ce qui c’était passé mais je n’y arrivais pas, principalement à cause de la chose importante dont j’avais pris conscience. Je n’avais pas quitté Appolon parce que je ne l’aimais plus. Non, d’ailleurs pour autant que je sache, mon comportement ce soir-là m’avait prouvé qu’une partie de moi, peut-être minime je ne le savais pas, une partie de moi l’aimais toujours. Evidemment, il était trop tard pour faire marche arrière mais je me sentais soulagé, c’était étrange. Je venais aussi de prendre conscience d’autre chose, toute aussi importante, je n’étais pas seule. C’était un fait, je n’étais pas seule, j’avais Casey, et même si dans les conditions actuelles j’avais du mal à mesurer jusqu’à quel point je l’aimais, une chose était sûre, je ne voulais pas le perdre, pas pour des âneries pareilles.

J’arrivais dans la cuisine et me préparais un café, sortant en même temps de nouvelles aspirines. Je fouillais la pièce du regard à la recherche de mon chat mais ne le voyais pas, un autre jour je me serais inquiété de cette absence à un moment crucial, à savoir le repas mais j’étais trop prise dans mes pensées. Cela faisait maintenant quatre jours que je n’avais pas de nouvelles de Casey et si avant que je me mette à boire samedi cela ne m’avait pas inquiétée, ça n’était plus le cas. Il était grands temps que je mette de l’eau dans mon vin. Après tout, Casey avait le droit d’avoir des amies, j’en avais bien moi. Et quand je voyais Phoenix, Josh ou Guilde, il ne me faisait pas un caca nerveux comme je l’avais fait l’autrefois. Je ne comprenais pas, je n’étais pas jalouse habituellement. Je décidais aussi qu’il était temps que j’abatte les quelques murs que j’avais construit entre nous, je m’étais ouverte à lui certes mais pas totalement, je ne m’étais pas mise à nue comme je l’avais fait avec… Le nom refusait même d’être pensé.

Lundi matin ; 11.58 ; Cuisine de Esperenza

J’avalais une gorgée de café lentement, il était brûlant, tellement brûlant que je mis un certain temps à me rendre compte qu’il était infâme. Décidément, je devais vraiment être dans un état lamentable la veille pour faire un café pareil car, j’avais beau être piètre cuisinière, je ne ratais jamais mon café. Je fis une grimace et renversai le tout dans l’évier après quoi je réessayais de faire une meilleure cafetière. Je ne désirais qu’une chose, garder mes mains occupées pour ne pas penser. J’étais sûre de moi et j’y voyais plus clair maintenant mais je ne voulais pas prendre le risque de changer d’avis pas avant d’avoir appelé Casey car une fois que ça serait fait, il n’y aurait plus aucun risque.

Tandis que ma cafetière se mettait en route, je sortis de mon placard de quoi nourrir monsieur le matou roi. Il boudait, c’était évident, il n’avait pas apprécié que je le délaisse la veille mais j’étais sûre que bientôt il aurait tout oublié, il fallait simplement le temps que je lui serve à manger. Songeuse, je posais sa gamelle à terre et regarder mon chat se ruer dessus.

-Tu vois Gus, il n’y avait pas de quoi en faire tout en plat.

Je le caressai un peu mais cela ne dura pas longtemps, j’avais toujours aussi mal à la tête. Dans ma boîte, il ne restait plus d’aspirines, j’en faisais décidément une surconsommation. Je me dirigeais vers la salle de bain en pensant que je devrais peut-être arrêtée d’en consommer autant. Si ça se trouve, j’en avais tellement pris que j’étais devenu immunisée. Je secouais la tête, décidemment, j’avais des idées bien étranges.

*Arrête de boire ma pauvre vieille.*

J’ouvrais ma pharmacie et remarquais avec soulagement, coincées entre les pansements et le désinfectant, trois boîtes d’aspirines neuves. Je pris un comprimé et me détaillai dans le miroir. Un constat s’imposa de lui-même, je n’étais pas belle à voir. J’avais le teint pâle et de grosses cernes violettes sous mes yeux qui trahissaient aux aussi la fatigue, on aurait dit une déterrée.

J’entendis comme un carillon dans ma tête ; décidément cela ne s’arrangeait pas, j’allais sûrement devoir me faire remboursé les boîtes d’aspirines. Cependant un deuxième son retentit et il me fallut quelques secondes pour réaliser que cela venait de la porte d’entrée. Je soupirais, celui qui passait de me connaissait pas beaucoup autrement il ne serait pas venu ici à cette heure-là alors que j’étais sensée travailler aujourd’hui. Je manquais de trébucher sur un chat désireux de recevoir des câlins mais réussit finalement à ouvrir la porte sans encombre avant de me figer devant un Casey toujours aussi beau qu’à l’habitude.

Je du me rappeler deux choses, la première que j’étais une humaine et que j’avais donc un besoin important, celui de respirer. Je pris une inspiration et me souvins de la deuxième, nous nous étions disputés, je n’étais donc pas sensée lui sauter dans les bras. Mal gré tout, quand celui-ci me serra dans ses bars, je répondis à son étreinte de bon cœur. Ce qui ne m’empêcha de regretter qu’il soit venu quand il prit la parole.

-Il ne manquerait plus que MADAME décide de ça à ta place.

Je soupirais et le laissais entrer en me souvenant de ce que j’avais décidé le matin même, ne pas perdre Casey tout gâcher avec lui ne servait à rien et si pour cela il fallait que je fasse des efforts avec Alice, j’en ferais. J’avais aussi décidée de plus m’ouvrir à lui. Est-ce que cela voulait dire qu’il fallait que je lui parle de samedi ? Je ne l’ignorais. Allais-je m’y risquer ? Je l’ignorais également.

-Désolé

Je ne savais pas exactement de quoi je m’excusais. La raison la plus évidente était la manière dont je venais de parler d’Alice, de sa meilleure amie quelques secondes plus tôt. Mais il y avait le reste, notre dispute de l’autre jour, la soirée de samedi bien qu’il ignore ce qu’il s’y était passé, le fait que je ne savais pas quoi dire. Et il y avait une dernière chose, le fait est que depuis que j’avais pris conscience de la véritable raison pour laquelle j’avais rompu avec Appolon, je comprenais mieux mon comportement avec Casey notamment à propos de ce que je ne lui disais pas. Je me prenais beaucoup trop la tête, Casey avait du le remarquer d’autant plus que ça n’était vraiment pas dans mes habitudes.

-Je veux dire par là, hum pour Alice, ce que je viens de dire et notre dispute de l’autre jour, je suis désolée.

Lundi matin ; 12.02 ; Salon de Esperenza

Casey m’attira vers lui et je souris, j’étais bien contre lui, avec lui, je voulais que le temps s’arrête pour pouvoir rester à jamais dans ses bras, je voulais que le temps s’arrête pour ne pas avoir à faire face à mes soucis de cœur, je voulais que le temps s’arrête et je voulais effacer Appolon de mon cœur, de ma tête de tout ce qui pouvait se souvenir de lui. Oui j’étais bien dans les bras de Casey cependant je n’en ressentais pas ce frisson de plaisir que j’avais eu quand Appolon m’avait embrassé. Etait-ce mal ? Sans aucun doute, pourtant, je ne doutais pas de mes sentiments envers Casey.

Je le laissais m’entrainer vers le salon qui était, à l’égal du reste de la maison, dans un bazar monstre. Je ne comprenais pas, j’avais rangé peu de temps auparavant pourtant, ou pas, c’était plutôt que je m’étais dit qu’il fallait que je range pour… Ah mince, voilà une chose encore dont je devais informer Casey, mes soucis d’argent et ce que j’avais été contrainte de faire pour y remédier. En effet, prendre un parfait inconnu comme coloc était ce que j’avais du faire. Enfin il n’était pas parfaitement inconnu, je savais qu’il s’appelait Jules Callaway, c’était déjà beaucoup. Je soupirais et me laissais aller dans ses bras, je ne voulais pas penser à ça non plus, je ne voulais penser à rien, rien du tout. Juste à lui.

Il parla, me disant qu’il était désolé, qu’il aurait du revenir avant et je priais pour qu’il se taise, je ne voulais pas de ses explications. Oui, il aurait du revenir avant, ça m’aurait évité de gros soucis mais il n’était pas revenu et alors, je n’allais pas lui jeter la pierre, si je n’avais pas été aussi fière, orgueilleuse et butée, je serais revenue moi aussi. Sans que je l’aie prémédité et sans que j’en comprenne vraiment la raison, les larmes commencèrent à couler. C’était ridicule, pourquoi pleurais-je donc ??? Casey ne semblait pas s’en être rendu compte et me posa une question sur mon week-end. Je du faire de gros effort pour ne pas éclater en sanglots, pourquoi, mais pourquoi posait-il cette ridicule question ? En quoi cela pouvait-il avoir de l’importance.

J’essayais de rassembler mes esprits pour juger de ce que je pouvais ou non lui dire. Que j’avais fait la fête, je ne pouvais lui cacher, c’était évident mais, si je lui disais que c’était samedi, que penserait-il ? Après tout, deux jours c’étaient écoulés depuis et je devrais aller mieux. Je décidais de mentionner la fête de samedi tout en restant évasive et priais pour qu’il ne remarque pas mes larmes.

- Je suis allée à une fête samedi soir… Tu sais, la fête au Chelsea Hotel.

J’avais essayé de prendre un ton décontracté mais ma voix trahissait la tension qui émanait de moi. J’étais sur mes gardes, je voulais rester maîtresse de moi-même mais je n’y parvenais pas, les larmes coulaient toujours le long de mes joues. Je prie lors ma décision et repoussai légèrement Casey avant de m’assoir.

- J’étais épuisé avant même de m’y rendre, j’ai commencé à boire tôt et là-bas, j’ai continué. Je… Ecoutes Casey, je dois te dire la vérité même si… même si, je sais que tu le prendras mal parce que je sais que tu ne ferais jamais une chose pareille.

Je me tus tandis que j’évitais délibérément le regard de Casey, j’en avais trop dit, je ne pouvais plus reculer. Mes pleurs redoublèrent, j’étais à deux doigts de la crise d’hystérie. Je ne voulais pas perdre Casey, non, je ne le voulais pas. Je l’aimais trop pour supporter une telle épreuve, je n’en me remettrais jamais si il me quittait.

J’ai vu Appolon. Tu sais, mon ex. Cette précision était évidemment totalement inutile, j’avais déjà parlé d’Appolon à Casey. Tu dois comprendre Casey, j’étais bourrée, je croyais que tu m’avais quitté et… Nan, je n’ai pas d’excuses, il était accompagné par une godiche de première et on s’est engueulé. Et puisa près… après, il m’a embrassé. C4est là que je me suis rendu compte que… que je ne l’avais pas quitté parce que je ne l’aimais plus mais pour me protéger, me protéger de lui et des secrets qu’il avait pour moi. Je me suis rendue compte aussi que, que je l’aimais toujours. Je veux dire qu’une infime partie l’aimait toujours, celle qui n’a pas pu faire son deuil.

Je me tus, je m’en voulais, pourquoi est-ce que je lui infligeais ça, pourquoi ?? IL était gentil vraiment, pas du genre à flirter avec ses exs lui, pas du genre à me dire qu’il aimait encore une ex ou même à me le cacher. Je soupirais, il fallait que je lui dise, que je lui dise cette minuscule phrase que j’avais toujours un mal fou à lui dire. Lui avais-je déjà dites d’ailleurs ? Je l’ignorais.

- Mais je… je… Je t’aime Casey. Je t’aime énormément et même si je sais que je suis impardonnable, je dois te le dire.