" Encore elle ?! "

Il faisait froid ce soir. Déjà, le soleil s'en était allé, laissant place à une nuit quasiment noire, bien que très claire à l'intérieure même de la grande ville de N.Y.C . Tel une aiguille dans une botte de foin, Akshan se tenait debout sur le trottoir, encore emerveillé par ces grattes-ciels incomparables, et l'animation de cette même ville. Jamais, au grand jamais, il ne pourrait se lasser de New York. Elle avait tout ce qu'il aimait, la folie, la grandeur, et la magie qu'on ne trouve nul part ailleurs. Il y vivait déjà depuis quasiment un an, mais encore une fois, il songea à cette merveille, et se jura de ne jamais vivre ailleurs qu'ici. Il soupira, joyeux comme à son habitude, et son oxygène se dessina dans l'air, puis disparût. Ce soir comme tous les soirs, il attendait, en bas de chez lui, qu'un taxi daigne passer devant sa demeure, pour l'emmener dans les folies de nights clubs et autres bars. La ville qui ne dort jamais... Qu'est ce qu'il aimait cette expression ! Un "cab" passa, et il fit signe à ce même véhicule de stopper le moteur. Il entra à l'intérieur, donna l'adresse d'un bar à Soho qu'il avait trouvé sur le net. Puis la voiture jaune démarra, et Akshan laissa aller sa tête contre la banquette, perdu dans ses pensées. Il songea à sa journée, banale comme tous les samedis.

Le matin, il s'était levé très tard, ayant passé la nuit à faire la fête en boîte de nuit. Il s'était réveillé dans un appartement qui lui était inconnu, une jeune fille dans les bras. Apparement la jeune demoiselle avait apprécié la nuit, et lui avait laissé son numéro. En sortant, il avait jeté le petit papier dans une poubelle, et était rentré chez lui. Il savait qu'il ne reverrais jamais cette fille, malgré sa gentillesse. Il aurait pu la revoir, mais il ne cherchait pas plus loin qu'une nuit passionnée. Il s'en contentait. L'amour, les rendez-vous, les couples et tout le tralala, ce n'était pas sa tasse de thé. Il avait déjà donné de ce côté là, et bizarrement ce n'était pas fait pour lui. Les rares filles qu'il avait aimé l'avaient déçu, et depuis, il avait décidé de ne plus se consacrer à une recherche de l'âme soeur. Le même matin, il était rentré à son appartement, avait engeulé Josh, son colocataire, qui avait foutu le bordel dans le spacieux logement. Akshan s'était demandé pour quelle raison il le laissait vivre avec lui. Ils se détestaient, et pourtant, il vivaient ensemble. Plus paradoxal, y a pas ! Puis il avait déjeuné dans un restaurant avec son frère et sa belle-soeur, et passé l'après midi avec son meilleur ami. Et ce soir, il était seul, enfin.

Il avait besoin de solitude, de sortir, sans personne, juste pour profiter et peut être faire des rencontres. Le taxi s'arrêta en face du bar, et Akshan paya le chauffeur, en lui lançant un sourire amical. Il marcha, le pas rapide et déterminé, alluma une clope et appella Kostos, son ami de soirée, compagnon de sorties, bref, son pote. Celui-ci ne répondit pas, ce qui ne lui ressemblait pas puisqu'il était du genre à aimer la défonce et la junkie-attitude ! Akshan termina sa cigarette, puis entra dans le bar, et inspira en sentant l'air chaud lui réchauffer la peau. Lui qui était habitué à la température Indienne, ça faisait un sacré choc que de changer de climat ! Il jeta un regard général à la salle, remarquant quelques jeunes de son âge, tous accompagnés, excepté une demoiselle. Il ne prit pas le temps de bien la regarder, puis alla s'installer au comptoir, et commanda une bière. Pour bien commencer la soirée. Jetant un oeil à son portable toujours vide d'appel ou de sms, il arqua les sourcils tout en levant les yeux. Il remarqua alors l'air angélique de la demoiselle apercue tout à l'heure. Son visage lui dit aussitôt quelque chose, et il la regarda de haut, interrogatif. Celle-ci prit la parole. Akshan l'écouta attentivement, puis lui lança un sourire satisfait. En effet, il l'avait déjà vue. Il s'en souvenait très bien. Elle lui avait tout de suite plue, et avait même envisagé de la draguer. Mais elle avait fait le premier pas , et Akshan s'était alors amusé à refuser ses avances. C'était la première fois qu'un fille passait à l'action avant lui, et il voulait jouer une sorte de jeu. Ca lui plaisait bien.

« Encore toi ? Décidément, tu me suis ... dit-il de sa voix grave, en souriant gentiment. Non, désolé, mais je ne suis pas intéressé par ce genre de filles. Merci quand même. »

Akshan lui lança un sourire beaucoup plus élaboré, et lui fit un signe de reconnaissance un peu exagéré. Il remercia ensuite le barman et but une gorgée de bière fraîche, satisfait.

"En théorie ..."

Ses jolis cheveux chatains clairs, voletaient dans les airs au rythme de ses pas. Elle avait un visage angélique,pur et d'une beauté rare. Il n'avait jamais vu un tel visage, derrière lequel se cachait un histoire, dont il n'avait aucunement conscience. Sans vraiment en savoir la raison, il avait réellement envie de la connaître davantage. Seulement, maintenant, cela lui était impossible. Briser la carapace qu'il s'était forgé ? Se laisser aller à elle ? Il en avait plus qu'envie, certes, mais il était bien trop fier pour se laisser attirer par son si jolis minois... Alors, malgré les nombreuses tentatives de la demoiselle, Akshan n'avait pas une seule fois montré ne serait-ce qu'un sentiment à son égard. Dieu qu'il était fort à ce petit jeu ! Il se demandait si Lena avait déjà vu en lui quelque sentiment qu'il avait éprouvé. Certainement pas. Il savait si bien se servir à son avantage de ce masque fictif ! A cet instant, alors qu'elle était assise devant lui, buvant une gorgée de jus d'orange, il laissa apparaître un sourire, un de ces sourires attendris et incontrôlables qu'ondévoile lorsque quelqu'un nous plaît. Il éspéra profondément qu'elle n'avait rien remarqué. Il reprit ses esprits, et cette fois, fit une mine agacée et quelque peu exagérée. Il savait qu'il contrôlait la situation, mais à certains moments, et avec l'alcool, il était à deux doigts de se jeter sur elle et de s'emparer de ses lèvres innocentes.

Akshan écouta alors la demoiselle qui s'élançait dans un monologue très développé, et Akshan but une nouvelle gorgée de bière, comme agaçé en voyant Lena se justifier. Il éprouva un sentiment, minime, mais tout de même, de compassion. Il s'en voulut un peu, il ne voulait pas la blesser, elle et sa dignité. Il espérait qu'elle avait compris ce petit jeu, et qu'elle ne lui en voulait pas. Apparemment, cela lui importait peu qu'Akshan la rejette ainsi. Chaque fois, elle revenait à l'attaque, espérant quelque chose dont elle savait que ça ne se réaliserait pas. Akshan sourit, amusé de sa refléxion, et lorsqu'elle alluma un cigarette, il fut à deux doigts de rire en voyant le regard noir de Jerry, le patron du bar. Cet homme en possèdait deux de la sorte, et l'autre était situé vers Brooklyn, et il était tout aussi tranquille et populaire que celui-ci. Le jeune indien prit une forte inspiration, sentant la fumée pénètrer ses poumons, puis se mit à répondre à son interlocutrice, ne changeant pas d'expression :

« Je suis très content pour toi. Par contre, ce mec a eu un peu moins de chance ,mais bon, il y a tellement de gens mauvais goûts de nos jours ... Admettons que tu ne me suives pas... C'est tout de même toi qui est venue me parler, non ? »

Akshan laissa échapper un rire, très amusé de la situation, et, voyant que Lena ne se vexait pas, il décida de continuer son petit jeu tellement amusant, et écouta la réplique de la demoiselle très attentivement. Une de ses phrases l'interpella. Elle avait marqué un point, en disant que ce soit le fait qu'elle ait fait le premier pas , qui ait coupé le jeune homme dans son envie de passer la nuit à ses côtés. Certes, son acte l'avait étonné, mais ce n'était pas entièrement pour ça qu'il refusait ses propositions. Il avait juste envie de s'amuser. C'était tellement plus excitant de faire languir une si jolie demoiselle !

« Merci du compliment. Mais non, désolé, je suis pas macho chérie, je n'ai juste pas envie de coucher avec toi, tout simplement, répondit-il, en ponctuant sa phrase qui sonnait faux d'un sourire pervers. Je ne suis pas gay, Lena, c'est juste que je ne passe pas mes nuits avec la première venue. »

« En théorie, dit-il vraiment très très bas, et en détournant le visage à l'opposé de la demoiselle. »

" Comme le feraient
toutes les gamines
pourries gâtées du coin ! "

Cette fille était vraiment jolie. Le jeune homme songea au fait qu'elle puisse être la définition même de la beauté. Il le pensait dur comme fer. Peut être était-ce à cause de son vsage angélique et si parfait. Il la dévisagea véritablement du regard, avec insistance, à la recherche d'un hypothétique défaut, qu'il ne trouva pas, bien évidemment. Physiquement, elle n'en avait aucun. Moralement... Ca restait à prouver. Akshan soupira de cette reflexion, et dut se faire à la réalité : le caractère de Lena était vraiment très excessif et un peu lourd. Il n'était jamais sorti avec une fille pareil. A vrai dire, il n'avait pas vraiment le temps de faire connaissance avec les filles qui visitaient son lit ... Mais ses véritables ex petites amies se ressemblaient toutes, et elles étaient l'opposées de Lena. Akshan jeta un regard plus insistant qu'auparavant, la regardant de nouveau qui était plongée dans ses pensées. Le barman lui apporta sa vodka, et la dévisagea ostensiblement. Akshan secoua la tête, désolé de son manque de discrétion, et vit que Léna n'avait rien remarqué. Les yeux de l'indien se plongèrent dans les siens, et il se rendit compte à quel point c'était un crétin de passer à côté d'une fille pareille.

Pourquoi était elle si différente des autres ? Qu'avait-elle de plus ? Elle déclenchait en lui des tas de réfléxions et de questions sans réponses. Il la haïssait, mais d'un autre côté, elle lui plaisait, et son petit jeu ne faisait qu'augmenter cette attirance. Et elle grandissant, au fil de leur rencontres, ces rencontres si répétitives. Il avait beau lui dire qu'il avait du mal à supporter sa présence, c'était totalement faux. Sauf qu'Akshan était doué en mensonge, au plus grand déséspoir de la demoiselle. Cela faisait une dizaine de fois qu'ils se voyaient, et Akshan avait vraiment du mal à continuer de refuser ses avances.

« Pardonne moi, mais je préfère ne pas essayer. Je n'ai pas envie d'être déçu comme ce pauvre gars. »

Akshan soupira d'une manière amusée, puis secoua la tête, d'un air agaçé. Il termina sa bière, puis fit signe au barman de lui apporter un vodka. Il accompagnerai sa chère amie. Peut être qu'il finirait complètement saoul encore une fois. Tant pis pour lui. Il remarqua que Lena lançait des regards à tout va. Certes, elle devait faire de l'effet à tout ces gros lourds en rut, mais ils ne faisaient pas le poids. Il ressentit une point de jalousie en voyant un air si sûr d'elle se dessiner sur le visage de la demoiselle. Comptait-elle passer la nuit avec un de ces hommes ? Il espérait que non, et qu'elle préfèrerait continuer à le baratiner de compliments. Il avait tout de même de la chance d'être le centre d'interêt d'une beauté comme elle.

« Eh bien, je ne te retiens pas. Passe donc une nuit de folie en compagnie de ce crétin de service qui te matte depuis tout à l'heure..., déclara-t-il en soupirant, un peu agaçé et déçu de sa rélféxion, J'irai trouver une jolie demoiselle de mon côté. Ca me convient parfaitement tant qu'elle n'est pas collante comme toi. »

Il soupira de nouveau, puis but une forte gorgée de vodka, ce qui provoqua une chaleur plaisante dans sa gorge. Il lança un sourire à Lena, toujours agaçé, puis enchaîna une nouvelle phrase en réponse à sa précédente réfléxion :

« Même si je te fais de l'effet, tu n'as qu'a rester dans ton coin à me dévisager, comme le feraient toutes les gamines pourries gâtées du coin. »

Là, il y était allé un peu fort. Il ne voulait pas la blesser, mais il avait été légèrement eméché du fait qu'elle envisage de passer la nuit avec ce mec. Il était légèrement... Jaloux ? Il secoua la tête en guise d'insatisfaction, puis regarda de nouveau Lena, et dit :

« T'as raison. Je suis du genre à coucher avec la première venue, mais uniquement quand la fille me plaît. Si ce n'est pas le cas, même après trois ou quatre fois, c'est qu'il faut lâcher l'affaire. »

" Arrête de rêver "



Un grand gaillard et une jolie fille entrèrent dans le bar. La fille paraissait soumise, et elle esquissa un sourire forcé à Akshan, qui sentit bien que quelque chose n'allait pas chez elle. Elle avait l'air terriblement mal. Pourtant elle était jolie, malgré sa couche de maquillage épaisse. Elle s'était conçue un masque, parcequ'elle éprouvait un mal-être. Il ressentit un élan de compassion, cependant, il n'arrivait pas à en éprouver autant qu'il fallait. Il se sentait terriblement egoîste. Cette fille était peut-être sujete aux pires misères du monde et pourtant l'attention du jeune Indien se portait uniquement sur Lena. Il se posa encore une fois des questions sans réponses à son propos, Il ne voulait pas qu'elle parte, cependant il se doutait qu'elle allait bien finir par s'en aller, à force d'entendre de telles paroles sortit de la bouche d'Akshan. Il était blessant, et il le savait. Mais il était tout aussi conscient que s'il se laissait aller à elle, et reprendrait le contrôle, et le lâcherait comme une vieille chaussette, comme elle l'avait sûrement fait avec ses autres conqûetes. Que faire alors ? Il n'avait pas de solution à cette relation particulière, pas de solution de secours. Ca se terminerait probablement ce soir. En réalité, ça n'avait jamais commencé.

Akshan but une gorgée de vodka, puis caressa le verre du bout des doigts. Lena devait penser qu'il s'ennuyait, qu'il avait hâte qu'elle parte. Se doutait ellle qu'il mentait ? Avait-il l'air faux quand il lui disait des saletés ? Ou bien croyait elle totalement à ses méchancetés ? Si c'était le cas, alors elle finirait par le laisser tomber. Seulement, elle ne paraissait pas encore avoirl lâché l'affaire. Elle repris un tact hérculéen et parvint à lui sortir un phrase assez amusante et flatteuse. Akshan, tenant son rôle et jouant le jeu jusqu'au bout, lâcha d'un air blasé:

« Et qui te dit que je serais jaloux ? Et pourquoi est ce que je t'attire ? Qu'est ce que j'ai de plus que ces mecs ? Ils sont plus baraqués, et ils sont prêts à t'accueillir à bras ouverts. Ce n'est pas mon cas. »

Il avait énuméré plusieurs phrases. Il n'attendait pas de réponses, pourtant il espérait qu'elle lui en donnât. Il voulait savoir ce qui éveillait un tel intêret chez elle. Akshan était plutôt banal ? Mis à part son refus de coucher avec elle, il n'avait rien d'exceptionnel. Il devrait se contenter de cette explication. La fille avait, décidément, de belles paroles à balançer. Il l'écouta attentivement, voulant lui crier tous les Ouis du monde. Cependant il n'en fit rien, et il répondit totalement à l'opposé:

« Non. Arrête de rêver.»

Il se tourna face au bar, avala difficilement. C'était horrible. Ca relevait de la prouesse. Il venait de faire quelque chose d'inimaginable. Il avait l'air de dire la vérité et il le savait. Pourtant, il venait de mentir excessivement, comme il n'avait jamais menti. Il avait des remords. Il s'en voulait. Il se sentait bête. Il termina sa vodka d'un trait, et serra les dents. Lena, elle, venait de déblatérer une phrase d'abandon, montrant qu'elle en avait marre d'essayer de le séduire. Akshan se sentit alors très mal, et voulut la retenir. Il était malheureusement trop fier pour ça. Il la regarda allumer une cigarette, il contempla son teint magnifique, comme si c'était la dernière fois, regarda sans qu'elle puisse le voir, ses yeux splendides et avala difficilement. Le barman surgit alors, remonté contre Lena, et cria presque:

« Ca commence à bien faire mademoiselle ! Vous savez bien qu'il est interdit de fumer ici, alors une je peux comprendre, mais deux, c'est trop pour moi. Je tiens trop à mon bar pour ça. Gamin, dit-il en jetant un coup de menton vers Akshan, prends ta copine et emmène la ailleurs. Allez, dépêche toi ! »

Il n'apporta pas la vodka que Lena venait de commander, bien évidemment. Akshan fut relativement surpris de la réaction du barman. Il était assez fréquent qu'il vienne ici, et Akshan le respectait assez pour qu'il se contente de la prévenir. La virer ainsi du bar, c'était excessif ! Akshan grogna, lança un regard noir à Lena, puis enfila sa veste et posa un billet de 50 dollars sur le comptoir. Il fit comprendre à Jerry qu'il payait pour la jeune fille, puis il regarda la concernée et l'invita à sortir du bar.

Se faire jeter dehors ainsi, Akshan ne le tolérait pas. Certes, il n'avait aucune envie de rester avec Lena (ou du moins c'est ce qu'il lui disait), mais tout de même, la virer comme ça du bar, c'était un peu excessif ! Jerry avait sûrement pété un cable pour réagir ainsi ! Akshan le connaissait depuis longtemps déjà, étant un client habitué, et pourtant, il avait eut le culot de mettre à la porte son interlocurtrice. Et puis, il avait aussi déclaré à Akshan d'emmener dehors la jeune fille ! Tout cela avait rendu furieux le jeune indien, qui trouvait les réactions des américains parfois un peu trop exagérées. Il aurait pu lui dire de ne pas fumer, tout simplement ? Décidément, des tas de questions vinrent emcombrer son esprit, mais il s'efforça de les effacer aussitôt, n'ayant pas envie de se prendre plus la tête qu'il ne le faisait déjà. C'est pourquoi il sortit, entraînant la demoiselle au passage, l'air ferme et décidé. Il avait l'air fier, comme toujours, et en parfaite harmonie avec son esprit. Il n'était pas le genre de gars tourmenté et détruit par les malheurs. Il était l'exemple même de l'optimiste, et avec lui, il fallait penser positif sinon c'était perdu d'avance. En passant la porte du petit bar, il se jura intérieurement de ne plus jamais revenir. Akshan était aussi comme ça, c'est à dire très à cheval sur les principe, et Jerry venait d'en franchir un bien trop fondamental : le respect de la femme. A croire qu'il n'avait aucune courtoisie et était macho comme personne. Malgré le fait que Lena ne soit pas "la femme " qu'il s'imaginait, il la respectait tout de même, et était près à la défendre comme il l'aurait pas avec n'importe quelle autre demoiselle. Ils passèrent tout deux la porte, se retrouvant alors dans la nuit noire, où de petites étoiles luisantes se dispersaient dans le ciel. La nuit était belle, et Akshan le remarqua, portant son attention quelques instants sur autre chose que sur Lena.

Seulement, cela ne dura pas. Celle-ci reprit la parole, encore, et encore, sans jamais s'arrêter. Qu'avait elle à parler ainsi, continuellement ? Elle était incroyablement bavarde, à croire qu'elle n'avait personne à qui parler et qu'Akshan était son interlocuteur de secours... L'indien soupira plusieurs fois, agaçé de ses répliques. Il l'avait déjà ignoré tout à l'heure, avant qu'elle se fasse éjecter du bar, et il recommenca, remplacant une parole inutile par un sourire moqueur, lorsqu'elle déclara être un fardeau pour lui. Lena ne comprenait pas pourquoi Akshan ne l'avait pas laissé partir seule, et croyait être une plaie et terriblement soulante. C'était vrai d'un côté, elle l'était, mais au fond, il appréciait sa présence et n'avait pas envie de la laisser. Pas maintenant. Mais qu'allait-il faire à présent. Partir sans se retourner ? Et la laisser là, seule sur le trottoir ? Non, il ne pouvait pas. Il répondit donc à ses paroles, même si elle n'avait pas l'air de souhaiter une réponse :

« Ecoute, je n'ai pas apprécié que le patron te mette dehors comme ça. C'est tout. Et puis je comptais partir de toute façon, donc te poses pas de questions. »

Akshan marqua une courte pause, écoutant alors ses autres paroles. Elle recommencait. Akshan baissa la tête, agaçé de ses compliments à la noix, puis se mit face à elle, et la regarda droit dans les yeux, puis dit, le sourire en coin :

« Je confirme, c'est flippant. Un vrai moulin à parole ! déclara-t-il, en levant les yeux au ciel,enfin, peu importe. Je vais avoir du mal à te supporter si tu continues, alors que comptes-tu faire maintenant ? Pour ma part, je vais continuer ma soirée et trouver une boîte de nuit, histoire de boire jusqu'à l'aube et être complètement soûl ! Peut être qu'avec quelques vodkas je plus, je parviendrais à te supporter. Ca reste à prouver... »

Il venait de lui proposer de le suivre. Etait-il fou ? Il se demanda pourquoi il avait fait cela. En théorie, ce n'était pas une demande directe, et il espérait qu'elle ne cernerait pas son invitation cachée. Elle prendrait ça pour de l'ironie et partirait. Mais il n'avait pas envie qu'elle parte. Alors il espéra qu'elle décide de la jouer chiante et qu'elle s'invite avec lui. Il l'espéra vraiment très fort. Mais malgré ça, il se doutait que c'était sur ce trottoir qu'il la verrait pour la dernière fois, à 90% de chances. Il alluma une cigarette, qu'il fuma comme une délivrance et cela lui ôta tout le stress qu'il avait accumulé depuis son entrée dans le bar.

" Par pitié, tais toi. "

Il termina sa cigarette, qu'il balança sur le trottoir , et posa un instant son regard sur le macadam, perdu dans ses pensées. Il pensait à tout un tas de choses, mais surtout à Lena et à ce qui venait de se passer. Il tentait également de se donner une bonne raison de l'inviter à ses côtés. Seulement, il n'en trouva aucune. Il mit donc cette invitation spontanée sur le dos des vodkas qu'il venait de boire. Mais il savait bien qu'il avait invité parce qu'il l'aimait bien, et qu'il la trouvait jolie. Et elle n'en saurait jamais rien, parce qu'après cette nuit là, ils se se reverraient jamais, et Akshan n'aurait pas l'occasion de lui avouer tout ce qu'il avait ressenti en sa présence. Il pensa que cette soirée serait la dernière, alors peu importe qu'il soit courtois ou pas : il n'y aurait pas de prochaine fois. Voilà pourquoi, à la plus sa plus grande surprise, il venait d'inviter par sous-entendu une fille qu'il s'obstinait à repousser continuellement. Il venait d'atteindre le comble du paradoxe, mais il n'avait aucun regret. Sentiment qu'il aurait ressenti dans un cas inverse, c'est à dire s'il avait laissée partir. Alors qu'elle croie ce qu'elle veut, de toute manière, leur petit jeu n'avait plus aucun intêret s'il ne se terminait pas un jour. On dit que toutes les bonnes choses ont une fin, n'est ce pas ? Alors ça doit être valable pour les mauvaises choses également.

Avant cette cogitation soudaine, Akshan avait tant bien que mal menti à Lena dans l'espoir de la convaincre de passer à autre chose. Seulement, elle ne se remettait pas du fait qu'Akshan l'ait accompagné dehors et ne soit pas resté à l'intérieur. Elle s'obstinait à trouver un mal à cela, alors qu'elle aurait très bien pu se taire et le suivre dans une boîte de nuit sans broncher. Mais elle n'était pas comme ça, elle n'avait jamais été comme ça, elle avait toujours été différente. C'est pour cela aussi qu'il était différent de son côté. Qu'il la repoussait sans arrêt, et qu'il jouait un rôle. Aurait-il un interêt, et serait-il intéressant aux yeux de Lena en étant lui même ? Il savait que le fait de la repousser engendrait une réaction contraire, c'est à dire qu'elle revenait sans arrêt au lieu de partir. Mais s'il se mettait à accepter ses avances, il se doutait qu'elle ne serait plus intéressée et finirait par le laisser tomber. Alors que faire ? Akshan n'en avait aucune idée. Il savait juste qu'une seule de ses deux solutions était possible, et la première commençait à être insupportable.

« Par pitié, tais toi. J'ai quitté le bar, point. Ne cherche pas plus compliqué que ca ne l'est. »

Akshan savait que Lena avait bu, et qu'elle disait des choses à son dépourvu. Il n'aimait pas cette situation, mais cela lui donna une idée. Et si au lieu de lui céder totalement, il ne lui cédait que partiellement ? Il jugea cela trop difficile, et pourtant, plus le temps passait, plus il lui devenait impossible de ne pas lui sauter dessus. Et l'expression n'était pas exagérée ! Dès qu'il la regardait plus d'une seconde, qu'il la voyait parler, et parler, sans s'arrêter, il n'avait qu'une envie, s'emparer de ses lèvres pour la faire taire et lui arracher ses vêtements sur place. Il secoua la tête afin d'ôter de telles pensées de son esprit, et se contenta de l'écouter de nouveau.

« Peu importe. Tu ne t'en souviendras pas demain. »

Akshan lança un sourire moqueur à Lena qui semblait bouche bée, et à moitiée évanouie après son "invitation". Il parvint à ne pas rire, alors que de son côté, Lena venait de répondre subitement. Il arqua un sourcil et se contenta d'une phrase toute simple.

« Je ne viens quasiment jamais ici, alors si tu as une idée, n'hésite pas. »

" Mais rien n'a jamais
commençé entre nous."


Elle avait raison. Elle lui plaisait, il lui plaisait, et le résultat de ces deux sensations était évident. Ils étaient tout à fait destinés à passer une nuit ensemble. Toutes les conditions étaient réunies pour cela. Seulement, il n'en était rien. Strictement rien ne s'était passé depuis la première fois qu'ils s'étaient vus. S'il fallait un jour élir le paradoxe le plus dingue du monde, ce serait le leur. Parce que, résister à la tentation comme ils le faisaient actuellement méritait largement une petite place dans un livre des records. Akshan lança un regard à Lena, ne la quittant plus des yeux. Toutes les paroles qu'elles prononçaient étaient réelles, et l'hindou s'obstinait à les contredire. Ca lui plaisait. C'était leur petit jeu. Jeu dangereux, certes, et totalement incertain. Et lorsque Lena se tut subitement, comme si elle avait sagement écouté la leçon d'Akshan lui disant qu'elle devait parler plus modérément, Akshan fut proche de mettre fin à ce jeu. Elle était tellement attendrissante, et il avait envie de la protéger. Elle secoua la tête, et lui aussi. Comme si cela allait ôter leurs pensées...

En réalité, s'il continuait à jouer ainsi, c'était justement pour avoir l'espoir de la revoir. Au fond, une seule nuit représentait bien peu à ses yeux. C'est comme s'il avait besoin de beaucoup plus. Jamais une attirance ne lui avait fait cet effet là auparavant. C'était parce qu'il ressentait certainement plus qu'une simple attirance. Mais allait-il pour autant se lançer dans une histoire compliquée ? Il avait déjà subi assez d'échecs amoureux comme ça, et même si Lena paraîssait différente des autres filles avec lesquelles il était sorti, il n'était pas sûr de faire un bon choix en allant plus loin qu'un simple nuit. De toute façon, il espérait peut être un peu trop. Lena, de son côté, devait seulement vouloir de de lui une seule et unique nuit, rien de plus. Pourquoi s'obstinait-elle à le revoir alors ? Tout autre fille normale aurait lâché l'affaire depuis longtemps. Akshan espéra alors qu'elle ressentait la même chose que lui. Il pensa un court instant qu'elle puisse, elle aussi, désirer plus que cette soirée là.

« Les choses ont une fin lorsqu'elles ont commençé. Mais rien n'a jamais commençé entre nous. »

Il jouait sur les mots. Mais elle avait dit " et après c'est fini ". S'il avait dit ce qu'il avait sur le coeur, il aurait crié, " je ne veux pas que ça se termine ". Seulement, il en était incapable. Parce qu'elle avait raison, leur histoire se terminerait ce soir, point final. Terminé, les espoirs idiots et inutiles de romance et de passion. Nous sommes aux XXI ème siècle, n'est ce pas ? Quel idiot pensait encore que les histoires d'amours existaient ? On ne voit ça que dans les films. Alors à quoi bon essayer ? Ce soir, ils coucheraient ensemble comme elle l'avait dit, et puis s'en serait terminé, déifnitivement. Akshan aurait peut être des regrets après ça, mais il passera à autre chose... Il passera à autre chose.

« Soit. Je n'ai rien de mieux à faire de toute façon. Alors, vas-y, fais moi donc découvrir ton "endroit génial". »

Akshan lui lança un sourire taquin, en réponse à son clin d'oeil. Maintenant qu'il avait fait son choix, autant jouer jusqu'au bout.

« Tu n'as pas à t'inquièter puisqu'il ne se passera rien »

Mensonge. En plus ça sonnait faux. Il en avait envie, et elle aussi. Pourquoi aller chercher plus loin, comme elle l'avait dit tout à l'heure ? Il finira par passer à autre chose... Oui, il finira bien par l'oublier. Ca aussi, ça sonnait complètement faux.

" Comme ça, on sera fixés "


Ils étaient là, debout, au bord du trottoir. Ils n'étaient pas vraiment proches en réalité, mais plutôt eloignés. Face à face, comme dans un combat. On aurait pu croire à un duel, en les voyant chacun prononçer leurs phrases. Ou bien un chat et une souris, si on veut un exemple plus typique. Elle, qui tentait, par tous les moyens de l'attraper, et lui qui la fuyait. Et tout le monde sait que le chat finit par dévorer la souris avec grand plaisir. Bien sûr, l'expression est à prendre au sens figuré. Car Lena n'avait rien d'une cannibale. En principe. Akshan sentait le regard de la jeune fille posé sur lui, et il savait qu'il suscitait en elle un grand interêt. Après tout les sous entendus qu'il venait de placer dans leur conversation, elle avait du deviner qu'elle ne le laissait pas indifférent non plus. Cette histoire d'invation indirecte avait du l'éclairer. Si elle était un minimum intelligente, elle avait compris qu'en réalité, il aimait sa compagnie. Akshan était à la fois plutôt soulagé de lui avoir fait comprendre qu'il ne la haïssait pas, mais aussi plus vulnérable. Désormais, ils étaient tous les deux conscient de leur attirance, et vu qu'il n'avait rien à perdre, Akshan ne manqua pas de la dévisager à nouveau. Il l'avait pensé des centaines de fois. Et à ce moment précis, il le pensait encore. Il songeait à sa beauté, à son visage caractéristique et à ses cheveux. Il voulait passer ses doigts entres ses boucles, rien que pour vérifier qu'elles étaient douces. Etais-ce un comportement normal ? Non. Il n'avait jamais pensé à ce genre de choses en présence de ses précédentes conquêtes d'un nuit. Mais il savait à quel point Lena était différente des autres.

Depuis le début, il se refusait à penser qu'il pouvait ressentir plus qu'une simple attirance. Et pour tirer un trait sur ces pensées douteuses, il tentait de la hair, de lui trouver tous les défauts du monde. En fait, il tentait de se la présenter autrement qu'elle était en réalité, afin de ne plus ressentir de telles choses. Au début, son petit stratagème avait fonctionné, il avait réussi à ne pas trop s'attacher à elle, et avait même cru ne pas la supporter. Mais plus il passait du temps avec elle, plus il avait du mal à lui répondre constamment à la négative. Et ce soir là, il avait ouvert les yeux. En posant les yeux sur elle une ennième fois, il avait su à quel point il s'attacherait à elle s'il continuait à la voir. Il avait su qu'un peu plus de temps à ses côtés aurait suffit à le faire tomber raide dingue. Peut être l'était-il déjà. Alors avant qu'il soit trop tard, il devait agir. Il ne voulait plus tomber amoureux, il avait subit trop d'échecs sur ce plan là. Peut être allait-il passer à côté de quelque chose. Il en était conscient, mais n'en demeurait pas moins resigné à ne plus la voir. Il agissait avec lacheté, en fuyant ainsi pour ne pas souffrir, mais il avait eu sa dose de ruptures douloureuses pour le moment.

Lorsque Lena déclara ne vouloir que "commencer", il ne put pas s'empêcher de frissonner en pensant qu'elle ressentait la même chose que lui. Peut être voulait-elle seulement parler de cette nuit-là. Il préféra cette option à la première. S'il se mettait à penser que ses "sentiments" étaient réciproque, il serait suscpetible de changer d'avis, et c'était une très mauvaise idée. Puis, Lena sembla enfin vouloir dévoiler à Akshan ce lieu qu'elle aimait tant. Il lui lança un sourire satisfait, et haussa les épaules, comme si ça lui était indifférent. Ce qui n'était pas le cas. Ce lieu était très cher à la jeune fille, et Akshan s'obstina alors à vouloir découvrir cet endroit. Si elle l'aimait, il l'aimerait aussi.

« Bien, alors montre le-moi. Comme ça on sera fixés. »

Akshan passa sa main dans ses cheveux, et tira sur sa fermeture éclair. Le vent soufflait quand même un peu ce soir, et la nuit se faisait de plus en plus noire, entraînant avec elle la chaleur,dans sa descente vers l'obsurité. Akshan frissonna et claqua un peu des dents. L'alcool parvenait tout de même à le réchauffer un peu, ou du moins assez pour qu'il puisse rester dehors encore un moment. Akshan cligna des yeux, la cerveau embrouillé à cause de toutes ces questions qu'ils se posait et tout ces sentiments incompréhensible qui le chamboulaient. Il vit Lena marcher vers la route d'un pas élançé, et il contempla ses jambes parfaites et elles aussi uniques. La demoiselle attendit un taxi qui ne tarda pas à arriver. Suite à sa précédente remarque, il avait doucement rit, parce qu'il n'avait rien d'autre à dire. Elle avait raison sur toute la ligne. Il préférait ne rien dire plutôt que de s'enfoncer. Puis, un gentil conducteur s'arrêta près de Lena - mais qui ne s'arrêterait pas en voyant une déesse comme elle au bord de la route ? - , et Akshan passa devant elle, lui ouvrant la porte avec une galanterie beaucoup trop exagérée. Il ne pouvait s'empêcher de continuer leur petit jeu hypocrite. Et puis ça changeait les idées bizarres du jeune hindou. Lena prit place dans le taxi avec une délicatesse splendide et incroyable après ce qu'elle venait de boire. Akshan en était resté figé pendant quelques secondes, les yeux brillants. Si Lena n'avait pas remarqué à quel point il était gaga, elle avait besoin de lunettes ! L'hindou espera qu'elle avait mit ça sur le dos de la vodka, puis s'installa sur la banquette, et claqua la porte de la voiture.

" Tu t'améliores "

Elle aimait les surpises. Elle était imprévisible. Elle était différente. Et Akshan aimait cela. Durant les quelques mois qui avaient précédés cette soirée, Akshan était sortie avec une fille. Elle était juste gentille et jolie, mais elle n'avait rien d'exceptionnel. Leur relation avait été des plus banales, et il y manquait l'élément de base : la passion. Et la passion, Akshan n'avait jamais eu l'occasion de la vivre, de la ressentir, et de la mettre en scène. Il avait beau, grâce à cette facade qu'il s'était forgé, paraître drageur et robuste, mais, au fond, tout ce qu'il cherchait, c'était l'amour. Il avait déjà ressenti de l'amour pour une de ses ex petites-amies, mais ce n'était pas cet amour-là qu'il voulait. Il cherchait juste le vrai, le réel, celui qu'on ne trouve qu'une seule fois dans sa vie. Et c'est en regardant Lena, en scrutant ses jolies prunelles dorées à cause de l'obscurité, qu'il songeait à tout cela. Pourquoi lui inspirait-elle un sujet comme celui-ci ? Akshan aurait très bien pu, il aurait même du, penser à l'avoir dans son lit, et rien d'autre. Et là, il pensait au grand amour. Décidément, Lena excercait sur lui une pression indescriptible. C'était comme irréel. Mais il ne pouvait pas nier qu'elle chamboulait son esprit. Et il ne pouvait pas non plus totalement mettre de côté le fait qu'elle puisse être celle qui cherchait. Même s'il s'obstinait à penser le contraire, il éprouva un regret, le regret de peut être passer à côter de la passion. Mais étais-ce une si mauvaise décison ? Etait-il impossible de vivre sans jamais connaître le véritable amour ? Mystère. En attendant, Akshan n'était pas prêt à trouver la réponse à cette question. Il avait déjà subi beaucoup -trop- de déception depuis le début de sa quête. Son coeur n'était plus ouvert, et il ne savait pas s'il serait capable d'aimer à nouveau. Il avait surtout peur de ne pas se remettre d'une ennième rupture. Surtout si Lena était LA fille, et que leur histoire se terminait. Comment passer à autre chose après avoir connu l'amour, le vrai ?

Déjà, il envisageait leur rupture, alors qu'il n'avait même pas encore effleuré ses lèvres. Il ne se reconnaissait plus, aucune de ses pensées n'était normale. Il se sentait complètement déboussolé, mal et au bord de mourir à cause de toute cette envie qu'il cachait, mais aussi terriblement bien. Sa présence l'apaisait et le brûlait en même temps. Etait-elle une sorcière ou une sorte de chamane enchanteuse ? Il ecarquilla les yeux en l'imaginant piquant une poupée vaudou en dansant autour d'un chaudrou enflammé. Depuis quelques instants, Lena avait gardé la bouche fermée, sans même broncher ou soupirer un seul instant. Akshan ferma les yeux, profitant du silence si calme qui venait de pénetrer l'atmosphère. Il laissa sa tête basculer sur la banquette, et prit une grande inspiration. Le parfum de Lena vint chatouiller ses narines, et il fut pris d'un vertige effrayant. Il pivota sa tête, se trouvant alors à quelques centimètres de sa peau. Elle regardait dehors, et Akshan ouvrit les yeux. Il se retint de l'embrasser. Il voulait toucher sa peau, parce qu'il savait qu'il serait prit d'un frisson chimérique. Mais Lena ouvrit la bouche, et prononça une phrase des plus banales. Le jeune hindou pouffa, puis se remit à sa place. Heureusement, Lena n'avait pas eu le temps de vraiment prendre conscience de la proximité qu'il y avait eu entre eux. Désormais, ils étaient assis sagement, chacun de leur côté, fixant les étoiles. Il se passa quelques secondes avant qu'Akshan ne réponde à sa remarque:

« Non. C'est la phrase la plus censée et la plus intelligente que tu aie dites depuis le début de la soirée. Tu t'améliores. »

Akshan devait lui inspirer quelque chose pour qu'elle veuille tant parler, à tout bout de champs. Obstacle aux rêveries puériles de tout à l'heure. Lui, partisant du calme et du silence, et elle, véritable moulin à parole. Après réfléxion, Akshan se rendit compte qu'ils n'avaient aucuns points communs. Ils étaient opposés. Comment une telle chose était supportable dans une relation ? Il resta sur cette pensée pour mieux passer outre ses sentiments , et surtout pour mieux l'oublier une fois cette soirée terminée. C'était la meilleure chose à faire. Il soupira, puis quitta des yeux le ciel étoilé, basculant alors son visage vers sa chère cavalière. Ils se regardèrent en même temps, et lachèrent un sourire quasi instantané. Akshan n'entendit plus les bruits extérieurs. Il n'entendit même plus la chanson ringarde que passait le chauffeur. Un seul bruit dominait tous les autres, si répétitif et sourd qu'il provoqua en lui une énorme chaleur. Celui de son coeur.

" Je ne suis pas sûr de
comprendre, Lena. "

Le taxi arriva a destination quelques minutes plus tard. Après réponse d'Akshan, Lena n'avait plus prononçé un seul mot. Pour la première fois, elle avait eu l'air tourmentée, et perdues dans ses pensées. Akshan se demandait bien à quoi elle pouvait penser, si c'était à lui ou a quelque chose de totalement opposé. Peut être songeait-elle à ce fameux lieu où ils se rendaient, à cet endroit si cher à ses yeux ? Akshan était impatient de découvrir ce lieu, il voulait voir ce dont à quoi Lena était si attachée. Il ne savait pas pourquoi il en avait envie. A vrai dire, il ne comprenait strictement rien à ce qui se passait depuis que Lena l'avait abordée, au bar. D'habitude, il contrôlait toujours les situations, sans aucun problème. Il prévoyait ce qu'il se passerait dans ses pensées, et tout se déroulait toujours comme il l'avait prévu. Mais là, il avait beau essayer, rien n'arrivait à se mettre en place dans son esprit. Lena suffisait à dérégler tout son système, et la place qu'elle prenait dans ses rêveries étaient tellement grande qu'elle brouillait tout le reste. Alors, Akshan ne contrôlait plus rien. Il n'avait aucune idée de ce qui se passerait ensuite. Et quand la raison n'est plus en état de marche, on se réfère à son coeur, n'est ce pas ? Tout ce qu'il voulait, vraiment, c'était que cette soirée ne se termine jamais. Qu'il puisse avoir le loisir de la contempler autant qu'il voulait. Il ne voulait que cela, rester avec elle. Même le sexe ne l'intéressait plus. En réalité ça ne l'avait jamais intéréssé. Depuis le début, il savait que Lena était un être qui valait mieux qu'une simple nuit. Akshan ne savait plus quoi faire. Il se contenta de suivre Lena qui venait de sortir du taxi, et de claquer la porte du véhicule d'un geste rapide.

Et puis, ensuite, il la suivit. Elle marcha d'un pas sûr, et il ne douta pas un seul instant de sa sincérité. Elle l'emmenait bel et bien dans un endroit particulier. Cela se sentait à ses pas qui suivaient le chemin sans aucun souci. Elle avait du venir ici des centaines de fois. Et si elle était venue, c'était que son endroit lui était vraiment très cher. Des échos de musiques vinrent chatouiller ses oreilles, et il tourna la tête vers la provenance du son. Un concert, très certainement. Mais Lena ne l'emmenait pas là, et elle continua d'avancer, toujours aussi sûre d'elle. Akshan aimait beaucoup Central Park, mais il évitait d'y venir seul la nuit, tout simplement parce qu'il s'y perdait. Ce soir-là, il était sûr d'avoir un parfait guide, très bien renseigné et en plus de ça vraiment très jolie. Lena s'arrêta subitement près d'une petite rivière, puis s'installa sur l'herbe. Elle respirait tranquillement, comme apaisée. Akshan décida de s'asseoir à ses côtés, intrigué par la situation. Tout une ribambelles de questions vinrent déranger son esprit calme. Pourquoi cet endroit ? Qu'avait-il de particulier ? Que s'était-il passé ici ? Il se retint un instant, pour ne pas la couper alors qu'elle prenait la parole. Il tourna la tête, regardant les lèvres de Lena qui s'agitaient docilement. Akshan soupira, il n'avait aucune réponse à lui donner. Il se contenta d'écouter la suite de son discours très attentivement. Il se décida enfin à répondre :

« Alors, tu me dragues depuis le début, mais en réalité tu n'a jamais eu l'intention de coucher avec moi ? Je ne suis pas sûr de comprendre, Lena. »

Il marqua une pause. Toutes ce qu'il avait pu penser jusqu'à lors venait d'être remis en question. Si elle ne voulait pas d'une nuit avec elle, que voulait-elle ? Plus ? Ou simplement rien du tout. Il était au bord de crier sa déception. S'il ne pouvait pas avoir son coeur, il voulait au moins avoir l'occasion d'avoir son corps. La séparation serait peut être difficile, mais peu importe. Et puis, il se demanda s'il était mieux de ne rien faire du tout avec elle. Ainsi, il n'auraient pas l'occasion de voir si leur association étaient bonne, et ils ne seraient pas déçus par la suite. C'était la solution la plus facile. La deuxième était de goutter à leur union, puis de ne plus jamais se revoir. Akshan savait déjà qu'elle serait comme une drogue pour lui, et qu'il ne pourrait pas vivre sans. Sa théorie tombait à l'eau. Maintenant, il ne savait plus s'ils allaient se quitter là, ou s'ils allaient passer la nuit tous les deux. Alors, s'il faut choisir, facile ou douloureux ? Aucune réponse ne s'offrait à lui. Alors il se mit à parler. Peut être était-ce pour cela que la demoiselle parlait tout le temps. Peut être qu'elle aussi n'avait pas de réponses à ses questions et qu'elle les comblait en prenant la parole.

« J'aimerais savoir... cet endroit. Pourquoi est-ce qu'il compte pour toi ? »

Oui, il voulait vraiment savoir. Il voulait connaître sa vie antérieure, et l'écouter conter ses histoires. Il en avait vraiment envie. Et là, c'était le comble, parce qu'auparavant, toutes les personnes qui lui avaient raconté leur passé l'ennuyaient au plus haut point.

" Je comprends. "


Akshan ne l'aurait jamais cru. Elle cachait vraiment bien son jeu, et tout ce qu'elle avait pu dire ou faire auparavant n'était aucunement comparable avec ce qu'elle venait de prononcer. C'était comme si elle était...une autre. En la voyant parler ainsi et agir en transmettant tant de sentiments, personne n'aurait cru qu'en réalité, elle était tout l'opposée de cela. Akshan avait été idiot de croire qu'elle n'était pas sensible. Elle avait un coeur, comme tout le monde. Elle éprouvait des sentiments, et pas seulement des sensations. Est ce que, comme Akshan, elle se cachait derrière une sorte de carapace ? Si oui, elle venait de la briser en mille morceaux. Depuis qu'il la connaissait, Akshan ne l'avais jamais sentie si vulnérable que maintenant. Au moins, il avaient tous les deux un point commun : il se cachaient derrière une facade, à cause d'un évènement de leur passé Le fait est que, nier ce que l'on est et dissumiler ses sentiments est la solution la plus simple pour éviter de souffrir. Alors, Akshan sut à cette instant que cette fille aux airs si fiers et affirmés était en fait une fille blessée. On avait, en quelque sorte, volé une partie de son âme. Et depuis ce jour elle ne vivait plus pleinement, elle se contentait d'être là, et de continuer en tentant d'avancer même si plus rien n'était comme avant. Akshan savait tout cela, parce qu'il ressentait la même chose qu'elle. Il aurait voulu, lui aussi, lui avouer tout ce que son passé avait fait de lui. Mais sa carapace était beaucoup plus difficile à briser.

Ce que venait de faire Lena n'avait fait qu'augmenter l'estime qu'il avait pour elle. Depuis le début, il savait qu'elle était différente, et plus le temps passait, plus il avait envie de la connaître davantage. Il n'avait pas seulement envie de cette nuit, il avait envie d'en avoir des milliers d'autres. Parce qu'une seule ne suffirait pas. Il savait que Lena était la seule et unique capable de lui rendre cette gaieté et sa véritable nature. Parce qu'elle pouvait le comprendre, puisqu'elle le vivait la même chose que lui . Il aurait voulu lui faire comprendre qu'il vivait la même chose qu'elle, mais comment lui dire que son âme était amochée, à lui aussi ? Il ne pouvait pas, il était beaucoup trop fier pour lui avouer une telle chose. Il ne voulait pas se sentir vulnérable à son tour, il avait peur qu'elle n'aime pas la personne qu'il était vraiment. Elle lui avait clairement fait comprendre son attirance, et l'interêt qu'elle lui portait. Mais serait-il toujours l'objet de ses pensées s'il se dévoilait à elle ? Il doutait. Il savait que la plaindre ne servirait à rien. Etre désolé ne fait pas revenir les morts, cela ne fait qu'accentuer le chagrin. Alors, Akshan se contenta de lui dire la vérité :

« Je comprends. »

Oui, il la comprenait, et ce pour la première fois depuis le début. Il lui avait souri lorsque son visage s'était éclairé, parce qu'il comprenait sa joie de parler de ses souvenirs. Il avait laissé entendre un soupir amusé en même temps qu'elle, lorsqu'elle avait évoqué sa chute dans la rivière, parce qu'il comprenait que cet élément drôle l'avait marquée. Enfin, il avait ressenti un mal-être considérable quand elle avait parlé du destin de sa soeur et de sa famille, parce qu'il comprenait sa douleur. Et désormais, il la regardait, avec dans les yeux tout la compréhension du monde. Un nouveau sentiment était apparu en lui, et il fut parcouru d'un frisson énorme. Auparavant, il se contenait pour ne pas lui sauter dessus. Désormais, c'était pire. Son corps tremblait tout entier dès qu'il songeait à elle. Pourtant, sa carapace demeurait présente. Il ne pouvait pas donner plus que cela. Il ne pouvait pas s'offrir entièrement à elle, il en était tout bonnement incapable. Il devait partir, il devait tout arrêter maintenant. Et puis, elle prononça ces paroles... Il se retint de fuir, en apprenant qu'elle ressentait exactement les même choses que lui. Même s'il l'avait quelque peu deviné, l'entendre de sa bouche faisait tout basculer. Akshan avait une opportunité, la plus merveilleuse qui soit, mais lui n'était pas aussi fort que Lena, il n'avait pas assez de courage pour lui avouer ses sentiments. C'était un trouillard, un obstiné et un lâche, qui fuyait alors que l'amour frappait à sa porte, parce qu'il avait peur de souffrir. Alors, il tenta, encore une fois, de se mentir à lui même, et de nier les faits. Il ne pouvait définitivement pas détruire le mur qui la séparait d'elle.

« Je ne sais pas si c'est l'alcool, ou bien l'émotion mais, tu n'étais pas obligé de m'avouer tout ça. Je... j'essaye de te faire comprendre depuis le début que tu perds ton temps à essayer de m'avoir,parce que tu ne m'auras jamais. Je ne suis pas à la hauteur, Lena. Je ne suis pas prêt à... plus. Tu aurais du partir bien avant. Alors, je vais le faire à ta place. »

Il devait partir. Elle aurait beau essayer de construire quelque chose avec lui, c'était peine perdue. Akshan était complètement fermé à ce...sentiment. Certes, il était lâche de partir ainsi, lâche de ne même pas essayer. Aucune de ses précentes petites-amies ne l'avaient compris, aucune n'avait su voir qui il était vraiment. Pourquoi Lena y arriverait-elle ? Il ne voulait pas la décevoir, comme il l'avait dit, il n'était pas à la hauteur. Des milliers d'autres hommes étaient capable d'aimer, de s'ouvrir à elle, mais pas lui. A quoi bon briser son coeur ? Il regarda son visage, comme si c'était la dernière fois, puis se leva et se dirigea vers la sortie du parc. Mais alors qu'il marchait, il ne put s'empêcher de penser à une possibilité. Celle que Lena soit la bonne. L'âme-soeur. Ce truc qui n'est censé marcher que dans les films. Il y songeait réellement. Et si c'était le cas, alors, il espérait vraiment qu'elle l'empêche de partir.

" Regarde moi ! "

A contrecoeur, il marchait droit devant lui ; tellement rapidement qu'il était à la limite de la course. Ses pieds se dressaient naturellement, comme s'il ce chemin lui était destiné. Dans sa tête, plus rien n'était en ordre. Il ne parvenait plus à réfléchir. Il n'arrivait même plus à distinguer le paysage. Etais-ce l'alcool ? L'émotion ? La cocktail de tout cela donnait un bien piteux résultat. Mais à défauts de pouvoir penser, il pouvait ressentir. Et tout ce dont il avait envie, c'était faire demi-tour. Seulement, il n'y parvenait pas. Il marchait, marchait, et marchait. Il respirait difficilement. Et puis, il poussa un grand soupir, leva les yeux vers le ciel et se stoppa net. Lena venait de le rattraper. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle fait cela ? Pourquoi avait-elle décidé de rendre tout aussi difficile ? Si elle l'avait laissé, si elle était simplement restée assise là, près de la rivière, tout aurait été plus simple. Non pas que cela soit facile de l'oublier, et de passer à autre chose. Mais tenter d'aller plus loin, là, c'était vraiment dur. Mais cette fois, Akshan ne laissa pas ses jambes tout contrôler. Il se retourna, et son visage frôla le sien. Elle pleurait. Lena pleurait. Il distinguait parfaitement une larme sur sa joue. Il ne remarqua pas qu'elle avait fait un véritable parcours du combattant. Il ne voyait que ses yeux remplis de larmes. Alors, à cet instant, il sentit ses yeux devenir humide, et son coeur se tordre dans tous les sens. Il se haïssait. Il se haïssait d'avoir pu être la cause de ses pleurs. Dans sa culture et son éducation, rendre malheureuse une femme était considéré comme la pire des choses. Comment avait-il pu la faire souffrir ? Ce n'était pas elle qui aurait du partir, mais lui. Il aurait du s'en aller bien avant, pour abréger ses souffrances. A cause de tout cela, elle ressentait encore plus de douleur, et Akshan en était le principal témoin. Qu'y a-t-il de pire que de voir la personne que l'on aime souffrir ?

Akshan serra les dents. Il n'osait même pas la toucher, il n'osait pas essuyer ses larmes. Il aurait du le faire, mais il avait tellement honte de lui qu'il ne se pardonnerait pas de faire ça. Il en était incapable, encore une fois. Alors, il baissa les yeux. Peut être que Lena ne comprendrait pas sa réaction, mais pour lui, il n'y avait pas d'autre façon de lui montrer sa honte. Il avait fait la pire chose qui soit. Et a cet instant, il ne pouvait ni partir, ni la regarder. Oser regarder une femme qui pleure à cause de lui aurait été un comble ! Alors il fixa le sol, tandis que sa respiration s'accélérait. Il se demanda qui avait le plus mal entre eux deux. Comment une telle chose était arrivée ? Au départ, aucuns de deux n'avait pensée à cela, et maintenant, la situation était devenue ingérable. Tout était allé si vite ! Aussi bien dans le coeur d'Akshan que dans ses actions. Entre eux, plus rien n'était pareil. Akshan l'écouta, et se demanda s'il allait lui répondre. Il en avait envie, mais, ca dépassait ses principes. Et puis, elle balança des phrases les unes à la suite des autres. Des phrases terribles mais réelles. Comme à chaque fois, elle avait vu juste. Elle était tellement différentes des autres... Akshan gardait la tête baissée, cependant. Il pria pour qu'elle sèche ses larmes, et pour qu'elle reprenne son calme. Si c'était le cas, peut-être oserait-il la regarder de nouveaux. Mais il avait détruit son visage, et peut être même plus. Il était pourtant conscient que tout allait mal finir, et il avait continué. Il l'avait suivie. Il l'avait écoutée. Il avait failli aller plus loin. Comment avait-il pu ? Désormais, il regrettait tout. Il ne se sentait plus assez fort pour elle.

C'est pourtant avec beaucoup de courage qu'il releva la tête après quelques minutes. Elle reprenait des couleurs, après avoir terminé de parler. Elle ne pleurait plus, comme rassurée. Akshan se rendit compte que ce n'était pas à cause de lui véritablement, mais à cause de son absence. Elle avait pleuré parce qu'il était parti. Les choses étaient donc différentes. En sa présence, elle ne pleurait plus. Alors, il devait rester. Si cela l'empêchait de sangloter, il resterait là le temps qu'il faudrait. Il se devait d'être digne et courageux pour elle. Il devait trouver quelque chose à lui dire, quelque chose de sincère. Il ne pouvait pas briser sa carapace fictive, non, il n'était toujours pas prêt. Il pouvait simplement essayer de trouver les mots, pour qu'elle soit la plus heureuse possible. Il ne pouvait pas se permettre de recommencer à lui faire du mal. Akshan plongea ses yeux dans les siens. Il ne pouvait plus être lâche et s'enfuir, désormais. Il avait vu le résultat, et ça l'avait complètement retourné.

« Non, je ne suis pas à la hauteur. Pas à ta hauteur. Regarde moi ! Je m'enfuis, je t'abandonne ici après t'avoir laissé de l'espoir. Tu crois vraiment que tu mérite quelqu'un de faible ? Toi, tu ne l'es pas, tu es capable de briser ce...truc, ce mur... qui te protège. Pas moi. Tout ce dont je suis capable, c'est de faire du mal. De te faire du mal. »

Il baissa les yeux de nouveau. Lui parler ainsi était devenu beaucoup trop difficile. Alors il se tut, mais il resta droit, planté devant elle. Il ne voulait pas partir, pas encore. Il attendait qu'elle le lui demande. Si elle ne le faisait pas, alors il se demanda comment il pourrait faire pour ôter toute cette culpabilité. Il chercherait à se faire pardonner. Mais comment ? Après tout cela, ça lui paraissait impossible. Il voulait qu'elle lui hurle dessus, qu'elle le vire à coup de pieds et qu'elle le gifle. Seulement, elle n'avait pas du tout l'air féroce, ni même fâchée. Akshan avait toujours été immature et puéril. Il agissait constamment comme un gamin. Il en était encore un. Il ne parvenait pas à être fort, à être un homme. Prendre des responsabilités, assumer, ce n'était pas son truc. Mais ce soir, il commençait à assumer. Il commençait à se rendre compte de la gravité de ses actes. Peut être murissait-il. Et quelle en était la cause ? Lena. La même Lena qu'il n'avait pas cru quand elle disait vouloir l'aider. S'était-il trompé sur elle ? Depuis le début, ses sentiments évoluaient. Lui qui n'avait pas cru être capable de "plus" qu'une simple nuit s'était-il trompé aussi ? Si elle pouvait le faire grandir, elle pouvait certainement être plus qu'une fille d'un soir.