Je devais être folle, oui c’est ça, folle, mais complètement dingue ! Je me souviens encore de ce jour ou Sha’ était venue m’annoncer qu’elle avait trouvé quelqu’un, qu’il était si beau et si gentil avec elle. Au départ, je l’avais trouvé moche, un vrai gamin, en même temps, il était vraiment tout jeune et j’étais beaucoup plus vieille que lui, enfin, un ou deux ans seulement. C’était bien différent aujourd’hui, pourtant ça n’avait pas tellement changé. Tout devenait contradictoire lorsqu’il s’agissait de lui.

Ce lui n’était autre que Kostos Abraham Prokopios, Kostos pour les intimes, mais je me souviens de son nom complet étant donné qu’il y a à peine deux ans, j’étais le nez dans son portefeuille à mener ma petite enquête. Voyez-vous, je n’étais pas du genre à laisser n’importe qui sortir avec ma petite Shabella. Ce soir, je n’avais d’yeux que pour ce petit monstre. Monstre ? Ce n’était pas le mot qui traversait mon esprit, mais je devais avouer que présentement, je trouvais Kostos MONSTRUEUSEMENT beau.

Qu’est-ce qu’il pouvait bien me prendre tout d’un coup. Kostos n’avait que seize ans, oui, seize malheureuses années, et j’étais plus âgée que lui. Mais ce soir, accoudée à ce bar, mon regard fixé sur son corps que je désignerai comme un corps d’apollon, je doutais légèrement de ce que je pouvais ressentir envers Prokopios. Était-ce une simple attirance. Car ce bougre était devenu magnifique, un vrai dieu ! Shabella avait bien de la chance sur ce coup, et je m’en voulais.

J’avalais mon verre d’une traite avant d’en commander un deuxième, bien plus corsé cette fois, mon regard toujours fixé sur ce jeune homme. J’avais une putain d’envie de l’embrasser ce con ! Oui, il était con, parce que je l’avais décidé. J’étais polie d’habitude, mais là, s’en était trop, il me tapait involontairement sur le système.

Vous savez Prokopios n’était surement pas comme les autres mecs. C’était un particulié lui, il n’était pas italien avec son sang chaud, il n’était pas français avec son romantisme, il n’était pas charmeur avec son sourire parfait ! NON ! Il était un peu de tout. Il avait le sang chaud, il était légèrement, mais alors très légèrement romantique, et il avait un sourire parfait ! Ce mec était le diable en personne, celui qui attirait tout le monde dans ses filets, qu’on le veuille ou non.

Je m’enfilais une nouvelle fois le verre et en commandais un troisième. Pourquoi fallait-il que je supporte aussi bien l’alcool. Et voilà que le concerné en question s’approchait de moi, BORDEL, il ne pouvait pas choisir un autre moment

- Non de dieu, de bordel de chiotte, de sacré bougre de sa race de caniche..faite qu’il ne m’adresse pas la parole.

Je priais le ciel, c’était stupide, je ne pouvais pas dire que je sois pratiquante, je ne connaissais même pas le « Notre Père » officiel. Ma version à moi c’était le : Notre père qui est aux cieux, patati, patata..amen.

Plus les secondes défilaient, plus il s’approchait. Non Kostos, ne m’approche pas. Vite Jules trouve quelque choses, urgence popotaire, ou même tousse, je ne sais pas mais trouve quelque chose. Oui, je sais, je n’ai qu’à lui dire que j’ai la grippe H1 N1 il me foutra la paix et comme ça, je ne rougirai pas comme une gamine et ne me jetterais pas à ces pieds. Je n’ai rien contre les musulmans, au contraire, je respecte leur religion comme ils ont toujours respecté la notre. Mais, mon dieu, C'est bien dommage que les musulmans ne mangent pas de porcs, puisqu'il nous apporte quand même beaucoup d'issue de secours.

Trop tard, il était toujours trop tard lorsque je décidais d’agir. À présent je pouvais assurément voir la sculpture de son corps parfait. Je m’en voulais, dieu ciel ! Je m’en voulais atrocement, je me mordis les lèvres lorsqu’il s’adressa à moi, se grattant la tête d’un air gêné. Tant mieux, je ferais passer ce petit mordillement pour de la gêne moi aussi. Lorsqu’il se présenta, il n’oublia pas de préciser le terme : « Le copain de Shabella » comme si je ne le savais pas déjà. Je m’étais promis de ne pas faire d’écarts, je ne devais pas faire d’erreurs, cela m’était interdit, surtout pas avec le petit copain de ma meilleure amie. Prokopios n’était plus un gamin, il était devenu un beau jeune homme et je ne pouvais lui en vouloir de plaire aux filles. Je lui en voulais juste de me plaire, à moi !

La fidélité n'avait jamais été son fort, pourtant, je savais que jamais au grand jamais il ne se passerait quelques choses entre lui & moi, que ce soit un simple baiser, un regard réciproquement intense, rien, tout simplement parce que j'étais proche de Sha'. Je soufflais, le trouvant bien trop près alors que je ne pouvais même pas sentir son souffle. Mais d'ici, je pouvais sans regret sentir son parfum qui m'enivra sans attendre, je crus même vaciller pendant un court instant. Kostos était le genre de garçon à faire de petite escapades, mais tant qu’il aimait Sha’ et pas une autres, ma meilleure amie lui pardonnait toute ses erreurs, comme il lui pardonnait les siennes. Je ne savais que faire dans des situations pareilles, et une fois de plus, mes barrières avaient cédé lorsqu’il s’était adressé à moi.

Il avait l’une des voix les plus rauques et les plus envoutantes qu’il soit. Même le son de sa voix provoquait en moins un fracas de frissons le long de ma colonne vertébrale. Les palpitations de mon cœur s’accélérèrent et je fus réellement soulagée qu’il ne puisse les entendre. Qu’allais-je lui répondre moi ? « Oui je sais qui tu es, je craque carrément pour toi ». Non, cette fois, je n’allais pas céder.

- « Je me souviens qui tu es Kostos, tu as même…beaucoup changé.»

Je savais qu’habituellement il finissait sa soirée avec une créature de rêve aux jambes interminables. Et aussi égoïste que je sois, j’avais envie d’être l’une de ses créatures de rêves. Je respirais, ma poitrine gonflant à chaque secondes, lui par contre devint blanc, aussi blanc qu’un linge, ce qui ne lui allait pas du tout. J’appréhendais ce qu’il allait me dire, que devais je faire. Je le vis me toiser rapidement du regard, de la tête au pied ce qui m’angoissait de plus en plus. Rien que de sentir son regard brulant sur ma peau, j’avais presque envie de lui sauter dessus

- « Heu... les deux premiers boutons de ton chemisier sont ouverts! »

Je fus troublée, n’avait-il remarqué que ça ? Simplement les boutons ouverts de mon chemisier. J’avais moi-même oublié que j’en portais un. Était l’alcool qui me fit agir de la sorte, ou était-ce par pur provocation, mais je détachai brusquement un troisième boutons avec un sourire presque coquin et victorieux.

- « Et maintenant c’est les trois premiers ! »

Jules ! Reprend-toi, que va-t-il penser de toi ? Oh, et puis je m’en fou, qu’il pense ce qu’il veut, je le déteste ce mec. Qu’il retourne avec ses minettes, jolies petites minettes avec qui il passera la nuit. Et comme tout était contradictoire avec lui, je ne voulais pas qu’il retourne les voir mais je le souhaitais tout de même. Cela m’énervais de ne pas savoir ce que je voulais réellement

- « Shab’ est pas là d’ailleurs ?... Quoi que non, tu ne parlerais pas avec ce sourire à la barmaid si elle était là »

Il fallait que je me taise, bien vite, sinon j’allais dire une autre bêtise et cette fois, ferais-je l’erreur de dévoilé ce que moi je voulais. Kostos paraissait beaucoup plus mature et pourtant, peu de temps s’était écoulé. Il s’était vraiment embelli. Une nouvelle fois, je me mordillais la lèvre, détaillant son torse oh et puis zut, je ferais passer ses écart sur le compte de l’alcool, j’avais bien le droit après tout. Je jouais sensuellement avec mon verre, faisant minutieusement le contour de celui-ci du bout de mon index, espérant qu'il produise le moindre effet sur lui. Enfin, j’espérais plutôt qu’il remarque ce petit geste.

Kostos avait-il pris en maturité ? Je n’en doutais guère, malgré le fait qu’il restait perplexe devant moi, il m’épargna l’imitation du poisson rouge qui, auparavant, me faisait bien rire. Il y avait toujours eu cette petite partie au fond de nous, qui jouait, qui voulait piquer l’autre pour recevoir un pic de sa part. Comme une sorte de reconnaissance. Kostos était surement le garçon en qui je portais beaucoup plus d’attention que les autres, malgré ça, il ne le voyait pas. Il fallait dire que je m’y prenais assez bien pour qu’il ne le remarque pas. Je vous avais dit ! Tout est contradictoire lorsqu’il s’agit de Kostos Prokopios. J’avais peur d’être son « amie », peut-être la peur de faire un faux pas et perdre la personne qui compte le plus pour moi dans mon cercle d’amis : Shabella. Je vouais donc à ce cher Prokopios une pseudo-haine que moi-même n’arrivait pas à contrôler. Mes barrières étaient bien trop faibles et pouvaient tomber d’un moment à l’autre, mais je m’y résignais. Et plus je sentais lâcher prise, plus je revenais à la charge, un peu plus forte.

Son expression changea du tout au tout, il passa d’abord par une sorte de transe profonde, en plein dans ses pensées alors qu’il essayait en vain, de trouver la moindre chose qui pourrait le menait sur la bonne route. La question que je me posais à présent était : Mais quelle route voulait-il prendre. Ensuite, son visage se détendit pour laisser place à la curiosité, et sous ses yeux étonné et curieux, on aurait dit un visage d’enfant. Il avait envie de me questionner et cela se voyait. Moi-même, j’avais envie de lui répondre, mais comme toujours, j’aimais laisser planer le doute.

Je me mordis la lèvre inférieure pendant que les yeux de mon très cher ennemi parcouraient le généreux décolleté qui s’offrait à lui. Il fallait dire que mon coup avait littéralement marché, sans vraiment le vouloir. Non sans chance, son regard se durcit, ma réplique au sujet de Shabella l’avait complètement refroidit. Et en bon terme familier, je dirais que j’aurai mieux fais de fermer ma gueule.

Relation éphémère. J’aimais ce petit groupe de mots, il était comme synonyme de tromperie passagère chez Kostos. Lorsqu’on analysait ça phrase, cela donnait un genre tout à fait différent, comme par exemple : « Shabella fait ce qu’elle veut de ses soirées, et pour la barmaid, ce n’est pas ça, c’est juste quelques coup d’un soir. Rien de bien passionnant, juste un ou deux soir quand y’a personne à trouvé. ». Mais ce que j’aimais par dessus-tout chez lui, c’était les principes qu’il avait. Ne jamais tromper sa copine dans un endroit où elle connait du monde, n’aimer qu’elle malgré ses petites escapades. Je pouvais moi aussi supporter tout ça. Mais je n’étais pas Shabella.

- « Je ne suis pas la pour te juger Kos’. Fais ce que bon te semble, c’est ta vie, je ne suis pas Shab’, je ne suis pas toi, je n’ai pas à te donner de leçon. Je ne suis pas ce genre d’amies à Shab qui va cracher des saletés dans ton dos ou qui la pousse à te quitter. Je suis au courant de ce qu’elle fait et ce que tu fais. Et pourtant moi aussi je la ferme sur vos escapades. Tu l’aimes, tant mieux, elle t’aime, c’est parfait. Tant que tu ne l’a blesse pas, je ne viendrais pas t’arracher le cœur durant la nuit. Tu m’as compris. »

La conclusion que Kostos fut de moi m’étonna, je n’étais pas SAOULE. J’étais parfaitement consciente de ce que je faisais. D’ailleurs, il l’avait remarqué, mais pas de la meilleure manière. Kostos tirait des conclusions bien trop vite. Mes grands yeux s’écarquillèrent alors. Qu’allais-je donc répondre

- « No..Non, je suis consciente de ce que je fais ! J’ai détaché 3 boutons, je peux très bien en détacher 4. »

Je souriais lorsque je le fis passer sa main dans ses cheveux. Cheveux auxquels j’avais envie de m’y agripper l’instar d’un baiser. Mais, une fois de plus, je m’y résignais pour ne pas céder. Ce qui se passa par la suite me coupa le souffle. Kostos venait de lancer un regard menaçant à tous les hommes dans la salle osant me regarder d’une manière plus qu’envieuse. Il s’était ensuite rapproché de moi d’une manière si imperceptible que lorsque nos yeux se croisèrent, nous réalisâmes que nous deux corps s’effleuraient presque. Mon corps tremblait tandis que mon cœur battait la chamade. Et je maudissais Kostos de s’être rapprocher de moi aussi près. S’il entendait mon rythme cardiaque, il allait se poser des tonnes de questions, auxquelles je n’étais pas prête à répondre.

Jamais au grand jamais je n’avais entendu Prokopios bégayer, en tout cas, pas depuis notre première rencontre. Ca lui donnait un air plutôt mignon, d’autant plus qu’il rougissait. Je lui souris poliment, comme pour le rassurer que cela ne me gênait pas. Je passais ensuite mes mains autour de son cou avant de le regarder intensément, pas d’une manière sensuelle non. Mais je n’avais pas envie de partir. Il venait d’arrivé, moi aussi, et je ne comptais pas partir tout de suite

- « Kos’..La soirée vient de commencer. Je suis bien je t’assure. »

C’était la deuxième fois sur la soirée que je l’appelais Kos’, jamais je ne l’avais nommé ainsi. Ce n’était pas l’alcool qui me faisait agir ainsi, j’en étais sur. Aucun autre regard ne venait troubler celui que je lui portais à l’instant. Ma seule certitude était que peu à peu, mes barrières tombaient, une à une. Sans la moindre idée de ce que pourraient entrainer leur chute