I always love your smile

Prendre l'air & s'éloigner. ça avait toujours été le moyen le plus efficace de Lily pour réfléchir tranquillement, ses départs sonnaient presque toujours comme des mini-disparition, lorsqu'elle devait s'interroger, elle allait toujours là où personne ne pouvait la trouver. L'avantage à New York, c'est que personne ne la connaissait assez pour savoir quel genre d'endroits elle préférait, quel était son coin favori... du coup, le terrain pour réfléchir en paix était beaucoup plus grand.

Et ça tombait bien, elle avait besoin d'être seule. Évidemment, la présence d'Alec constamment à ses côtés la rassuraient... mais il ne pouvait pas répondre à ses interrogations, elle l'aimait mais n'avait pas encore l'habitude de s'ouvrir et se confier totalement à lui... ils n'étaient qu'au début de toute leur histoire, ils se faisaient confiance et s'aimaient à n'en plus douter... mais Lily avait peur de lui parler de celui qui hantait ses nuits, celui qu'elle voyait surgir à tous les coins de rues. Celui dont le rire ne résonnait plus dans la ville... elle ferma douloureusement les yeux. Après tout la relation qui avait uni Alec & Pete avait été très conflictuelle... elle regrettait tellement Peter, son frère de coeur, c'était son confident, c'était celui qu'elle chérissait le plus, elle n'avait pas de sentiment amoureux pour lui, mais elle avait toujours eu facile de lui ouvrir son coeur, elle avait toujours écouté ses conseils avisés... c'était dans ses bras qu'elle aimait être rassurée... il lui manquait, sa voix, sa chaleur, sa façon qu'il avait de sourire, de lui caresser la joue, son accent, son côté bosseur, il était adorable... il était adorable et il était mort et ça la tuait plus qu'elle ne le laissait penser.

Parce qu'elle avait perdu son pilier central... et elle se lançait dans une aventure effrayante sans protection, sans le soutien de Pete. Et ça aussi c'était dur, elle n'avait même pas eu le temps de lui dire pour son petit-ami... il était mort avant de le savoir. Et, quelque part, elle aurait aimé avoir sa bénédiction. Elle secoua la tête, elle ne savait pas vers qui aller, où aller, elle état perdue... alors elle s'était pris un jour de congé pour remettre toutes ses pensées en place et elle avait flâné dans les rues bondées de New York, quand elle se réfugiait dans un endroit, elle aimait les endroits célèbres, c'est pour cela qu'elle avait choisi la Statue de la Liberté. Il y avait assez de monde pour que la foule ne repère pas la brune pleureuse au milieu du bazar. Elle eut un rire amer.

La vent fouetta son visage et elle ferma les yeux, l'odeur maritime qui lui emplissait les narines lui faisait du bien. Le bruit des oiseaux, des touristes. Elle était perdue mais elle se sentait moins seule. Elle finit par essuyer ses larmes d'un revers de main, Pete lui en voudrait d'autant pleurer pour lui non ? Elle se leva, elle devait aller rejoindre Alec & Panda, elle devait être forte pour eux, ils portaient déjà leur défunt sur leur épaule, elle n'avait pas à rajouter un cadavre de plus.

Mais finalement, son regard capta une silhouette dans la foule, elle écarquilla les yeux, ce n'était pas possible. un autre fantôme du passé ? Mais pouvait-il être considéré ainsi quand on savait qu'il était bien vivant, en Angleterre, avec sa famille ? Elle ne pouvait plus lâcher du regard ce corps qui se mouvait, qui se faufilait dans la foule amassé devant la Statue de la Liberté. Il n'était qu'une illusion non ? Qu'un mauvais jeu de son esprit... puis il se tourna légèrement, et elle put enfin voir son visage. C'était lui. Son coeur bondit avant de se calmer, ce visage elle le connaissait tellement, cette présence avait toujours été rassurante. Fred Cartwright avait été le premier garçon à la faire pleurer, mais il était devenu ensuite le seul capable de lui arracher un sourire dans n'importe quelle situation. Elle s'avança dans la foule, ne détachant plus son regard de ce corps qu'elle connaissait si bien. Son Fred. Une fois à portée de main, elle hésita avant de lui attraper la main, une fraction de secondes... il savait qu'elle était à New York non ? Pourquoi ne pas l'avoir contacté s'il voulait la voir ? Peut-être ne le voulait-il pas... « Fred ? » finit-elle par dire, sa main retombant mollement à ses côtés, n'osant pas le toucher, n'osant pas réétablir ce contact physique qui avait toujours eu une importance primordiale dans leur relation. Elle vit son regard se tourner vers elle, elle ne pouvait plus ne pas le regarder dans les yeux, elle le dévorait du regard, depuis combien de temps ne s'étaient-ils plus vus en chaires et en os ? Elle sentit l'émotion lui étreindre le coeur et la gorge. C'était vraiment lui... en un peu plus beau, en un peu plus vieux, en un peu plus homme. « Fred... » répéta-t-elle avant de sentir ses yeux lui mouiller les cils, elle était à fleur de peau, émotive comme jamais en ce moment et le retrouver... c'était trop, trop d'émotion à gérer, un passé à retrouver.

Cette fois-ci elle n'hésita plus et elle le prit dans ses bras, contre elle. L'odeur de Fred était si agréable à retrouver. Elle se mit sur la pointe des pieds, il était si grand. « Tu m'as manquée... » avoue-t-elle d'une voix tremblante en le serrant un peu plus contre elle.

Trop de monde tue le monde, c’est bien ce que l’on dit, non ? Non ? Bah tant pis ! Fred Cartwright avait beau avoir grandi à Londres, avoir fréquenté les pubs les plus populaires et vivre depuis quelques mois à New-York, ça ne l’empêchait pas d’avoir ses passades durant lesquelles il avait tendance à haïr la foule environnante. Le voila alors en pleine après-midi de semaine, au pied de la statue de la liberté à tenter de se faufiler parmi les gens. La raison de cette précipitation ? Il avait faim. La nourriture était une denrée sacrée pour le jeune Cartwright et pas moyen pour lui de louper un repas. Il était midi et une minute, c’était déjà assez long pour le jeune homme. Une minute, je ne sais pas si vous vous rendez compte, UNE MINUTE ? Fred Cartwright avait beau être un grand, beau jeune homme adulte depuis quelques années, il n’en demeurait pas moins ce gamin goinfre et drôle qu’il avait jadis pu être. Fred n’avait pas changé, non, vraiment pas. Un peu grandi… Mais il était toujours aussi immature et égocentré sur sa propre personne. Mais il était comme cela et il n’en était pas moins attachant.
Sa vie était plutôt satisfaisante. Il tentait de réaliser ses rêves les plus fous en devenant comédien et acteur. A son plus grand bonheur, il avait obtenu le premier rôle dans une pièce se jouant en ce moment même à Broadway. Une pièce qui remportait à son plus grand bonheur un certain succès. Fred était aux anges. Il n’avait jamais été du genre à se morfondre ou à savourer son désespoir. C’était un jeune homme qui haïssait plus que tout se retrouver seul à se morfondre. Il aimait être entouré, être regardé et écouté. Il aimait les regards admiratifs et si à ce moment précis, il se fichait bien de ce que les gens qu’il poussait sans gênes ne pensent de lui, en temps normal, sa préoccupation première était de faire rire son auditoire. Fred était connu pour ça, si je puis dire. Il était le rigolo des Cartwright, celui qu’on allait voir pour faire des bêtises ou encore rigoler un bon coup à des blagues pas tout le temps très drôle.
Ce jour là, il n’avait rien de prévu. Il s’ennuyait ferme à son appartement et comme les gens « normaux » ont tendance à travailler un tel jour, il se retrouvait plus seul que jamais. Ô grand désespoir. Mais fidèle à lui-même, le jeune homme avait fini par se persuader que prendre l’air lui ferait le plus grand bien. Le soleil planait au dessus de New-York City au plus grand bonheur du jeune homme qui adorait ces saisons digne des plus beaux étés. Il avait alors pris le métro et fait un petit tours dans l’immense ville qu’il n’avait pas forcément pris le temps de visité depuis sa récente arrivée. La Statue de la Liberté, un élément incontournable de ce lieu épique. Pourtant, aux yeux du jeune homme, elle n’avait rien d’exceptionnelle. Il n’avait même pas pu monter tout en haut de la statue à son plus grand malheur. Pas cool. Dommage pour lui. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup trop de monde et son estomac criait famine. Dans ses moments là, plus rien ne compte, c’est à la vie, à la mort ! C’est donc en bousculant les gens et criant à la volée des excuses que le jeune homme se fraya un chemin parmi la foule.

Fred… Fred… Son prénom. Pourtant, il y avait beaucoup trop de bruit pour qu’il le distingue très nettement, à tel point qu’il rendit cet appel au statu d’hallucination auditive. Pourtant, quelques secondes plus tard, il entendit son prénom une seconde fois, tout prêt, très nettement. Il se retourna alors instinctivement posa son regard azur sur son interlocuteur, ou plutôt son interlocutrice. D’un geste commun, ses yeux s’ouvrirent un peu plus et sa bouche forma un joli O. Son rythme cardiaque s’accéléra et ses lèvres formèrent rapidement un espèce de sourire mêlé à de la surprise au plus haut point. Lily… Quelle coïncidence ! Vraiment le monde était petit ! Certes, il savait pertinemment que la jeune femme habitait New-York City, mais cette ville était si grande qu’il se doutait bien que la retrouver n’était pas une chose forcément des plus faciles. Du coup, il n’avait pas entrepris ces fameuses recherches bien que l’envie y était. Trop de travail et puis l’eau avait coulé sous les ponts, les années étaient passées, elle avait sa vie et il n’en faisait plus forcément parti… C’était une réalité qu’il avait mis du temps à admettre, mais qui avait fini par s’immiscer dans son jeune et vif esprit. La joie intense qu’il ressentait à ce moment précis lui fit perdre toute notion, de son agacement de la population environnante à sa faim dévastatrice. Il n’y avait plus qu’elle, elle et lui. Lily n’avait pas changé, fidèle à elle-même, elle était radieuse, comme dans ses souvenirs. Peut-être un peu plus mûre physiquement, mais rien de radical. Elle le prit alors dans ses bras et le jeune homme frissonna à ce contact, ce sourire radieux toujours peint sur ses fines lèvres. Il resserra alors son étreinte autours de sa fine silhouette et ouvrit la bouche pour la première fois : « - Lily ? Bordel ! Toi aussi tu m’as manqué ! ». Sa façon à lui d’extérioriser ses sentiments. Il avait toujours été plutôt brusque ne faisant pas trop dans la dentelle de ce côté-là. Il la lâcha alors la fixant de son regard clair. « - T’as pas changé, toujours aussi belle ! Comment vas-tu ? ». Il était véritablement curieux de savoir ce qu'elle devenait, où elle en était et surtout ce qu'elle avait fait durant cette période d'absence dans sa vie.

C'était assez étrange de replacer Fred dans le contexte de New York. Lily s'était toujours figuré qu'il était à Londres, continuant sa vie à sa manière : avec son éternel sourire et sa bonne humeur contagieuse. Fred était ainsi, une sorte de rayon de soleil, une sorte de force positive. Évidemment, comme tous êtres humains, il pouvait avoir ses passes assez sombre... mais il dégageait tout de même une bonne humeur perpétuel qui donnait envie d'être son ami ou son amie. Car oui, on pouvait le dire, Fred Cartwright était populaire et aimé et ce, depuis son plus jeune âge. Comment ne pas être séduit par le personnage ? Il avait toujours le mot pour rire, toujours la parole qui faisait qu'on était directement à l'aise avec lui, il arrivait même à dérider les personnes les plus coriaces avec une telle facilité que ça en devenait déconcertant. Son assurance était presque offusquante mais dans le fond, Lily s'en fichait, ce que les autres jalousaient ou enviaient... elle ne faisait que l'aimer. Parce que ça faisait partie de Fred et il était son meilleur ami quelque part. ça n'avait jamais été clairement établi. Mais ils avaient passé énormément de temps ensemble, à se confier, à se parler, à dessiner un futur avec leur regard d'enfant et puis d'adolescent.

Ils s'étaient tout confié, tout donné, Fred était le premier de Lily, elle était aussi sa première. Peut-être que quelque part, c'était juste quelque chose d'évident pour Lily, elle voulait devenir une femme avec lui... l'avait-elle plus aimé ? Avait-elle entaché leur amitié avec le sexe ? La réponse était à la fois simple & compliqué : non. Non, rien n'avait changé car ils avaient toujours su appelé les choses comme elles étaient vraiment. Le sexe était du sexe, l'amitié était de l'amitié tout simplement. Quand elle le voulait, elle le faisait savoir, elle ne jouait pas la carte de l'amie. Lorsqu'elle avait besoin de lui ou de ses conseils, elle redevenait la bonne copine avec qui il avait grandi.

Puis elle était partie, à ses 18 ans, sans le dire à personne, elle avait entamé un périple à travers l'Europe juste après avoir été renvoyé de l'high school pour avoir couché avec un prof. Rien de glorieux... mais jamais elle n'avait pu parler à Fred de tout ça, sa relation avec leur professeur de sport, son départ précipité... lui en voulait-il aujourd'hui ? Évidemment, ils venaient de se retrouver, et pour le coup, Lily en le voyant n'avait pensé qu'à le rejoindre. Mais peut-être qu'il exigerait des explications, un éclaircissement... elle ne savait pas vraiment, autant elle connaissait le Fred de 18, 19 ans par cœur, autant cet homme qui se dressait devant elle lui semblait plus inconnu.

Cela dit, peut importe son physique ou son aspect, dans cet homme se cachait toujours le petit garçon avec qui elle avait grandi. Ils se serrèrent, enfin, c'était plus s'accrocher l'un à l'autre à vrai dire. « - Lily ? Bordel ! Toi aussi tu m’as manqué ! » Lily éclata de rire. Contente de retrouver l'énergie et la brusquerie constante de Fred. Il n'avait jamais su tenir en place, il n'avait jamais su faire les choses à moitié, il y mettait toujours son cœur en entier. « - T’as pas changé, toujours aussi belle ! Comment vas-tu ? » Lily eut une sorte de sourire triste avant de placer sa paume sur la joue de Fred, jamais il ne lui avait semblé si homme, si fort.

L'anglaise se sentit fière, de voir à quel point il semblait bien dans ses baskets. « Mieux » souffla-t-elle avec un sourire concis avant de déposer sa tête sur l'épaule de Fred. Il avait toujours été solide, il avait toujours su tout faire pour chasser la tristesse de Lily et ça datait de la première fois qu'ils s'étaient parlés. Le jeune Fred l'avait fait pleuré... après, il avait fait en sorte de ne plus la voir dans cet état. Elle recula de deux pas pour mieux l'admirer « Qu'est-ce que tu fais ici ? » finit-elle par demander tout en penchant la tête sur le côté, avide de savoir, de découvrir, de lui poser toutes les questions qu'elle n'avait su lui poser depuis 3 ans aujourd'hui. Gosh, le temps passait bien trop vite.