I'm ashamed of myself, really ;
please show me the way between right and wrong...

Comment diable avait-elle pu en arriver là ? Au sens propre comme au figuré, du reste. Jane ne savait plus du tout où elle habitait, ni comment elle était arrivée dans ce coin de Brooklyn. Certes, son propre appartement n’était pas si loin de là où elle se trouvait, géographiquement parlant, mais c’était à peine si elle pouvait tenir sur ses jambes. Au fil des minutes, les solutions s’effaçaient de sa mémoire comme un tour de magie périlleux et raté : Elle refusait de prendre le métro, n’avait pas de quoi payer un taxi et ses pauvres pieds, enfermés dans des chaussures à hauts talons aiguilles criaient d’ors et déjà au secours. Elle ne marchait plus, elle titubait, manquant de s’écrouler contre le bitume à chaque pas. Pour parler plus vulgairement, la jolie blondinette ressemblait davantage à une épave qu’à une demoiselle de bonne famille. Toute la soirée durant, elle s’était perdue entre de nombreux verres de vodka, bus cul sec à la pelle, dans un pub Irlandais tout à fait sympathique. Pourquoi s’était-elle pointée dans ce genre d’endroit, c’était un mystère. Elle avait bu jusqu’à n’en plus pouvoir, et seulement à ce moment là, elle avait quitté le bar, non sans mal. Plusieurs membres de la gente masculine avaient évidemment proposé de la déposer quelque part, et c’était une chance extraordinaire qu’elle n’ait pas tout simplement été violée au coin d’une ruelle. Sa tenue était affriolante, pourtant…Une jolie robe noire, très serrée, moulant parfaitement ses formes divines de sportive. Jane avait beau être un petit génie en informatique, cela ne l’empêchait pas de s’entretenir et d’avoir un corps à en faire saliver plus d’un. Ce qui l’avait néanmoins sauvée ce soir, c’était sa répartie légendaire. Lorsque la situation l’exigeait, il n’y avait plus d’éducation, plus de barrière ou d’interdit…Jane était grossière, irrévérencieuse même, afin de faire fuir n’importe qui souhaitant avoir la main baladeuse. Résultat, elle était toujours indemne, à tituber dans une ruelle de Brooklyn, tandis que son cerveau semblait être en standby. Elle était en pilotage automatique, et c’était par une chance miraculeuse qu’elle parvint jusqu’à l’immeuble où résidait Prim, ou probablement l’une des rares personnes au monde en qui elle avait confiance. Jane eut le culot monstre de demander le code d’entrée à l’un des résidents, et ce en usant d’un petit numéro de charme tout à fait réussi. Pour un peu, on aurait presque cru que Jane n’était pas alcoolisée jusqu’à la moelle, ou prête à s’écrouler…Du grand art ! A sa décharge, avec la vie stressante qu’elle menait, il n’était guère étonnant qu’elle se laisse parfois aller à divers vices que plus personne ne cachait de nos jours. Puisqu’elle n’avait pas eu envie de séduire ce soir, elle s’était rabattue sur l’alcool…Et maintenant qu’elle réalisait la stupidité grasse de son geste, elle allait chercher réconfort auprès de quelqu’un qui ne la jugerait sûrement pas.

JANE – « Priiiiiiim !!! Tu sais que t’es trop chou ? Naaaaan sans déconner t’as changé de coiffure ? Classe. Vraiment trop classe ! »

A peine le pauvre jeune homme avait-il ouvert la porte d’entrée de son appartement que déjà la demoiselle lui avait sauté au cou pour l’enlacer comme si sa vie en dépendait. Jamais elle n’était aussi tactile d’habitude, c’était même plutôt l’inverse : On ne pouvait la toucher qu’en cas d’extrême urgence, à moins que l’on ne s’appelle Mackenzie, que l’on soit son portrait craché et que l’on soit âgé de seulement six ans. Quoi qu’il en soit, c’est avec un naturel on ne peut plus étonnant que la volcanique blondinette embrassa la joue de Prim avant de s’éloigner d’un pas. Jane était prête à s’écrouler, ses pensées n’étaient nullement cohérentes, pourtant elle avait eu la présence d’esprit de se pointer chez quelqu’un de confiance. Tout n’était pas perdu, et cela bien qu’il soit pratiquement trois heures du matin et qu’elle soit complètement hilare.

JANE – « Attends que j’te raconte ! Mack est chez une keuuupine…Du coup, je me suis dit que j’allais passer une soirée sympa. Mais baaaaah y’avait que des mochetés au bar, tu te rends compte le scandale ? J’me suis mariée avec ma copine vodka, et on a valsé toute la nuit, et je l’ai même bue, et… »

Et elle ne se souvenait même plus de ce qu’elle voulait dire au départ. Tant pis, de toute manière, elle était bien partie pour avoir une gueule de bois monumentale d’ici quelques heures, et ce dès qu’elle aurait dormi. Jane s’apprêtait à avoir mal jusqu’aux pointes de ses cheveux, mais elle n’en n’avait cure. Pour l’instant, elle se marrait sur le pallier de Prim, sans pour autant hurler…Le plus étonnant, c’est qu’elle restait discrète et que sa voix ne portait pas ; il y avait donc peu de chance qu’elle dérange quelqu’un d’autre que ce pauvre jeune homme lui faisant face. Mais d’un autre côté, si elle n’était pas venue chez lui, qui sait où elle aurait fini sa nuit. Dans un caniveau, ou dans les bras d’un autre homme sale qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam ? Risqué. Jane n’était pas inconsciente de cette manière d’habitude, mais la journée qu’elle venait de vivre avait été suffisamment affreuse pour qu’elle lâche toute sa raison au dessus de la cuvette. Elle avait enfermé à double tour tous ses principes pour mieux les noyer dans le fond d’une bouteille de vodka. Effectivement, elle était misérable, semblable à une épave, mais au moins, elle ne pleurait pas. Mieux, elle semblait guillerette comme une enfant de cinq ans…Chose étonnante, pour quelqu’un de fondamentalement pessimiste sur les bords.

JANE – « Ohhhh t’étais en galante compagnie peut-être ? Désolééééeee !!! Je repasse plus tard ? L’est encore tôt et j’ai envie de faire la fête ce soir !! »

La jolie blonde avait perdu toute notion du temps, et surtout, elle n’avait aucune envie de revenir à la triste condition de son existence. Elle voulait rire, se lâcher, faire des choses qu’elle n’oserait jamais en temps normal. Comme boire à en perdre l’esprit, par exemple…Bien qu’il reste un semblant de conscience dans ce joli corps semblant placé en mode radar. Ce fut sans doute la raison pour laquelle son rire suivant fut nettement plus narquois et sarcastique, avant qu’elle n’avoue finalement le pot aux roses :

JANE – « J’ai vidé le compte de quelqu’un pour régler mes dettes c’matin…Fallait bien célébrer ça avec de la vodka, non ? »

Et quelque part ; il l'avait bien cherché. Le pourquoi du comment il se retrouvait confronté à cette situation n'avait aucune importance, tout ce que l'on savait, à cet instant présent, c'est qu'il passait pour le plus gros des cas sociaux que cette pauvre Terre n'ait jamais porté. Armé de ses ciseaux et assit en tailleur face au gigantesque miroir qui aiguillait le salon de son modeste studio, il s'acharnait à vouloir retirer la matière rosâtre et visqueuse collée dans ses fins cheveux blonds. Tenez-vous bien : Du Chewing-gum. Faisons un petit retour en arrière, voulez-vous ; La nuit tombe sur cette splendide ville qu'est New-York, plongeant Brooklyn et ses semblables dans la pénombre. Prim, ô combien fatigué de sa journée au restaurant, se retrouve face à une flemme dévastatrice qui l'empêche malgré-lui, de se préparer un repas. Non loin de là, Malabar montre le bout de son nez, gonflant son torse et, par la magie du saint esprit bubble-gum, attire inexorablement sa proie vers lui, dégageant une odeur de sucré vicieusement délicieuse. Sans réfléchir une seule seconde, le protagoniste se jette sur le paquet de chewing-gum, déchire le papier qui le sépare de cette affolante gâterie, et fourre allègrement la pâte rose dans sa bouche avant de ruminer comme une chèvre, un sourire soulagé et affreusement niais aux coins des lèvres. Quelques minutes après cela, il décide de se jeter dans le canapé qui gravite au centre de la pièce dans le but de regarder sa chaîne fétiche : Gulli. Et, alors qu'il rit bêtement devant les frasques des cafards à l'égard du pauvre Oggy, le voilà qui tombe soudainement dans les bras de Morphée. Jusque là, me direz-vous, rien de bien méchant; ce que vous ne savez pas, par contre, c'est que la quantité de gomme à mâcher est si importante au sein même de sa mâchoire, que cela provoque chez lui, un flot imminent de bave, qui, sous peine de s'infiltrer dans les divers orifices buccaux qui composent son organisme, se retrouve contraint de s'échapper tout naturellement par la porte d'entrée. En clair, Prim ouvre gentiment la bouche et laisse le tout couler sur le cuir du sofa. Glamour n'est-ce pas ? Malabar mâchouillé, dès lors, glisse gentiment sur la langue du newyorkais et s'échappe des lèvres de ce-dernier, finissant tout naturellement sa route dans la douce chevelure qui s'offre à lui. Résultat des comptes : Tifs collés, emmêlé, bref : la grosse galère. Et qui dit salive, dit mouillé, dit horrible sensation ! Notre jeune homme se réveille quelques minutes après ça avant de se rendre compte, en passant par réflexe sa main sur son crâne, que celui-ci s'est retrouvé assiégé par un redoutable ennemi.

Ding Dong ! Grognement sourd. Prim venait à peine de retirer le dernier bout de chewing-gum qui sévissait ses pauvres cheveux, que voilà qu'on sonnait à la porte. Qui est donc le fou qui ose venir déranger l'ours alors qu'il est en proie à un agacement certain ? Mystère et boule de gomme ! Ah non, on va éviter l'expression. Il se leva, laissant les ciseaux et les mèches coupées au sol, s'approchant ainsi de la porte d'entrée pour l'ouvrir. Face déconfite à plein nez, il n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche qu'une énergumène blonde lui sauta dessus pour l'étrangler à moitié en le serrant comme on serre une énorme peluche. Si cette fille est Jane, alors lui c'est Chuck Norris. Rien que dans le ton de sa voix, on voyait qu'elle n'était pas dans son état normal, mais le câlin, bon sang, c'était la cerise dans le Mon chéri. Jamais elle ne l'avait enlacé, alors bonjour l'étonnement du jeune homme ! Et un bisou en plus. Il dort encore ou quoi ? C'est un rêve ? Mon dieu ! Après ça elle lui fera peut-être un strip-tease et plus si possible. Pince toi l'ami, on n'est pas dans tes fantasmes là. « Priiiiiiim !!! Tu sais que t’es trop chou ? Naaaaan sans déconner t’as changé de coiffure ? Classe. Vraiment trop classe ! » Heu ouais, non, il aurait été préférable qu'on n'en parle pas, hum. Le protagoniste esquissa une moue vexée tout en prenant le poignet de la demoiselle de façon à la faire rentrer dans le studio, n'écoutant que très vaguement ce qu'elle disait. « J’ai vidé le compte de quelqu’un pour régler mes dettes c’matin…Fallait bien célébrer ça avec de la vodka, non ? » Ou pas, ou pas. Lui qui est d'ordinaire bavard, il n'avait même pas encore eu l'occasion d'en placer une.

Soupire. Il se tint aux côtés de la belle, posant une main sur sa hanche et soulevant son bras pour l'enrouler autour de ses propres épaules. Bourrée comme elle est, mieux vaut qu'elle ne se viande pas lamentablement sur le parquet. « Oui oui bien sûr. » Fit-il, ironique. « T'es fraîche en attendant avec ta face toute blanche et ton agréable odeur d'alcool. » Tel un brave gentleman, il la conduisit jusqu'à sa chambre ; hé ! Je vous vois bien venir avec vos pensées perverses là, mais Prim n'est absolument pas comme ça, oh ! « Installe-toi, j'vais te chercher de quoi te rincer le visage, t'as vraiment sale mine. Après j'aimerais bien savoir pourquoi tu viens chez moi à l'improviste et complètement beurrée. » Il ne voulait pas être méchant en disant cela, il voulait seulement faire preuve, pour une fois, d'un peu de bon sens. Et surtout, ça ne ressemble pas beaucoup à Jane de se saouler comme ça. Ou du moins, Prim ne la connaissait pas ainsi. Il sortit donc de la pièce pour se rendre dans celle d'à côté, de façon à chopper un gant, l'humidifier, et revenir auprès de son amie, lui aplatissant sur la tronche ce qui ne pouvait que lui rafraîchir les idées. D'ailleurs, en passant, il prit aussi un sac plastique qu'il posa sur la table de chevet, au cas où elle aurait une subite envie de gerber sa vodka. « Je t'écoute, qu'as-tu à dire pour ta défense vile enfant ? » En mode papa, oui oui.

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Avec l’alcool, les réactions sont différentes d’une personne à l’autre. Certains sont joyeux comme des bambins un matin de Noël, d’autres peuvent devenir méchants tandis que de rares personnes s’endorment comme des masses, dans leur innocence crue perdue. Jane ne rentrait pas exactement dans une catégorie bien définie, à vrai dire : Elle se marrait, certes, mais d’un autre côté, elle était à deux doigts de fondre en larmes et s’énervait intérieurement contre sa bêtise. C’était une chance incroyable que Mackenzie dorme chez une amie de son école ce soir ! Sans quoi, la fillette aurait sûrement eu la peur de sa vie. Jamais sa grande sœur n’avait abusé d’aucune substance, qu’elle soit illicite ou non, en sa présence. Jane tenait à conserver son rôle de protectrice face à l’adversité, et dieu sait qu’en cet instant, elle lui cassait les bijoux de famille qu’elle n’avait pas, l’adversité ! Forcément, elle aurait pu se débattre face à la réaction presque paternelle de Prim, mais elle n’en fit rien. Elle se laissa docilement emportée dans la chambre du jeune homme, qu’elle ne se souvenait pas avoir déjà visitée, avant d’éclater de rire. Ce n’était aucunement drôle, surtout maintenant qu’il lui demandait des explications précises sur le pourquoi du comment de son acte…Puéril. Mais c’était bien ce qu’ils étaient tous les deux, n’est-ce pas ? Des adolescents sur le retour, des enfants n’ayant jamais grandit, un véritable remake de Disney et des bisounours à eux seuls. Sauf que cette fois, Jane s’était mise dans un état tellement minable qu’elle ne pouvait qu’en avoir honte, avec le peu de conscience encore présent dans son corps maltraité. C’était à peine si elle sentait le gant humidifié que Prim lui passait soigneusement sur le visage. Jane avait envie de fermer les yeux et de tomber immanquablement dans les bras de Morphée, afin de ne surtout pas avoir à donner la moindre explication. Hélas, ce n’était pas ainsi que cela marchait : Elle n’avait aucune envie de dormir, et si elle titubait précédemment, elle était désormais mue par une énergie retrouvée on ne sait où. Pour un peu, elle se serait mise à danser la salsa à l’horizontale, sans se soucier un seul instant de la coordination de ses mouvements, uniquement pour avoir l’occasion d’en rire encore. Hélas à nouveau, Jane devait s’expliquer. Mais Prim employa le terme qu’il ne fallait jamais employer dans une pareille situation : « Vile enfant ». C’était tellement inhabituel qu’ils aient ce genre de relation qu’elle ne pu retenir un nouveau fou rire, avant de s’asseoir sur le lit. Très étonnement, elle n’avait pas la tête qui tourne, et n’hésita pas à s’emparer du gant tenu par le jeune homme afin de le passer et le repasser encore contre son visage bouillant comme la braise. Jane avait l’impression d’avoir chaud partout, c’était un véritable enfer…Pourtant, elle n’avait aucune nausée ni aucune intention d’être malade : Pâle comme un cachet d’aspirine, oui, de là à subir une séance glamour au dessus de la cuvette, peut-être pas !

JANE – « Tu veux que je te dises ? J’ai complèèèètement oublié où que j’habite. Si Mack’ me voyait comme ça elle me fouetterait, t’sais. »

Le pire ? C’est que cet élan de lucidité était on ne peut plus vrai : Jane n’avait plus réellement conscience de l’emplacement exact de sa rue, et d’un autre côté, elle n’avait pas envie d’y retourner. Voir toute son installation d’ordinateurs lui donnait métaphoriquement la nausée, et à cette pensée, elle perdit momentanément son sens de l’humour précédemment imperturbable. Jane avait manqué de ruiner quelqu’un…De riche, bien évidemment, mais ce n’était pas pour cela qu’elle acceptait la chose. Ses propres actes la révulsaient à un tel point qu’elle avait l’impression d’être indigne même d’être sur cette bonne planète. Loin d’elle l’idée d’avoir des envies suicidaires, mais elle supportait de moins en moins ses combines pour parvenir à régler ses dettes. Elle avait beau aimer sa sœur de tout son petit cœur, et même plus encore, Jane arrivait à un point de non retour. Seulement, comment diable pouvait-on rembourses des factures hebdomadaires atteignant parfois les cinq mille dollars ? Jane n’avait évidemment pas de sécurité sociale, et aucun travail légal ne pourrait jamais lui garantir de ne pas être étranglée par les dettes. Alors forcément, malgré la quantité homérique d’alcool qu’elle avait ingéré durant la soirée, l’élan de lucidité se poursuivit immanquablement, et ce bien qu’elle soit assise contre le lit et non plus allongée.

JANE – « Je crois que je me déteste. Ouais, j’me hais, c’est le terme. Mack c’est mon petit trésor et je ferais n’importe quoi pour elle…Mais si je finis en taule sous peu, faudra pas que je m’étonne. Sérieux, je fais comment pour payer cinq mille dollars toutes les deux semaines ? Je préfèrerais être conne des fois, ça me ferait moins culpabiliser. Je serais juste dans une merde noire, en fait. »

Une chance qu’elle soit fortement alcoolisée, sans quoi, elle n’aurait jamais pu se marrer comme elle le faisait, tout en ôtant le gant humidifié de son visage pour le conserver dans ses mains. Cette soirée à se beurrer gentiment la face, c’était simplement un ras le bol, bien plus qu’un appel au secours. Jane n’avait pas eu la moindre intention d’en finir avec la vie, mais bien d’ôter ce masque de sérieux qu’elle mettait constamment sur sa figure histoire de s’en sortir. Résultat, elle n’avait pas plus la tête hors de l’eau, mais au moins, elle se sentait mieux mentalement…Bien que cet état soit hélas temporaire.

JANE – « Je me suis dit : Jenny, t’es trop sérieuse. Faut que tu t’envoies en l’air, ou à défaut, que tu t’alcoolises. Pis bah…J’ai eu beau être super sexy, rien ne valait la vodka. Tu t’rends compte comment les gens sont pas séduisant pour trois sous ? Ils sortent tellement de merdes qu’on dirait des chiottes, sans rire ! »

Nouveau rire de la part de la volcanique blondinette. Quelque part, elle voulait partager sa nouvelle « joie » avec quelqu’un dont elle se souvenait exactement le visage. Il n’était pas alcoolisé, mais ce n’était peut-être pas trop tard ? Quitte à ce que cette soirée soit étrange, autant y aller jusqu’au bout des ongles…En tout cas, elle n’était pas prête de se coucher et encore moins de s’assagir dans la seconde.

JANE – « Pas envie de dormir, pis hey, arrête de faire la tronche, je vais bien ! Pourquoi tu bois pas aussi ? Ca pourrait être fun ! Merdouille, quitte à avoir mal aux ch’veux demain, autant que ce soit avec une compagnie sympa naaaan ? »

Et pour la peine, Jane s’approcha en lui faisant des yeux de biches qu’elle n’avait jamais tentés jusqu’à lors. Certes, elle n’avait toujours pas ôté ses chaussures à talons bien qu’elle soit sur le lit de Prim, mais qu’importe, ce n’était qu’un détail…Au pire, elle ferait une grande lessive demain et intitulerait sa journée de gueule de bois « la grande semaine du blanc », ce n’était pas un problème. Cela dit, elle dû finalement s’écarter légèrement afin d’ôter sa petite veste fine : Elle était en train de mourir littéralement de chaud, c’était une horreur.

Elle est bien gentille la petite blondinette, mais en attendant, Prim se retrouve dans un sérieux embarra. Comment réagiriez-vous en tant qu'homme, si une sublime jeune demoiselle, vêtue d'une légère robe noire, pas vraiment sobre, était sagement assise sur votre lit, à quelques centimètres à peine de vous ? La plupart ne se serait même pas posé la question et se serait jeté sauvagement sur elle. D'autre aurait délicatement égaré leur main sur sa poitrine avant d'en faire de même. Et enfin, une minorité, dans laquelle on retrouve notre protagoniste ; n'aurait rien fait, si ce n'est paraître gêné, hésitant et perplexe.
Il observait donc la belle, droit dans les yeux tout en réfléchissant activement à ce qu'il pourrait faire pour l'aider du mieux qu'il peut à la faire décuver. Avouons quand même qu'il n'a jamais été confronté à cette situation ; en effet, les seules fois où il a été en compagnie de quelqu'un de bourré, il était lui-même dans un état second, c'est pour vous dire. Du coup, la réponse à ce lourd questionnement persiste à ne pas pointer le bout de son nez. Tout ce qu'il est en mesure de faire, pour le moment, c'est écouter Jane, qui, subitement, se met à déballer des sujets qui en temps normal, restent bien dissimulés derrière son visage d'ange. Ainsi, Prim se montre étonnamment présent et même concentré, la fixant du regard.
Ah, il le sait bien qu'elle se démène comme une folle pour sa petite sœur, et que pourtant elle peine à se stabiliser elle-même. Et en plus si l'argent s'en mêle…Notre blond esquissa une moue embêtée, sans pour autant dire quoique ce soit, continuant à boire ses paroles calmement. « Je me suis dit : Jenny, t’es trop sérieuse. Faut que tu t’envoies en l’air, ou à défaut, que tu t’alcoolises. Pis bah…J’ai eu beau être super sexy, rien ne valait la vodka. Tu t’rends compte comment les gens sont pas séduisant pour trois sous ? Ils sortent tellement de merdes qu’on dirait des chiottes, sans rire ! » Il esquissa un petit rire amusé, avant de lui donner une petite tape sur la joue, affectueusement. « Allez, n'y pense plus. Si tu avais envie de te lâcher et te bourrer un bon coup la gueule, tu aurais dû venir ici. Traîner en ville alors qu'on est saoul, et en plus une fille, ce n'est pas prudent. » Il rangea sa main sagement, laissant son amie reprendre la parole. Sauf que là, ce fut tout de suite différent. « Pas envie de dormir, pis hey, arrête de faire la tronche, je vais bien ! Pourquoi tu bois pas aussi ? Ca pourrait être fun ! Merdouille, quitte à avoir mal aux ch’veux demain, autant que ce soit avec une compagnie sympa naaaan ? » Oh, quelle belle proposition !

Prim écarquilla les yeux. Ni une, ni deux, son esprit venait de tilter : Qui dit alcool, dit beurrage de gueule assurée pour lui. Et qui dit beurrage de gueule avec une, je dis bien une, amie, dit vilaine, très vilaines conséquences. Blanc intersidérale. La réflexion était à l'honneur en cet instant. D'ordinaire, il aurait dit oui sans la moindre hésitation, mais il faut avouer que là…C'était une toute autre paire de manche. Il se frotta la joue, détournant le regard. « Et bien… » Bon sang, c'est quoi ces yeux de biche qu'elle lui fait là ? Le jeune homme se retrouve bien embêté. Il déglutit, avant d'attarder son regard sur Jane, qui retirait sa veste. Et merde, son immaturité le perdra ! Il se leva d'un coup d'un seul et leva vivement ses bras en l'air. « Vodka, Tequila, Ricard et Manzana, nous voilà ! » Et le voilà qui partit comme un dératé pour aller chercher les précieuses bouteilles d'alcool, servies sur un plateau attention, et deux petits verres prévus à cet effet. Au passage, il prit des glaçons et revint rapidement, posant le tout au pied du lit. « Un peu de musique ? » Regard malicieux, qui se voulait dans un sens : complètement débile. Que voulez-vous ! On ne change pas Prim ! D'un déhanché totalement absurde, il alluma son poste et monta le volume du son relativement fort, sans pour autant que cela puisse gêner les voisins. Ainsi, il retourna sur le lit, s'affalant à moitié dessus pour servir la première tournée. « Manzana ! On commence doucement. Tiens ma belle, Santé ! » Dit-il, en lui tendant la précieuse boisson et en la faisant chanter avec son propre verre avant de boire le tout, cul sec. Bon sang ! Ca faisait longtemps qu'il n'y avait pas touché à ça ! Pour une fois, ses clopes ne lui manquent pas ! Tel l'hyperactif qu'il est, notre blond se releva une seconde fois, entraînant Jane avec lui en la tirant par le poignet. « Si on boit, c'est pour s'amuser, alors dansons Lady ! » Et il la prit par les mains, la faisant tourner sur elle-même tout en s'agitant dans tous les sens comme un véritable énergumène.

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A ce train là, il était plus qu’évident que la nuit n’était pas prête de prendre fin. C’était bien partit pour qu’ils se dandinent en trinquant avec différents alcools jusqu’au bout de la nuit. En tout cas, pour la première fois depuis des temps immémoriaux, Jane n’avait plus envie d’être la fille raisonnable qui dit non à tous les vices…Plutôt crever ! Voilà pourquoi elle laissa docilement Prim l’attirer par le poignet, alors qu’elle venait à peine de boire l’intégralité du contenu de son verre cul sec. C’était parti pour la danse ! Aucun des deux n’était vraiment maître de lui-même semble-t-il, comme s’ils avaient été tous deux enfermés dans un cercle de raison dont ils souhaitaient à tout prix s’écarter. En tout cas, bien que sérieusement alcoolisée, Jane bougeait sans aucune peine : Elle gardait tout de sa souplesse habituelle, et ce bien que la danse ne soit pas son terrain d’excellence. Ils commençaient doucement et pourtant, il y avait fort à parier que la soirée batte très rapidement son plein. Pour l’instant, la Manzana réchauffait considérablement sa gorge encore glacée par la petite balade nocturne qu’elle venait d’effectuer, seule, dans les rues peu sécurisées de New York. C’était bien la première fois qu’elle s’adonnait à une petite marche en pleine nuit, surtout habillée ainsi. Il y avait divers détails qui attestaient de son taux d’alcoolémie, mais celui-ci était sans doute le plus véridique. Pourtant, Jane n’était pas en reste. Elle ne s’était pas encore servie un verre par elle-même, mais elle dansait avec sensualité et assurance, comme si sa vie en dépendait, ou plutôt comme si elle l’avait fait toute sa vie. On ne pouvait pas dire qu’elle ait été coutumière des grandes soirées étudiantes où l’alcool et la drogue coulent à flot…Au contraire, l’ardente blondinette avait l’impression de ne pas avoir vraiment eu d’adolescence à proprement parlé. La seule gueule de bois qu’elle s’était payée, c’est parce qu’elle était sortie en douce en ne respectant aucun couvre feu. Elle en avait tellement entendu parler le lendemain qu’elle s’était décidée à ne plus retenter l’expérience…Hélas, avant qu’elle ne puisse prouver que cette promesse allait être tenue, ses parents avaient disparus. Il y avait là bien des détails à ce qu’elle ne veuille plus jamais toucher à une goutte d’alcool. Fallait-il qu’elle soit au bout du rouleau pour se laisser aller de la sorte…

JANE – « Je suis loin d’être épuisée ralala ! Après tout, dieu ne m’a pas donné une paire de Roberts si c’est pas pour les remuer ! »

Le pire, c’est que son discours était nettement plus « vulgaire » que ses actes. Jane dansait, proche de Prim, mais tout était fait dans une sensualité modérée. Après tout, malgré l’alcool, un brin de conscience demeurait, l’empêchant de s’éparpiller complètement. Qui plus est, la musique qu’il avait mise ne poussait pas exagérément à la débauche, et heureusement. Jane s’en voudrait beaucoup si par sa faute, leur amitié en prenait un vieux coup en pleine poire…Elle préférait qu’ils s’amusent d’une nouvelle matière, et si cela impliquait qu’ils ne se beurrent pas comme de petits lus, elle n’allait certainement pas s’en vexer. Mais pour l’instant, elle était incapable de se lancer dans une profonde réflexion, qui lui aurait donné à coup sûr un mal de crâne indicible et incontrôlable. Elle se contenta de bouger avec une certaine classe, jusqu’à ce que la chanson ne se finisse et qu’elle ne puisse se venger sur les bouteilles. Jane ne se jeta pas dessus comme un loup affamé le ferait sur une proie choisie, mais elle s’empara de la bouteille de vodka, la faisant tourner avec une certaine dextérité entre ses doigts, et ce sans la faire tomber ni renverser la moindre goutte. C’était un talent qu’elle ne se connaissait pas, et pour cause, elle n’avait jamais travaillé dans le moindre bar. Au contraire, elle avait pour coutume de s’en tenir éloignée, surtout depuis son installation à New York. Il fallait qu’elle soit une grande sœur respectable, un rempart pour Mackenzie et non une incitation à la débauche à elle toute seule !

JANE – « Un petit cocktail ? J’suis pas comme toi, je bosse pas pour un restau’ alors ça va être le test chimique du jour ! »

D’ailleurs, avec sa retenue habituelle, Jane ne lui faisait jamais de compliment ouvert. Elle restait toujours implicite, discrète, secrète même. C’était parfois inconfortable mais d’un autre côté, c’était une personne fiable. La preuve, lorsqu’elle disait qu’elle ne garantissait pas le résultat du fameux cocktail qu’elle préparait, ce n’était pas des salades ! Elle partit dans la cuisine pour prendre un shaker, avant de préparer celui de Prim : Un quart de vodka, un soupçon de Manzana, le tout relevé d’un tout petit peu de Ricard, afin que l’anis ne soit pas trop envahissant. Jane referma le shaker avant de secouer vigoureusement son mélange et de le verser dans l’un des verres un peu plus hauts que le jeune homme avait précédemment apporté. La seconde d’après, Jane s’occupait déjà du sien, en essayant de se remémorer les propositions qu’elle avait appliquées au précédent…Finalement, il n’y avait pas meilleur doseur que la fameuse notion de « QSP » ou quantité suffisante pour. Le résultat devait sûrement être différent du verre de Prim, mais qu’importe ! A la guerre comme à la guerre, une fois qu’elle fût servie, Jane trempa simplement ses lèvres dans le cocktail « home made ». Il n’était pas question de le boire cul sec d’entrée de jeu, et augmenter sensiblement son niveau d’alcool dans le sang…Pour cette fois du moins, la jolie blondinette se délecta d’un cocktail sans nom, et qui de goût était plutôt agréable. Une star des bars était née !

JANE – « Mais c’est pas dégueu en plus ! Quoi t’en penses ? Ca mériterait d’être baptisé…T’as pas une idée ? T’as toujours des idées excellentes pour tout ! »

Pour cette assemblée, on allait sûrement finir par conclure que Jane était d’une bien meilleure compagnie bourrée : Elle était plus tactile, et ne pleurait pas les compliments…Surtout qu’ils étaient on ne peut plus pensés ! Mais là encore, elle ne s’étendit pas pour autant sur la pommade, car la musique recommençait et que cette fois, elle bougeait autrement plus que la piste précédente. Par prudence, la demoiselle but une autre gorgée avant de déposer son verre et de s’emparer à son tour du poignet de Prim pour qu’il refasse son petit déhanchement ridicule…A ce jeu là, ils allaient sûrement bientôt se défier sur la façon de bouger la plus cocasse. Pour ce round, Jane n’était pas en reste, car sa synchronisation en avait pris un sacré coup et qu’elle ne savait plus du tout comment coordonner ses pensées et ses actes. Elle bougeait son corps en un déhanchement aléatoire et que n’importe quelle personne sobre aurait trouvé…D’un comique consternant.

JANE – « Allez faut me remuer tout ça, alleeeeez !!! »