C'était une belle journée de printemps, le soleil brillait, les oiseaux chantaient, les enfants jouaient, les familles se baladaient, les amoureux se bécotaient. Et moi, je travaillais. Cela aurait pu être déprimante si j'étais enfermée dans un bureau mais ce n'était pas le cas. J'avais été choisis parmie toutes les autres mannequins pour faire un photoshoot devant la Statue de la Liberté. Je n'aurai jamais pensé que ma célébrité m'aurait permis de faire cela, c'était inattendu ! Surtout que j'allais faire la première page. Avec cela, je serai encore plus connue. J'étais toute excitée à cette idée. Mon rêve avait été réalisé bien au-delà de ce que j'imaginais.

J'avais eu une petite pause de quinze minutes, je décidais d'aller me promener dans les environs, prendre l'air un peu loin de l'équipe. Je m'émerveillais de la beauté des alentours, ce n'était pourtant pas la première fois que je venais, mais à chaque fois, cela me faisait le même effet. C'était magique. Je m'assis, adossée contre un arbre, contemplant les passants. Je voyais des couples se tenir la main, des enfants courir et rire. Je n'avais jamais eu le désir d'être en couple, de passer le restant de ma vie avec une seule et même personne, mais plus le temps passait, plus l'envie de créer une famille était présente. Je ne comprenais pas. J'étais supposé être une célibataire endurcie, collectionnant les aventures d'un soir, et faisant rager les autres femmes de jalousie. J'avais tout ce que je voulais. Je secouais la tête, histoire de me remettre les idées en place et me levais, pour retrouver les autres afin de continuer le shoot. J'aperçu au loin une silhouette famillière. Je me rapprochais et vis enfin Stanislas. Je l'avais rencontré à une petite fête mais rien n'était arrivé entre nous. Même s'il y avait une sorte d'attirance physique. Je ne comprenais pas. En sa compagnie, je me sentais bizarre. Je devais toujours utiliser toute ma force pour ne pas céder et lui sauter dessus. J'aurai pu, mais avec lui c'était différent. Je ne voulais pas. Il était beau, très beau même, et horriblement sexy, ce qui rendait la chose encore plus difficile. Je le vis s'approcher vers moi, un sourire charmeur aux lèvres.

« STAN, DEBOUT ! » Hurla la douce voix mélodieuse de mon père.

Pour toute réponse, j’ai émis un léger grognement, avant de plonger ma tête sous mon oreiller. Je n’en revenais pas ; j’avais 26 ans, et pourtant, mon père continuait d’agir comme si j’en avais 12. Enfin non, pas exactement : quand j’avais 12 ans, il me laissait dormir profondément. J’ai soupiré en imaginant que c’était sans doute ma chère belle-mère qui avait demandé à mon père de venir me tirer du lit. Quelle garce, celle-là ! S’immiscer ainsi dans ma vie privée, jusqu’à même venir perturber mon paisible sommeil… A croire qu’elle aimait me voir d’une humeur massacrante.

« C’est bon ! » Criais-je à l’intention de mon père, alors que je l’entendais descendre les escaliers.

Si je n’avais pas fait ça, il aurait fait irruption dans ma chambre, et se serait plein. « Midi et tu es toujours au lit…» ; « à vingt-six ans, il serait temps de prendre tes responsabilités… » ; « quand vas-tu grandir, Stan ? » ; « tu n’as qu’à moins sortir… » BLA BLA BLA. Je l’entendais d’ici, et franchement, je n’avais pas envie d’un sermon. Ma demi-sœur et son adoraaaable mère s’en chargeaient très bien toutes seules.

Je suis sorti du lit, puis j’ai été prendre une douche. Une vingtaine de minutes plus tard, je suis allé rejoindre mon père et ma belle-mère à table, qui avaient finalement décidé de renoncer à m’attendre pour commencer à manger. J’ai simplement hoché la tête en guise de bonjour, et j’ai attrapé le premier plat qui me tombait sous la main pour me servir. Je n’ai pas décroché un mot de tout le repas, préférant garder le silence pour éviter tout conflit majeur. Depuis que mon père s’était remarié, ils étaient récurrents, notamment lorsqu’Azure était dans les parages.

J’ai été débarrassé mon assiette, puis je suis revenu, pour annoncer à mon père que je rentrerai chez moi dès ce soir ; il a simplement hoché la tête. Apparemment, lui aussi voulait à tout prix éviter les conflits. Et si je restais plus de deux jours dans cette maison, les choses finiraient par devenir explosives.

Pourtant, avant de regagner mon appartement de l’Upper, j’avais décidé d’aller me promener. Marcher me vidait l’esprit, et me faisait oublier que ma rééducation traînait et prenait plus de temps que prévu. J’ai soupiré ; j’aurais tout donné pour retourner en Russie, et reprendre ma vie de footballeur professionnel. Je n’attendais qu’une chose : le feu vert des médecins pour me consacrer à nouveau sur ma carrière.

J’avançais, sans but précis. Pourtant, mon regard fût rapidement capté par une équipe, qui s’activait au pied de la Statue de la Liberté. Curieux, je me suis rapproché. Et puis après tout, peut-être que parmi le lot de mannequin qui allait et venait au pied de la Statue, je trouverais mon bonheur pour la soirée. Et c’est à ce moment là que j’ai aperçu Kaeleigh ; je me suis dirigé vers elle, sourire charmeur aux lèvres. J’ai eu un petit sourire amusé en entendant sa question.

« Je suis venu te voir, qu’est-ce que tu crois… Je n’allais pas louper un tel spectacle. » Dis-je en lui faisant un clin d’œil.

A 21 ans, j'avais déjà tout ce qu'il me fallait. J'étais une mannequin reconnue, égérie de Victoria's Secret, j'avais une famille aimante, des amis super. On pouvait presque dire que j'avais réussi ma vie. Et j'étais très fière de moi car je ne pensais pas réussir autant dans la vie, j'étais même tellement une adolescente en pleine face de rebellion qui ne faisait rien en cours et qui séchait que je ne pensais même pas avoir d'avenir. Foutaise oui ! Maintenant je pouvais montrer au monde entier que j'avais réussi.

Aujourd'hui, un photoshoot était organisé devant la Statue de la Liberté, j'étais vraiment honoré d'avoir été choisis pour cela. Pendant la petite pause, je décidais de m'éloigner un peu de l'équipe, pour prendre un peu l'air. Au loin, j'aperçus Stanislas qui s'approchait vers moi, un sourire charmeur aux lèvres. « Je suis venu te voir, qu’est-ce que tu crois… Je n’allais pas louper un tel spectacle. » Me dit-il avec un clin d'oeil. Je ne pus m'empêcher de rire. Je savais très bien que cela n'était pas vrai, il n'était pas au courant de ce photoshoot. Cela me rappelait aussi que cela faisait un petit moment que je ne l'avais pas vu, et je fus vraiment heureuse de le revoir.

« C'est clair ! Si tu rates ça, t'as raté ta vie quoi ! » le taquinais-je. Cela me fit du bien d'être en présence d'une personne que je connaissais et que j'appréciais. L'équipe était super, mais certaines personnes l'étaient moins. Entendre les critiques, cela ne faisait pas forcément plaisir.

« Bon, j'ai dix minutes de pause, quoique maintenant, ça ne doit faire plus que cinq. Tu veux rester jusqu'à la fin puis ensuite on passe un petit moment ensemble ? » Lui demandais-je. J'avais vraiment envie de passer un moment avec lui, il m'aidait à oublier certaines choses. Surtout l'absence de nouvelle de Drew ... Je secouais la tête pour effacer cette petite pensée de ma tête et me reconcentrais sur Stan. « De toute façon, tu n'as pas vraiment le choix mon petit. » Je lui fis un petit clin d'oeil complice. J'aimais beaucoup le taquiner, je ne sais pas vraiment pourquoi mais c'était comme ça.

Je vis au loin le photographe me faire signe de revenir. Je me levais donc, faisant face au jeune homme. « Je dois y retourner, tu viens ? » Je lui tendis la main en souriant, attendant qu'il la prenne pour se diriger vers le reste de l'équipe.

L’étrange relation que je partageais avec Kaeleigh avait débuté un soir, lors d’une fête. Il ne s’était rien passé de particulier ; pourtant, l’ambiguïté était vite apparue. Clins d’œil appuyés, petits sourires charmeurs, paroles pleins de sous-entendues… Ce soir là, j’avais tout fait pour éveiller sa curiosité, pour qu’elle s’intéresse à moi, et qu’elle soit attirée. Cependant, je n’avais rien tenté avec elle ; pas encore, tout du moins.

C’est pour ça que la croiser ici, au pied de la Statue de la Liberté, avait été une véritable aubaine. Une « aide » venue du ciel, à laquelle je ne m’étais pas attendu. Alors, lorsqu’elle m’a demandé ce que je faisais là, j’ai naturellement répondu que j’étais venu la voir, après avoir appris l’existence de ce shoot. Bien sur, je n’en avais aucune idée, et j’étais tombé sur elle parfaitement par hasard ; mais j’avais envie de jouer un peu avec elle, de l’aguicher.

J’ai eu un petit sourire amusé alors qu’elle répondait, avec une fausse suffisance, à ma petite phrase. Appremment, elle aussi avait peut-être envie de jouer avec moi. Tant mieux ; les choses n’en seraient que plus intéressantes, et la journée se poursuivrait sans doute mieux qu’elle n’avait commencé.

J’allais accepter sa proposition, à savoir de l’attendre pour qu’après, nous puissions passer un moment ensemble. Ça me faisait sincèrement plaisir ; outre ce petit jeu qui s’était instauré entre nous, je l’aimais bien.
J’oubliais mes problèmes, au moins le temps d’un moment. Cependant, alors que j’ouvrais la bouche pour lui répondre, elle m’annonça que ce n’était pas une question, mais plutôt un ordre. J’ai souri, amusé.

« De toute façon, je n’aurais pas refusé. » Murmurais-je. « On ne refuse pas un rencard avec une fille aussi belle que toi. » Ajoutais-je en lui faisant un clin d’œil.

Le photographe lui fit signe ; avant d’aller le rejoindre, elle me tendit sa main, que je saisis sans réfléchir. Elle m’entraîna avec elle. J’ai salué le photographe d’un signe de tête, par pure politesse, alors que je lui disais, pour plaisanter :

« J’espère pour toi que personne ici n’a remarqué à quel point j’étais magnifique… Parce que sinon, je risquerais de te piquer ton job. » Dis-je en souriant. Il m'arrivait parfois de me prêter au jeu du mannequin, mais ce n'était que dans des circonstances exceptionnelles, comme pour une oeuvre de charité, par exemple.

« Allez, vas-y. Je t’attends là. » Soufflais-je à Kaeleigh, alors que le photographe commençait visiblement à s’impatienter. « En espérant que ce soit vite réglé. »