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Prince D. Romero & Apollinaria Alekseïevena-De Nassau

Il fallait vraiment que cette manucure soit la meilleure de tout New York pour obliger Apo à se déplacer jusqu'à Brooklyn. Dès qu'elle eut posé le pied dans cette partie de la ville qu'elle n'avait jamais visité, elle ne voulut qu'une seule chose : partir le plus vite possible, retourner dans son Manhattan bien douillet, entourée de personnes qu'elle connaissait et qui savait qui elle était. Elle frissonna rien que de penser qu'elle se trouvait en terrain inconnu et dangereux. Ce n'est pas qu'elle avait peur de se faire attaquer, elle savait parfaitement qu'elle pourrait se débarrasser de ce parasite, quel qu'il soit, voleur de sac à main ou de portable, violeur, criminel en liberté. Non, Apollinaria n'avait pas peur de se faire attaquer, juste d'être vue dans ce borough si mal famé à ses yeux.
Il était cinq heures de l'après-midi, il faisait un froid à vous geler les os et à rester dans son salon de thé préféré à discuter entre duchesses du nouveau couple phrase de la ville plutôt que de trimballer ses Louboutin de 15 cm sur des trottoirs lavés à chaque fois qu'un crime est commis... Apo décida tout de même de voir de ses propres yeux, ou plutôt de ses propres doigts et ongles qui était cette fameuse manucure qui n'avait pas de boutique et qui n'officiait que chez elle, dans son appartement de Brooklyn, qui s'occupait de nombreuses têtes couronnées dans le plus parfait secret.
Elle enfila un jean brut, un bon pull en jersey et de chaudes chaussures à talons auquel elle ajouta un blouson en daim. Elle était parée au froid et avait même ajouté à sa tenue des lunettes de soleil bien qu'aujourd'hui n'était pas le jour le plus ensoleillé de l'année, juste pour ne pas se faire reconnaître. Bien décidée à avoir des ongles parfaits, elle laissa sa limousine devant l'immeuble de ladite Miss Borglismdale et monta les huit étages SANS ASCENSEUR.

Une heure et quart plus tard, Apo sortit de l'appartement de Miss Borglismdale heureuse et les ongles parfaitement manucurés. Elle descendit les marches et, arrivée sur le trottoir, elle ne put s'empêcher de s'admirer les ongles. Ses copines avaient raison, la jeune Luxembourgeoise n'avait jamais eu les ongles aussi beaux et irréprochables. Le prix n'était pas vraiment élevé pour la qualité proposée, le travail rapide et précis. Tout aurait pu vraiment être parfait si Apo n'avait pas été obligée d'aller à Brooklyn et si elle avait retrouvé sa limo là où elle l'avait laissée.
En effet, la jeune duchesse eut beau regarder partout autour d'elle, sa voiture n'était pas là. Elle soupira et dégaina son smartphone. Charles, vous êtes où ? Je ne crois pas vous avoir donné l'autorisation de me laisser pourrir ici ! Le soupir revint, plus fort encore. Charles, son chauffeur, avait été obligé de déplacer la limousine car elle gênait la circulation. Il promit à Apo d'être dans le quartier et de la prendre en moins d'un quart d'heure. Vous vous moquez de moi ?? Un quart d'heure ? Mais vous êtes où ? A Staten Island ? Vous vous prenez une glace ou quoi ?
Apollinaria trépigna d'impatience. Elle ne pouvait décemment pas attendre un quart d'heure dans le froid, à Brooklyn qui plus est ! Soudain, elle aperçut un taxi au loin. Soulagée, malgré le fait qu'elle détestait ces voitures jaunes qui puaient la transpiration, elle le héla en levant le bras. Elle ferma son portable, raccrochant au nez de son chauffeur qui avait de la chance de ne pas être renvoyé sur le champ...