Penny se trouva devant la porte. Tête légèrement inclinée vers le bas, il frappa un coup à la porte. Puis survint un second coup. Il attendit alors patiemment. Patiemment que la porte s’ouvre. Un soupira s’échappa alors de sa bouche. Il jeta un dernier coup d’œil sur sa montre. Dix-neuf heures et trente-quatre minutes précisément. Voilà, l’heure qu’indiquait sa montre à cet instant précis. Le jeune homme songea qu’il devait bien y avoir quelqu’un à cet appartement vu l’heure. A vrai dire, ce n’était pas le genre de Daniels de venir à l’improviste… mise à part quelques fois, mais dans ces cas, il vient accompagner avec une bonne bouteille d’alcool. Et je vous laisse deviner les raisons de ses venues. Aujourd’hui, c’était, comment dire, différent. Différent, oui. Alors que la porte ne s’ouvrait pas encore, il regarda le numéro qui était inscrite dessus… Il ne manquerait plus qu’il se soit trompé d’appartement. A la lecture du chiffre, il fronça légèrement les sourcils. Non, c’était bien là. Le numéro cinq. Penny enfonça alors de plus bel ses mains dans les poches de son jean. Il lança de temps en temps un regard autour de lui. Et au moindre bruit, il sursauta presque sur place. Il ne savait pas vraiment pourquoi il se trouvait là, ni quelle force l’avait poussé à venir ici. Ici, chez Manuela. Manuela, son amie. Il l’aimait bien Manue, comme il avait tant l’habitude de l’appeler.
Il faut dire que leur dernière soirée passait ensemble n’avait rien de la soirée idéale (voire parfaite) tant imaginé par Penny. Son fameux after-halloween. Le principe était simple. Prenez deux jeunes gens, deux amis de préférence, faites-les se déguiser, boire quelques verres et puis faites-les faire une course en fauteuil roulant. Dis ainsi, la soirée semblait être… amusante. Et pourtant. Certes, elle avait bien commencé et non, elle ne s’était pas bien terminée. Bien entendu, dans tout cela, le jeune homme en avait oublié les regards méprisants et moqueurs qui pourraient se poser sur son amie en fauteuil roulant. Chose qui avait sûrement du blesser la jeune fille. Il avait beau lui dire que ce n’était rien, que ce n’était que des sombres idiots, il s’en voulait dans le fond. Il s’en voulait, oui. De lui avoir fait subir tout cela. Peut-être qu’une soirée banale sans artifice se serait largement mieux déroulée. Peut-être oui… et pourtant, il était bien trop tard à présent pour revenir en arrière. Penny se trouvait à présent devant la porte de Manuela. Il prit une grande inspiration lorsque soudainement la porte s’ouvrit. Quelque peu surpris, il recula d’un pas et regarda la jeune femme qui se trouvait en face de lui la bouche entrouverte. « Euh… Salut Manue ! » finit-il par dire. Il passa machinalement la main dans ses cheveux comme pour réfléchir ce qu’il devait faire à présent, attendant alors une réponse de la part de son amie.

« Entre, je t'en prie ! ». La voix de la jeune femme fit sortir Penny de ses pensées. Sans dire un mot, silencieusement, Penny entra dans l’appartement de son amie. Alors que cette dernière s’affairait à fermer la porte, le jeune homme se tourna vers elle. Posant un regard sur elle. « Ça ne va pas ? Je te trouve un peu pâle. Et affreusement silencieux en plus de ça. Ça ne te ressemble pas ! » lui fit-elle alors remarquer. Ca ne lui ressemblait pas, c’était certain. Et elle avait raison. On connait tous ce cher Penny avec ses airs de boutentrain invétéré. Instinctivement, il baissa légèrement la tête. Sentant ses pommettes prendre une couleur quelque peu rosée. Il passa sa main sur son menton, comme pour réfléchir à ce qu’il pourrait bien lui répondre. Quelques secondes après, il se racla la gorge et leva la tête. « Si, si. Ca va ! » répéta-t-il alors. « Très bien même, ne te fais pas de bile… » conclua-t-il. Et un large sourire, découvrant par la même occasion ses dents blanches, se dessina sur son visage. Quelques traits qui illuminèrent le visage du jeune homme. Ce dernier tourna des talons et s’apprêta à se diriger vers le salon où il fit quelques pas. Manuela emboita son pas et avança de quelques centimètres avec son fauteuil. C’est alors qu’il s’arrêta en pleine marche et se tourna furtivement en direction de son amie. Bien entendu, cette dernière devait être quelque peu surprise par le comportement du jeune homme et ne devait sûrement pas le comprendre sur le moment. « En fait… » commença-t-il. « Je venais juste pour… pour m’excuser de la soirée de l’autre fois. Je… je voulais juste qu’on s’amuse… enfin vois-tu je ne pensais pas qu’il y aurait des imbéciles pour casser l’ambiance. Je suis désolé. Je ne voulais vraiment pas que ça se passe comme ça… Je veux dire je voulais juste qu’on passe du bon temps ensemble. Du bon temps ensemble, un peu comme avant… J’aurais du m’en douter qu’il y aurait eu ces petits cons qui t’ont sûrement blessé… Pardon… ». Penny se tut. Un soupir de quasi satisfaction s’échappa de sa bouche. A croire qu’il venait de faire l’impossible. Il osa défier un instant la jeune fille du regard. Un court instant. Avant de baisser la tête, quelque peu honteux. Alors qu’un lourd silence s’installa entre les deux, il leva discrètement les yeux et posa son regard sur le visage de Manuela afin de tenter de percevoir une réaction ou deux. Peut-être allait-elle lui en vouloir de l’avoir invité à sortir, peut-être allait-elle se moquer de ce que son ami venait de lui dire. Il attendit alors avec une grande impatience qu’elle lui réponde, qu’elle réagisse, qu’elle fasse quelque chose. Qu’elle lui dise quelque chose tout simplement.