Elias & Timothy

❝ Be nice, be my friend ❞

Les relations humaines ont toujours été complexes. L'amitié est un terme bien large, englobant toutes sortes de liaisons plus ou moins fortes, plus ou moins chaotiques, plus ou moins durables. Il existe bien entendu les amis de toujours, ceux qui ne nous abandonnent jamais, les amis d'enfance qui nous ont vu grandir, les amis de passage qui n'ensoleillent notre vie que pour quelques années, puis les amis éphémères qui s'éclipsent aussi vite qu'ils sont apparu. Et les ennemis dans tous ça ? Ceux-ci fonctionnent tout à fait différemment. Ils nous collent, telle de la glue, et ne nous lâche plus, profitant de chaque bonne occasion pour nous rabaisser et nous faire sentir que le courant ne passe pas. Là encore, il existe plusieurs degrés d'intensité au niveau de la haine pouvait séparer deux personnes. Mais seule une d'entre elle nous intéresse ici : celle qui reste floue, vague, car basée sur des causes inexistantes. Cette antipathie là anime la relation qu'entretiennent Elias et Timothy depuis quelques temps déjà. C'était Azure qui les avait présentés l'un l'autre et, sans savoir pourquoi, tout est tout de suite devenu compliqué entre eux. L'entente n'était pas au rendez-vous, à peine s'étaient-ils adressé la parole pour se saluer. Elias avait lancé la première pierre en se montrant très rapidement froid à l'égard de l'animateur radio qui, fier comme il était, n'avait pas hésité une seconde pour lui rendre la pareille. Connaissez-vous raison plus bateau que celle-ci pour se fiare la guerre ? Faites vos jeux, vous avez perdu d'avance ! Tous les deux ne peuvent pas se voir en peinture, sans raison particulière. La détestation qui les unit n'a aucun fondement logique et jamais l'un ou l'autre n'a cherché à regarder plus loin que le bout de son nez pour tenter de poser des mots sur cette haine les opposant.

Cette journée avait pourtant bien commencé. Timothy avait dormi enlacé à sa petite amie, qui avait besoin de réconfort depuis quelques jours suite à un pic émotionnel survenant dans sa grossesse. D'un naturel inquiet, Olivia avait piqué plusieurs crises de panique et ne pouvait plus passer une nuit seule sans se réveiller à plusieurs reprises. Elle avait donc demandé à son voisin si elle pouvait s'installer chez lui, le temps qu'elle se sente mieux, et c'était avec joie qu'il avait accepté. Ils n'habitaient pas encore ensemble -bien que seulement séparés par le couloir de l'étage de l'immeuble où tous deux habitaient-, ils avaient encore besoin de temps pour planifier leur avenir. Ce qui ne les empêchait pas de passer leurs nuits ensemble. Soit. Timothy s'était donc réveillé tôt ce matin, Olivia blottie contre lui. Il s'était dégagé de son emprise avec douceur pour ne pas la réveiller et avait rapidement enfilé un training, un tee-shirt et un pull pour s'en aller faire son footing matinal. De retour chez lui, une rapide douche puis il prépara ses affaires avant d'embrasser le front de sa petite amie encore endormie pour ensuite quitter son appartement et prendre sa voiture, direction son travail. En route, il s'arrêta au coffe shop du coin, comme chaque matin, puis il se gara dans le parking de l'immense immeuble de la radio avant d'y pénétrer et de monter les nombreux étages pour atteindre les bureaux où il travaillait -merci l'ascenseur ! L'équipe était déjà presque au complet, il se mit donc directement au travail pour planifier la matinale. Puis ils se posèrent derrière leurs micros respectifs, prêts à parler durant près de deux heures et demi. L'émission terminée, Timothy quitta la salle d'enregistrement et s'apprêta à rejoindre l'équipe pour planifier une partie de la matinale du lendemain. Mais, alors qu'il était en train de se rafraîchir en buvant un verre d'eau, il aperçut le visage d'Elias de l'autre côté de la porte vitrée, en train de parler avec l'un de ses supérieurs. Son sang ne fit qu'un tour et, la mine renfrognée tout en adressant un signe de tête dans la direction de l'avocat, il demanda à un des moniteurs techniques « Qu'est-ce qu'il fout ici lui ? » Le ton de sa voix prouvait bel et bien qu'il n'était pas heureux de le voir. Son collègue regarda l'homme pointé et grimaça avant de répondre rapidement « Elias ? Il est là pour l'animateur qui a porté plainte l'autre jour. » Timothy leva les yeux au ciel en soupirant exagérément d'exaspération avant de montrer l'énorme joie qu'il éprouvait. « Super ! Ils pouvaient pas engager quelqu'un d'autre ? » Grognant légèrement, il s'approcha d'Azure qui, de son côté, était en train de parcourir un dossier concernant l'actualité mondiale. Le brun lui attrapa le bras gentiment et lui montra Elias avant de lui glisser à l'oreille « Je prends ma pause maintenant, tu ne m'en veux pas ? » Et sans même attendre la réponse de sa co-animatrice, il attrapa sa veste, l'enfila et quitta les lieux. Au passage, il remarqua qu'Elias était visiblement en train de prendre congé envers son supérieur. Priant pour qu'il soit retenu encore un instant, l'animateur attendit devant la porte d'ascenseur, tapant nerveusement du pied contre le sol, mains enfoncées dans les poches de son jean. Mais, malheureusement pour lui, le hollandais débarqua à ses côtés, visiblement tendu lui aussi. Timothy ne put se retenir et se tourna directement vers lui pour débuter le petite jeu d'ironie et de sarcasmes qu'ils avaient tant l'habitude de jouer. « Le hasard fait bien les choses ! Voilà que je me retrouve à attendre l'ascenseur à tes côtés. Quel honneur ! » Il n'aurait pas pu se taire, le temps d'emprunter l'ascenseur pour descendre les étages, non ? Quel imbécile. Perdant rapidement patience, il finit par taper gentiment du pied sur la porte de fer en face de lui et se tourna vers Elias pour lui adresser un large sourire narquois. « Si tu n'y vois aucun inconvénient, je vais plutôt prendre l'escalier. J'ai peur qu'on ne tienne pas à deux dans là-dedans avec ton ego surdimensionné. » Et sans en ajouter plus, il se dirigea vers la cage d'escaliers, prêt à les dévaler à toute vitesse pour s'éloigner du jeune homme le plus rapidement possible. Mais à peine eut-il posé un pied devant lui que le bruit annonçant l'arrivée de l'ascenseur résonna avant que les grandes portes ne s'ouvrent. Soufflant doucement pour se calmer, Timothy rebroussa chemin et s'introduisit dans le monte-charge. Après tout, il serait plus rapidement débarrassé d'Elias en quittant le bâtiment au plus vite, et l'ascenseur lui permettrait d'atteindre le rez-de-chaussée avec plus de rapidité. Restait à espérer que tous les deux tiendraient quelques secondes dans le même espace clos sans s'aboyer dessus.

Elias Van Santen & Timothy McDouglas

« New-yorkais, New-yorkaises il est six heure et demi du matin et … ». Boum, fut le seul bruit qui suivit les paroles aiguës de la jeune femme qui parlait et dont la voix s’était mise à raisonner dans la chambre sans crier gare. Pourtant, cette torture – c’était ainsi qu’il considérait un réveil de ce type – était devenue obligatoire pour qu’il se force à se lever, qu’il bouge ses fesses de son lit et trouve la force de se déplacer dans l’appartement, en somme qu’il se lève pour aller travailler. Mais s’endormir de nouveau, la tête enfouie dans son oreiller déformé à force d’avoir remué toute la nuit, lui semblait être une excellente idée à présent, après tout il aurait bien excuse en béton à donner lorsqu’on lui demanderait des explications sur son retard. Le peu de conviction dont il faisait preuve pour se lever s’était ressenti dans la manière dont sa main s’était abattue sur le pauvre petit radioréveil qui aurait très bien pu se briser en mille morceaux si sa force avait été plus importante ou si l’objet avait été d’une moins bonne qualité, mais à la place seule l’alarme s’était contentée de se désactiver. Elias resta allongé un peu plus longtemps, ventre contre le matelas et le visage totalement enfoui dans son oreiller même si cette position l’empêchait de respirer correctement, tout ce qu’il souhaitait était de dormir un peu plus longtemps. Malheureusement, après cinq bonnes minutes dans la même position, sans même bouger le petit doigt et laissant le temps défiler, la voix de la présentatrice raisonna à nouveau dans sa chambre tandis qu’Elias poussait un grognement d’agacement pour ensuite désactiver une bonne fois pour toute ce réveil de malheur. Laissant quelques minutes de plus s’écouler, des minutes en moins pour se préparer, il finit par se tourner sur le dos et s’asseoir dans son lit fixant un endroit non précis droit devant lui juste le temps d’émerger un peu plus.

C’était tous les matins la même chose. Elias avait toujours autant de mal à se réveiller et surtout à se lever. Il était encore bien trop habitué à sa vie à Amsterdam même si là-bas il ne se levait pas spécialement tard, disons juste que ce n’était pas six heure et demi tous les matins comme depuis qu’il était de retour à New York. D’ailleurs depuis qu’il avait remis les pieds dans la grande pomme le jeune homme n’avait pu que remarquer qu’il avait bien plus à faire qu’avant de partir, à croire que toutes ses affaires, que tous ses clients avaient attendu bien sagement son retour pour lui sauter dessus tous en même temps. Pourtant, Elias ne s’en plaignait pas. Se plonger autant dans son travail lui permettait de ne pas trop penser aux choses qui le tracassaient dernièrement et à vrai dire ce n’était pas plus mal, alors même si le jeune homme avait extrêmement de mal à se lever si tôt le matin – n’ayant pas totalement repris l’habitude – il le faisait malgré tout sans se plaindre, enfin sauf intérieurement. Ainsi, sans trop savoir comment Elias avait quitté son lit et s’était dirigé vers la cuisine où, pour une fois, il prit le temps de verser du café dans sa tasse et de la mettre à chauffer pour ensuite boire de liquide chaud et quelque peu amer par petites gorgées. Ceci fait, les gestes habituels du matin suivirent et une fois certain d’être parfaitement prêt, il quitta l’appartement pour une nouvelle journée chargée de travail à ne plus savoir où donner de la tête, ce qu’il aimait par-dessus tout dernièrement. Étrangement, malgré les quelques embouteillages à travers la ville et les coups de freins qu’il dû donner à quelques reprises pour éviter de finir aux urgences, Elias resta de très bonne humeur bien que légèrement endormi malgré la caféine qui coulait toujours dans ses veines. Les bureaux à côté du sien étaient encore vide, ce dont il avait l’habitude aimant toujours arriver dans les premiers pour ne pas être déconcentré par les bavardages qui fusaient ici et là. Ce fut donc dans le calme et la tranquillité qu’il s’installa derrière son bureau, triant et classant les dossiers dont il allait s’occuper aujourd’hui.

« Elias ? ». L’intéressé quitta des yeux le dossier qu’il venait tout juste d’ouvrir pour poser son regard vers la porte de son bureau qui venait tout juste d’être ouverte laissant apparaitre l’une des stagiaires du bureau qui semblait hésiter à aller plus loin. Le jeune homme lui adressa alors un sourire rassurant pour lui faire comprendre qu’il était toute ouïe, qu’elle n’avait rien à craindre n’étant pas dans une de ces journées où il montrait les crocs à chaque fois qu’on venait lui parler. « Jason m’a demandé de te rappeler que tu as rendez-vous aujourd’hui pour l’affaire de la radio … il voulait juste être sûr que tu n’avais pas oublié. ». Ce qui était totalement le cas, mais Elias se garda bien de l’avouer. A la place il secoua rapidement la tête, un geste par lequel il fit comprendre à la jeune femme qu’il s’en souvenait – même si ce n’était pas le cas – et qu’il la remerciait tout de même de la piqure de rappel. La stagiaire disparu dans un sourire laissant le jeune homme fouiller dans les diverses chemises en carton qui étaient éparpillées sur son bureau à la recherche de la bonne sur laquelle était noté l’heure du rendez-vous. Profitant du temps qui lui restait avant de devoir reprendre le volant de sa voiture, Elias termina de s’occuper des quelques derniers points de certaines affaires puis ceci fait, il attrapa sa serviette, sa veste et quitta le bureau pour se rendre dans ceux de l’émission radio contre laquelle un de ses clients portait plainte.

Pour Elias cette affaire était très délicate, le jeune homme connaissait quelques personnes qui travaillaient à cet endroit, la plupart étant des personnes qu’il appréciait réellement beaucoup – si on mettait de côté Timothy – et être l’avocat à qui ils allaient devoir faire face ne le réjouissait que très peu, mais il se devait néanmoins de faire correctement son travail en étant le plus impartiale possible. Ce fut donc pour cette raison qu’il se retrouva dans le bureau de l’un des supérieurs de la radio à discuter en toute tranquillité des diverses options qu’ils avaient pour régler les choses à l’amiable, pour éviter que toute cette histoire – assez minime selon lui – ne termine dans un tribunal. Puis, soulagé d’avoir trouvé une solution qui, il le savait, conviendrait aux deux parties, il salua l’homme avec qui il s’était entretenu et fuit le plus vite possible en direction de l’ascenseur n’ayant que très peu envie de tomber sur une personne bien précise ce qui fut malheureusement le cas. Face à l’ascenseur, Timothy attendait que ce dernier arrive pour quitter également l’étage et même si Elias avait très envie de prendre les escaliers, il prit sur lui et alla attendre près du jeune homme sans même poser les yeux sur lui ou prêter ne serait-ce qu’un peu attention à lui. « Le hasard fait bien les choses ! Voilà que je me retrouve à attendre l'ascenseur à tes côtés. Quel honneur ! ». Voilà exactement la raison pour laquelle Elias avait eu envie de prendre les escaliers, la raison pour laquelle il n’avait absolument pas tenu à tomber plus ou moins nez à nez sur lui. Pourtant, ces deux-là n’avaient pas spécialement de raison de ne pas s’apprécier, mais c’était le cas, ils se vouaient une haine l’un envers l’autre sans aucune explication, sans chercher à mieux se connaitre et donc peut-être à se rendre compte qu’ils n’avaient aucune raison d’être aussi cynique et sarcastique l’un envers l’autre. Toutefois, aussi agacé qu’il put l’être, l’avocat préféra ne rien rétorquer, il était encore de trop bonne humeur pour se risquer à changer la donner.

« Si tu n'y vois aucun inconvénient, je vais plutôt prendre l'escalier. J'ai peur qu'on ne tienne pas à deux dans là-dedans avec ton ego surdimensionné. ». L’un de ses sourcils prit la forme d’un accent circonflexe tandis que du coin de l’œil il regardait Timothy avant de lever les yeux au ciel – bien qu’à cet instant précis ce fut plus vers le plafond – en soupirant, légèrement agacé. Ce type avait vraiment le don pour gâcher sa journée, pour faire disparaitre toute bonne humeur et ce ne serait-ce qu’en ouvrant la bouche. En fait, Elias n’était pas si étonné de ne pas pouvoir le supporter, Timothy trouvait peut-être que son ego était surdimensionné, mais son cynisme à lui n’était pas plus agréable. Vite que cet ascenseur arrive afin qu’il puisse partir de là le plus vite possible et ne plus avoir à supporter le comportement de cette personne. Soulagé d’entendre les portes de l’ascenseur s’ouvrir, Elias reporta son attention sur ce dernier et s’engagea à l’intérieur bien heureux que Timothy ait décidé de prendre les escaliers, oui enfin … c’est ce qu’il pensa jusqu’à ce que ce dernier se décide finalement à changer d’avis. Adossé à la paroi de l’intérieur de l’ascenseur, un léger sourire moqueur apparu au coin des lèvres de l’avocat qui posa ses mains sur la rambarde dans son dos. « Il faut croire que mon ego ne prend pas autant de place que ça ... en revanche ton cynisme est un peu étouffant. ». Lui qui s’était pourtant décidé à ne pas lui donner la satisfaction de rentrer dans son jeu, du moins si on pouvait réellement appeler ça comme ça, il n’avait pas pu résister et Elias avait plus ou moins sauté sur l’occasion. Toutefois, dès que les portes de l’ascenseur se refermèrent enfermant ainsi les deux jeunes hommes dans le même petit espace confiné il ne le chercha pas plus attendant avec impatience le moment où il serait dans sa voiture, loin de lui. A bonne distance de Timothy, le regard d’Elias ne quittait pas une seule seconde le cadran dont les chiffres en rouge affichait les étages qu’ils venaient de dépasser jusqu’à ce que tout s’arrête brusquement.

Les sourcils blonds du jeune homme s’arquèrent tandis que son regard fixa quelques instants le chiffre qui restait le même comme s’il espérait qu’uniquement avec l’aide de son esprit l’ascenseur allait repartir. Puis, dans un réflexe il alla appuyer sur l’un des boutons de l’ascenseur dans un nouvel espoir de le voir reprendre sa descente, mais rien. « Alors là … c’est une blague ! ». Il ne voyait pas quoi dire d’autre. De tous les malheurs du monde qui pouvaient lui tombé dessus aujourd’hui il fallait que ça soit celui-là, il fallait qu’il se retrouve coincé avec la seule personne qu’il ne pouvait pas supporter dans ces bureaux. Elias baissa la tête et frotta nerveusement son front tout en soupirant afin de rester calme … cet ascenseur avait sérieusement intérêt à repartir autrement l’un des deux allait finir par tuer l’autre, il le savait, il pouvait le sentir.

En posant son premier pied dans l'ascenseur, le regard flamboyant de Timothy croisa celui de l'avocat, ce qui eut évidemment le don de le tendre un peu plus. Bien décidé à passer les étages sans se mettre à se confronter à lui, il lui tourna immédiatement le dos, appuyant son épaule à côté du tableau de boutons, et glissa ses mains dans les poches de son jean alors que les portes de la cage d'ascenseur étaient en train de se refermer sur eux. Ils avaient l'air de deux lions en cage, prêts à se bondir dessus. L'atmosphère désagréable était perceptible et l'animateur radio regarda les numéros d'étages défiler en priant pour arriver rapidement au rez-de-chaussée. « Il faut croire que mon ego ne prend pas autant de place que ça ... en revanche ton cynisme est un peu étouffant. » railla le jeune homme, visiblement incapable de tenir plus de quelques secondes sans lui lancer de piques. Bon, après tout, c'était le brun qui avait commencé. Et pourtant, il déglutit en sentant son sang ne faire qu'on tour avant de bouillir le long de ses veines. Serrant les poings, il se contint pour ne pas lui sauter dessus et rester dos à lui. S'il faisait l'erreur de lui faire face, il ne parviendrait jamais à garder son calme. Elias était pire qu'une allergie pour lui : il devenait exécrable avec dés qu'il apparaissait dans son champs de vision, et c'était complètement réciproque. « Excuse mon cynisme, il a tendance à montrer un peu trop les crocs quand tu es dans les parages et du coup, j'ai de la peine à le tenir en laisse. » ricana-t-il en finissant tout de même par tourner la tête pour planter son regard noir dans celui de son interlocuteur. C'était fou tout de même, ils n'étaient pas capables de passer plus de quelques secondes sans se montrer désagréable l'un envers l'autre. Mais en y réfléchissant bien, Timothy n'en avait que faire de ce que pensais Elias. Du moment qu'il restait le plus loin possible de lui, tout lui convenait.

Levant les yeux au ciel en soupirant exagérément, le jeune McDouglas se remit face à la porte fermée et laissa ses yeux suivre le défilement des chiffres sur l'écran juste au-dessus. Il ne leur restait que quelques étages à descendre et ils pourraient enfin se séparer. Sentant une once de soulagement le traverser, Timothy se détendit. Mais il fit vite de se crisper à nouveau au moment où une secousse ébranla l'ascenseur. Surpris, il sortit les mains de ses poches et se décolla de la paroi pour regarder autour de lui sans comprendre, son coeur se mettant pourtant à battre un peu plus vite. Au moment où ses pupilles croisèrent le voyant lumineux rouge allumé sur le tableau des boutons, il comprit sans peine : les voilà coincés. L'ascenseur ne bougeait plus et un silence pesant leur tomba dessus. Il s'écarta rapidement au moment où Elias se rapprochait pour appuyer sur n'importe quel bouton en espérant refaire partir la cage de fer, mais rien. « Alors là … c’est une blague ! » s'exclama-t-il alors que Timothy s'était rapproché de la porte coulissante pour regarder au travers du léger espace qui en séparait les deux bouts. Le noir complet laissait sous-entendre qu'ils étaient bloqués entre deux étages et qu'il était donc inconcevable d'ouvrir la porte pour s'extirper de l'ascenseur. Soupirant, l'animateur radio retourna vers sa place initiale et appuya plusieurs fois sur le bouton servant à alerter les secours. Il attendit quelques secondes mais rien ne se fit entendre. Il appuya à nouveau, puis une fois de plus sans qu'aucun son ne se fasse entendre au travers de l'interphone. Sentant déjà la pression monter en lui, le brun frappa dans le tableau en jurant : « Merde ! » Se rendant tout à fait compte qu'ils risquaient de rester dans cette situation un bon bout de temps, Timothy sortit son téléphone de sa poche et s'empressa d'appeler Azure, mais des bips répétés lui indiquèrent qu'il lui était impossible de composer ce numéro. Il constata en regardant l'écran de son iPhone qu'il ne captait aucun réseau, ce qui le fit évidemment soupirer de plus belle. Posant son regard sur Elias, il entrouvrit ses lèvres pour laisser un grognement de mécontentement s'extirper : « Et évidemment, il fallait que ça m'arrive avec toi ! » Rigolant ironiquement, il remit son téléphone dans sa poche et regarda autour de lui dans l'espoir de trouver une solution. Mais sortir d'une cage d'ascenseur par le plafond n'était une scène possible que dans les films d'action. Ils étaient condamnés à rester ici pour une durée indéterminée, le temps que quelqu'un parvienne à débloquer ce fiche monte-charge.


C'est vrai que c'est un pavé Mais t'en fais pas va, j'aime bien quand y a beaucoup à lire Pardon pour mon post ridicule par contre ~

Elias Van Santen & Timothy McDouglas

De tous les problèmes qui devaient lui tomber dessus il fallait que ça soit celui-là. Même si Elias remerciait le ciel de ne pas être claustrophobe – ce qui n’aurait fait que le rendre encore plus exécrable – la perspective de rester coincé dans cet ascenseur pour une durée indéterminée ne l’enchantait pas, mais alors vraiment pas du tout. Qu’avait-il bien pu faire pour être autant puni depuis son retour à New York ? Certes il n’avait pas été très subtile en quittant Aladiah du jour au lendemain pour prendre le premier vol vers Amsterdam et lui laisser tellement de temps et d’espace pour réfléchir à ce qui lui avait dit que lui-même serait devenu fou, mais tout de même. Pour cette erreur monumentale, il s’en mordait les doigts depuis assez longtemps pour s’être puni lui-même un nombre incalculable de fois. Pourtant, il avait la nette sensation que depuis qu’il était revenu d’Amsterdam tout était fait pour le rendre d’autant plus fou et le punir un peu plus pour avoir fait cette erreur. Mais n’en avait-il pas déjà assez conscience ? Après tout il avait vite compris qu’en partant, qu’en refusant de parler à la jeune femme il ne faisait que réduire ses chances d’avoir une réponse un tant soit peu positive vis-à-vis de ce qui lui avait dit à son réveil à l’hôpital. Même le fait de lui avoir donné un de ses reins n’était pas suffisant pour se faire pardonner et surtout il avait beau être idiot, il ne l’était pas au point d’utiliser cette action pour la faire culpabiliser à son tour. Elias avait un minimum de dignité tout de même, il n’allait pas faire un coup si bas avec elle, de toute manière puisqu’il s’agissait d’Aladiah il en était tout simplement incapable. Il tenait tellement à elle qu’il se demandait encore comment il avait bien pu faire pour tenir aussi longtemps à ne pas retourner ses appels alors que la seule chose dont il rêvait était d’entendre sa voix. Toutefois, malgré tout cela il fallait que des problèmes comme l’actuel lui tombe dessus. À force, l’avocat avait fini par se convaincre qu’il était maudit, qu’il avait dû faire quelque chose dans une vie intérieure qui méritait presque qu’une punition divine lui tombe dessus. Certes, il exagérait quelque peu – voir beaucoup en faite – mais vraiment, avec toute la malchance qu’il accumulait dernièrement il ne voyait pas d’autres explications.

De toutes les personnes qui travaillaient ici, de toutes les personnes qu’il pouvait connaître il fallait qu’il se retrouve coincé dans ce petit espace en compagnie de Timothy comme pour ajouter un peu plus de supplice à son malheur. Ce devait être une blague, une plaisanterie vraiment très mauvaise, de mauvais goût et qu’il était très loin d’apprécier tout comme il savait que le jeune homme face à lui n’appréciait pas non plus. Le pire était sans doute le fait qu’ils ne se supportaient pas sans aucune raison apparente. Timothy et Elias s’étaient contentés de se juger mutuellement sans se connaître, la toute première fois et sans chercher à approfondir les raisons de l’humeur insupportable d’Elias ce jour-là. Évidemment, l’avocat le connaissait de nom, il le connaissait par rapport à la relation qu’il avait entretenu avec Azure qui était l’une de ses amis mais surtout la meilleure amie d’Aladiah. Peut-être était-ce à cause de cela qu’il n’avait pas voulu chercher à l’apprécier ? En y repensant il se trouvait très idiot d’avoir agit d’une façon si puérile mais Timothy le lui avait tellement bien rendu qu’au final il n’aurait tout de même pas cherché à l’apprécier et les choses auraient fini exactement de la même manière et tôt ou tard ils auraient tout de même fini coincés dans la même ascenseur. Non, vraiment au-dessus de sa tête devait planer une malédiction assez importante qui expliquerait parfaitement le pourquoi il se retrouvait coincé avec lui dans ce maudit ascenseur. Une chose était certaine, si jamais il devait revenir ici Elias prendrait les escaliers plutôt que l’ascenseur et peu importait s’il devait mettre bien dix minutes à arriver à destination, dans le pire des cas il pouvait toujours monter les marches en courant, avec son endurance ça ne devrait pas poser trop de problèmes. Un soupire lasse lui échappa tandis qu’il posait sa tête contre la paroi de l’ascenseur derrière lui tout en fermant les yeux quelques instants. Il fallait qu’il se calme.

L’idée d’être coincé dans un ascenseur ne l’enchantait pas du tout ou plus exactement le fait d’être coincé aussi haut dans la cage d’ascenseur ne le rassurait pas vraiment. Rapidement, le jeune homme tâcha de faire abstraction de la présence de Timothy pour se calmer même si à l’extérieur il paraissait aussi serein que s’il attendait bien sagement qu’il soit arrivé au rez-de-chaussée. Elias était très doué pour laisser paraître ce que bon lui semblait, il donnait l’impression d’être capable de se maîtriser dans n’importe quelle situation alors que c’était loin, très loin d’être la vérité. « Merde ! ». Ouvrant subitement les yeux après que le jeune homme ait poussé son juron mais surtout alors qu’il ait cogné sur le tableau, l’avocat leva les yeux au ciel et se retint de soupirer. Il préféra ne rien dire, sans doute parce qu’il se connaissait assez pour savoir qu’en réalité, s’il n’avait pas essayé de se calmer quelques secondes auparavant, il aurait réagit exactement de la même façon que Timothy. L’idée que tous les deux avaient quelque chose en commun, en revanche, l’agaça si bien qu’il se redressa et croisa ses bras contre son torse pour se canaliser. Il le regarda jouer avec son téléphone, cherchant désespérément à avoir du signal en continuant de rester silencieux. « Et évidemment, il fallait que ça m'arrive avec toi ! ». Son regard se posa une nouvelle fois sur Timothy tandis que l’un de ses sourcils s’arquait. Au moins il disait tout fort ce que lui-même ne cessait de penser tout bas.

« Rassure-toi, cette idée ne m’enchante pas plus que toi. ». Et c’était peu dire, mais ça Elias se garda bien de l’avouer, de toute manière il savait Timothy assez futé pour le savoir lui-même. À présent, tout ce qui leur restait à faire était d’attendre bien sagement que quelqu’un débloque l’ascenseur tout en espérant qu'une personne s’en soit rendu compte. Cette pensée fit légèrement grimacer l’avocat qui se laissa glisser jusqu’à se retrouver assis sur le sol, de toute manière ils allaient sans doute attendre un long moment. « Finalement, il faut croire que tu aurais été plus malin en faisant ce que tu voulais faire à la base, en prenant les escaliers ça nous aurait évité bien des peines. ». Bordel, mais pourquoi n’arrivait-il pas à se taire ? Il aurait pu attendre en s’enfermant dans un mutisme jusqu’à ce que ce fichu ascenseur se débloque, mais non, il fallait qu’il cherche la petite bête, à croire qu’il aimait ça. Elias ne semblait pas avoir assez de problèmes comme ça, il fallait qu’en plus il aille en chercher à ailleurs, c’était à se demander s’il n’aimait pas trop le risque. Pourtant, s’adressant à Timothy il ne l’avait pas spécialement regardé, non il s’était contenté de reposer une nouvelle fois la tête contre la paroi de l’ascenseur en fermant les yeux.