Lisa était assise sur une chaise des plus inconfortables, entourée de gens qui parlaient trop et beaucoup trop fort, juste à côté d’un garçon complètement ivre qui ne cessait de la regardait d’une manière qui inspirait tout sauf la confiance. Les bras croisés, elle ruminait dans son coin, se maudissant intérieurement d’avoir été, une fois de plus, bien trop curieuse. Il faut dire que la curiosité était un des traits de caractère les plus marqués chez elle. La plupart du temps, cela la conduisait à de bonnes surprises, à de jolies rencontres et même à quelques instants magiques. Mais parfois, tout ça se retournait contre elle et elle se retrouvait, comme ce soir, dans des situations un peu plus… périlleuses. Il devait être aux environs de trois heures du matin, et Lisa n’avait définitivement pas prévu d’être retenue dans le commissariat où elle se trouvait maintenant…

Plus tôt dans la soirée, la jeune femme avait eut l’idée de profiter de ce début de week-end en se baladant dans le quartier de Broadway. Se frayant un passage entre les gens qui se pressaient pour peupler tous les bars qu’ils trouvaient sur leur chemin, Lisa avait marché ainsi pendant plusieurs dizaines de minutes. Elle s’était intéressée à des choses que les new-yorkais ne remarquaient même plus, comme elle le faisait toujours, et ce soir, les enseignes lumineuses ornant quasiment toutes les façades avaient retenu son attention. Armée de son appareil photo, elle n’avait d’ailleurs pas pu s’empêcher de prendre quelques clichés, qui viendraient s’ajouter à la montagne de photos qui occupait déjà sa chambre. Ce n’est qu’en passant devant l’Awesome que l’idée de se joindre à la foule lui traversa l’esprit. En esquissant un sourire, elle rangea donc son appareil photo au fond de son sac à main, et s’avança vers l’entrée dans l’idée de se défouler un peu.

Pour se défouler, elle s’était défoulée ! Mais elle était désormais coincée dans ce maudit commissariat au milieu de tous ces alcooliques du vendredi soir qui lorgnaient sur elle comme ils auraient pu le faire sur un morceau de viande. Tout à coup, un policier s’approcha d’elle, et baragouina une simple phrase qui lui rendit le sourire. En hochant la tête, Lisa se leva et le suivit jusque dans une petite pièce un peu à l’écart. Là, elle n’attendit pas pour décrocher le téléphone gris se trouvant sur la table, et composa instinctivement le premier numéro qui lui passa par la tête.

« Oui, allo, Shaun ? C’est moi, c’est Lisa. Euh… héhé… je sais qu’il est tard. Ou tôt… Enfin, il faudrait que tu viennes… Je suis à Broadway ! Au commissariat… et ils ne veulent pas me laisser partir alors euh… si toi tu leur dis que j’y suis pour rien, ils te croiront peut-être ! Non ? » Vue comme ça, Lisa pouvait paraître passablement ivre. Mais en réalité il n’en était rien, c’était juste… sa façon de faire. Même lorsqu’elle s’exprimait normalement, la jeune femme avait quelque chose de différent…

La paperasse. Un véritable enfer pour Shaun O’Malley, même son principal cauchemar. Il suffisait de savoir le nombre de rapport en retard à son actif pour connaître son goût pour cette partie de son travail. D’ailleurs son Capitaine n’avait de cesse de lui hurler dessus à longueur de journée avec des « O’Malley, putain, où est le rapport sur l’affaire Heims » ou encore « Tu es le pire fléau des bureaucrates ! ». C’était de nature public au douzième district que lorsqu’il s’y collait, c’était bien parce que son supérieur l’avait menacé –pas avec son arme, le pauvre n’avait pas encore suffisamment peté les plombs- avec un argument infaillible : la circulation ou les rapports. Et oui, faire les bons officiers de la circulation était son deuxième cauchemar. Il l’avait suffisamment fait au début de sa carrière pour vouloir le refaire. Alcoolique ok mais pas suicidaire ! Le problème de cette bourrique irlandaise, c’était qu’il avait une excellente mémoire mais s’exprimait comme une quiche bien surgelée en écrit. Il n’avait aucun talent d’écrivain et ne prenait généralement pas de tact. Quand un suspect était con, il le disait clairement dans son rapport. En temps normal Jonhson son coéquipier l’aidait dans ses rapports mais voilà, ce dernier était parti à la retraite il y a peu après l’affaire du marine. Mine de rien, l’homme lui manquait cruellement. Il avait été son mentor, une sorte de deuxième figure paternelle, un soutien sans faille après la mort de Norah et maintenant, il avait l’impression d’être orphelin. Toutefois, les deux amis restaient en contact pour parler du bon vieux temps –et surtout des conneries d’O’Malley.

Shaun terminait donc son rapport sur l’affaire du marine quand son téléphone portable vibra. Numéro inconnu à cette heure-là ? Intrigué, il décrocha et lâcha un « O’Malley, j’écoute » quand une voix féminine lui répondit. Aussitôt il sentit venir les emmerdes. Quand vous aviez une Lisa qui vous téléphonait d’un commissariat aussi tard.. Cela ne pouvait que signifier les emmerdes. Le jeune homme se passa une main sur son visage et écouta les explications décousues de sa petite sœur de cœur. Il adorait cette femme ! Tout bêtement et irrémédiablement. « Lisa..bordel dans quoi est-ce que tu t’es encore fourrée ? Bon, j’arrive ! Surtout.. tu bouges pas, tu ne dis rien, tu touches à rien, bref tu fais la statue !! » Trouva-t-il à lui dire. Autant éviter qu’elle s’enlise de trop dans les emmerdes. Fermant son ordinateur à la va vite, il prit son flingue, sa veste et ses clés de voiture puisqu’il était de service ce soir-là. Il ne lui fallut qu’une demi-heure pour rejoindre le commissariat près de Broadway. Aussitôt, il alpagua un collègue qui le conduisit auprès de la jeune femme. Shaun se précipita vers elle et s’assura qu’elle n’avait rien en la tournant et retournant dans tous les sens. « Bon maintenant tu m’expliques ou je te colle moi-même en taule.. sauf si tu préfères que je te mette la fessée maintenant, cul nu ! » Ajouta-t-il d’un air mi-figue, mi-raisin.

Elle ne semblait pas ivre et ne puait pas l’alcool. Pourtant au téléphone, il avait juré qu’elle l’était. Encore une particularité de la miss ! Se retournant vers son collègue, il lâcha : « Vous pouvez nous laisser seul un moment ? Elle ne s’envolera pas ! » L’homme sembla hésiter mais finit par obtempérer. C’était ça ou il sortait un coup de pompe dans le derrière. « Bon raconte ! »

Pendue au téléphone, Lisa attendait la réaction de Shaun avec un petit sourire innocent collé aux lèvres. Et la réaction en question ne se fit pas attendre longtemps, dépassant même les espérances que la jeune femme y avait mises. « Lisa..bordel dans quoi est-ce que tu t’es encore fourrée ? Bon, j’arrive ! Surtout.. tu bouges pas, tu ne dis rien, tu touches à rien, bref tu fais la statue !! » La jeune femme s’efforça de masquer un petit rire amusé, histoire de ne pas accroitre encore l’agacement de son interlocuteur, et se contenta de lui répondre un « Qu’est-ce que tu veux que je fasse de toute façon ?! » … mais Shaun avait déjà raccroché et elle haussa les épaules en faisant de même. Elle planta alors son regard dans celui du jeune policier qui l’escortait, et afficha un nouveau sourire : « Il arrive ! » Maintenant qu’elle y pensait, le policier en question était loin d’être repoussant, et en s’approchant de lui Lisa prit soin d’élargir un peu plus son sourire. Elle pouvait aisément distinguer la gêne du jeune homme, et ça rendait la situation encore plus plaisante à son goût. Malheureusement pour elle, c’est une espèce de grosse brute qui fit son entrée dans la salle et qui l’attrapa par le bras sans ménagement pour la ramener sur la chaise qu’elle occupait avant de pouvoir passer son appel. Lisa laissa échapper un long soupir et s’affaissa complètement sur son siège en attendant l’arrivée de son sauveur.

Shaun fut en fait plus rapide que ce qu’elle n’avait imaginé, et en le voyant entrer dans le commissariat, Lisa se redressa en souriant. « Bon maintenant tu m’expliques ou je te colle moi-même en taule.. sauf si tu préfères que je te mette la fessée maintenant, cul nu ! » La jeune femme se contenta de hausser un sourcil surpris. Il était sérieux là ? Elle savait bien qu’il avait quelques années de plus qu’elle mais quand même ! Ca ne lui donnait pas tous les droits ! Bref, Shaun parvint à convaincre un de ses collègues de les laisser seuls un moment, afin qu’elle puisse lui apporter toutes les explications nécessaires. « J’étais juste à l’Awesome pour passer la soirée… ça avait l’air cool quand je suis passée, donc je suis rentrée ! Et, c’était vraiment sympa jusqu’à un certain moment ! » En se remémorant le début de sa soirée et les quelques rencontres plutôt intéressantes qu’elle avait faites sur la piste de danse, le regard de Lisa s’éclaira comme celui d’une gamine. Si seulement ça avait pu durer comme ça pendant toute la nuit ! Elle croisa alors le regard sévère de Shaun, et leva les yeux au ciel avant d’obtempérer et de continuer le récit de ses mésaventures. « Il y a eut de l’agitation, surement une bagarre et moi j’ai voulu aller voir… Et puis ils m’ont emmené ici… Non mais franchement, comme si MOI j’avais pu participer à une bagarre… Hein ? » ajouta-t-elle comme pour s’assurer qu’elle pouvait compter sur le soutien de son ami. « Bon, maintenant si on pouvait partir… parce qu’il y a plein de gars qui me regardent bizarrement ici. » Comme à son habitude, elle ponctua sa phrase d’un petit sourire destiné à faire craquer son interlocuteur , et obtenir exactement ce qu’elle voulait.

Shaun l’écoutait avec attention, se retenant d’aller voir le mur du fond pour se taper la tête dessus. Elle n’en ratait pas une et d’une certaine façon, cela faisait son charme. Il adorait cette femme car dans de nombreux côtés, elle ressemblait à sa petite sœur mais là, ce soir, à cette heure-ci, il manquait d’humour. Lisa était sa protégée mais il était aussi flic et sa raison se disputait à son cœur. Bien sûr, il lui suffisait de parler à son collègue chargé du dossier et tout rentrerait dans l’ordre mais dans un même temps, elle s’était mise dans le pétrin toute seule. Tout était une question de confiance pour Shaun. S’il l’aidait, c’est qu’il lui faisait largement confiance. Pouvait-il se permettre cela ? La réponse fusa dans son esprit en même temps qu’il hochait la tête aux dires de son amie. Oui. Il ferait n’importe quoi pour ce gnome facétieux. Son petit lutin ! Voilà comme il aimait appeler en toute intimité cette femme. Elle ressemblerait presque à ceux du folklore irlandais mais il préféra taire cette idée pour ne pas déclencher ses foudres. « Ta curiosité te perdra, tu es au courant ? Non mais quelle idée ! Combien de fois vais-je te dire : quand il y a une bagarre tu t’éloignes ! Tu imagines si tu avais reçu un coup mal placé ou pire, si pris dans leurs conneries, ces personnes t’avaient ruée de coups ? » débita-t-il en croisant ses bras contre son torse, tel le grand frère venant à la rescousse de la demoiselle en détresse. Certes, il en faisait beaucoup trop dans son rôle de protecteur mais il n’y pouvait rien. Il agissait dix fois pire concernant sa sœur.

Toutefois, il ne pouvait nier qu’elle avait marqué un point quand elle lui signifia les regards des flics ici présents. Argument infaillible avec Shaun car il en était sûr, elle savait qu’en lui disant cela, elle se le mettait dans la poche. « Bon ok, je vais essayer d’arranger le coup mais tu me mets dans de sales draps quand même ! je reviens et si un des gars te traite mal ou te regarde de travers, tu hurles et crois moi je lui fais son affaire.. » Dit-il en souriant alors qu’il lui ébouriffait les cheveux pour l’agacer. Bien sûr, il n’était pas assez con pour s’attaquer à un collègue mais être un gradé pouvait se montrer utile de temps en temps. Shaun la laissa donc pour aller voir son collègue. Ce dernier hésitait franchement car après tout, elle était mêlée même de loin à cette bagarre. L’Irlandais du faire preuve de toute la diplomatie qu’il avait –et il n’était pas connu pour en avoir des masses- pour qu’au bout d’une demi-heure de négociation acharnée, elle ne soit libre. C’est donc tout heureux qu’il revint vers sa protégée. Toutefois, il pouvait quand même la faire mariner non ? Shaun prit donc un air grave et entra dans la petite salle où il l’avait laissé. « Lisa, il y a un problème. Ce type est très à cheval sur la procédure et il veut que tu passes la nuit au poste en garde à vue. Apparemment, il veut faire un exemple car il en a marre des jeunes qui se croient tout permis ! Je suis désolé mais je crois que je vais pouvoir t’épargner la prison mais peut-être pas une peine de travaux d’intérêt général ! » Il était vache n’est-ce pas non ? Tout en essayant de garder un air sérieux et inquiet, l’homme retenait difficilement son fou rire. Comment allait donc réagir la miss ?!

« Ta curiosité te perdra, tu es au courant ? Non mais quelle idée ! Combien de fois vais-je te dire : quand il y a une bagarre tu t’éloignes ! Tu imagines si tu avais reçu un coup mal placé ou pire, si pris dans leurs conneries, ces personnes t’avaient rouée de coups ? » Une fois de plus, Lisa leva les yeux au ciel, comme si elle avait été exaspéré. Etait-il sérieux ? Il n’avait pas l’impression de trop en faire là ? Dans le pire des cas, elle aurait reçu un coup, et alors ? Elle l’aurait bien cherché de toute façon, et puis ça n’allait pas la tuer ! L’hypothèse selon laquelle elle pouvait être rouée de coup la fit juste rire tellement elle lui paraissait improbable. Les gens qui prenaient part à cette bagarre n’avaient rien à faire d’elle, ils ne l’avaient même pas regardé et elle n’était pas certaine qu’ils l’aient remarqué à un moment ou à un autre. Shaun était juste ridicule lorsqu’il s’imaginait de tels scénarios. Ridicule mais tellement drôle… « T’es nul, réfléchis à ce que tu dis ! Ils n’allaient pas me tuer, et si tes collègues ne m’avaient pas arrêtée pour rien, tout se serait bien passé ! ».

Le seul moyen que Lisa trouva pour s’assurer que Shaun était totalement de son côté fut de lui faire part des regards envieux qui fusaient dans sa direction. Et immédiatement, le jeune homme eut la réaction qu’elle attendait. Protecteur à souhait, parfois même un peu trop, il ne semblait pas supporter qu’on lorgne sur elle de la sorte. « Je reviens et si un des gars te traite mal ou te regarde de travers, tu hurles et crois moi je lui fais son affaire.. » Amusée d’avoir autant de pouvoir sur lui sans rien faire, Lisa tenta de cacher le sourire qui naissait sur ses lèvres et acquiesça sagement pendant qu’il partait. « Oui oui… ».

Le temps que Shaun passa en compagnie de ses collègues lui parut durer une éternité. D’ailleurs, elle se demanda même à un moment s’il ne l’avait pas oublié, et s’il n’était pas en train de boire un café avec eux en se racontant leurs histoires de flics qu’eux seuls comprenaient. Mais elle fut finalement soulagée de le voir revenir une demi-heure plus tard. Avant même qu’il n’entre complètement dans la pièce, Lisa se leva précipitamment en claironnant : « Bon ça y est on y va ? J’ai sommeil ! » Mais l’expression que Shaun arborait la fit se calmer instantanément, et ses sourcils se froncèrent. « Quoi ? »Ce qu’il déblatéra ensuite la laissa totalement bouche bée. Elle qui comptait sur lui pour la sortir de là, elle était servie… ! Néanmoins, et comme à son habitude, la jeune femme ne se démonta pas et avança vers lui en le fixant avec un regard rempli de détermination. « Comment ? Non non, il n’en est pas question ! Ca te sert vraiment à rien d’être gradé ? Je t’ai appelé pour que tu me sortes de là, alors tu vas le faire, même si tu dois encore passer des heures avec tes collègues ! Je sais pas moi, achète-leur des donuts, fais quelque chose !! » Ce n’était pas spécialement contre lui, mais Lisa n’avait pas pour habitude de se laisser marcher sur les pieds. Shaun en faisait présentement l’expérience, même si cela paraissait l’amuser plus qu’autre chose…

« T’es nul, réfléchis à ce que tu dis ! Ils n’allaient pas me tuer, et si tes collègues ne m’avaient pas arrêtée pour rien, tout se serait bien passé ! » Lui répondit-elle. Mouais, Shaun n’était pas certain du résultat mais quand même, quelle idée d’être mêlée à une bagarre ! Elle ne pouvait pas aller se planquer dans les toilettes des filles avec une bombe lacrymogène à la main ? D’ailleurs, il note en son for intérieur de lui en donner une et surtout de l’inscrire à des cours d’auto-défense. Si elle refusait, il lui en donnerait lui-même. Et tout cela n’était rien d’excessif ! Non ! L’irlandais était bien placé pour savoir que New York n’était pas sûre la nuit vu le nombre d’enquête pour meurtre qui atterrissait sur son bureau. S’il trouvait l’idée que tant que les criminels ne prenaient pas de vacances, il ne serait pas au chômage, rien que l’idée que Lisa eut à faire avec l’un d’eux lui donna des sueurs froides. D’ailleurs, la jeune femme connaissait parfaitement où appuyer pour qu’il se transforme en preux chevalier servant ou en psychopathe selon les points de vue. Sa petite sœur lui reprochait souvent son caractère surprotecteur mais comment pourrait-il en être autrement ? Depuis la mort de Norah, Shaun s’était juré qu’il ferait tout pour protéger les personnes qu’il chérissait.

Trêve d’égarement ! Shaun se rendit donc auprès de son collègue pour régler cette affaire. Lisa n’aurait aucun souci, elle n’était qu’un dommage collatéral et après une simple déposition, elle serait libre comme l’air. Toutefois, il ne pouvait s’empêcher de vouloir lui jouer un mauvais tour. Protecteur oui, mais il restait quelqu’un de taquin. C’est pourquoi il monta ce petit mensonge pour voir la réaction de sa petite protégée. Et celle-ci fut à la hauteur de ses espérances si bien qu’il luttait avec courage contre un fou rire monumental. « Comment ? Non non, il n’en est pas question ! Ca te sert vraiment à rien d’être gradé ? Je t’ai appelé pour que tu me sortes de là, alors tu vas le faire, même si tu dois encore passer des heures avec tes collègues ! Je sais pas moi, achète-leur des donuts, fais quelque chose !! » N’y tenant plus, Shaun éclata de rire tout en ébouriffant la tignasse de la demoiselle. « Finalement, je ne suis pas le seul à se faire avoir ce soir ! Tu croyais que tu pouvais me manipuler comme ça sans payer ? Miss Howard, sachez que les irlandais ne se laissent pas avoir sans réclamer vengeance mais je serais bon joueur ! » lui dit-il en passant un bras autour de ses épaules alors qu’ils avançaient vers la sortie du commissariat. « D’abord une chose, fais moi penser à te donner une bombe lacrymogène et des cours d’auto-défense ! Ceci n’est en rien négociable ! Par contre, je ne dirais pas non pour un café.. »

Shaun lui fit alors un clin d’œil alors qu’il la menait vers sa voiture garée non loin du commissariat. « Je te ramène chez toi, je te fous au lit, je bois un café voire je te pique un sachet de café car je suis en rade et je me tire reprendre le boulot car moi la miss, je bosse cette nuit ! Avec un peu de chance, il n’y aura aucun cadavre et je pourrais gentiment rentrer chez moi pour pioncer. » Acheva-t-il alors qu’il lui ouvrait la porte passager de sa voiture. « Au passage, le coup des donuts, franchement, tu n’as rien trouvé de mieux ? Tu regardes trop la télévision ! »

Lisa détestait se faire prendre pour une idiote, et encore plus lorsque ça venait de Shaun, parce qu’elle savait qu’il y prenait un malin plaisir. Malgré ses quelques années de plus, il avait parfois tendance à se comporter comme un véritable gamin avec elle, et la plupart du temps, elle réagissait seulement en levant les yeux au ciel. Même si la plupart des gens qui la côtoyaient la pensaient naïve et immature, la réalité était toute autre. Le fait qu’elle n’ait pas bénéficié d’une éducation conventionnelle, ni même d’une enfance ordinaire n’entravait en rien son état d’esprit. Lorsque Shaun osa lui ébouriffer les cheveux en s’esclaffant, la jeune femme lui asséna un violent coup de coude dans les côtes en arborant une expression des plus féroces. « Miss Howard, sachez que les irlandais ne se laissent pas avoir sans réclamer vengeance mais je serais bon joueur ! » La seule réponse qu’il obtint d’une Lisa faussement vexée fut une grimace. En vérité, elle était réellement vexée mais face à Shaun, ce sentiment ne durait jamais longtemps, à son plus grand dam, d’ailleurs.

« D’abord une chose, fais moi penser à te donner une bombe lacrymogène et des cours d’auto-défense ! Ceci n’est en rien négociable ! Par contre, je ne dirais pas non pour un café... » Sérieusement, il croyait vraiment qu’elle allait se laisser dicter ce qu’elle avait à faire comme ça ? C’était bien mal la connaître ! La jeune femme secoua vigoureusement la tête avant de rétorquer : « J’ai pas besoin de ça, je me battrai pas hein ! Si je suis là c’est à cause d’un malentendu, rien d’autre. Et pour le reste, je veux bien t’offrir un café, juste un. » ajouta-t-elle un brin provocatrice.

Lisa suivit ensuite son ami jusqu’à hauteur de sa voiture, en écoutant en silence le discours qu’il déblatérait. A l’entendre, il était le seul homme sur Terre a travailler, et cet air dramatique qu’il prenait arracha un sourire à la jeune serveuse. Oui, elle avait dut le déranger, mais elle ne se sentait pas coupable pour deux sous. En effet, elle le connaissait assez bien pour savoir que ses pauses café étaient nombreuses et souvent longues. Pour elle, le temps qu’elle lui avait volé cette nuit ne lui manquerait donc pas. « Au passage, le coup des donuts, franchement, tu n’as rien trouvé de mieux ? Tu regardes trop la télévision ! » La jeune femme se contenta de plisser le nez sans rien trouver à répondre à cela. Dans un sens, il n’avait pas tort. Mais sous le coup de la presque-panique qui l’avait saisie l’espace d’un instant, Lisa n’avait rien trouvé de mieux. Elle s’installa dans la voiture et ferma elle-même la porte, attendant nonchalamment que Shaun ne vienne la démarrer. Lorsque se fut chose faite, Lisa se détendit et s’enfonça un peu plus dans le siège passager. « Alors comme ça tu travailles ? Haha ! Et tu fais quoi exactement ? Ce soir j’veux dire… » Comme souvent, et même à propos de sujet dont elle ne connaissait rien, la curiosité de Lisa l’emportait et finissait par faire dévier n’importe quelle conversation vers tout à fait autre chose.

Oh gosh, pardon
Tout ça pour ça...

« J’ai pas besoin de ça, je me battrai pas hein ! Si je suis là c’est à cause d’un malentendu, rien d’autre. Et pour le reste, je veux bien t’offrir un café, juste un. » Le provoqua-t-elle, lui arrachant un sourire mi-figue mi-raisin. Shaun n’osa pas rétorquer que malgré tout, il ferait en sorte de la convaincre de prendre des cours d’auto-défense. Peut-être pourrait-il même pousser le vice à glisser une bombe lacrymogène ni vu ni connu dans son sac ?! L’idée était vraiment tentante qu’il se promit de la réaliser. Au pire, elle piquera une crise, et il ferait en sorte d’obtenir ce qu’il voulait d’elle. Shaun l’adorait trop donc il se devait de faire quelque chose pour la protéger. Toutefois, il se massait encore l’estomac quand il marchait à destination de sa voiture. Elle n’y était pas allée de main morte avec son coup de coude. « Juste un ?? Radie ! Tu sais à quel point je ne peux pas résister à un café.. C’est comme une drogue et toi, en mégère, tu m’en proposes qu’un alors que j’ai parcouru la moitié de la ville à ton secours comme un preux chevalier servant ? Cruel monde ! »

Shaun sourit tout en lui ouvrant galamment la porte passager de sa voiture tout en la taquinant sur les donuts. Elle ne l’avait pas volé. Le jeune homme fit le tour de sa voiture tout en passant en revue les différentes manières de glisser l’outil controversé dans son sac. Peut-être quand elle bosserait ou alors il lui proposerait un ciné comme à son habitude et à ce moment-là, il pourrait faire cet acte de haute trahison. Néanmoins, l’idée d’un café était plus que tentante. Ah le café, une grande histoire d’amour.. D’ailleurs, il suffisait de voir le nombre de cafetière qu’il épuisait au cours d’une année pour savoir à quel point, il était accro à ce liquide doux amer. La première chose a quoi il pensait en se levant : café ! La première chose qu’il faisait en rentrant chez lui après une journée : café.. A se demander si un jour, en plein acte, il ne criera pas « Nespresso » à la place du prénom de sa conquête du soir. Shaun laissa échapper un sourire plus qu’amusé à la connerie qu’il venait de penser. Entre le café et le whiskey son cœur balançait. L’un avait l’avantage de le maintenir en état de veille et donc en forme, l’autre celui de lui faire oublier les merdes de son existence. Par contre, il préférait le café car le deuxième lui donnait régulièrement mal au crâne. « Madame est curieuse ?! Je bossais sur une pile de rapport en retard car mon patron a réussi à me coincer. C’est criminel de devoir remplir cette paperasse sérieusement ! J’ai tout dans la tête, j’ai pas besoin d’écrire que j’ai couru sur vingt mètre pour arrêter un criminel tss ! » Bougonna-t-il.

Shaun avait horreur de cette partie du travail mais il devait la faire malheureusement. Durant les quelques minutes de voyage, ils parlèrent de son boulot puisque la jeune femme avait l’air d’etre très curieuse a propos de son travail. « Alors, tu m’offres toujours qu’un seul café ? Non parce que si c’est le cas, offre moi directement un bol d’un litre ! » s’amusa-t-il à la taquiner tout en sortant de la voiture après l’avoir garé à quelques pas de l’entrée de l’appartement de Lisa.

« Juste un ?? Radine ! Tu sais à quel point je ne peux pas résister à un café.. C’est comme une drogue et toi, en mégère, tu m’en proposes qu’un alors que j’ai parcouru la moitié de la ville à ton secours comme un preux chevalier servant ? Cruel monde ! » Avec un sourire amusé au coin des lèvres, Lisa ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, comme exaspérée par le spectacle dramatique qui lui livrait son ami. Se rendait-il compte qu’il était ridicule là ? La jeune serveuse espérait sincèrement vraiment pour lui qu’elle était la seule à avoir le « privilège » d’assister à ce genre de scènes. Après avoir grimpé dans la voiture, Lisa attacha sa ceinture de sécurité et s’installa pour être plus à son aise durant le trajet qui les mènerait chez elle. Et ce faisant, elle ne put s’empêcher de réenclencher les hostilités en le provoquant sur le fait qu’il travaille, et de nuit en plus !

«J’ai tout dans la tête, j’ai pas besoin d’écrire que j’ai couru sur vingt mètre pour arrêter un criminel tss ! » En entendant cette dernière phrase, Lisa dut se concentrer pour étouffer du mieux qu’elle pouvait le rire qui la titillait. Lorsqu’il disait ça comme ça, il avait tellement l’air de se prendre pour un super-héros… Cette attitude était juste hilarante vue de l’extérieur, et la jeune femme se mordit la lèvre pour garder son sérieux. Instinctivement, elle détourna même le regard vers la fenêtre à côté d’elle, admirant les lumières de la ville et évitant ainsi de se faire surprendre, elle et son large sourire moqueur toujours pendu aux lèvres. Pour toute réponse, elle ne laissa échapper qu’un rapide : « Oui oui » qui avait l’avantage de ne rien laisser transparaître de sa moquerie. Et puisqu’il adorait ça, Lisa laissa même Shaun parler de son boulot jusqu’à ce qu’ils arrivent devant chez elle, ponctuant la conversation de quelques questions vaguement intéressées, et de plusieurs hochements de têtes.

Sans prendre la peine de répondre aux provocations de son amie, Lisa sortit de la voiture et le devança pour aller ouvrir l’énorme porte d’entrée. Une fois à l’intérieur du hall, elle gravit la montée d’escaliers menant à son appartement, et ouvrit de nouveau la porte en silence. Ce n’est qu’en entrant chez elle qu’elle poussa un profond soupir de soulagement, posant son sac à main sur le meuble de l’entrée, et envoyant valser ses chaussures dans un coin du couloir. « Bon, le café, serré j’imagine ? » demanda-t-elle avec une pointe d’amusement dans la voix. S’il y avait bien une chose que Lisa maitrisait, c’était le café. Elle en préparait toute la journée au boulot, et même si elle ne disposait pas d’une machine professionnelle chez elle, elle pouvait se targuer de faire le meilleur café de tout l’immeuble. Et ce n’était pas rien. Après avoir mis en route sa cafetière, elle daigna enfin se tourner vers son invité, et lui désigna une chaise : « Reste pas debout ! Installe-toi… » Elle s’attela ensuite à sortir ses tasses et ses petites cuillères, et déclara au milieu de tout ça, comme un cheveu sur la soupe : « Merci » A cause de sa plaisanterie douteuse, Lisa n’avait même pas prit le temps de le remercier. Et, n’étant pas particulièrement fan des discours cérémonieux, elle avait donc opté pour cette solution certes un peu étrange, mais tout aussi efficace de lui exprimer sa gratitude.

Son petit lutin semblait au bord du fou-rire et cela à son plus grand bonheur aussi n’hésita-t-il pas à en rajouter, faisant preuve d’une mauvaise fois à toute épreuve et jouant les gros bras voire les super-héros ignorés et abandonnés sur la voie publique. Durant donc tout le trajet, Shaun s’amusa à compter ses malheurs allant de la machine à café en panne, à son capitaine qui le martyrisait en le forçant à écrire des rapports longs comme le bras. Pour le dernier point, Shaun n’exagérait rien du tout –enfin si peu. La paperasse qu’elle soit administrative ou autre restait à ses yeux une perte de temps des plus royales. Quoiqu’il en soit, il prenait à cœur son rôle de chauffeur de taxi parlant majoritairement pour ne rien dire afin d’occuper la demoiselle. Lisa lui avait manqué ces jours-ci et être à côté d’elle à bavasser comme un crétin également. A plusieurs moments, il crut même la saouler un peu puisqu’elle ne lui posait des questions que sur un ton faussement intéressé. A tout bien réfléchir, elle agissait de la même manière qu’il le faisait avec sa mère quand elle commençait à lui parler de remariage. Shaun adoptait alors une attitude du genre : cause toujours tu m’intéresses mais après tout tu combles le silence. Finalement, au bout de quelques minutes, Shaun se gara et la jeune femme sauta presque en marche s’attirant un grognement désapprobateur. Elle aurait pu se faire renverser !! Bon ok, à cette heure-ci, il n’y avait pas âme qui vive mais ce n’était pas une raison. Néanmoins, il garda pour lui les reproches et sortit du véhicule pour la suivre dans le bâtiment jusqu’à son appartement qu’il connaissait bien pour s’y être rendu plus d’une fois.

« Tu imagines très bien ! Depuis que je te connais, je n’ai jamais trouvé meilleur café que le tiens » lui répondit-il à sa question somme toute rhétorique puisqu’elle connaissait parfaitement la manière dont il prenait son café : bien noir et surtout bien serré. A son injonction, il alla s’asseoir sur le canapé tout en observant le décor qui n’avait pas franchement évolué depuis sa dernière visite. Il se plaisait bien dans son petit appartement car cela reflétait exactement la personnalité de la locataire. Celle-ci arriva sur ces entre-faits et le remercia. D’un petit sourire il balaya son merci car ni l’un ni l’autre n’avait l’intention de s’appesantir sur la question. Elle était une amie, presque sa petite sœur donc il était naturel qu’il vienne à son secours. Shaun opta donc pour le retrait en se saisissant de sa tasse de café et en y buvant une gorgée. « Le meilleur, bien ce que je dis ! Et sinon comment ça va depuis la dernière fois ? Cela faisait un moment que je voulais t’appeler mais je n’ai jamais trouvé le temps ! » Se désola-t-il sincèrement tout en continuant de boire son café. Shaun n’avait pas l’intention de s’éterniser vue l’heure car malgré sa blague de tantôt, la jeune femme devait être crevée et lui mine de rien, devait retourner bosser. D’ailleurs, il en fit part à sa petite protégée « Je ne vais pas rester longtemps, toi tu dois dormir et moi je dois bosser. Je ferais en sorte de m’arranger avec mon collègue pour que tu n’aies pas à faire ta déposition. Je ne pense pas que ton témoignage soit d’un quelconque intérêt car cela m’a tout l’air d’être une simple histoire d’alcool dans le sens. »

Lisa accueillit fièrement les compliments de son ami quant à la qualité de son café. Cependant, elle ne le remercia pas, se contenta d’acquiescer avec cet air malicieux qui la caractérisait. Il était loin d’être le seul à lui dire qu’elle faisait le meilleur café de la ville (ou quelque chose comme ça) mais Lisa se sentait honorée à chaque fois. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était au moins une chose qu’elle savait faire, et bien. La jeune femme s’attela donc à préparer le breuvage tant attendu et, ce faisant, elle daigna même remercier Shaun pour ce qu’il avait fait pour elle ce soir. A son plus grand soulagement, ce dernier se contenta de sourire sans rien ajouter. C’était beaucoup plus simple comme ça. Lisa n’avait de toute façon pas l’intention de revenir une énième fois sur cet incident, et sur le fait qu’elle n’aurait jamais du être à l’endroit où elle avait été, à ce moment-là.

« Le meilleur, bien ce que je dis ! Et sinon comment ça va depuis la dernière fois ? Cela faisait un moment que je voulais t’appeler mais je n’ai jamais trouvé le temps ! » Lui adressant un nouveau sourire, Lisa s’installa à côté de Shaun et le regarda boire son café en silence, écoutant simplement ce qu’il lui disait. Comme pour ne pas faillir à sa réputation, elle grimaça sans vraiment en être convaincue, juste pour lui signaler que le fait qu’il ne l’ait pas appelée lui déplaisait. « Ca va, comme d’habitude ! La routine quoi… Et toi… tu es débordé apparemment ! » ne put-elle s’empêcher d’ajouter, d’un ton volontairement moqueur. Mais alors qu’elle s’installait un peu plus confortablement, pensant que Shaun allait rester un petit moment avec elle, il termina sa tasse de café et déclara qu’il ne resterait pas.

« Je dois dormir ? Parce que tu crois que j’ai sommeil ?! » s’exclama Lisa en tentant d’ouvrir de grands yeux ronds qui la rendraient plus crédible que les yeux fatigués qu’elle devait avoir en réalité. « Je ne suis pas fatiguée ! Oh, et ne me fais pas croire que tu vas travailler maintenant… » ajouta-t-elle en riant un peu. L’idée de le voir installé devant son bureau au milieu de la nuit était tout simplement hilarante pour elle. « Et puis il y a encore plein de café je te signale, je vais en faire quoi moi ? »

Lisa était crevée, elle avait beau tout faire pour ne pas le montrer, il voyait bien que c’était pourtant le cas. Avec un sourire attendri, il la regarda tout faire pour ne pas avoir l’air épuisé et il trouva cela adorable tout comme elle l’était. Son petit lutin pouvait se montrer impertinent, facétieuse mais au fond, Shaun la trouvait bêtement adorable. « Et bien la routine. Je vais avoir un nouveau coéquipier puisque Johnson prend sa retraite. Le vieux lascar va se la couler douce à pêcher à longueur de journée. Je l’envierai presque » plaisanta Shaun tout en terminant rapidement sa tasse de café. Encore un peu et il se cramait la langue mais il culpabilisait à l’idée de l’empêcher de dormir. Lisa tenta mollement de résister mais son ami était déjà debout et lui déposait un baiser sur son front. « Ma belle, tu dors debout et je m’en voudrais de te priver de tes heures de sommeil alors fais moi plaisir, file vite te coucher après avoir fermé à triple non quadruple tour, on est jamais trop prudent. » sourit-il en guise d’autodérision puisque sa protection ou plutôt surprotection amenait souvent des taquineries entre eux. La jeune femme plaida la cause du café et Shaun fut presque à court d’argument. La traitresse, en lui parlant du café, elle était sûre qu’il douterait et serait plus enclin à ne pas partir mais non, ses yeux gorgés de sommeil n’attendaient plus qu’une chose : se fermer. « Tu sais quoi ? Tu n’as qu’à me le mettre dans une thermos ainsi je pourrais finir ma nuit de boulot car ouais, ça m’arrive de bosser la nuit ! »

Puérilement, il lui tira la langue tout en la décoiffant d’une main habile. Puis, dix minutes plus tard, Shaun la quittait, portant fièrement sa thermos de café sous le bras. La nuit serait encore longue mais il pouvait se consoler en se disant qu’il aurait le meilleur café de New York pour compagnie. Il attendit néanmoins que Lisa aille se coucher et qu’il n’y ait plus de lumière dans son appartement pour monter dans sa voiture et se diriger vers le douzième district. En chemin, Shaun reçut un appel : un homicide. Et merde pensa-t-il car son café allait devoir attendre. Le seul point positif : ce n’est pas ce soir qu’il finirait ses rapports en retard. Comme quoi, il y avait un bon dieu sur terre.