Ezra. Que dire sur lui à part que le simple fait de voir son visage et d'entendre sa voix me remue les tripes et me donne une irrésistible envie de lui envoyer tout par la figure? Sa façon de marcher, sa façon de se comporter, sa personnalité... tout m'énerve chez lui. Bien que je le trouve assez mignon et qu'une force inconnue m'attire vers lui, j'essaye de refouler cette attraction en le remballant à la moindre phrase qu'il a le malheur de prononcer et aussi parce qu'il m'insupporte. Le pire, c'est que je sois obligée de le côtoyer presque tous les week-end puisque nous traînons avec les même personnes... bien sûr, je prends toujours mes précautions et me place à l'autre bout du groupe, à l'opposé de lui ; pareil sur la piste de danse. Je l'évite tout le temps même s'il semble se faire un malin plaisir à me titiller dès qu'il le peut et à chaque fois, il connaît le retour ce qui paraît encore plus l'amuser et ce qui m'énerve encore plus... Bref, c'est un cercle vicieux qui n'a pas finit de s'enflammer.

Ce soir, nous avions décidé d'aller en boîte, d'ailleurs c'est principalement ici que l'on se rend chaque vendredi soir de sorte que maintenant, nous avons même notre place de réservée et nous connaissons bien l'équipe. J'étais assise en tailleur sur un canapé en pleine discussion avec Calliopé lorsqu'il pointa le bout de son nez et me lança une remarque sur le fait que ma robe remontait dangeureusement sur mes cuisses "de grenouille" laissait penser que je m'étais décoincée parce qu'avant, je ressemblais trait pour trait à une " none". De une, ma robe ne remontait pas du tout, je n'avais pas non plus les cuisses vertes... et ici tout le monde savait très bien que j'étais surement la fille qui ressemblait le moins à une bonne soeur... en gros j'y voyais ici un prétexte évident pour m'énerver une fois de plus.
Je posai mon regard sur lui et fronçai les sourcils, je mis pause à la conversation que j'avais avec Calli pour lui dire : « Oh, salut mon chou ! T'es intéréssé peut-être? Un crapaud et une grenouille, ça pourrait le faire, non? En tout cas tu peux toujours essayer mais t'es sûre de te ramasser une claque dans la gueule. Je donne pas dans l'after-shave coûtant moins de 50$, moi. » Il avait toujours l'habitude de s'habiller très classe pour aller en boîte, souvent je me moquais de lui pour ça, et aussi parce qu'il avait l'after-shave qui pue comme ont tous ces hommes d'affaires riche jusqu'au cou. Je savais pertinemment que le sien coûtait plus de 50$ mais je disais ça juste pour le faire sortir de ces gonds... ce qui marchait habituellement.

Il m'énervait au plus haut point. Malgré ce qui m'attirait vers lui, des fois j'avais envie de m'approcher de lui et de lui mettre une baffe -même si des fois c'était plutôt le contraire- tellement il m'agaçait avec ses réfléxions carrémement pourraves. La plupart du temps, je le laissais partir dans son délire et m'éclipsais quand il avait fini, c'était plus simple que de commencer à essayer de se défendre de toute façon, ce mec était borné, c'était comme parler face à un mur. Je le laissais alors débiter son discours, prenant la peine de le détailler dans les moindres détails pendant que j'en avais le temps sans pouvoir me faire choper. Vraiment, il était beau mais son côté chiant et arrogant gâchait vraiment tout mais s'il était gentil ça irait tout de suite beaucoup mieux. Enfin, il devait sûremement avoir des qualités mais pour l'instant je ne voyais que ces défauts et malgré son apparence de dieu grec au sourire Colgate, rien ne me donnait envie de le connaître plus que ça...
« Désolée mais là, je vois que le crapaud. Et oui, t'es salement prétentieux même si tu veux pas l'entendre... » dis-je, toujours en ne le lâchant pas du regard. Il me parla ensuite du parfum que tous les hommes avait et selon lui je critiquai seulement le sien. Ce parfum avait le don de rester coller à moi durant des heures et il avait une odeur terrible qui me donnait mal à la tête et la nausée. C'est un peu poussé comme réaction mais mon corps réagissait comme ça. Je fuyais ce qui portait cet odeur et Ezra en faisait partie... encore une raison de plus pour l'éviter pour ne pas lui parler mais il trouvait toujours un moyen pour m'aborder à mon plus grand malheur. J'avais même l'impression qu'il me suivait mais mon côté paranoïaque me faisait sûrement défaut. Mon attirance que je croyais anodine pour lui ne devait pas être réciproque et tant mieux parce que me rapprocher de quelqu'un comme lui... très peu pour moi. « Des critiques plus pertinantes? J'en ai plein ! Juste que le truc du parfum, je le dis qu'à toi parce que... j'aime bien. » finis-je. Là, c'était le moment où je déconnectais et où je le laissais parler tout seul jusqu'à ce qu'il en ait marre et qu'il parte, pour mon plus grand bonheur cette fois. Commençant à l'ignorer, mon regard se porta sur Calliopé qui nous observait depuis toute à l'heure, lui lançant un haussement de sourcils.