Comment avouer ça à Nora ? Cette question qui me laissait sans réponse me terrifiait au plus haut point. C’était pour ça que je n’avais rien osé lui dire à Noël, chez nos parents au Luxembourg. Pourtant, je ne pouvais pas lui mentir plus longtemps. Nora était ma petite sœur, et je ne lui avais jamais rien caché. Quand je lui avais dit, plusieurs mois auparavant, qu’Apo et moi allions tout faire pour faire annuler ce mariage ridicule, et que je n’avais plus aucun sentiment pour elle depuis des années, avant même qu’elle n’ait épousé notre frère, j’étais sincère. C’était vraiment le plan de départ. Mais ça ne s’était pas passé comme ça. Les vieux sentiments que j’éprouvais pour elle adolescent étaient remonté à la surface, et je me trouvais tout à fait impuissant face à ceux-ci quand je savais que je ne laissais pas la demoiselle indifférente. Je n’avais jamais osé demander à Apollinaria de sortir avec moi lorsque nous étions adolescents, car nous étions trop occupés à se faire la guerre et à clamer partout que nous ne pouvions pas nous supporter. Alors lorsque je l’avais invité à diner chez moi pour que l’on élabore un plan contre mes parents, je n’avais pas pu résister… nous nous étions embrassé, plusieurs fois et ça avait même failli aller plus loin si elle n’était pas partie en courant. Ça, je n’avais pas osé l’avouer à Nora. Ensuite, il y avait eu la soirée en l’honneur de mon frère, soirée à laquelle Nora n’avait pas pu assistée. Là, nous nous étions embrassés une nouvelle fois. J’avais tellement envie d’être égoïste et de ne pas penser que ça n’était pas correct face à Alexandr. J’avais juste envie d’être heureux. Et même si Apo et moi n’étions pas – encore – ensemble, lorsque j’étais avec elle, je me sentais tellement…bien. Moi qui avais enchainé les filles sans trouver la bonne, j’avais l’impression qu’Apo pouvait l’être.

Malheureusement, j’avais peur que Nora ne voit pas ça du même œil. La dernière fois qu’elle avait cru que Apollinaria et moi allions nous marier, elle avait failli me tuer, alors je n’osais même pas sa réaction face à cette révélation. Je ne voulais toujours pas de ce mariage, mais je voulais laisser une chance à Apo et moi. Je voulais qu’on forme un couple, même si c’était secrètement au début pour voir ce que cela donnerait. Comme d’habitude, j’avais tout fait pour arriver à l’heure à notre rendez-vous au restaurant choisi par la demoiselle un peu plus tôt dans la semaine. Je détestais arriver en retard, cela faisait partie d’une des leçons que mon père m’avait appris en tant que futur dirigeant du Luxembourg. Lorsque j’arrivais à l’intérieur, je retirais mes gants en cuir, frottant mes mains : même bien équipé, il faisait terriblement froid dehors. Je regardais autour de moi, et je souris en voyant ma sœur un peu plus loin qui se précipita dans mes bras, " Nathan ! Pile à l'heure à ce que je vois ! Viens, je nous ai pris une table tranquille ! " Je ris et j’hochais la tête, suivant la demoiselle au fond du restaurant à une table bien tranquille, " Tu veux commander quelque chose à boire ou manger ? Je rêve d'un bon chocolat chaud ! " Je m’asseyais face à la demoiselle qui appelait un serveur, « Mettez-nous deux chocolats chaud pour commencer s’il vous plait ! », demandais-je à ce dernier qui pris note avant de disparaitre en cuisine. J’ouvrais alors mon manteau que je déposais sur le dossier de ma chaise, " Tout va bien pour toi depuis Noël ? Oh, tu as revu Apollinaria ses derniers temps, avec cette histoire de mariage ? " J’haussais un sourcil, et je sentais tout de suite la panique monter en moi. Pourquoi me parlait-elle déjà de ça ? On devait lire l’anxiété rien que sur mon visage. « Tout va bien pour moi…j’attends les résultats de mes examens… » Oui, c’est ça Nathan, parle de tes études de droit à la place. Non…ne pas répondre paraitrait curieux…sois juste franc et réponds clairement à sa question. « Non, la dernière fois que je l’ai vu c’était un peu avant Noël… » Je souris légèrement, habituellement j’aurais placé un « et tant mieux » ou quelque chose de méchant, mais cette fois ça n’avait pas voulu sortir de ma bouche. Le serveur vint nous donner nos chocolats chauds et nous donner la carte du déjeuner. Je le remerciais et j’attrapais directement ma tasse pour réchauffer mes mains, « Parlons de toi pour commencer…ça va depuis Noël ? » Je regardais ma sœur, trempant mes lèvres dans le chocolat avant de les retirer aussitôt en grimaçant. Comme d’habitude, je m’étais brûlé la langue. Nice, cette rencontre commençait bien.