Cela faisait maintenant plusieurs semaines que j’avais reçu ma greffe de poumon, que ma vie avait complètement changée, dans le bon comme dans le mauvais sens. Oui, tous mes examens à la clinique étaient maintenant très bons et le greffon avait été très bien accepté par mon corps. C’était donc parfait de ce point de vue là, mais d’un autre côté tout avait changé… dans le mauvais sens ! J’avais tout simplement perdu les deux femmes de ma vie que je venais à peine de retrouver et la chute était plutôt brutale. La première, ma petite Athena, mon amour de jeunesse, mon seul amour, je l’avais perdue car elle était enceinte d’un autre homme alors que nous venions tout juste de nous remettre ensemble et la deuxième, ma meilleure amie pour qui je nourrissais quelques sentiments qui évoluaient de jour en jour surement à cause de la proximité entre nous car nous vivions ensemble était décédée dans un accident de voiture. C’était d’elle que je tenais le poumon qui me permettait maintenant de vivre, je devais donc lui faire honneur en profitant de la vie qu’elle avait perdue. C’était aussi d’elle que je tenais cette petite fille dont j’étais devenu le tuteur légal, la petite Charlotte, Charlie pour les intimes, qui n’était à la base que ma filleule mais que j’avais choisi de garder avec moi coute que coute après le décès de sa mère. Je me retrouvai donc entouré de pas mal d’amis, mais très seul au niveau amour puisque les deux femmes qui avaient pu faire battre mon cœur il y a de cela quelques semaines ne le faisaient plus et l’avaient au contraire rempli de tristesse et avec une petite fille à élever. J’avais revu tout mon planning, toute mon organisation pour m’adapter à ma nouvelle vie avant de reprendre le travail. Cependant, depuis plusieurs semaines que je tentais de ranger ma vie, une chose me faisait envie : passer un petit bout de temps dans mon ancienne vie, sortir boire un coup dans un bar, profité des femmes présentes… J’avais réellement besoin de cela pour tenir le coup, pour me reprendre alors j’avais téléphoné à une amie qui avait très bien compris et qui avait accepté de garder la petite Charlie. Et oui j’avais eu cette envie de sortir, mais il était impossible pour moi, pour le moment, de confier ma filleule à une personne que je ne connaissais pas. Cela viendrait surement mais c’était juste impossible pour le moment. Une fois la petite fille déposée, j’avais donc filé au volant de ma voiture en direction d’un bar en ville que j’aimais fréquenter. Je m’étais très vite garé et avait retrouvé ma position préférée dans le bar : au comptoir. Sur le chemin de cette place préférée, je n’avais vu aucune femme ayant attiré mon attention, cette passion pour les femmes était elle complètement partie depuis tout ce qu’il s’était passé ? Ou bien n’avais je pas trouvé une femme qui me plaisait assez pour avoir envie de la mettre dans mon lit ? Lorsqu’une magnifique brune entra dans le bar et vint s’installer juste à côté de moi au comptoir, je compris que la première solution n’était pas la bonne… Mon envie de la séduire était bel et bien présente, il avait juste fallu trouver la personne à séduire. Je la laissais un peu respirer tout en sirotant mon verre, je ne voulais pas l’effrayer et perdre toutes mes chances en étant trop rapide dans mon approche. Lorsque je sentis que c’était le bon moment, je me racla légèrement la gorge avant de l’aborder, tenta une approche sur le petit air fatigué qu’elle pouvait avoir, qui n’était finalement peut être qu’un tour de mon esprit, mais bon à cette heure, j’avais peu de chance de me tromper là-dessus, tout le monde avait eu une journée de travail alors la fatigue était de rigueur surtout qu’il n’était pas très tôt… « La fatigue d’une longue et dure journée se fait ressentir ? »

« Fitzmartin, dans mon bureau ! » J’avais aussitôt soufflé, me levant et me dirigeant d’un pas nonchalant dans le bureau de ma patronne, faisant claquer mes talons sur le sol, que me voulait-elle encore celle-ci ? C’est dingue, depuis que j’avais pris ce poste d’assistante, elle était toujours derrière mon dos, à me scruter discrètement jusqu’à ce que je commette une erreur, seulement, et à sa plus grande déception, je ne commettais jamais d’erreur. J’étais d’ailleurs très appréciée pour mon travail depuis mon arrivée, les gens ne cessaient de me féliciter, me signalant que ma présence était un renouveau pour le journal, que les rubriques pour lesquelles j’écrivais plafonnaient. M’asseyant sur la chaise en face de son bureau, je la laissais parler, comme à son habitude, jouant avec mes cheveux ou encore regardant le plafond, n’écoutant que d’une oreille son discours répétitif. Avait-elle peur que je la remplace grâce à mon talent ? Possible, une chose est sûre, jamais je ne me laisserais me faire démonter pour rien. J’attendais donc qu’elle finisse son discours pour ensuite me lever et retourner à mon travail sans placer une quelconque phrase, je soupçonnais que c’était ce qu’elle attendais, que je lui réponse sauvagement pour qu’elle ait un motif de renvoi, elle peut toujours courir. M’asseyant de nouveau à mon bureau, posant mon regard sur mon portable pour m’assurer que j’avais bientôt fini ma journée. Je soufflais alors longuement, me demandant bien ce que j’allais pouvoir faire après le boulot. Dessinant quelques formes à l’aide d’un crayon sur un brouillon, je me laissais prendre à mes pensées, repensant quelque peu à ma famille, à mon ex-petit copain, les choses de la vie. Dix-neuf heures, j’allais enfin pouvoir rentrer chez moi et manger un petit plat devant la télé. Je rentrais donc en voiture, à bord de mon coupé, roulant à une vitesse dépassant celle limitée, puis en rentrant dans mon appartement je filais prendre ma douche après avoir commandé chinois au restaurant qui était dans ma rue. Je me détendais alors sous l’eau chaude, profitant de chaque goutte éclatant sur mon corps, sortant de celle-ci quelques longues minutes plus tard. Enveloppée dans mon peignoir, j’attrapais mon portable, un message d’une amie souhaitant qu’on se retrouve au bar. Une sortie en semaine ? Qu’importe, c’était soit ça, soit regarder une énième diffusion d’une série à deux balles. Voulant retourner dans ma salle de bain, la sonnerie de mon appartement retentit, j’ouvrais alors pour attraper mon repas, l’engloutissant dans les minutes qui suivaient, filant ensuite me préparer. J’enfilais une robe et mes nouveaux talons, et je filais au bar à bord d’un taxi, qui dit bar dit alcool, un de mes péchés mignon, il était donc hors de question que je prenne ma superbe voiture. Arrivé à celui-ci, j’entrais en balayant la salle du regard, pas de trace de mon amie. Je m’installais donc au bar, commandant un verre, laissant la musique en guise de fond sonore m’emporter. « La fatigue d’une longue et dure journée se fait ressentir ? » Mon regard se tournait alors vers un brun qui m’adressait un sourire… qui en aurait fait chavirer plus d’une. Plissant le regard, portant la paille de mon verre à mes lèvres, j’avalais une gorgée avant de lancer. « Tu insinues que je ne suis pas assez maquillée pour masquer ma fatigue ? Que je suis donc dans un piteux état et pas très jolie ? » Le voyant se décomposer, j’affichais un large sourire à mes lèvres, lâchant un petit rire cristallin, continuant alors avant qu’il prenne la parole « Relax playboy, je plaisante, enfin je crois. Un nom à mettre sur ce visage ténébreux ? »

Je n’allais pas le cacher, je ne m’étais pas assise là par hasard. Certes, c’était une des rares places libres mais si j’avais eu à côté de moi un gros lourd ou une fille me criant son désespoir parce qu’elle venait de se faire larguer, j’aurais simplement commandé mon verre avant de faire demi-tour, m’installant ailleurs. J’avais toujours ce sourire accroché à mes lèvres, un sourire mystérieux tout en étant charmeur. Ce mec avait un certain charme, il fallait se l’avouer, tout à fait dans mon genre. Il n’avait pas l’air d’être de ces mecs parfaitement calme, trop sage, ou même de ceux qui expriment leur rage en étant de vulgaires bads-boys, non lui avait l’air… résonné, presque … normal ? Et croyez-moi, trouver des hommes normaux dans ce bas monde, aujourd’hui, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! J’étais maintenant habituée à charmer les hommes m’entourant, une bise au plus timide pour le faire se décoincer, une main se faufilant sur une fesse de l’un des plus aguichés, que dire de plus ? Je savais m’adapter à chaque homme, j’avais juste un objectif en tête, celui de ne pas dormir seule, enfin… si j’arrivais à dormir. J’ai connu des amants, pourtant… je n’ai jamais eu le droit à cette petite folie qui met vos sens en éveil, celle qui vous fait réclamer l’homme en question des heures durant. Je soufflais en me demandant bien ce que cela pouvait faire d’être éprise d’un homme. Soit, je ne l’étais pas et alors ? Ce n’est pas pour autant que j’allais arrêter de me donner du bon temps en compagnie des plus beaux hommes de cette terre non ? « Insinues-tu que ma tête ne te revient pas forcément… Ténébreux n’est pas le meilleur des adjectifs pour me tirer mon prénom… » Je jouais alors avec ma paille, reportant mon regard sur mon verre, faisant mine d’être vexée avant de reprendre mon large sourire, lâchant un « Okay, un partout dans ce cas ! » Je posais ensuite mon menton sur ma main dont mon bras était accoudé au bar. Je l’écoutais alors se présenter, sa voix était séductrice, apaisante. « Parce que tu es une belle femme… Même fatiguée et sur les nerfs de ta journée… Je vais te donner mon prénom… Je m’appelle Aaron et toi ? » Je me mettais à rire légèrement, essayait-il de me complimenter, du moins à sa façon ? C’était mignon, pataud, mais j’aimais ça. « Très bien Aaron, je suis Giuilia ! » Disais-je avec ma voix enjôleuse, lui tendant la main pour celer notre rencontre par un geste presque diplomatique.