Examens. Encore et toujours des examens. Pour certaines personnes ce genre de choses n'est qu'une banalité, aller voir si notre corps fonctionne correctement ou prendre quelques vitamines. Mais pour moi il s'agissait de tout autre chose, une chose horrible. Depuis près de deux ans et demi je dois aller passer des examens, et là deux fois par semaine je me rends à Lennox pour voir mes résultats chuter. Il faudrait un miracle pour que je puisse avoir suffisamment d'argent pour obtenir CE médicament qui calmerait mes maux pour au moins trois ans. Mais cet objet de bénédiction était hors de prix. Mon cancer n'était pas si généralisé que cela, j'arrivais à le stopper légèrement avec mes drogues et à poursuivre une vie à peu près normale mais tous les trois jours me rendre à Lennox revenait à du suicide à l'état pur. Mes résultats allaient en chute libre et cela me plombait franchement le moral.

« Sloane, il faut te reprendre ! » Me dit le médecin en brandissant ma fiche de résultats, catastrophiques. « Florie ! Je m'appelle Florie ! Et oui, j'aimerais beaucoup mais je commencer à perdre espoir. » Dis-je au bord des larmes. L'homme à la blouse blanche souffla longuement et me posa le dossier sur le table avant de me laisser à mon désespoir. Ils ne faisaient pas grand chose pour me remonter le moral et m'aider à tenter de vaincre un peu plus. mais cela faisait deux ans que je me traînais cette chose et jamais un seul médecin ne m'avait donné une once d'espoir. Jamais. J'eus envie d'exploser et de donner un grand coup dans la table en face de moi mais il m'était impossible de bouger, j'étais énerver et donner un coup dans ce meuble ne ferrait que fleurir une tache bleue sur la peau translucide. Je regardai par la fenêtre, seule. Si le coeur m'en disais j'aurai pu sortir mais je restai ici pendant une heure, à scruter un point lointain à travers la fenêtre, donc les volets et rideaux étaient tirés. Peut-être espérais-je voir le haut de la tour Eiffel...

Je décidai de partir dès que je ne vis presque plus le soleil et que mes yeux me picotaient à cause de la fatigue. Quittant ma salle encore légèrement chamboulée des résultats, la colère reprit le dessus et je pris la feuille en la froissant sous mes doigts. Mon visage était crispé. Je sortis à la volée et à peine un pas dehors je percutai une jeune femme. Elle bredouilla des excuses. Mon morceau de papier avait volé. « Excusez-moi, je suis désolée, je ne vous avez pas vu et… enfin je ne voulais pas vous faire mal je euh… » Je me frottais l'épaule et avant que je puisse ramasser mon bien, cette jeune femme me coupa. « C’est fou, je suis sûre de vous avoir déjà vue. » Je relevai les yeux et et croisai le regard de cette brune. Elle avait bonne mine et ne semblait pas avoir besoin des soins de Lennox, contrairement à moi, pâle comme un linge naturellement. Je me mis à la dévisager. « Euh... C'est marrant mais c'est pareil pour moi... » M'expliquais-je. « Dans tous les cas, je suis Florie ! » M'exclamais-je en tendant ma main pour qu'elle la serre. C'était vraiment étrange cette sensation de déjà vu... Peut-être à un mariage ou tout simplement dans ces couloirs... Je n'oubliais pas ma feuille et me baissais pour la ramasser, la froissant de plus belle pour la glisser dans ma poche, histoire qu'elle passe inaperçue.

J'avais devant moi une jeune femme de taille normale, avec des cheveux superbes, une lèvre un poil pulpeuse, des pommettes biens roses, des dents bien alignées et des sourcils assez épais. Elle avait vraiment du charme, elle était magnifique. Elle était plus jeune que moi, j'en étais sure, elle avait des manières plus désordonnées que l'on acquiers avec l'âge mais elle semblait de réelle bonne compagnie et je n'étais pas tombée sur la pire bousculeuse, c'était le cas de le dire. J'ai l'impression que cette brune... J'ai dut la voir quelque part, c'est sur et certain ! Décidément je retrouve un paquet de genres que je connaissais à Paris ici à New York, pourtant je suis plutôt du genre à rester terrée chez moi, au lieu d'aller vers les gens. Un peu de compagnie ne me fait pas de mal, je dois avouer. Une personne qui vous soutient dans la maladie ça fait toujours avancer...

« Ah ben c'est bizarre. » J'haussais un sourcil, pour faire comprendre mon incompréhension aussi. Nous étions perturbées toutes les deux, c'était assez étrange. Des fois je croise des gens et leur visage me dit quelque chose mais leurs noms et leurs origines de rencontre ne me reviennent absolument pas, après cela dépend des liens qui nous unissaient. «Moi je m'appelle Alexandra. » Me confia-t-elle. Elle se passa la main dans les cheveux alors que je cherchais toujours où avais-je pu rencontrer cette jeune demoiselle. Ah mais suis-je bête, depuis mon cancer je m'appelle moi même Florie et énerve les gens à m'appeler comme cela, car cette Sloane n'est plus réellement moi, c'est une autre vie derrière moi en quelques sortes. « Enchantée de vous rencontrer à nouveau dans ce cas. » Lâchais-je avec un bref rire. La brunette continua. « C'est énervant, je n'arrive pas à retrouver d'où j'ai bien pu vous connaître ! Tu vis à New York de puis longtemps ? » Voilà une question bien intéressante. Je m'empressai de lui répondre, pour que notre attente se fasse moins longue et que le mystère soit résolu, enfin ! « Cela fait un peu moins de six moi, vu que j'ai quitté Paris. Avant je m'appelais Sloane, peut-être que ça te dira quelque chose ? Moi Alexandra... Ça sonne quelque par dans ma tête mais je sais pas exactement où ! » Expliquai-je en me mordillant la lèvre.

Paris ne me manquait pas du tout. Me couper d'un univers m'avais fait le plus grand bien. Quitter ma famille avait été dur mais ils ne pouvaient pas comprendre ce que je ressentais. Le fait de savoir que l'on va mourir dans quelques mois est vraiment horrible, chaque seconde de votre vie est comptée, et chaque seconde qui se passe est un soulagement de savoir que nous sommes toujours en vie. Paris n'est qu'une ancienne vie pour moi, cette ville ne me plaît plus, je l'ai assez explorée. Si ma famille veut me voir ils n'ont cas venir à New York voir comment je m'amuse alors qu'ils travaillent pour payer ma collocation. Je suis méchante mais ils m'ont fait tant de mal que je ne peux que leur en vouloir de tout mon être. Sloane est restée à Paris et Florie est venue conquérir la Grosse Pomme, attention les yeux. je suis un peu frêle mais je ne me laisse pas décourager par quoique se soit, je suis directe. Je suis une guerrière, je suis une battante !

« Paris ?! » S'étrangla presque mon interlocutrice. Je fis oui de la tête. Elle semblait choquée et à la fois plongée dans ses souvenirs. « J'ai grandis en France. » Ah voilà, notre affaire s'éclaircissait. Paris était notre lien, cette ville. Beurk, mais bon, j'y ai grandi moi aussi alors je ne peux pas effacer le passé. Je déglutis assez difficilement mais je m'en remis. Alexandra et moi étions vraiment paumées, à tenter de se rappeler de souvenirs qui s'étaient décidés à s'oublier. C'était très énervant. « ... à Paris. » Termina Alexandra. Je commençais. « Bon eh bien voilà notre point commun ! Tu as certainement dû aller manger chez mes parents... Les Fleurs Bleues, le restaurant, ça te dit quelque chose ? » tentais-je. Je regardais l'heure. « Sinon, tu es libre ce soir, que nous puissions méditer ? Car faut que je sorte d'ici c'est urgent.. je vais exploser sinon. » Priais-je en emboîtant le pas, prenant Alexandra par le bras pour sortir de Lennox. Cet hôpital m'énervait autant que Paris.

Parfois, des choses nous étonnent et cela était tout à fait le cas à cet instant précis, chacune la vague impression de nous nous être déjà croisée quelque part et nous en avions rapidement tiré la conclusion que nos soupçons venaient de notre ville commune où nous avions dû nous connaître ou nous rencontrer mais encore nous voir. Mais bon, ce qui comptait c'était que nous étions réunies et que même si nous nous trompions totalement, nous commencions à nous lier quelques liens. Je ne me fais pas d'amis tous les jours, je suis assez réservée comme fille mais là le hasard en avait décidé autrement et de nous "réunir", mais ce n'était pas pour m'en déplaire, j'allais certainement oublier mon cancer et lui faire croire que je n'en avais pas, la réaction d'Alexandra lorsqu'elle apprendra que j'en ai un ! Mais je ne pense pas lui dire de sitôt, je ne veux pas leurs habituels "oh mince" ou autres choses pathétiques en mon égard. Cela m'énerve au plus haut point.

« Effectivement, j'ai déjà dû y aller au moins une fois. Mais c'est dingue que je puisse si bien me souvenir de toi si je n'y suis allée qu'une seule fois... » J'haussais un sourcil, puis les épaules. Puis je proposai de quitter cet endroit, je me sentais oppressée et avait peur de croiser un de ses médecins, sur cette espèce de créature qui me servais de médecin traitant principal et qui ne faisait que de me démotiver à vaincre mon cancer. « Moi ça me va parfaitement. Si tu veux il y a un restaurant italien pas très loin il me semble... Je n'ai jamais mangé là donc je ne peux pas te dire si c'est bon ou non... » Je lui fis un demi sourire tandis que je l’embarquai et nous avançâmes dans le couloir blanc. Enfin dehors, je sentis comme une seconde vie s'infiltrer en moi alors le sourire me vint aux lèvres et Alexandra sembla heureuse elle aussi d'avoir quitté cet hôpital. Emboîtant une marcher joyeuse, nous nous dirigeâmes vers ce restaurant italien. « Donc, on va jeter un coup d'oeil au restaurant italien ? » je lui fis un clin do'eil en poussant la porte du restaurant. « Bien sûr ! Aller, choisis la table ! » Lui fis-je avec un sourire. Elle choisit et nous nous installions. « Aller, parle moi de toi ! » Lui demandai-je en souriant.