La fumée décadente, telle les drapées érotiques de la belle Aphrodite, quittèrent leur grotte faite de chair et de sang. Un sang qui s’écoulait, dès le toucher somptueux d’un être cultivant sa forme arrachée d’Apollon, à flot de ses rivières bleutés et rougeâtres, se jetant dans la pompe humaine, blottit contre le cadavre d’une vivante sous un sort peut-être pas si évanescent. L’effervescence du moment faisait pétiller ses iris verts, écailles du magnifique serpent s’enroulant autour de la branche de cet arbre maternant des fruits de pêchés qu’il avait planté en elle. Qu’il avait semé la conduisant à la traitrise d’Eve, à la destruction de la reine Lilith. De son épouse, qu’il avait dérobée au Malin par sa ruse plus violente et vile même que celle d’Ulysse. Il pouvait cerner ces étincelles dans la manière dont l’eau de ses yeux servait de vin aux précieuses pommes ensanglantées qu’elle s’apprêtait à croquer. C’est par cette magnifique bouchée, dont son regard ruisselant sur ses lèvres rosées se délectait avec plaisir et amusement, que son cœur exploserait, les morceaux se dégradant en poussières afin qu’elle ne puisse plus jamais les recoller. Un sourire carnassier embrassa sa bouche qui suivant la danse gracieuse de la voluptueuse vapeur grisâtre, s’ouvrit et en aspira la douceur, l’âme dévastatrice et bientôt désenchantée de sa jeune victime. Sa subtile odeur remplaça celle savoureuse de l’exquise créature emprisonnée entre son torse et le mur froid, encadrée de ses bras. Elle pouvait encore se sauver, fuir le loup et ses susurres vertigineux, frémissantes encore de langueur face à cet être concupiscent et dangereux. Devant cette raison de partir, de mourir...devant cet espoir affligeant. Mais elle ne fit rien...Rien rejoignant son sourire au sien. L’homme affamé qu’il était, approcha son visage, tentant de presser la prisonnière, lui faire ressentir ce qu’on appelait de « l’amour ». Qu’elle en crève s’il le fallait ! Qu’elle fonde sous ses touchers et ses caresses ! On pouvait l’appeler l’avocat du diable. Cela ne changerait rien...On ne peut voir un fantôme abandonné des anges...on ne peut aimer une abomination. Sentant la pression des sublimes courbes de la nymphe perdue contre son corps de pauvre mortel, le délice s’évanouit dans sa personne...comme de la mousseline se mêlant aux larmes de sa lignée qui glissaient, telles le reptile acariâtre craint par les humains, dans ses artères. Il entendit ses soupirs se blottirent aux creux de ses oreilles...lui chanter des louanges. Il lui chanterait des adieux et la ferait valser sur ce rythme mélancoliquement amusant. Triomphant de sa passion, ses lèvres rejoignirent celle de la biche aux beaux reflets roux, sa langue berçant la sienne, son venin déchiquetant sa tendre chair de femme. Sa peau chatouillée par un épanouissement aux coins de sa bouche pulpeuse, l’esprit du chasseur dégaina sa dague et décapita son gibier, dévoilant sa fortune...dévoilant sa nouvelle conquête.

Ses mains lâchèrent le mur, ouvrant la cage de la jeune demoiselle, son baiser interrompu par un caprice. Se retournant, le numéro de la belle en main, il rejoignit le monde, mettant un terme à leur roucoulade empestant le mensonge masculin et le jeu charnel. Lorsqu’il fut sûr que ses yeux ne fixaient plus son dos, il attrapa la main d’un jeune homme qu’il connaissait pour être son camarade et lui offrit un bout de papier, un peu froissé par les lignes de sa paume. C’est de la part de la jolie rousse qui te plait mon frère Observant les traits de son visage bouffit s’étirer en une moue enchantée, il sourit, appréciant sa belle nature malicieuse, et s’en retourna marcher. Ne me remercie pas, c’est cadeau. Tournant son visage à « son fraternel », il lui fit un clin d’œil pleins de sous-entendus. Le pauvre pouvait essayer de la draguer, mais cela lui étonnerait grandement. Elle devait déjà être en train de ramper derrière la liberté, ne souhaitant qu’une chose, de redevenir prisonnière. Ou alors, elle devait papoter, racontant monts et merveilles à ses amies qu’il chasserait plus tard, pour qu’elles aussi, rêvent un peu. Son regard fixant l’horizon, analysant toutes les filles d’Eve présentent autours de lui, il en remarqua quelques-unes, mignonnes, mais il fallait surtout qu’il en remarque une en ce moment même. Un pas après l’autre, de sa démarche assuré, il continua sa route tranquille.

Salut une voix féminine l’interpella. Ses prunelles, dévorant les ombres de son âme se déplacèrent vers le sol et découvrir une jeune demoiselle, fébrile et assez petite. Son visage l’interpella, elle lui rappelait vaguement quelqu’un...sans doute une conquête qu’il a déjà oublié. Mal à l’aise soudainement, cherchant un plan pour s’en sortir, il dévisagea la belle pour regarder chaque recoin du campus, espérant trouver un de ses potes ou connaissances. Euh...ouais...Salut d’habitude il se forçait à être poli même quand l’agneau n’en valait pas la peine, mais ceux du passé étaient les pires. S’accrochant comme des sangsues, suçant sa gentillesse jusqu’à la moelle, éjectant de la haine longtemps cachée. Euh j’suis Kennedy. Je sais qu’on s’est jamais trop parler mais… J’suis l’ex de Dylan. Normalement il t’a parlé de moi. Soudainement son visage se détendit et c’est avec un grand rictus dévoilant ses dents parfaitement blanches qu’il accueillit l’amour de son frère. De Dylan, celui qu’il considérait comme sa famille, sa seule et unique. Oh oui, bien sûr ! Kennedy ! Il t’appréciait beaucoup. Navré de ne pas avoir fait ta connaissance avant. C’était un petit bout de son meilleur ami qu’il retrouvait en elle, sa manière de se tenir, de parler, cela l’avait surement fait craqué, Dylan aimait ce genre de filles, se donnant des airs de diva rebelle. A l’heure qu’il était, il serait avec lui, se fumant un joint et écoutant les louanges qu’il faisait en l’honneur de la brunette. Euh… J’voulais pas te déranger mais… Dylan n’avait pas encore son adresse en Afrique quand il m’a annoncé son départ et j’l’ai pas revu depuis. J’me suis dit que… toi tu saurais où le joindre. Etonné, ça oui il l’était. Son ami n’était pas du même poil qu’Andy, lui certes, il l’aurait laissé là comme un rien mais Dylan...jamais ! Un regard suspicieux, une mine voilée par l’étrangeté de ses paroles, son esprit tentant de chercher un indice et d’y déceler le mystère. Sortant son portable de la poche arrière de son jean, il l’alluma. Ouais, j’ai son numéro de téléphone mais je t’avouerai que je suis assez perplexe. Reposant sur elle ses iris, océans de pêchés et de lascivité d’où les sirènes, les seins nus, chantaient des prières aux Dieux afin qu’ils stoppent cette machination crée par l’horrible ange déchu qui guidait, de sa tanière enfouie, les pas de son enfant lumineux, il arrêta de tripoter son téléphone. Il est vrai qu’il était assez triste les derniers jours avant son départ...mais il m’a rien dit. Tu n’aurais pas une petite idée de ce qui causerait son tracas, par hasard ? Rien de méchant...juste une piqure là où il le fallait...là où ça faisait mal.