« Amitié à pile ou face. »

C’était un matin comme les autres. Enfin non. Réctifions. Ce n’était pas un matin comme les autres. Ce matin, Loyce sortait de l’hôpital. Je vois déjà votre panique. « Mais mon Dieu, qu’a-t-il fait pour se retrouver enfermer dans une de ces chambres blanches, à rester entouré par des médecins à blouse assortie aux murs ? » La réponse est simple. Notre londonien avait, une fois de plus, forcé sur l’alcool. Mais ce fut une fois de trop, son foie l’avait lâché. Il avait donc dû subir une greffe afin de pouvoir éviter la mort de justesse. Et après quelques temps d’hôspitalisation, le jour de sa sortie était enfin arrivé.
Le matin, le jeune guitariste fut réveillé par une infirmière lui apportant son petit-déjeuner. Cela tombait mal… il n’avait pas faim. Cela dit, on avait été clair avec lui : il devait manger s’il voulait que son foie fonctionne correctement. Il fallait bien que ce petit organe reprenne les bonnes habitudes. Sur ce, le guitariste mastiqua machinalement son repas, sans grande envie.
Heureusement, Morgan, son meilleur ami, arriva bien vite pour le ramener chez lui. Un dernier checking avec les médecins et les deux jeunes gens purent enfin sortir de l’hôpital et cela difficilement, du moins s’il n’y avait pas de complications par la suite. Une fois dehors, ils firent un rapide saut en pharmacie, Loyce avait besoin de médicaments. Puis direction la casa de Livingston. Et là, les deux amis restèrent encore plusieurs heures ensemble. Ils avaient du temps à rattraper.
Le lendemain matin, Loyce pu enfin faire la grasse matinée. Flemmard comme il était, il ne se leva donc que vers les alentours de midi. Il fila directement prendre une douche et enfila un jean usé et un tee-shirt blanc recouvert d’une chemise à carreaux rouge et noir. Ses converses aux pieds, il s’enferma dans sa salle de bain afin de coiffer ses cheveux en bataille comme à son habitude, puis il se rendit en cuisine dans le but d’avaler un simple bol de céréales. La faim n’était toujours pas au rendez-vous, mais il fallait bien se forcer.
Le ventre (trop) rempli, Loyce rangea rapidement son appartement sans trop forcer sur son ventre fraichement opéré. Et c’est en constatant le temps magnifique qui régnait à l’extérieur que le londonien décida de profiter du soleil pour se balader, histoire de prendre un peu des couleurs. Alors hop, il enfila ses Ray Ban, prit avec lui son porte-feuille, son portable, ses clés et son paquet de cigarette qu’il glissa dans les diverses poches de son jean et de sa blouse, puis il sortit de chez lui, prenant soin de fermer la porte correctement.

La chaleur du soleil caressa directement sa peau, dés sa sortie de l’immeuble. Il faisait chaud, signe que le printemps s’était installé pour de bon, et les gens -pressés ou non- emplissaient les rues. Loyce se fraya un chemin parmi eux, prenant soin de rester du côté ensoleillé du trottoir, et il partit se réfugier dans un parc non loin de là. Une fois éloigné du stress ambiant, le jeune homme se sentit décompressé. Sa marche se fit plus lente, plus sereine. Il regardait à gauche, à droite, observant les environs avec un léger sourire aux lèvres.
Ce fut toujours en marchant tranquillement que Loyce sortit son téléphone pour écrire un message à son meilleur ami. Il avait reprit cette habitude de l’appeler et lui écrire des sms plusieurs fois dans la journée. C’est simple, les deux meilleurs amis ne pouvaient plus se passer l’un de l’autre depuis l’incident qui s’était produit.

Les deux amis pouvaient presque passé pour un couple suivant comment ils se comportaient. Des mots doux, des petits gestes tendre à en crever. Leur amitié se nourrissait de cela, et tant pis si cela dérangeait. Du moment qu’eux deux étaient heureux ainsi, il n’y avait aucun problème.
Bref. L’accusé de réception reçu, le châtain décida de s’asseoir sur un banc. La marche commençait à le fatiguer, il n’avait pas encore récupéré pleinement de son opération. Il prit donc place sur un des nombreux bancs en bois du par cet savoura la chaleur qui lui parcourait le corps entier. Yeux fermés, il soupira, et se concentra sur le léger frémissement que les feuilles émettaient grâce à la petite brise qui soufflait depuis ce matin.
Et là, une idée vint à l’esprit de notre londonien. Il repensa, on ne sait pourquoi, à Kylian. Lui et ce jeune tressé s’étaient rencontrés il y a plusieurs semaines dans un bar. Ils avaient tapa la discussion en sirotant un verre, et le contact était très bien passé. Résultat, échange de numéros et ils s’étaient revus plusieurs fois. Loyce aimait beaucoup passé du temps avec ce garçon, car ils avaient plusieurs points communs. De plus, il ne s’ennuyait jamais quand il était à ses côtés et il était une des rares personnes en qui il osait faire confiance aujourd’hui.
Ni une ni moins, Loyce reprit son téléphone en main et tapa un sms cette fois à l’intention de ce fameux Kylian. Il espérait que le jeune homme aurait un moment à lui consacrer cet après-midi. Cela faisait quelques temps qu’ils ne s’étaient pas revus et Loyce avait un tas de chose à lui raconter, ce qui devait être réciproque.

Message envoyé. Loyce espérait sincèrement que Kylian allait lui répondre positivement.





Pffff début médiocre –‘ J’t’avais dit que j’étais mauvaise pour commencer xD

« Amitié à pile ou face. »

Le message envoyé, Loyce posa son téléphone portable sur ses cuisses. En attente d’une réponse. Il s’étira de tout son long, faisant craquer quelques os de sa colonne vertébrale au passage, et posa ses bras le long du dossier du banc. Le temps était vraiment superbe. Le jeune home resterait bien assis ici, à savourer la sensation des rayons de soleil heurtant son corps. Fermant les yeux, c’était comme s’il était le seul être humain sur terre. Plus aucun bruit ne l’atteignait, ni les clapotis de la fontaine à quelques pas, ni les cris des enfants qui s’amusaient dans le parc, ni les paroles échangées entre adultes. Mais son petit « somme » dans un monde parallèle se montra de courte durée. La sonnerie de son téléphone, accompagnée du vibreur, se mit à retentir, le faisant sursauter pour le sortir de sa rêverie. Il rouvrit les yeux et saisit l’objet bruyant pour constater que c’était Kylian qui l’appelait. Il décrocha de suite.

-Allo, Kylian ?
-Allo… Ouais s'moi..j'viens de m'réveillé là, p'tin j'ai la tête dans l'cul.
-Oh pas besoin de préciser, ça s’entend, rigola le londonien.
-Ouais donc, ben j'me lève, j'prends une douche et pis jte rejoinds j'sais pas trop où… Euuh au « palais d'la glace » ça t'va ?
-Y a pas de soucis, j’y vais de ce pas. Tu y seras dans combien de temps ?
-Dans une demie heure… A toute ma poule.
-À tout à l’heure ouais.

Fin de la discussion. Une demi heure ? Il y avait du temps à tracer alors. Ce fameux « Palais de la Glace » était à deux rues d’ici, inutile donc de se presser. Cela dit, Loyce avait quelques bricoles à acheter. Oh, rien de bien important. Un paquet de cigarettes, des médicaments pour poursuivre son opération… Il pouvait donc facilement partir maintenant et faire un petit tour dans les environs, histoire de se dégourdir les jambes tranquillement et en profiter pour acheter ce dont il avait besoin.
Sur ce, Loyce se releva et quitta son petit banc pour finir de traverser le parc. Ses jambes semblaient supporter à nouveau le poids de son corps, autant en profiter. Il redoubla donc la vitesse de sa marche en direction du premier petit commerçant qui lui permettrait de refaire le plein de bâtons de nicotine.

( … )

Ce fut une vingtaine de minutes plus tard que le londonien arriva au lieu de rendez-vous. À son grand étonnement, il n’y avait presque personne. Mais que faisait les gens avec ce beau temps ? Qui ne désirait pas manger une glace ou boire un rafraîchissement ? Loyce avait parfois de la peine à comprendre la population new-yorkaise. Soit. Il prit place à une des tables installées en terrasse et s’alluma directement une cigarette, sortie de son paquet fraichement acheté. Après sa greffe, le châtain avait promis aux médecins et à son meilleur ami de réduire au maximum sa consommation d’alcool ainsi que celle de substances illicites. À ce niveau, il s’en sortait plutôt bien. Mais pour les clopes, c’était largement différent. Loyce en était tellement dépendant, jamais il ne pourrait s’arrêter. Même en ce qui consisterait à fumer moins. Il était inutile de lui en parler. Il ne pourrait -et ne voulait pas vraiment- arrêter. Bref, arrêtons de disserter sur la consommation de tabac du londonien, ça ne nous mènera nulle part !
Loyce était donc assis à une table, à fumer sa cigarette avec délectation (eh oui !) quand Kylian débarqua sur la terrasse à son tour. Il lui lança directement un sourire amical et se redressa sur sa chaise au moment même où il approchait pour lui donner sa tape amicale contre son épaule. Il gardait ses lunettes de soleil ? Quel ne fût pas le soulagement du châtain. Il pourra ainsi garder les siennes sur le nez, évitant ainsi toutes questions quand restes des bleus qu’il avait autours de son œil. Cependant, les marques décorant son visage étaient encore présentes, bien que moins apparentes que le jour de son retour à New York.

-Hey gars ! Alors, comment va ?
-Salut coco !, répondit-il en souriant largement. Bah écoute, ça va plutôt pas mal. Et toi ? Depuis le temps ?

« Depuis le temps », inutile d’exagérer. Mais il est vrai que les deux amis ne s’étaient pas revu depuis environ deux semaines, ce qui faisait tout de même un certain temps à considérer. Le châtain s’affaissa à nouveau sur sa chaise sans lâcher l’étirement de ses lèvres, et tira longuement sur sa cigarette avant de laisser sa tête tomber en arrière, recrachant ensuite cette fumée nocive. La tête redressée, il remit correctement ses lunettes sur son nez et passa sa main dans sa nuque machinalement.

-Alors, tu me racontes quoi de beau ? T’as trouvé un boulot ? Et t’as foutu quoi hier soir pour être dans cet état ? Parce que, excuse-moi mais, t’as une de ces têtes… on dirait que t’as pas dormi depuis des semaines avec tes cernes là ! T’as encore ramené une minette chez toi ?

Tout ça était dit avec le sourire et donc avec humour. Il n’y avait bien entendu rien de méchant là-dedans et Kylian le savait très bien.



J’ai pas trop avancé le truc… désolée --‘

« Amitié à pile ou face. »

En attendant que Kylian réponde à son retournement de question, le châtain posa sa cigarette au bord du cendrier, la laissant se consommer toute seule durant un instant, et saisit la carte présentant les boisson et glaces servies en terrasse. Il fut surpris de voir que seules des coupes étaient proposée, comprenant au minimum deux boules de sorbet ou crème glacée. C’était mal parti. Son estomac n’était toujours pas décidé à lui réclamer une dose normale de nourriture, la faim n’était toujours pas au rendez-vous. Il aurait donc aimé prendre simplement une boule, sans trop se compliquer la vie. Bien que son ventre de ne montrait pas de fringale particulière, il désirait goûter une de leurs glaces, réputées pour être purement italiennes et, par conséquent excellente. De ce fait, il demanderait à la serveuse une fois que ce sera à leur tour de commander.

-Oh bah écoute.. Ça va hein. Je suis juste mort mais bon. Une petite vodka et j'm'en remettrais.

Le jeune londonien de put s’empêcher de rire, amusé, alors qu’il reprenait sa cigarette en main, après avoir reposer la carte à sa place d’origine. Il tapota sur sa clope afin de faire tomber les cendres et la porta à ses lèvres afin d’en aspirer la fumée, s’en délectant horriblement alors qu’il riait de bon cœur. En parlant avec le tressé, il avait parfois l’impression de se retrouver face à un miroir. Sur certains points, les deux jeunes hommes se ressemblaient énormément, l’un étant presque le reflet de l’autre. Et l’alcool en était un. La réplique que venait de placer Kylian aurait très bien pu sortir de la bouche du jeune Livingston, du moins pas durant cette période vu qu’il sortait tout juste de l’hôpital.
Une serveuse s’approcha des deux amis et Monsieur-labret-percé prit la parole avant Loyce. Ce dernier le laissa donc commander mais dés qu’il entendit le groupe de mots « deux vodkas », une grimace prit place sur son visage. Il passa nerveusement sa main dans sa nuque puis sur son visage. Les griffures et marques qui n’avaient pas encore cicatrisées semblèrent prendre la forme de bosses montagneuses lorsque ses doigts les effleurèrent. Il faut dire que le châtain était encore dans un état moral trop instable pour supporter les restes de son hospitalisation et de ce qui l’avait conduit là-bas. Cependant, il ne put s’éterniser sur cette sensation, il devait s’empresser de rectifier la commande que venait de passer le noiraud. Malheureusement, par sa nervosité, le londonien se trahi dans sa façon de se comporter : il redressa subitement son corps, leva légèrement sa main quelque peu crispée et parla d’une voix forte, presque criarde.

-Heu non attendez !, la serveuse le regarda d’un air interloqué. Loyce souffla doucement pour se calmer et reprit. Je… je prendrai un verre d’eau à la place de la vodka s’il vous plait. Et ce s’rait possible d’avoir juste une boule de glace à la place d’une coupe ?
-Si vous souhaitez avoir uniquement cela, vous devez vous rendre à l’intérieur.

*Super…*
Le châtain soupira et hocha négativement la tête. Ses jambes étaient fatiguées. Sortant tout juste de l’hôpital, il avait vraiment de la peine à se déplacer sur de longues distances et, prenant en compte les pas qu’il avait fait dans sa journée, il préférait rester un instant tranquille, ne désirant par retourner illico à l’hôpital. Il reprit donc la parole d’une vois très calme.

-Je dois éviter de marcher pour raison médicale…
-Ah ! Dans ce cas, je vous amène ce qu’il faut. Vous souhaitez quel parfum ?, demanda-t-elle aimablement en souriant.
-Stracciatella s’il vous plait.

Et elle partit à l’intérieur afin d’aller chercher la commande des jeunes hommes, les laissant seuls à seuls. Loyce reporta sa cigarette à sa bouche, se délectant de cette sensation lorsque la fumée aspirée traversa sa trachée pour trouver refuge dans ses poumons. Il était conscient que chaque bouffée pourrissait un peu plus son corps, le rapprochait de la mort en quelque sorte. Mais il s’en fichait pas mal. Il était jeune, il ne voulait pas se prendre la tête maintenant… surtout qu’il venait tout juste d’échapper au monde de la faucheuse. Ce n’était pas le temps de penser à cela.

-Nan aucune fille.. En fait des dizaines.

Contradictoire. Aucune fille, puis des dizaines ? Loyce arqua un de ses sourcils, signe qu’il avait de la peine à le suivre. Il restait cependant tolérant. À première vue, Kylian avait passé une nuit très courte et venait de se lever. La peine qu’il avait à s’exprimer venait certainement de là.

-En fait, je viens de me faire engager en boîte pour servir au bar et hier c'était ma première nuit. C'est que c'est nouveau pour moi, j'ai pas l'habitude de travailler.. Alors je suis complètement crevé et pourtant j'en ai croisé de la gonzess’…

Loyce comprenait un peu mieux et le fit comprendre en souriant aisément. S’il avait trouver un travail, c’était une bonne nouvelle. Vivre à New-York sans boulot, ce n’était pas simple. Alors imaginez le soulagement lorsque l’on se fait engager ! Du moins, c’est ce qu’avait ressenti le châtain lorsqu’il avait trouvé un petit job dans un bar. Heureusement pour lui, la situation avait bougé et un autre propriétaire d’un bar ayant ouvert très récemment l’avait engagé, le payant beaucoup mieux que son ancien boss. Au niveau travail, tout roulait donc pour le londonien et apparemment, ça semblait bien parti pour le tressé.

-De toute façon, tout ça c'est finit pour moi.. Je suis passé à autre chose, j'suis un mec sérieux maintenant.. Si si, je t'assure.

Surpris, Loyce s’étouffa en aspirant la fumée de sa cigarette. Portant celle là un peu plus loin de son visage, il se mit à tousser, ce qui lui procura une sensation désagréable au niveau de son ventre. Il grimaça et mit sa main devant sa bouche pour dissimuler ses toussotements. Quand il fut calmer, il écrasa sa clope dans le fond du cendrier, vu qu’il arrivait au niveau du filtre, et ôta ses lunettes de soleil dans le but de passer simplement ses mains sur son visage, tout ça avant dans les remettre sur son nez. Petite erreur vu qu’il avait ainsi laissé son visage entièrement à découvert le temps de quelques secondes, temps suffisamment long pour permettre à Kylian de noter toutes les marques, griffures et l’œil au beurre noir qui ornaient son visage. Mais il n’y prêta aucune attention et sourit de manière étrange au tressé. Un rire s’échappa de sa bouche. Il ne le croyait pas.

-Nan ! Toi, sérieux ? C’est pas possible. Toi qui aimes tant courir après les filles et user de ton charme… tu t’es casé ? C’est pas possible.

Rien de méchant, et il le montrait bien en riant de bon cœur. Il était simplement surpris du fait que son ami soit passé du coureur de jupons à l'homme sérieux et en couple. Souriant gentiment, il ajouta derechef:

-Ah et bravo pour ton taf'. C'est cool si t'as pu trouver quelque chose.