La rentrée approchait à grand pas. Charlie allait, cette année faire du sport. Son père n’en savait rien. D’un autre côté, il valait mieux que ce dernier ignore tout. Il péterait sûrement une crise en apprenant que sa petite fille chérie remontait à cheval. D’un autre côté, malgré toute la bonne volonté du monde pour rester loin des centres équestres, des cheveux et tout ce qui se rapprochaient de près ou de loin à ce monde-là, Charlie avait besoin de remonter. Elle avait besoin de vivre de nouveau sa passion. A quoi ça servait d’être dans l’une des plus grandes universités si elle ne pouvait y faire ce qu’elle aimait réellement ? Les cours théoriques, elle avait toujours détesté ça. Apprendre des phrases qui font trois lignes avec quarante virgules, ça allait bien cinq minutes quoi. Quoi qu’il en soit, la rentrée approchait et elle était à la fois excité et déprimé de reprendre les cours. Excitée, parce qu’elle savait qu’elle allait faire de l’équitation et déprimée parce que reprendre les cours, ça ne faisait pas toujours du bien. Respecter des horaires, ne pas être en retard, avoir le moins d’absence possible, ne pas s’énerver contre les professeurs qui ne comprennent rien à rien. La petite routine allait bientôt reprendre, jusqu’aux prochaines vacances.

Aujourd’hui, c’était l’un des derniers moments qu’elle pouvait penser sans contrainte avec ces amis. Pendant les vacances, Charlie était retourné voir son père, elle lui avait raconté l’université, comment les cours se passaient. Elle n’y était pas restée longtemps, juste une petite semaine. Elle avait tenu à retourner à New-York. Déjà parce qu’elle savait que si elle restait trop en tête à tête avec son père, elle finirait par tout lui dire sur son changement de cursus. Et aussi parce que les vacances, c’est synonyme de fête. C’est le moment où on peut traîner avec ces amis sans compter les heures. Et puis, il y avait pire que de passer des vacances à New-York. Il y a quelques jours, on avait décidé avec Kennedy d’aller faire de l’accrobranche, histoire de profiter des derniers rayons du soleil d’été. C’était en dehors de la ville, à quelques kilomètres de New-York. Charlie avait toujours aimé l’accrobranche, elle n’avait pas le vertige et faire le parcours le plus difficile ne la gênait pas du tout. Il était aussi convenu que la jeune fille viendrait chercher Kennedy chez elle.

Sur le coup des 14h, Charlie klaxonnait lorsqu’elle arrivait devant chez Kennedy. Elle avait la flemme de sortir de la voiture. Charlie attendit une dizaine de minute avant que cette dernière n’entre dans sa voiture. Elles échangèrent des banalités, puis Charlie démarra pour aller en direction du parcours d’accrobranche. Charlie était une fille sportive. Garçon manquée sur les bords, elle n’aimait pas tout ce qui était maquillage et mini-short en jean. Les cheveux relevés en une couette faite à la va-vite avant de partir et habillée d’une manière assez simple, elle arrivait en compagnie de Kennedy sur le parking. Le temps de trouver une place pour se garer et les voilà vers la caisse, prêtes à payer leurs entrées. Il y avait un peu de monde. Charlie attendis, les mains dans les poches, que les gens devant elle paye. Elle ne profita pour dire à Kennedy :

« T’es prête ? J’sens qu’on va trop s’éclater cette après-midi. »

En d’autres termes, il faudra vraiment en profiter puisque ça risquait d’être la dernière sortie entre copines avant un bon bout de temps. Charlie paya son entrée et alla jusqu’à la salle où elle devait prendre un harnais. L’homme vînt également nous expliquer comment les mettre et comment il fallait s’en servir sur le parcours. Ca n’avait pas l’air bien compliqué. Une chose était sûre : ce n’était pas la première fois qu’elle faisait de l’accrobranche. Quoi qu’il en soit, elle avait vraiment hâte de faire ça avec Kennedy. Elle s’entendait vraiment bien avec elle.

Charlie détestait la fin des vacances. Devoir faire ses adieux aux gens rencontrés sur la plage un après-midi ou lors d’une soirée, se dire qu’ils habitent à l’autre pays et que par conséquent, il y a peu de chance pour qu’on les revoie. Tout ça, ça avait le don de plomber le moral de Charlie. Non pas parce qu’elle était mécontente de reprendre les cours mais juste la nostalgie des moments passés. Tous les souvenirs qui défilait et qui faisait vraiment comprendre que c’était la fin. Quoi qu’il en soit, elle avait l’intention de profiter de cet après-midi comme il se doit. Juste s’éclater sans penser qu’il faudra reprendre le chemin de l’université le lendemain. Après avoir attendue une dizaine de minutes que Kennedy descend, elle monta dans la voiture en s’excusant. Charlie lui sourit et démarra de nouveau sa voiture en direction du parc d’accrobranche. Elle lui demandait comment c’était passé ces vacances. Tout en restant concentrée sur sa conduite, Charlie lui répondit :

« Elles se sont relativement bien passée. Je suis restée essentiellement à New-York, je suis juste allée chez mon père une semaine. Et niveau garçons, c’est un peu le néant. J’ai pas envie de me prendre la tête avec ça, tu vois le genre ? Et toi alors, ces vacances ? T’es retournée au Canada ? » Kennedy était canadienne et Charlie ne serait pas étonnée qu’elle soit retournée dans son pays natal. Je rigolais lorsque j’entendis Kennedy me parler du nouveau club qu’elle voulait fondé : « Pourquoi pas, ça peut être drôle. Et puis, ça va aussi faire très fifille ce que je vais te dire mais ça peut nous faire rencontrer des garçons gentils et tout, même si je doute qu’il en existe encore. »

Charlie et les histoires d’amour, ça faisaient deux. Elle n’avait jamais réellement de chance en amour. Soit elle tombait sur le dernier des connards, soit simplement il n’était pas disponible. Ou encore pire, soit il voulait juste rester ami avec elle. D’ailleurs, la jeune fille avait décidé de ne vraiment plus se prendre la tête avec ce genre de chose. Ce n’était de toute façon, pas demain la veille qu’elle allait tomber amoureuse. Ça se saurait sinon. Les deux étudiantes arrivèrent enfin sur le parking. Charlie gara sa voiture, en tenant le volant d’une seule main. Elle adorait faire un peu la maligne lorsqu’elle conduisait. En tous cas, elle le ferait jusqu’au jour où elle aurait un accident de voiture. Quelques minutes plus tard, Charlie et Kennedy étaient harnachées avec leur harnais. Kennedy proposa de commencer par la piste noire. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquée ? Avec un sourire qui en disait long, Charlie répondit :
« Ca me va. » Kennedy parla ensuite de son ex. Charlie le regarda et répondit : « Ouais peut-être ou alors, il viendra pas parce que c’est un crétin finis. Mais tu pourrais rencontré un beau mec à l’hôpital, on sait pas. »

Charlie rigola. Une rencontre dans un hôpital ça ressemblait un peu comme dans les films. Le médecin ou l’infirmier qui tombe amoureux de sa patiente. D’un côté, ça pouvait être drôle. Ou pas d’ailleurs. Après quelques minutes de marche, elles arrivèrent au départ de la piste noire. Avec un air malicieux, Charlie lui demanda :

« T’y va en première ou j’y vais ? » L’après-midi ne faisait que de commencer. Elle risquait d’être mémorable, d’ailleurs.

Charlie avait bien l’intention de s’amuser en ce bel après-midi. Avec Kennedy, c’était fou rire assuré de toute façon. On parlait de nos vacances respectives. Elle me fit part du fait qu’elle était contente de retourner au Canada et de revoir sa famille. Ce n’était pas étonnant. Charlie avait elle aussi vu son père mais elle n’était pas resté longtemps dans sa petite campagne. Elle avait trop peur de finir par avouer à son père qu’elle avait repris l’équitation. C’était l’une des rares personnes qui pouvaient lui faire réellement peur d’ailleurs. Charlie lui demanda alors, plus pour rigoler qu’autre chose à vrai dire :

« Alors c’est quand que j’ai le droit de venir chez toi au Canada ? »

Charlie aurait adoré aller au Canada ne serait-ce que pour une semaine de vacances avec son père. Seulement, les moyens financiers n’étaient pas là et le Canada ça pouvait vite devenir chère. Entre les billets d’avions, les chambres d’hôtel et tout ce qui s’en suivait. Elle avait donc fait une croix sur cette idée-là de vacances. De toute façon, elle savait qu’elle avait encore la vie devant elle pour voyager. Kennedy lui parlait ensuite d’un garçon. Apparemment son nom était inconnu au bataillon. Charlie répondit simplement:

« Ouais si tu veux. En tous cas, son nom me dit absolument rien. Il est dans la même université que nous ? »

Il était clair qu’elle ne pouvait pas connaître tout le monde vu le nombre d’étudiants qui fréquentaient l’université mais sait-on, jamais. Elle avait pu le croiser ou même lui parler une fois juste comme ça et ne pas lui demander son nom. D’un autre côté, Charlie ne connaissait pas les étudiants en art. Elle traînait surtout avec les sportifs ou avec ses anciens camarades de droit. Quoi qu’il en soit, les deux jeunes filles arrivèrent enfin au parcours d’accrocher. Après avoir pris le harnais et avoir écouter pour la énième fois les consignes de sécurité, elles se dirigèrent vers le parcours le plus difficile Bah oui pourquoi commencer par des choses faciles quand on peut faire des choses difficiles, franchement ? Elle avait écouté ce que Kennedy pensait des médecins et ne put s’empêcher de rigoler. Arrivée en bas du parc ours, elle répondit :

« Franchement Kenny, t’es sérieuse ? Ils sont pas tous comme ça. » Puis après avoir demandé qui de nous allaient monter la première, Kenny me proposait de commencer. Charlie lui sourit, puis commençait à grimper jusqu’à la première plateforme. Elle savait qu’on pouvait rester à deux voir même trois personnes sur une seule plateforme, c’est pour ça qu’elle attendit que Kennedy arrive. Je lui lançais alors : « J’trouve qu’en hauteur comme ça, on a un sentiment de liberté, c’est hallucinant. » Charlie adorait cette sensation. Ce genre de sensation, où on a l’impression que rien ne pouvait nous atteindre.